L'argent n'a pas d'odeur ~ Ft Cassandra Cain

L'obscurité domine. Quelques lampadaires des zones les plus industrielles tentent tant bien que mal de percer à travers ce voile. Mais leur lumière humide clignote. Instable. Faible.
La pluie tombe. Implacable, elle vient frapper le sol. Avant d'être brutalement écartée par le passage de quatre roues. Une voiture. Sombre. Un SUV.
Des yeux observent les mouvements. Un regard suit les amalgames d'aciers et d'usines défiler devant lui. Avant d'être caché par deux paupières tranquilles.

« Nous arrivons, Monsieur. » Les quelques mots résonnent, en un chinois complexe. Le passager hoche la tête, avant de sortir une mallette. L'ouvrant, il extirpe de celle-ci un masque à gaz. Un aspect ancien, vintage, dans l'accessoire. Et pourtant, dans sa composition, quelque chose de parfaitement moderne. Quelque chose qui ne se brisera pas. Quelque chose qui sera utile qu'importe le moment. Ainsi, derrière les vitres teintées, le visage se cache. Les mains se glissent dans des gants. Une cravate est réajustée. Tout comme le col d'un manteau. Le véhicule s'arrête après quelques minutes. Le conducteur et sa partenaire enfilent le même genre de masques. Une couverture qui pourrait passer pour stupide, absurde. Et pourtant, dans cette ville – et sur cette planète –, le masque est devenu une seconde peau. Un moyen comme un autre de se camoufler. Le moteur est coupé.

Un regard sur les armes. Sur les munitions. Qui sait ce qui peut arriver, même pour une simple vente. D'ailleurs … Pourquoi Hsin Zhao dirige lui-même une vente, même sous le manteau ? Depuis quand cela arrive ? Quelque temps, maintenant. Autant qu'un conglomérat, son entreprise a fonction de fournisseur d'armes de plusieurs groupes, cartels … Ainsi, cela demande parfois d'être présent. De rappeler le professionnalisme. Mais, plus que tout … C'est là un mouvement militaire. Bien au-delà de la simple perception d'une entreprise.

Les trois individus sortent. Le conducteur s'occupe d'ouvrir le coffre, alors qu'une silhouette sort d'un bâtiment. La lumière est allumée. Le truand regarde le trio. Puis l'intérieur du coffre. Une simple caisse. C'est ce qui est prévu. Une simple démonstration pour mieux négocier ensuite. Il hoche la tête, permettant au marchand de mort et à sa partenaire de rejoindre la lumière tandis que le conducteur l'aidera à décharger.
Une autre mallette. Dans la main de Zhao. Une mallette qu'il garde avec lui, alors qu'il entre dans le bâtiment aux côtés de son associée.

La Chauve-Souris a-t-elle déjà tenue sa ville en laisse ? Une question qui résonne dans un vaste esprit. Sans doute a-t-elle réussi à inculquer une certaine forme de justice. D'intimidation. Mais les habitants de Gotham sont comme des enfants. Ils sont passionnés. Trop. Et quand quelque chose limite leur passion, leur besoin … Ils n'ont qu'une envie. Surpasser. Briser. Encore une idée qui reste dans un dédale de pensées et d'images. Oui. Les habitants de Gotham ne sont pas si différents des enfants. Ils ont juste d'autres passions et besoins. Ils ont juste d'autre façon d'exprimer leurs envies. Leurs désirs. Et plus la Chauve-Souris traque, plus ils en veulent. De véritables enfants. Incapables de s'arrêter.
Un groupe de personnes. Truands et criminels qui, eux, ne cherchent pas à cacher leurs visages. La vieille école. Ceux qui se rappellent du nom de Carmine Falcone ou d'autres représentant de la pègre en col blanc ou des milices américaines. D'autres visages de la criminalité de Gotham. D'autres enfants qui veulent surpasser leurs limites. Vu que Dieu – ou n'importe qui – ne leur a pas donné de quoi être spécial … ils utilisent ce qu'ils peuvent pour faire des choses spéciales.

Grandioses.
Qui rapporteront, surtout.

Des gens, donc. De la pire espèce pour beaucoup. Des clients pour Hsin Zhao. Des clients prêts à tout. Et d'autres gens. Des personnes aux visages couverts par des sacs de toiles. Des mains prisonnières de liens puissants. Le chef du trio regarde. Mais ne demande pas. Il sait déjà leur utilité. Et à côté d'eux, des mannequins. Qui ont une utilité précise, là encore.

« Alors. Mr H. Vous cherchez à vous intégrer parfaitement à la population de notre belle ville ? » Un rire. Une cigarette qui est écrasée sur le sol. Zhao penche la tête sur le côté, un instant, avant de claquer des doigts quand son conducteur et le truand rentrent avec la marchandise. « Disons cela. Je viens prendre la température de mes quelques clients américains. » Des mots anglais. Rien de chinois. La voix est déformée. Son accent n'est pas reconnaissable. La magie de la technologie. Sa partenaire approchant de la caisse, elle l'ouvre alors.
Fusils automatiques. Armes de poings. Des petits calibres. Des armes militaires. Rien de tout ceci n'est en grande quantité. De simples modèles. Pour démonstration. Le supérieur du groupe approche. Regarde. « Belle marchandise. Petite démonstration avant de passer aux choses sérieuses ? » Zhao hoche la tête. Avant de se diriger vers une arme militaire. La récupérant, il la charge. Et sans une once d'hésitation, fait feu sur un mannequin, trouant l'objet. En véritable commerçant il montre le fonctionnement des modèles les moins simples à trouver.

Il explique. Munitions à fragmentations. Peu de subtilité, mais de gros dégâts. Il donne des prix. Bref. Quelque chose de normal dans une nuit à Gotham.