« Entre quatre murs » ft. Jaime Reyes

_____L’endroit était à peine éclairé et la cellule dégageait une atmosphère angoissante qui me glaçait le sang. Si seulement c’était la chose la plus déstabilisante dans cet endroit lugubre. Les quelques meubles qui avaient été placé dans cette maudite cellule semblait beaucoup trop collés à cette pièce qui avait résumé une grande partie de mon séjour en Europe. Je n’avais que de brefs souvenirs de ce passage de ma vie mais ils étaient déjà suffisamment réels pour me hanter le restant de mes jours.
Je portais une tenue simple qui devait être autrefois blanche avant de finir dans les teintes grises à force d’être passé et mélangés à plusieurs couleurs différentes. Il avait probablement été porté par un autre patient, une tenue réservée aux patients d’un hôpital psychiatrique. Le logo d’Arkham trainait sur le côté droit de mon haut et un petit badge avec mon nom, prénom et un code barre y demeurait.

Je sais que je ne me trouvais pas à Arkham. L’endroit avait plus l’air de ressembler à un sous-sol, une cave humide, un bâtiment aménagé à la hâte qu’à un réel établissement. C’est un lieu dont l’emplacement avait été gardé secret pour éviter tout débordement ou tentative d’assassinat. Ce n’était probablement pas le premier but de cet isolement, un prétexte tout au plus pour convaincre le juge de m’interner pendant toute la durée du procès.
Cet enfermement n’avait rien de bienveillant, je le savais. Je l’ai su à la seconde même où le procureur l’avait exigé, tout en refusant que mes proches puissent me rendre visite. C’est par précaution qu’ils disaient, mais je n’en croyais pas un mot. Ils étaient au moins plus d’une dizaine à graviter autour de ma cellule insonorisée. Une fois que j’ai commencé à m’installer dans ce qui semblait être ma chambre d’hôtel en plus sommaire, ils ont essayé de me faire prendre un traitement médical sans m’expliquer la composition de ces derniers. Ils avaient tous une forme différente, certains étaient bicolores, d’autres monochromes. Il devait bien avoir cinq comprimés dans le gobelet en plastique que l’un des gardes avaient glissé à travers la petite trappe à la porte de ma cellule. J’ai fait semblant d’avaler les comprimés devant lui, il semblait sceptique mais reprit le gobelet pour finalement me donner un plateau repas maigrichon.

Je n’ai pas faim, j’étais méfiant. Qui sait ce qu’il y avait à l’intérieur de cette purée et de ce steak qui ressemblait plus à de la semelle qu’autre chose. J’ai laissé ce même plateau pourrir dans un coin de ma cellule, près de l’évier pour finalement me rapprocher de la porte d’entrée pour essayer de comprendre un peu plus le monde environnant. Il y avait trois soldats, et deux personnes en blouse blanche que je parvenais à distinguer au fond du couloir, à travers la petite vitre de ma chambre qui m’offrait un peu de luminosité artificielle. Si je me concentrais un peu plus, je pouvais entendre les deux individus échanger quelques paroles.

« Vous êtes certains de ce qu’il a dit ? Augmenter les doses… nous risquerions une overdose. La sédation administrée au tribunal était déjà assez lourde. »

« Et elle ne lui a rien fait ? Vous l’avez bien vu ? »

« Je ne pense pas que ça soit une si bonne idée. Je veux dire… la sédation n’atteint pas les créatures mystiques, je me trompe ? »

« Vous n’y connaissez rien, pas plus que moi. Ce sont les ordres. Tenez vous en à eux et restez à votre place. »

Je n’ai pas forcément compris qui se tenait au-dessus des médecins et ces derniers étaient malheureusement beaucoup trop loin pour que je puisse entendre leur conversation. Très vite, un lourd silence s’était installé et je me retrouvais seul avec moi-même après avoir recraché les médicaments que j’avais gardé sous ma langue dans la cuvette des toilettes.
Il n’y avait plus grand-chose à faire entre ces quatre murs, alors j’ai essayé de trouver le sommeil. L’ambiance malsaine de cet endroit ne faisait qu’accroitre mon stress. Je ne pouvais pas me sentir à l’aise dans cet endroit qui me rappelait juste les pires moments que j’avais passé en captivité. J’étais resté allongé sur mon lit, le corps recroquevillé, les yeux écarquillés, grand ouvert, quelques gouttes de sueur sur mon front et mon cœur frappant violemment ma poitrine. Pétrifié par une peur difficilement contrôlable, j’attendais simplement que la nuit passe, espérant que le deuxième jour de ce procès soit un peu plus digérable.