« Old time, same friends » ft. Dick Grayson / Nightwing

_____J’ai refermé vivement le téléphone juste après avoir envoyer l’adresse à Dick Grayson. Mécaniquement, je me suis recroquevillé sur mon lit en me posant mille et une question. Etais-ce réellement le bon moment pour proposer un verre à un vieil ami après tout ce qui venait de me tomber sur la gueule ? Il y aura-t-il réellement un bon moment ? Mon esprit surchauffait et je crois que je me prenais inutilement la tête avec ce genre de question. Il faudra bien deux bonnes heures pour lui narrer l’enchainement de mes mésaventures.
Je n’ai pas pu quitter l’académie depuis plusieurs jours maintenant, ordre des autorités. Je n’ai pas contesté, je n’étais pas vraiment en mesure de coopérer avec les lourdes charges que je trainais avec moi. Je pouvais déjà m’estimer heureux de ne pas finir entre les mains d’Amanda Waller et de sa Suicide Squad ou dans un quelconque pénitencier. Je laissais le garde du corps qu’on m’avait assigné violer mon intimité. J’avais également eu le droit de porter quelques bijoux inhibiteurs de pouvoir encerclant mes deux poignets. Je ne savais même pas s’ils fonctionnaient réellement ou s’il s’agissait d’un accessoire pour me dissuader d’utiliser mes pouvoirs psychiques. Je ne comptais pas réellement m’enfuir de toute façon.

J’ai essayé de me montrer un peu plus présentable. Je n’avais pas revu Nightwing depuis ma mort, c’est un sentiment assez particulier de revoir quelqu’un après l’avoir vu se faire assassiner par son propre père. Je devais faire bonne impression pour faire passer la pilule, redessiner ces bouclettes folles, chasser ce teint pale de mon visage, cacher ces petits bracelets métalliques sous les manches de ma veste. Tu espères impressionner qui avec ta sale gueule ? Il est là, il est toujours là, comment aurais-je pu l’oublier ? Cette voix qui hantait mon esprit, celle du démon qui parasitait mon corps, elle était toujours là. Il intervenait de moins en moins souvent, seulement pour me rabaisser. L’ignorer est la meilleure des solutions mais je ne pouvais pas m’empêcher de sortir une petite remarque. Pitié, ne fout pas tout en l’air. marmonnais-je en mordant nerveusement ma lèvre inférieure. Pas de réponse.

Quand je me suis senti prêt, je suis sorti de ma chambre en oubliant presque le gorille qui se trouvait juste derrière cette dernière. Mon appartement se trouvait un peu à l’écart des autres étudiants, il avait également la particularité d’être recouvert de multiple symbole mystique, une prison magique pour empêcher le démon de s’échapper lorsque je perdais le contrôle de mon corps. L’homme mandaté par les autorités me regarda de haut avec un certain mépris alors que je voulais seulement prendre l’air.

« Relax, je vais seulement me dégourdir un peu les jambes. Suis moi si tu en as envie » signais-je en essayant de ne me montrer le plus calme possible. Ils avaient eu au moins l’intelligence d’envoyer quelqu’un qui connaissait le langage des signes.

Mon regard s’est ensuite jeté sur mon téléphone, j’ai laissé un message à Rose pour qu’elle puisse me rejoindre si c’était déjà le cas. Elle aussi n’avait pas revu Nightwing depuis un moment, je n’allais pas lui gâcher cette opportunité. C’est papa qui l’avait ramené à la Justice Academy, il devait sans doute croire qu’elle avait besoin d’apprendre. Si elle était restée là-bas, c’était uniquement pour veiller sur moi, c’était ce qu’elle m’avait rétorqué. Elle n’aimait pas vraiment me voir dans cette situation, pris en étau.
Il était toujours derrière moi, à épier mes moindres faits et gestes. J’essayais de l’ignorer, mais il ne fut pas d’une grande discrétion. Il y avait une cafétéria un peu plus loin, à proximité de la cour principale. A cette heure-ci, il ne devrait plus y avoir grand monde. Je lui avais donné rendez-vous là-bas, Rose ne devrait pas tarder non plus.

Je me suis installé un peu à l’écart pour éviter d’attirer l’attention. Même si la plupart des étudiants étaient conscient que j’étais innocent, une minorité restait perplexe, et du côté de Waller. Difficile pour certain d’imaginer que j’étais l’une des nombreuses victimes du régime de Degaton alors que j’avais tué, lobotomisé des centaines de résistants. Cette longue histoire, j’allais devoir l’expliquer à un vieil ami en espérant qu’il croit ma version des faits.

Rose est arrivé quelques minutes plus tard après m’être installé. Elle se permit de dévisager mon garde du corps qui s’était assis un peu plus loin pour me donner un minimum d’espace. Je lui avais déjà demandé d’arrêter de faire ça, c’était plus fort qu’elle.

« Il ne ressemble pas franchement à Dick celui-là. Je l’imaginais… un peu plus petit avec des jambes de danseuse. » répliqua Rose, vêtu d’un t-shirt bien trop grand pour elle et d’un jean à moitié déchiré. « Il a eu peur de toi et il s’est enfuit ? » Elle s’installa de manière nonchalante avant de regarder une énième fois le gorille. « Il te fait pas des misères celui-là ? Tu n’as qu’un mot à dire et je lui éclate les dents. »

« Il va venir, c’est un vieil ami. » Rose n’était pas une grande amatrice de la langue des signes. Elle connaissait les bases, mais elle n’avait pas cherché à en apprendre plus. Elle n’en avait d’ailleurs pas besoin. Le téléphone dernier cri que j’avais posé sur la table avait la capacité de retranscrire mes pensées directement dans les petites enceintes de cet appareil. Longue vie à la technologie. « Il n’est pas très bavard, mais j’aurais préféré avoir un chien, comme animal de compagnie. C’est assez glauque quand il doit me regarder dormir, la nuit. » me moquais-je. « Je ne connais même pas son petit nom en plus. J’ai quelques idées, genre Snoopy, Rex, t’en penses quoi ? »

« Je sais pas comment tu fais pour rire de cette situation. » grommela Rose en mordant sa lèvre, certaine que je méritais pas un tel traitement. J’ai haussé simplement les épaules.

« Je commence à avoir l’habitude. C’est la dernière ligne droite, j’en suis convaincu. »

« Si tu le dis. »

Ma main se glissa doucement en direction de ma poche pour en sortir une petite boite contenant plusieurs médicaments. Ce sont des antipsychotiques et des antidouleurs, j’en prenais régulièrement à dose variable, c’était presque devenu une addiction. Rose n’aimait pas réellement que je les prenne et elle n’allait pas s’empêcher d’en faire la remarque.

« T’as vraiment besoin de ça avec ce que tu trimballes aux poignets ? Tu peux déjà plus posséder qui que ce soit avec ça. Tu risques pas de faire exploser le crâne de Grayson dès que tu croiseras son regard. »

« Les prendre me rassure. » affirmais-je froidement en détournant le regard une fois avoir poser les gélules au fond de ma gorge. « … et il n’y a pas que ça. Le jour où tu auras des voix qui se manifesteront dans ton esprit, tu viendras me faire la leçon. » Rose détourna à son tour son regard, bien sûr qu’elle ne comprenait pas réellement ce que je pouvais ressentir et je ne lui en voulais pas d’essayer de faire ce qui était le mieux pour moi. « Tout va bien Rose… » j’ai laissé échapper un sourire. « Respire, je gère la situation. »

_____Je sens mon cœur se serrer lorsque la porte s’ouvre. Je n’ai pas besoin de détourner le regard pour savoir que c’est lui, je le sentais instinctivement. Ça fait toujours quelque chose de revoir un ami, après des années d’absence, après tout ce qui s’était passé. A l’époque où j’avais connu Dick Grayson, il faisait ses premiers pas en tant que Nightwing. Il avait bien grandi, depuis le temps, ce n’est plus le même homme, il est beaucoup plus séduisant. Lorsqu’il s’est rapproché de moi pour me prendre dans ses bras, j’ai répondu à son étreinte sans poser de question, très heureux de le revoir après toutes ses années.
Quand je suis rentré chez les Titans, à peine âgé de quatorze ans dans l’espoir d’arrêter la folie vengeresse de mon père, c’était l’un des premiers à m’avoir donné sa confiance, un geste que je n’avais jamais oublié. C’était à lui que je devais mon intégration au sein de sa petite équipe, jusqu’à ma mort. Je lui confiais beaucoup mes doutes, mes craintes, tout ce qui me passait par la tête. Au fond de moi, je savais que je n’avais pas grandi normalement. Le mal que mes parents m’ont transmis continue de me ronger. J’ai le sang chaud de mon père, les pensées manipulatrices de ma mère. Tout ce qu’il me restait de bon en moi, m’a été inspiré par lui. Honnêtement, je crois que j’aurais fini complètement dingue si je n’avais pas croisé ta route.

« C’est bon de te revoir, t’imagines pas à quel point. » Mon téléphone dernier cri était toujours aussi efficace pour retranscrire mes pensées. Rose observa la scène, légèrement en retrait. Elle a toujours été moins affective que moi. « T'en fais pas pour ça, la technologie est là pour palier à ça. Tu n’as pas besoin d’être un expert en langue des signes mon pote. »

Pendant que Dick saluait Rose, mon regard s’est arrêté quelques secondes en direction de mon chien de garde. Il nous observait, comme si je préparais un mauvais coup pour m’enfuir de l’académie. Cette idée ne m’avait jamais traversé l’esprit, encore moins l’idée de mêler Dick à ces histoires. Rose aussi avait remarqué ses yeux insistant à travers ses lunettes de soleil. Il restait un peu à l’écart, mais il n’avait pas oublié son travail. Je pouvais sentir ma sœur se retenir de l’insulter de tous les noms. J’ai posé la main sur son épaule pour détourner son attention, avant qu’elle n’enfonce le clou.

« Ne faites pas attention à lui. Il me surveille pour éviter que je vous tue. » J’ai laissé échapper un soupir avant de lever les yeux vers le gorille, à mon tour. « Hey ! Dis bonjour, Rex ! » Un silence s’installa, il n’avait aucune envie de se montrer poli ce soir. J’ai fini par hausser les épaules avant dessiner un sourire sur mes lèvres. « … il est un peu con sur les bords, mais passons. »

J’ai fini par l’ignorer complètement, il fallait que je m’y habitue de toute façon. J’essayais de détendre l’atmosphère du mieux que je le pouvais. L’idée d’être prit en pitié sur ma situation ne m’intéressait pas vraiment. D’un geste, j’ai invité ma sœur et Dick à s’installer. Rose attend le dernier moment pour nous rejoindre, dévisageant une dernière fois le garde du corps.

« Alors ? Que devient l’un des pires Robin de Batman ? Tu as essayé de retomber dans l’ombre après ton départ chez les Titans ? » Rose est provocatrice, elle aimait chercher les ennuies, mais elle ne pensait pas ce qu’elle disait. Dick n’est pas le pire des Robin. Le dernier à l’air d’être une vraie petite teigne. « T'en fais pas. Slade ne viendra pas te tuer, il n’est plus d’humeur à courrir derrière des gosses. » C’est comme si elle lisait dans ses pensées.

« Alors, qu’est-ce que tu deviens depuis tout ce temps ? Je t’imaginais plus petit dans mes souvenirs. »

_____Dick avait toujours confiance en moi, malgré toutes ces années. Je n’en avais jamais douté mais l’entendre me le dire de vive voix me réconfortait. J’ai laissé esquiver un léger sourire avant de le laisser s’installer à mes côtés. Rose ne l’avait pas épargné, elle était rentrée dans le tas pour le taquiner un peu. Je l’ai laissé faire, un léger sourire amusé se dessinait sur mes lèvres. Pour fuir un peu la réalité, j’ai orienté la conversation de sorte à ce qu’il me parle de lui, avant tout. Je savais que Dick avait quitté les Titans il y a quelques temps de cela, lui qui avait toujours été le leader de cette équipe. Chacun évolue tranquillement de son côté.

« Elle n’y va pas de main morte avec toi. » rétorquais-je avec un léger rire silencieux. « Le bleu te va quand même nettement mieux, sans vouloir vexer ton costume de Robin. Je serais mal placé pour ça. »

« T’es prof dans un lycée ? Tu leur enseigne comment supporter Batman ? Tu dois faire tomber par terre toutes ces filles avec leurs hormones en ébullition. »

Ouais, je me souviens de mon premier costume et je préfère l’oublier. Rose avait mentionné notre père, assez pour piquer la curiosité de Dick. Il n’avait pas pourchassé les Titans depuis un moment, je pense qu’il avait renoncé, sans vraiment l’avouer directement. Il s’était contenté de continuer sa petite vie de mercenaire, enchainant les contrats d’assassinat en cachant le dossier Titans au fond d’un placard de son bureau en espérant oublier cette impasse à son code moral. C’est Rose qui prit les devants concernant ce sujet glissant dont on était sûr de rien. Papa ne nous disait pas grand-chose, mais nous savions que quelque chose n’allait pas.

« Slade a toujours été compliqué à cerner. » affirma Rose en claquant nerveusement le bout de ses doigts sur la table. « Mais… ces temps-ci, c’est encore plus compliqué de comprendre ce qu’il se passe chez lui. Il joue au héros, il essaye de se mêler de nos vies privées pour nous conduire vers... le droit chemin, comme il dit. Je crois que quelque chose ne va pas… »

Je n’ai pas préféré rajouter quelque chose à ce sujet. Je crois que je préférais éviter le sujet, comme si je voulais fuir la réalité. J’avais énormément de problème à gérer et Papa s’était progressivement éloigné de moi, tout en essayant de m’offrir le meilleur avenir, indirectement. Il m’avait protégé de Waller. La conversation a fini par s’orienter vers moi, comme je l’avais redouté. Bien sûr, je n’allais pas pouvoir esquiver le sujet bien longtemps. Je préférais toujours parler de ça que de la situation de papa, je m’y étais préparer psychologiquement.

« Ouais, tu as raté un tas de truc à Bludhaven, tellement de chose. J’ai quelques ennuies avec la justice, comme j’ai pu te l’expliquer rapidement par SMS. » J’ai repris mon souffle avant de recracher un bon bol d’air. « Quand je suis revenu d’entres les morts, je ne suis pas revenu seul. J’ai… je partage mon âme avec un intrus, un démon banni des enfers. Il est toujours là, il voit à travers mes yeux, il entend à travers mes oreilles et… il a renforcé mes pouvoirs psychiques. Mon instabilité s’est fait remarquer par les mauvaises personnes. L’ancien dictateur du régime européen m’a repéré, il a envoyé ses hommes me capturer. J’ignore encore comment il a pu savoir où je me trouvais. A l’époque mon instabilité avait causé des ennuies à toutes une ville, mon parasite était parvenu à contrôler toute une population, c’était un truc de taré. Les autorités m’ont eu à l’œil, j’ai été privé de mes pouvoirs, incapable de me défendre contre les hommes de Degaton. Je suis tombé entre les mains d’un mage, un nécromancien, Anton Arcane. J’ai subi une amnésie traumatique mais je sais qu’il m’a torturé pendant plusieurs mois, moi et mon démon… jusqu’à ce que je lui cède mon corps et qu’il obéisse aux ordres de mon bourreau. » L’émotion était encore là, je mordais mes lèvres pour retenir les larmes. Le bout de mes doigts tremblait mais mon téléphone ne retranscrivait pas la boule que j’avais dans la gorge. « J’ai fait énormément de mal à des gens innocents. Ils m’ont forcé à faire toutes ces choses. J’ai lobotomisé, tuer, torturer l’esprit de mage qui contredisait le régime. J’ai encore beaucoup de mal à encaisse tout ça, excuse-moi. » J’ai arrêté mon monologue quelques secondes pour reprendre le contrôle de mes émotions. Mon regard a filé quelques secondes pour observer Rose qui semblait compatir à mon chagrin. « J’ai passé des mois là-bas avant que ton petit frère ne retrouve ma trace et me sauve. Je suis rentré au pays, mais je n’étais pas le bienvenu. J’ai un mandat d’arrêt, Dick, pour collaboration avec un régime fasciste. Je me suis caché pendant des mois… jusqu’à maintenant. Maintenant… j’attends mon jugement, avec la boule au ventre. Ce n’est pas très joyeux mais je suis heureux de savoir que tout va bien de ton côté. »

_____Rose laissa échapper un léger sourire au coin après la mention de Damian Wayne. Elle s’entendait bien avec celui-là, il était également présent à l’académie. Je ne le connaissais pas personnellement mais je savais que je lui étais redevable. Il m’avait sauvé des griffes d’Arcane. J’ai appris qu’il avait également aidé contre la petite équipe suicidaire d’Amanda Waller. Je devais probablement me montrer reconnaissant, je le remercierais probablement un jour, lorsque nos chemins se croiseront. Je sais qu’il garde un œil sur moi, je n’aime pas être espionner mais j’ai senti qu’il ne se privait pas pour le faire.
Alors comme ça, Dick était devenu prof dans un lycée. Ce nouveau statut semblait amusé Rose qui imaginait déjà mille scénarios dans sa petite tête, cachant son sourire amusé derrière l’une de ses mains. Moi, je trouvais que cette profession lui collait à la peau. Il avait toujours été très altruiste, à l’écoute des autres. Partager ces connaissances avec de jeune recrus, c’est ce qu’il avait toujours fait avec ces successeurs, avec plus ou moins de difficultés suivant le sale caractère de ses élèves. Il était fait pour ça, du moins il avait un passif là-dessus.

« Dans un lycée, t’as vraiment choisi le bon endroit. Ça doit être un enfer pour toi, avec toutes ces gamins qui ont les hormones qui brûlent et qui te sautent dessus. Je payerais chère pour voir cette scène de fangirl hurlante te courir après, Dick. »

« Elles ne sont pas toutes comme ça, nan ? » J’étais peut-être naïf. Le lycée privé dans lequel m’avait envoyé ma mère était plutôt stricte. L’ambiance était relativement calme et aucune fille ne se permettait de courir après leur prof de sport pour essayer de passer la nuit avec lui.

Papa était une énigme pour nous tous, même si nous avions tous les deux, Rose et moi, une petite idée sur ce qu’il s’était passé et pourquoi il se comportait comme ça. On ne souhaitait pas réellement aborder le sujet, comme si on avait un doute sur cette réelle motivation. Je me suis contenté de baisser les yeux pour oublier ce sujet de discussion, mais je me suis permis de commenter la réaction de Dick.

« Slade n'est pas un père comme les autres. »

La discussion s’est orientée sur ma situation. Mon estomac s’était noué sur place lorsque j’ai essayé de raconter ce qui m’était arrivé à Dick, toute l’histoire ou presque. Je ne pouvais pas savoir à quel point j’avais causé du tort autour de moi, même sous la contrainte. Mon démon avait fait beaucoup de mal, avec mon corps, mes pouvoirs. Je ne pouvais pas me retirer cette part de responsabilité, quoi qu’il arrive.
Dick ne peut également pas s’empêcher de se sentir coupable de ne pas avoir pu m’aider à me sortir plus tôt de cette situation. Je n’ai pas à le blâmer, je n’ai à blâmer personne. Mécaniquement, j’ai laissé échapper un léger sourire triste avant de poser une main réconfortante sur l’épaule d’un vieil ami.

« Hey, tu n’as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit. Personne ne pouvait savoir où je me trouvais, ni ce qu’ils me faisaient subir. Moi-même je ne me souviens pas de tout. Je ne sais toujours pas si c’est une bonne chose ou pas d’être amnésique de ça... mais je sais que tu n’es pas coupable et que l’important, c’est que tu sois là aujourd’hui, nan ? » J’ai laissé s’agrandir mon sourire, même s’il était difficile pour moi de le faire dans une situation pareille. « Maintenant, j’attends mon procès. Si je ne m’en sors pas... je ne peux pas m’imaginer passer le reste de ma vie en prison, encore moins entre les mains de Waller... »

_____J’ai laissé échapper un petit rire amusé lorsque Dick a répondu à ma question. Elle était bête et stupide, je ne pensais pas sincèrement ce que je disais mais voir mon pote défendre ses élèves et me certifier qu’elles n’étaient pas toute comme ça me rassurait presque pour lui. Pourtant, je suis intimement certain que mettre qu’on a été un disciple de Batman dans son CV était bien plus intéressant que d’avoir été un disciple de Deathstroke. Je n’ai pas cherché à rajouter un commentaire là-dessus, ou presque.

« Le charme et l’élégance naturel de Dick Grayson fait des ravages ! » J’ai laissé échapper un nouveau sourire amusé, je crois que j’aurais payé cher pour voir la scène, Dick Grayson poursuivit par des collégiennes. « Je suis content que tu es un peu de stabilité dans cette ville de brute. Ça ne doit pas être de tout repos. »

Dick regrettait de ne pas être venu pour moi. Je ne peux pas l’empêcher de ressentir ces choses, je ne suis pas un empathe, malheureusement. Pourtant, je ne lui en voulais pas de s’être absenter. Gotham était une ville particulièrement foireuse et demandait une surveillance constante. Mon cas est particulier et j’ai passé de nombreux mois à me cacher, à dissimuler mon existence dans ce monde grâce à John. Je ne pouvais pas leur en vouloir, leur vie n’était pas aussi simple non plus. Rose s’est murée dans un silence pour me laisser l’opportunité de parler, un peu plus, en tête à tête avec Dick.

« Tu avais tes raisons de disparaître, Dick. Je ne peux pas t’en vouloir. On a tous eu des moments… difficile et on a tous besoin de prendre un peu de recul. L’important, c’est que tu sois là, maintenant, tu ne penses pas ? Essaye de te retirer cette part de culpabilité que tu as en toi, vraiment. »

J’ai laissé échapper un sourire triste. Ce procès me faisait peur, extrêmement peur. C’était idiot de le cacher. Je redoutais ce moment car je ne savais pas où cela pouvait m’emmener. Les condamnations pouvaient être multiple. La fin de ce procès pouvait m’apporter la liberté absolue comme une condamnation à mort. Ce n’est pas quelque chose qui était à prendre à la légère. Je n’avais pas peur de mourir, je savais déjà ce qui m’attendait dans l’au-delà. Je craignais simplement que le scénario se répète et qu’on cherche à se servir de mes pouvoirs pour de mauvaises raisons. Ce don, que beaucoup de gens désirait et qui m’avait été confié, était presque devenu une putain de malédiction.

« Merci d’être là pour moi mon pote, c’est cool. Je… cette situation me terrifie, tu n’imagines pas à quel point mais… d’un autre côté. Je me sentirais soulagé, quand elle sera finie. J’espère simplement que personne ne cherchera à utiliser mes pouvoirs… Je ne veux pas que ça recommence. Je veux que ça cesse. »

La proposition de Dick m’a légèrement surpris au sujet d’une équipe. Mon regard s’est légèrement tourné vers Rose, croyant qu’il parlait de ma sœur lorsqu’il mentionnait cet élément important au sein d’une équipe. Cela faisait longtemps qu’on ne m’avait pas parlé comme ça, comme un héros, j’avais encore du mal à comprendre que j’en étais un, autrefois.

« Avez-vous un problème avec l’autorité, monsieur Grayson ? » commenta le vigile. Il était loin de nous, mais ses oreilles semblaient avoir sifflé.

« Je, je ne sais pas. Depuis que je suis retourné à la vie, tout ce que j’ai fait en tant que Jericho, c’est faire du mal à des personnes innocentes. J’ai encore du mal à considérer que je pourrais redevenir un héros… Jericho n’inspire plus réellement la confiance pour le grand public et je ne suis plus maître de mes pouvoirs, pas avec ce démon dans ma tête. »

« Ton p’tit frère, Damian nous a déjà sollicité pour organiser un espèce de groupe obscur également, j’en fais partie. Il est assez amusant quand il s’énerve. Si petit et déjà si hargneux. »

_____Ce que je vis en ce moment ? Du stress, beaucoup de stress, une angoisse constante qui aurait déjà éclatée si je ne m’étais pas gavé de neuroleptique ce matin. Mon avenir était entre les mains de parfaits inconnus qui auront le droit de vie ou de mort sur ma petite personne. Ça n’avait rien de rassurant et rien que d’y repenser, je sentais mon cœur se contracter sur lui-même et se broyer. Je ne peux pas mentir sur l’inconfort que me provoquait cette situation. Les jours commençaient à défiler et se rapprocher doucement du jour du jugement. C’est effrayant, tout pouvait arriver, le meilleur comme le pire. Au fond de moi, j’avais comme un mauvais pressentiment sur le déroulé de ce procès, quelque chose que je ne pouvais pas cacher à mes amis proches.

« Je te le dis, si j’avais pas avalé autant de gélule, je serais au bord de la crise d’angoisse, Dick. Je sais que vous êtes derrière moi, que vous ferez tout pour me protéger du pire mais… je ne sais pas si c’est Amy ou moi… j’ai comme un mauvais pressentiment. »

Mais je ne préférais pas reparler du procès. Dick était venu me rendre visite, je ne voulais pas qu’il me voit dans mon pire état. Secouant légèrement ma tête, j’ai essayé de faire disparaître le procès de ma tête pour me concentrer sur l’essentiel. J’ai répondu positivement à son étreinte amicale en répondant à son sourire. J’avais oublié que son sourire était contagieux.
Je ne peux rien lui cacher, je lui fais part de mes peurs, de ma peur de porter à nouveau l’uniforme de Jericho, de redevenir Jericho avec la mauvaise réputation qui me collait encore à la peau. Les héros sont censés donner l’illusion qu’ils sont parfaits. J’ai détruit cette barrière et je ne pensais pas pouvoir revenir en arrière malgré les encouragements de Dick.

« Je crois… je crois qu’il va me falloir du temps avant de penser pouvoir utiliser de nouveau cet uniforme. » J’ai relevé doucement la tête vers Dick. « Ouais j’aurais certainement besoin de vous pour surmonter cette épreuve. »

Si ma sentence le permet. Je ne pouvais même pas savoir si je pourrais de nouveau me battre aux côtés de mes vieux amis. Nerveusement, je me suis frotté le haut de mon crâne en repensant au procès. Non, je n’arrivais décidemment pas à me sortir cette idée de la tête. La conversation a fini par dérivée sur le petite de Dick, Damian. Je n’avais pas tout dit sur ce petit garnement et sur les conséquences de ses actes. Je ne pouvais pas lui cacher ça plus longtemps.

« Ouais, il formait un petit groupe… Rose a vendu mes talents et ton petit frère à décider de me tester, de toutes les manières possibles. Il a… en quelques sortes jouer avec mes nerfs. » Mes poings se sont fermés, la douleur et la rancune était encore là. « Les autorités m’ont accordé cette liberté dans l’académie sous certaines conditions : Je ne dois pas me montrer hostile envers un élève, je ne dois pas utiliser mes pouvoirs, et je dois limiter mes interactions avec les gens de l’académie… Je me suis emportée, j’ai enfreint toutes les règles pour cogner ton frère. Ils l’ont su. » J’ai repris une grande inspiration. « C’est ma dernière journée ici, je vais en prison ce soir en attendant mon procès. Ils me font croire que c’est pour mon bien et le bien de mon entourage… mais je n’y crois pas. J’ai merdé… J’ai peur. »