Écouter la forêt qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe [Garfield Logan]

L'attaque de l'ours-boulet, c'était ainsi que s’appellerait sa nouvelle technique désormais. Très efficace si elle prenait les ennemis par surprise, aussi entraînés étaient-ils les soldats n'avaient pas assez de force pour tenir bon face à l'assaut d'un ours vert de quelques dizaines de kilos. L'affrontement devint plus bestial lorsque le molosse infernal (ou presque) agressa l'ursidé. Garfield frappa brutalement le crâne canin, ses griffes s'enfonçant dans le crâne de l'animal. A eux deux, les jeunes purent venir à bout du terrible chien, Damian l'achevant. Chose que Changelin n'aimait pas, il n'aimait pas prendre la vie à des animaux. Malgré le danger qu'il avait fait peser sur eux, il espérait que le chien pourrait se reposer à présent. Il n'aurait plus à obéir à ce vilain Slade.

-Ça devrait aller. C'est solide, un ours.

Changelin commença à marcher, une blessure se trouvant là où le chien l'avait mordu. La blessure n'était pas très grave, ça aurait pu être pire. C'est ce qu'il fallait se dire pour tenir. Et aussi penser à Rose et Margerita. Les soldats étaient venues pour la jeune fille aux cheveux blancs, et la druidesse ne pourrait pas faire de miracles si jamais on décidait de s'en prendre à elle.

-Allez, dépêchons-nous.


Pendant ce temps, Rita faisait face à deux soldats armés qui pour l'instant n'en n'étaient pas venus aux armes. Elle aurait pu les rabrouer, et ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Les druides étaient sensés vivre à l'écart, et ne pas être importunés. Leur chef avait pourtant été clair avec eux. Au moins pour le moment, restaient-ils polis. Même si leur présence était déjà de trop. Elle resta dans l'encadrure de la porte et croisa les bras devant elle avant de répondre d'un ton ferme.

-Bien entendu. Je ne vois pas ce que des fugitifs viendraient jusqu'ici. Les druides sont craints ou détestés à cause de leurs pouvoirs.

L'un des autres soldats repéra rapidement le cheval de Damian. Mais la guérisseuse ne se laissa pas démonter pour autant. Et pourtant, elle avait conscience que certains indices pourraient faire comprendre aux soldats qu'il y avait bien eut quelqu'un, chez elle. Plusieurs personnes en fait. Incapable d'empêcher les deux hommes d'entrer, elle commença à leur fournir des informations.

-Nous, les druides, essayons de vivre en harmonie avec notre Mère Nature, et de tirer au maximum nos moyens de subsistances de ce qu'elle peut nous offrir. Tout en la respectant. Mais malgré ses bienfaits, je manque parfois de ressources pour fabriquer des remèdes et des potions. J'ai retrouvé cette bête il y a quelques mois, abandonnée, et m'en suis servit pour aller chercher des remèdes dans la ville la plus proche pour l'un de nos druides très malade. Et j'en ai profité pour ramener des ustensiles.

Des choses bien lourdes à porter pour une faible femme, n'est-ce pas ? Surtout sur un long trajet et en devant passer par une forêt pleine de branches et de racines. Elle continua en faisant de son mieux pour empêcher sa voix de trembler alors que Cerdic s'approchait du tas de couverture. Si elle s'écoutait, elle se serait ruée sur lui pour l'empêcher d'en soulever un pan. Mais ça aurait condamné Rose sur le champ.

-Notre frère va mieux depuis. Si vous vouliez me poser la question. Je peux vous conduire jusqu'à lui si vous le désirez, afin que vous lui demandiez.

Un espoir apparu, lorsqu'un son étrange se fit entendre. Déviant temporairement les soldats de leur objectif et les faisant ressortir dehors. Pas assez au goût de la druidesse qui ne pouvait pas refermer la porte sur eux. Elle s'approcha de l'une des fenêtres opposés au lit et poussa soudain un cri de stupeur en pointant le doigt vers le dehors.

-Là, j'ai vu quelque chose ! C'était une forme humaine.


Transformé en animal, Garfield obtenait des capacités plus... Eh bien animales. Et il acquérait aussi leur instinct. Et l'instinct de l'ours lui soufflait justement qu'ils étaient en danger. Une menace planait autour d'eux. Ils devaient aller encore plus vite. L'ursidé disparu, laissant place à un cheval. Plus rapide, l'équidé arrivera peut-être à semer la menace.

-Dam', grimpe sur mon dos. Je vais accélérer et je ne sais pas si tu pourras me suivre. Il y a quelque chose qui nous poursuit.

Même si la configuration même de la forêt n'était pas idéal. Le parcours d'obstacle qui promettait de s'opérer risquait de ralentir un peu la cadence. Mais peut-être que cela suffirait.

L’Edling du clan Wayne répondit à l’affirmation de son allié, concernant l’état de ce dernier, d’un simple hochement de tête. Il n’était pas certain que la blessure que le molosse avait infligée à Gar soit si bénigne que cela, mais ils n’avaient pas le temps d’en débattre. Il pouvait le sentir, le vent tournait, le cours des évènements se précipitait ou, pour paraphraser les bardes qui déclamaient leurs chants à la cour de son père, le destin resserrait son étreinte. Cette sensation n’était pas physique, elle vous prenait aux tripes, elle vous faisait frissonner, mais seul ceux qui aiguisent leur sixième sens sont aptes à lire le flot des évènements et à instinctivement comprendre le sens dans lequel il coule.
 
Se précipitant aux côté de l’ours à poil vert, Damian ne peut s’empêcher de se retourner plusieurs fois, s’attendant presque à voir la totalité des troupes à leurs trousses apparaitre parmi les arbres. Au fond de lui, il ressent de l’inquiétude, pas tant pour lui-même, il se sait capable de s’en sortir, mais pour Rose. Indépendamment du serment qui le lie à elle, indépendamment du fait qu’il lui est redevable pour l’avoir libéré. Il a fini par s’attacher à cette gamine et se sent responsable d’elle… du moins jusqu’à ce qu’elle retrouve sa sœur. Et, même s’il refusera de le reconnaitre, il s’en fait aussi pour les druides, la famille de Gar. Il n’a pas forcément d’affection pour eux, mais ceux-ci ne seraient pas en danger s’il n’avait pas décidé de se cacher dans leur forêt.
 
Car tel est le point, tout dans cette situation revient à lui. Quand le roi-mercenaire s’est attaquer aux terres de son ancien mentor, Cyril, il aura simplement pu décider de repartir auprès de son géniteur. Mais il avait voulu venger le chevalier qui avait commencé à le former, il avait tenté d’assassiner le Roi-illégitime de Northumbrie et s’était fait prendre. S’il n’avait pas fait cela, probablement que Rose n’aurait jamais eut à tenter de le faire s’évader, trahissant son irascible géniteur au passage. S’il n’avait pas tenté de venger Cyril, il n’aurait pas fait s’abattre le courroux du Seigneur de Guerre sur cette forêt et ses habitants. C’était lui que Slade voulait voir mort, pas Rose, pas Gar, pas les druides.
 
Il courait, aussi vite que ses jambes pouvaient le porter. En temps normale, il pouvait tenir ce rythme des journées entière…. Mais en temps normale, il ne devait pas se remettre des mauvais traitement prolongés par un séjour en cellule ni composé avec des nuits de manques de sommeil. Il sentait ses muscles gémir de douleurs sous l’effort qu’il leur demandait. Pourtant, il continuait, ne ralentissant pas, même pour éviter un obstacle. Une vie passé à endurcir son corps l’avait doté d’une solide endurance et d’une impressionnante tolérance à la douleur… comme ses tortionnaires avaient put s’en rendre compte. Néanmoins, Damian doutait pouvoir tenir se rythme plus d’une heure.
 
 
La métamorphose de Gar le surprit quelque peu. Il avait déjà compris que l’enfant-fée était capable d’adopter l’apparence de n’importe quel animal, mais c’était la première fois qu’il le voyait, de ses yeux, à l’œuvre. Et c’était impressionnant. À l’ours puissant succédait un équidé bien plus élancé. Le jeune homme ne se fit pas prier pour monter sur son compagnon, ce qu’il fit d’un bond, se s’accrochant à la crinière pour compenser l’absence de rênes ou de selle. La situation n’était confortable pour aucun d’entre eux, et étrange à plus d’un titre, mais le danger les talonnait, et de bien plus près qu’ils ne le pensaient.
 
 
De manière surprenante, le coup de bluff de Margueritta sembla fonctionner. Les deux mercenaires se précipitèrent dans la direction qu’elle leur avait indiqué. Non sans avoir sonner du cor à leur tour, pour alerter les patrouilles environnante. Bientôt, il risquait d’avoir d’autres intrus dans la zone qui chercheraient à rejoindre la « piste » que Cerdic et Steinvald pensaient avoir trouver.
 
Rose resta encore cachée sous les couvertures quelques instants, attendant que les lourds pas des soldats s’éloignent suffisamment avant de sortir la tête des couverture. Bien qu’elle avait cherché à le dissimuler, la druidesse pouvait clairement deviner que le fillette avait eut les larmes aux yeux en craignant d’être découvert. Pourtant, elle avait conservé son sang froid, ne cherchant pas à s’enfuir, ni n’émettant le moindre bruit lorsque le mercenaire avait été sur le point de la trouver.
 
« Je… je dois y aller. » dit-elle en sortant du lit. « S’ils reviennent, vous aurez des ennuis. Je ne veux pas que vous ayez des ennuis. »
 
 
Son premier réflexe fût de se diriger vers l’endroit où avaient été empaqueté ses affaires. Mais ses mouvements trahissaient encore une certaine faiblesse de la part du corps de la jeune fille, sa toux un peu rauque trahissant que le mal de la veille n’avait pas encore pleinement disparut. Bien que son état se soit considérablement amélioré par rapport au moment où la druidesse l’avait trouvé, elle était encore loin d’être en forme.
 
« Je dois retrouver… Damian. Il saura quoi faire. Il saura comment régler la situation. » dit-elle en commençant à s’habiller.
 
Était-ce par confiance en son protecteur qu’elle disait cela ? Était-ce parce qu’elle essayait de se rassurer elle-même ? Qu’importait au fond. En vérité, son regard ne pouvait dissimuler l’inquiétude qu’elle ressentait. Elle était peut-être jeune, encore une enfant, mais elle n’était pas naïve pour autant. Elle savait bien le genre d’homme qu’employait son père. C’était des tueurs, et ils n’hésiteraient pas à tuer toutes personnes qui les sépareraient de leur objectif. Damian et elle devait partir, vite, avant que Gar, Margheritta, et les autres ne paient le prix pour ne pas les avoirs livrer.
 
C’est à ce moment qu’un oiseau, un pic vert, arriva à la fenêtre de la druidesse, piaillant pour attirer son attention. Il était porteur de nouvelles, de graves nouvelles. Les choses dans la forêt devenaient préoccupantes, un sombre pouvoir était libéré… et deux jeunes hommes en étaient pour l’instant la cible. D’autres oiseaux parcouraient la forêt, amenant la nouvelle aux druides qu’ils trouvaient. La forêt était en danger.
 
 
Il n’avait pas fallu longtemps pour que les choses se gâtent. Une brume s’était soudainement élevé autours d’eux, faisant disparaitre les repères qu’ils pouvaient avoir dans les bois. Ni Gar, ni Damian n’étaient dupe, l’un et l’autre connaissaient suffisamment bien les caprices du temps pour savoir que ce brouillard n’avait rien de naturel.
 
« Tst, je suppose que j’ai pas suffisamment dansé pour ta forêt. » fit remarquer le jeune homme, sarcastique.
 
Soudainement, une silhouette de cauchemar sorti des bois. L’animal que Damian avait tué était à nouveau à leurs trousses, grognant et grondant. Son corps était déformé au point de sembler être celui d’une bête des enfers. De ses yeux brillaient un éclat cruel.
 
« Surtout ne t’arrête pas ! » commanda l’aspirant-chevalier « Je me charge de le maintenir à distance. »
 
Se souvenant des leçon qu’il avait apprit, dans ce qui semblait à présent être un autre vie, le jeune homme serra les flancs de sa monture pour assurer son équilibre. Se retournant avec précaution, il banda son arc. La capacité de tirer depuis le dos d’un cheval au galop était rare, pour ne pas dire inexistant sur ces iles. Damian avait appris cette technique dans son enfance, aux côtés de sa mère. Plusieurs de ses maitres d’armes étaient issues des peuples des steppes, où un tel art du combat était maitrisé par les guerriers de ces hordes. La situation n’était pas idéale, l’arc n’était pas adapté, mais le jeune homme ajusta néanmoins son tir. Retenant son souffle, attendant la bonne occasion, il prit le temps d’observer avec attention leur poursuivant. La créature avait définitivement été victime d’un sortilège, elle avait été corrompue à un point qu’il n’aurait pas crût possible… et pourtant, quelque chose le troublait. Un animal de cette masse ne devrait pas être capable de se mouvoir aussi aisément. Les doigts de Damian relâchèrent la corde qui se détendit un pincement sonore, décochant la flèche qui fila vers sa cible… qui sembla s’évanouir dans la brume avant même d’être touché.
 
« Que ? » s’étonna l’écuyer.
 
Regardant autour de lui, Damian eut l’impression de voir à plusieurs reprise la silhouette de la créature autour d’eux, se découpant dans la brume les entourant et semblant les suivre. Son hurlement par contre, restait sonore et retentit plusieurs fois comme un appel à la chasse sinistre.
 
« Cette saleté est occupé à révéler notre position. Tu ne connaitrais pas un coin où on pourrait la semer Gar ? » demanda le jeune guerrier.
 
S’il y avait seulement moyen de semer cet être, pensa-t-il pour lui-même. Mais pas question de le ramener vers la maison de la "Mamaï" de Gar.
 
 
Les lourds sabots des destriers faisaient trembler le sol. Kai et quatre de ses hommes galopaient à travers la forêt, s’aidant des hurlement du chien pour suivre la piste de leurs cibles. L’esprit de Kai restait lié à celui de son molosse, continuant à le presser de suivre leur proie, de poursuivre la traque. Son collier était un talisman druidique qui lui permettait de lier son esprit à celui de ses chiens de guerre, il ne les contrôlait pas, mais pouvait leurs faire ainsi instinctivement connaitre ses intentions tout en pouvant voir par leurs yeux.
 
Mais le pouvoirs de la Dame Rouge avait porté cette capacité à un tout autre niveau. Il pouvait maintenir le lien tout en agissant de son côté. Et il pouvait insuffler une force surnaturelle à ses compagnons canin. Néanmoins, au fond de lui, il sentait que ce pouvoir n’était pas naturel. Que cette capacité n’était pas de celle dont il devrait user… surtout après avoir vu le cadavre de l’animal. Mais, maintenant qu’il avait passé ce marché, il devait aller jusqu’au bout. Éperonnant sa monture, il chercha à faire accélérer le pas.
 
« En avant !! Ils ne peuvent plus nous échapper !! » hurla-t-il.
 
 
Ses hommes, ailleurs dans la forêt, avaient peut-être déjà trouvé les rochers que cette dame avait demandé de voir renverser. Ceux-ci devant affaiblir le pouvoirs des druides dans leur propre forêt. Kai était certain que ce n’était pas leur seul fonction, mais il se fichait bien de ce qu’elle était tant qu’il mettait la main sur les fugitifs et les retournaient à son employeur.

La druidesse n'y aurait pas cru, mais elle avait réussi. Elle était parvenue à duper les gardes qui étaient venus chercher les deux jeunes fugitifs, et la soldatesque était donc partie chercher ses proies ailleurs. Le soulagement n'en n'était pas vraiment un, car deux de ses protégés étaient toujours dans les bois, mais au moins était-elle parvenue à sauver la jeune fille. Momentanément, car combien de gardes étaient en train de rôder autour du camp des druides ? Beaucoup trop sans doute. Et Garfield et Damian qui étaient toujours là, quelque part dehors. Pourvu qu'ils ne tombent pas sur ces soldats... Et Rose qui venait de se lever, pensant pouvoir s'en aller comme ça. La jeune fille n'était pourtant pas en forme, sa maladie était toujours présente et son corps épuisé.

-Tu n'iras nul part seule, jeune fille. Les druides ne sauvent pas la vie des gens pour qu'ils se suicident eux-mêmes trente secondes plus tard.

D'autorité, elle obligea Rose à se rasseoir sur son lit et lui enjoignit d'y rester encore un peu. Jusqu'à nouvel ordre, elle était une malade qu'il était de son devoir de soigner. Mais elle avait raison sur un point, il fallait agir. Faire quelque chose. Et un pic-vert vint lui souffler qu'il ne faudrait pas compter si tôt sur l'aide des garçons qui avaient des ennuis de leurs côtés. Non, pire, la forêt toute entière était en danger. Quelque chose de grave la menaçait.

-Ces soldats ont des chiens en leur possession. Même si tu parviens à échapper à leurs yeux d'humains, le flair de leurs limiers sauront te pister.

L'alerte était donnée, les druides étaient alertés... Ces derniers allaient se regrouper au centre du campement, il vaudrait peut-être mieux les rejoindre. Mais avant cela, il y avait quelque chose à faire. Margarita se précipita vers un pot en terre cuite et plongea la main dedans pour en retirer le contenu. Il s'agissait d'une sorte de poudre dont elle recouvrit les joues et les mains de Rose. Cette dernière pouvait sentir une odeur forte émaner du mélange.

-Avec ça, tu devrais être plus difficilement perceptible pour l'odorat des chiens. Nous allons prendre le cheval qu'il y a dehors, tu monteras devant moi. Nous allons nous diriger vers le centre du campement des druides le plus vite possible.

Les soldats risquaient de revenir d'une minute à l'autre. Rita envoya un des oiseaux avertir les autres druides de leur arrivée imminente, tout en guidant Rose vers le cheval en l'incitant à monter sur le devant de l'animal. Une fois cela fait, les deux femmes se dirigèrent vers le campement des druides. En espérant que la poudre soit suffisamment efficace pour maintenir les chiens de Slade à distance.


Un autre cheval courrait à travers bois, un cheval émeraude qui tranchait avec la teinte marron des troncs d'arbre. Un cheval particulier donc, qui portait un jeune écuyer pourchassé sur son dos. Garfield faisait de son mieux pour se déplacer à travers les racines et les branches mortes qui maculaient le sol. Tout en essayant de maintenir leur terrible assaillant loin d'eux.

-Si on s'en sort, on danse tous les deux pour elle pendant deux heures ? Ca devrait faire très plaisir aux fées et aux lutins qui vivent ici.

Ou alors, ça les feraient beaucoup rire. Ce qui serait toujours bon pour eux, car des créatures heureuses seraient plus à mème de leur accorder certains privilèges ou de l'aide. Hélas, il était un peu tard pour en faire une dés à présent. S'ils ne se dépêchaient pas, ils allaient avoir plus d'un adversaire à leurs trousses.

-Si, je crois que j'ai une idée.

Le cheval émeraude bifurqua vers un sentier sinueux, qui semblait plus impraticable encore que le chemin qu'ils suivaient jusqu'alors. Damian dû être un peu secoué durant la traversée et sera sans doute surpris en voyant le marais vers lequel ils se dirigeaient. Sans plus de précision, le Changelin plongea les sabots dans l'eau visqueuse en poussant un petit hennissement de dégoût. La sensation était très désagréable. Les deux traversèrent l'endroit infestés d'insectes et de larves. Et Changelin émit un petit commentaire.

-J'aime pas les marais. Mais avec un peu de chance, ils vont se perdre en essayant de nous suivre.

Même des molosses supers-entraînés et déterminés à dévorer tout ce qui bouge doivent bien avoir des faiblesses et des difficultés. Le cheval fit quelques détours, avant d'emprunter une sortie opposée au chemin qu'ils avaient pris pour venir. Il avait l'intention de continuer un peu son chemin et d'aviser en fonction de la situation après. Il envoya une petite pique vers son passager.

-Pas trop de piqures ? On va voir s'ils nous suivent, et si oui on sortira de la forêt. Ça les éloignera toujours plus des druides.

La course poursuite était lancé. Pour l’instant, ils n’avaient que cet étrange créature qui les poursuivait, cette sorte de chien démoniaque, mais l’Edling du clan Wayne n’était pas dupe. Il pouvait percevoir au loin les cris des hommes, les hennissements des chevaux qu’on poussait toujours davantage dans cette cavalcade et les bruit des sabots faisant trembler le sol. Bien qu’ils n’étaient pas encore en vue, l’ennemi était sur leurs talons. À présent, où qu’ils aillent, l’ennemi suivrait leur piste… et ils n’avaient pas le temps de prendre des précaution. Dès l’instant où Gar commencerait à fatiguer, les hommes de Slade leur tomberait dessus.
 
 
Gar, prouvant sa vivacité d’esprit, décida d’attirer l’ennemi dans un marécage se trouvant au cœur de la forêt, espérant ainsi qu’ils s’en retrouvent ralentit, voir qu’ils perdent leur trace. L’idée était bonne, mais elle avait un inconvénient majeur, sous sa forme équine et avec un passager sur son dos, le changelin était soumis aux même contrainte que leurs poursuivants. Et tout autour d’eux, cette brume qui s’épaississait, confirmant qu’elle n’était pas naturelle, mais le fait de quelque sortilège. S’agrippant à la crinière de son allié pour ne pas perdre l’équilibre, Damian tourna la tête. À travers la brume son regard parvient à percer, à distinguer des silhouette indistinct qui lui fait comprendre que l’ennemi s’est à son tour engagé dans le marais.
 
 
« Tst. T’occupes des moustiques. Si c’est le prix à payer pour les perdre, j’accueillerai avec gratitudes toutes les démangeaisons qui en résultera » déclara le jeune homme à l’affût de la présence de leurs poursuivants.
 
 
Le poids du cheval et de son cavalier rendait non seulement l’avancée pénible, Gar ne pouvant galoper à pleine vitesse et risquant à tout moment de s’embourber, mais laissait également des traces visible de leur passage à cause de leur poids combiné sur la terre boueuse du marais. La seule façon de laisser peu de trace revenait à traverser les étendues d’eau stagnante, mais cela les ralentirait et surtout ils courraient le risques d’être prit dans les sables mouvant… ce qui au mieux les coincerait, au pire les noierait.
 
 
« On ne les sèmera jamais comme cela. » conclut-il d’un ton amère. « Gar ! à mon signal, continue à courir pendant au moins cinq minutes puis changes-toi en un animal plus adapté à ce marais. C’est notre meilleur chance. Maintenant !! »
 
 
Sans attendre, Damian lâcha la prise qu’il avait sur la crinière de Gar. Sautant du dos de sa monture, il atterrit sur l’un des sentier boueux du marais. Immédiatement, il parti sur un autre sentier, ne laissant que peu de traces à suivre… mais une piste restait néanmoins visible. Même si les marécages n’étaient pas son terrain de prédiction, le jeune homme avait depuis longtemps apprit à se déplacer sans laisser de signes de son passage derrière lui. Pourtant, cette fois, le jeune homme voulait qu’une partie de ses poursuivants trouvent ses traces et ainsi divisent leurs forces. Avançant rapidement, trouvant la vieille souche moisie d’un arbre mort derrière laquelle se dissimuler, il encocha une flèche dans son arc et attendit.
 
Il ne fallut guère longtemps pour que le groupe de leurs poursuivants ne se montrent. Jurant contre la nature du terrain, ils continuaient néanmoins d’harasser leurs montures pour ne pas se laisser distancer. L’écuyer observa attentivement les ombres, laissant passer le gros de la troupe et prenant pour cible l’un des retardataire. La corde de son arc vibra alors que le projectile fila, se plantant profondément dans la cible. Le guerrier s’écroula en hurlant de sa monture avant qu’un bruit d’éclaboussure se fit entendre alors que le corps chutait dans le marais.
 
Immédiatement, des cris suivirent. Damian n’avait pas le temps de se concentrer sur ce qui se disait, il devait détaler au plus vite pour attirer l’ennemi plus profondément dans le marais et les y perdre. Le fils du Mormaer des Orcades s’élança dans cette nouvelle course, tirant partit de son agilité et des couvert que proposait la végétation abondante pour prendre l’avantage. Il décocha un autre trait qui fût suivit d’un juron de douleurs, de quelques insultes ainsi que d’un jet de lance qui passa un peu trop près à son goût. S’encourant à nouveau, prenant soin de ménager son effort pour ne pas gaspiller d’énergie inutilement, le jeune homme pouvait entendre le piaffement de quelques montures peinant à le suivre au milieu du marais. Quand soudain, les piaffement d’efforts se muèrent en hennissement de peur.
 
« Qu’est-ce… » S'exclama le jeune homme en prenant le risque de se retourner.
 
Il pouvait voir les chevaux ennemis refuser d’avancer davantage, leurs cavaliers peinant à les garder sous contrôle. Une ombre se détacha dans la brume, celle de la créature qui les poursuivait depuis un certain temps maintenant. Un grondement funeste se fit entendre, laissant présager que l’aspirant-chevalier était sa nouvelle proie.
 
Une nouvelle fois, le jeune homme banda son arc et décocha un projectile vers sa cible. Une nouvelle fois, la flèche ne sembla trouver que la brume devant elle et alla se perdre. Pourtant, Damian pouvait le sentir dans ses tripes, la créature était bien là et à ses trousses. Au moins, sa présence semblait également plonger ses poursuivants dans la confusion et lui laissait l’opportunité de disparaitre à leur vue. Mais le monstre était sur ses talons.
 
Lorsque la druidesse tenta de raisonner la jeune fille à la pâle chevelure, cette dernière sembla dans un premier temps peu disposer à l’écouter. Que lui importait son état s’ils se faisaient tous tuer à cause d’elle. Néanmoins, la faiblesse qu’elle ressentait encore dans son corps ainsi que la ferme, mais bienveillante, insistance de Margherita finirent par avoir raison de sa résistance.
 
« Mais…mais il faut que Damian et moi partions. C’est le seul moyens qu’ils vous laissent tranquille. » opposa faiblement la jeune fille en fixant sa protectrice du regard. « Vous… je ne veux pas qu’il vous arrive quelque chose pour nous avoir aidé. »
 
Dans le regard de la jeune fille, on pouvait y lire une véritable tempête d’émotion. Principalement, de la peur et de la détermination. Elle était effrayée à l’idée que son père massacre ces braves gens pour la retrouver, elle craignait pour la vie de Gar et Damian… mais aussi une résolution peu commune pour une enfant si jeune. Elle ne laissait pas sa peur la dominer, elle ne paniquait pas. Elle ne prenait sans doute pas les décisions les plus réfléchie, mais elle tentait d’agir de la façon qui lui semblait mettre le moins en danger les autres.
 
 
Elle accepta cependant d’obéir aux instructions de Margherita, s’enduisant de la mixture qui devait tromper l’odorat des chiens et l’accompagnant dans sa chevauchée vers le camp des druides. En chemin, ils purent voir moultes signes de la présence des hommes du Roi-Mercenaire. Rose sembla quelque peu baisser la tête en voyant le corp déchiqueté d’une biche. Visiblement, les molosses de cette troupe s’en était donné à cœur joie.
 
« Kai… le maitre-chien. » bredouilla-t-elle doucement « C’est le nom de leur chef. »
 
Elle n’avait fait que l’entrapercevoir lors de l’une de ses visites à son père. Mais elle avait toute suite sût que cet homme était dangereux. Après tout, son père ne recrutait à sa cours que les guerriers les plus redoutable et le maitre-chien avait déjà prouver sa valeur dans la chasse à l’homme ou simplement pour semer la terreur dans le cœur de l’ennemi. Ce dont elle se souvenait surtout, c’est du sort d’un pauvre homme qui avait été jeté aux bêtes de guerres de Kai pour que celui-ci puisse faire démonstration de l’efficacité de ses animaux.
 
Rose resta silencieuse pendant le reste du trajet. Elle se sentait responsable de ce qui était en train de se passer, du fait que cette merveilleuse forêt était victime de la violence aveugle des hommes de son père. Une fois qu’ils arrivèrent au campement, ils purent voir que d’autres étaient déjà sur place, notamment le vieux druide qui était venu au chevet de Rose la nuit dernière. Celui-ci était en grande discussion avec un autre membre de leur communauté au sujet. Visiblement, ils n’étaient pas d’accord sur la marche à suivre.
 
 
Damian ne savait pas depuis combien de temps il s’enfonçait dans le marais, mais la brume l’entourant se faisait de plus en plus épaisse… de plus en plus malveillante même. Il avait beau ne pas être un maitre des savoirs cachés, il était parfaitement apte à comprendre qu’une sombre magie était à l’œuvre en ces lieux. La magie du Lazare coulant dans ses veines semblait s’éveiller à quelque chose, ses yeux semblaient légèrement briller d’une lumière intérieur alors qu’il percevait la magie l’entourant.
 
Ça ne venait pas uniquement du monstre à ses trousses. Quelque chose d’autre hantait ces lieux. Ses pas l’avaient mené vers une zone interdite de la forêt, un lieu dont les druides décourageaient fortement toute intrusion et dont même la faune semblait fuir cet endroit. Le marais laissait peu à peu place à une zone rocailleuse, où des arbres sans âges semblaient recouvrir de leur ombres et enchevêtré de leur racines des sortes de tumulus naturel. Seul de faible rayon de lumière semblaient parvenir à percer la canopée des arbres, si bien que toute la zone donnait l’impression d’être plongé dans une nuit éternelle. La totalité des sens du jeune écuyer lui hurlaient de quitter cet endroit au plus vite… mais autre chose attirait son regard, à l’endroit où les ténèbres semblaient être les plus sombres. Il lui semblait percevoir quelque chose sans pouvoir le distinguer, il lui semblait entendre un appel murmuré sans pouvoir le comprendre.
 
« Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? » interrogea Damian à voix basse.
 
Tout son corps était tendu, s’attendant à être attaqué à tout moment. Il avait laissé tomber son arc pour dégainer son poignard. Il n’avait pas oublié la créature qui le poursuivait, et celle-ci ne tarda pas à se manifester avec le son des griffes sur la pierre. Se retournant, l’héritier du Clan Wayne pût voir une créature de cauchemar. On pouvait distinctement reconnaitre un chien, mais celui-ci semblait tout droit sorti des enfers : son regard n’étant plus que des braises, des flammes éthérées semblant s’échapper de sa bouche et son corps semblait davantage correspondre à la carrure d’un poney que d’un chien.
 
Affirmant sa prise sur la poignée de son arme, la lame noir du coutelas reflétant les rares lueurs présentes, Damian était prêt à vendre chèrement sa peau. Son épée n’était pas indiquée pour combattre ce genre de créature, elle ne le laisserait pas déployé ses talents d’escrimeurs. Sa seule chance, c’était de la laisser approcher assez prêt pour pouvoir planter sa lame dans un endroit vitale… il n’aurait pas droit à l’erreur. Il espérait que Gar s’en était sorti, que s’il disparaissait, il pourrait protéger Rose. Une part de lui pleurait à l’idée qu’il ne reverrait peut-être plus aucun de ses proches : son père, sa mère, son grand-père… les écuyers de son géniteur, toutes ces personnes qui lui avaient tant apprit. Mais il était prêt à faire face au jugement de ses ancêtres, espérant ne pas leur faire honte en ce moment.
 
La créature gronda, jaugeant son ennemi, la tension entre les deux adversaire était palpable et Damian hésitait à prendre l’initiative lorsqu’il vit la créature tourner la tête vers les tumulus. Mais il se ravisa, même avec ses talents, il ne pouvait espérer prendre de vitesse un tel adversaire, il devrait ruser, se positionner de façon à assurer son coup, et espérer que la nature de son arme contrebalancerait l’apparenter intangibilité de son ennemi. Une longue minute passa encore pendant que les deux adversaires se jaugeaient. Puis, soudainement, la créature passa à l’attaque dans un rugissement.
 
Avant même qu’elle n’ait eut le temps de fondre sur le jeune guerrier, un autre personnage apparut. Sortant des ombres, il déploya ses pouvoirs. Les ténèbres semblèrent alors littéralement s’emparer du monstre, l’aspirant en leur sein, le déchirant jusqu’à le bannir. Damian était tombé à la renverse en s’apprêtant à encaisser l’attaque de la créature eut à peine le temps de voir son mystérieux sauveur, dont les traits étaient dissimulés par ses vêtements, avant que ce dernier ne se tourne vers lui et ne sembla sur le point de lui faire subir le même sort.
 
Kai ne s’était pas engagé dans le marais. Avec quelques hommes, il avait choisi de le contourner en espérant couper la retraite à leurs proie, laissant à ses soldats le soins de rabattre le gibier vers lui. Cependant, à aucun moment il ne perdit de vue ce qui se passait, observant la traque par les yeux de son chien. Lorsqu’il avait été évident que ses proies s’étaient séparées, il avait ordonné à son animal de prendre le deuxième fugitif en chasse. Cette traque l’avait amené en un lieu étrange… et il avait perdu le contact.


Il avait senti son chien disparaitre, mourir à nouveau des mains de ce druide. Il avait ressenti le contre-coup jusqu’au plus profond de son âme au point de chuter de sa monture et de perdre conscience quelques secondes. En se réveillant, il avait le regard fou, empli de colère. Il ressentait le besoin de venger son compagnon canin.
 
« Rassembler les hommes. Ces druides se jouent de nous depuis trop longtemps, nous allons, les faire payer. » ordonna-t-il.
 
Il referma la main sur son collier de dents, chacune symbolisant l’un des chiens qu’il avait dressés. Chacun lui permettant de voir par les yeux de ses fidèles alliés. Et depuis que la Dame Rouge les avait enchantés, bien plus était possible. Il avait hésité à utiliser ce pouvoir. Mais à présent, s’il devait en abuser pour détruire ce cercle druidique, il le ferait.
 
 
 La Dame Rouge était occupée à poursuivre ses incantations. Ses pas l’avaient mené au plus profond de la forêt. Le simple fait qu’elle n’ait pas eut à gérer ses anciens frères et sœurs signifiaient que Kai tenait parfaitement sa part du contrat. Elle pouvait donc s’employer à libérer un autre des serviteurs de son maitre.
 
Alors qu’elle prononçait les dernières paroles, la terre à ses pieds commença à se tordre et se distordre, comme se rebellant contre ce qui essayait d’en sortir. Un sourire satisfait apparut sur son visage, tout se passait selon son plan.
 
Soudainement, une brume apparut et s’enroula autour d’elle. La Dame Rouge resta impassible, écoutant attentivement ce qui était murmuré à son oreilles. L’esprit habitant cette brume était une de ses alliées. Visiblement, elle avait été bannie de l’enveloppe qu’elle lui avait offerte… mais elle revenait avec une excellente nouvelle. Elle l’avait trouvé.
 
« Parfait, Phobia. Sans l’initiative de cet idiot, nous aurions put passer encore longtemps à côté de cet endroit sans le trouver. Notre maitre sera bientôt de retour. En attendant… notre vieux « frère d’arme » se fera un plaisir de soutenir notre nouveau pantin. » expliqua-t-elle en observant le spectacle devant elle.
 

Une créature informe, composée d’un mélange impossible des différentes matières composant le sol, s’élevait. Un monstre de plusieurs mètres, prêt à détruire et absorber tout ceux qui seraient assez fou pour tenter de l’arrêter.

Ils étaient parvenus à passer l'obstacle difficilement franchissable qu'étaient les marais, ou presque. Garfield avait espéré être suffisamment rapide et agile pour pouvoir passer à travers les moustiques, et surtout la tourbe qui parsemait le marais, mais ça n'avait pas été suffisant. Transformé en loutre quelques minutes après que Damian l'eut quitté, le changeforme zigzagua à travers l'eau du marais. Sa couleur étrange étant dissimulée par l'eau impure et la difficulté inhérante à la traversée d'un marais. Occupé à ne pas perdre l'équilibre, les soldats n'étaient pas forcément concentrés sur ce qu'il y avait autour d'eux. La loutre réfléchit à un moyen de perturber encore plus leurs adversaires sans prendre trop de risque... Mais il n'eut pas besoin d'intervenir.

Ils reçurent une aide, volontaire ou involontaire, s'incarnant sous la forme d'une ombre qui effarouchait les chevaux et perturbaient leurs cavaliers. L'animal senti cette présence qui le fit frissonner sans qu'il ne sache pourquoi. Est-ce que Damian avait suffisamment dansé autour de l'arbre magique finalement ? Garfield aurait bien formulé cette hypothèse à voix haute, mais son compagnon était trop loin et leurs ennemis trop près pour qu'il prenne le risque d'attirer l'attention sur eux. L'ombre fini par être attirée par Damian qui prit la fuite... Le laissant en arrière.

-Hé !

L'écuyer était parti sans lui, et l'ombre ignora totalement le changeforme. Se dissimulant derrière un fourré de roseaux, le changeforme se transforma en lapin et prit en chasse l'ombre et sa proie, passant inaperçu aux yeux des cavaliers qui essayaient tant bien que mal de maîtriser leurs animaux. Durant leur course, Garfield s'aperçut avec effroi qu'ils filaient vers un lieu interdit par les druides. Et l'un des seuls lieux qu'il évitait soigneusement lors de ses explorations. Et il flancha à l'entrée de cette zone dangereuse et interdite, hésitant à y pénétrer.

-Olalah, qu'est-ce qu'il est allé faire là-dedans...

Les druides lui avaient dit qu'un esprit sombre, mauvais qu'ils ne parvenaient pas à chasser rôdaient dans cette zone de la forêt. Et il avait pu s'apercevoir que la plupart des animaux fuyaient en arrivant près d'ici. L'ombre qu'il avait vu n'était pas une aide bienveillante finalement, mais peut-être bien cette fameuse chose qui hantait ce côté-ci des bois.


La petite Rose impressionnait Rita d'une certaine manière. Apparue comme faible et malade, en proie à des cauchemars, elle montrait à présent une détermination impressionnante pour quelqu'un de son âge. A l'image du jeune Damian. La druidesse avait quand même tenue bon et les deux femmes s'étaient retrouvés à galoper vers les autres druides, croisant sur le chemin le cadavre d'une pauvre biche. La malheureuse

-Quels monstres. Fut le seul commentaire de Margherita.

Elles arrivèrent bientôt au campement des druides. Ces derniers avaient commencé à se rassembler, Neal ayant pressenti qu'un grand malheur allait bientôt s'abattre sur eux. Ce dernier annonça qu'il comptait se rendre dans la zone interdite avec les druides les plus forts.

-Le rêve de la jeune fille ne peut signifier qu'une chose, l'ennemi que nous avons réussi à enfermer tente de se réveiller. Ou du moins, quelqu'un tente de le ramener. Et la présence de ces hommes et de leurs étranges chiens autour de notre village ce matin...

-Garfield et l'autre garçon sont quelque part là-bas !

-Espérons qu'ils ne s'approcheront pas de l'endroit. Le plus important est d'en éloigner la jeune fille. Rita, l'enfant et toi partirez avec le reste de notre groupe. Sortez de la forêt. Allez aussi loin que vous le pourrez et tenez vous éloignés des terres du seigneur Jorvik.

Les druides avaient discuté sans trop se préoccuper des désirs de Rose. La sécurité de la forêt et, d'un certain côté, du reste du pays passait devant cette question à leurs yeux. Le plus important était donc d'éloigner la clé de la catastrophe qu'elle semblait pouvoir provoquer. Mais Rita ne parvenait pas à se défaire de son inquiétude pour les deux garçons. Surtout pour Garfield qui était comme son enfant.

-Et...

-Garfield est malin, et il connaît la forêt. Espérons qu'il saura protéger le vaillant petit guerrier et que nous pourrons les retrouver sains et saufs.

Des paroles d'espoir, mais d'espoir seulement. La forêt était pleine de guerriers de chiens féroces. D'ailleurs des aboiements commençaient à se faire entendre au loin. Ils étaient encore assez éloignés, des personnes à cheval auraient le temps de quitter le village. Neal et ses compagnons resteraient en arrière pour ralentir les bêtes féroces tandis que le groupe qui devait emporter Rose entamait leur fuite. Un crève-cœur d'abandonner certains des leurs à la merci du danger.
Mais ils obéissaient à leur chef, eux aussi.
Et ils ne virent pas la chose qui invoquée par la sorcière s'en prendre aux vaillants restés en arrière.


Garfield avait tergiversé pendant un petit moment, puis avait fini par entendre la voix du maître-chien de Jorvik. Ce dernier semblait pesté contre les druides. Il voulait les attaquer. Le changelin ne pouvait pas le laisser faire. Mais il fallait être prudent, il était entouré d'hommes. Sous sa forme d'écureuil, Garfield grimpa sur un arbre aux branches suffisamment épaisses pour pouvoir supporter son poids sous sa forme humaine. Une fois cela fait, il reprit ladite forme et observa les hommes. Le chef était à terre, mais les autres étaient encore sur leurs chevaux. Et si...
Il n'aimait pas faire du mal aux animaux, mais ils allaient s'en remettre non ? Ils devaient protéger les druides et empêcher qu'on leur fasse du mal.

Une chouette émeraude fonça soudainement vers la groupe d'un des cheval et enfonça profondément ses erres dans sa chair afin de le faire ruer. L'oiseau de proie retournera se dissimuler dans la cime des arbres, alors que sa victime se dressait sur ses pattes arrières, effrayé et fou de douleur. L'animal se cabra, donna des coups de sabots dans le vide avant de détaler vers les marais. Bien sûr, cette crise de folie avait aussi énervée les chevaux épargnés.
Chevaux qui paniquèrent encore plus lorsqu'un hurlement inconnu se fit entendre venant de la droite. Les bêtes menaçaient d'échapper au contrôle des soldats. Le cri se reproduisit à nouveau, cette fois de la gauche, avant que le calme ne revienne. Garfield s'était dissimulé dans un terrier, attendant la suite et espérant avoir suffisamment effrayé les bêtes pour qu'elles fuient voire même blessent les hommes dans leur fuite.

Le jeune écuyer mit quelques secondes à se remettre de l’instant de peur qui s’était emparé de lui. Même s’il ne le reconnaitrait jamais ouvertement, cette confrontation avait eut pour effet de mettre ses nerfs à rude épreuve. Régulant ses respiration, il parvint à calmer les battements frénétiques qui s’étaient emparé de son cœur. La main toujours solidement serré autour du pommeau de son couteau, le jeune homme se releva tant bien que mal.


À aucun moment, cependant, il n’avait lâché du regard l’individu qui lui faisait face. Cet individu était revêtu d’habit ressemblant à ceux des druides, mais en plus usé, et ses traits étaient intégralement dissimulé à la vue de l’Edling des Orcades. Une fois, au cours de sa vie, il avait vu un druide revêtu de cette manière. C’était pour une célébration lors de la Samhain, une célébration où le druide en question devait incarner les forces des ténèbres au cours d’une représentation devant rappeler aux fidèles que la saison froide arrivait… mais qu’elle était toujours suivie par un renouveau. Mais ils n’étaient pas dans un quelconque spectacle pour enfants, et cet individu, bien que l’ayant sauvé, disposait de pouvoirs tel qu’il n’en avait jamais vu auparavant. Sans le quitter des yeux, Damian se mit dans une position défensive, prêt à reprendre le combat si nécessaire.

« Tu ne devrais pas être là, enfant. » décréta la mystérieuse figure d’une voix rauque « Un terrible mal est scellé en ces lieux, et je dois veiller à ce que personne ne le ramène. Jamais. » Continua-t-il en révélant une lame à son flanc.

Ce n’était pas commun pour un druide de se promener avec une arme. Dans les temps anciens, ceux-ci pouvaient se promener sans armes, même au milieu d’un champ de batailles, nulle n’aurait oser porter la main sur eux de peur d’encourir leur malédictions dans cette vies et dans les suivantes. Cette crainte superstitieuse demeurait encore dans une moindre mesure dans le temps présent, mais les druides ne disposaient plus de ce statu sacré qui fur le leur avant que les Fils de la Louve romaine ne soumettent ces îles. Néanmoins, même à l’époque, de nombreux druides étaient également des combattant chevronné, mais le port des armes restait peu commun. Le fait qu’il la lui révèle aussi ouvertement était probablement un avertissement.

« En temps normale, je devrais m’assurer que tu ne puisses révéler ce que tu as vu en ces lieux. » continua-t-il de sa voix irréelle, presque d’outre-tombe. « Mais au vue de ce qui te poursuivait, force est d’admettre que si tu as bien transgressé l’interdit, ce ne fût pas intentionnellement. »

Damian cligna des yeux d’incompréhension. L’interdit ? De quoi parlait-il, qu’est-ce qui pouvait se trouver ici justifiant ce genre de mesure. Relâchant sa garde quelques instants, l’Héritier du Mormaer des Orcades observa le décor l’entourant. Un endroit sombre, lugubre, où la lumière du soleil était dissimulée par l’épaisse canopée des arbres, dominant des sortes de tertres, des collines artificielles servant de tombes aux rois de jadis, et qui étaient envahit par les racines. Des Oghams, les runes druidiques, étaient gravés à même la roche. Les yeux du jeune homme étaient capable de percevoir la présence de la magie, pas toujours de manière distingue. Parfois, c’était comme une lumière qui lui apparaissait, parfois, c’était juste une sensation qui faisait bouillir le sang dans ses veines… c’était un phénomène subtil qu’il ne comprenait pas réellement. Mais en ce moment, il pouvait percevoir clairement la puissance émanant de ces symboles.


Cela sauta aux yeux de l’écuyer, cet endroit… lui rappelait les paroles qu’avait proféré Rose lorsqu’elle avait eu sa vision. Le lieu où était enfermé ce mal ancien, ce « crâne » pour reprendre les mots de Rose. Les arbres immenses, les collines, les symboles… même si n’ayant pas vu lui-même la vision de sa protégée, cela semblait correspondre. Ramenant son regard sur son interlocuteur, il le fixa intensément, essayant de deviner ce qu’il était… mais c’était peine perdu, c’est à peine s’il pouvait ne serait-ce que distinguer les yeux de celui-ci. Damian n’était pas plus disposer que le druide à baisser sa garde.


« Vous gardez ce lieu, mais vous êtes au courant que vos frères pourraient bien être en danger en ce moment même ? » l’interrogea-t-il, espérant en découvrir plus sur les intentions de son mystérieux sauveur.

« Je le sais fort bien. Même en ce lieu maudit, le vent continue de colporter jusqu’à moi les nouvelles de la forêt. Je sais qu’une sombre magie est à l’œuvre. » déclara le druide d’un ton calme bien que toujours étrangement inhumain « Mais si fort soit mon désir de rejoindre mes frères si la bataille éclate, mon devoir est de rester. De m’assurer que les maux enfermer dans ces tertres ne puissent revenir hanter les vivants. »

Le jeune homme nota qu’il parlait de « maux », au pluriel donc. Cela ne laissait présager rien de bon. Il ne pouvait assurer que la vision de Rose se réaliserait maintenant, pas plus qu’il ne pouvait prouver que cette vision avait bien eut lieu. Le gardien de ces lieux semblait déjà lui faire une faveur en ne l’attaquant pas, mais il sentait bien que cette faveur pourrait lui-être retirer à tout moment, il… ressentait les ténèbres l’envelopper, comme un avertissement.

« Je vais te conduire jusqu’à un chemin qui t’amènera loin de tes poursuivant, enfant. C’est cependant la seule aide que je t’offrirai. » décréta le druide sur un ton sans réplique.

Damian s’apprêtait malgré tout à contester. Il s’apprêtait à l’avertir que si cet endroit était si stratégique, il aurait besoin de toutes l’aide possible pour le protéger. Mais c’est à ce moment qu’un hurlement bestiale, un hurlement tel que le jeune guerrier n’en avait jamais entendu, se fit entendre, résonnant à travers la forêt.

Les actions du changeforme étaient parvenues à semer un beau chaos parmi la troupe des hommes du maitre-chien. Les apparitions impromptues, ainsi que les cris terrifiant qui sortaient de nulle part rendait les hommes tout comme leurs montures, nerveuses dans cette journée déjà éprouvante.

Kai lui-même semblait avoir à fournir un effort pour garder son destrier en main. L’animal était visiblement effarouché, ne sachant pas à quoi il avait affaire, et seul la main impitoyable de son maitre l’empêchait de s’enfuir dans les bois. Tout ses hommes n’eurent pas ce talent, certains furent désarçonné, tombant sur le sol avec fracas, d’autres furent emporté dans les bois par leurs montures.

« Contrôler les ! Ce n’est qu’une sale bestiole ! » cria Kai à ses hommes, sa fureur transparaissant dans ses paroles.

« Monseigneur. » fit un de ses hommes. « Ce n’est pas juste des animaux, ce sont des esprits. Des créatures au pelage vert comme une prairie. »

« Les druides de cette forêt sont en train d’utiliser leurs pouvoirs sur nous, nous devons quitter leur territoire. »

« Foutaise. Êtes vous des hommes ou des pleutres ? » s'écria le Maitre chien en dégainant sa lame. « Avisez vous de fuir, et je présenterai moi-même vos têtes au seigneur Slade !! »

Un des guerriers se releva, son cheval s’étant enfuit depuis longtemps. D’une main sûr, il agrippa les rênes de la monture de son commandant attirant son attention. Il s’agissait d’un solide gaillard, et sa manière de parler trahissait qu’il était un saxon, originaire de la côte.

« Kay, écoute moi ! » l’admonesta-t-il. « Nous nous connaissons depuis des années. Jamais je n’ai hésité à te suivre dans la bataille. Mais depuis que cette sorcière rouge t’as visité, tu agis comme si tu étais possédé. Nous perdons des hommes, pire, nous perdons leur loy… » la fin de sa phrase mourut lorsqu’un puissant coup de pommeau le sonna.

Kai se retourna vers ses hommes. Il semblait comme fou, comme posséder par l’esprit de sa propre meute de molosse. Plusieurs guerriers fuirent sans demander leur restes. Il perdait des hommes, c’était un fait, mais il refusait de laisser tomber. Mettant un sifflet à ses lèvres, il émit un son, un son auquel répondit un aboiement sonore. L’un de ses chiens répondait à son appel.

« Qu’importe que ces vieux fous fassent appel à leurs pouvoirs, qu’importe que j’ai à tous les écorchés vif et à brûler leur forêt pour récupérer les fugitifs. Leur ordre est mourant, leurs pouvoirs à leurs crépuscules. Et je n’ai encore jamais vue animaux où esprit ne pas fuir devant le contact de l’acier, ou la morsures de mes chiens. Mettez vous en route, froussards que vous êtes. Kyll va se charger de dénicher cette « esprit ». » décréta-t-il alors qu’un imposant molosse le rejoignait, suivit de quatre hommes.

D’un geste, il fit comprendre ce qu’il voulait à l’animal qui commença à traquer l’odeur de Gar. De la bave dégoulinait de sa bouche alors que ses yeux avaient la même lueurs meurtrière que le reste de la meute du maitre-chien. Ces animaux étaient là pour tuer, pour planter leurs crocs dans la chair et la déchiqueter, pour courir après leurs proies jusqu’à les acculer et les réduire en charpie. Pendant ce temps, la troupe reprenait la route vers le cercle druidique, considérablement en retard.


« Non ! » s’exclama d’un coup Rose.

Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas partir sans Damian. Il avait veillé sur elle depuis qu’ils avaient quitté la cité de Jorvik. Il lui avait promis qu’il l’aiderait à retrouver sa sœur. Pas plus qu’elle ne voulait partir sans être sûr que Gar allait bien. une partie d’elle envisagea un temps de sauter sur cheval et de s’encourir, espérant s’enfoncer assez dans la forêt pour que les druides ne la reprennent pas, et partir elle-même à la recherche de ses deux amis. Mais elle dût se rendre à l’évidence… elle en serait bien incapable. Même d’échapper à l’emprise de la druidesse, elle n’en aurait pas la force.

Même les paroles rassurante du chef des druides ne firent rien pour la mettre dans un meilleur état. Des larmes commencèrent à couler des yeux de la jeune fille qui se sentait si… impuissante. Incapable d’aider ceux qui comptaient à ses yeux, incapable d’être autre chose qu’un fardeau qu’autrui devait trimbaler d’un bout à l’autre du pays.

« Je suis… désolée… vraiment désolée. » commença-t-elle a dire d’une voix faible.

Mais les choses avaient été décidées, elle, et le groupe qui avait été désigné, se mirent en mouvement, partant vers l’orée de la forêt. Peu de temps plus tard, ils entendirent le son d’un cor, suivit de cris de guerres et d’aboiements furieux. L’assaut avait commencé. La main de la petite fille se referma sur le poignard que Damian lui avait offert, prête à le dégainer si d’autres ennemis arrivaient… et pour se rassurer un peu.

« Nous n’aurions jamais dût venir ici. Vous n’auriez jamais dû subir cela » continua-t-il à dire à Margueritta.

Tant de morts, tant de violence, pour elle. Jusqu’où son père était-il prêt à aller pour lui mettre la main dessus ? Peut-être que si elle était restée à Jorvik, aucune de ces personnes n’aurait eut à mourir. Peut-être que Damian aurait pût se déplacer bien plus vite et rejoindre la sécurité de l’Angleterre sans que son père n’ait eut la moindre chance de le capturer.  

Sans qu’ils ne le sachent, la chance avait souris à ce groupe. Les actions de Gar, ralentissant le Maitre-chien et ses hommes, avaient empêché le piège de se refermer, leur laissant le champ libre pour s’éloigner de l’horreur des combats. Mais ils pouvaient déjà entendre que les cris de guerres avaient cédé la place aux hurlements de terreurs.

Alors qu’ils s’éloignaient, une pie vint se poser sur une branche non loin de ce groupe, jacassant à grand bruit. Mais il s’agissait d’un message. Il était court : « Ses serviteurs ont trouvé Son tertre. ».

Cerdic n’avait jamais vu cela. Lui et ses compagnons avaient connu bien des champs de batailles : dans les querelles entre roitelets Norvégiens, dans les raids en mer du Nord, en Écosse, en Angleterre… partout où leurs pas les avaient amenés, ils avaient trouvé des gens prêt à louer leurs lames.

Depuis qu’ils avaient rejoints les troupes du Roi-Mercenaire, il avait semblé que la fortune leur avait souri. Plein de travail pour remplir leur poches, un seigneur de guerre presque invaincu, du butin… il lui était arrivé d’assister à des spectacles prouvant le pouvoir des dieux ou des esprits, mais jamais il n’avait vu ce genre de chose.

Les druides résistaient, que ce soit face à leurs assauts où devant la férocité des chiens de guerres, ils semblaient déterminés à les combattre. Les mercenaires avaient dû surmonter leur craintes d’attaquer ces détenteurs d’un savoir antiques aux étranges pouvoirs, l’hydromel était passé de mains en mains avant l’assaut pour leurs insuffler le courage d’attaquer.

Le premier assaut avait été promptement repoussé. Thorstein, son ami d’enfance, y avait perdu la vie. Mais Cerdic avait compris que les choses étaient devenues hors de contrôle, lorsque plusieurs des chiens de Kai s’étaient relevé et métamorphosé en des créatures tout droit sorti de ses pires cauchemars. Il s’était mit alors à prier les dieux de son pays, les implorant silencieusement de le protéger.

Mais à présent, une nouvelle créature était apparue. Prenant les druides à revers, ce monstres informe avait surgit d’un pas lourd des profondeurs de le forêt. Une créature qui semblait composé de lierre, de roches, de bois et de mousses, qui semblait ne promettre que le trépas à ceux qui l’approcherait, une créature aux proportion gigantesque qui semblait faire gémir la terre par sa seule présence et qui s’abattait comme un glissement de terrain vivant vers le Nefyd des druide.

Qu’importait le pacte qu’avait passé le seigneur Kai avec cette femme en rouge. Qu’importait qu’il soit traqué par le courroux de son maitre. Il était hors de question qu’il attaque à nouveau ce lieu où les simples mortels ne serviraient à rien d’autre qu’à faire couler leur sang pour des dieux inconnu et sanguinaire.

Regardant autour de lui, il échangea silencieusement avec plusieurs de ses frères d’armes. La même confusion, les mêmes doutes se lisaient dans leurs yeux. L’absence de leur chef contribuait également à les faire douter. D’abord un, puis deux, puis trois soldats décidèrent de tourner les talons et de quitter cet endroit maudit. Et Cerdic comptait bien les imiter.

Une silhouette impressionnante avait pénétré la vallée interdite. Immédiatement, le druide sombre s’était concentré sur cette nouvelle menace délaissant le fils du Mormaer des Orcades. Damian n’avait jamais vu une telle créature, hautes comme plusieurs hommes, large comme une porte de château, des mains à la place de ses pieds. Il ressemblait à une sorte de croisement entre un ours et un singe. De ces derniers, Damian en avait déjà croisé dans sa jeunesse, même joué avec quelques uns, mais les plus grands spécimen qu’il ait rencontré restaient plus petit qu’un chien de chasse. Ce qui n’était pas du tout le cas de la créature.


Néanmoins, et malgré les protestation du druide, le jeune écuyer s’était lancé dans la bataille. Bandant son arc, il avait commencé à larder le corps de la créature de projectiles qui allèrent se planter profondément dans le cuir du monstre. Il cherchait à gagner du temps, à permettre à son « allié » de circonstance de trouver un moyen de vaincre cette créature pendant qu’il la distrayait. D’une part, parce qu’il était évident que quoi qui soit enfermer ici, il valait mieux que ça ne revoit jamais la lumière du jours. De l’autre, parce qu’il était un membre du clan Wayne et un al-Ghul. Les premiers avaient juré de traquer les créatures des ténèbres où qu’elles se cachent, les second ne tolérerait pas l’émergence d’un pouvoir pouvant menacer leurs projets pour les hommes.

Si dans un premier temps, ce monstre ne s’était pas préoccupé du jeune homme, cela changea lorsqu’un des traits de Damian manqua de l’éborgner. La créature s’était révélée pas seulement puissante, mais aussi agile et rapide. Elle n’avait nullement laissé l’occasion au druide d’utiliser ses pouvoirs pour l’entraver, et ses mouvements restaient particulièrement difficile à prédire tant elle démontrait une capacité étonnante à utiliser le terrain à son avantage malgré sa taille gargantuesque. Le sol semblait trembler à chacun de ses bonds, et Damian devait rester en permanence en mouvement pour ne pas finir écrasée. Son rugissement était aussi une arme effrayante, produisant un tel souffle que Damian avait du mal à maintenir la stabilité de sa visé lorsqu’il en était la cible. Très vite, l’Edling du clan Wayne renonça à son arc et dégaina son épée. Il commençait peu à peu à réaliser que les mouvements de la créature n’était pas mu par un simple instinct, mais qu’une vrais intelligence se dissimulait derrière ces traits bestiaux.


De son côté, le druide avait profité du répit pour appeler des renforts. Il connaissait bien ce monstre. Cela faisait des années qu’il hantait les environs de la forêt, revenant sans cesse à la recherche d’un moyen de libérer son maitre. Il était surprenant que, malgré sa taille, il parvienne la plupart du temps à échapper à la vigilance des hommes. Mais il était néanmoins devenu une source de légendes dans les villages avoisinants. Un terrible monstres, grand comme une montagne, dont le rugissement effrayait les cieux eux-mêmes… Il y avait fort à parier qu’il avait trouvé la vallée en suivant la piste du jeune guerrier. Et s’il s’échappait à nouveau, il pourrait informer ses complices de l’emplacement de ce lieu. Ils ne pouvaient plus se contenter de le repousser.


« Tu devrais partir, enfant. Ceci n’est pas ton combat. » avertit-il.

« Tst. Parlez pour vous. Si j’ai bien compris, ça pourrait devenir le combat de tout le monde. » rétorqua Damian en plongeant de manière à éviter d’être écraser sous un tronc que lui envoyait son adversaire.

Qu’ils le veuillent ou non, un sombre pouvoir était à l’œuvre. Tout deux pouvaient le sentir, mais seul un d’entre eux avait conscience de la nature de celui-ci. Depuis la profondeur des tertres une influence maléfique influençait le cours de ce combat, faisant hésiter les défenseurs de cet endroit et appelant encore davantage la créature à lui. Ils allaient devoir espérer que des renforts leurs parviendraient rapidement.

Alors que le druide en appelait aux forces enfouit dans la terre pour tenter d’immobiliser la créature, celle-ci de restait jamais à la même place assez longtemps pour que cela n’arrive. L’écuyer tenta une action dangereuse. Puisant dans l’une de ses sacoche, il en ressortit une fiole avec un liquide verdâtre, brillant même. Fonçant vers le monstre, il bondit juste à temps pour ne pas finir écraser sous l’une de ses pattes. Sans hésiter, il planta sa lame dans l’avant-bras de la créature qui poussa un hurlement de douleurs qui fût entendu à travers la forêt. Relevant sa main par réflexe, il envoya le jeune homme voler dans les airs. Ce dernier profita de sa position pour jeter sa fiole vers le visage exposé de son adversaire, laissant l’acide contenu ravager son adversaire lorsque son contenant se brisa.

Se préparant au choc, Damian eut droit à un rude atterrissage. Il venait de tomber de plusieurs mètres et resta un instant allongé, tentant de chasser la douleur. Ses yeux brillèrent un instant, alors qu’il faisait appel à la magie du Lazare dans son sang pour récupérer plus rapidement, mais l’effet n’était ni instantané… ni aussi puissant qu’il ne le devrait. La période prolongée d’enfermement, de privation et de torture… sans compter la fatigue de ces derniers jours, avait considérablement affaiblit le pouvoir qu’il possédait. Serrant les dents, accomplissant un effort de volonté surhumain, le jeune homme se releva difficilement. La créature était déjà de retour, prête à frapper… mais une voix raisonna, interpellant les participants à ce combat.

« Toi et Neal avez accomplit une travail étonnant en dissimulant cet endroit, Lawrence. Je dois avouez que même en ayant été des vôtres, je ne serai jamais parvenu à le localiser sans… cette petite aide. » fit une voix féminine.

Une femme, accompagné de plusieurs guerriers, venait de faire son apparition. Elle portait les attributs traditionnels des druidesse, hormis que le tissu était d’une couleur rouge. Une sorte de brume semblait l’entourer, une brume vivante.

« Je peux le sentir, Il est ici. Vous les y avez enfermé, Lui, Immortus… et tant d’autres. » continua-t-elle, savourant ce moment. « Et enfin, après toutes ce années, nous allons pouvoir les ramener. Ensemble, nous accomplirons notre destiné. »

La situation devenait critique.