You're gonna catch a cold From the ice inside your soul - ft Slade Wilson / Deathstroke

Jason Todd / The Red Hood

ft. Slade Wilson / Deathstroke

「You're gonna catch a cold
From the ice inside your soul」

Le réveil affiche 4 heures du matin, mais le mercenaire est déjà paré au départ, son épaisse cuirasse en kevlar sur les épaules et son masque rouge sang dans les mains. Une carte de visite dans ses mains indique le lieu du rendez-vous, mais pas de noms. C’est presque trop louche pour Red Hood, presque trop fumeux et risqué. Mais le contact ayant joué les intermèdes est fiable et la quantité rapportée au prix est bien trop intéressante. Le contenu doit être livré sur les docks de Gotham, dans un entrepôt tout à fait sécurisé et au-delà de tous soupçons, si bien que le brun n’aurait plus qu’à se servir pour sa propre consommation, et revendre les armes en surplus plus cher, afin de faire sa marge.

L’affaire avait été conclue, il ne lui restait plus qu’à livrer le paiement, et la personne derrière tout cela avait tenu à ce que le cerveau de l’opération, donc Jason, soit la personne délivrant le montant. Ça arrangeait l’ancien Robin, il aimait faire les choses par lui-même, et son clan était encore trop jeune et trop petit pour qu’il se sente de déléguer. D’autant que si l’opération tourne au vinaigre, il est en capacité de faire ravaler les mensonges de la personne anonyme qu’il devait rencontrer.
Il aurait aimé ne pas se rendre trop célèbre dans le milieu du crime organisé trop tôt, mais il ne pouvait rester un inconnu trop longtemps. Il était temps d’afficher et d’affirmer sa position d’acteur du marchandage d’armes en plus de développer son gang. Mainmise su Gotham, position avancée aux Etats-Unis, acteur important dans le monde. Voilà son plan. Mais Red Hood ronge son frein, tout vient à point à qui sait attendre, la patience n’est pas son fort, mais bon an mal an, il doit l’apprendre.

Le réveil indique 4h30 quand il se décide à partir de sa planque, une légère boule au ventre sous couvert d’assurance. A cette heure-là, le froid et mordant et l’adrénaline du slalom en moto entre le trafic déjà dense de Gotham ne suffit pas à le réchauffer. C’est même presque avec soulagement qu’il pose pied à terre, échappant au vent sifflant provoqué par la vitesse qui lui glace les os.

Le port est déjà animé, il se glisse entre les ombres, cache sa moto rouge dans un coin à l’abri des regards et met en œuvre toutes les techniques de Batman et de la Ligue pour naviguer incognito dans le rythme effréné des besoins du capitalisme et de la mondialisation. Le hangar 7 est quasiment au centre de l’animation, pourtant personne n’y entre où n’y sort. Déguisé sous la forme d’un entrepôt de stockage de la Mairie, le mercenaire casqué découvre des centaines de mètres carrés de rien, si ce n’est six caisses aussi hautes que lui, et larges comme deux voitures, entreposées en plein centre.

Le son de ses pas se réverbère, résonne, et bientôt il n’est plus seul. Face à lui, s’avançant dans la lumière d’une porte qu’il n’avait pas vue auparavant, une figure se découpe. Le brun manque de hoqueter de surprise.

« Le mercenariat ne marche plus trop, tu te lances dans la vente d’armes, Deathstroke ? Ou plutôt devrais-je dire Slade Wilson ? »

S’interrogeant un instant sur la pertinence de découvrir son visage maintenant, plus tard ou jamais, il décide de se laisser le temps de découvrir quelle position l’homme plus âgé adoptera. Après tout, il serait utile d’avoir dans son camp une personne qui pourrait grandement nuire à Bruce Wayne, toutefois, il lui fallait jouer prudemment, pour ne pas se prendre un bain d’eau glacée.

« Je suis Red Hood, l’acheteur, enchanté de faire ta rencontre. »

Pour appuyer son propos, il pointe d’une main gantée le sac de sport dans son autre main. Il contient la moitié du prix, comme convenu, l’autre moitié étant destinée à voyager numériquement de serveurs cryptés en comptes secrets. Il lui faudra jouer finement, parce que malgré son âge, Jason n’était pas certain d’avoir le dessus sur Slade Wilson. Tout en ne montrant pas son doute, l’assurance est parfois la meilleure des armes.

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ft. Jason Todd / Red Hood

_____Derrière le masque, le teint est plutôt pâle. Deathstroke perdait de sa superbe au fil des semaines et même s’il parvenait à le dissimuler derrière une carapace froide et calculatrice et son traditionnel uniforme de mercenaire, il continuait de perdre sa vitalité. Quelques mois auparavant, Slade Wilson était entré dans une phase de rédemption en acceptant une mission d’infiltration au sein du gouvernement européen de Degaton. Cette opération avait permis de récupérer des informations importantes mais lorsque le leader de cette dictature a commencé à le suspecter, les sanctions ont fini par tomber. Son ancien employé lui a offert comme cadeau de licenciement, un poison dégénérative provoquant une mort lente et pour l’instant inévitable pour le mercenaire. La mort ne l’effrayait pas, mais il avait des choses à régler avant de quitter ce monde.

La pénombre laissait apercevoir une silhouette se rapprochant du lieu de rendez-vous avec peut-être quelques minutes de retards. Comme à son habitude, Slade Wilson choisissait ces clients avec beaucoup de précaution. Jason Todd, ancien Robin et plus connu sous le nom de Red Hood depuis sa résurrection, il possédait tout un dossier au sujet de cet homme, en lus de l’avoir connu il fut un temps. Pour dire la vérité, Jason était probablement le seul membre de la Batfamily que l’ancien mercenaire pouvait tolérer. Son nouveau code moral était similaire à celui de Deathstroke. Avec lui, il savait que son équipement était entre de bonnes mains. Cependant, il ne semblait pas vouloir céder ses armes gratuitement.

« Je sais qui tu es, Red Hood. Vos histoires d’identités secrètes peuvent marcher avec n’importe quel crétin de Gotham City, mais ça ne marche pas avec moi. » Le mercenaire avait personnellement connu le jeune homme durant sa « Je sais pourquoi tu viens, inutile de le répéter, je ne me déplaces pas pour prendre des nouvelles de la famille de chauve-souris. »

Derrière Deathstroke se trouvait des caisses blindés contenant les armes que l’ancien soldat semblait vouloir faire disparaître. Il s’était installé sur l’une d’elle, les bras croisés. Son masque ne laissait voir que son dernier œil valide dévisageant presque froidement l’acheteur potentielle. Laissant s’installer un lourd silence de quelques secondes, ce dernier vient être rompu par une quinte de toux de la part de Slade. Il pouvait dissimuler son état physique sous son uniforme, mais
il ne pouvait pas faire taire ses poumons en souffrance. Toutefois, il tenta de faire oublier cette petite anecdote en reprenant la conversation.

« Cela fait bien quelques mois. Le mercenariat, c’est terminé pour moi. Il est temps de laisser la place à une autre génération. » Il se rapprocha d’un pas vers Jason. « Au moins, il y a encore une personne censée dans cette famille de chauve-souris barge, c’est rassurant. » Il haussa une épaule. « Toutefois, je ne suis pas venu là pour faire du bénévolat. Tu as emmené la somme ? »

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Eh bien, en voilà un qui est bien acariâtre, se dit le cadet des deux, bien que cela ne l’étonne pas tellement. Si beaucoup de mots pouvaient décrire Slade Wilson, « rayon de soleil » n’en faisait pas partie. Ni même « sympathique ». « Admirable » oui, « combattant extraordinaire » (surtout pour son âge) oui, mais sa bonne humeur ne faisait clairement pas partie de la liste des choses dans lesquelles il s’illustre.

En entendant l’homme, Jason ricane, nullement agacé par son humeur massacrante. A vrai dire, vivre avec Batman pendant toute son adolescence donne des ressources en termes de patience et d’imperméabilité aux grommellements d’hommes d’âge moyen.

Il note et enregistre mécaniquement le son maladif de la toux de Wilson, mais il ne le relève pas à haute voix, même grippé, le vieil homme serait sans doute capable de flanquer une raclée à Jason. Mais, habitué par Batman et ses mentors à la Ligue des Ombres et après, le brun était habitué à tout enregistrer, retenir la moindre information au cas où cela lui serait utile plus tard. Ainsi, la rumeur de son déclin était vraie. Il s'était refusée à le croire avant de le voir, qui aurait pu oser atteindre et réussir à toucher le célèbre Deathstroke ?

« Toujours d’aussi bonne humeur, à ce que je vois. » Jason relance histoire de faire oublier la quinte de toux et laisse tomber le sac de sport par terre, sa voix étonnamment chaleureuse. « Moi aussi je suis content de te voir. »

Quand Slade reprend la parole, c’est effectivement avec moins de fiel et plus de sympathie. S’il en avait été capable, Jason en aurait presque été touché. D’ailleurs, le brun se met à rire. Deathstroke a régné sur le mercenariat international pendant des décennies, un siècle presque (ou peut-être pas, mais pas loin). Il faisait partie du paysage. Red Hood accueille le semblant de compliment avec grâce. En voilà une réflexion qui fait chaud au cœur. Il la savait partagée par beaucoup de civils, ce n’est pas pour rien que la peine de mort n’est pas abolie aux Etats-Unis, mais certainement pas par la Batfamily. Oh que non. Et cela prévoyait des clashs massifs entre les deux camps, celui de Jason, composé de lui seul, et la Batfamily. Cela l’enthousiasmait autant qu’il ne le redoutait.

« Bah. » Il faut un signe de la main, ignorant volontairement la potentialité d'aborder le sujet de son empoisonnement. « Tu parles, je prendrais sûrement ma retraite avant toi. Enfin, il paraît que tu te ranges maintenant. Bon, c’est relatif, un gentil qui vend des armes, c’est dur à croire. Mais tu as raison, je ne suis pas venu pour prendre le thé, quoi que quelques amuse-gueules n’auraient pas été de refus. Un peu de champagne, pour fêter une affaire dûement conclue ?»

D’un geste du pied, il fait glisser le sac de dollars vers son aîné. Pas trop près, afin de ne pas représenter une menace, mais assez pour que les coupures passent dans la zone d’influence de Slade. Hors de sa portée.

« La somme complète est là, je veux le stock complet, mais j’ai pris la liberté d’ajouter quelques millions. J’aime à croire que je suis un partenaire de business intègre et généreux avec ceux qui savent me rendre la monnaie de ma pièce. »

Il s’approche des caisses, il y a de quoi commencer une petite guerre civile au moins dans l’Etat du New-Jersey. S’il tendait à ne pas douter de l’intégrité de Slade Wilson, il préférait être certain plutôt que de se faire rouler, sait-on jamais. La nouvelle politique de Red Hood, post-mortem, était de ne plus accorder sa confiance. Son idée n’était pas d’armer toute la population civile, mais quelques personnes de manière suffisantes pour faire régner sa loi. Une loi dure, mais juste. Et si le jeune homme était partisan des libertés individuelles, il fallait se rendre à l’évidence : plus personne n’en jouissait à cause de la peur qui enserre les gorge des gothamites. Et pas question de laisser sa ville chérie subir encore et encore, inlassablement les assauts de quelques cinglés. Quitte à devenir le pire d’entre eux.

« Je suis prêt à te prendre tout ce stock, voire plus si tu en as encore sous ta manche, et je sais que c’est le cas, Wilson. »

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_____Le cynisme et les sarcasmes de Jason n’atteidront pas la carapace émotionnelle de Deathstroke. Le mercenaire avait beau avoir prit de l’âge, il avait remarqué les petits coup d’œil de l’acheteur. Jason Todd appliquait les conseils de son mentor et père adoptif. Le gamin avait garder de bon reflex et c’était toujours agréable de voir un élève suivre correctement les conseils de son maître. Pour autant, Slade n’était pas stupide, ses quintes de toux incessantes avaient mis la puce à l’oreille du justicier Red Hood. Plus le temps passait et plus le vieux mercenaire galérait à masquer ses faiblesse, un comble pour l’homme qui a passé sa vie à les cacher. Le temps et la maladie ont assagit le vieil homme qui essayait de temps en temps de se montrer un peu plus sympathique que d’habitude.

« Prendre ma retraite avant moi ? J’ai déjà raccroché, petit et je compte pas faire demi-tour. Ma décision est prise. » Slade observa rapidement devant lui, examinant les caisses d’armes qu’il avait accumulé pour son acheteur.

Avec le recul, Slade avait-il comprit que le mercenariat avait eu un gros impact sur sa vie. Grant, en voulant suivre les traces de ce fameux Deathstroke, s’est tué en voulant prendre exemple sur lui. Joseph a payé au prix d’un lourd handicap pour avoir été le fils d’un mercenaire. Son mariage est tombée à l’eau dès qu’Adeline a comprit qu’il lui avait menti tout ce temps. Deathstroke a influencé beaucoup de chose dans sa vie, et surtout détruit sa vie de famille. Il n’a pas vu ses enfants grandir, ni ses fils, ni sa fille Rose. Lorsqu’il était là, il se montrait beaucoup plus sévère avec eux et peu aimant, un comportement regrettable quand les plus belles années sont derrières toi.

« Je pensais me mettre au golf. » rétorqua Slade avec une neutralité surprenante. Difficile de savoir s’il était sérieux ou pas. C’était probablement encore une vaine tentative de faire de l’humour. « M’acheter une île déserte, oubliez ce monde, peu importe. »

L’ancien mercenaire se baissa pour attraper le sac rempli de billet et en vérifier le contenu. Cet argent, il n’en avait pas nécessairement besoin. Ces comptes bancaires avaient beau être vide, Slade Wilson arrivait à survivre avec les derniers billets qu’il n’avait pas dématérialiser pour les stocker dans ces comptes bancaires. La plupart ont été saisi, même ceux de ses enfants. Il avait gardé ce vieux reflex de cacher une partie de sa fortune à six pied sous terre dans le jardin familial.

« Papa Wayne ne va pas aimer que tu t’achètes des jouets avec son héritage familial. Tu n’as pas été radié de la famille depuis ta mort ? »

La crise reprit de plus belle, de nouvelles quintes de toux de plus en plus rauque et difficile à arrêter. Slade en eu le souffle coupé avec une grande difficulté pour calmer ses poumons en feu. Le haut de son corps se courba, l’une de ses mains se posa sur sa bouche pour étouffer les toussotements et la seconde prit appuie sur les caisses d’armes pour ne pas chuter. Quelques secondes plus tard, le calme réapparu, le vieux soldat se redressa mécaniquement, tournant le dos à Jason pour recracher au loin, le sang qui s’était accumulé dans sa gorge.

« Ne soit pas aussi généreux ou on risque de ne plus te prendre au sérieux, Red Hood. Tu vaux mieux que ça, tu l’sais. Je ne suis pas un clodo, je n’ai pas besoin de tes dons. » Il laissa échapper un soupir d’agacement. « J’ai d’autres armes, mais j’en garde quelques uns pour régler mes derniers conflits personnels avant de prendre définitivement ma retraite. »

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Une grande partie de l’entraînement que Bruce avait donné à Jason consistait en des techniques d’interrogatoire, parmi lesquelles comment masquer ses émotions, ne pas se laisser atteindre. Il fallut au Red Hood toute sa concentration pour ne pas rire bêtement en imaginant Slade au golf, un caddie au loin et un verre de bière à la main. Ou alors un petit cocktail. Des lunettes de soleil et un bob venaient compléter la scène et le jeune homme en fut réduit à se mordre la lèvre pour ne pas glousser.

A la remarque de Slade sur ses comptes, il ne peut s’empêcher de rire. Personne n’était, pour le moment, au courant de son retour du côté de la batfamily. Toutefois, ses comptes avaient été clôturés. Non pas qu’il eut voulu y puiser, non, mais la curiosité avait été plus forte que lui. Son compte courant avait été gelé en l’état, et celui que Bruce avait ouvert pour financer ses études universitaires avait tout bonnement été versé à une association caritative. Le geste aurait pu le toucher, s’il n’y avait pas lu une trop grande facilité pour Bruce de tourner la page et faire son deuil.

« Malheureusement, je pense que ma carte bancaire a expiré depuis, et de toute façon, j’ai toujours aimé l’argent sonnant et trébuchant. La sécurité de toucher le billet plutôt que de lire des numéros sur un site web. »

Slade reprend sa quinte de toux, un moment, Red Hood se demande s’il ne va pas lui proposer un verre d’eau, lui tapoter dans le dos, mais il s’imagine un instant à sa place. Après une carrière de plusieurs décennies au sommet de son art, en étant un des hommes les plus forts du monde, se faire tapoter dans le dos par un bleu arrivé sur la scène il y a quelques mois ? Non. Le brun l’aurait mal pris, très mal pris. Alors il ne dit rien, ouvre une caisse pour prétendre regarder la marchandise.

« J’aime traiter mes alliés avec toute la considération qu’ils méritent, vois-y une forme de clientélisation, mais je ne te ferais pas l’affront de répéter mon offre plus que de nécessaire. Tu sais comment me contacter. »

Jason ne s’étend pas sur la question de la considération que Slade mérite. Comme mentor, il était, à l’instar de Batman, dur mais juste. Apprendre sous son aile était exaltant, talonner le meilleur parmi les meilleurs, pour un gamin en quête de pouvoir, il n’y avait rien eu de mieux. D’une manière générale, le brun avait une affinité pour les vieux grincheux, l’acidité décapante de Deathstroke avait eu pour effet, au lieu de le buter, de le motiver à se dépasser. Et si Red Hood péchait par son orgueil, il n’était pas idiot au point de penser qu’il a dépassé le maître.

« Ta marchandise me va, je suis prêt à conclure, mes hommes viendront chercher tout cela plus tard. Je… » Il fait une pause. Être sentimental, ce n’est ni une chose qu’il a appris avec Bruce, ni une compétence qu’il possède naturellement. « Je n’ai pas encore de réseau développé, mais si je peux t’aider pour ta… maladie, ou ta retraite, mes oreilles sont les tiennes. J’ai toujours aimé payer mes dettes, et j’en ai une envers toi pour avoir été mon mentor. »

Il espère que de le présenter non pas comme une faveur mais comme le paiement d’une dette rendra la pilule plus aisée à avaler. Il repose l’arme qu’il tenait dans la main pour refermer la caisse, les bras croisés devant lui. Un instant, l’idée de voir pour la dernière fois le mercenaire l’émeut, mais c’est ainsi que cela se passe quand on choisit ce genre de vie. On tue et on meurt. C’est ce qui attend aussi Red Hood. Parce qu’il s’est juré que personne ne l’arrêtera vivant. Ni les beaux discours, ni Arkham, ni Black Gates. Il tuera le Batman ou le Batman devra le tuer.

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_____Jusqu’ici, l’ancien mercenaire était parvenu à cacher le mal qui le rongeait. Le temps passait et même si les quelques médicaments qu’on lui conseillait arrivé à atténuer les effets secondaires, le venin continuait à le broyer de l’intérieur. Ces muscles et ses os commençaient à le faire souffrir à chaque combat et ses poumons avaient quelques difficultés pour recracher le dioxyde de carbone sans laisser quelques crachats de sang à chaque bouffée. C’était probablement ce qu’il y avait de pire, pour le plus grand mercenaire de tous les temps, se voir vieillir, se dégénérer et courber l’échine devant la nouvelle génération. Même si Jason Todd était un excellent combattant, Slade n’aurait pas de mal à le mettre au tapis avec quelques mouvements pour cibler les parties les plus vulnérable. Un simple blouson en cuir ne pouvait pas tout protéger.
Les justifications de son client laissait échapper un léger rire chez Slade. Jason était même parvenu à le faire sourire, un sourire amusé par l’attitude du jeune garçon. Il secoua légèrement la tête avant d’essuyer d’un revers de la main les dernières gouttes de sang qui glissait sur son menton et qui venait teinté sa peau.

« Désolé de te décevoir, mais je ne compte pas réellement faire partir de ta clientèle la plus fidèle alors tu pourras m’épargner ton discours commercial pour ta carte de fidélité, je n’en aurais pas besoin. » Un mélange d’humour à la Slade Wilson avec une pincée condescendance. « La Justice League n’aime pas réellement les gros jouets. Ils ont un faible pour les discours barbant et les fausses bonnes actions. C’est la pire des retraites qu’on puisse espéré. Je ne la souhaiterais même pas à mon pire ennemi. »

Malgré les quelques paroles sèches du vieux mercenaire, Jason semblait faire preuve de compassion, abordant avec subtilité la maladie qui rongeait Slade. Ce dernier pouvait au moins admirer sa manière plutôt délicate d’aborder le sujet. Son œil perçant resta figé sur le visage de Red Hood, un regard presque intimidant.

« Je n’ai pas peur de mourir, Jason Todd. J’ai enterré beaucoup de monde derrière moi en sachant que tôt ou tard, mon tour viendra. » Un ange passa, Slade laissa échapper un soupir avant de laisser tomber une partie de sa carapace. « Écoute, t’es un brave garçon mais la dernière chose dont j’ai envie c’est de faire confiance à tes tuyaux de contrebande, planquer dans la misère de Gotham City, pour m’aider à guérir d’une maladie incurable. »

Ou pas, Slade avait sa fierté et il était difficile pour lui de dire qu’il appréciait Jason, qu’il l’estimait beaucoup. Il avait probablement été un peu trop loin dans la froideur de ses morts. Le mercenaire laissa glisser les quelques sacs d’argent derrière lui avant de réfléchir l’espace d’un instant pour exprimer, avec des paroles bien plus ouvertes émotionnellement, le fond de sa pensée. Pour certains, c’est une promenade de santé, pour Slade c’est un véritable parcours du combattant.

« J’te remercie pour ta bienveillance mais je n’en ai pas besoin. Tu es probablement le plus lucide dans cette famille de chauve-souris, le moins débile des Robin et je parle même pas du dernier bâtard de Bruce Wayne, cette ville n’a pas besoin de Batman et de sa règle à la con, elle a besoin de type comme toi, des gens qui se battent pour la vrai misère de cette ville, quelqu’un qui sait collé une balle dans la tête d’un taré au lieu de l’envoyer à Arkham. » Il haussa les épaules. « Je n’ai pas besoin de ton argent, Jason, je vais mourir, je n’aurais même pas le temps de l’investir. Prends ce qu’il te plaît dans mon stock, je ne te demanderais qu’un service en échange. » Il leva son dernier œil valide pour fixer Jason Todd droit dans les yeux, ou presque. « En mon absence... » Pour ne pas mentionner de nouveau son trépas. « ...J’aimerais que tu veilles sur mes enfants. Rose est encore jeune, elle a besoin de trouver sa voie et… elle mérite mieux que de suivre mes traces. C’est dans tes cordes ou tu vas t’enfuir en courant parce que le baby-sitting te fait peur ? »

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« Awww, Slade ! » Il ramène sa main contre son cœur, feignant une blessure morale. « Moi je te parle avec toute ma sincérité et mon admiration et tu me rejettes. »

Un peu plus et le mercenaire se serait jeté à terre pour mimer des cris déchirants. En réalité, il est à deux doigts de le faire, juste pour s’amuser. Mais quelque chose dans le ton de Slade Wilson l’en empêche. Probablement aussi le fait que, quelque part, le jeune homme, à peine sorti de l’adolescence, éprouve un sentiment bien particulier pour cet homme vieillissant. Une sorte de peur, comme quand on apprend que ses parents ne sont pas immortels. Bien sûr, Jason l’avait su tôt. Ne serait-ce que parce que la mort est partout à Gotham. Et un peu aussi parce qu’il se croyait immortel et qu’il avait reçu une preuve assez forte du contraire. Bref, toujours était-il que la mort prochaine de l’invincible mercenaire lui laissait un goût amer. Ni pitié ni remords, juste… de l’étrangeté. Un monde sans Slade serait étrange. Un monde sans Superman serait étrange. Bah, se dit-il, ainsi va la vie.

« C’est comme tu veux, vieil homme. Je dois avouer que ta bravoure face à ta mort certaine a de quoi m’impressionner. »

Le mercenaire écoute son ainé avec intérêt. Un temps, il est tenté de refuser. Heh, de ce qu’il en sait, la famille Wilson n’est pas tellement du genre à avoir besoin d’aide. Et d’ailleurs, il n’a pas le temps de courir aux quatre coins du monde pour s’assurer qu’ils vont bien. Un temps, l’idée de mentir pour faire plaisir à Slade le titille. Après tout, il ne sera pas là pour voir Jason continuer sa croisade en faisant fi de sa parole.

« T’es sûr de ton coup ? Je veux dire, même si tes paroles et ta confiance me touchent, je suis, de toute évidence, pas le mec le plus loyal envers sa famille. »

Un rire sec lui échappe. D’ailleurs, c’est vrai, bien qu’il refuse de l’admettre. S’occuper de quelqu’un, le protéger, risque de s’attacher, ça lui flanque une frousse pas possible. Parce qu’il a déjà essayé, le fou. L’idiot. Le naïf imbécile qu’il était. Il a donné sa vie, sa jeunesse et tout son amour à Bruce, et pour quoi ? Ah ! Et sa mère, parlons-en !

« Ecoute, prends l’argent, c’est tout ce que j’ai à t’offrir et c’est aussi probablement ce que j’ai de mieux. Baises, fumes, bois, mange, fais en ce que tu veux. Donne-le à Rose. Ton fils. Je… »

Il se passe la main dans les cheveux, un vieux réflexe, et ne trouve que son casque. Il a l’air un peu con là, alors il laisse retomber son bras en soupirant. De toute façon, comment est-ce qu’il doit s’y prendre pour prendre sous son aile la fille du mercenaire le mieux entraîné de l’histoire ? Quel est le risque qu’il y laisse des plumes, mh ? Subitement pris d’une envie de s’arracher des cheveux, le brun se demande si Rose ne serait pas plus à même de prendre soin de lui. Il date de quand, son dernier repas sain, déjà ?

« Je ne te promets rien, mais je te dois bien d’essayer. Mais concrètement, je ne pense pas que je sois très à même de lui donner un meilleur exemple que toi. Je ne sais pas si elle tirera beaucoup de choses du type qui est mort et qui cherche à tuer son ancien mentor et… père. »

Ah, putain, ça lui arrache la gueule. Non, vraiment, ça pique. Le goût familier de la bile qui remonte et cette envie d’hurler, hurler et encore hurler jusqu’à ne plus rien ressentir. La sensation du sang sur sa langue, l’appel à la chasse, encore et toujours. Jason n’est pas un idiot, il n’a pas besoin d’un psy pour savoir qu’il a aimé Bruce Wayne comme un père, comme un adolescent en pleine rébellion aime son paternel, toujours reconnaissant d’avoir été sauvé de la rue, d’avoir reçu un but dans la vie. Et c’est pour ça que la chute est si violente. Si dure.

« Bah, je n'aurais qu'à me déguiser en prêtre pour les rencontrer, si besoin. J’ai accès aux systèmes du Batman, je ferais en sorte de garder un œil sur elle. Et sur lui aussi. Il ne leur arrivera rien que je ne puisse empêcher. Je sais que ma parole n’a que peu de valeur, et je n’aurais sans doute pas le temps de la prouver par des actes que tu sois là pour voir mais… je ferais de mon mieux. »

Il s’avance, tend sa main à Slade Wilson, dénué de tout cynisme ou de toute insolence, pour une fois. D’homme à homme, d’une personne à une autre qui auraient pu être amis.

« J’espère sincèrement te revoir. »

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_____Slade accordait beaucoup de confiance à Jason Todd en lui demandant ce service. Une preuve supplémentaire que la fin était proche pour lui et qu’il ne pouvait compter que sur peu de personne pour veiller sur la famille qu’il avait détruite. Red Hood n’était pas encore tout à fait habituer aux paroles crues du vieil homme, qui à première vue, semblait dénué d’émotions. En analysant un peu plus ces mots, Slade semblait montrer, à sa manière, sa bienveillance envers le jeune mercenaire. La proposition du vieil homme ne semblait pas enchanter Jason dans un premier temps. Ce dernier n’avait pas quitté le jeune homme de son œil, observant chacune de ses mimiques.

« Cette famille de chauve-souris t’a chassé, Batman t’a remplacé par le premier orphelin qu’il a trouvé dans les villes. Ta colère est justifiée mais si tu la laisse te dominer, elle te bouffera. Tu veux un conseil de mercenaire endurci ? Laisse les crétins de cette ville détruire lentement la santé mentale de ton mentor, la vengeance n’en sera que plus belle quand Batman comprendra que son code moral ne sauvera pas Gotham. » Un ange passa. « Je ne te demande pas d’être un exemple à suivre pour Rose. » rectifia le mercenaire comme on rectifiait un gamin qui ne pouvait s’empêcher de comprendre de travers. « Je veux qu’elle suive sa propre voie. Je ne veux pas qu’elle reproduise les mêmes erreurs que moi. Y’aura plus de Deathstroke, tu piges ? Aucune d’eux ne reprendra le flambeau, ça ne m’intéresse et… c’est pas ce que je veux. »

Un peu de sincérité et d’émotion s’échappa des derniers mots de Slade. Il laissa échapper un grognement et détourna le regard lorsqu’il remarqua ce tic qui venait de lui filer entre les doigts. Le mercenaire se contenta de l’ignorer en espérant que personne ne l’avait remarqué. Dans le cas contraire, il se contentera de nier et de changer de sujet. D’ailleurs, il y avait bien un autre sujet que Slade souhaitait abordé avant que Jason ne reprenne ses activités.

« En parlant de mes fils. Il y a quelque chose dont j’aimerais te parler. » Il haussa les épaules avant d’attraper un long manteau qui était posé sur l’une des caisses d’arme. « Ça risque d’être un peu long. T’as soif ? »

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L’argent avait été confié à Wintergreen, ainsi qu’une partie de ses équipements. Slade Wilson n’avait gardé qu’une arme de poing, au cas où et avait laissé son vieil ami emporter le reste. Le vieil homme avait camouflé sa combinaison Ikon sous un long manteau. Il avait invité Jason dans un des bars miteux de Gotham City. Il les connaissait bien et, pour ne pas attirer l’attention, il avait prit l’un des plus bondés en cette soirée. Les deux mercenaires étaient installé dans une table à l’écart du bar pour ne pas être trop dérangé par le bruit ambiant. Jason avait l’embarras du choix pour son verre d’alcool, Slade s’était servi un whisky double, il en avait même profiter pour se payer une corbeille de frites.

« Il y a un autre service que j’aimerais que tu me rendes. » expliqua enfin le mercenaire entre deux frittes baignant dans une sauce barbecue. « J’ai besoin que tu sois franc. Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec toi, alors je vais être direct. » Il releva son dernier œil valide vers Slade pour le fusiller du regard, involontairement. « Tu es mort mais personne n’a réellement su comment tu pouvais te tenir debout ici et maintenant. La ligue des Assassins est derrière tout ça, non ? » Cela pouvait être impensable pour de nombreuses personne, mais pour Slade, qui venait de revoir ses deux fils revenir à la vie, c’était presque une habitude. « J’aimerais savoir ce que tu as ressenti lorsque tu es revenu à la vie. Tu as remarqué des changements ? Un comportement inhabituel ? La colère que tu éprouves envers la chauve-souris, elle vient de toi, du puit de Lazare ou de Ra’s Al Ghul ? » Il baissa sa tête pour observer le fond de son verre. « T’es resté combien de temps chez eux ? Est-ce que tu as croisé mon fils ? Est ce que tu as croisé Grant ? J'ai pas encore les preuves, mais je pense que c'est eux qui l'ont ramené à la vie et qu'ils se servent de lui, depuis que j'ai tourné le dos à Talia. Ton témoignage m'est précieux, car je n'arrive pas à le raisonner Grant, et je ne parviens pas non plus à comprendre les maux de Joseph depuis sa résurrection. »

Le mercenaire baisse la tête, comme un gamin pris de remors. Il se dit un instant avec colère que Slade ne savait rien de lui et ne pouvait, par conséquent, pas se permettre de lui faire la morale. Pire, de lui prodiguer des conseils. Jason n’avait jamais été bon avec ça. L’autorité, le paternalisme, tout ça lui était aussi étranger que cela ne le rebutait. Il s’était rebiffé contre Bruce toute son adolescence. Et maintenant que celle-ci avait été enterrée sous un monticule de boue et de sang, cela lui était encore plus pénible. La colère lui était un sentiment familier, l’ire une compagne plaisante, rassurante presque. Il faillit alors lui laisser cours, se laisser enivrer par elle, mais que savait-il au fond de son aîné ? Bien sûr, Deathstroke était incapable d’imaginer ce qu’avait vécu Jason personnellement, mais il n’était toutefois pas exempte de malheurs.

En relevant la tête, le jeune homme saisit l’inflexion brisée de la voix de Slade, et se garde d’en faire la moindre remarque, le conseil de l’homme sifflant encore à ses oreilles. Il ne pouvait pas abandonner cette ville. Non pas parce qu’il l’aimait, il l’aimait à en crever, ses ruelles mal-famées, ses citoyens cruels, la puanteur, l’horreur, il haïssait cette ville d’être ce qu’il aime. Non pas pour les quelques héros qui, avec un courage indéniable, s’opposaient aux pires créatures de Gotham, non pas pour ces quelques moments glorieux où, face à l’ignominie, Gotham avait marchée unie. Non pas pour sauver Gotham du Batman. Non, au fond de lui, bien que lié à cette ville, Red Hood y restait, conduit par la haine et la colère. Et il ne cherchait pas à y échapper, grands Dieux non. Gotham, sa crasse, sa puanteur, ses monstres, tout cela était l’ADN même du mercenaire, du bout de ses ongles à son cœur battant. Et comme Gotham, il était rongé par un mal mortel dont il ne voulait pas se défaire. Jason se complait dans sa sauvagerie, dans une course effrénée avec la mort qu’il ne souhaite pas gagner.

Il n’y aura pas de miracle. Pas de rédemption. Pas de famille réunie. De la mort il s’était échappé, à la mort il retournera, mais pas seul. Plus jamais seul.

“Tant mieux pour toi Slade, tant mieux pour toi. Je veux bien essayer de t’aider, je te dois bien ça, mais ici, je suis chez moi. Encore plus quand je suis entouré de meurtriers cinglés.”

Armé de son habitude à se complaire dans la médiocrité de son destin, usé par l'auto-apitoiement, l’ancien Robin n’a aucune volonté, ni aucun souhait de suivre des conseils sans doute avisés et pleins de sollicitude. Jamais partant pour un exercice de self-care, le jeune homme pratique avec assiduité l’auto-destruction. Accepter un verre avec le mercenaire le plus létal de l’Histoire semblait alors être la meilleure démarche pour précipiter son retour en enfer.

—----

La discussion s'avère pénible, à peine débutée, quand Slade lance le sujet de son retour à la vie. Faisant tourner le cul de sa bouteille de bière sur la table collante, Jason caresse un instant l’idée de se barrer. L’exercice n’est pas agréable, rassembler des souvenirs fragmentés, teintés de douleur, d’une détresse aussi grande, lui flanque une migraine, alors même qu’il n’a pas encore accepté de répondre. Mais il est déjà trop tard et à peine le sujet évoqué que les sensations brusquent le flot de ses pensées, le faisant grincer des dents.

“Je n’ai pas envie d’en parler.”

Il détourne la tête, prenant une poignée de cheveux à pleine main. Pendant un court instant, peut-être assez court pour que cela échappe à Slade, Jason a 16 ans et il se retrouve à nouveau enfermé dans un cercueil. Si le reste de son périple jusqu’au Puit lui échappe toujours en grande partie, ce moment-là, il ne peut l’oublier. L’effroi, l’incompréhension, le manque d’oxygène. Il s’extirpe de justesse de ses souvenirs, avant d’être complètement dévoré par eux.

“Je ne me souviens de rien avant le Puit, ou des brides seulement. J’ai quitté la Ligue après le Puit. Ton fils… ça ne me dit rien.”

Il regarde droit dans les yeux le vieil homme, enfin… droit dans l'œil. La bière qui lui glisse le long du gosier le fait frissonner. Elle est médiocre, tout au plus, et dans le meilleur des cas il se réveillera avec une migraine après l’avoir engloutie. Dans le pire des cas ? Probablement la diphtérie.

“Je ne sais pas ce que tu espères. Que je te dise que le Puit m’a rendu fou mais que ça va, je vois mon psy tous les mardi et que j'envisage de prendre l'after-noon tea avec Bruce plus tard ?” Il hausse les sourcils en lâchant un rire moqueur. “Je vais très bien, et tes gosses surement aussi. Le Puit n’a rien à voir avec le fait que nous partageons tous les trois une figure paternelle plus que douteuse.”

De sa main enroulée autour du goulot de la bouteille, il pointe un doigt accusateur vers Slade. Partagé entre la colère et l’écoeurement, Jason opte pour une question plus posée, histoire de ne pas finir avec une balle entre les deux yeux.

“Pourquoi tu ne vas pas les voir, Slade ? Ils savent que tu es malade, et si je leur dis que je viens de ta part après ta mort, tu ne penses pas qu’ils vont m’accepter fleur au fusil ? Ils méritent d’avoir une vraie discussion avec toi, et s’ils t’envoient chier, eh bien… tu ne vivras pas longtemps avec ta tristesse, je suppose ?”

Le brun hausse les épaules, lui adressant un visage presque compatissant avant de s’enfiler sa bière d’une traite.

HRP:

Inscription : 24/04/2018

« You're gonna catch a cold From the ice inside your soul »

ft. Jason Todd / Red Hood

_____Slade Wilson n’a jamais été réputé pour son tacte et sa diplomatie. Il avait invité Jason boire un verre pour se retrouver dans un environnement beaucoup moins glauque qu’un entrepôt vide. Malheureusement, il semblerait que cet endroit soit aussi glauque que le lieu précédent. L’ancien mercenaire avait au moins laissé le temps au serveur de leur déposer leur commande avant de lancer les sujets qui fâchent. Bien évidemment, il savait que les questions n’allaient pas plaire à l’ancien Robin. C’étaient des moments douloureux de sa vie, des moments qu’il ne voulait pas ressasser. Slade le savait, mais il n’éprouvait aucun remord à remuer le couteau dans la plaie. L’enjeu est trop important pour que le vieil homme prenne le temps de caresser le gamin dans le sens du poil.
La première réponse ne semblait pas réellement lui plaire. Son dernier œil valide, fusillait du regard le pauvre Jason qui ne voulait pas se remémorer sa résurrection. Slade montra son mécontentement assez rapidement. Red Hood avait détourné le regard, comme s’il savait que la réponse n’allait pas réellement plaire. Il laissa échapper une grimace pour contenir un certain agacement.

« Je ne suis pas là pour te prendre par la main et mettre de la pommade sur tes blessures psychologiques. Je veux des réponses, Jason. » grogna Slade sans montrer la moindre compassion à l’égard de son partenaire de beuverie.

Slade s’était montré beaucoup trop impatient car, malgré les mots dure du vieil homme, Jason avait fait l’effort d’essayer de répondre à ses questions. Il n’oubliait pas de rajouter quelques sarcasmes entres ses phrases. Le vieil homme ne savait pas comment il devait prendre ces moqueries. A une époque, il n’aurait jamais laissé un de ces enfants lui parler aussi mal. Pour cette fois, Slade préférait ignorer, focalisé sur son objectif, il cherchait des réponses avant tout. Sa main gauche fouille dans la corbeille pour choisir la frite idéale à dévorer à défaut de cogner le petit Red Hood.

« Des réponses, Jason. J’espère obtenir des réponses à mes questions. » Il se redressa sur sa chaise, les coudes posés sur la table pour rapprocher son visage de Jason. « Il y a beaucoup de chose que tu ignores dans cette histoire et ton expérience peut m’aider à élucider quelques mystères. Ai-je besoin de te faire un dessin pour que tu le comprennes ? J'ai surestimé ton intelligence ? »

C’est au tour de Jason de se montrer agressif vis-à-vis du vieux mercenaire. Il se permit même de lui offrir un doigt accusateur sur ses agissements en tant que père de famille. Ce dernier est tellement obstiné à trouver des réponses, qu’il pourrait profiter du peu de temps qu’il lui reste à vivre en bonne compagnie, avec ses enfants. Slade n’a jamais été un très bon père, souvent absent. Même s’il ne voulait que le bien de ses enfants, il ne prenait pas les décisions les plus sages. Il continuait à commettre des erreurs, erreurs qu’avait rapidement détecté Jason.

« Il y a beaucoup de chose que tu ignores sur ma famille. Il ne s’agit pas de la famille imaginaire qu’à créer ton paternel adoptif pour compenser sa solitude dans son grand manoir car son majordome ne lui rapporte plus la baballe. »

Il laissa échapper un soupir. L’heure était peut-être venue de jouer carte sur table avec Jason. Peut-être se montrera-t-il beaucoup plus coopératif ? Slade hésita, le bout de ses doigts frôla son verre de whisky, son regard se baladait. S’ouvrir, parler de ses problèmes, ce n’était pas le fort de Slade Wilson. Toutefois, s’il voulait avancer rapidement, il devait faire des efforts et accorder sa confiance à un collègue mercenaire, qui semblait être le membre de la batfamily le plus lucide. Slade finit par orienter son regard vers Jason.

« Mes fils sont revenus d’entres les morts, ce n’est pas nouveau pour toi, c’est nouveau pour personne. Joseph est revenu changé, son comportement n’est plus le même. Il est probablement atteint de démence. Grant me fuit comme la peste, je sais que quelqu’un le manipule et je suis en train de soupçonné la ligue des Assassins, surtout après ce qu’il s’est passé, avec toi. » Il haussa les épaules. « Pour l’instant, Grant est introuvable. Il me fuit comme la peste, alors tes conseils, tu peux te les garder. Il ne s’agit pas de tes querelles avec tes successeurs en collant, c’est plus compliqué que ça. » Il pointa à son tour, son doigt en direction de Red Hood. « Je n’ai pas la prétention d’être revenu d’entres les morts, toi si. Joseph a besoin de réponse. Il est entouré de mauvaise personne qui le conforte dans sa démence. Ne va pas me faire croire que tu n’as rien remarqué chez toi, dans ta manière d’agir. Tu n’es plus le gamin qui se promenaient sous les jupes de Batman. C’est pour eux que je sollicite ton aide, Red Hood. »