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[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV]

V.S.
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JSA
[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Lun 17 Oct 2022 - 15:42

Depuis mon voyage à Themiscyra et les évènements de Métropolis, mes journées s'enchaînaient. Levée avant l'aurore, entraînement dans les sous-sols du bâtiment de la J.S.A. Déjeuné avec les lèves tôt, à savoir Mid-Nite, Alan Scott, Rick et Michael, discussions sur l'actualité et les missions de chacun, suivi d'une nouvelle séance d'entrainement sauf si une urgence m'appelait, comme aller aider un pays, sauver un navire d'un naufrage ou autre. Le midi je mangeais seule, généralement à l'extérieur alors que tout le bâtiment grouillait de vie. Si j'en avais l'occasion, je réceptionnai mon courrier, environ une trentaine de lettres par jour et autant de colis.

J'examinais toujours le tout avec ma vision à rayon-X pour éviter les envoie piégés puis, parfois aidée pour les expéditions d'illustres inconnus, j'ouvrais le tout. J'avais trois piles. Une pour la destruction où se retrouvaient les lettres d'insultes, les demandes en mariage et les photographies de.. enfin.. qui font qu'aujourd'hui Stargirl n'ouvre plus mon courrier ; une deuxième pile où je mettais le courrier qui méritait une réponse, généralement les lettres de jeunes filles qui m'envoyaient des dessins qui finissaient dans une boîte métallique que je rangeai soigneusement, parfois on me demandait des conseils de vie... à moi... enfin, ça ne coûtait rien de répondre dans ce genre de cas ; la dernière, enfin, contenait les multiples invitations et billets de spectacles qu'on m'envoyait et dont je faisais profiter la J.S.A. Les places n'étaient généralement pas nominatives, sauf pour les cocktails et il y avait toujours des heureux à faire. Stargirl adorait les concerts, Cyclone le théâtre, Wildcat préférait le premier rang ou les loges V.I.P. de rencontres sportives, bref, il y en avait pour tous les goûts ; même Ma Hunkel avait pu savourer un salon culinaire à Star City, j'éviterais toutefois de mentionner qui profitait du salon de l'érotisme de Gotham City...

Dans les colis, j'alternais entre les surprises de mauvais goût, qui finissaient rapidement à la poubelle, et une ribambelle de parfums, de sculptures plus ou moins inspirées, de maquillage, de produits cosmétiques voire, parfois, de la lingerie. Le tout finissait redistribué également.

Je gérais ensuite mon courrier personnel, généralement plus chiche puisqu'essentiellement numérique, répondais à mes admiratrices ou admirateurs avant de passer aux corvées. La J.S.A. avait pour cela un tableau numérique accessible un peu partout pour vérifier les tâches qui nous étaient attribuées, une nécessité dans une aussi grande maisonnée avec des générations très distinctes qui parfois se confrontaient à la dure loi de l'évolution sociale, lorsque ce n'était carrément pas des problèmes de cultures interplanétaires.

Puis, s'il n'y avait pas réunion, je m'offrais une séance de méditation martienne - merci John - puis une séance d'art martial kryptonien et repartais en vadrouille.

La soirée commençait ensuite avec le repas dans la salle commune. Là nous nous réunissions tous - sauf impérieuse nécessité - pour partager un repas copieux... du moins, lorsque ce n'était pas à Ted Grant de gérer le repas car ça finissait généralement en pizza commandée au dernier moment.

C'était un bon moment de vie, l'un des rares où j'arrivai à me dérider.

Nous parlions de tout et souvent de n'importe quoi, on distribuait également les gages à ceux ou celles qui n'avaient pas gérer leurs corvées, comme dernièrement Hourman qui avait oublié les sols et subséquemment écopé de l'inventaire du sous-sol.

La soirée était l'occasion de lire, me détendre avec les autres, rejoindre Ted Kord ou retourner m'entraîner mais dans ce cas là sous l'œillade des anciens qui prodiguaient conseils et/ou adversité, essayez de combattre notre Green Lantern en même temps que Jay Garrick...

Puis dormir et recommencer.

Sauf... sauf en cas de force majeur naturellement mais aussi en cas d'invitation.

Dès lors, il fallait réserver un salon. J'avais programmé un petit logiciel pour gérer ça, ce qui faisait deux choses : vous aviez un endroit où vous isoler et tout le monde savait que vous receviez quelqu'un.

Moins de dix minutes après avoir fait ma petite réservation suite à une discussion SMS, j'avais déjà Stargirl qui s'enquérait de l'identité de mon "rencart" et Cyclone qui cuisinait une Liberty Bell qui soupirait de dépit. Si seulement elles étaient les seules. Pat Dugan, toujours heureux de tout savoir menait son enquête et, pris dans le jeu, Sandy essayait de me tirer les vers du nez.

Il n'y avait aucun secret sur l'identité de mon rendez-vous - d'autant que ma relation avec Ted n'était inconnu de personne - mais les voir s'agiter pour rien était divertissant. C'est lorsque Atom Smasher, fatigué d'être questionné, me supplia de leur donner le nom que je m'exécutai et entrai dans notre logiciel de réservation "Rendez-vous avec Clark". La situation changea alors. Tout le monde me demanda de lui dire qu'ils le soutenaient ; The Atom s'inquiéta et demanda s'il avait bien reçu sa carte pour le décès de sa mère ; Jay et Alan me demandèrent de lui dire qu'il était naturellement le bienvenu à la J.S.A., lui et sa famille s'il avait besoin d'un endroit et d'une protection. Mister Terrific insista pour qu'il reste manger avec nous le soir, Ma Hunkel me demanda directement son plat préféré.

Ils se calmèrent lorsque je plantai dans la salle commune un paper-board en disant assez froidement :

- Si vous avez un message à faire passer, écrivez-le là-dessus.

Une dizaine de pages dont l'une d'elle était recouvert de dessins autour du message "On est avec toi !" et plein de signatures furent bientôt remplies. Je vous jure... J'aurais pu trouver ça nul si ça n'était pas aussi sincère et touchant.

L'heure de notre rendez-vous approchait. Je m'habillais simplement, un pull à col roulé sur un chemisier et un jean simple, de quoi être à l'aise.

Quittant ma chambre pour aller accueillir Clark, je découvrais avec plaisir que le bâtiment bruissait de sa vie habituelle. La J.S.A. connaissait l'émultion, mais savait aussi préserver la vie de chacun.

Une odeur de pâtisserie embaumait le rez-de-chaussée. Ma Hunkel s'était visiblement activée - encore. Dans la salle commune, je voyais avec ma super-vue que chacun vaquait à ses occupations, la J.S.A. vivait à son rythme malgré les évènements, maintenant sa cohésion et son étrange insouciance malgré sa présence constante en ces temps troublés...
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[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] 386562Rien
Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Mar 18 Oct 2022 - 11:15

New York.
A proximité de Battery Park. Dans l’une des plus grandes avenues du monde.
Un hôtel particulier… attire l’attention depuis des années, maintenant.

Pour ce qu’il est. Pour ce qu’il est devenu. Pour ce qu’il incarne.
Pour ceux qu’il accueille, aussi.

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La Justice Society of America.

La plus vieille organisation de super-héros, encore en activité, s’est établie dans plusieurs quartiers-généraux, et plus particulièrement celui-ci.
L’hôtel particulier a eu bien des vies, bien des destins – bien des destructions, aussi. Et, évidemment, bien des reconstructions.

Il demeure, cependant.
Il demeure debout. Il demeure fier. Il demeure présent.
Véritable symbole, dans la Grosse Pomme.

Plusieurs membres de l’équipe sont présents, aujourd’hui, et interrogent l’une des leurs pour en savoir plus – pour connaître les raisons de sa réservation de salle.
Pour savoir qui elle va rencontrer.
Comme… la petite bande de commères qu’ils sont tous, évidemment.

Le suspense, cependant, ne dure pas longtemps.


BOOM

Un choc sonique intervient – et une figure floue s’échappe des cieux, à super-vitesse.

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Une traînée noire et blanche atterrit aisément, en douceur ; ce qui surprend, vu sa vitesse et sa puissance.
La fameuse traînée glisse ainsi au cœur de l’hôtel particulier, et file à l’intérieur.
Sans activer d’alarme.

Au passage, quelques actes sont réalisés – quelques gestes sont accomplis.
Cyclone et Liberty Bell reçoivent chacune une rose.
Pat Duggan et Sandy sentent des poignées de main sympathiques.
Atom Smasher bénéficie d’un geste amical sur l’épaule.
Et Power Girl…


« Bonjour. »

Power Girl entend une voix douce, et calme, et chaude, alors que la fameuse traînée se fige devant elle.
Révélant ainsi l’identité de son visiteur.

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Superman.
… légèrement différent de d’habitude.

Certes, déjà, il forme un sourire agréable – et neuf, dans le contexte actuel qui est le sien ; plein de drames, d’épreuves, de souffrances.
De même, beaucoup s’habituent à ces tempes grisonnantes, qui néanmoins continent d’interpeller l’image d’Epinal que l’on a de lui.
Mais, surtout, ce sont ces vêtements – ses couleurs.

Clark porte un costume kryptonien. Une combinaison classique kryptoniene.
Cela surprend. Cela interpelle.
Surtout au vu de ses relations récentes avec les héritiers de Krypton, sur Kandor.


« Je… te remercie, de me recevoir. Je suis sincèrement ravi de te revoir. J’espère… que tu vas au mieux. Autant que possible. »

Il s’inquiète, sincèrement. Il sourit, encore.
Il essaye.
Il force. Il se force.
Il avance. Au moins un peu…

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Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Jeu 20 Oct 2022 - 16:16

Ainsi vint Superman. Aux petites attentions dont il gratifia les membres de la J.S.A., à son arrivée à la fois en douceur et sans chichi, on pouvait se douter qu'il restait quelque chose de Superman/Clark Kent dans cet homme nouveau. Son "bonjour" avait la chaleur de jadis mais l'image qu'il l'accompagnait avait bien changé.

Le sourire était là, même s'il vacillait légèrement, ce qui n'était guère étonnant, ces derniers temps furent éprouvants.

Je répondis à son sourire par un autre, amical.

- Bonjour Clark.

Baissant les yeux, je contemplai sa tenue, une tenue kryptonienne. Sacré changement.

- Tu veux inspirer la prochaine mode à la fashion-week ? lui fis-je sur le ton de plaisanterie, reculant légèrement. Viens donc, j'ai réservé une salle pour être tranquilles.

Ainsi je laissai en suspend la réponse à la question qu'il me posait, une question personnelle que je préférai traiter dans le calme.

Je le guidai, sans super vitesse, au travers du bâtiment pour rejoindre une salle où de nombreux portraits et photographies tapissaient les murs. La J.S.A., génération après génération, étalait ses sourires et ses costumes en un kaléidoscopes de modes, de noms, de nombres et de personnalités. Ici l'Histoire et la mémoire étaient présentes, les symboles de jadis étaient respectés, les réussites fêtées, les échecs commémorés pour que jamais l'on oublie le monde qui fut et comment il devint ce qu'il est.

Sur une table basse reposaient une pile de viennoiseries encore fumantes, des pâtisseries colorées aux saveurs variées et une cafetière avec de quoi s'offrir un café gourmand. Des fauteuils et des canapés autour suppliaient que l'on viennent profiter de leur confort. Un peu plus loin se tenaient la pile de feuilles que la J.S.A. avait noircis plus tôt.

- J'espère que tu n'as pas trop déjeuné, Ma Hunkel s'est jetée corps et âme dans la cuisine ces derniers temps, déclarai-je en lui présentant un siège. Comme toujours lors des crises.

Ce dernier mot était prononcé sur le ton de la conversation. Puis passèrent une seconde ou deux pendant lesquelles je cherchais comment raccrocher une conversation que j'avais volontairement différée. J'étais naturellement touchée de sa visite et de son attention mais je n'avais jamais beaucoup aimé parler de moi.

- Cela me fait plaisir de te voir aussi, répondis-je à rebours. Tu sais que tu es toujours le bienvenu ici.

Que de banalités. Mes mains jouèrent un instant sur l'accoudoir du fauteuil. La fumée qui sortait de la cafetière paraissait être la seule chose à se mouvoir avec naturel. Je n'avais pas imaginé que cette entrevue serait si... malaisante. Je m'inquiétai naturellement pour lui, j'avais mille questions. Y aller en douceur représentait un réel défi. Ce n'était cependant pas moi.

- Power Girl va toujours bien, fis-je pour mieux esquiver les sujets de fond.

Qu'est-ce que j'étais en train de faire ou devenir ? Être mal à l'aise avec d'autres était un sentiment récent. En colère oui, les traiter avec hauteur c'était aussi quelque chose à laquelle je m'étais lentement habituée, mais me sentir inconfortable en compagnie d'autres ? Cela ne me plaisait pas et ce qui me déplaisait je le mettais rapidement aux ordures. C'était Kal, autant dire l'une des personnes avec lesquelles j'avais le plus de chose à partager. Nous pouvions être en désaccord mais cela ne justifiait pas ce malaise. Mes dernières actions n'étaient pas exemptes de reproches mais je les assumais. D'où venait cette gêne ?

- J'ai passé quelques temps sur Themiscyra, ce qui m'a fait le plus grand bien et m'a accessoirement permis de tenir le coup face à Baal. C'était pas faute de lui avoir tendu la main pour qu'il cesse sa folie, mais il a insisté...

Je haussai les épaules comme pour signifier "les incorrigibles". J'essayai de me détendre un peu, de m'ouvrir. Exercice difficile. Peut-être serait-ce plus simple en laissant de côté ma cape pour parler du reste.

- J'aimerais en dire autant pour Karen s'il en reste quelque chose et Kara... Kara évolue et change, c'est la vie. Certaines de mes décisions sont bonnes, d'autres clairement moins inspirées mais comme dit un proverbe de Krypton "De l'atome à la molécule", une chose à la fois pour essayer de faire quelque chose de plus grand.

Une petite moue de la bouche en guise de ponctuation et ma main montra la cafetière pour inviter Kal à boire quelque chose.

- Et comment vont Clark, Kal et Superman ? Et attention, si tu me réponds "tout va bien ne t'inquiète pas", j'utilise les macarons à la pistache de Ma Hunkel comme kryptonite de secours.

Et j'associais le geste à la parole prenant une pâtisserie verte particulièrement appétissante pour le menacer avec. Potache et maladroit, mais c'était mieux que faire la gueule... probablement...
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[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] 386562Rien
Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Ven 21 Oct 2022 - 11:03

Un léger sourire glisse sur le visage fatigué mais encore sympathique de Superman, une fois qu’il a ralenti et s’est posé devant Karen.
Qui, bien évidemment, réagi à sa nouvelle tenue – sa nouvelle présentation, au monde.


« Ah… je crains que, même en cette période plus sombre, mon choix de couleurs ne convienne guère aux papes et papesses de la mode.
Cela… ne changera pas, d’ailleurs. Cela fait bien longtemps que mon allure les interpelle, et les désespère. »


Il hausse les épaules, régulièrement amusé par les propositions de relookage transmises par plusieurs générations de stylistes.
Sans que jamais il n’y donne suite, bien sûr.

Sans un mot, Clark suit ensuite Power-Girl, qui l’amène dans l’espace réservé pour leur entretien.
Un salon. Rempli de souvenirs, de cadres ; d’éléments chauds et rassurants.
Agréable.
Tout comme l’odeur des victuailles préparées par l’éternelle Ma Hunkel.


« Mmh. »

L’on pourrait s’attendre à ce que Superman, discrètement connu par certains comme un gourmand, se jette sur ces pâtisseries.
Il n’en est rien.

Au contraire, son visage instinctivement appréciateur des odeurs et de la perspective de gourmandise… se referme.
Il ne se crispe pas, mais il se referme ; et pour cause.

Ma Hunkel partage cette générosité culinaire… avec une autre Ma. Une autre maman.
La sienne.
Martha Kent. Récemment disparue.

Une plaie encore béante, pour Clark, qui pousse un soupir discret mais réel.


« Je… plus tard, peut-être. Merci. »

Il grimace un léger sourire, et croise les bras.
Réflexe de défense.
Bien connu, bien humain ; mais rare, si rare et troublant, chez Superman. Cela interpelle.


« Je… suis aussi content de te revoir ; de revenir ici. Même si… j’ai plus été présent au sein du Hall de Justice, et du satellite, ou de la Tour de Garde, je… ah.
Ici. L’Hôtel de la Justice Society ; oui.
C’est… bien. C’est bon. C’est… réconfortant. Comme de revoir… un visage ami ; proche. »


Son sourire se fait plus sincère, quand il acquiesce et se détend ; un tout petit peu.

« Mmh. »

Un léger souffle s’échappe de ses narines, quand elle répond alors – en détaillant son retour, selon ses identités.
Troublant, en principe ; mais légitime, vu la situation.
Il acquiesce lentement, et répond.


« Je… vois.
Il est certain que… Power-Girl impressionne, au vu de ses exploits. Je me permets de t’en féliciter, d’ailleurs. Ton passage sur Themyscira a dû t’aider, oui. Diana m’a régulièrement vanté la douceur et le calme du lieu – ainsi que l’accompagnement, que l’on peut y obtenir. J’avais été ravi d’y envoyer K… Kara. »


Il grimace légèrement.
Le sujet, sa cousine de ce monde, alors que Karen est celle d’une autre Terre, est complexe ; sensible.
Mais pas tabou, non plus.


« Je… te remercie, aussi, d’avoir ainsi géré Baal. Sa puissance semblait… formidable, et terrible. Tu as sauvé quantité de vies, en le stoppant.
Il… est clair, au vu des événements, que je… que je n’aurais… bref.
Je te remercie. Tu as été formidable. »


Gêné, évidemment, Clark a bredouillé, cherché ses mots. Cela aussi, ça interpelle, le connaissant.

« Quant aux autres facettes de ton existence…
Tu dis qu’il reste peu de Karen – pourtant, je crois savoir que tu vois régulièrement Ted Kord, non ? Je te présente mes excuses si je suis indiscret, mais… ah. Tu sais que les rumeurs filent vite.
Quant à ton identité kryptonienne… je n’ose imaginer ce que tu ressens, devant les actes et événements liés aux Kandoriens. As-tu… ah. As-tu envisagé de… d’aller… les voir ? »


Il grimace, encore.
Clark lui-même nourrit des émotions fortes et terribles envers les Kandoriens – mais sa relation avec eux ne peut être la même que celle de Karen.
Car lui… lui n’a jamais connu Krypton ; elle si. Une autre, certes. Mais quand même.


« Ah… quant à moi… »

Il se détourne, instinctivement. Perd son regard dans le vide. Recroise les bras, encore plus ; encore plus fort.
Troublé. Définitivement.


« Je… ne t’inquiète pas, je ne vais pas… fuir le sujet.
Pour te répondre…
Kal se sent définitivement indigne de son héritage kryptonien, et de ce statut de Dernier Fils si longtemps brandi comme une fierté. J’ai l’impression, en voyant les Kandoriens, de n’avoir jamais compris le peuple dont je suis issu – et de le trahir. De trahir les El.
Superman… a perdu le soutien de sa ville, et sûrement du monde. La révélation de mon identité secrète est un plus grand mal, que toutes les crucifixions que je peux subir – même si elles marquent, assurément. J’ai défendu la Vérité, la Justice et le Bien Commun. Qu’en reste-t-il ? Je n’arrive guère à placer devant la Justice ceux qui causent des drames absolus, la définition du Bien Commun change semble avoir changée… et mes secrets confirment que je ne sais rien de la Vérité.
Quant à Clark… »


Il ferme les yeux, et souffle ; avec force mélancolie et tristesse.

« Clark existe-t-il encore, alors que ceux… alors que celui qui l’ont construit, adopté, élevé… alors que eux… ne sont plus… ? »

Sa mâchoire se serre. Inconsciemment, il frissonne ; puis tremble.
Définitivement troublé.
Définitivement… différent, de d’habitude.

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Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Mar 25 Oct 2022 - 9:04

Je ris à la réponse de Kal, oui, les empereurs "de la mode" devaient certainement ravaler leurs ciseaux en voyant l'inamovible homme d'acier refuser de plier même à l'appel des époques, des changements de temps, de goûts, comme si dans la fuite perpétuelle qu'était l'évolution il perdurait quelque chose d'intemporel qui se cristallisait en lui.

- C'est certainement ce qui fera que ton image traversera les siècles, commentai-je brièvement.

Voyant ensuite sa gêne devant l'empilement croustillant de viennoiseries faites avec amour par Ma comme sa visible indifférence devant les assiettes où macarons bariolés et éclairs brillants de leur nappage glacé menaient une lutte sans merci pour se maintenir devant une pyramide crayeuse de meringue, j'eus la certitude qu'il était venu avant toute chose, pour se libérer. La cafetière chaude reflétait la farandole de tartelettes au citron et à la fraise qui l'entourait tandis que des financiers attendaient paresseusement à côté d'une paire de pinces frappée des lettres de la J.S.A. Rien ne paraissait le dérider.

Il parlait avec difficulté, cherchant ses mots dans l'épreuve que formait pour l'une des rares fois de son existence, la lutte avec ses émotions. Kal essayait de se maîtriser, pas par grandeur comme lorsqu'il mentait ou dissimulait pour protéger, mais bien pour éviter d'affronter ses blessures. Il me félicita, une façon d'orienter la discussion.

- Merci, répondis-je simplement en mordant dans le macaron que j'avais en main. J'ai l'avantage pour moi de faire mes coups les moins honorables dans l'ombre de la publicité...

Comme braquer un casino, même appartenant à la pègre, avec une criminelle renommée comme Catwoman.

- ... ça aide.

Lorsqu'il parla de douceur et le calme de l'île amazone, je pouffai gentiment.

- Philippus ne m'a épargné aucune peine. A part les sources chaudes après une journée de combat et les repas du soir avec des femmes qui parlent de leurs loisirs qui vont de "regarde je me suis forgé une nouvelle protection pour mes jambes", à "je n'arrive pas à me dépasser au javelot", je n'ai pas profité du "calme" et de la "douceur". Mais cela m'a fait le plus grand bien, j'y ai laissé une partie de ce qui me pesait.

Un petite crochet par Supergirl.

- Hippolyta m'en a parlée aussi. Tout ce qui peut lui mettre un peu de plomb dans la tête est bon à prendre, commentai-je non sans une petite pointe d'acrimonie.

Kara, celle de cette dimension, celle que... enfin bref, l'"autre" n'était effectivement pas un sujet tabou. Ça n'avait pas à l'être. C'était une gamine qui vivait sa vie. En aucun cas je n'avais le droit de la juger comme si elle m'appartenait où si elle devait suivre un chemin que j'estimai etre le bon. C'était dur malgré tout. Elle était ce que j'aurais pu être, la voir m'obligeai à me regarder à travers un miroir déformant; exercice difficile, surtout lorsque votre reflet réfléchissait autrement que vous, voyait le monde à travers une autre paire d'yeux et vivait une vie... une vraie vie, pas une simulation.

Après quelques instants, Kal parla de Baal et, en filigrane, de ses faiblesses. Encore une fois, il peinait à s'exprimer, il louvoyait. Pas de chance pour lui, c'était ma spécialité d'une époque.

- Il frappe fort oui mais il ne contrôle pas encore pleinement ses pouvoirs et il n'est pas entraîné, clairement, décrivis-je cliniquement. C'est un fanatique. J'ai beau avoir laissé une porte ouverte avec lui, il est resté campé sur une logique d'affrontement. Je ne m'attendais pas à un changement de braquet immédiat, mais au moins une ouverture, quelque chose. Et finalement, rien.

Je m'enfonçai dans mon siège, une tartelette au citron à moitié entamée dans la main. Ça se mangeait tout seul. Et oui, manger devant Kal qui visiblement n'avait pas d'appétit pouvait paraitre indélicat, ça l'était carrément, mais ça participait un peu, si j'en croyais ma voix intérieure, à le secouer un peu. La vie continuait autour de lui.

- Mais "il ne faut jamais fermer la porte à la diplomatie", fis-je en citant Wesley avec une imitation approximative, "qu'importe, ennemi ou ami, il faut toujours garder un canal de communication". Ouais... J'imagine que Sandman ne s'attendait pas à ce que j'applique un jour ses préceptes juste avant de faire fondre le visage de la personne avec qui je voulais ouvrir le dialogue...

Toujours garder la possibilité de communiquer, dans un sens comme dans l'autre, des informations. Les silences eux-mêmes étaient révélateurs et si jamais un acte était fait, il pouvait être utile, ne serait-ce que pour s'expliquer et éviter les malentendus qui envenimeraient encore plus la situation, de toujours avoir une possibilité de parler.

- Tu aurais géré, lui lançai-je au doute qu'il paraissait vouloir formuler alors que j'époussetai les quelques miettes de tartelettes de mes cuisses. La preuve, tu l'as fait, tu es là et Métropolis aussi. On a tous pris cher mais c'est souvent le prix d'une bataille que l'on ne choisit pas. Il faut être un politicien pour râler d'avoir gagné avec des pertes face à une attaque préparée par l'ennemi, ou un vieux général conservateur particulièrement peu perspicace.

Cadeau pour Lane.

- Fais attention, rétorquai-je à son compliment en souriant, je vais finir par m'habituer à "être formidable".

Je pris une pose héroïque en me gonflant la poitrine avant de me faire couler un café.

- Tu devrais prendre quelque chose, fis-je simplement.

Une invitation qui ressemblait à un ordre ou un conseil particulièment péremptoire.

- Plus sérieusement, on a eu beaucoup de chance. L'ennemi c'est surestimé, ou nous a sous-estimé, ce qui revient souvent au même, pas sûre qu'il fasse l'erreur deux fois, repris-je en soufflant sur ma tasse. Il va falloir s'entraîner. Pour ma part la J.S.A. m'aide très aimablement au combat de groupe... Tu vas rire mais éviter une lance maniée par Jay Garrick n'est pas aussi facile qu'il y paraît... et Alan est carrément fourbe après le premier coup de pied... Je repasse aussi régulièrement à Themyscira pour que les Amazones m'aident à peaufiner deux trois trucs.

" Et toi, tu te prépares ?


Riant de bon coeur lorsqu'il aborde mon couple avec Blue Beetle, je manquai de renverser mon mug. C'était touchant de voir les pincettes que tout le monde prenait, même ici à la J.S.A. Oui, nous n'avions pas fait de grande annonce ou ne passions pas notre temps l'un collé à l'autre la main dans la main, mais il n'y avait rien de secret.

- Il n'y a pas d'indiscrétion, oui, Ted et moi sommes devenus intimes. On ne vit pas ensemble mais c'est bien comme ça, chacun son espace, sa zone de liberté et on arrive à se voir. Ça le rend encore plus heureux de me revoir. Ça m'aménage un îlot de normalité, même si on parle parfois plus de science que de nous. Mais... Ted n'est pas avec Karen, Kal, il est avec Kara, avec celle que je suis hors de la société civile. Karen a fait son temps à sa manière, c'est mon identité américaine, le temps nous dira si elle pourra reconstruire quelque chose d'autre. Pour le moment... elle est en stand-by.

" Ce sont des choses qui arrivent, plus j'ai de temps pour le reste, moins j'ai de temps pour elle et vice-versa.

" Je dois prioriser un peu ce que je peux faire. J'ai voulu gérer trop de choses d'un coup, je suis tombée et j'ai failli ne pas me relever, Kal. C'est pas encore parfait, d'après Wildcat je suis encore un plus froide qu'avant sur certains sujets, mais j'y travaille. Une blessure à la fois.


C'était un peu comme de mettre un pan de sa vie en retrait, le temps de trouver une façon de lui redonner une meilleure mine et de la vigueur. Mon exposé paraissait clinique, mais j'étais avant toute chose Kara Zor-L, Karen avait toujours été une couverture, une identité "en plus", comme un papier d'identité pour la Terre. Au fond de moi je me sentais kryptonienne et non pas terrienne. Je soupirai alors en pensant à Kandor et la question de Kal. Sans doute étais-je plus laxiste avec mes semblables.

- Il n'y a pas de peuple parfait. La Krypton que j'ai connue avait ses forces, mais aussi ses faiblesses même si je l'ai connue jeune et n'en ai pas effleuré plus que la surface. Kandor est une ville-état qui se cherche. Son système fermé s'est radicalisé. Pour le moment la colère, la rancœur et la force ont pris le pas. Le désespoir mène rarement à la sagesse. Le sentiment de faiblesse et d'impuissance qu'ils ont dû vivre enfermé dans une bouteille n'a rien fait pour aider leur égo.

" L'explosion est violente, je mentirais à dire que je ne comprends pas, ayant moi-même... succombé à cette colère. Mais ça ne me désespère pas autant que je l'aurais d'abord pensé.


Mes mains se portèrent de part et d'autre de ma tasse de café à mesure que je parlais. Sans doute aurais-je dû être plus atteinte mais je comprenais sincèrement leur ressentiment, je comprenais qu'ils aient pu se laisser à tant de désespoir, qu'un homme, un groupe ou une organisation ait pu s'élever dans les décombres d'une civilisation littéralement coincée et diffuser son message impérialiste de haine.

- En miroir, la Terre n'a pas fait mieux dernièrement. Face à Darkseid elle s'est montrée résiliente, mais après ? Le rejet plus ou moins assumé de Mosaïc ; l'Europe a sombré ; Luthor qui a voulu montrer les muscles... maintenant Lane et l'armée, énumérai-je. Je suis assurément déçue, autant des actes de Kandor que de leurs conséquences, déçue de ne pas trouver en elle une sagesse plus grande ; amère à l'idée que l'on puisse nous haïr malgré toute notre abnégation ; en colère de l'injustice des jugements humains - mais ça je commence à avoir l'habitude - autant que kryptoniens. Ça ne veut pas dire que tout est à jeter.

" Avec tout ce que j'ai vécu dernièrement, en voyant tous ceux qui m'entourent, en voyant tout ce que je fais et ce que je suis capable de faire, pour avoir vu un univers se faire dévaster par des Bizarros créé par quelqu'un de cette Terre, un autre par les Black Lantern guidé par un Black Adam de cette réalité et voir que l'univers tient toujours, eh bien je me dis que les choses pourraient être pire. En sachant clairement que c'est une phase, que nous passerons dans une poignée de mois à autre chose - ça j'en suis sûre - je me dis que c'est un mauvais moment... et... et quoi que puissent dire Kandor ou Lane, au fond je m'en fous complètement.


L'affirmation tombait comme un couperet naturel. Je me préparais, je m'entraînais, j'y pensais naturellement, cela me travaillait, toutefois, l'ultime vérité c'était que ça ne m'atteignait pas aussi durement que Kara ou Kal. J'avais intériorisé que notre combat était une tâche interminable, un travail de pompier comme je le rappelais souvent. Nous empêchions le monde de sombrer sans l'améliorer. J'avais fait mon deuil sur ma capacité à faire grandir l'Humanité, j'espèrais désormais juste l'empêcher de disparaître. De là provenait assurément une partie de mon détachement.

- Je me dresserai là où des innocents ont besoin d'aide; je m'opposerai, quitte à les tabasser façon pinata, à ceux qui veulent faire des autres leurs esclaves et je pourrais me regarder dans le miroir. J'ai trop lutté contre les souvenirs qui m'ont hanté lors de ma contamination par Darkseid, hanté par cette culpabilité pour qu'aujourd'hui je baisse les bras alors que justement je peux être celle que j'ai envie d'être. J'ai envie de profiter de ma vie, de ce qu'elle a à m'offrir et je vais faire mon boulot, je balaierais ce qui fait de l'ombre à l'évolution de ce monde, à ce qui lui veut du mal. Ce n'est pas que j'aime particulièrement l'Humanité - si je pouvais je botterais les fesses à la moitié de la population masculine -, que la Terre est ma planète, mais j'y ai des amis, j'ai travaillé dur dessus et il y a du potentiel, bien gâché quand même, mais du potentiel.

Je laissai quelques instants me paroles flotter dans l'air.

- Kandor, telle que nous la voyons, a évolué sur son propre chemin, dans la solitude et le désespoir. Oui, ç'aurait été mieux d'éviter une guerre et trouver un peuple sage et prospère. Ce que je sais par contre, c'est que cette Kandor n'est pas mon héritage, en tout cas pas celui qui doit me guider. Ni sa morale, ni sa vision de l'univers sont miennes. Mon passé est plein de leçons, mais c'est ce que j'en fais aujourd'hui qui compte. Et leur vision... ils peuvent joyeusement se la mettre... enfin, je ne vais pas te faire un dessin.

Voilà qui faisait beaucoup d'informations sur la situation. Mais ça faisait du bien de le dire une bonne fois pour toute. Ras-le-bol d'être victime de mon passé, ras-le-bol d'en vouloir à mes géniteurs pour leur lâcheté, ras-le-bol de soupirer en voyant qu'il y avait toujours quelqu'un pour salir après qu'on ait fait le ménage. Parfois je pouvais dire "d'autres gèreront", mais là c'était... trop personnel. Ce n'était pas le sujet qu'on pouvait déléguer.

- J'irai les voir, affirmai-je de façon claire, nette et précise. Je le dois, d'abord parce qu'ils m'ont transmis un message pour lequel j'ai besoin de précisions et parce que je sais que les parents de Kara sont encore vivants.

Un mystère et la menace d'une prise d'otage familiale, en fallait-il plus ? J'ignorai encore à l'époque que Diana allait s'y rendre, ce qui allait arranger mes affaires soit dit en passant.

Nous passâmes ensuite à lui, à ses trois identités, lui qui se perdait justement.

- Tu es un idéaliste, lui lançai-je sans forcément que ce soit un compliment. Pour toi le monde est tout blanc ou tout noir, ou, pire, dans un monde que tu sais gris tu essaies, quasiment tout seul, d'être un phare qui permet de comprendre ce qui est bien ou mal.

" L'Histoire est une affaire de cheminement. Quand on regarde par dessus son épaule c'est pour comprendre comment on en est arrivé là, pas pour figer ce que nous sommes en essayant de faire des plans sur la comète avec notre regard actuel sur les pensées d'hier. Ceux qui utilisent l'Histoire pour porter une moral ou une conception du monde en font une arme politique. Ils ne comprennent pas l'essentiel : on étudie notre passé pour en tirer des leçons, des analyses que l'on remettra toujours en perspective avec les nouveaux faits qui nous viendront. Elle n'est jamais figée. Tu parles de ton héritage kryptonien, mais qu'est-ce qu'un peuple disparu depuis des générations peut t'apprendre sur le monde d'aujourd'hui ? Sur celui que tu es ?

" Notre héritage kryptonien est une Histoire, des leçons, des enseignements que l'on étudie au prisme de notre propre expérience. Parfois Krypton avait du bon, parfois du moins bon. Tiens par exemple : tes géniteurs t'ont donné une mission ? Tu la prends à coeur, mais regarde, les miens aussi, en tant que gamine ils m'ont fourré dans une navette pour m'occuper d'un bébé. Et pour cela je les hais sincèrement. Je... je n'en ai jamais vraiment parlé avant mais je les déteste profondément et si je les revoyais vivants, je leur collerai certainement une bonne droite. Ils ont été lâches, ils m'ont abandonné avec une mission que je n'aurais jamais pu mener et que je n'ai d'ailleurs pas pu mener à bien, ils n'ont affronté aucune des conséquences dont ils avaient une part de responsabilité.

" Je suis sûre que tu vois les choses différemments, des décisions très similaires, deux points de vue par rapport à nos expériences. Et ensuite les choses évoluent. Nous faisons tous des erreurs. Ta fierté était placée en un symbole qui se révèle malheureux, en quoi est-il différent des terriens qui saluent leur gloire humaine alors qu'ils ont générés parmi leurs pires ennemis ? Peut-être, au fond, n'as-tu jamais été aussi digne de porter une parole compréhensible pour l'Humanité qu'aujourd'hui. De donneur de leçon agaçant ils verront peut-être quelqu'un qui tombe et se relève. Un exemple qui montre qu'il n'y a pas de fatalité.


Ma pauvre Kara, tu ne gagnerais pas le concours de l'épaule compatissante encore moins celle qui sait écouter le malheur des gens.

- Superman va avoir du boulot, acquiesçai-je. Parce que le monde change. Le "monde" est effrayé, il cherche un sens, des réponses. Entre les aliens, les méta-humains, les Dieux et la magie, il est bien normal que l'Humanité cherche à trouver sa place, sa voie, une solution pour essayer de reprendre son destin en main. Moins ils se sentiront en sécurité, moins leur réponse sera raisonnable. Les gens ont peur Kal.

" Cette "Vérité" qui était la tienne, ton identité secrète, quel mal faisait-elle ? Les policiers n'affichent plus leur prénoms sur leurs badges, les soldats ont des matricules, tous ceux qui s'exposent en protégeant le monde contre quelqu'un ou quelque chose ont besoin de se protéger eux aussi et leurs proches, pour éviter justement qu'ils ne puissent se retrouver à agir contre leurs valeurs. Est-ce un mensonge que de protéger son entourage ? D'éviter que ceux qui font d'autres choix subissent les nôtres ? Tous ceux qui, eux, savaient qui tu étais, ceux avec qui tu en as longuement discuté, ceux qui, certainement, étaient d'accord avec toi, sont-ils coupables ? Est-ce que la Vérité exige une confiance aveugle ?


Je bus une gorgée de café.

- Les pâtisseries de Ma me rendent philosophe... je devrais ralentir, mais les éclairs me font de l'oeil.

" Ce que j'essaie de te dire, bien maladroitement sans doute, c'est que regretter c'est vouloir changer l'inchangeable. La question n'est pas "Par Rao mais que va-t-il m'arriver maintenant ?", mais comment tu vas avancer et ce que tu veux faire. Okay, on est tous à la peine pour faire triompher la Justice, mais la faute est à nos actes ou à l'hypocrisie des méthodes terriennes sur lesquelles nous n'avons qu'une influence limitée ? A un moment il faut connaître la limite de son champ de manoeuvre et, patiemment, faire bouger les lignes.

" Ta Vérité a pris un coup dans l'aile ? Peut-être. Que veux-tu en faire maintenant ? La reprendre en blason quitte à te lancer dans la rédemption ou tâcher de comprendre pourquoi tu as, tout ce temps, brandi ce que tu considères comme un "mensonge" ? Faut-il accepter, parfois la dissimulation pour parce que cette Vérité ne t'appartient pas uniquement mais englobe d'autres destins ?

" Et pour le Bien Commun... encore faut-il s'accorder sur ce que c'est, peut-être faut-il arrêter de chercher en toi une réponse absolue et inébranlable et t'ouvrir à l'Humanité afin d'en discuter avec elle plutôt que d'essayer de faire coller un système qui ne lui convient, sans doute pas - certainement je dirais - car l'exigence est trop grande, trop effrayante à embrasser d'un seul coup...


Je haussai les épaules.

- Du travail il y en a, ajoutai-je, comme pour répondre à toutes les questions qui valent la peine d'être posées. J'ai mes réponses à ces questions pour ma part et toi ?

Restait à parler de la perte de ses parents qui l'ébranlait clairement, sans doute même était-ce là son plus grand problème duquel tous les autres découlaient intrinsèquement. La gestion du deuil n'était pas ma spécialité. La plus élémentaire intelligence émotionnelle exigeait de moi de reformuler ses propos dans une démarche de communication non violente, de le laisser s'exprimer jusqu'à ce que l'on puisse mettre un nom sur l'émotion qui le traversait. Était-il en colère, triste, plein de culpabilité ? Notre longévité accrue nous ferait enterrer Loïs, Ted, Terry, Jimmy et tous ceux qui, sans avoir nos capacités, seraient terrassés par le temps. Nous étions voués à enjamber les cadavres. J'étais assez surprise que Kal ne se soit pas fait à cette idée plus tôt.

Bon sang et c'était moi qui me retrouvai face à sa détresse émotionnelle. Allez, du cran ma grande, tu peux éviter de faire du Power Girl pour essayer de faire plus subtile...

- Si j'ai bien compris, Clark n'a plus de sens sans ses parents, reformulai-je en essayant de ne faire transparaître aucun jugement, aucune critique, afin de l'aider à s'exprimer d'avantage.

Pas trop mal... enfin, j'espérai.
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[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] 386562Rien
Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Mer 26 Oct 2022 - 11:38

Clark ne dit rien.

Il reste calme, figé ; immobile.
Stoïque.

Kara parle, longuement – ça le touche. Il la connaît désormais suffisamment pour savoir qu’elle n’a pas forcément le dialogue facile.
En tout cas, les révélations, aveux et éléments personnels faciles.
Il est touché qu’elle en vienne à lui parler autant, à se livrer autant. Même si…

Même si tout n’est pas simple à entendre.

Kara est directe, stricte ; sèche, un peu.
Pas méchamment.
Mais… quand même. Il sent, il voit combien elle est désormais à l’aise avec elle-même. Avec ce qu’elle ressent, ce qu’elle vit. Même ce qu’elle ne maîtrise pas entièrement.

Il jalouse cela, un peu.
… parce qu’il a longtemps été ici ; croyait-il, en tout cas.
Parce qu’il ne l’a plus.


« Humf. »

Il soupire, après un silence presque trop long. Il grimace, et reprend la parole d’une voix lente ; plus usée qu’il ne le voulait. Mais, donc, révélatrice.

« Je… ne sais pas. »

Un sourire triste, perdu, glisse sur son visage.

« Le dire, l’évoquer… me paraît ridicule.
Evidemment. Evidemment que Clark Kent continue à exister, à vivre sans ses parents. C’est là une suite hélas logique, un événement prévisible, attendu dans une vie.
Evidemment. Evidemment que mes… qu’ils… que Jonathan et Martha Kent n’étaient pas les seuls reliés à Clark.
Evidemment. Evidemment que Lois, Jon… mais aussi Perry, Jimmy et les autres sont attachés à Clark, et ont besoin de lui.
Evidemment. Mais… »


Il détourne les yeux.
Trop pris par l’émotion ; déjà.


« … je ne sais plus.
Je ne sais plus… qui je suis, Kara ; qui je peux encore être, plutôt.
Tu l’as dit longuement, et je t’en remercie : le rapport aux Kandoriens est complexe. Tu dis vrai, en considérant qu’ils ne représentent pas pleinement Krypton, et qu’ils trahissent en soi l’héritage de… notre monde.
Mais… ah. Je… sans vouloir faire pleurer dans les chaumières, je… j’ai été… seul. L’essentiel de mon existence. En quelques années, des survivants de Krypton sont apparus, des proches se sont créés – Krypton, Kara… toi. Les Kandoriens, à leur niveau.
Mais… avant… avant, j’étais seul. Longtemps, je ne savais pas… d’où je venais, qui j’étais ; ce que j’étais.
Krypton… a été et demeure, au fond, un fantasme ; une idée. Un miracle. Un paradis. Je suis plus lié à cette idée de Krypton, qu’à ce qu’elle a été elle-même. Bien que Jor-El m’ait clairement évoqué les défauts de Krypton, il… ah. Il en était ; et il aimait Krypton.
J’ai entendu le négatif. Mais j’ai surtout reçu… les démonstrations du positif de ce monde, en qui je trouvais enfin des réponses si longtemps attendues. »


Il hausse légèrement les épaules.

« Là… là, je fais face à… un rejet. Un rejet absolu, de ceux qui, même s’ils n’incarnent pas pleinement Krypton… y ont été. Y ont vécu.
Ou ont grandi, au contact de leurs anciens – et à mon contact.
Je… ah. Je le sens.
Je ne… suis pas à la hauteur.
Je ne suis pas à la hauteur de ce qu’ils attendaient de moi, de ce que je… me suis proposé de faire, pour eux. Je me suis laissé griser, Kara. J’ai cru… j’ai cru en ce mythe, cette fable ; cette légende.
Superman ! Ah.
Un nom formidable, que j’aime – mais qui m’a dépassé. Je… ne le suis pas. Je ne suis pas le Superman tant attendu, tant présenté.
Je… j’ai trahi les espoirs des Kandoriens. Je suis rejeté par ceux qui, en l’état, représentent la survivance de Krypton – mon fantasme, mon oasis ; ma Terre Promise.
L’identité de Kal-El… me paraît celle d’un faible, d’un traître. D’un échec.
L’identité de Superman… semble trop grosse, pour moi.
Et celle de Clark… »


Nouveau silence. Nouveau soupir.
Forts douloureux.


« Nous n’avons pas le même rapport, toi et moi. Tu évoques Karen comme une identité annexe, et la… laisser te paraît cohérent.
Je l’entends ; mais je ne partage pas.
Je… il m’est difficile de simplifier mon discours, ma pensée, mais… ah. Essayons.
Je suis… Clark.
Avant Kal. Avant Superman. Je suis… Clark.
J’ai été Clark dès ma première conscience, dès ma découverte du monde. Je suis Clark, avant tout. J’étais… Clark.
Ce gamin de Smallville. Le meilleur ami de Pete. L’amoureux timide de Lana. Le journaliste paumé à Metropolis. Le reporter acharné, à trouver la vérité.
Le… mari de Lois. Le père de Jon. Oui. Mais…
Maintenant ? Le suis-je encore ?
Clark est… était mon jardin secret ; ma chasse gardée. Mon repos. Ce moment où j’étais… moi-même. Bien sûr, j’en faisais trop, en courbant mon dos, en étant trop maladroit – mais, ha. Je suis maladroit ! Je suis réellement maladroit, quand… je ne porte pas le S. Quand je… quand je ne m’impose pas, d’être lui ; Superman.
Mais là… »


Il se retourne, enfin, vers elle ; et forme une expression triste et hantée, sur son visage.

« … je ne sais plus.
Le suis-je encore ? Sûrement. En suis-je digne ? Je l’ignore.
Comment… comment aller voir Jimmy, Perry, et les autres ? Je sais que tu as évoqué la Vérité, et je… te remercie, pour ces mots chers à mon cœur. Cependant… si mon esprit les entend, ce même cœur les refuse.
Je me sens… sale. Sali. Par ce que les Kandoriens ont fait – par ce que j’ai fait.
Je… ah. Je sais que tu vas aller les voir… et je sais que je dois me préparer, à eux. Mais… comment ?
Je ne sais plus… qui je suis.
Quand… quand j’étais petit, quand mon ouïe s’est développée, j’ai… j’ai réussi à la cadrer, la calmer en… me concentrant ; sur un élément. Un son. Un repère.
Les battements de cœur… de ma mère. De M’man.
Elle a toujours été ma boussole de vie – alors que P’pa était ma boussole morale. Mais là…
Là, alors que je sais ne pas être le Kal-El que j’espérais, que l’on voulait de moi… alors que je vois ne pas réussir à être le Superman désiré…
Ils ne sont plus là. Ni lui. Ni elle.
Comment… comment avancer, alors que je ne l’entends plus… ? Je ne sais pas.
Quand… Jon est né, j’ai eu conscience de… devenir le parachute, de quelqu’un ; de lui. Je suis… son plan B, sa roue de secours ; et ça me va. Et j’adore ça. Et ça allait.
… car j’avais encore le mien. J’avais encore… M’man. Quelqu’un qui, toujours, je le savais, serait de mon côté – même pour me gronder, gentiment.
Mais là… alors que je… perds tout, que tout m’échappe… elle aussi. Elle n’est plus.
Et moi… je… »


Il baisse les yeux, s’assoit lourdement sur un siège. Et réfugie son visage entre ses mains.

« … je suis navré.
Je suis navré, Kara, je… ah. Je me comporte… comme un enfant. Pire !
Un adolescent.
Mais… ah. Je suis… perdu. Je… ne sais plus.
Mes… mes parents sont… étaient… ma base. Mon foyer. Je… je suis adulte, je… vieillis. J’ai une famille ; et dieu que je les aime.
Mais… ah. En cet instant, en ce moment, je…
Je ne suis qu’un enfant, Kara. Un… orphelin.
Et… bon sang de bois, excuse-moi pour la vulgarité, mais… bon sang de bois, je…
J’aurais bien besoin d’un parachute, là. J’aurais bien besoin…
Je sais ce que le monde attend de moi. Je sais qu’il faut me préparer aux Kandoriens – et il me faut rassurer Jon, et aider Lois. Il le faut. Je le dois. Je le leur dois.
Mais… bon sang !
Je… j’aurais… j’aurais juste besoin que… que P’pa me guide, là, et que M’man… M’man m’prenne dans ses bras, là… »


Un sanglot discret accompagne ces mots ; déchirants.
Il en a honte. Il a honte de dire cela.
Il a honte de penser cela.
… mais ça fait du bien. Mais ça libère.

De ce poids qui le ronge, et l’éloigne de ceux qui lui sont chers ; et vivent, encore.

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JSA
Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Mar 15 Nov 2022 - 11:35


C'était remarquable de constater à quel point il pouvait esquiver le coeur de son problème. Un trait de famille certainement. Il n'appela d'abord pas Jonathan et Martha Kent comme ses parents, il esquiva un peu, puis, parlant de plus en plus sincèrement, la vérité finit par éclater.

Je l'écoutai comme il m'avait écoutée. Il me parla du trouble métaphysique dans lequel il était, dans cette crise existentielle qui s'imposait à lui, sans prévenir, sans douceur, sans ménagement. Oui, Superman venait de se prendre facilement trois K.O. techniques les uns après les autres et il cherchait à se relever. Pas simple mais au moins il faisait l'effort de se poser les bonnes questions.

Son visage était effrayant. La douceur et la joie tranquille qui émanaient jadis de ses traits étaient rendus indistincts par les marbrures de la tristesse, comme noyées dans l'ondée du deuil. Avec une charge mentale comme la sienne s'était un miracle qu'il ne se soit pas effondré plus tôt, pensai-je. Toutes les questions qu'il posait aujourd'hui étaient autant de détails et d'éléments qu'il n'avait pas traité plus tôt, autant de petites failles, d'approximations mentales, de raccourcis faciles ou de questions gênantes que l'on avait tous tendance à mettre sous le tapis tant qu'elles importaient peu. Jusqu'à... jusqu'à ce qu'elles deviennent incontournables. Un déluge de problèmes, l'accumulation devient ingérable, une petite pichenette et tout s'effondrait.

Être la témoin de l'implosion de Superman était effrayant et... rassurant. Il exprima son regret à se montrer ainsi; même dans le malheur, il continuait à ne penser qu'aux autres, à leur regard, à leur jugement, à l'image qu'il présentait. J'eus un pâle sourire en l'entendant s'excuser de sa "vulgarité", il ne gagnerait pas à un concours face à Wildcat ou moi.

- Rassure-toi, lui fis-je avec une voix douce que je ne me connaissais plus, c'est, au contraire, plaisant de t'entendre enfin parler de toi, de ce que tu ressens et de ce dont TU as besoin et pas ce que les autres peuvent attendre de toi ou l'effroi que te cause le moindre regard.

Je reposai ma tasse encore pleine sur la table basse. Comment lui dire ? J'étais d'une nature directe dans la conduite de ma vie, rigide diraient certains et j'affirmai généralement plus que je ne conseillai. L'absence de fioriture représentait un gain de temps et d'énergie considérable. Alors certes, niveau réconfort je devais être plus proche d'une statue que d'une peluche, d'un autre côté, s'il voulait de la légèreté et des câlins, il avait Kara, Loïs, Wonder Woman certainement. Batman aurait certainement, lui aussi, deux trois trucs à dire sur le fait de devenir orphelin...

- Clark..., déclarai-je en marquant une nouvelle courte pause. Oublie un peu les autres. Oublie un peu leur regard. Superman est une part importante de ta vie, okay, mais tu le dis bien, Clark est important pour toi, la partie la plus important même. Concentre-toi sur l'essentiel : cette vie. C'est elle que tu vas devoir reconstruire en première. Oublie ton uniforme de justicier. Assume ce que tu es.

" Tu n'es pas trois personnalités qui se combattent, tu es un homme, multi-culturel, riche de l'acceptation de ce que deux mondes ont eu à t'offrir, tu as une famille, des amis, des proches.

" Ce qui nous définit, c'est ce que nous choisissons d'être, ce que nous choisissons de penser. Le reste, nous n'avons que peu de prise dessus, ou on subit et on fait avec ou on trouve un moyen de dépasser nos conditions... si c'est possible. Nos images, nos symboles, nous les nourrissons de nos actes mais tôt ou tard ils dépendent de la perception du reste du monde. Et ça... c'est hors de contrôle. On ne peut pas tout maîtriser. Superman et c'est sans doute ce qui est terrible, ne t'appartient pas. Comme d'autres en enfilant un uniforme cessent d'être "Johnny le gentil voisin" ou "Gab' le gamer qui cherche l'amour en ligne" pour incarner une forme d'abnégation bien différente qu'ils soient infirmières, pompiers, policiers, soldats.


Je repensais à ses propos sur sa mère, Martha, sur le soutien qu'elle était pour lui, sur la "boussole" qu'elle avait été et qu'elle aurait pu encore être. Il avait visiblement besoin d'un contact, de quelque chose d'un peu moins... plus... enfin d'un geste, quelque chose.

Misère.

Je frottai mes cuisses avec mes deux mains devant le spectacle étrange et surréaliste de l'incarnation de la droiture en pleine détresse. Je me levai, calmement, et vint poser une main sur l'une de ses épaules voûtées.

- Je ne devrais certainement pas te le dire - surtout maintenant - mais... j'ai longtemps détesté Superman, balançai-je.Un temps je me suis dit qu'il était un exemple et je me suis épuisée à essayer d'être comme lui. Fort, fier, inébranlable, invincible, moralement indiscutable... et je me suis plantée.

" Après j'ai souffert, sans l'avouer ou l'admettre. Chaque fois que l'on me disait "elle fait comme Superman" ; "Regardez, c'est la cousine de Superman" ; "Tu pourrais m'avoir l'autographe de Superman ?", j'apprenais à le rejeter. Je voyais ses couvertures médiatiques, on voyait son regard perçant, son allure altière, son profil. Et je regardais les miennes, mon regard ou ma détermination n'étaient pas ce que l'on mettait en valeur...

" J'oscillai un temps entre la jalousie et la colère et puis j'ai balancé tout ça aux orties pour être... P.G. et Superman m'est redevenu sympathique, un peu old school, une sorte de Nord magnétique d'une certaine moralité. Je n'étais et ne suis toujours pas d'accord avec tout ce que porte son symbole mais il est là, parfait ou imparfait.

" Superman n'y était pour rien naturellement, mais il représentait l'inaccessible, l'horizon infranchissable. Ce n'est certainement pas ce que tu voulais générer en prenant ce costume. Tu es trop soucieux des autres pour ne serait-ce que leur souhaiter du mal, tu voulais incarner une légende inspirante mais l'ombre du mythe empêche bien des gens d'accéder à un peu de lumière.

" Ce que je veux te dire, c'est qu'au final, il y a autant de Superman que d'yeux qui se portent sur lui.

" En retour, ça vaut la peine aussi de se demander quel regard Superman porte sur ce monde qui le juge, le condamne ou le sanctifie.


Au dehors, un Soleil d'automne brillait chichement, comme s'il se sentait lui-même de trop dans le tableau général de cette pièce où se jouait le drame d'un homme accablé.

- Alors... quitte à insister, oublie un peu tes doutes sur ce que les gens pensent. Pour te préparer : prends les questions auxquelles tu ne peux pas répondre tout seul et va voir les principaux intéressés. D'abord Loïs et John qui attendent un époux et un père puis Terry, Perry, certainement tes collègues les plus proches. Ne laisse pas la situation empirer, crève les abcès rapidement, quitte à te confronter à de très désagréables rencontres, elles permettront à chacun d'aller de l'avant, d'atténuer les rancoeurs, d'éviter les incompréhensions. Il y aura des confiances à regagner, des défiances à affronter, des amitiés brisées, d'autres renforcées.

" Seule certitude : ce n'est pas en te rongeant de regrets et de doutes que tu vas pouvoir avancer. Ce n'est pas en épousant le regard d'individus sur lesquels j'ai le sentiment que tu as peu de recul que tu pourras te faire une vision plus objective de la situation. Cesse de t'accabler du regard des autres. Tu penses que Kal est un traître ? La vrai question est : à quoi ? Faible ? Par rapport à qui ? Un échec ? Quel était son but initial ? Complaire à des fanatiques qui se disent qu'ils méritent de dominer l'univers parce que la vie a été injuste avec eux ?


Quant à la disparition de ses parents...

- Penses-y. Parce que tu vas devoir mettre un pied devant l'autre dans peu de temps.

" Tes parents ont eu leurs expériences, leurs erreurs, leurs réussites et leurs déceptions. Tu es l'heureux héritier du savoirs que leurs vies ont lentement accumulés. A toi de faire fructifier cet héritage qui n'est pas figé, qui attend d'évoluer, de se confronter à un monde qui change. Superman lui-même n'est pas une fin, il n'est pas l'aboutissement moral immuable et unique. C'est un phare qui brillera un temps et qui, au moment propice, laissera, lui aussi, la place à un (ou une) autre à qui il aura transmis son savoir et dont il aura fait profiter son expérience.

" Mais ça, ça dépend surtout de la faculté qu'aura Clark à vivre avec son double héritage. On t'a donné le bâton relais... c'est l'heure d'y aller.

" Tes parents ont été là, tu as pu en profiter. Ils ont fait leur travail, à toi de faire le tien, quitte à ce que Superman dusse se mettre un peu en retrait pour laisser à Clark le soin de mettre bon ordre dans sa vie. Ce "jardin secret", c'était ton espace de liberté, ta vie. Revendique-le et ne laisse personne le prendre. Prends le problème différemment, Kandor t'offre l'occasion de mettre en bon ordre les entorses que tu as faites durant ces quelques années, t'offre l'opportunité de t'adresser à chacun, certainement même sans ton costume pour la première fois. L'opportunité certainement unique de commencer à te concentrer sur ton propre battement de coeur.


Ma main quitta son épaule. Définitivement le genre de situation que je ne savais pas gérer.

- Fais comme tu as souvent fait. Aies confiance au genre humain en commençant par ceux qui te sont proches, abondai-je. Pour Kandor, pour les Lane, les Luthor, les Henshaw et consorts, tu as des alliés sur lesquels te reposer. Pour ta vie... eh bien, difficile de déléguer.

Je soupirai légèrement et appliquai de mon poing une légère pression sur le coté de son bras dans ce qui se révélait sans doute être mon geste le plus adelphe.

- Pleurer ça fait du bien Clark, la pire chose que tu puisses faire maintenant c'est de tout retenir, lâchai-je. Tu n'as personne à protéger ici, ni Superman, ni Clark, ni Kal...

Oui, une grande nouveauté chez moi : oser exprimer ses émotions, leur laisser, par moment, un peu de contrôle pour libérer la charge qu'elles portaient. Il fallait croire que la vie nous faisait tous évoluer à notre manière...
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[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] 386562Rien
Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Mar 15 Nov 2022 - 16:20

Il s’assoit.

Il s’assoit enfin, alors que les paroles de Karen pénètrent au cœur de son esprit – de son âme.
Et y font leur nid.


« Hrm. »

Il grogne, et baisse lentement la tête ; et les épaules.
Il… baisse, en fait.

Tout en lui baisse. Tout en lui… s’affaisse, plutôt.
Il le permet.
Il… se le permet ; enfin.

Clark a bien entendu les mots de Karen – et, bien des fois, il a pensé répliquer ; contester.
Dire quelque chose. Revenir sur quelque chose.
… mais non.

Il ne dit rien. Il ne réplique rien. Il ne revient sur rien.
Même pas…
Même pas sur les mentions de Karen, vis-à-vis de ses sentiments sur Superman ; qui le troublent, énormément.

Parce qu’il les partage, un peu.

Parce que lui aussi a nourri, et nourrit encore un rejet – une sorte de haine, d’envie et de jalousie pleines de fureur, envers cette icône, cette image parfaite, ce mythe.
Superman.

Il ne dit rien, cependant.
Il ne conteste pas. Il ne partage pas.
Il entend. Il écoute.
Il accepte.

… il cède.


« Humf. »

Un soupir lourd s’échappe de ses lèvres, alors que ses mains gantées de noir montent lentement vers son visage.
Il s’y réfugie.

Il bloque ses traits tirés, usés et changés au cœur de ses mains – dans ce tissu kryptonien, qu’il veut transformer, utiliser.
Qu’il ne reconnaît pas.

Il grimace, en dessous. Il inspire.
… et il parle.


« Pardon. »

Sa grimace s’amplifie, en dessous de ses mains – de sa protection.
Qui n’en est pas une, définitivement.

Il cède. Il s’affaisse.
Il… se libère.

En silence, les larmes coulent sur son visage, et dépassent la piètre protection de ses gants.
Il grimace. Il respire ; lourdement.

Karen… a raison.
Il a besoin. Il a besoin de sortir. Il a besoin de lâcher.
Il a besoin… de vivre.

Il a besoin d’être… humain.

Cela commence ici. Cela s’acte ici, par ces larmes ; ces pleurs.
… mais cela ne suffira pas.

La tristesse s’exprime ici ; mais il ne ressent pas que cela.
La colère…
La colère devra sortir. Et sortira.

Mais pas ici. Mais pas maintenant.

Ici, maintenant…
Ici, maintenant, il pleure. Il s’ouvre. Il relâche.


« Pardon. »

Il s’excuse.

De ne pas être comme il faut. De ne pas être aussi fort qu’il le faut.
Pense-t-il.
De ne pas être… Superman.
Ni Kal. Ni Clark, pleinement.

Il s’excuse. Pas envers Karen, au fond – même pas envers ses autres proches, qu’il a hélas abandonnés en cette période difficile.
Et, en soi, même pas envers ses parents. Les Kryptoniens, les Terriens.
Non.

Il s’excuse, oui.
Envers lui-même. Pour ne pas être celui qu’il a rêvé d’être… pour ne pas être la fiction qu’il a forgée, pour s’accepter.

Il s’excuse.
Pour commencer… à s’accepter…

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Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Lun 12 Déc 2022 - 9:17

Il n'y avait dès lors plus rien à dire. Tant mieux en un sens, j'avais déjà beaucoup parlé. Il s'était lentement affaissée, comme un montagne qui glisserait doucement au travers des âges. D'abord il s'assit, puis il se relâcha avant de pleurer tout à fait.

Laissant alors libre cours à sa tristesse, sa honte et ses regrets, il en vint à s'excuser. A qui ? De quoi ? Difficile à dire ou à déterminer, ses pensées et ses émotions devaient être dans un tel désordre...

La pièce parut cependant se refroidir et la lumière pastel prit des teintes poussiéreuses alors que des nuages capricieux moutonnaient le ciel de leur cotonneux profil légèrement empâté par une grisaille de pluie à venir. La vie continuait au dehors de ces murs. La J.S.A. vivait à son rythme, même si certains et certaines se demandaient bien ce qui pouvait se jouer dans notre salon, mais même au-delà, le monde s'adaptait. Les vendeurs d'abris anti-atomique retrouvaient grâce, des cours de survivalisme fleurissaient, des congrès improvisés sur comment faire plus avec moins, des textes sur des lois d'exception envahissaient les rues et les journaux. Les rationnements imposés par les Chevaliers de Gaïa, mais aussi les restrictions imposées par l'arrêt de vols longs courriers du fait de l'insécurité provoquée par Kandor réorganisaient la vie des américains. Les Eglises se remplissaient toujours plus, les dispensaires du Sang Gelé en profitaient davantage. Des manifestations réclamant la libération de Luthor se confrontaient à des admirateurs de Superman. Dans les prisons de méta-humains ou de super criminels, le Suicide Squad recrutait en vue d'un "grand affrontement". L'armée paradait tout en se préparant, les sommets d'urgence entre pays s'accumulaient, les bourses dévissaient à la baisse, des entreprises fermaient ou ralentissaient leur activité, le monde tel que nous l'avions connu s'affaissait, lui aussi.

Triste parallèle.

Mais Kal s'offrait enfin le luxe de s'épancher un peu là où le monde se divisait encore sur l'attitude à adopter : les larmes de désespoir, l'expression de sa détresse, laisser exploser sa colère ? L'impuissance humaine éclatait et avec elle tout ce qu'elle avait un temps pris pour immuable. Superman, l'inspirateur, l'homme de demain, le messie, l'incarnation des plus hautes valeurs était semblable au monde qui l'avait vu grandir : imparfait, faillible alors que longtemps il avait vécu dans l'illusion du contraire.

Je m'assis délicatement sur l'accotoir de son siège et posai une simple main dans son dos.

C'était bien là la dernière chose que je pouvais faire pour lui...
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[QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] 386562Rien
Re: [QG J.S.A][New Kandor] Et Après ? [PV] Lun 12 Déc 2022 - 11:22

« Humf. »

Un long soupir s’échappe des narines de Clark… plusieurs instants après que Karen se soit assise à côté de lui, et ait posé sa main sur son dos.

Il n’a rien dit, alors. Il n’a rien fait.
Il… a profité.

D’elle. De sa présence. De sa chaleur humaine ; même s’ils ne le sont pas, au fond. Leurs âmes, elles, sont bien humaines – et c’est bien ce à quoi il se raccroche, alors.

Les larmes ont coulé, longuement ; difficilement.
Mais… ça a fait du bien.
Ça a été fait. Et ça fait du bien, vraiment.

Il se libère. Il se relâche. Il… décaisse ; et c’est dur.
Mais bien. Mais indispensable, surtout.

Le temps passe, ainsi.
Les instants qui deviennent des secondes. Les moments qui deviennent des minutes.
Le temps passe. Et… oui.

Le temps passe.

Et, lentement, il finit par relever des yeux rougis par la douleur, la tristesse, la mélancolie, la peine, le deuil, la colère, l’indignation, la peur…
Mais, aussi, par le soulagement ; que l’on devine réel, dans son cœur.


« Ah. »

Un sourire enfantin, tendre et gêné passe sur son visage.

« Je… ne suis pas habitué. »

A se livrer ainsi. A s’abandonner ainsi. A s’écrouler ainsi.
Mais…


« C’est… ça… bien. C’est… ça fait… du bien. »

Oui.
Il le pense. Il y croit.
Il… va ; un peu mieux. Un tout petit. Mais quand même.


« Je… merci. »

Timide, trouble, Clark passe sa main gantée dans ses cheveux, en reprenant lentement.

« Merci… beaucoup. Vraiment. »

Il acquiesce, et enchaîne.

« Je… tu… ah. Est-ce que… est-ce que tu crois que… je peux ? Me servir ? Encore ? »

Tout gêné, parce qu’il a refusé avant, Clark désigne les gâteaux – et semble en avoir envie ; semble en vouloir.
Semble vouloir… avancer. S’améliorer. Se remettre.

Se rétablir.

Grâce à elle. Grâce à ses mots. Grâce à sa présence.
Et l’appui de tous ses proches.

Clark s’est toujours cru seul au monde – et une part de lui l’a toujours été. Mais, s’il a régulièrement jalousé, discrètement, la Famille de Batman…
Il commence, enfin, à prendre conscience qu’il en a aussi. Qu’il a aussi des proches.

Il n’est pas seul.
Il… est Clark, Kal ou Superman. Il est lui.
Il n’est pas seul.
Même sans eux. Même sans p’pa, sans m’man. Même avec le poids du S, la responsabilité du mari, du père.
Il n’est pas seul.

Il n’est plus seul.

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