« Magic Cure » ft. Yara Flor / Wonder Woman

_____Une vive douleur m’avait extirpé du monde des rêves pour me ramener à la réalité. J’ai senti mes muscles se contracté au moment où j’ai essayé d’avaler une bouffée d’oxygène. Ce genre de réveil brusque, je finissais par en avoir tristement l’habitude. Les cauchemars, ressemblant davantage à des vieux souvenirs enfouit dans mon subconscient, tuant de réalisme, qu’à un monde farfelu et inutilement sadique. Quelques perles de sueurs s’échappèrent de mon front, glissant le long de mon visage pendant que j’essayais de me relever doucement.
Mon lit était un véritable champ de bataille, j’étais pourtant persuadé de m’être endormit dans un lit au carré. Ma chambre n’est pas aussi négligée que celle de mon colocataire, John. Mon sommeil s’était avéré très agité, pour changer. Chaque nuit, je savais que le démon qui partageait mon corps, depuis de nombreux mois, cherchait sans cesse à prendre le dessus. La nuit, plongé dans le monde de Morphée, j’étais incapable de l’empêcher de prendre le dessus sur mon corps et de s’attaquer à John. Chaque nuit, je savais qu’il avait fait quelque chose de mal, augmentant ma culpabilité. Pour essayer de chasser ses mauvaises pensées qui n’allaient pas faire avancer les choses, j’ai tiré doucement les draps qui recouvrait encore la moitié de mon corps.

Une peau colorée par des nuances de bleu et de violet, une marque recouvrant une partie du côté gauche de ma cage thoracique pour descendre jusqu’au début de ma hanche. Une vilaine blessure, un inconnu se demanderait de combien d’étage j’étais tombé pour avoir finit dans cet état. J’ai cessé de compter le nombre de fois où la force surhumaine d’Amy m’avait meurtri.
Doucement, non sans défigurer mon visage de douleur. M’habiller était devenu une véritable torture que je faisais éterniser pour essayer de limiter la douleur. Je le hais, bon sang, que je le déteste, il me pourrit la vie et je ne peux rien faire contre ça. Avec un rythme digne du troisième âge, la main sur ma blessure, comme si j’essayais de soulager l’hémorragie et la douleur qui l’accompagnait. Mon autre main tenait mon téléphone, l’un de mes moyens de communication. Ce dernier était capable de retranscrire mes pensées grâce à émetteur dans ma boîte crânienne, une opération qui date.

Avec peine, j’ai réussi à atteindre le salon, puis la cuisine. Vide, pas la moindre trace de vie, devais-je paniquer ? Ce n’est pas la première fois que je me retrouve seule dans cette maison magique. Je n’étais pas vraiment inquiet, tout cela était devenu un triste quotidien. Je suis allé fouiller les tiroirs de la cuisine à la recherche de mes antidouleurs. Je cachais mon traitement dans la cuisine car il m’est arrivé plus d’une fois d’en prendre un peu trop, pour calmer la douleur. Malheureusement, tout ce que j’ai trouvé, ce sont des boites vides. Je pourrais très bien aller en chercher dans la pharmacie du coin, mais ma quête de médicaments m’avait déjà attiré beaucoup d’ennuis et risquerait de m’en attirer davantage, à moi comme à John, si je ne faisais pas attention.

« John ? John tu es là ? » Une bouteille jetée à la mer, j’aurais espéré qu’il soit là. Je ne l’ai pas tué, si c’est cela qui t’inquiète. Contrairement à ce que pouvait penser Amy, je ne m’inquiétais pas pour John, ce n’est pas le premier démon qu’il matte. Cependant, je serais peut-être parvenu à l’envoyer à la pharmacie à ma place quand il passera au bar tabac pour s’acheter son propre poison, chacun le sien. « Tant pis, je vais devoir me débrouiller. »

Il existait un autre traitement qui me permettait d’oublier la douleur, bien plus efficace. Dans certains Etats, il était légal, mais je ne pouvais pas y aller, j’étais épié. A ce moment, j’avais une idée derrière la tête. J’ignorais si c’était mon organisme agonisant ou ma folie qui m’avait envoyé à l’autre bout du continent, ou presque. La maison pouvait m’emmener n’importe où et lorsque j’ai traversé la porte d’entrée, il était déjà trop tard.
Je me suis retrouvé quasiment en plein centre-ville de… São Paulo. La maison doit avoir un certain sens de l’humour. Je n’ai fait que quelques pas dans la ville et je me sentais déjà surveillé par les locaux. Il ne faut pas se mentir, j’avais la tête du parfait touriste au milieu de tous ces gens. J’étais plutôt grand, un peu de muscle pour dissuader les plus maigrichons. Lorsque je suis arrivé en terrain étranger, j’ai essayé d’oublier cette douleur qui m’habitait constamment depuis mon réveil. Je m’étais légèrement redressé, droit comme un « i », camouflant cette même souffrance. J’ai l’habitude, mais je voulais que cela cesse rapidement. Plus je m’éloignais de la porte de la maison, et plus je commençais à me rendre compte que l’idée qui m’avait conduit jusqu’ici n’était clairement pas la meilleure.

Bon sang Joseph, qu’est ce que tu es en train de faire ? C’est une erreur, une grosse erreur. Dans un moment de lucidité, j’ai voulu faire demi-tour. Aurais-je réagi trop tard ? Je suis déjà entouré de locaux, au visage faussement bienveillant. Ils étaient trois, devant moi mais je ne serais pas surpris de voir que d’autres m’épiaient plus loin. Je suis resté immobile, impassible. Ce n’était pas quelques hommes qui vont me faire plier, pas après tout ce que j’ai traversé.

« Tu es perdu ? » « Tu cherches quelque chose ? » « Tu as perdu ton groupe de pote ? Tu veux un coup de main ? » Dans un premier temps, je n’ai pas réellement su quoi répondre. J’aurais pu renter directement dans le vif du sujet, attraper ma marchandise et partir aussi vite que j’étais arrivé ici. J’en avais la capacité, alors pourquoi restais-je immobile ? Dans un mouvement accidentel, j’ai remonté ma veste et mon t-shirt, laissant entre-apercevoir ma peau meurtrie. L’un d’eux l’avait notifié et semblait s’en réjouir. « Oh toi, tu as un peu trop forcé sur la bouteille. Grosse soirée, hein ? » Ils remarquèrent également la cicatrice au niveau de ma gorge, beaucoup plus vieille que mon hématome mais toujours aussi visible. « T’es du genre casse-cou ? »

« Si on peut dire. » Mes lèvres ne bougeaient pas et cette sorcellerie semblait les avoir stupéfait. Ils étaient tomber sur un gros lot. J’ai essayé de rentrer dans leur jeu. Je n’étais pas vraiment d’humeur à en venir aux mains. Cela ne ferait qu’empirer ma blessure actuelle qui commençait doucement à perdre quelques couleurs. Ma régénération fonctionne mais elle avait besoin de beaucoup plus de temps. « Je cherche simplement de quoi calmer ça. » Ma voix provenait de mon téléphone, un dernier cri qui attirait forcément les convoitises. « Je sais que vous avez de quoi combler un humble touriste. »

« Oh, mais nous avons mieux que ça à te proposer. »

Bien évidemment, ils avaient de nombreuses idées en tête. Un jeune touriste perdu, d’apparence plutôt aisé, qui avait, selon eux, probablement passer sa soirée à boire et à s’ingérer tout ce qu’il y avait de plus toxique et hallucinogène dans le corps, ne manquera à personne. Tu fais preuve d’une grande stupidité, bien plus que je nel’espérais J’ai serré mes poings. Leurs mains commencèrent à glisser vers leurs armes respectifs, dissimulés sous leur vêtement. Bien, j’allais probablement aggravé ma blessure mais je crois que je n’y échapperai pas.

_____Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais pû trouver plus stupide comme idée. La prochaine fois que je supplierais la Maison de m’emmener chercher mes herbes médicinales, je lui demanderai de verrouiller toutes les issues et supplier John de bien vouloir faire un détour la prochaine fois qu’il sort se bourrer la gueule sans moi. J’ai vu leurs mains glisser vers leur arme respective. J’étais probablement la victime parfaite pour eux. Ils étaient déjà en train de fantasmer sur la somme colossale qu’ils allaient engendrer avec ma tête de blondinet naïf. Je ne pouvais pas les blâmer, j’avais vraiment été stupide cette fois.

J’ai serré les poings, prêt à me battre. J’ai pris une légère inspiration pour faire abstraction de cette vive douleur aux côtes. Je n’étais peut-être pas au meilleur de ma forme mais je ne craignais pas le combat au corps à corps. Je les invitais presque à s’avancer près de moi pour les contrer, corrompre leurs esprits. En y repensant, ils tombaient plutôt bien. Cela faisait un moment que je cherchais des cobayes pour tester mes pouvoirs de contrôle mental.
J’ai fermé mes yeux quelques microsecondes pour préparer une projection astrale et posséder ma première victime. Lorsque j’ai redressé mes paupières, j’ai vu cette femme s’interposer entre moi et mes agresseurs. Elle était apparue de nulle part, tel une ange gardienne, souriante, pétillante presque accueillante. Elle parlait avec ces hommes comme on s’adresserait à des amis d’enfance, une technique pour dissuader les crapules ?

Elle n’était pas comme les autres. Cette tenue, cette épée menaçante sur son dos, j’avais une étrange sensation de déjà vu sans comprendre d’où elle pouvait bien venir. Je n’ai pas réellement cherché à m’interposer, si l’inconnue était capable de mettre un terme à cette histoire sans arriver sur de la violence. Les trois hommes ont croisé mutuellement leurs regards, hésitant. La prise était bonne, trop bonne pour être abandonné comme ça. J’étais un paquet de billet verts ambulant pour eux, une opportunité parfaite.

« On ne voulait pas lui faire du mal, voyons ! » répliqua le premier voyou de sa langue maternelle, une langue que je ne parvenais pas à traduire. Je crois qu’il essayait de convaincre la jeune femme et sa force surhumaine qui avait déjà broyer l’une des armes.

« Ce touriste américain est blessé, nous voulions simplement l’aider. » répondit le second, essayant surement d’appuyer les arguments de son collègue. « Tu nous prends pour des monstres ? Tu veux peut-être nous escorter ? »

Le troisième était resté muet, une main dans le dos. Je ne l’ai pas quitté du regard, il ne semblait pas vraiment croire à la veine tentatives de ses collègues de rattraper le coup et tenter de dissuader la jeune guerrière. Tout comme mon regard radioactif le fusillait, le sien ne me lâchait pas. Un simple contrôle mental aurait permis de régler cette histoire mais, après tout le mal que j’avais fais en Europe, j’attendais toujours le dernier moment avant d’utiliser ce don.
Mes craintes ont été fondé, ce dernier avait levé son bras pour laisser apparaître une machette qu’il brandit dans ma direction pour finalement se jeter sur mon ange gardienne. Par instinct, j’ai tendu ma main vers lui, générant un bouclier psychique, une simple barrière aux reflets émeraudes qui s’évapora immédiatement après que le brigand s’est éclaté la face contre elle. Ces deux collègues regardèrent avec stupeur, ce tour de passe-passe que je venais de matérialiser et qui me demandait beaucoup d’énergie vitale. Après avoir générer ce bouclier, j’ai eu l’impression de me prendre un coup de massue en pleine tête.

« Qu’est ce qu’il vient de faire ? » Le second me hurle dessus et se tourne vers la jeune femme. « C’est un putain de héros ?! T’étais au courant ?! C’est toi qui as fait ça ?! »

Je n’avais pas directement attaqué, juste cherché à me protéger plus qu’autre chose. Mon ange gardienne n’avait certainement pas eu besoin de mon intervention. Je n’ai pas réellement réfléchi lorsque j’ai libéré mon pouvoir et maintenant que j’ai été plus ou moins démasqué de ce côté-là, je n’allais pas m’arrêter pour autant.
Un des hommes avaient reculé, celui qui s’était pris mon bouclier avait encore le cul par terre, sous le choc. Le troisième s’était enfuit en courant pendant le bégayement du premier. Malheureusement, ce dernier était parti chercher des renforts, comme je le craignais. J’ignore s’il avait déjà prévu de ramener ces potes suite à l’arrivée de la femme guerrière ou si c’était vraiment moi qui avais activé le plan B.

« Ton copain a commis une grave erreur. » lança le premier à l’arrivée de quelques renforts, beaucoup plus armés.

J’aurais aimé m’excuser mille fois, mais mon subconscient ne demandait qu’une chose : Défend toi. J’agissait par simple instinct de survie, par le biais de tous les mauvais traitements que j’avais subis là-bas. Il était hors de questions que le scénario se reproduisent et j’en arrivais à commettre des erreurs, à devenir agressif. J’ai croisé le regard du dernier qui s’était adressé à l’ange gardien. A ce moment-là, mon corps s’est figé, un léger brouillard blanchâtre s’était formé sur mes yeux. Je venais de quitter mon corps pour contrôler mentalement celui qui avait croisé mon regard. Une fois avoir posséder ma victime, je prenais un malin plaisir à l’envoyer taper ces collègues à coup de poing.

« Mais MEC, qu’est-ce que tu fais ?! »

_____La tension était montée et l’un des brigand était parti chercher des renforts. Dans un reflex de survie, je me suis servi de mes pouvoirs pour manipuler mentalement le premier qui avait croisé son regard. Mon corps était vulnérable mais il aurait fallu plusieurs minutes pour mes adversaires avant de comprendre qu’ils pouvaient s’en prendre à mon corps inerte. Inconsciemment, j’avais offert à cette guerrière, une confiance aveugle plutôt rapide. Elle-même ne comprenait pas pourquoi je ne réagissais pas à ces paroles. Au cœur de l’action, c’est un peu compliqué à expliquer.
Concentrer sur le corps que je contrôlais, j’ai retourné ma pauvre victime contre ses alliés en écrasant son poing directement sur le visage du type juste à côté de lui. Je n’ai pas réellement réfléchi à mes actions, je cherchais simplement à me défendre et à me tirer de là. Honnêtement, j’aurais préféré que les belles paroles de cette jeune femme leur donnent raison. D’ailleurs, je me suis rapidement tourné vers cette dernière qui tentait désespérément de me réveiller.

« Non, attends, je t’expliquerai ! » rétorquais-je de vive voix, celle de l’homme que j’étais en train de posséder. Difficile pour elle de comprendre pourquoi un de ses adverses étaient en train de lui répondre à ma place « Ah bon sang ! »

Je m’occuperais d’elle plus tard. Elle ne semblait pas avoir besoin d’aide pour venir à bout de tout ce beau monde. Je crois que pour cette fois, j’avais eu beaucoup de chance de tomber sur elle et je ne suis pas prêt d’oublier ça. Après avoir retourné un ennemi contre ses propres alliés, je suis rapidement retourné prendre le contrôle de mon corps, laissant ma pauvre victime complètement désorientée avec un corps inconscient à ces pieds. Bien sûr j’ai profité de cet effet de surprise pour lui envoyer mon poing en plein visage.
La guerrière était rentrée dans le tas, au front, empêchant les quelques personnes qui avaient remarqué mon corps inerte, de l’endommager. Je n’étais pas encore tirée d’affaire. Je les avais aperçus, ces trois individus qui s’étaient rapproché de moi. Deux hommes derrière moi, dernier se trouvait en face, un couteau à la main. Oh, j’ai conscience d’être à leurs yeux qu’un simple touriste inoffensif qui a eu le droit à son ange gardien. Bien, je vais les prendre à leur propre jeu.

Je ne suis pas un maître des arts martiaux. Je n’ai pas la prétention d’être le meilleur dans ce domaine, je perdrais probablement face à un duel au corps à corps avec Batman mais j’ai gardé en moi, quelques notions bien utiles de combat rapproché. J’ai saisi le poignet de la personne juste devant moi avant qu’elle ne tente de me poignarder la poitrine, effectuant une petite rotation de son poignet pour lui tordre le bras et lui provoquer une vive douleur. Je me suis ensuite occupé du second en envoyant la semelle de ma chaussure directement dans sa cage thoracique pour le repousser. J’ai immédiatement envoyé le premier homme se jeter sur le corps du troisième. Il avait essayé de profiter de ce moment de distraction pour me prendre par surprise, c’est raté.

J’ai enchainé les coups avec un certain rythme, comme une danse. Entre deux ou trois coups, je parvenais à esquiver les vaines tentatives de mes adversaires. Heureusement pour moi, ils étaient assez lents pour que j’anticipe une grande partie de leurs actions. Le second était parvenu à écraser son poing sur ma blessure. La douleur est si forte que je suis contraint de me plier en deux pour tenter de la soulager, resserrant ma mâchoire. Dans un moment de distraction, je n’ai pas protégé mon point faible et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Mon adversaire profita de ce moment de déstabilisation pour écraser sa rotule, de nouveau sur ma blessure. Il ne m’aura pas deux fois. J’ai attrapé sa jambe pour le déséquilibrer d’une simple impulsion de mon bras. A peine a-t-il eu le temps de frôler le sol avec son derrière que j’ai écrasé ma chaussure dans ses parties pour le dissuader de se relever.

Il ne restait plus qu’une personne, elle croisa mon regard. Grave erreur. En quelques secondes, son esprit était mien. Je l’ai invité à s’immobiliser d’un simple contact visuel. Seule sa main semblait avoir encore la capacité de se mouvoir. Elle tremblait en glissait celle-ci dans sa poche pour en sortir sa réserve personnelle, exactement ce que j’étais venu chercher. Il me la tendit en tentant désespérément de résister à mon contrôle mental. C’était noble mais inutile.
J’ai doucement attrapé le petit pochon contenant mon miraculeux médicament. Malgré les ennuies qu’ils avaient provoqué, je n’étais pas un voleur. Dans un acte de bonté, j’ai déposé sur le creux de sa main, une petite somme pour le dépanner. Ensuite, d’un signe de la tête, je l’ai invité à se tirer de là.

J’aurais pu, moi aussi, partir d’ici et ne plus jamais revenir mais ce n’est pas mon genre. Sans cette femme, je n’aurais probablement pas réussi à obtenir ce que je souhaitais. Elle s’était chargée de la petite bande restante et les avait, à leur tour, inviter à quitter les lieux avant l’arrivée des autorités. Doucement, je me suis rapproché d’elle, le visage défiguré par la douleur. Les quelques coups que je m’étais pris allait forcément ralentir ma régénération. Le moindre pas réveillait cette douleur que je tentais vainement de dissimuler.
Une fois en face d’elle, j’avais complètement oublié cette barrière invisible qui nous séparait, mon incapacité à communiquer comme les autres. Je me retrouvais devant elle, immobile et muet, comme un con, réfléchissant à une autre manière de la remercier sans passer par des mots qui ne sortirait pas de ma bouche.

« Je ne sais pas comment te remercier, alors… merci, qui que tu sois. » Le langage des signes était ma seule façon de communiquer pour l’instant. Alors, j’espérais dans un malentendu, qu’elle parvienne à comprendre quelques signes ou décrypter ce sourire sur mon visage.

_____Je ne pouvais pas repartir sans remercier ma bienfaitrice anonyme, quelle qu’elle soit. En observant de plus près sa tenue, je reconnaissais les traits de l’uniforme des Amazones mais je n’avais encore jamais entendu parler d’elle. Était-elle nouvelle ou est-ce que j’étais complètement à côté de la plaque ? En m’approchant d’elle, je pouvais difficilement cacher mes difficultés à supporter la douleur qui m’handicapait depuis ce matin. Machinalement, je me suis accroché à elle sans pour autant l’écraser de tout mon poids.
Après avoir repris mon souffle, elle tenta un premier contact avec moi, quelques syllabes qui parvenaient à mes oreilles. Lorsqu’elle me demanda, avec un simple mot, si j’étais américain, j’ai doucement hoché la tête en guise de réponse. J’ignorais si elle avait réellement compris que je cherchais, moi aussi, à rentrer en contact avec elle mais c’était compliqué. En plus de la barrière de la langue, il y avait mon incapacité à communiquer comme un être humain normal. Après des années de handicap, je commence à avoir l’habitude et je m’adapte plutôt vite.

Doucement, je me suis redressé, ignorant la douleur pour me retrouver face à elle. Peut-être qu’en modifiant ma position dans son champ de vision, j’arriverais à capter davantage son attention. Lorsque j’ai commencé à me tourner vers elle, j’ai remarqué quelques mouvements de poignets familiers. Est-ce qu’elle est en train de signer ? Oui, en me concentrant un peu plus, j’arrivais à la comprendre. C’était comme si elle avait fait communiquer avec ce langage toute sa vie.
Je ne pouvais pas cacher ma stupeur. C’était une situation plutôt agréable, de se faire comprendre. Je crois même qu’un sourire s’est mécaniquement dessiner sur mon visage épuisé. Mon endurance psychique est encore à revoir mais j’y travaille !

« Ce n’était pas mon intention, je ne voulais attirer de problèmes pour personne. » signais-je suite à ses conseils avant de tiquer sur sa présentation.

Wonder Woman ? Je ne l’ai jamais réellement croisé, je me souviens de Donna mais elle ne ressemblait clairement pas à cela. Est-ce une erreur d’interprétation de ma part ? J’en doute. Pourtant elle semblait bénéficier des capacités physiques d’une Amazone et sa tenue avait quelques similitudes avec celle des autres guerrière amazones que j’avais croisé pendant ma chaotique existence en tant que Jericho. Était-elle la protectrice de ses lieux, de ce pays ? Je pouvais au moins lui accorder le bénéfice du doute.

« Wonder Woman, Diana Prince, c’est ça, non ? Il y a plusieurs Wonder Woman dans ce monde ? Eh bien moi c’est… » Est-ce que je jouais le jeu ? Me présenter en tant que héros alors que j’avais la tête d’un parfait touriste ? « Je suis Jer… » Je me suis arrêté en me souvenant du fardeau. J’ignore si ma réputation de traître et de complicité des crimes du régime européen était allée aussi loin mais je préférais rester prudent sur ce coup-là. « Tu peux m’appeler Joseph ou Joey. »

Je me suis laissé quelques secondes pour reprendre mon souffle. Je comptais bien répondre à sa dernière question mais une intervention soudaine perturba son attention. Juste derrière cette Wonder Woman, un cheval ailé se rapprocha et semblait reconnaître sa partenaire. Une créature légendaire se tenait devant moi et je n’avais pourtant pas pioché dans ma réserve de médicaments depuis ce matin. Par stupeur, j’ai reculé d’un pas, comme si je craignais de me faire piétiner par cette bestiole ou de me prendre un coup d’aile. Allons Joey, essaye de ne pas paniquer, cette fois !

« Je voulais simplement acheter des médicaments, des produits plus efficaces que les comprimés que je prends. Je sais, je n’aurais pas dû… » Mais les douleurs quotidiennes, les multiples bleus, courbatures sont parfois difficiles à vivre. « Mais c'est ton cheval ? Il vient de Themyscira ? » Lorsqu’elle me suggéra de la suivre pour se rendre à l’hôpital le plus proche, j’ai paniqué. « Non, non ! Pas l’hôpital ! Je peux guérir, je guéris. » signais-je rapidement, avec une certaine panique. Je ne savais pas comment mettre des mots simples sur mes émotions, sur ce que je traversais. « Je me régénère, ça va disparaître. C’est vrai, je t’assure. Je… » je soupirai, bon sang je déteste mentir. « Je ne veux blesser personne. Personne ne peut me soigner. » Et plus je restais ici, plus j’augmentais les chances qu’il se réveille et qu’il me brise les os en essayant d’attaquer cette Wonder Woman. « Je ne sais pas comment l’expliquer. » avouais-je tristement. Comment mettre des mots sur cette situation sans être vu comme un sociopathe ou un schizophrène ? Bordel, je me déteste. « Pas l’hôpital. » signais-je encore pour conclure mes paroles aussi brouillons que mes hématomes.

_____Les paroles de cette Yara sont dures mais je ne peux pas la blâmer. Bien sûr que j’avais seulement mis les pieds ici pour récupérer quelques plantes. Ce n’est pas ma lucidité qui a parlé, mais bien mon instinct de survie. Comment expliquer à quelqu’un qu’à chaque fois que je fermais les yeux, je le laissais prendre le contrôle de mon corps. Sa force, supérieure à celle d’un être humain est en train de me détruire de l’intérieur. Chaque matin, mes muscles sont en feu, ma peau connaissait de multiples couleurs sur certaines parties de mon corps. J’ai l’impression qu’une lourde charge avait écrasé tout son poids sur moi pendant de nombreuses heures.
Je sais que les médicaments ne sont pas la solution à mon problème mais ils me permettent de rendre cette situation beaucoup plus supportable, le temps que l’on me trouve un remède, ou plutôt le temps que je trouve un moyen d’avoir le contrôle absolu. Je commençais tout juste à accepter la fatalité, je ne pourrais pas le virer de mon esprit, pas sans y risquer ma vie. Je crois que je ne suis pas vraiment prêt à mourir pour la seconde fois.

« Non ce n’est pas pour cela. » Je peux comprendre la froideur de Yara, mais comment mettre les mots sur cette source de douleur sans me faire un autre ennemi ? « Ecoute, je sais que je n’ai pas agit de la manière la plus intelligente qu’il soit, et je ne te remercierais jamais assez pour être intervenu. » J’ai arrêté de signer pendant quelques secondes, cherchant mes mots. « Je suis un méta humain et j’ai quelques ennuis avec les autorités de mon pays. Mes pouvoirs me rendent malade et quelque chose de mauvais s’en échappe. Ils sont également convoités par beaucoup de personnes néfastes. » Mes yeux se sont baissés en direction de cet énorme hématome qui se dessinait sur mes côtes. « C’est pour cela que je souhaite rester anonyme avant tout, que je me cache. »

C’était une partie de la vérité, un peu raccourci mais je ne pouvais pas être plus sincère. Au fond de moi, je savais que cette femme pouvait comprendre ce que je traversais. Par contre, je ne savais pas réellement comment aborder la question d’Amy. Je n’ai pas réellement envie d’aborder le sujet mais je me devais, quand même d’expliquer les blessures et pourquoi j’avais besoin de ses plantes. Bon sang, je ne suis pas un toxicomane, je ne suis pas comme ces gens. Je vaux mieux que ça, hein ? Pour ça, je devais faire mes preuves.

« Mes pouvoirs ont un prix et ils me font terriblement souffrir. » Mes paupières se sont fermer quelques secondes, resassant l’apaisement que ces puissantes herbes pouvaient m’apporter. « Ces médicaments m’aident à supporter ce mal. Je ne veux pas mêler toi et les tiens dans cette histoire. » J'ai la sensation que c'est difficile à avaler et pourtant, c'est la vérité. « Si ça ne te convient pas, je comprendrais. Les Amazones n'ont pas quelque chose pour dévoiler la vérité chez les gens ? je suis prêt à accepter d'aller jusque là si ça peut te conforter. »

J’ai esquivé les détails de mon glorieux séjour en Europe, même si je n’ai pas énormément de souvenirs à ce sujet. Je ne lui ai pas non plus dis que des gens avaient déjà profité de moi et de mes pouvoirs. J’avais la sensation de lui mentir. Même si je ne la connaissais pas, le fait de dissimuler tout ça me mettait mal à l’aise. Il fallait que je me fasse une raison. Si je voulais me protéger, je devais également éviter de tout dévoiler à des super-héros. Certains pouvaient devenir mes alliés, d’autres pouvaient bien se retourner contre moi. J’avais déjà encore un peu de mal à me fier à John alors qu’en était-il de Yara ? Même si je ne doutais pas de sa sincérité à travers son visage angélique, le doute commençait tout juste à s’installer. Je n’en oubliais pas Amy qui avait une fâcheuse tendance à troubler mes pensées pour arriver à ces fins. C’est peut-être pour cela que j’ai l’air si égaré ? Ne te laisse pas dépasser, reprends-toi !

« Ecoute, je peux me justifier tant que je veux mais ça ne justifie pas mes actes inconscients. » avouais-je. « Si je peux faire quelque chose pour toi, pour vous, pour me racheter, j’en suis. »

_____Ma bonne conscience et mes remords m’empêchaient de faire marche arrière. Cette femme venait probablement de me sauver la peau et je ne pouvais pas me contenter de tourner les talons. J’ai essayé, mais ce n’est pas dans ma nature. J’ai proposé mon aide à la protectrice des environs mais cela ne suffira pas. Il y a tant de chose à faire pour améliorer la vie des habitants et je ne parle même pas de mon état.
Je l’avais presque oublié, mais il suffisait d’un simple mouvement brusque pour me le rappeler. Ma régénération n’était pas aussi active que celle de mon père, il me fallait plusieurs heures pour me débarrasser de cet énorme bleu qui tâchait ma peau. Oh, je sais qu’elle n’est pas la seule à m’handicaper, j’ai préféré arrêter de m’efforcer à les compter.

« Ok je me suis peut-être un peu emporté, mais la proposition était sincère. » J’essayais de me rattraper tant bien que mal. « A vrai dire j’ai… » Je repensais à ce dont elle m’avait précédemment confirmé. Mes yeux se baladaient et je me suis accordé quelques secondes supplémentaires pour réfléchir. « … j’ai quelques questions dont les réponses n’ont jamais réussi à me trouver. » Je pensais à cet objet capable de révéler la vérité. « Je crois que... Je crois que j’aurais bien besoin d’un peu d’aide finalement. »

Après réflexion, j’ai eu l’intime sensation que le destin m’avait guidée jusqu’à elle. Je sais que le démon qui me hantait ne jouait pas franc jeu avec moi. La magie était l’un de ces principales faiblesses et j’espérais qu’il était bel et bien sensible aux artefacts des Amazones pour que mon plan fonctionne. Oui, mécaniquement, une idée s’était construite dans mon esprit, comme si j’avais prévu, depuis le début, de rencontrer cette femme.
Je sais ce que tu as derrière la tête. Il analyse, il observe, je ne peux rien lui cacher et j’ignorais une grande partie de ces commentaires, le ramenant à son statut de parasite. Si tu veux réellement que je te pourrisse la vie, continue dans cette direction gamin. Les menaces, je commençais à en avoir l’habitude. Au moins, je semblais l’avoir fait réagir, preuve que mes théories sont bonnes ? J’ai levé les yeux vers elle.

« Je crois que tu peux m’aider à résoudre un problème. » Entouré de civils, je ne me sentais pas réellement à l’aise d’en parler, comme si je me sentais épier. « Est-ce qu’on peut aller plus loin ? »

Je n’essayais pas de l’envoyer dans un piège, je n’en n’aurais pas la prétention. Amy avait peut-être une force physique plus importante pour lui tenir tête mais moi, je n’étais pas de taille à me battre contre une Amazone. Mécaniquement, j’ai ouvert la marche pour l’inviter à me rejoindre à l’abris des regards. Après ce qu’il s’est passé, je pouvais au moins lui accorder une confiance aveugle, faire le premier pas. Lorsqu’on se trouvait dans un endroit désert en apparence, j’ai pu m’ouvrir.

« Je… Quand je t’ai dit que mes pouvoirs avaient un coût, j’ai un peu imagé la chose. Il y a… » J’ai un peu de mal à trouver les mots, des mots qui ne me feront pas passer pour un malade mental. « Il y a quelque chose qui vit en moi, un démon. Lorsque je me déconcentre, lorsque je perds connaissance, il prend le dessus. Il se sert de mes pouvoirs pour faire du mal autour de lui. Même si j’ai appris à vivre avec lui, je ne suis jamais à l’abris d’une possible catastrophe. » J’en arrivais rapidement au vif du sujet. J’ai profité de quelques secondes de silence pour prendre une grande bouffée d’oxygène. « Je sais qu’il me cache des choses, qu’il y a un moyen de me débarrasser de lui mais je n’arrive pas à lui faire cracher le morceau. Ton artefact pourra m’aider à obtenir mes réponses et si ça dérape, je sais que tu auras la force nécessaire pour l’arrêter. Est-ce que… tu acceptes de m’aider ? »

_____C’est difficile d’espérer qu’une personne me croit lorsque je tentais de raconter toute mon histoire. La situation devient encore plus compliqué quand je devais en parler avec de parfait inconnu. Les amazones sont habitués au monde mystique, non ? Ont-elles réellement connaissance de tout ça ou est-ce que j’étais en train de m’inventer des films ? Je crois qu’à ce moment-là, j’étais tellement désespérer que je pensais que n’importe qui pouvait m’aider à me sortir de cette misère. L’idée ne semblait pas plaire à Amy, c’était le but et cela m’encourageait à poursuivre.
Tenir tête à un démon et le provoquer pouvait bien en ralentir plus d’un, mais pas Yara. Elle semblait plutôt déterminé, comme si ce n’était pas la première fois qu’elle devait affronter un être mystique, qu’elle ne voyait pas la différence avec ces précédentes aventures. Pendant un instant, j’ai cru entendre un peu d’hésitation dans ses paroles, j’ai préféré croire que ce n’était que le fruit de mon imagination.

A l’abri des regards, nous pouvions commencer la procédure immédiatement. Si je pouvais forcer mon parasite à me révéler la vérité, je ne pourrais malheureusement pas assister au spectacle si je le laissais prendre le contrôle de mon corps. Mes yeux se promenèrent et mon esprit essayait mécaniquement d’établir une liste de question. L’opération risquerait malheureusement d’être trop court pour répondre à toutes mes questions, je devais d’abord choisir les plus importantes. J’allais ensuite laisser l’amazone improvisée pour le reste. Est-ce que j’accordais trop de confiance à une parfaite inconnue, même si cette dernière m’avait sauvé la peau ? Probablement.

« Désolé de t’embarquer dans tout ça. Il faut dire que je m’accroche à tout ce qui pourrait me sortir de cette galère. » J’ai laissé échapper un léger sourire sur le coin de mes lèvres avant de reprendre mon sérieux. « Tu peux lui demander pourquoi il s’est réfugié dans mon corps, pourquoi moi et surtout est-ce qu’il y a un moyen de se débarrasser de lui. »

Il me cachait beaucoup de chose, je le savais. Il avait caché son existence au début de ma seconde vie et il avait fait son maximum pour cacher son identité. Il n’y avait rien de surprenant à l’idée qu’il savait déjà comment je pouvais me débarrasser de lui. Je ne pouvais pas faire cracher la vérité à John, mais à lui, j’avais peut-être une chance. J’ai tendu mes deux bras avant de m’attarder sur la dernière question de Yara. Et si la mission venait à déraper ? La question est légitime, je met quelques secondes avant de répondre.

« Tu feras ce qui te sembles le plus juste. » Je regretterais probablement ces paroles lorsqu’elle m’aura brisé les vertèbres pour tenter de stopper le démon. C’était le risque à prendre et je crois que j’étais prêt à tout affronter pour obtenir des réponses. « N’ai pas peur, je ne t’en voudrais pas. Je suis solide et je me répare vite. » Mes paupières se sont doucement refermées. «  Tu es prête ? »

Je lui ai laissé le temps de préparer le tout. Réveiller un démon n’a rien de compliquer à partir du moment où tu perds connaissance. J’ai rarement de fois eu l’occasion de l’appeler volontairement pour le laisser prendre le contrôle de mon corps. Il n’y a rien de compliquer, il suffit juste de lâcher prise, comme si je cherchais à trouver le sommeil. Mais lorsque je fermais les yeux, ce n’est pas Morphée qui est venu m’accueillir.
Le sclère de mes yeux s’est rapidement noircit, ma posture à changer, mes muscles se sont contractés pour laisser place à une autre personne. Amy n’avait pas mis de temps pour prendre le contrôle. Il n’avait même pas laissé l’amazone réagir qu’il s’empara de ces mains avec mes bras pour l’immobiliser. Sa force était plus forte que celle d’un humain ordinaire mais mon corps, lui souffrait le martyr à chaque mouvement. J’étais certains de revenir avec quelques hématomes supplémentaires.

« Qu’est ce que tu cherches à faire ma grande ?  » se moqua Amy à travers une voix inhumaine sortie d’outre-tombe.

_____La force des Amazones pouvaient être plus puissance que celle des démons, n’est-ce pas ? Ai-je réellement confier ma vie à cette femme à partir d’une idée reçue ? J’aurais peut-être dû lui poser la question avant, mais l’idée que j’avais eu me paraissait tellement incroyable. J’ai pensé que je pourrais me débarrasser du mal qui me torturait depuis des mois, une fois qu’il m’aurait révélé la vérité. Je savais qu’Amy me cachait des choses. Je savais qu’il existait probablement des solutions à mon problème. Je voulais trouver ses réponses, quelle qu’en soit les conséquences, sur mon corps.
Amy s’était réveillé dès que j’ai ouvert les yeux. Il n’avait pas traîner pour sauter au coup de l’Amazone. Le démon n’était pas un grand combattant, il se basait uniquement sur sa force brusque pour s’en prendre à ses ennemis. Sa force était probablement d’origine magique car elle était bien supérieure à ce que pouvait endurer mon corps. Le parasite ne tarda pas à déchanter face à son adversaire qui était bien plus méthodique que lui. Il n’avait même pas eu la chance de porter un seul coup sur elle.

Amy se retrouva dans une position assez inconfortable, mais il ne semblait pas être réellement dérangé par le poids de Yara. La douleur physique n’était pas son problème. Ce qui l’embêtait le plus, c’était les boleadoras de l’Amazone qui se sont mises à briller sous ses ordres. Très rapidement, le démon se sentait bizarre. La rage qui défigurait son visage commençait à s’évaporer, ses pupilles se baladaient, comme s’il cherchait à lutter contre une force invisible. La magie de la guerrière faisait effet.

« Je n’ai pas choisis ce corps, mais il me sied à merveille. » Sa voix inhumaine tremblait. Il ne voulait pas prononcer ces mots, mais elle sortait toutes seule de ma gorge. « Brother Blood a choisit le garçon. » Ma nuque s’était raidit. Plus la vérité était dure à sortir, plus il montrait des signes de lutte. « J’ai fuis le royaume qui m’appartenait, on me l’a volé, je n’ai pas eu le choix. Je devais survivre.. QU’EST CE QUE TU ME FAIS DIRE PETASSE ? »

La colère avait commencé à reprendre le dessus. Avouer devant tout le monde qu’il avait été faible et qu’il avait été contraint de courber l’échine pour survivre n’avait rien d’agréable, surtout pour une créature qui voulait se montrer supérieure à l’être humain. Très vite, son esprit cherchait une solution pour se libérer de l’Amazone.

« Nos âmes sont liés… Il faut séparer nos âmes. Personne n’a réussit auparav… PUTAIN. CA SUFFIT. »

Il poussa un cris de rage et d’un coup, généra une puissante onde psychique qui poussa Yara à lâcher prise. Le lien fut rompu, Amy est libéré et jeta un regard noir en direction de l’Amazone. Il était contrarié, très en colère contre elle. Il n’attendait qu’une chose, qu’elle lève les yeux pour prendre le contrôle de son corps et la détruire de l’intérieur. Maintenant qu’il savait qu’il ne pouvait pas lui tenir tête physiquement. Bon sang, j’espère qu’elle ne croisera pas son regard.

« Mêle toi de tes affaires sale traînée. » grogna Amy. « Tu veux réellement jouer à ce petit jeu là ? » Il n’attendait plus que le moment irréfutable où elle croisera mes pupilles pour rentrer dans sa tête. « Alors vas-y. »

_____Avec la magie de l’Amazone, elle avait pu arraché quelques réponses de la bouche de mon parasite. Amy avait lutté pour garder ces secrets. Certaines avaient été révélés, d’autres avaient été épargné par la rage de leur propriétaire. Il était parvenu à garder quelque mystères avec lui, grâce à sa colère. Le démon était parvenu à se libérer de l’emprise des Boleadoras. Pour éviter qu’elle les utilise de nouveau contre lui, il les garda avec, se délivrant tout de même de ses entraves pour les garder dans l’une de mes mains.
La plupart de ces mots, Amy n’arrivait pas à les décrypter. Effectivement, mon démon était un peu vieux jeu et privilégiait une langue morte plutôt qu’un vocabulaire qui n’était pas encore approuver par les derniers dictionnaires. Cela ne l’empêchait pas de voir Yara comme une menace assez importante pour la défier.

«Il ne t’entends pas. L’humain ne t’entends pas, Amazone. Tu es seule. » Il pencha légèrement ma nuque sur le côté, un léger craquement se fait entendre. « Tu ne sais vraiment pas ce que tu viens de provoquer. »

La colère l’avait envahi. Yara se trouvait sur son chemin, elle venait de révéler des paroles qui auraient dû rester confidentiels, des paroles qui démontraient sa faiblesse et sa vulnérabilité. Elle était la seule au courant, si Amy parvenait à l’éliminer, ses secrets seront sauf. Malheureusement, même lui doutait, même avec mes pouvoirs, de tenir tête à une Amazone. Toutefois, à ses yeux, elle est jeune, peut-être même un peu stupide. Il estimait avoir une chance, alors autant la saisir.
Soudainement, elle changea de stratégie pour essayer de calmer le démon. Amy était légèrement désorienté par ce changement d’attitude soudain. Il ne comprenait pas la démarche de l’Amazone mais s’il s’y attardait trop, il risquait de tomber dans son piège.

« Brother Blood n’a rien à voir dans cette histoire. » cracha froidement Amy en la laissant malgré tout approcher, comme on essayerait de s’approcher d’un animal sauvage. Il redressa ma tête pour l’observer avec un certain mépris. « Qu’est ce que t’attends de moi ? Tu pense que je suis assez stupide pour croire qu’une Amazone s’allierait à moi ? » Il laissa échapper un léger rire qui ressemblait plus à un raclement de gorge douloureux qu’à quelque chose d’agréable à entendre. « « Tu veux vendre tes services pour aider le garçon ? Laisse moi rire. Il sera mort tôt ou tard, tu essayes de sauver un mourant. » Il installa un court silence. Lorsqu’il estima qu’elle était trop près de nous, il jeta les boleadoras au loin, derrière lui. « Malheureusement pour toi, tu en sais déjà trop. »

Yara avait levé les yeux vers Amy, un contact visuel s’était installé. C’était probablement le pire scénario que je pouvais imaginer. Une fois qu’il serait dans sa tête, il pourrait faire ce que bon lui semblait. Le démon saisit l’occasion et entra d’ailleurs dans l’esprit de cette pauvre Yara. Oui, j’ai tout de suite penser à ce moment-là qu’elle n’avait plus la moindre chance.

« Tu es peut-être puissante, Amazone, mais je détruirais tout ce qui fait de toi une personne. Ta personnalité, tes souvenirs, tes pensées, je peux faire tout ce que je veux. »

La voix d’Amy résonnait désormais dans la tête de Yara, provoquant un léger écho douloureux. Elle put également ressentir une forte migraine désagréable, commençant à l’arrière de son crâne pour se propager progressivement un peu partout. Ce sont des symptômes que j’ai l’habitude de subir, je soignais ça avec beaucoup de médicaments. Amy explorait la psychée de l’Amazone comme s’il visitait un lieu historique, avant d’y foutre le feu

« Où sont passés tes belles paroles, Amazone ? Si tu n'es pas capable de subir ça, à quel moment crois-tu pouvoir m'accompagner en enfer ? »

_____Le démon avait déjà entendu parler de la réputation des Amazones, mais il n’en avait jamais réellement vu de ces propres yeux. Il la considérait comme un simple obstacle dans ses plans. Sa curiosité le rattrape et il parvient à rentrer dans l’esprit de cette pauvre femme. Impuissant, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Lorsque j’ai essayé de reprendre mes esprits, je me suis retrouvé loin de ma psyché. Mon sang n’a fait qu’un tour avant de me rendre compte que mon parasite me trainait derrière lui. J’étais dans la tête de l’Amazone, je violais une partie de son esprit, ce n’est pas ce que je voulais. Pendant que je baladais mon regard pour chercher le parasite.
Malheureusement, j’avais beau fouiller les environs, je n’arrivais pas à sentir sa présence. Il était déjà loin, sa curiosité l’avait emmené jusqu’au souvenirs de Yara puis sa santé mentale. Je savais ce qu’il pouvait faire, je savais qu’il avait la capacité de la détruire psychologiquement si ça lui chantait, du moins si ça avait été une humaine ordinaire. C’était beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait et il n’allait pas tarder à le comprendre. Entre les provocations et menaces, j’ai tenté une ultime confrontation pour l’empêcher de faire quelque chose qu’il regrettera, j’en étais convaincu.

Arrête ça ! Elle n’est pas une menace pour toi. Laisse là ! Honnêtement, je craignais plus les conséquences de la colère d’une Amazone sur mon corps d’humain que de ce qui allait devenir d’Amy s’il continuait à se montrer aussi imprudent. Mes paroles résonnaient dans le vide plus qu’autre chose, comme d’habitude. Mon comportement pacifiste ne suffisait à arrêter le démon et ma force humaine ne pourra pas faire plus. Je suis désolé, tellement désolé… Chaque personne que je croisais risquait de subir son courroux, j’étais devenu un véritable danger public sans le vouloir et ce sentiment de culpabilité me rongeait de l’intérieur.

Tu mens, tu ne tiendrais pas une seule seconde au royaume des enfers. Tu n’es pas comme les autres Amazone, tu es faible. Amy prenait un malin plaisir à laisser derrière lui un certain chaos. L’environnement d’ordinaire glacial de la psyché devenait aussi chaud que les portes de l’enfer. Des flammes apparaissaient derrière ses pas. Alors qu’il commençait à prendre goût à ce véritable massacre, une présence l’interrompit en plein élan. L’ambiance changea rapidement et une lueur incroyablement lumineuse manqua de l’aveugler. Une femme, apparu de nulle part pour interrompre l’intrus. Elle ressemblait à Yara mais ce n’était pas elle. Si je me concentrais un peu plus, je pouvais utiliser mes pouvoirs pour obtenir les informations manquantes. J’étais assez loin de la scène, restant à bonne distance pour éviter d’être lié à son parasite dans cette histoire.

Qui… qui es-tu ? Amy n’avait pas trouvé nécessaire d’analyser un peu la psyché de Yara. Nous avions deux façons bien différentes d’utiliser nos pouvoirs. Amy était bien trop impulsive pour chercher l’information.

La présence de la mère de Yara est un obstacle bien trop imposant, même pour un démon disposant de pouvoir psychique. Il a pourtant essayé en générant des racines épineuses du sol pour les envoyer en direction de l’ange gardienne, en vain. La lueur qui gravitait autour d’elle la protégeait, elle ne pouvait pas nuire.
Je suis désolé, je n’arrive pas à le contrôler marmonnais-je de loin, comme si la mère de Yara était capable d’entendre ces paroles faibles, rongé par la culpabilité. Je voulais pas qu’il lui fasse du mal.

Mais pendant qu’Amy est trop occupé à s’acharner sur un obstacle infranchissable, j’ai utilisé mes dernières forces pour tenter de sortir de la psyché de Yara. Ce n’est pas aussi difficile que les nombreuses fois où j’ai possédé le corps de quelqu’un. J’ai besoin de d’un peu de temps, de ne pas me laisser submerger par les émotions, et par ceux de Yara qui se mélangeait au miens. Je ne prends même pas en compte ceux d’Amy, envahit par une colère et une rage profonde.
Lorsque j’ai à nouveau ouvert les yeux, nous avions tous les deux retrouvés nos esprits. La première chose que j’ai ressenti, ce sont les nombreuses douleurs musculaires et la position inconfortable dans lequel je me trouvais. Je savais que ça allait dérapé. Je n’aurais pas dû lui faire prendre ce risque. Un lien télépathique entre elle et moi c’était formé, sans que j’en sois conscient sur le moment. Je suis désolé. Si elle n’avait pas été là...