Animosaic Park [PV Beast Boy]

Mosaic City.
Sur Terre, aucun autre écosystème ne recèle plus grande diversité de vie, animale comme végétale, et pour cause: toutes ne viennent pas de la planète bleue. Centre de réfugiés intergalactique devenu cité au cœur du bush australien, le lieu surprend, le lieu étonne; l'on peut y trouver toutes les formes, toutes les couleurs, tous les accents... toutes les animosités aussi. Ranniens et thanagariens s'entendent aussi bien que chat et souris. Citadelliens sont à couteaux tirés avec tamaranéens. L'ensemble est un tonneau de poudre prêt à exploser à tout instant.

Pour maintenir l'ordre, et avec l'accord de l'Australie, l'ARGUS américain a été déployé sur le terrain. Les petits plats ont été mis dans les grands pour assurer à tous une sécurité minimale essentielle, et des moyens de pourvoir à ses besoins. Pas adapté pour contenir autant d'êtres surhumains au même endroit, l'Oeil-qui-voit-tout a donc souvent affaire à du marché noir, et à des contrebandiers peu scrupuleux capables de faire passer à peu près ce qu'ils souhaitent... jusqu'à ce qu'on les attrape. Alors, l'appel aux nombreux héros de l'extérieur est lancé, ceux les plus à même de correspondre aux nécessités du moment.

Comme ce jour.

Animal Man attend devant le QG de l'ARGUS, face à plusieurs gigantesques véhicules tout-terrain, desquels émanent grognements et... pour lui, le chant de la vie. Un grand nombre de créatures animales ont été saisies, alors qu'elles devaient servir à des affrontements clandestins dans une fosse de combat illégale. Une petite fortune de poils, de crocs, d'écailles, d'ailes et de chitine, selon les experts. Egalement un formidable ajout au parc d'étude xenozoologique situé non loin des frontières de Mosaic, leur destination.

Tout cela fait donc une bonne raison de contacter le plus fameux des héros animaliers ! Un héros à qui on a confié le soin de recruter un deuxième partenaire, un capable de l'épauler durant cette mission de routine. Pourtant, Buddy Baker est seul, là. Les moteurs des véhicules lourds grondent d'impatience de s'élancer, et il manque toujours quelqu'un à l'appel.

Un brin inquiet, sentiment renforcé par le stress des créatures enfermées, Animal Man commence à faire les cent pas devant le bâtiment renforcé, en regardant sa montre toutes les dix secondes.

- Mais où est-ce qu'il peut bien être ? Le convoi va bientôt partir, et il est pas là... il est où ? Il lui est peut-être arrivé une bricole sur la route...

Les humains avaient beau ne former qu'une seule et unique race, il était compliqué d'en enfermer plusieurs dans un seul endroit sans qu'une bagarre ne se déclare. Si ce n'est pas la guerre purement et simplement. Alors qu'est-ce que ça donne quand on parque ensemble plusieurs espèces différentes et qu'on les oblige à cohabiter ensemble. Eh bien, cela donne Mosaïc. Un territoire proche de l'Australie qui ressemblait beaucoup à une nouvelle poudrière. Une poudrière dans laquelle des gens malintentionnés n'avaient pas peur de se servir.

-Monsieur Animal-Man, peut-être devrions-nous partir à la recherche de votre coéquipier ? Nous avons fait des recherches sur lui, il est encore jeune non ?

Garfield Logan était connu en tant que jeune héros aux pouvoirs liés aux animaux, mais aussi comme visiteur fréquent de Mosaïc. S'il approchait avec difficulté des races les plus agressives enfermées ici, certaines au contraire l'adoraient pour son tempérament joueur. Mais c'était ce même comportement qui pouvait laisser craindre qu'il ai peut-être ennuis.

Buddy Baker se laisse peut-être influencer par le pessimisme de son interlocuteur. Mais soudain, ce dernier pousse un cri de surprise. Une créature surprenante venait purement et simplement de bondir sur le toit de l'un des véhicules formant le convoi. Un être tout à fait dans le thème de l'Australie... Si ce n'était sa couleur verte feuille.

Le marsupial n'accorda pour le moment aucune attention aux bipèdes qui devaient le fixer, peut-être avec étonnement. Il se baissa pour coller l'une de ses oreilles contre le véhicule. Comme pour mieux entendre les cris qui en sortait.

-N'ayez pas peur les copains, c'est bientôt fini, vous pourrez sortir quand on sera arrivé. Promit !

Puis, d'un bond puissant, il atterrit juste en face d'Animal-man, et attrapa l'une des mains du héros entre ses deux pattes avant.

-Bonjour m'sieur Man. Dites, on devrait peut-être y aller maintenant non ? Je crois là-dedans qui commencent à être énervés, faut les comprendre. Ça doit pas être drôle d'être enfermé là-dedans. Ils sont où ceux qui voulaient se servir d'eux ?

Puis, le kangourou se changea en éléphant. Changeant ainsi radicalement certaines perspectives. Le pachyderme aussi vert que le kangourou attrape une branche, qui traînait sur le sol, dans sa trompe et le tendit vers le ciel bleu.

-Moi, je vais guider le convoi. Vous allez dans une voiture ?

Les secondes passent, et se transforment en minutes, qui elles aussi viennent ensuite se perdre dans le grand flux temporel, agrémentées d'un frêle mais éternel tic-tac, tic-tac lancinant. Le jeune Beast Boy ne daigne toujours pas se montrer... s'est-il souvenu du rendez-vous ? D'un coup, Buddy est saisi d'un doute. Qui s'efface soudainement lorsque arrive un kangourou vert et bondissant. Le voilà l'animal, le bougre d'âne, le... mais c'est qu'il essaie de prendre la direction des opérations, en plus ! Bien qu'il répugne à jouer le rôle du "bad teacher", un dérivé universitaire du légendaire "bad cop", Baker n'a pas d'autre choix que de réfréner quelques ardeurs, là.

- Hé, ho, c'est pas moi qui suis en retard d'un gros quart d'heure, jeune homme ! Alors on se calme avec les accès d'autorité, ok ? Tu n'es pas le seul expert à les entendre, ici. Je communique avec eux depuis mon arrivée, pour les apaiser autant que possible. Ils étaient d'ailleurs plus calmes il y a un moment, lorsque tu devrais nous rejoindre, à l'heure, hum hum... m'enfin, je suppose qu'on va devoir faire avec.

Bon, il a tout de même répondu à l'appel, ce petit. Un bon point pour lui, et pour sa crédibilité, bien vite estompée lorsqu'il invite son aîné à prendre place dans un des véhicules. Buddy n'est pas juste Mr. Man, il est aussi et surtout Mr. Animal. Il parle aux bestiaux et prend leurs caractéristiques pour défendre l'entièreté du Red.
Ce n'est pas rien, loin de là.

- Monter dans une voiture ? Sérieusement ?

Mais il se reprend. Bernhard inspire, puis expire. Il ne se demande pas encore pourquoi c'est ce petit gars qu'il a choisi pour l'accompagner, mais ce n'est plus très loin. Optant pour une voie plus pacifique, et surtout paisible, il glisse un mot ou deux au désormais très pachydermique adolescent.

- Il va vraiment falloir que tu t'informes un peu sur le Gardien de ton domaine élémentaire, Garfield. Tu devrais venir à une de mes séances, à l'Académie. J'ai cru entendre de la bouche de ce bon vieux Ra... du professeur Palmer que tu étais dissipé; suivre un cours qui te concerne directement, peut-être que ça t'aidera à moins faire de sottises ?

Une fois l'attention du jeune homme captée, A-Man tapote sur le capot du véhicule de tête, pour leur signifier un départ imminent.

- Allez les gars, on y va. Go go ARGUS go.

Ce qui le fait pouffer un brin... avant de se reprendre, dans une amusante tentative d'être le prof sérieux mais cool. Une recette quasi-impossible à réaliser pour lui, mais qu'est-ce que ça coûte d'essayer, n'est-ce pas ?

- Ouais, ma fille me dit souvent que mon humour est un peu daté.

Un peu, c'est le cas de le dire.
Il remonte au siècle dernier, surtout.
Comme beaucoup de choses. Dont ses vingt ans.
Ugh, dur dur à encaisser, un truc comme ça.

Contemplant de bas en haut la masse impressionnante du pachyderme émeraude, il lui vient alors une idée, simple mais pourtant si logique: Pr. Buddy 1 - le reste de l'univers 0 ! Whouhouuuu !

- Garfield, accompagne la tête du convoi, sans te mettre devant. S'ils ont besoin d'accélérer, ça leur épargnera une manœuvre dangereuse et pour toi, et pour eux, ok ?

Garfield avait toujours apprécié Animal-Man notamment parce qu'il était l'un des seuls héros à sa connaissance à avoir un lien avec la faune. Et ce lien avec les animaux lui laissait à penser qu'il ne pourrait pas leur faire du mal. Et voilà donc pourquoi il appréciait Buddy Baker bien que, il fallait le dire, il avait peut-être tendance à le sous-estimer un peu. Il n'était pas Superman, Mister Miracle ou même Atom... Mais il était quand même capable de se défendre. Les remontrances d'Animal-Man eurent l'effet de refroidir un peu les ardeurs de l'éléphant dont les oreilles s'affaissèrent légèrement.
Signe que les paroles faisaient mouche.

L'adolescent vert avait tendance à se laisser emporter par sa bonne humeur et son optimisme... Mais c'est vrai que pour une fois il aurait dû faire attention à l'heure. Ces pauvres créatures enfermées devaient réellement souffrir et s'impatienter. Il était temps qu'il arrive. Les remarques du professeur calmèrent donc un peu l'enthousiasme du jeune homme, mais pas entièrement. Il avait beau avoir beaucoup du mal avec les études en général, certaines parvenaient à l'intéresser.

-D'accord, je viendrais à votre prochain cours !

Pour le coup Buddy Baker ne pouvait pas tomber plus juste, un cours sur les animaux avait de quoi le faire tenir sagement en classe. Ce n'était pas de sa faute si la plupart des autres cours lui paraissaient ennuyeux, quand ce n'était pas entièrement inutiles. A quoi ça servait de savoir exactement ce qu'il s'était passé à l'autre bout du monde il y a trois siècles ? Ou de connaître des théories quantiques pleines de mots compliquées. Les animaux au moins c'était concret et les êtres vivants en général aussi.

-Vous aimiez surtout les Powers Rangers Force Animale ? Cliff dit qu'il aurait bien aimé conduire le zord requin dans cette série.

Beast Boy se plaça à côté de la voiture en tête de convoi tout en restant bien sur le côté afin de ne pas gêner la progression. Et puisqu'il avait gardé sa forme éléphantesque il fallait qu'il fasse attention à ne pas trop déborder. Pendant un temps, le pachyderme reste sage, mais sa bonne humeur naturelle revint progressivement et sa trompe commença à se balancer, tenant toujours sa petite branche. Heureusement suffisamment haut pour ne pas risquer d'abîmer les véhicules du convoi chargé d'amener les créatures à bon port.

Au bout de plusieurs mètres, les grandes oreilles de l'éléphant vert captèrent un bruit de moteur venant du ciel. Secouant ses oreilles, l'animal leva la tête pour apercevoir l'engin volant mais ne vit rien. Peut-être est-ce juste un avion qui passait par là. Même si à bien y réfléchir ça ressemblait plus au bruit d'un hélicoptère.

-Ils ont l'air de s'être calmé un peu depuis qu'on est parti.

En effet, depuis que les appareils du convoi s'étaient mis en branle, les créatures venues de l'espace se faisaient moins entendre. Peut-être parce qu'elles savaient qu'ils étaient enfin en route vers une zone où elles ne seraient plus parquées entre plusieurs plaques de tôles ? Sans doute. Il s'approcha quand même un peu pour vérifier. Au cas où.

Les voilà désormais bien engagés hors des limites de Mosaic City. Derrière eux, les hautes murailles contenant forces et menaces venus d'une multitude d'autres mondes rétrécit dans la poussière du bush australien au fil des tours de roue. Comme bercées par les vibrations des véhicules, les bêtes extra-terrestres s'apaisent doucement, protégées des pires secousses par d'ingénieux systèmes de stabilisation high-tech.

Malgré cette toute première étape franchie sans la moindre anicroche, l'ambiance n'est pas au beau fixe entre les deux "experts" recrutés par l'ARGUS. Buddy le sait, Buddy le sent même: il a été un peu fort avec le jeune Garfield Logan. Alors certes, ses reproches sont construits, justes, légitimes, encore plus compte tenu de leurs statuts respectifs à l'Académie d'Ivy Town. Mais ce n'est pas lui, ça. Cette rudesse, ce n'est pas lui. Pas avec un pauvre gosse un peu trop tête en l'air, en tous cas.

Tant par l'esprit que par le corps, l'Animal Man se rapproche alors de l'adolescent tout vert, pour lancer l'opération "Soutien Courgette". Si en d'autres circonstances expliquer dans la salle des profs s'être installé sur le dos de son étudiant peut mal être perçu, ici, au vu de la situation somme toute assez exceptionnelle, ça ne devrait pas poser souci. Ainsi installé, Buddy se penche vers l'une des deux grandes oreilles pour lui expliquer avec respect et calme les réprimandes passées.

- Hé, petit, le but de tout ça, c'est de te rendre prêt à mener ce genre de mission tout seul, un jour, tu sais ?

Agir en duo, c'est toujours plus agréable, oui. Sauf pour les gros ronchons comme Batman, et encore: il aurait pas eu autant de Robin différents, sinon. Mais parfois, il n'y a pas le choix. Parfois, il faut faire du mieux possible avec les moyens du bord. Et c'est pas facile facile.

- Voilà pourquoi je t'ai proposé de venir avec moi, Garfield: ce sont un peu comme des travaux pratiques sur le terrain.

Etonnamment, le garçon comprend la référence aux fameux Rangers du Pouvoir si célèbres dans les années 90. C'était pourtant loin d'être clair. Ce qui l'est, en revanche, c'est cette sensation d'indicible froideur qui étreint le cœur de Buddy lorsqu'il entend CE prénom. Cliff. Cliff, comme Cliff Baker. Cliff Baker comme son fils. Son fils comme celui qui repose aujourd'hui dans le cimetière de San Diego. Bien qu'en paix avec la disparition de son enfant, cela le crispe, l'endolorit, comme un coup de pic à glace en plein torse. Il en a déjà reçu un dans le flanc lorsqu'il luttait contre l'apartheid en Afrique, alors en pleine poitrine, ça doit être relativement similaire comme sensation. Etouffement. Douleur. Incrédulité.

- C'est qui ça... Cliff ?

Garfield s'apprête à répondre quand un bourdonnement puissant attire l'attention de son professeur. Qui voit les choses se faire, qui comprend le danger de la situation au moment même où elle se déroule. Un don ? Non. Simplement l'expérience, et l'habitude de jouer aux héros.

- Hrm... ATTENTION !

Un puissant grésillement électrique se fait entendre, et un soubresaut mécanique agite tous les véhicules du convoi. D'un coup d'un seul, chaque cage s'ouvre, manquant de violemment percuter l'éléphant d'émeraude. Porté par les réflexes fulgurants du Colibri et le poids titanesque de la Baleine bleue, Animal Man vient faire basculer sur le côté son pachydermique élève, avant de bondir dans les airs, porté par l'envol vertical du Pigeon. Car l'un des camions manque de se renverser complètement; sa porte arrière laboure le sol, au point de laisser derrière lui un sillon d'une profondeur inouïe. Pour arrêter le véhicule en roue libre, le héros vient planter ses pieds bien dans le sol, juste devant.

Serrant les dents pour préparer l'impact, Buddy transfère dans ses muscles la force proportionnelle de la Fourmi, et... douille, ça oui. Chaque fibre de son corps hurle face au poids qu'elles doivent supporter, mais il tient bon.

Essoufflé, il prend appui contre la carlingue alors que le conducteur, livide, descend de l'habitacle, conscient d'avoir frôlé l'accident.

- Eh bien messieurs, qu'est-ce qui vient de se passer là ?

Une panne commune à tous les véhicules.
Des animaux qui se sont bien évidemment enfuis.
Une situation plus qu'inexplicable.

- Aucune idée, monsieur.

- Garfield, tu as vu quelque chose toi ?

Les paroles de Buddy Baker avait touché des points sensible chez Garfield oui, et l'enfant vert s'était un peu replié sur lui-même. Et avoir Animal-Man sur son dos aurait pu être l'occasion de faire une très mauvaise blague du style crier qu'un prof l'agressait. Mais ça aurait été une mauvaise blague justement, et aurait gâché le moment qui suivit. L'idée d'être en cours de Travaux Pratiques l'amusait et l'enchantait même. Garfield n'était jamais plus heureux que lorsqu'il s'activait pour les autres.

-Aha ! J'ai toujours préféré les travaux pratiques. On n'est pas obligé de simplement rester sur une chaise et en plus

Même si ces travaux pratiques-là étaient d'un genre très particulier. Mais après tout ils étaient des personnes particulières, puisqu'ils étaient des héros. Lorsqu'ils abordèrent la question des Powers Rangers, Beast Boy senti un changement chez son professeur. Ses oreilles s'agitèrent, en réaction de la souffrance qui émanait d'Animal-man, bien que le petit polymorphe ne sache pas ce qui provoquait une telle réaction chez lui. Mais ça faisait mal, oui.

-Ben...

Alors qu'il allait répondre, les choses s'accélérèrent. L'éléphant vert pousse un barrissement lorsque la cage manque de l'assommer et Garfield voit son prof' stopper un camion en détresse comme un certain héros kryptonien. Ce qui fut l'occasion d'une exclamation de joie chez le jeune polymorphe qui n'avait pas eut l'occasion de voir de tels stoppages tous les jours.

-Woah, vous êtes aussi fort que Superman m'sieur !

La spectacle avait été beau, mais il y avait d'autres choses à faire. Voyant que Buddy et les messieurs du convoi allait bien, Garfield se transforme en petit singe pour filer à l'arrière du camion. Trop tard évidemment, l'arrière était vide. Les créatures de l'Univers avait profité de cette ouverture pour prendre la poudre d'escampette. Évidemment.

-Je n'ai rien vu mais...

L'animal simiesque pénétra dans le camion... Vide bien évidemment, si on enlevait les conducteurs aussi secoués qu'on pouvait l'être après un pareil incident.

-C'est bizarre. L'interrupteur qui sert à ouvrir ou fermer le coffre de l'intérieur est vert. Ce n'est pas normal. Comme s'il avait été activé de l'intérieur.

Il ne s'agissait pas d'un meurtre en chambre close mais... D'une évasion en chambre close peut-être ? Le choc ne pouvait pas avoir fait passer l'interrupteur du rouge au vert comme ça, il devait donc y avoir une autre explication ? Est-ce que l'une des créatures était suffisamment intelligentes pour comprendre le mécanisme qui lui avait permit de se libérer elle et ses congénères ? Garfield descendit du camion et se transforma en chien pour renifler l'air.
Il empestait l'essence rejetée par les camions ! Mais au travers de celle-ci, il en percevait d'autres.

-Je peux repérer leurs odeurs, mais ils ne sont pas tous partis dans la même direction.

Bien sûr, ça n'aurait pas été drôle sinon. Il n'empêche que tout cela était bizarre. Comment expliquer ce curieux évènement et l'évasion de la totalité des créatures qui le composait ? Non, quelque chose n'allait vraiment pas. Et une hypothèse commença à germer dans l'esprit du jeune héros.

-Vous croyez que le convoi a été saboté ?

- Rester sur une chaise, ça ne durera qu'un temps. Tu vois, j'ai pas vraiment fait d'études, et si ces pouvoirs ne m'étaient pas tombés dessus... je n'aurais pas eu une vie comme la mienne. Une vie... aussi spéciale. Alors oui, tu as déjà des capacités, et puis tu es vert. Ce n'est pas commun, ça change beaucoup de choses. Mais s'il te plaît, ne néglige pas l'apprentissage: le jour où tu seras contraint d'utiliser ton cerveau, ça te sera drôlement utile.

Le voilà qui parle... comme son père, tiens. Buddy Baker, ancien punk, sorti tôt du système scolaire, acteur, super-héros, qui se met à parler en adulte responsable. Cette conversation, minus la question des super-pouvoirs de métamorphose animalière, il l'a déjà eu. Avec Maxine, récemment, lorsqu'elle a failli devenir l'Avatar du Red. Avec... Cliff, et sa fâcheuse manie à remettre en question l'autorité. Petit rebelle courageux, petit héros à la fin tragique.

Cela voilera toujours d'une ombre douloureuse le cœur du héros, cela lui fera toujours ressentir un chagrin profond. Car l'ordre naturel des choses, c'est de voir partir les parents en premier, pas autre chose. Jamais autre chose.

Mais la situation fait qu'il a bien autre chose à penser, là.
Les animaux s'échappent dans le bush, sous un soleil de plomb. L'Australie a déjà une histoire avec l'invasion impromptue de créatures dominantes. Les marsupiaux, les émeus, les chats... mais rien encore qui ne saurait ressembler à des bêtes extra-terrestres.

Aux mots de Garfield Logan, Buddy lâche un grand sourire, un mélange de plaisir, d'amusement et de gêne. Oh non, il n'est pas lui, il n'est pas Superman. Il ne le sera jamais, personne ne le sera jamais. Même s'il aimerait bien, parfois. Et il ne l'avouera pas du tout, mais c'est pour mériter un peu plus cette comparaison flatteuse qu'il se redresse, qu'il bombe le torse.

- Huff puff... pas aussi fort que lui, non. Mais j'en ai quand même un peu sous le capot.

Main au menton, en pleine réflexion, Baker se creuse ensuite les méninges. Il fait le tour de la scène de crime, il cherche des indices, il observe. Et il écoute son jeune coéquipier.

- Du sabotage ? Hrm... peut-être. Ca pourrait aussi être une défaillance système.

Il s'adresse ensuite aux agents de l'ARGUS, déjà prêts à réagir.
D'un ton autoritaire, celui du spécialiste, ce qu'il est ici, il appuie sur ses mots, et organise la suite des événements.

- Messieurs, rentrez vous ravitailler, le bush est traître, puis revenez nous attendre ici. Beast Boy et moi allons ramener les animaux aux camions, un par un.

Puis c'est vers Garfield qu'il se tourne.
Avec un grand sourire, encourageant, il lui lance:

- Allez jeune homme, sors moi le meilleur nez que tu puisses avoir !

M'sieur Animal-Man n'avait donc pas fait de grandes études, pas vraiment fait d'études tout court d'ailleurs. Garfield n'avait jamais réfléchit à ce qu'il serait devenu sans ses pouvoirs. Des esprits cyniques répliqueraient qu'il serait sans doute mort dans la cascade avec ses parents. Mais ce n'était pas seulement ça. Il avait tellement usé de ses capacités de polymorphes depuis qu'il les possédait qu'elles faisaient parties de lui. Purement et simplement. Au point que lorsqu'il en avait été temporairement privé, il en avait été choqué. Et comme elles lui permettaient amplement de survivre et de se débrouiller, eh bien il n'avait jamais réellement pensé que ses études pourraient lui être utiles. Mais peut-être qu'Animal-Man avait raison. Certaines choses pouvaient être utiles plus tard.
Il aimait bien les cours de biologie ou ceux parlant des époques préhistoriques par exemple.

-Vous croyez que Superman était bon à l'école ?

Cette question incongrue lui était venue après avoir vu son prof stopper un camion à l'aide de sa propre force... Enfin aidé par la force d'un animal sans doute. N'empêche que ça avait été bien classe comme intervention. Le genre qui donnait envie aux gens d'être des héros. Ensuite, il fut décidé que pendant que les gens de l'ARGUS prenait une pause, les deux héros liés au Red chercheraient les fuyards. Avec le meilleur odorat possible. Vu l'animal qui détenait le record dans ce domaine eh bien... Disons que la discrétion allait se prendre un coup dans la mâchoire.

-Vous pensez pas qu'un éléphant risque d'être trop visible ici ?

Bon d'accord, il s'était lui-même transformé en éléphant tout à l'heure. Mais à ce moment-là il jouait encore et pouvait donc se permettre de prendre n'importe quelle forme, du moment qu'elle n'était pas trop effrayante. Le rat était également un excellent flaireur mais le désavantage inverse du précédent. Trop discret. Garfield trouva enfin un autre choix. Un très bon pisteur suffisamment gros pour être suivit sans pour autant annoncer son arrivée à des kilomètres à la ronde.

L'ours brun était capable de sentir de la nourriture à une trentaine de kilomètres. De quoi offrir un large périmètre de recherches. L'ursidé poussa un grognement alors que des odeurs étranges assaillaient son nez. Bouh, ils sentaient bizarres les animaux alliens. Garfield n'avait pas l'habitude de sentir certaines de ces odeurs. Il allait devoir faire avec.

-Il y en a qui sont tous prêt d'ici !

Et sans attendre, le plantigrade se lance à travers le bush australien. Laissant à son mentor le soin de se débrouiller pour le suivre. Mais Buddy avait montré qu'il savait se débrouiller et n'aurait pas trop de mal sans doute à suivre un ours vert sur un terrain non-boisé. Beast Boy suivit l'odeur qui le mena à un petit troupeau d'étranges créatures lui rappelant vaguement des moutons. Enfin très vaguement, parce qu'à y regarder de plus prêt ils n'y ressemblaient pas du tout.


En apparence, ils n'avaient pas l'air agressifs. Plutôt paisibles et intéressés par le peu d'herbes qu'ils trouvaient en fait. S'ils s'agissaient de proies, l'odeur de l'ours risquait de les effrayer.

-On commence par des faciles. J'ai pas l'impression qu'ils sont du genre à attaquer ceux-là.

Garfield Logan est un bon gamin.
Trop enthousiaste, souvent. Ingérable, pour beaucoup. Curieux comme pas deux, tout le temps. L'on compte désormais ses présences plus que ses absences à la Justice Academy, notamment à cause de sa boîte-mère, cet outil merveilleux... qui permet de se téléporter à peu près n'importe où. Un outil de choix, mais pas à mettre entre les mains d'un hyperactif notoire ! Pour autant, Buddy Baker remarque les efforts du jeune garçon pour fonctionner en équipe. Ses mots ne sont, semble-t-il, pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Et ça, le professeur en herbe apprécie beaucoup.

Ce qui n'empêche pas quelques questions incongrues de jaillir ci et là selon le flot de pensées de l'adolescent. S'il en avait le temps, chercher à comprendre le mode de réflexion de ce jeune Beast Boy aurait beaucoup d'intérêt pour la suite de son apprentissage. Là, malheureusement, un écosystème entier est en jeu; ils ne doivent pas traîner. Pas plus que le temps nécessaire pour répondre à UNE question, en tous cas.

- Superman, bon à l'école ? Evidemment ! J'en suis certain. Les cerveaux kryptoniens sous soleil jaune emmagasinent extrêmement bien les informations, en plus. Je pense que sa difficulté, ça n'aura pas été d'apprendre, mais de ne pas trop briller en classe du coup. Un autre exercice, tout aussi compliqué que de mémoriser des cours.

Parmi les titans qui foulent cette terre, Buddy admire réellement Superman. Il est un symbole, un phare, le genre de figure qui donne envie de se lever et de se battre contre le mal, quelles qu'en soient les conséquences. Souvent, lorsqu'il ne sait plus quoi dire ou quoi faire, Animal Man tente d'imaginer les réactions de l'Homme d'Acier, pour s'en inspirer. Parfois, ça marche bien. Souvent, ça lui donne des airs grandiloquents, le genre que seul un vrai héros peut arborer sans avoir l'air proprement ridicule.

Après tout, Buddy n'en est pas un vrai, ou en tous cas il ne se considère pas comme tel. Malgré les luttes socio-politiques auxquelles il a participé, les sauvetages cosmiques, les belles victoires et les pertes terribles, il ne se voit encore que comme un gars parmi d'autres, normal dans sa manière d'être malgré d'extraordinaires pouvoirs. Il n'est pas un riche héritier orphelin prêt à terrasser le crime, il n'est pas le dernier survivant d'un monde condamné, il n'est pas le fils d'un dieu antique.

Par contre, il aurait été capable de repérer un rat chétif, même au milieu de ce nulle part qu'est l'Australie. Alors un ours émeraude qui parle, aucun problème !

En compagnie de son jeune élève recyclé en détecteur de xénocréatures, Animal Man parcourt ces terres chiches en végétation, jusqu'à tomber sur deux des animaux échappés. Des grosoirs, traduction imparfaite mais proche de leur véritable nom rannien. Ces bêtes pacifiques paissent tranquillement les quelques touffes d'herbe éparses du champ abandonné dans lequel elles se trouvent, sans même un regard pour l'ours vert et le gus en costume flashy à côté.

Buddy sait pertinemment que quoi qu'ils fassent, à moins d'attaquer directement l'un des deux grosoirs, rien ne leur arrivera; il sent leur calme, maintenant que les bruyants véhicules de l'ARGUS sont loin. Mais puisqu'ils parlaient de l'intérêt de l'éducation quelques minutes plus tôt, Baker tend une perche à son jeune apprenti, pour l'évaluer sans en avoir l'air.

- Tu penses ou tu es sûr ? Avec ce que tu sais d'eux, quel est ton plan d'approche ?

Ceux qui se plaignaient de la Boite-Mère de Beast Boy... N'auraient qu'à se plaindre auprès des New-Gods. Même si Scott avait été celui qui lui avait offert cet engin, c'était bien à cause des Nouveaux Dieux et de leurs actions que la Boite-Enfant avait été obligée de grandir rapidement afin de devenir ce qu'elle était. Les quelques questions posées par le polymorphe trouvèrent des réponses, enfin l'une d'elle surtout. Les capacités scolaire de l'Ange de Métropolis lorsqu'il était encore un angelot. Même si l'angelot c'était plus le Superboy actuel en fait. Enfin bref, revenons à ce qu'à dit m'sieur Animal-Man.

-Ah bah va falloir prévenir vos collègues pour qu'ils s'accrochent. Robin va pas être le seul chez les plus jeunes à retenir énormément de détails.

La recherche commença, et Garfield suivit la trace de gros mouton de l'espace. Enfin, ils n'avaient pas une toison aussi espèce que les ovins de la Terre mais y ressemblaient fortement. La Boite-Mère de Beast Boy confirma que ces créatures étaient pacifiques. S'ils se sentaient menacés, il y avait plus de chance qu'elles détalent qu'autre chose. Chose étonnante, malgré leur apparence, elles pouvaient s'avérer d'une rapidité non-négligeable.

-Oui, se sont des bestiaux très paisibles. Tant qu'on ne les provoque pas et qu'ils ne sentent pas en danger ils resteront ici. Je peux me transformer en l'un d'eux pour essayer de communiquer et de leur faire comprendre qu'ils doivent nous accompagner

Cette espèce n'existait pas en vert... Mais après tout, ça n'avait jamais déranger les lions, rats et autres animaux terrestres de voir apparaître un membre de leur espèce vert. Ils avaient été surpris certes, certains prédateurs avaient tenté de l'attaquer... Mais sinon ça avait été. Garfield eut besoin d'observer un peu plus les vaches de l'espace, avant de parvenir à se transformer en l'une d'elle. Il s'approcha d'elles et commença à discuter. Enfin même si Animal-Man risquait de ne pas comprendre. D'ailleurs à un moment, l'une des vaches tourna sa tête vers lui.

-BOAAAAAAAAAAAAAAAH !!

Les lèvres de la créature s'étaient soulevées, découvrant un dentier impressionnant et parfait pour un herbivore. Les créatures n'étaient visiblement pas d'accord avec l'idée de retourner dans ces horribles boites de ferrailles dans lesquels les humains les avaient enfermé. Voilà ce qui allait compliquer les négociations, parce qu'il allait bien falloir qu'ils y retournent non de non. Mais Garfield parvient à leur arracher une promesse. Celle de rester ici tant que
Ils n'allaient pas mettre 107 ans à retrouver les autres échappés, ils n'auraient pas épuisé toute l'herbe présente ici à temps. Garfield s'éloigna du petit troupeau et expliqua la situation à son professeur. Afin qu'il puisse décider de la marche à suivre ensuite.

Il a beau n'avoir jamais eu l'occasion de se trouver le genre de jeune coéquipier que le Batman affectionne tant, Buddy n'aurait pas été contre, à la grande époque. Aider un p'tit gars à essayer, à ne pas trop trébucher, à s'en sortir tant bien que mal, ça lui parle. Ca lui plaît. Enfin, ça lui aurait plu, s'il pouvait s'empêcher de se ronger les sangs en imaginant le pire. Bon, ici, ça va. Le duo de paisibles herbivores ne risquent pas de lui faire de mal, même s'il a senti de la tension chez les bêtes à une ou deux reprises, durant l'argumentaire bestial de son coéquipier souvent trop dissident pour son propre bien.

Mais tout se passe bien, et il se permet de respirer à nouveau alors que Beast Boy s'approche. Avant que le garçon ne puisse lui expliquer dans le détail la conversation avec les grosoirs, il l'interrompt gentiment, avec un léger sourire aux lèvres.

- Hé Garfield, as-tu oublié qui je suis ? Animal Man mon p'tit ! Bien joué pour la promesse, au fait.

S'il faisait un superbe cochon-mouton de l'espace, l'adolescent est encore loin de pouvoir apprendre à son aîné comment agir dans le feu de l'action, qu'il s'agisse de bagarre ou de persuasion animalière. D'autant plus qu'il s'appuie encore beaucoup trop sur les merveilles de sa Boite-Mère - qui ne le ferait pas ? Pour autant, le jour où ça tombe en panne, avoir tout délégué à son téléphone portable ça a de quoi poser souci. Surtout que les SAV pour technologies néo-divines, on en trouve pas à chaque coin de rue.

Mais ça, Garfield ne l'entendra que le jour où il sera en difficulté, comme tous les jeunes. Buddy le sait bien, il était tout aussi obtus dans ses primes années. Aujourd'hui ? Disons qu'il l'est un peu moins. Assez pour être déterminé, plus assez pour ne rien écouter comme à la bonne époque. Mais ça, c'est seulement dans ses bons jours.

Accroupi, il désigne du doigt une trace déjà presque effacée, semblable au passage d'un large corps reptilien. Dans ses yeux, le plaisir d'un enfant sur les pas de l'animal qu'il aime le plus au monde. Parce qu'il les aime tous, presque autant les uns que les autres.

- J'ai repéré une nouvelle piste, pendant que tu t'occupais de les convaincre. Et devine quoi ? A côté des empreintes de brontador saturnien, il y a...

Mais il s'interrompt, brusquement, pour plaquer au sol Garfield, une main sur la bouche du garçon.

La raison ne tarde pas à se manifester. L'instant d'après, une silhouette se détache de l'horizon, rendue visible par le brusque changement de luminosité dû au passage de nuages devant le soleil. Le camouflage naturel dont fait preuve la créature frémit... puis laisse place à une peau lisse et pâle, de longs membres terminés de griffes tranchantes et d'une tête étrange où l'absence d'yeux ne semble être compensée que par une improbable quantité de dents pointues.


Dans les pensées du jeune métamorphe, une voix se fait entendre. Celle de son professeur, qui n'a toujours pas libéré sa bouche.

**Garfield, plus un bruit. J'utilise la faculté télépathique d'un grand singe psychique du système Vega pour te parler. Pense, et j'entendrai. Mais surtout ne parle pas.**

Une fois ces premières instructions prononcées, Buddy libère complètement son élève, dans le silence le plus complet. Seul le vent du bush australien résonne dans leur oreilles, et le bruit des pas de l'étrange extra-terrestre aux crocs trop acérés pour être un herbivore lui aussi.

**Cette créature aveugle, l'anoculos acudentes, est extrêmement dangereuse. Si elle nous attrape, le poison contenu dans ses crocs nous anesthésiera complètement, de sorte qu'elle puisse faire de nous son goûter. Son ouïe est sa plus grande force... et sa plus grande faiblesse, alors je vais l'étourdir avec un choc sonique. Mais il va vraiment falloir que tu ne fasses pas de bruit, d'accord ?**

De la coopération à l'horizon ? Certainement pas. Garfield rappelle beaucoup trop à son professeur ce qu'il a perdu pour qu'il le laisse prendre le moindre risque. Surtout pas face à un monstre aussi dangereux que celui auquel ils font face tous les deux.

Joignant les deux mains devant lui à la manière d'une pince, Animal Man convoque en lui le pouvoir de la Crevette-pistolet depuis les océans de la Terre. Une respiration, deux respirations, trois respirations et puis BANG, il claque ses paumes avec une force démesurée, créant un vide d'air devant elles. L'explosion en résultant est spectaculaire, tant et si bien que l'anoculos se cabre immédiatement de douleur.

Pile ce qu'il faut pour que Buddy bondisse sur la bête avec en tête la volonté de la soumettre le moins violemment possible... et sans mettre Garfield en danger, bien sûr. Ses bras viennent enserrer le cou, ses jambes la taille, tel un anaconda humain.

Un soubresaut le surprend pourtant; moins submergée par le son que prévu, la créature le désarçonne assez pour l'envoyer au sol, en fâcheuse position. Attirée par le bruit de chute, la monstrueuse mâchoire se referme à quelques centimètres du visage de Buddy, qui vient bloquer avec toute sa force d'humain la progression du prédateur.

Garfield avait sous-estimé son prof oui, il ne l'aurait pas cru capable de communiquer avec des animaux extraterrestres ou de comprendre ce qu'ils disaient de loin. Mais si, Animal-Man en était capable, et ça c'était impressionnant. Le polymorphe avait l'impression d'être en compagnie de quelqu'un comme lui. Une personne suffisamment proche des animaux pour les comprendre. Maintenant qu'il y pensait, la petite Avatar du Red était justement la fille de Buddy Baker. Ce n'était pas pour rien.

-J'suis bien content de vous avoir trouvé m'sieur.

Une nouvelle piste s'offrit rapidement à eux, un autre animal était également passé par ici. Un Brontador Saturnien, Garfield n'en n'avait jamais vu. Il était curieux de voir à quoi ressemblait des sortes de reptiles vivant dans une planète gazeuse. Mais l'échappé de Saturne devrait attendre encore un peu, car une autre menace se présenta. Garfield senti ses poils se hérisser, tandis qu'au loin les étranges bovins de l'espace se serraient les uns contre les autres. Beast Boy quant à lui n'a pas le temps de beaucoup agir, car son professeur lui l'a déjà immobilisé et lui a transmis quelques instructions. Surtout ne pas faire de bruit, surtout pas. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, Garfield en était capable, lorsqu'il le fallait.
Sisi.

"D'accord m'sieur. Je reste en arrière."

Au moins pour l'instant, tant qu'Animal-Man ne risquerait rien. Et tout se passa effectivement bien, au moins dans la première partie du plan. Mais Buddy Baker n'avait pas crié assez fort et la créature était parvenu à se reprendre. Garfield devait agir très vite. Le polymorphe ne bougea pas, mais son corps se transforma soudainement. Animal-Man ne dû plus le voir, et concentré qu'il devait être à se protéger, il ne dû pas remarquer rapidement l'araponga blanc vert qui se plaça au-dessus de lui... Avant d'ouvrir grand son bec pour laisser échapper son cri.


Le résultat fut saisissant, l'anaculos acudentes poussa un cri de souffrance, tout en agitant ses bras pour essayer de frapper la chose qui lui faisait tant mal. Heureusement que Garfield ne s'était pas trop approché, s'il était touché par l'une des griffes le petit corps à plumes n'aurait pas survécu. Mais au moins, tant qu'il cherchait son agresseur, la créature ne s'occupait plus d'Animal-Man !

Sauvé de sa situation précaire par le cri d'un petit araponga blanc-mais-vert, Animal Man mobilise la puissance des pattes du Kangourou dans ses propres jambes pour repousser le monstre alien. Maintenant à distance raisonnable, prendre deux secondes de réflexion semble possible, et nécessaire surtout. bientôt, la bête sera de nouveau prête à bondir, et s'il sait que son jeune protégé commence à avoir de l'expérience, Buddy doute que cela soit suffisant.

Mais avant qu'il ne se fasse trop de nœuds au cerveau, et surtout avant qu'il ne puisse réagir, l'anaculos acudentes encore en proie à la souffrance s'arrête net, comme immobilisée par une corde translucide. Ce qui a le don d'énerver le professeur; l'invisibilité, ça commence à le gonfler. Après quelques secondes de calme, l'alien tourne de l'œil, façon de parler, et s'effondre au sol dans un petit nuage de poussière. Comme ça, sans qu'aucun des deux héros animaliers n'ait eu à faire quoi que ce soit d'autre. Surpris, Buddy regarde quand même Beast Boy, comme s'il pouvait percer le secret de cette situation dans les expressions faciales de son pupille.

Un bruissement attire ensuite son attention, venu d'une broussaille proche.

Un garçon en émerge, avec une bouille toute timide, des yeux tout doux, et les rondeurs de l'enfance au visage. Derrière ses longues mèches blondes, il observe dans un silence gêné la peau verte et le costume bleu, sans trop savoir quoi faire ensuite.


Saisi par le moment, Buddy perd pied un instant avant de se reprendre.

- Euuuh... salut toi.

De la douceur, de la sécurité, du calme.
Plus proche de la frousse de l'agneau que de la curiosité inquisitrice du furet, le petit gars apparu de nulle part semble attendre quelque chose. D'être mis en confiance, peut-être ? Ou une occasion de fuir, probablement.

- Tu es une illusion, ouuuu...

Non de la tête.
Bon, c'est ce que dirait une illusion si elle voulait avoir l'air crédible, mais tous les signaux vitaux semblent positifs au gardien du Red. C'est bien un être vivant appartenant au monde de la chair, au monde du sang.

- D'accord, d'accord. Eeeeeet... tu peux nous dire ce que tu fais là ?

Apparemment la question à ne pas poser, car immédiatement l'enfant s'enfuit. Et drôlement vite, le bougre ! Malgré une très faible allonge, ses pas le portent loin, très loin, plus que ce qu'ils devraient lui permettre. Sourcils froncés, Buddy s'élance à la suite du petit gars en tentant de comprendre par l'entremise du Red ce qu'il peut bien être.

- Hé, t'enfuis pas, c'est dangereux le désert !

Bravo Sherlock. Et après, l'eau ça mouille, le feu ça brûle, et la dendrobate d'Amazonie ça secrète une toxine mortelle pour l'homme. Une évidence, encore et toujours, mais portée par une sincère inquiétude, et le spectre d'un traumatisme passé.

Mais après quelques secondes de course, Baker s'arrête un instant, l'air à la fois perplexe et illuminé. Le savoir qu'il vient d'obtenir ne fait pas de sens... mais dans ce monde, parfois l'improbable est la seule et unique vérité.

Avec un demi-sourire, Animal Man lance à son coéquipier du jour:

- Je commence à y voir un peu plus clair dans cette histoire. Mobilise tous tes meilleurs sens, Garfield, tu vas en avoir besoin.