[Brésil] La Prochaine Génération (Pv Yara)

Les bruits incessants des oiseaux et autres étranges cris d’animaux rythmaient l'avancée de Jace Fox. La végétation dense de la forêt tropicale, la plus grande et la plus célèbre du monde, rendait la progression longue et fastidieuse. Sur le qui-vive en permanence, Jace suivait les conseils d’un vieil indien d’une tribu amazonienne rencontré une semaine plus tôt, pour survivre en milieu hostile. Tel les dizaines d’explorateurs qui ont foulés ses terra incognita pendant des siècles, Jace avançait dans la jungle. Il aimait cette ambiance, de solitude et de danger, qui lui rappelait sa jeunesse passée dans une autre jungle, la jungle urbaine de Gotham.

Anguyatutu, le vieil homme guarani qui avait guidé par ses conseils et sa sagesse Jace Fox quelques jours avant son départ solitaire, avait prévenu Jace des nombreux dangers de l’Amazonie, et des différentes méthodes pour survivre dans ce milieu hostile, réputé comme le plus redoutable du monde. Si le second fils des Fox pouvait survivre ici, dans cette jungle, Gotham paraîtrait moins dangereuse. La Survie, c’était ça que Jace était venu apprendre. Il avait été confronté dans sa jeunesse à cette cité, à ses dangers. S’il devait retourner y vivre, retourner s’y amender, il fallait apprendre à survivre. A ne pas répéter les mêmes erreurs.

Jace transpirait de tout son être. Jamais il ne s’était senti aussi poisseux de sa vie. L’été tropicale au Brésil contrastait terriblement l’hiver sec de la côte Est des États-Unis. L’humidité était étouffante, et malgré la combinaison spéciale de l’ex-commando, elle traversait les tissus pour coller au corps de Jace. Un véritable cauchemar. Mais le cauchemar était le quotidien de Jace depuis des années. De sa chute au sein d’un gang de rue à sa tentative de mettre fin à ses jours, jusqu’à l’enfer des retrouvailles tendus avec la famille Fox.

Avec la disparition de Bruce Wayne durant 6 mois, Lucius Fox avait reçu une place importante à Wayne Enterprise et obtenu une grosse fortune, et avait voulu que Jace revienne à Gotham. Ce dernier n’était pas contre un retour au bercail, des années après avoir fui cette ville et ses problèmes, mais il devait désormais faire quelque chose. Montrer qu’il était différent, qu’il voulait faire le bien, s’amender, en quelque sorte. Et il devait passer par plusieurs étapes, plusieurs entraînements, et l’une d’entre elles se trouvait ici, en Amazonie.

La jungle amazonienne était un territoire effrayant. Une étendue sauvage indomptée où toutes les bêtes, tous les insectes et toutes les plantes semblaient avoir évolués pour tuer les hommes. Un territoire obscur que les colons avaient quasiment délaissé, n'y fondant que de rares avants-postes à la survie hasardeuse.

Une terre primordiale, une terre de légendes. Le poumon de la terre des hommes comme de celle des dieux.

Un lieu que les autochtones traitaient avec respect et déférence, car la jungle était cruelle, mais la jungle était juste. L'harmonie, là était la clé.

C'était probablement ce qui avait facilité l'implantation des Amazones dans la région, et c'était probablement leur incroyable capacité d'adaptation qui avait propagé la légende d'incroyables cités d'or et de peuplades apparemment éternellement jeunes et nubiles auprès des explorateurs, qui eux-mêmes les tenaient des tribus locales.

Vous pouviez compter sur les tribus guaranis pour raconter une histoire. Toute leur culture se basait sur des contes.

Mais l'entreprenant étranger était-il prêt à entrer dans le monde des mythes et des légendes du continent sud-américain ?

Le premier indice de cette curieuse transition put d'abord s'entendre, entre les oiseaux piaillant et les jaguars rugissant.

Une mélopée trop moderne pour avoir sa place dans la jungle. Une mélopée qui combattait le vacarme d'une cascade.


Au détour d'une poignée de lianes écartées, en effet, le Gothamite pourra tomber sur le repos d'un petit ruisseau d'eau claire abrité des éléments par la canopée.

Il pourra y observer la flore majestueuse et bariolée des boyaux cachés de la jungle. Ses teintes de rubis, de saphir et d'ambre contrastant avec l'émeraude trop commun des feuilles et de la mousse des arbres.

Il pourra, l'oreille attirée par cette curieuse musique, tourner le regard vers la cascade d'où semble provenir le son. Ce regard, il pourra le poser sur un équidé à la robe de cendre.


Une créature étonnante ... ailée ?

Ladite créature ne manquera pas de rendre le regard. Surprise, elle hennira. Un hennissement surpris, lui aussi, trahissant une intelligence certaine. Le pégase ne fuit pas, il ne se cabre pas, il se contente d'observer.

Si son regard tient et que cette rencontre ne lui a pas fait tourner les talons, l'Actéon moderne pourra discerner une forme cuivrée émerger de la cascade, du coin de l’œil. L'homme pourra aisément reconnaître une femme dans son plus simple appareil, se diriger sifflotante vers une branche d'où est suspendue une serviette qui n'a elle non plus pas vraiment sa place dans un tel environnement, aux cotés d'une enceinte sans fil et d'un téléphone.

Constatant le manque de réaction, le pégase hennira une deuxième fois, plus insistant.

" O que está acontecendo Jerry ?.. " répondra la sculpturale néréide, toute occupée à finir sa toilette, avant qu'elle-même ne porte son regard sur la rive.

Et ne se fige, à peine une seconde.

La serviette pour seul vêtement, la baigneuse agrippe une épée jusque-là cachée derrière son étendoir improvisé et se met en garde.

Sa voix résonne, forte, volontaire et empreinte de reproche dans la paisible trouée.

" Que porra é essa que você tá fazendo aqui, gringo ?! "
(Mais qu'est-ce que tu fous ici gringo, bordel de merde ?!)

Il n'appartenait qu'à l'étranger de bien répondre pour ne pas finir comme toutes les victimes de mythes avant lui ...