Innocence & Beyond [Jericho]

_____J’ai paniqué. Ce n’est pas la première fois que je perdais le contrôle de mes émotions. A vrai dire, c’était même devenu une habitude pour les gens ceux qui arrivaient encore à me côtoyer. Le parasite qui occupait mon corps prenait un malin plaisir à utiliser des souvenirs traumatisants pour me manipuler. J’avais mis beaucoup de temps avant de comprendre que mes réactions irrationnelles étaient dû à son influence. Discerner nos émotions n’était pas toujours évident pour mon subconscient. Il n’y avait pas besoin de chercher plus loin pour comprendre que mon séjour en Europe avait été dévastateur.

Depuis quelques jours, tout à changer. Mon parasite n’était plus responsable de mes sauts d’humeur, des soudaines crises de panique qui me faisait perdre le contrôle de mon propre corps. Kent et Ray m’ont aidé à les récupérer, mais je n’étais pas encore prêt à les visualiser. Une chose était certaine, Amy ne pouvait plus s’en servir pour me manipuler. Il avait perdu une forte influence sur moi. Je faisais moins de cauchemar, je dormais mieux, je séchais moins les cours et mon démon avait de moins en moins d’occasion de prendre le contrôle de mon corps. J’ai pensé que c’était le début de la fin pour lui, je me trompais. Même si j’avais préféré planquer ces souvenirs au fin fond de mon subconscient pour ne pas qu’ils me hantent, ils étaient toujours là et j’allais apprendre que j’étais loin d’être tiré d’affaire.

J’avais décidé de participer à un entrainement au combat. Le matin, je venais de me rendre compte que j’avais terminé ma dernière boite de neuroleptique. J’ai pris mon courage à deux mains, après tout, je pouvais m’en passer pendant quelques heures ? Je ne sais pas si j’avais surestimé ma dépendance, ou mes réactions face au stress et aux imprévus, mais j’allais regretter mes paroles. Au début du cours, tout se passait plutôt bien. J’étais redevenu la personne que j’étais avant de perdre la vie, souriante, toujours aussi taquin.
Les choses se sont corsées lorsque mon tour est arrivé. Je devais affronter l’un de mes partenaires dans un combat au corps à corps, sans utiliser mes capacités psychiques. C’était dans mes cordes, non ? C’est ce que je pensais. Je ne me souvenais même pas de qui j’avais affronté ce jour-là. Tout ce dont je pouvais me remémorer, c’est qu’il était plus fort que moi. Au cours du combat, je parvenais difficilement à lui donner des coups. Lui, par contre, n’avait pas réellement de mal à m’en donner. J’encaissais, j’essayais de ne pas perdre pied. Malheureusement, plus je prenais des coups, et plus je sentais mon corps tremblé, par une peur irrationnelle. Je ne le savais pas encore mais cette douleur venait de réveiller de mauvais souvenirs.

J’ai essayé de reprendre le contrôle de mon corps, de calmer les tremblements. J’ai placé mes bras devant mon corps pour protéger mon visage des coups. Je reculais, à de nombreuses reprises pour garder une distance avec mon adversaire. Il ne ralentissait pas, bien au contraire, il profitait de ce moment de faiblesse pour accélérer la cadence, jusqu’au moment de trop.
Le stress m’a envahi, j’ai laissé mon instinct s’exprimer pour me protéger. Mes yeux se sont levés vers lui et je suis immédiatement entrer dans son corps. Cela n’a duré que quelques secondes, je l’ai poussé à se fracturer les bras. Lorsque mon âme est retournée à sa place, j’ai assisté à une vision d’horreur qui n’a fait qu’accroitre ma peur. Est-ce que… Est-ce que c’est moi qui venais de commettre une chose aussi ignoble ? J’ai senti les regards se tourner vers moi, me juger. Les cris de douleur de mon adversaire sifflaient dans mes oreilles. L’ambiance pesante dans cette salle d’entrainement m’avaient poussé à m’enfuir. Dans la panique, j’avais emprunté un tunnel boom le plus proche pour m’enfuir de l’académie.

C’est comme ça que je me suis retrouvé en train d’errer dans les rues d’une ville qui m’était complètement étrangère. Sous la panique, j’aurais probablement été capable de pilier une pharmacie pour récupérer mon traitement. Heureusement, tout ce que j’avais réussi à faire, c’est me cacher dans un coin sombre de la ville, inhabité, dans une petite usine en ruine, à l’abandon. Je m’étais recroquevillé contre un coin de la pièce, attendant que les heures passent. Ce sont les vieux réflexes d’un captif qui passait ses journées à se faire torturer. Je ne me souvenais pas des détails, mais la froideur, le silence et l’obscurité de cet endroit, semblable à celle d’une cellule en Europe, me réconfortait. Au moins, ici, j’étais certains que personne ne me ferait de mal.

De temps en temps, mon regard effrayé se baladait de gauche à droite, pensant que quelqu’un allait surgir de nulle part pour s’en prendre à moi. Plus de douze heures à rester immobile au même endroit. Je ne m’étais même pas accorder une courte sieste. Si je m’endormais, Amy risquait de faire encore plus de mal que ce que j’avais fais avec ce pauvre gars.

Lorsque j’ai entendu cette voix étrangement familière, mon cœur s’est bloqué. Cette voix, elle avait bercé ma jeunesse. Quand j’étais petit, je voulais devenir comme lui, je voulais sauver des vies. Je pensais qu’avec mes pouvoirs, je pouvais faire de grande chose, aussi grande que Superman. Bon sang, qu’est ce que j’avais eu tort, stupide. Pourquoi est-ce que mon esprit me joue des tours comme ça ? Est-ce encore une mauvaise blague de la part d’Amy ?

« Non, tu n’es pas dans ma tête. C’est… impossible, impossible. J’ai pas voulu faire ça, c’est vrai. J’ai pas voulu lui faire du mal, je ne voulais pas le faire. Je pensais que je pouvais tout contrôler de nouveau, que j’étais de nouveau maître de mon corps. Je voulais… je voulais juste agir normalement. Je l’ai… je l’ai peut-être tué. Oh mon dieu, est-ce que je l’ai tué ? Non… non non non je suis désolé, tellement désolé. » Mes pensées se bousculaient. Je ne savais plus si je parlais à la voix de Superman qui raisonnait dans ma tête ou à moi-même. « Ils vont venir me chercher. Ils vont me punir pour mes actes. Peut-être que je le mérite, peut-être qu’ils ont raison. Je n’aurais jamais dû revenir d’entre les morts. Non, non, pourquoi je dis ça ? Je peux pas dire ça… pas après tout ce qu’il a fait pour moi. Ray… » J’étais à cran, toujours sans traitement depuis plusieurs heures, une accumulation de mauvaises choses qui ne m’aidait pas à avoir des paroles rationnelles. « J’ai tout gâché… »

« Tire-toi, Kryptonien. Tu l’as entendu ? Il ne veut pas de toi. » Malheureusement pour Amy, le simple fait que j’ai répondu à cette voix lui suffisait pour me localiser. Après tout, c’est Superman.

_____Mon regard continuait de balayer la pièce du regard. Depuis plusieurs minutes, je me sentais épié par une force invisible. Je n’avais pas réellement fait le rapprochement entre ce sentiment anxieux et la voix que j’avais perçu télépathiquement, au même moment. Malgré la peur, je ne parvenais pas à prendre mes jambes à mon cou pour fuir. La peur m’avait littéralement paralysée, ou presque. En fait, je pensais que le coin dans lequel je m’étais réfugié me protégerait des mauvaises personnes. Pendant que Superman tentait de pister les phrases peu cohérentes qui parvenait jusqu’à lui, mon esprit tourmenté continuait sa démarche. Je ne contrôlais plus rien. Je me demandais même si j’étais réellement conscient de ce que je faisais.

« C’est pas ce que je voulais faire. Il, il m’a fait du mal. Je voulais juste qu’il arrête. J’ai, j’ai juste voulu qu’il arrête. Est-ce que… je suis une mauvaise personne. Je suis horrible, je suis horrible, je suis horrible. Pourquoi j’ai fais… qu’est ce qui va pas chez moi. » A ce moment-là, je ne faisais même plus attention à mon parasite, Amy, qui était parvenu à interrompre brièvement la communication entre moi et cette voix mystérieusement familière. Mes pensées paranoïaques avaient pris le dessus et le démon observait avec curiosité ce comportement qu’il avait pourtant déjà vu. « Est-ce que… non, je ne perds pas la tête. Non, il a tort, Arthur à tort. Je suis fort, plus fort, je peux pas… je ne suis pas malade… Est-ce qu’on avait tort ? Est-ce que je suis vraiment fou ? Non, c’est sa faute, tout est de SA faute… »

Une ombre fit irruption à l’intérieur de l’usine désaffectée. J’ai sursauté, ma colonne vertébrale toujours collé contre le coin du mur. Mes jambes s’étaient de nouveau recroquevillées sur elle-même, cuisse collée contre le haut de mon corps. Et voilà, le chevalier servant de monsieur est avancé. Amy laissa échapper une pointe de sarcasme sur son commentaire. Il savait bien qu’il était écouté par cette même silhouette étrangère, mais il s’en moquait. Au moins, l’intervention de l’individu semblait m’avoir remis les pieds sur terre.
Mon regard terrorisé s’était doucement redressé vers lui. Il s’était doucement approché de moi, sans montrer le moindre signe de menace. Pourtant, mon cœur frappait brutalement ma poitrine et refusait de se calmer. J’étais pétrifié par une peur que je ne contrôlais toujours pas. J’avais retrouvé un peu de lucidité, pas assez pour reconnaître Superman, mais assez pour savoir qu’il s’adressait, dans un premier temps, au démon qui parasitait mon corps. Ce dernier laissa échapper un léger rire. « Inutile de m’accuser de quoi que ce soit, je ne suis pas responsable de tout ça. » Il marqua un temps de pause. « Je ne suis qu’un simple spectateur, observant la déchéance d’un homme qui perd doucement tout ce qui le caractérisait. C’est… fascinant, distrayant. »

Une main amicale s’était tendue vers moi, mes yeux radioactifs ont pris le temps de se redresser un peu plus pour observer le visage de l’étranger. C’est lui, je l’ai reconnu, l’homme qui a bercé mon enfance, en face de moi. Mon cœur a raté un battement, est-ce que j’étais en train de rêver ? J’ai tenu quelques secondes avant de tendre, à mon tour, ma main vers lui. Je me suis doucement redressé sur mes deux jambes légèrement tremblantes.
Amy était restée silencieux, moi aussi. Je ne savais pas réellement comment réagir après ce qu’il venait de se passer. Même si c’était peut-être qu’un rêve, une hallucination, j’ai essayé de rester fort face au héros de mon enfance. Je suis resté droit, fier pendant quelques secondes avant que des larmes s’échappent malencontreusement de mes yeux. Dans un premier temps, j’ai fait comme si je n’avais pas remarqué, avant de finalement fondre en larmes. Tout ce que je voulais, c’était une présence, de la chaleur humaine, juste quelqu’un. Incapable de contrôler mes émotions, j’ai fini par me jeter dans les bras de Superman, cherchant ce que peu de gens pouvait me donner jusqu’à présent, du réconfort.

« Je voulais pas faire de mal, c’est vrai, je le jure… J’ai… je contrôle plus rien, plus rien… Je suis dangereux, je voulais simplement aider les gens… et je leur fais tellement de mal… »

_____Je n’avais pas réellement réfléchis lorsque je me suis jeté dans les bras de Superman. C’était un réflex de survie, j’avais instinctivement besoin de chaleur humaine, de palier à cette solitude que générait mon mal être. Je ne pouvais pas le cacher, c’était stupide d’essayer. Mon comportement dans la Justice Academy ne faisait que confirmer ce mal être. Superman répondit calmement à mon étreinte surprise. En me prenant dans ces bras, il pouvait sentir les battements de mon cœur affolé, les tremblements de mes membres, mon corps complètement gelé après avoir passé plusieurs heures, immobile sous une température glaciale.
Sa présence avait fini par faire baisser mon rythme cardiaque, calmer mon hystérie, réchauffée une partie de mon corps. Grâce à lui, j’avais retrouvé une partie de ma lucidité et avec lui, je me suis légèrement reculé pour reprendre un peu mon souffle. Mon regard osait à peine croiser le sien. J’avais honte, honte de l’état dans laquelle mon idole d’enfance m’avait trouvé, c’était pitoyable. J’essayais de rester droit sur mes jambes tremblantes, de paraître le plus digne possible. Amy avait entendu les provocations de Superman et laissa échapper un petit rire moqueur. Pour communiquer avec lui, il avait dû diminuer ses barrières psychiques, baisser sa garde, une grosse erreur.

« Ne fait pas ça. » Mes yeux se détournaient. Je craignais que quelque chose se passe si je venais à croiser son regard. « Ne fait jamais ça. Ne baisse pas tes défenses. Je… je veux pas te sous-estimer mais… je ne sais pas de quoi je suis capable. Mes pouvoirs psychiques sont… très puissants, plus puissant qu’avant. Je veux pas… qu’il arrive quelque chose. Je ne t’en voudrais pas si tu te protège de moi, hein. »

La moitié des symptômes étaient partie, mais certaines étaient encore là, notamment les tremblements des mes bras et de mes jambes. J’ai serré les bras pour tenter de contenir l’incontrôlable. C’étaient des signes d’une dépendance que je ne voulais pas accepter, celle d’un manque. Je prenais des médicaments, beaucoup de médicaments. Ces symptômes étaient probablement la goutte d’eau qui avaient fait déborder le vase et qui m’avait fait péter un câble. Les tremblements n’étaient que la partie visible de l’iceberg. Dissimulé sous les manches de ma veste, de nombreuses écorchures superficielles encore ensanglantée. La douleur venait à peine de se réveiller, le bout de mes ongles étaient recouvert de morceau de chair que je m’étais arraché pendant plusieurs heures.

« Médicaments… j’ai besoin de mes médicaments… »

Je n’ai pas besoin de faire quoi que ce soit pour l’embarquer dans les ténèbres, il se débrouille très bien tout seul pour tomber dedans. Amy se permettait quelques commentaires. Lui savait parfaitement tout ce qu’il se passait aux alentours, le mal être que je vivais. Il en connaissait la raison, les effets secondaires de mes souvenirs oubliés d’Europe mélangées aux symptômes du manque. Il se contentait d’être un simple spectateur.

« Oh. Vous l’avez trouvé. » Une autre voix familière émergea de l’ombre d’un pas peu assuré. « Je suis soulagé qu’il soit entre de bonnes mains. »

Arthur Vilain, anciennement mon médecin traitant. Je n’étais pas rentré en contact avec lui depuis le décès de ma mère. Comment était-il remonté jusqu’à moi ? Par réflex, je préférais ne pas lui sauter dans les bras, même s’il pouvait clairement me donner ce que j’attendais le plus, des médicaments, mon traitement. A ce moment, j’avais énormément pris sur moi pour ne pas foncer vers lui sans comprendre ce qu’il faisait ici. Derrière la pénombre, je pouvais sentir qu’il n’était pas réellement venu seul. Il n’a jamais réellement été un homme de terrain. Arthur pris le risque de se rapprocher doucement de nous.

« Je suis content qu’il ne t’est pas trouvé. Ton téléphone m’a mis sur ta piste, Hosun m’a aidé. Je ne suis pas venu ici pour te faire du mal, tu sais. Je suis venu là pour t’aider. Je l’ai promis à ta mère il y a de nombreuses années, tu te souviens ? » J’hocha timidement la tête, sentant que quelque chose n’allait pas dans cette histoire. « Bien, bien. Je te connais bien, non ? Tu sais, je t’ai vu grandir, je sais comment contrôler tes pouvoirs et je peux t’aider. » Il leva les yeux vers Superman. « Je peux l’aider. »

« Je… » j’ai commencé par signer, mais je ne savais pas quoi dire. « C’est Ray qui vous envoie ? Papa ? Oncle Wintergreen ? »

« Non. C’est le danger que tu cours en restant à la vue de tout le monde qui m’a poussé à agir. Tu n’imagines pas à quel point ils sont proches de toi et ils ne vont pas te rater si tu ne saisis pas cette chance. » Je me suis tourné vers Superman. « Sa force kryptonienne ne peut rien faire pour t'aider. »

_____La présence d’Arthur m’avait un peu perturbé mais, au moins, j’étais parvenu à retrouver un semblant de calme dans mon esprit. Aux côtés de Superman, ma crise s’était un peu apaisé et je me sentais presque en sécurité avec lui, comme s’il avait toujours été à mes côtés. Le fait qu’il soit dans le camp de Ray me confortait davantage. L’arrivée d’Arthur était un peu le cheveu dans la soupe. Alors que j’aurais pu m’ouvrir, raconter tout ce qui m’avait mis dans cet état. Sa présence ici était légèrement flou. Au moment de ma fuite de l’Europe, j’avais changé de téléphone, un cadeau de Ted Kord, dernière génération. Personne n’était censé le connaître. Arthur gardait une distance raisonnable pour éviter que je m’enfuie de nouveau probablement. Superman avait prit le dessus sur la discussion, le forçant à détourner le regard pour se tourner vers le héros.

« Veuillez m’excuser, je suis Arthur Villain. J’ai côtoyé la famille Wilson pendant de nombreuses années. J’ai… étudié le cas de son père et de sa progéniture. » Il laissa échapper un soupir. « Adeline voulait que je veille sur toi, Joseph. Tu étais tout ce qu’il lui restait à la mort de ton frère. J’ai fait de mon mieux pour te retrouver, tu n’es pas aussi facile à dénicher, mais c’est le mieux, vu ce qu’il t’arrive. »

« C’est rien, j’ai juste paniqué. Tout va bien. Je vais juste… rentrer avant qu’on ne remarque ma présence. » signais-je calmement.

« Si je suis venu là, c’est qu’il y a bien quelque chose qui ne va pas, Joseph. » J’ai laissé échapper une grimace, j’ai serré les dents. Arthur leva les yeux vers Superman. « Vous avez beau être doté d’une super-force, ce n’est pas cela dont il a besoin. »

« J’ai juste besoin de temps. Ce n’est rien. »

« Ces pouvoirs sont grands, plus grand qu’il ne l’était avant sa mort. Plus ils prennent en puissance et plus leurs effets secondaires sont difficiles à maîtriser. » Il leva les yeux vers moi. « Depuis que je t’ai connu, tu as toujours eu une santé mentale fragile et ce qui t’es arrivé ne va pas améliorer les choses. »

« Où voulez-vous en venir… ? » Je redoutais le pire.

« Je te l’ai dit, je ne veux que ton bien Joseph. Ces hommes ont beau avoir de bonnes intentions, ils ne pourront pas t’aider. Il te faut un endroit spécialiser, un endroit où l’ont pourra te venir en aide, où tu ne pourras faire de mal à personne. »

« Si vous parlez de l’Europe, je ne suis pas responsable de ça. C’était pas moi. »

« Je sais, je sais, mais l’opinion publique ne te croira pas, Joey. Ce n’est pas aussi simple. On ne peut pas t’innocenter complètement mais on peut faire en sorte de limiter les dégâts. Tout ce que tu as à faire, c’est de me suivre et de te laisser faire. » Il reporta mécaniquement son attention sur Superman, sachant bel et bien que cette idée n’allait pas réellement lui plaire. « C’est la seule solution bénéfique pour tous les camps, et vous le savez. »

« Qu’est ce que vous avez fait ? » Arthur baissa la tête, un peu honteux parce qu’il venait de faire.

« Je suis désolé Joseph, mais c’est la seule solution que j’ai trouvé pour prendre soin de toi. Ne rends pas la tâche plus difficile, ni toi, ni ton ami héros. Ne compliquez pas les choses. Restez calme et tout se passera bien. Je resterais à vos côtés. »

« Ce n’est pas ce que je veux… »

« C’est trop tard, malheureusement. J’ai essayé de faire confiance à votre ami. J’ai su que tu étais avec lui. Je n’ai rien dis aux autorités mais il a bien fallu que je leur offre quelques informations sur toi pour pallier ce manque d’informations à ton sujet alors que j’ai toujours veillé sur toi. Il n’a pas su gérer tout ce qui te tourmente. Moi, je le ferais. Alors s’il te plait, ne complique pas les choses. J’empêcherai Waller de te faire du mal, de se servir de toi, mais tu dois me faire confiance. »

« Non… »

Derrière lui, les présences que j’avais identifié quelques minutes auparavant ont fini par sortir de leur cachette. Deux soldats armés, il y en avait probablement d’autres. Ils ne tardèrent pas à pointer leurs armes sur moi, et sur Superman, même si ce dernier ne craignait pas ce type d’arme. Les deux hommes se sont approchés, de quelques pas, silencieux. Incapable de comprendre ce qui allait m’arriver, je suis resté immobile. Je ne voulais pas me rendre mais avais-je réellement le choix ? Était-ce réellement la bonne décision à prendre ? Je savais que je pouvais faire du mal à des personnes innocentes, mais je savais aussi que je pouvais contrôler tout ça, si on me laissait une chance. Arthur, lui, ne voulait pas prendre ce risque une nouvelle fois.

« S’il vous plait, si vous tenez à ce que tout se passe bien, alors écartez-vous. » osa ordonner fermement Arthur à Superman.

_____Les choses s’étaient rapidement compliqué, Arthur s’étaient alliés avec les mauvaises personnes en affirmant vouloir m’aider. Je ne savais plus quoi penser de lui, à ce moment-là. A défaut de donner une réponse satisfaisante au médecin de ma famille, c’est Superman qui avait prit les devant. Malgré les paroles, presque menaçante d’Arthur, il en fallait bien plus pour impressionner l’homme d’acier. Oui, il était exactement comme je l’imaginais, quand j’étais gamin. Si on m’avait dit que je rencontrerais mon idole d’enfance un jour, je ne l’aurais pas cru.
Les armes à feu étaient toujours pointées sur nous, mais leurs deux propriétaires hésitaient encore avant d’appuyer sur la gâchette. Ils n’avaient pas besoin d’être super intelligent pour comprendre que leurs accessoires ne suffiraient pas pour arrêter Superman. Ce n’était que de la dissuasion, même inutile. Arrthur n’était pas réellement surpris par le refus de son interlocuteur et les nombreuses piques qu’il envoyait. Il avait gardé un air froid et sérieux durant tout le monologue. Moi ? J’étais resté un peu à l’écart, l’extrémité de mes bras recommençait à trembler dû au manque de médicaments.

« Malheureusement pour Slade Wilson, je ne suis pas diplômé en psychologie. Il rechignait déjà pour venir me voir, je n’allais pas le prendre par la main. » rétorqua simplement Arthur. « Je n’ai pas eu l’occasion de croiser son premier fils, Grant. Il a choisi un tout autre chemin, et son destin aurait pu en être autrement s’il avait été soigné à temps. Quant à Rose, je n’ai pu exploiter que la surface. J’ai eu l’occasion de prendre soin de Joseph lorsqu’il était encore un enfant, lorsque ces pouvoirs se sont réveillés. S’il y a bien quelqu’un qui connait le métabolisme et les capacités psychique du fils de Slade, c’est moi. » Son regard s’orienta doucement vers moi, je fuis le regard. « N’est-ce pas ? »

« C’est possible, oui. » J’avais mis quelques secondes avant de signer ces quelques mots. Mon regard avait croisé un instant le sien. J’étais légèrement gêné d’admettre qu’il en savait beaucoup sur moi, et je n’étais pas au bout de mes surprises.

« Je ne suis pas un ennemi, Superman, mais je connais les héros dans votre genre. Vous ne voyez qu’en nuance de blanc et de noir. Pour vous, il n’existe aucun compromis. Malheureusement, nous sommes dans une situation qui nécessite des compromis. Vous savez ce dont il est capable, vous savez qu’il est capable de faire lorsqu’il ne se contrôle pas. » Il se tourna à nouveau vers moi. « Tes exploits à San Francisco, il y a plus d’un an, tu étais parvenu à contrôler de nombreux civils innocents simultanément. » Il reporta son attention sur Superman. « C’est là que tout à commencer et à chaque fois qu’il perd le contrôle, des civils sont touchés. Vous ne laisserez certainement pas quelqu’un comme lui s’en prendre à Métropolis, non ? Alors montrez l’exemple et cesser de jouer les chevaliers blancs cinq minutes. Ces pouvoirs doivent être contrôlés. Je ne cherche pas à le disséquer, ni à lui laver le cerveau. Joseph a besoin d’une structure et d’une surveillance constante pour canaliser ses pouvoirs psychiques. Je communiquerais mes idées à Waller, je réussirais à la convaincre de te laisser vivre à Star Labs. »

« Ça ne marchera pas. »

« Laisse moi la convaincre. Je suis celui qui te connais le plus. Elle s’appuie déjà sur moi pour te retrouver, j’arriverais à lui mettre la pression. » Très vite, il reporta son attention ailleurs, sur mes bras tremblant, dû au manque. « Tu as besoin de médicaments, n’est-ce pas ? C’est ce qui te soulage le plus, non ? Bien sûr, ça te soulage, ces médicaments sont difficiles à trouver en pharmacie et les autres ne te comprennent pas, ils te prennent probablement pour un toxicomane. » Il tendit sa main vers mois. « Si tu acceptes de me faire confiance, je ferais en sorte que tu ne manques de rien, Joseph. Tu seras bien traité, je t’en donne ma parole. »

Il me prend par les sentiments. C’est bien ce qui avait provoqué ma crise de panique, le manque. Si j’avais eu ce que je voulais peut-être que rien de tout cela ne se serait passé. Peut-être que la personne que j’avais affronté aurait encore des os intacts. Peut-être qu’il a raison, peut-être que j’en ai besoin. Alors que mon esprit est tiraillé, sous le point de prendre la pire décision de sa vie, Superman me suggère de quitter les liens, avec lui pour faire mon choix, dans un environnement plus sain. Sur le moment, je ne savais pas réellement quoi répondre. Arthur n’était pas réellement très intéressé par cette proposition.

« Non, non vous n’irez nulle part. Si Joseph sort, il sera rapidement à découvert et des personnes beaucoup plus mauvaises s’en prendront à lui. Avez-vous réellement envie de ça. »

« Non. » J’ai, à ma manière, couper la parole d’Arthur avant que Superman ne réponde. Malgré le manque, malgré mon envie viscérale de reprendre mon traitement médical. Je prends mon courage à deux mains car quelque chose d’important « Je ne veux plus me cacher. J’ai passé ma vie, depuis ma résurrection, à vivre cacher, séquestrer dans une cage dorée ou encore pire. J’en ai assez, je peux plus vivre comme ça. »

Ma main s’était glissée dans l’une des poches de ma veste. Je n’avais malheureusement pas ma combinaison Ikon sur moi, mais je gardais toujours sous la main, le dispositif permettant à celle-ci de devenir une membrane gravitationnelle. Ce n’était qu’un simple bout de métal rectangle doré avec un « i » gravé, une fois posé sur le côté droit de mon t-shirt, sa technologie se réveilla. C’était un peu le signal pour dire à Superman qu’il était temps de fuir. Ce dernier avait déjà tourné le dos à Arthur.
Doucement, les semelles de mes chaussures s’étaient décrochées du sol pour laisser la puissance technologique de mon dispositif faire son œuvre. Tout comme lui, je pouvais voler et doucement m’orienter vers une fenêtre brisée qui me servirait de sortie de secours.

« Non. Tu ne peux pas partir ! » C’est le signal pour les deux soldats. Les coups de feu finissent par partir, laissant s’échapper des balles anesthésiantes qui m’étaient destinées. Par un reflex surhumain, j’étais parvenu à générer un bouclier psychique pour me protéger des impacts , paume en avant.

« Partons d’ici, s’il te plait. Ne leur fait pas de mal. » demandais-je à Superman à travers le lien télépathique que nous avions créer quelques minutes auparavant.

Au moment où j’ai reporté l’attention sur Arthur, il avait déjà quitté mon champ de vision. Les deux soldats n’avaient également pas osé me suivre dans ma fuite. C’était louche, mais je ne m’étais pas plus inquiéter que ça. J’étais déjà très heureux d’avoir réussit à me surpasser et à dire non à Arthur qui avait pris un malin plaisir à jouer avec mes faiblesses pour m’attirer vers lui. Je posai mon regard vers Superman, un petit sourire aux lèvres, les cheveux au vent, les jambes à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol. Je n’attendais plus avant de lui faire un signe d’approbation. Je lui accordais la confiance, je le laissais me guider vers un endroit plus sûr.

« J’ai essayé, il n’a pas voulu m’entendre… Bien… si c’est à ça qu’il veut jouer… » Arthur se tourna vers l’un des deux soldats. « Allez-y. Libérez Amazo. »

_____Je savais que mon choix allait frustré Arthur, mais je n’imaginais pas à ce point-là. Si je mourais d’envie de prendre mes médicaments et de retrouver un semblant de calme, je ne serais pas réellement prêt à accepter ce risque. J’aurais accepté de me rendre, j’aurais été jugé coupable pour crime contre l’humanité, et après ? Trop d’incertitude, le stress total. Je savais que les rares personnes qui prendraient ma défense ne serait pas suffisant par rapport au reste du monde. Ce n’était pas la bonne solution, il fallait que je trouve un moyen, je devais trouver une autre option pour m’en sortir.
Le choix que j’avais pris avait agréablement surpris Superman. Un sourire se dessinait sur son visage, il était contagieux, j’ai souris à mon tour. Il n’y avait rien de plus agréable que de rendre son héros d’enfance fier. Oh j’aurais aimé que mon père soit aussi fier que lui et me le montre mais c’était déjà beaucoup pour moi.

« Je m’en veut tellement pour ce qu’il s’est passé en Europe, pour tout ce que je fais, à chaque fois que je perds le contrôle. Ça aurait pu être une solution mais, il y a probablement une autre solution. Je vois une lueur d’espoir. Je ne sais pas combien de temps cela me prendra mais je sais que je peux contrôler mes capacités. Je peux le maîtriser, je sais que je peux le faire. Il me faut juste… plus de temps pour gérer mes émotions, mes souvenirs, mes pouvoirs… tout. »

Je suis optimiste, j’ai appris à ne pas broyer du noir, cela n’avançait à rien, encore moins dans ma situation. Doucement, j’avais continué à léviter pour suivre Superman jusqu’à ce que ce dernier s’arrête. Il semblait avoir été perturbé par quelque chose, son visage s’était soudainement fermé. Je me suis arrêté en plein vol avant de se tourner vers moi. Un ordre clair, j’ai tout de suite compris. Cela aurait été surprenant qu’Arthur me laisse partir sans montrer la moindre résistance ? Durant les premières secondes, j’étais prêt à me battre à ses côtés, mais les explications de Superman me faisait craindre le pire.
J’ai hésité, quelques temps, restant immobile avant de tourner les talons et m’éloigner davantage du bâtiment dans lequel je m’étais réfugier, pour trouver une autre cachette. Malheureusement, dans ma course, j’avais oublié un détail. Le téléphone qui avait permis à Arthur de retrouver ma trace, était toujours dans la poche de ma veste.

La menace qui planait s’était précipité à une vitesse incroyablement folle, jusqu’à moi. Sa cible n’était pas Superman, c’était moi. En une fraction de seconde, je me suis retrouvé avec des bras compressant ma taille et m’emportant un peu plus haut dans le ciel.

« Cible localisé et appréhendez. » Une voix robotique s’échappa de la bestiole. Je parvenais à peine à distinguer son visage, la panique s’était déjà emparée de moi. J’essayais de me débattre, mais mon agresseur avait une force bien plus puissante que la mienne.

« Je t’ai tendu la main. » la voix d’Arthur s’échappait de mon téléphone. Je parvenais à l’entendre malgré mes mouvements de panique et les battements de mon cœur qui sifflait violement mes tympans. « Je t’ai laissé une chance de te rendre gentiment. Je peux t’aider Joey, tu dois accepter que tu as besoin d’être encadré, de traitement adaptés à ton mal. Mais tu es aussi têtu que ton père, tu refuses de voir la vérité en face. Tu penses que tu peux régler ça tout seul, comme un grand ? Combien de civils devront être touchés pour que tu daignes accepter cette fatalité. Si tu refuses de coopérer, je suis contraint d’utiliser les grands moyens mais crois-moi, je ferais quand même en sorte qu’il ne t’arrive rien, je l’ai promis à ta mère. »

« Arrête… Arrête de parler d’elle ! » L’émetteur subvocal de mon téléphone parviendrait peut-être à retranscrire ses paroles à Arthur. Si Superman pouvait les entendre, alors lui aussi.

J’ai généré un bouclier psychique pour tenter de repousser l’adversaire. Si la créature n’était pas une simple machine, j’aurais pu l’arrêter simplement en possédant son corps. Malheureusement, lorsque le corps est vide, il est difficile pour moi d’en prendre le contrôle. En me concentrant davantage, j’étais parvenu à délier ses bras et à trouver l’espace suffisant pour me dégager. Amazo n’avait pas traîné pour essayer de me rattraper. Je volais, le plus rapidement possible pour tenter de le fuir. Très vite, le regard vers Superman.

« Il ne nous laissera pas l’emporter. Occupe-toi d’abord de Superman. Jericho ne sera pas compliqué à appréhender. Il fatigue très vite. » Les yeux d’Amazo rougissèrent, prêt à envoyer un puissant laser sur le héros en plus de foncer sur lui.

« NON ! »

_____Je ne sais pas comment j’étais parvenu à me libérer d’Amazo, mais je n’avais pas manquer l’occasion. Avec la peur, j’étais restés complètement immobile pendant de longues secondes. Mon manque de réactivité aurait pu m’être fatal si l’attention de la créature robotique ne s’était pas focalisé sur Superman. J’ai pu reprendre mon souffle, laisser mon cœur se calmer même si la situation ne le permettait pas réellement. Sup’ avait l’air d’avoir déjà combattu cette bestiole, il va pouvoir gérer sans difficulté, non ? Pourquoi est-ce que j’avais un doute ? Je n’avais pas réellement envie de lui tourner le dos pour me cacher, j’étais plus fort que ça, non ?

Je l’entends hurler un ordre, je décidais de l’éxécuter sans trop me poser de questions. Mécaniquement, le haut de mon corps s’était recroquevillé vers le bas pour esquiver une attaque d’Amazo. Alors qu’il fonçait droit sur lui, Superman avait encore le temps de m’expliquer ce qui venait de se passer. Amazo avait copié mes pouvoirs et il avait besoin de connaître mes faiblesses pour le vaincre. C’est un peu bizarre de crier ses faiblesses à haute voix. D’habitude, on a plutôt tendance à garder cela secret. Soit, il a toute ma confiance, de toute façon.
Je connaissais la plupart de mes capacités, mais leur limite m’était encore assez vague. Malgré ça, ma principale faiblesse était connue. Mes ravisseurs avaient la fâcheuse tendance à m’aveugler lorsqu’il m’avait neutralisé. Le simple fait de perdre la vue suffisait à étouffer mes pouvoirs. C’est plutôt ridicule mais pour cette situation,

« Je… Si Amazo n’a pas de conscience ou d’âme, il ne peut pas utiliser tous mes pouvoirs, enfin je crois, je ne suis pas sûr… Mes yeux. Il faut que tu l’aveugles, il ne pourra plus exploiter mes pouvoirs sans sa vue. Détruis-les. »

C’était le maximum pour m’embêter. D’un seul violent coup de poing, il était parvenu à repousser l’ennemi, juste assez pour me laisser du temps pour m’enfuir. Cette fois, je ne me permets pas de contredire ses ordres pour de manquer de réactivité. J’ai hoché la tête avant de m’envoler loin, très loin dans la direction opposée où Superman avait envoyé Amazo. Je faisais aussi vite que je le pouvais. Mécaniquement, son regard se tournait vers moi. Sa cible s’éloignait, il allait perdre de vue son objectif principal mais ne pouvait pas abandonner sa tâche en cours, éliminer Superman.

« Vous devez le raisonner, Superman et vous devez vous raisonnez. » Même Arthur savait que les haut-parleurs de mon téléphone pouvaient atteindre sa puissante ouïe. « Si vous continuez sur ce chemin, des civils vont souffrir, Joseph va souffrir. Ce gamin vous admire alors, si vous voulez réellement le bien de votre ville et du reste de la nation, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Il sera bien traité, je vous le garantis. Ne m’obligez pas à passer à la vitesse supérieure. »

A la fin de ses paroles, Amazo fonça en direction de Superman. Il avait choisi sa cible, je me suis arrêté quelques secondes pour observer le spectacle. La créature robotique fusillait Superman du regard et, un simple contact visuel avait suffit pour entrainer à son adversaire de violent vertige, une migraine assez puissante pour étourdir son ennemi. Il enchaina ensuite par une puissante onde psychique, comme si Superman venait de se prendre l’équivalent d’un mur en béton armé en pleine face. J’étais à une centaine de mètre du combat, mais je ne pouvais pas aller plus loin. Je m’inquiétais et Arthur le savait.

« Superman ! Est-ce que tout va bien ?! Tu es sûr ? »

« Je peux tout arrêter Joey. Je peux tout arrêter si tu acceptes de te rendre. Combat tes démons. Tu es une bonne personne, j’en suis persuadé, mais tout ce qui est en train de se passer sont dû à tes mauvaises décisions. Penses-y. »

« Non… Arrête ! »

_____Je n’avais pas encore pris part au combat. J’étais assez éloigné de ce dernier, avec un Arthur Vilain qui tentait tant bien que mal de me faire changer d’avis, en me faisant culpabiliser. Je suis un bon garçon, non ? Je ne supporte pas que mon entourage souffre par ma faute, il le sait. Il m’a vu grandir, comment pouvait-il ne pas savoir. Même si je suis loin de la bataille, j’entends Superman souffrir. Son adversaire est coriace. J’ai envie de lui venir en aide, mais je savais que si je m’avançais davantage, je deviendrais la cible principale et Amazo n’aurait besoin que de quelques secondes pour me maitriser.
Les paroles d’Arthur avaient réussi à me mettre le doute. Avais-je pris la mauvaise décision ? Est-ce qu’il était préférable de se faire un peu de mal pour protéger les autres ? L’idée de me rendre à Waller m’effrayait horriblement. Si Arcane était un véritable tortionnaire, qui sait ce qu’Amanda était capable de faire sur ma carcasse. Cette fois, je n’aurais pas l’occasion d’isoler les souvenirs au fond de mon subconscient pour m’éviter les effets néfastes du stress post-traumatiques. Et si jamais ça ne fonctionnait pas. Si jamais personne n’arrivait à oublier mes actions en Europe. Est-ce que j’aurais fais tout ça pour rien ? Est-ce que je suis condamné à fuir toute ma vie ?

Au moment où je me remettais tout en question, Superman est arrivé. Il avait toujours cette tendance à arriver pile au bon moment. Il était parvenu à localiser Arthur qui communiquait avec moi à travers mon téléphone. Il n’avait fait que le pousser, mais ça avait été suffisamment puissant pour assommer mon médecin traitant. Mon téléphone était parvenu à retranscrire le bruit du choc. C’est là que j’ai compris ce qu’il venait de faire.
Pendant quelques secondes, Amazo avait été sans adversaire, et son regard s’était immédiatement porté vers moi. Nos yeux se sont croisé quelques secondes, j’ai su immédiatement que si je ne désertais pas immédiatement les lieux, c’est moi qui allais être sa prochaine victime. Je me suis envolé au loin, Amazo a tenté de me suivre à son tour avant d’être interrompu par Superman. Même les yeux fermés, ce dernier était parvenu à atteindre la créature en pleine mâchoire. Si je n’étais pas occupé à fuir les environs, j’aurais probablement savouré ce spectacle. Superman m’a dit qu’il me retrouvera, où que je sois, je lui fais confiance là-dessus.

Arthur s’était difficilement remis de ce coup. Son dos le faisait souffrir, mais il se forçait à se redresser pour observer Amazo et Superman se battre. Le coup du héros était parvenu à détruire une partie de sa carapace de ferraille pour laisser entrevoir l’intérieur. La situation se compliquait et lorsqu’Arthur avait regardé autour de lui pour essayer de me retrouver, il ne trouvera rien. A l’intérieur de son oreille, un écouteur qui s’activa au milieu de ses recherches.

« Vous avez échoué, votre plan a échoué. Comme c’est surprenant. » La voix d’Amanda Waller ne dégageait aucune sympathie hormis du mépris et beaucoup de condescendance à l’égard d’Arthur.

« Non, vous vous trompez, si Superman n’avait pas été là, Joseph aurait été appréhender. »

« Inutile de vous cherchez des excuses. Je vous ai laissé votre chance et vous avez échoué. Abandonné votre plan ridicule, tâchez de ramener Amazo en bonne état. Nous agirons à ma manière, cette fois. »

« Malheureusement pour vous, j’ai perdu de vue votre cible. »

« Peu importe, nous le trouverons tôt ou tard, l’étau se resserre sur lui et même un Superman ne pourra pas nous arrêter. Maintenant, revenez, j’ai toujours besoin de vous. J’ai besoin que vous me parliez un peu plus de Jericho. »

« Bien, très bien. »

Mais Amazo ne veut pas abandonner. Même si son visage commence à tomber en miette, même si mes pouvoirs ne lui sont plus d’aucune utilité, il écrasera tout ce qui se trouvait sur son chemin. La bestiole de ferraille de redressa et se jeta sur un Superman volontairement aveuglé. Il l’entraina pour le jeter sur le premier mur d’un immeuble, puis un deuxième, puis un troisième, pour réduire la résistance de son adversaire.

« Détruire SUPERMAN. »

_____Les circuits électriques qui servaient de neurones Amazo semblait avoir été endommagé par les premiers coups de Superman. Il n’agissait pas de la même façon et éprouvait une rage folle envers son adversaire qui venait de l’abîmer. Difficile de savoir si cette créature disposait réellement d’une conscience mais elle débordait de haine à l’égard du héros. Arthur avait abandonné son poste, sous les ordres de Waller. Il avait finalement laissé le robot se débrouiller tout seul, afin de distraire Superman pour rejoindre Amanda Waller. J’aurais pu l’arrêter, j’aurais dû l’arrêter. Je savais que j’allais le regretter plus tard. Ces connaissances sur moi, mes pouvoirs, étaient suffisamment dense et Waller le savait. J’aurais dû me manifester, mais sur le moment, j’ai été lâche trop lâche.

Amazo a essayé de s’acharner sur Superman, mais ses poings ne semblaient pas aussi efficaces que ceux du kryptonien. Même si l’âge l’avait gagné, sa force physique était encore là. Au bout de quelques échanges, la créature commence à perdre son avantage. Il devenait beaucoup moins rapide que son adversaire et alors qu’il s’apprêtait à repartir à l’attaque. Superman agit. Il lui décrocha l’un de ses meilleurs crochets du gauche qui lui explosa de nouveau la mâchoire jusqu’à la détacher entièrement. Amazo perd en faculté motrice et ses circuits sont touchés. Il devient beaucoup moins rapide que Superman, sans compter sa puissance qui diminuait au fil des secondes.
Superman enchaina très rapidement par un uppercut qui fut quasiment fatal. Amazo s’immobilisa soudainement avant de sentir ses sens doucement l’abandonner. Bientôt, il ne savait plus comment se maintenir dans les airs et la gravité le rappela à l’ordre. Progressivement, son corps se laissa tomber lourdement sur le sol, à quelques centaines de mètres. L’impact fut brutal et la route complètement déformée. Au moment de la chute, Amazo n’avait pas bouger d’un poil mais il n’était pas complètement inactif. Son dernier œil, qui n’avait pas encore été défiguré par les coups de Superman, brillait encore faiblement.

Moi ? Je me suis enfui le plus rapidement possible, loin de tout ça. Lâche, j’ai été très lâche, j’aurais pu aider Superman, je le sais, mais je commençais à perdre le contrôle. Je ne sais pas pendant combien de temps j’avais fui mais je devais bien me trouver à l’autre bout de la ville. St-Roch n’est pas une ville que j’ai l’habitude de fréquenter. Sur le moment, je me fiais surtout à mon instinct et ce dernier venait, encore une fois, de me mener jusqu’à un immeuble des quartiers pauvres de la ville. Celui-là menaçait presque de s’écrouler, les quelques habitants qui s’y logeaient encore se comptait dans les doigts d’une main. Je me suis réfugié dans les derniers étages qui avaient été pillé et tagué. L’endroit n’était pas vivable, glauque à souhait et les fenêtres avaient été détruite. Je ne sais pas pourquoi mais mon instinct trouvait cet endroit rassurant et familier.

Lorsque j’ai doucement reposé mes pieds sur la moquette décollée, mes mains ont recommencé à trembler. Je recommençais à perdre le contrôle de mes émotions, de mes pensées. J’ai chaud, j’ai froid, j’ai mal partout, je m’avançais doucement vers le coin le plus sombre de la pièce. Chaque morceau de verre que j’écrasais sous ma botte m’irritait les tympans. Le moindre bruit était source de stress immense. Je pouvais sentir mon cœur frappé violemment ma poitrine, des gouttes de sueurs glisser le long de mon front.
Le manque, cette sensation immonde de ton corps qui préfère se bouffer lui-même que d’accepter le manque. Combattre ma dépendance aux médicaments est difficile. Ils avaient comme premier but de me sauver, me stabiliser et leur effet m’offrait une seconde renaissance. Au fur et à mesure, je ne pouvais pas m’en passer et mon organisme commençait à s’y habituer beaucoup trop vite. Alors j’ai augmenté les doses, et l’addiction est venu de lui-même. Le simple fait de ne plus entendre sa voix me rendait heureux, alors je faisais tout pour le faire taire. Je ne pensais pas que cela me rendrait faible, alors j’ai continué. Ils en ont profité, Arcane me boostait avec des neurostimulants, je le sais. Ça me provoquait des hallucinations en plus de me rendre complètement fou.

Malgré tout ce qui m’était arrivé, j’ai continué d’en prendre. Amy était toujours là et pourrissait mon existence. Je faisais des cauchemars, mon corps étaient meurtri chaque nuit. Je suis incapable de le contrôler sans eux. Les antidouleurs m’aidaient à supporter la douleur, les neuroleptiques le faisait taire une bonne partie de la journée mais je ne pensais pas être un jour en rupture de stock. Je faisais tout pour que cela n’arrive pas. Comment j’ai pu être si imprudent ? Débile.

« Je voulais… Je voulais simplement prendre des médicaments. » Je me suis collé contre le coin du mur, mes bras collés nerveusement contre ma poitrine. Je surveillais les alentours pour vérifier l’éventuel venu d’un Amazo 2.0. « J’en… j’en ai besoin. C’est vitale… »

Oui j’en ai besoin, et le manque devenait insupportable. Ne me regarde pas comme ça, ce n’est pas moi qui t’es mis dans cet état. C’est toi, et toi seul. C’en est presque satisfaisant à voir. Mes bras se sont doucement décollées, mon visage s’est crispé. Je sais que si je prenais le risque de sortir pour récupérer mes médicaments, je risquerais de mettre ma vie en danger, et surtout de ruiner les efforts de Ray et Superman. L’une de mes mains commençait à frapper le mur derrière mois, au début c’était de simple coup, mais la douleur m’aide à penser à autre chose. Je frappais plus fort, encore plus fort, encore et encore devant le regard spectateur de mon parasite. Si tu veux un peu d’aide, tu n’as qu’à demander. Je continue de frapper, je sens mes os se fragiliser. La douleur est horrible, mais je voulais qu’elle me fasse oublier mon manque.

« ARRETE. ARRETE DE PARLER. »

_____Ca fait mal, mais au moins, ça me permettait de penser à autre chose. Amy profitait de ce moment de faiblesse pour me chercher, j’ai essayé de l’ignorer. C’est toujours compliqué d’ignorer une voix dans ta tête. Je venais probablement de broyer les os de ma main, je préférais ne pas regarder. Quelques gouttes de sueur s’étaient échappées de mon visage et un silence s’installa. Au moins, j’avais la paix pour un temps, Amy avait cessé de parler, du moins c’est ce que je pensais. Lorsque j’ai redressé le regard, Superman était devant moi, encore une fois. Il était parvenu à botter le cul d’Amazo et n’avait pas l’air d’avoir rencontrer de difficultés pour me retrouver. Heureusement qu’il n’était pas mon ennemi, hein ? J’aurais été dans une merde absolue. Mes tendances toxicomanes auraient été le cadet de mes soucis.
Tiens, revoilà l’autre crétin. Je savais qu’il n’allait pas fermer sa gueule longtemps, mais je m’en moquais. Superman est là, et je crois que ça vaut toutes les thérapies possibles. C’est ce que j’espérais, mais ce n’était pas aussi simple. A ce moment-là, j’ai arrêté de frapper ma main contre le mur. J’ai tenté de bouger mes doigts, mais en essayant, j’ai fini par me rendre compte des multiples fractures que je m’étais faites entre temps. Superman aussi semble aussi meurtri que moi. Je n’étais pas empathe, mais je pouvais sentir que ce sourire cachait une usure et une douleur physique. Il a besoin de souffler, moi aussi.

Non c’est, c’est à lui que je parlais. Ça, ça ne t’était pas adressé.

A mon tour, j’ai laissé échapper un petit sourire, dissimulant ma main dans la pénombre pour cacher ma bêtise. Malgré la fatigue, Superman m’a proposé de trouver un endroit calme pour discuter, et se reposer. Il en a besoin, moi aussi. Je sais qu’il ne pensait qu’à moi, à ce moment-là mais je voulais aussi qu’il se repose. J’ai attendu quelques secondes avant d’hocher timidement la tête, sans lâcher ce léger sourire sur mes lèvres. J’ai laissé ma main meurtrie sortir de sa cachette pour venir se poser sur la main tendue de Superman.

On s’était installé sur la terrasse du restaurant, légèrement à l’écart pour éviter que les regards s’attirent sur moi. Le bâtiment se trouvait à l’opposé de l’endroit où nous nous étions battus avec Amazo, ça m’évitait de recroiser des visages trop familiers. La présence de Superman avait un peu calmé la crise., même si les symptômes du manque était toujours présent. J’avais recouvert ma main blessée d’un bandage de fortune pour tenir la fin de la journée. Dans quelques jours, mes os se seront ressoudés et ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir. En attendant, je devais faire avec. J’ai commandé la première chose qui avait attiré mon regard sur la carte, une glace composée de multiple parfum avec sa crème chantilly et sa sauce chocolat. Un dessert sucré qui, je l’espère, pourra me faire oublier cette fixation constante que j’avais sur mes médicaments.

Je ne sais pas comment te remercier. Si tu n’avais pas été là… Je ne veux pas l’imaginer. Je veux pas trop savoir entres quels mains j’aurais finis. Merci. Je laissa échapper un léger sourire avant d’hausser les épaules. J’ai jamais cru que ma rédemption serait simple mais j’ai pensé que je pouvais réparer le mal que j’avais fait, mais je suis déjà incapable de me réparer moi-même.

Le serveur est arrivé pour apporter la commande, je me suis arrêté en plein élan pour me murer, de nouveau dans un mutisme. J’ai senti son regard basculer vers moi, j’ai cherché à le fuir. Il insistait, comme s’il m’avait déjà vu quelques parts. Amy l’avait également remarqué. Une énième conquête ? Tu as décidé de te taper tous les sodomites de cette Terre ? Ma tête est connue, il le sait, mais il ne peut pas s’empêcher de me pourrir la vie avec ces remarques de merde. Si je pouvais, je lui ferais bouffer ces cornes.

« Je suis désolé mais… Votre visage me semble familier. J’ai l’impression que je vous ai déjà vu… à la télé. » Le risque est grand, j’ai craint pour ma vie. Ma tête a pivoté vers lui, mon regard a croisé soudainement le sien, créant un contact visuel de quelques secondes. Je n’avais pas besoin de plus pour lui retirer cette idée de la tête. Bon sang, je n’aime pas faire ça. « Je… veuillez m’excuser de vous avoir importuner, je me suis sans doute trompé. Bon appétit. »

« Ce n’est rien, ne vous en faites pas, merci. »

Au moins, j’avais mon immense dessert glacé pour me consoler. C’était un moindre réconfort mais ça suffira. Il faut dire que laver le cerveau d’innocent devant son idole d’enfance n’a rien de glorieux. Je ne pouvais pas chasser ce sentiment de honte.

J’ai toujours vu ce don comme un moyen de protéger mes amis, d’aider des innocents. Regarde ce que j’en ai fait. Pour les autres, c’est une arme de persuasion, de quoi manipuler. C’est pas ce que je voulais. Quand je m’en suis pris à cet étudiant, à l’académie, ça m’a rappelé que je ne me suis jamais servi de mes pouvoirs pour une bonne chose, volontairement ou pas.

J’ai attrapé la cuillère qui était planté dans le dessert pour venir prendre quelques bouchées afin de ne pas me lancer dans un éternel monologue. Ma main droite était endommagée, j’aurais pu, au moins, avoir l’intelligence de m’en prendre à celle dont je me servais le moins. Mon dernier bras valide tremblait, dû au manque, ma jambe également. C’était difficile de cacher les effets secondaires, mais je fais en sorte qu’ils restent discrets.

Amy, ce qu’il s’est passé en Europe, ça n’a rien arrangé. Arcane m’a détruit psychologiquement et c’est très difficile de vivre avec ses souvenirs. Ils sont dans mon subconscient, je ne les vois pas, je ne me souviens pas d’eux mais ils sont si… douloureux qu’ils arrivent à me faire perdre le contrôle de mes émotions. J’ai… j’ai donc pris des médicaments, des antidouleurs à cause de mon parasite et des neuroleptiques également. Avant, elles me permettaient surtout de réduire mon pouvoir et… à le faire taire, je ne veux plus entendre sa voix. Maintenant, ça sert aussi à me calmer et avoir l’air plus stable. Ça marche, ça marche très bien, mais j’en prends trop. Ça… ça m’est arrivé de voler dans l’infirmerie du Dr Fate parce qu’il refusait de m’en donner. J’étais certains qu’il avait tort, j’en ai tellement besoin. Dès que je n’en ai plus, je deviens complètement taré. Je voulais… juste me rendre à une pharmacie pour que ça cesse, pour me dire que je peux vivre une vie normale, l'espace d'un instant.

_____La situation aurait pu déraper si je n’avais pas décidé de rentrer dans la tête de ce pauvre homme pour lui laver le cerveau. C’est ce que j’essayais de me dire pour retirer cette culpabilité qui me collait à la peau depuis mon retour au pays. Malgré cette petite interruption, j’ai repris mes esprits et j’ai joué carte sur table. Je ne connaissais Superman personnellement que depuis quelques heures mais j’éprouvais aucune difficulté à lui exprimer ce que je ressentais au plus profond de moi. Mon mal être, mes peurs, je lui avais pratiquement tout résumé. Il était beaucoup plus facile pour moi de me confier à l’idole de mon enfance qu’avec mon père. J’ai laissé échapper un sourire face aux remerciements de mon héros qui espérait être digne de cette confiance que je lui accordais.

Bien sûr que tu en es digne, tu es Superman. Je t’ai admiré toute mon enfance, à défaut d’admirer mon père. Quand j’ai eu mes pouvoirs, tout ce que je voulais c’est être comme toi, un héros. J’ai légèrement détourné la tête car je savais qu’en voulant devenir un héros, je n’avais pas fais que du bien, inconsciemment ou pas.

Superman voulait m’aider et je sais qu’il aurait aimé me venir en aide avant qu’Arcane me détruise complètement. Je ne peux pas lui en vouloir, je ne peux blâmer personne dans cette histoire. Au fond de moi, je savais que cette situation était inévitable. Recevoir autant de compliment de la part d’un grand héros ne pouvait que m’apaiser et me faire sourire. Pendant un instant, j’ai complètement oublié les paroles désagréables de mon parasite intérieur pour me concentrer sur lui, seulement sur lui.
Ma fuite était stupide, un acte idiot qui aurait clairement pu m’envoyer plus bas que terre entres les mains des autorités. J’ai hoché simplement la tête entre quelques coups de cuillères nerveuses avant de m’arrêter complètement. L’académie était probablement le seul endroit où je pouvais avoir tout ces soutiens psychologiques

Je… Ouais tu as raison. Je sais, je sais que ma fuite était stupide. Je n’ai pas su contrôler cette pulsion, j’ai eu peur de faire à nouveau du mal aux étudiants de l’académie. Je n’arrive pas toujours à interprété mon comportement irrationnel mais quand les choses vont mal, je me réfugie souvent dans des endroits lugubres et sombres. Sous la table, j’ai commencé à gratter nerveusement mes poignets, sans réellement m’en rendre compte. Je crois, je crois que c’était le seul endroit où je savais qu’Arcane ne me ferait plus de mal. C’est ancré dans mon subconscient, c’est pas volontaire de ma part. Je n’ai pas voulu fuir… juste pour fuir. C’est… instinctif, je crois. Je veux le faire, je veux surpasser ça. Je sais que je n’y arriverais pas seul. J’ai besoin d’aide.

Savoir Superman à mes côtés, c’était un gros bonus. Ray faisait déjà beaucoup pour que je me sente mieux dans son académie et dans ma tête. Je ne pouvais pas abandonner en si bon chemin, même si la traversée était encore longue. Après m’être rendu compte que j’étais en train de mutiler ma peau au niveau de mes poignets, j’ai immédiatement redressé mes bras pour les ramener sur la table pour pouvoir finir ma glace, comme si de rien n’était alors qu’on pouvait voir la trace de mes ongles rougir ma peau.

Je veux savoir… Est-ce que cette situation t’es arrivé. Je veux dire, est-ce que tu t’es déjà dit, que tu avais fait tellement de mal autour de toi, que tu n’arriverais plus jamais à te considérer comme un héros, comme quelqu’un qui peut encore faire du bien pour les autres ?

_____Ces questions qui m’obsèdent, ces tourments qui me bouffent depuis tout ce temps, ce sont des confidences que l’on préfère faire en famille, non ? Superman avait beau être l’idole de mon enfance, il restait un parfait inconnu, personnellement parlant. Était-ce réellement trop naïf de ma part de me livrer à lui ? Peut-être, mais je n’avais rien à perdre en essayant de me confier à quelqu’un que j’estimais digne de confiance, et qui pourrait me comprendre. Me confier à quelqu’un qui aurait, surement, vécu une situation similaire pouvait peut-être m’aider à prendre les bonnes décisions.
Entre quelques gestes nerveux, j’étais parvenu à terminer mon dessert en sentant la crème glacée me frigorifier la gorge. J’espérais bien que cette sensation désagréable me permettrait d’être un peu agité émotionnellement. Je m’étais permis de jeter un rapide coup d’œil autour de moi. Il est vrai que la scène de Superman qui répond à des questions que personne ne peut entendre pouvait être assez déstabilisante. Je me suis tourné vers lui avant de commencer doucement, à tester une autre méthode de communication.

Je peux comprendre que la télépathie, c’est très intrusif. dis-je en continuant de signer en plus de laisser mes pensées entrer dans l’esprit de Superman. Je peux signer, si tu es plus à l’aise avec ce moyen de communication.

Je pouvais également me servir de mon téléphone et de son émetteur subvocal mais les récents évènements m’invitait à m’éloigner un peu de mon smartphone. Je me demandais même si les brouilleurs de Ray suffirait pour protéger l’académie, et me protéger d’une éventuelle nouvelle attaque. La télépathie violait un peu l’espace personnelle de mon interlocuteur. Peu importe sa réponse, j’accepterais son choix.
Les réponses de Superman semblait me rassurer et m’apaiser un peu plus. Il y avait encore un espoir pour que Jericho soit vu autrement qu’un collaborateur et un traite ? Je sais que le chemin sera horriblement long et difficile et que certaines personnes ne pardonneront jamais mes erreurs passées. Mais je sais aussi qu’il y a beaucoup de monde derrière moi. Doucement, un sourire se dessinait sur mes lèvres.

Ouah. Je, j’apprécie réellement vos paroles. Elles me réconfortent. Je ne veux pas lâcher. Je me suis battu pendant des mois, contre ce parasite. Maintenant, je dois me battre contre des fantômes, des souvenirs oubliés qui ont détruit tant de vie, dont la mienne.

Entre mon parasite et des souvenirs obscurs, je préférais mille fois être possédé par un second démon que d’être hanté par des brides d’un passé dont je ne peux pas me souvenir. Plus le temps passait et plus je parvenais à contrôler mon parasite. Oh, il n’était pas devenu plus agréable à vivre mais nous étions parvenus à trouver ses failles et avec un peu d’expérience, je commençais à comprendre comment l’arrêter, ou presque. Enfin, une chose est sûre, à côté de Superman, je ne craignais pas grand-chose. Lorsque ce dernier me proposa un autre dessert, mon regard venait de se tourner vers le contenant en verre qui abritait mon repas, complètement vide. Bon sang, est-ce que je viens de m’empiffrer ce dessert aussi rapidement sans m’en rendre compte ?

Je ne dis pas non. Je pourrais dire que je mange pour deux mais les démons n’ont pas ce genre de… besoin primaire alors… je me contenterais de dire que j’ai TRES FAIM !

Je laissai échapper un rire silencieux, collant ma main contre ma bouche avant de laisser ma colonne vertébrale se rapprocher du dossier de ma chaise. Un peu de nourriture ne ferait pas de mal. J’avais tellement de question à lui poser et, maintenant que j’avais l’une des figures héroïques de mon enfance sous la main, je pouvais lui poser des questions qui me tenait à cœur. Mon sourire avait progressivement disparu pour laisser place à un visage un peu plus sérieux.

Je veux être une meilleure personne. Je ferais tout pour effacer ce que j’ai fait mais j’ai peur de prendre une mauvaise décision. Parfois, j’arrive à me souvenir de ce qu’il s’est passé en Europe. J’entends les supplices des victimes d’Amy, des innocents, des mages qu’il a détruit psychologiquement. Ils étaient parvenus jusqu’à moi pour me supplier de prendre le contrôle, de l’arrêter mais je n’ai rien fais. Je ne comprenais même pas ce qu’il se passait, ou je faisais le sourd. J’ai isolé tous mes souvenirs d’Europe dans mon subconscient. Je me dis que si je récupérais ses souvenirs, je pourrais essayer de me rattraper auprès des personnes qui auraient survécu mais… je sais que ça me détruirait mentalement. Ce qu’Arcane m’a fait était inhumain… tout aussi inhumain que ce qu’il nous a forcé à faire. Je déteste Amy, mais même lui n’avait aucune intention de faire autant de mal. J’ai relevé les yeux directement vers Superman. Maintenant, je peux te poser la question directement : Qu’est ce qu’aurais fait Superman à ma place ? Est-ce que je dois prendre ce risque… celui d’être complètement détruit psychologiquement. J’ai déjà eu l’avis de beaucoup de gens autour de moi mais j’aimerais surtout avoir le tiens. Un moment de silence s'installa. J'ai essayé de détendre un peu plus l'atmosphère. Je n'ai pas envie de me morfondre à nouveau. Avant ou après la tarte, hein ça n'a pas d'importance !