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« Tell me how should I feel » ft. John Constantine

Joseph Wilson
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Situation : Suite à son procès, Joseph n'a pas pu être déclaré coupable des accusations qu'on lui portait. Il est placé sous la tutelle mystique de Zaren Zara (Nick Necro). Il suit des spécialiste pour espérer se débarrasser du démon qui le possède toujours.
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« Tell me how should I feel » ft. John Constantine 386562Rien
« Tell me how should I feel » ft. John Constantine Dim 5 Fév 2023 - 22:24

« Tell me how should I feel »

ft. John Constantine



_____Dès que j’ai pu récupéré mes affaires, je me suis permis d’envoyer quelques sms. Je me savais désormais pisté mais j’avais encore quelques ressources pour pouvoir cacher quelques conversations sur mon téléphone, grâce à Ted. C’est un petit appareil fabriqué sur-mesure par l’inventeur lui-même. Je lui faisais confiance sur ce point. Ma liberté était encore difficile à cerner dans les premiers instants où j’ai pu quitter le tribunal. Il y avait encore quelques récalcitrants qui espérait pouvoir mettre la main sur la personne qu’il jugeait coupable de toutes les horreurs du régime européen, ou plutôt l’une des seules personnes qu’ils avaient réussi à chopper encore en vie. J’essayais déjà de chasser tout ça de mon esprit tout en restant méfiant.
J’essaye de ne pas montrer tout mon agacement à travers les messages que j’envoyais à l’homme que j’avais joliment rebaptisé d’un nom peu glorieux mais qui restait globalement poli par rapport à ce que j’avais apprit sur ses mensonges. Je connaissais la réputation de John Constantine, mais je ne pensais pas qu’il manquait autant de sincérité à mon égard. Je me suis montré plutôt calme dans mes messages, je mettais toutes les chances de mon côté pour qu’il ne tente pas de fuir cette conversation qui était importante pour moi.

Lorsque j’ai levé les yeux de l’écran de mon téléphone, j’ai remarqué cette porte dans l’un des couloirs du tribunal qui n’était pas là avant. Je commençais à avoir l’habitude des tours de passe-passe mystiques. Au même moment, un agent des forces de l’ordre qui me regardait errer dans ce même couloir, comme si je cherchais une solution pour éviter la foule qui me réclamait pour me pendre.

« Avez-vous besoin d’une assistance pour rentrer chez vous ? Avec toutes ces personnes qui veulent votre peau, il est préférable que vous ne rentriez pas seul chez vous. »

« Tout va bien, j’ai appelé quelqu’un, il va venir me chercher, mais c’est gentil, merci. »

Cet agent, contrairement à beaucoup de ses collègues semblaient croire à la théorie que j’étais bel et bien innocent, ou alors il faisait simplement son boulot. Il n’y avait l’air d’avoir aucune amertume dans le timbre de sa voix. Il s’est contenté de faire un mouvement de tête avant de continuer sa ronde. Lorsque je fus certain qu’il était à bonne distance, je me suis rapprocher cette porte qu’il n’avait pas réellement remarqué pour tourner la poignée et rentrer à la maison.

D’un coup, l’ambiance changea complètement et l’atmosphère également. J’avais déjà traversé ce salon des dizaines de fois, senti la désagréable odeur de tabac froid et de l’alcool fort qui régnaient dans certains coins du salon beaucoup trop grand pour deux personnes. Je crois que tu as été la seule à réellement vouloir mon bien-être. Ça fait plaisir de te revoir. C’est un peu bizarre de parler à une maison, mais je sais qu’il y avait une aura mystique dans cet endroit, une chaleur qui m’aidait à surpasser les moments de solitude où je me retrouvais seul, en apparence, dans une bâtisse bien trop grande. Elle avait probablement déjà brouillé le traceur qui se trouvait sur mon téléphone pendant que j’observais le salon à la recherche d’une forme humaine, mais rien, je n’étais pas surpris.

Je me suis avachi sur le canapé comme après une longue journée de travail, laissant tout mon corps profité du confort qui m’était accordé. Dormir dans une cellule pendant plusieurs jours n’avait rien d’agréable, surtout pour trouver le sommeil. Les médicaments qu’ils surdosaient m’avaient bien aidé mais cela n’empêchait pas l’apparition de douleur à la colonne vertébrale.
J’ai profité de ces quelques minutes de silence et de bien être pour faire un point sur mes affaires personnels que je venais de récupérer. J’ai posé chaque effet personnel, téléphone, portefeuille, la paperasse que l’on m’a fait signé avant de partir, l’artefact qu’on m’avait confié ainsi que la clé de mon logement temporaire. Malheureusement, je n’avais pas encore eu l’occasion de croiser mon tuteur, apparemment bien trop occupé pour l’instant. J’étais censé faire quoi avec l’artefact ? Attendre qu’il m’appelle ?

Le calendrier de mon téléphone avait déjà commencé à se remplir. Des rendez-vous chez le psychiatre, des rendez-vous chez un médecin généraliste, puis chez un neurologue. Finalement, j’ai besoin d’un peu plus qu’un canapé pour me détendre. Sous la table basse, j’avais planqué une petite boite métallique contenant ma petite réserve de plante. Il y avait déjà une ou deux cigarettes déjà préparé à l’intérieur, l’une d’entres elle se retrouva très rapidement entre mes lèvres mais je n’avais pas le briquet pour l’allumer.

« Fait chier. » ma pensée avait été suffisamment forte pour que les haut-parleurs de mon téléphone se déclenche et mes gestes un peu trop brusque, réveillant la brûlure sur l’arrière de mon épaule.

Comment l’oublier celui-là ? Le tatouage mystique qui brûlait encore ma peau suite à la cicatrisation. Je n’ai pas réellement eu le droit de choisir le motif. J’ai libéré deux boutons de ma chemise pour pouvoir jeter un premier coup d’œil sur ce tatouage. Malheureusement, j’avais beau me faire le meilleur torticolis de ma vie, je ne parvenais pas à avoir une vue globale sur ce dernier. J’ai remarqué des traits géométriques, des runes, rien de trop hideux visuellement.

Soudainement, j’ai ressenti un léger changement d’ambiance dans la pièce, surement parce que Constantine se trouvait dans les parages. Je n’ai pas cherché à le localiser précisément dans la pièce, tant l’amertume à son égard était encore présent dans une partie de mon esprit que j’essayais de contrôler.

« Il n’est pas si horrible que ça, nan ? » en parlant de mon tatouage, comme s’il était simplement venu pour admirer l’œuvre de sa vieille amie.

Il y avait tant de chose que je voulais lui balancer à la gueule. Aussi chanceux soit-il, ma colère et toute mon agressivité à son égard avait heureusement disparu avec le temps. J’ai laissé s’écouler quelques secondes de silence pendant que mes mains commençaient à fouiller un peu partout autour de moi pour trouver un briquet qui se serait malencontreusement égaré entre deux pliures du canapé.

« Je suppose que tu as assisté au procès, d’une manière ou d’une autre. Je ne t’ai pas vu dans la salle. » Rien de ce côté-là, je glissai sur le côté pour fouiller à la gauche du canapé. « Je suis au courant pour le sujet que tu cherches à fuir depuis des mois, ce que t’as pas osé me dire en face. » Une capsule de bouteille qui avait été abandonné ici depuis plusieurs mois, ça ne va pas m’aider à allumer ma clope. « Je sais aussi que tu es venu à l’enterrement de Papa dans mon dos alors que je t’avais demandé de ne pas venir. Ok, t’as un passif avec Papa, je peux le concevoir, tout mes amis ont eu un problème avec lui, mais t’étais pas obligé de me mentir là-dessus, mais passons. Je suis pas venu te blâmer pour ça. »

Mon instinct avait vu juste, j’avais finalement pu mettre la main sur un briquet qui s’était caché ici tout ce temps. Il n’avait pas l’air de première jeunesse et je devais prier pour espérer voir une flamme sortir lorsque mon pouce frappait incessamment sur la petite molette pour déclencher le feu sacré sur le bout de mon pseudo traitement médical.

« John j’peux te pardonner pour avoir balancer mon nom sous la torture à Arcane. » Bordel mais allume-toi ! « Ce que je peux difficilement pardonner c’est ton manque d’honnêteté. Je connais ta réputation de connard, mais j’osais espérer que tu serais un minimum honnête avec moi après tout ce qu’on a partagé ces derniers mois. » Toujours pas de flamme. « J’en viens à croire que tu t’es servi de moi, du début jusqu’à la fin, pour que je reste avec toi. C’est vraiment aller jusqu’à là ? Est-ce que je connais toute l’histoire ou est-ce qu’il y a encore des cadavres sous le tapis ? Ouais, bien sûr qu’il y en a, hein ? »

Ce goût amer dans ma bouche, cette nervosité grandissante composait une véritable bouillie émotionnelle dans mon esprit que j’arrivais encore par miracle à contrôler. Je voulais simplement qu’il soit sincère avec moi. Au fond de moi, je pensais qu’il allait encore fuir la conversation comme un lâche et qu’il allait me laisser en suspens, sans essayer de justifier ses actes de la manière la plus stupide qu’il soit, bref du John Constantine quoi.

« …Et en passant ton briquet, il est à chier. »




John Constantine
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Ven 28 Avr 2023 - 18:25




Pendant un moment, il ne répondit pas. La voix artificielle de Joey flotta dans les airs, laissant planer une tension, de lourds reproches qui électrisaient l’endroit. Constantine se tenait debout dans le hall d’entrée. Impossible de dire s’il sortait et si son ancien colocataire l’avait surpris ou s’il était venu à sa rencontre. Il n’avait pas son trench sur le dos, mais ça ne voulait pas dire grand chose. Il resta un moment là, à ne rien dire, avant de passer d’entrer dans le salon. Fut un temps, il y avait eu une porte et un mur entre les deux pièces: depuis, quelqu’un (ou quelque chose) l’avait démoli, et seules quelques briques ici et là, plantées solitairement dans les murs, témoignaient de leurs existences.

Il s’assit de l’autre côté de la table basse, sur un fauteuil usé mais pas encore défoncé - à peu de choses près, certes, mais tout de même. De sa poche, il tira une cigarette et un briquet, qui cracha assez rapidement une flamme tremblante. Il porta le tabac à ses lèvres, tira dessus, se laissa aller contre le dossier, puis cracha un nuage de fumée. A travers les volutes blanchâtres, il dévisageait le télépathe.

- A sa décharge, tu t’acharnes sur un briquet vide.

Il lui lança le briquet et resta là, un moment, sans rien dire, le temps que Joey allume de quoi se détendre. La voix toujours posée, il pointa le bout de tatouage qui dépassait du col du jeune homme avec sa cigarette rougeoyante.

- Pour être honnête, il a plus l’air pratique qu’esthétique. Et il a l’air vaguement familier.

Le magicien devait ses propres tatouages à la même personne. Elle avait tenté de l’appeler, sans qu’il réponde. Peut-être aurait-il dû. Il tiqua à la mention du procès.

- J’ai suivi le procès, ouais. Pas vu la fin, cela dit. Vie occupée, beaucoup de gens à voir. Ils ont décidé quoi, au final ?

C’était un semi-mensonge. Il avait une petite idée de ce qui avait été décidé, quoi qu’il n’ait pas la totalité du verdict en tête. En vérité, une bonne partie de l’organisation du procès avait été gardée relativement discrète - chose spécialement étrange, en sachant que le tribunal avait cherché un expert mystique pour consultation sur le jugement d’un criminel de régime totalitaire. En temps normal, ça aurait été le ragot le plus murmuré chez la communauté des excités de la baguette.
Constantine ne parvenait pas non plus à mettre exactement le doigt sur le nom du type qui avait été retenu - ce qui en disait déjà long sur la façon dont ça n’était pas vraiment un temps normal. Ou sur la façon dont il peinait à remonter à la surface, lui souffla une petite voix.

Il se tint un moment silencieux et immobile, faisant rouler un nuage de fumée sur sa langue, mêlé de mots qu’il testait avant de prononcer. Il hésita à dire au Wilson qu’il ne s’était servi de lui que comme outil de vengeance contre Slade, puis comme otage pour s’assurer que le mercenaire ne lui retombe pas dessus. Il aurait pu lui dire froidement que c’était pas pur pragmatisme, parce que c’était un hybride impossible et que quelqu’un, un jour, se présenterait sur le pas de sa porte et offrirait quelque chose contre laquelle Joey aurait été une parfaite monnaie d’échange. Il hésita même à lui dire qu’il avait besoin des ennemis d’Amy, qu’il s’était servi de lui pour les attirer dans un piège et qu’ensuite, il avait gardé Joey parce que c’était plus simple d’avoir quelqu’un sachant cuisiner et auprès de qui s’occuper la nuit. N’importe laquelle de ses conneries paraissait crédible. N’importe laquelle était dans le manuel du parfait John Constantine, celui qu’on écrivait d’après sa réputation, d’après les vies qu’il touchait dans son sillage. Et surtout, n’importe laquelle s’assurerait que Joey partirait en claquant la porte sans jamais revenir.

La maison, tout autour d’eux, grinça doucement comme le font les vieilles maisons. Constantine souffla un nouveau nuage de fumée, mais aucun des mots qu’il avait sur la langue ne sortit.

- Tout est là où tu l’as laissé. Tu connais le chemin.

S’il avait été honnête, il aurait probablement écrasé sa cigarette et il serait parti. Quitte à ne pas avoir de conversation, autant ne pas l’avoir jusqu’au bout, non ?
John prit une nouvelle bouffée de tabac, sans quitter Joey des yeux.
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mer 3 Mai 2023 - 22:19

« Tell me how should I feel »

ft. John Constantine



_____Cela faisait plus d’un an que je vivais dans cette maison mystique, j’avais appris à connaître cette présence qui hantait de temps en temps les lieux. Elle avait toujours la même odeur particulière que l’on pouvait reconnaître entre mille. C’était un mélange de tabac froid et d’alcool fort, une odeur que j’ai trouvé désagréable pendant les premiers mois avant de m’y habituer, en quelques sortes. Je ne pense pas qu’il avait cherché à se cacher de moi, il s’était déjà montré beaucoup plus discret que ça. J’ai jeté un dernier coup d’œil en direction de mon épaule rougit par les coups d’aiguille mystique qui ont tailladé ma peau pour dessiner ce tracé. En le regardant d’un peu plus près, je pouvais distinguer la forme, les runes qui étaient incrusté. Je ne le détestais pas mais j’aurais préféré pouvoir avoir le choix.
J’ai doucement reposé le tissu de ma chemise sur mon épaule au moment où John Constantine avait décidé de sortir de l’obscurité pour me faire face, ou presque. Nerveusement, j’ai essayé une nouvelle fois de faire fonctionner ce briquet avant de l’abandonner sur la table basse qui se trouvait en face de moi. Lorsque j’ai redressé mon regard vers le british, j’ai vu un briquet neuf me foncer droit dessus. J’ai tendu ma paume vers le petit objet pour l’arrêter en plein élan grâce à ma télékinésie. Il fut un temps où j’aurais galéré à rattraper un objet en plein vol. En un an, j’avais beaucoup progressé et je me suis trouvé des dons que je ne soupçonnais même pas jusqu’à aujourd’hui. J’ai saisi le briquet pour allumer la flamme qui allait, je l’espérais, me détendre un peu plus.

« Il paraît que c’est pour me suivre à la trace. Je suppose que celle qui m’a fait ce tatouage était une de tes bonnes vieilles connaissances ? Celles qui maudissent ton nom ou celles qui sont déjà morte une fois par ta faute ? »

Mes paroles manquaient un peu de tact, mais je ne les regrettais pas vraiment. J’avais encore un goût amer en travers de la gorge. La nuit avait permis à mes pulsions agressives de se consumer, John pouvait s’estimer chanceux que mon poing ne lui refasse pas le portrait. J’ai laissé le bout de ma cigarette de plante se consumer avant d’avaler un premier bol d’air qui avait commencé à détendre mes muscles. Je me suis doucement laissé retomber sur le dossier du canapé en observant John Constantine fuir la conversation de la manière la moins subtile du monde. Mes pupilles radioactives l’ont observé avec exaspération, lassitude, presque blasé.

« Eh bien je suis là, ça devrait déjà te donner un élément de réponse. » La froideur de cette voix synthétisée collait parfaitement à la situation pour une fois. J’avais un peu de mal à croire que Constantine ne soit pas au courant de ce qu’il s’était passé à la fin de ce procès. Je jouais le jeu, le temps d’une courte durée, car c’était devenu très lassant avec le temps. « Les preuves ont montré que je n’étais pas pleinement conscient de mes actes, que j’étais plus ou moins considéré comme une victime du régime. Je suis déclaré innocent mais mon état de santé mentale et… lui ne me permet pas de reprendre ma liberté. Je suis jugé dangereux et j’ai été placé sous tutelle avec un certain Zaren Zara. Il a accès à mes comptes en banque, à mon téléphone, à chacun de mes mouvements. C’est un ami à toi ? » J’ai glissé ma main dans la poche de mon pantalon pour en sortir le petit objet qui m’a été confié. C’était une pierre de quartz finement taillé. Sa surface était recouverte d’arabesques stylisées dans un style mixant l’art chrétien et musulman, un objet qui avait l’air très ancien. « Ils ont dit que je pourrais conversé avec lui avec cet artefact. Tu connais ce genre d’objet mystique ? »

Je peux toujours profiter de sa présence pour obtenir quelques informations supplémentaires qui pourraient m’aider à comprendre ma situation. J’étais en colère contre John mais je ne pouvais pas nier qu’il était une excellente encyclopédie mystique sur patte. J’ai posé l’artefact sur la table basse, lui laissant l’opportunité de l’examiner de plus près si ça lui chantait.
Un silence s’est installé quelques instants. Nos fumées se sont emmêlées entres elle et une odeur de tabac et de cannabis à commencer à se répandre dans tout le salon. J’avais fini par m’habituer à l’odeur. Après avoir dormi plusieurs nuits dans la chambre de Constantine, on pouvait s’habituer à l’improbable. Quelques mots ont fini par rompre ce silence glacial, ceux de John qui ne me retenait pas dans son humble demeure. Maintenant que j’étais innocenté, je n’avais aucune raison de rester ici, non ? J’ai laissé échapper un sourire sur le coin de mes lèvres, un sourire amusé par le comportement de mon colocataire qui faisait comme si ma compagnie ne signifiait rien pour lui. Je ne suis pas empathe, mais s’il voulait réellement que je quitte les lieux, il se serait déjà levé de son siège.

« Tu me chasses de chez toi ? Est-ce parce que tu as peur que ça te retombe sur le coin de la gueule d’avoir héberger un fugitif ou tu souhaites simplement te débarrasser de moi ? Nan, je ne compte aller nulle part pour l’instant, pas tant que je n’aurais pas mes réponses et tu sais que je peux être très têtu. »

Malheureusement, je ne pourrais pas rester bien longtemps dans la maison. En plus de l’artefact, l’employé m’avait confié des clés d’appartement, un toit pour me loger. John allait se retrouver seul dans un manoir beaucoup trop grand pour sa forme physique, mais beaucoup trop étroit pour son égo. Je devais commencer à faire mes cartons, les garder à l’académie quelques temps avant de définitivement emménager dans cet appartement. J’aurais pu tout simplement prendre mes affaires et tourner le dos à Constantine mais son attitude m’agaçait et attirait mon attention. Pourquoi se montrait-il si désinvolte ?

« Je vois bien que tu essayes de fuir la conversation, mais tu es si maladroit et ça ne te ressemble pas d’être aussi peu subtile dans ta manière d’esquiver le sujet. C’est ta manière à toi de me retenir ? En te montrant le plus agaçant possible ? Jackpot mon grand. Estime toi heureux que je ne puisse pas arracher les informations que je cherche de ta cervelle. »

C’est comme si le grand John Constantine m’invitait à creuser davantage, à ne pas lui tourner les talons, à monter dans les tours pour que je lui force à révéler ses plus terribles secrets. Ai-je vu juste ? Est-ce que la culpabilité a commencé à le ronger ? J’ai dû mal à croire que je pouvais dégager ce genre de sentiment à mon égard, même après nos soirées beuveries, les entrainements, les dérapages… Pourquoi ?

« Alors, je vais te reposer la question, Pourquoi ? Pourquoi moi ? Qu’est ce qui t’es passé par la tête ? J’ai l’impression que tu attends quelque chose de moi pour mériter ces infos ? Ou que la culpabilité est en train de te ronger. Tu sais que je ne partirai pas sans explications de ta part. »




John Constantine
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Dim 9 Juil 2023 - 15:02




« Il paraît que c’est pour me suivre à la trace. Je suppose que celle qui m’a fait ce tatouage était une de tes bonnes vieilles connaissances ? Celles qui maudissent ton nom ou celles qui sont déjà morte une fois par ta faute ? »

Constantine souffla un lambeau de fumée vers le plafond.

- Le genre qui me garde une table dans son club ou qui vient me libérer quand je suis en taule.

Il aurait fallu être sacrément buté pour ne pas sentir l’acidité qui flottait dans l’air. Constantine, s’il la percevait bien, n’en laissait pas paraître grand-chose. Avec un peu de chance, s’il avait l’air suffisamment neutre et désintéressé, Joey partirait de lui-même.
Quand il entendit le nom de Zaren Zara, il ne sembla pas réagir sur le moment. Il y avait quelque chose, pourtant – dans ses gestes, dans son regard fixé sur la pierre sortie par Joey, même dans sa voix. Une tension, une crispation qui montrait assez que quelque chose le tracassait.

- Pas un de mes amis, non. Pas un de mes ennemis non plus.

A vrai dire, Zara était un inconnu parfait. Lorsque les murmures des communautés occultes avaient révélé le conseiller mystique choisi par le procureur, Constantine avait fait ses recherches. Par curiosité. Par précaution, peut-être. Que le gouvernement choisisse un gland pour apporter ses lumières sur une situation mystique n’avait rien de surprenant : les gens compétents avaient d’autres chats à fouetter et la justice américaine ne faisait pas partie des instances gouvernementales suffisamment importantes pour avoir des listes fiables et à jour, dans le grand jeu du Qui est-ce ? mystique. Zaren Zara était un grand inconnu au bataillon : quelques ragots et quelques histoires ici et là certifiaient qu’il existait bien, mais John ne l’avait jamais rencontré, ni n’en n’avait entendu parler avant le procès.
Pour un évènement qui avait réussi à recruter Jason Blood parmi ses témoins, il se serait attendu à un visage un peu plus connu, et c’était un assez gros grain de sable pour le faire tiquer. Même la pierre de communication, posée en évidence sur la table, était fade. L’artefact était adroitement façonné et semblait avoir vu assez d’années pour certifier un enchantement solide, mais le style était… neutre. C’était de l’ésotérisme comme il y en avait tant d’autre, une façon de pratiquer l’Art qui disait « magie » sans révéler le moindre centimètre de personnalité.
C’en était presque volontaire, à ce stade.

- Je te mets pas dehors. Mais s’ils te traquent, tu peux difficilement rester.

« D’autant que dans l’état des choses, tu as l’air trop blessé pour qu’on puisse décemment prétendre qu’il ne s’est rien passé », murmurèrent la fumée et le silence. Peut-être que les protections de la Maison seraient suffisantes pour brouiller le tatouage et le sort de localisation. Peut-être que Joey pourrait continuer à fuir, caché hors du monde, là où il ne pouvait faire de mal à personne.
Peut-être qu’il aurait pu, du moins.

Il laissa planer la question un moment, le regard rivé dans celui de Joey. Si des émotions passaient, quelque part dans ses yeux bleus, elles étaient loin sous la surface, courants tumultueux réduits à des ombres par une épaisseur de glace. Sa cigarette rougeoya doucement au bord de ses lèvres, et une nouvelle volute de fumée monta vers le plafond.

- Je suis venu t’aider toi parce que tu avais besoin d’aide. Parce que des démons, humains et infernaux, te courraient après. Et parce que je sortais tout juste des geôles de la Chancellerie et que je n’étais pas prêt de laisser quelqu’un d’autre y prendre ma place si je pouvais l’en empêcher.

Il ne savait pas exactement ce qui l’avait poussé à sa rescousse. La culpabilité ? Sûrement. Peut-être aussi le besoin d’agir – de s’opposer à Degaton, de reprendre un peu de contrôle dans un monde qui l’en avait privé et l’avait broyé, de changer les choses et d’agiter ses actions devant l’univers pour hurler « j’existe » aux quatre coins de la Création. Et, peut-être, quelque part, simplement parce que c’était ce qu’il fallait faire.

- Mais oui. Des explications. Faisons ça.

Il se pencha en avant et écrasa sa cigarette à même le linteau de la table. Elle ne laissa pas de trace. En trois pas, il fut près d’un meuble poussé contre le mur, abîmé par les années, dont il tira une bouteille et deux verres.

- Tu veux commencer par où ? Quand ton daron m’est tombé dessus et m’a jeté dans les geôles de Degaton ?

Il revint s’asseoir. La bouteille et les verres claquèrent sèchement sur la table basse. Sa voix était détachée, presque mécanique.

- Ou tu préfères peut-être un récap des mois de torture aux mains d’Arcane ?

Le premier verre se remplit doucement d’un liquide clair. Du gin, de qualité moyenne, dont le parfum piquait dans l’air. Il ne servit pas Joey mais poussa la bouteille dans sa direction.

- Ah, non, mieux. Mon exécution, ça t’irait ? T’étais là, après tout, tu t’en souviens ?

Probablement pas. Quelle différence ? Constantine tira une nouvelle cigarette de sa poche et ne s’embarrassa pas d’un briquet. Un claquement de doigt sec fit jaillir une flamme claire, presque blanche, qui fit crépiter la cigarette. Le magicien prit son verre, se cala dans son fauteuil et fixa Joey droit dans les yeux.

- Vas-y. Explique moi ce que je te dois, exactement, comme explications.

« Regarde moi droit dans les yeux et rappelle moi ce que tu as le droit d’exiger de moi. Vas-y. Je t’écoute. » sifflèrent la cendre et le bleu de ses yeux.
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mer 12 Juil 2023 - 23:51

« Tell me how should I feel »

ft. John Constantine



_____Au fond, peut-être que je n’espérais pas réellement obtenir des réponses concrètes sortir de la bouche de Constantine. J’ai déjà essayé, à de multiples reprises, d’aborder le sujet mais il avait la fâcheuse habitude de fuir la conversation ou de changer de sujet de conversation, parfois sans grande subtilité. Je n’osais pas insister, pensant que les traumatismes étaient encore difficiles à supporter pour lui. Tout le monde n’avait pas eu le luxe d’oublier une bonne partie de son séjour en Europe, je voulais respecter ça. J’ai pris sur moi, en espérant qu’un jour je puisse comprendre ce qu’il s’était passé là-bas.
Je n’ai eu le droit qu’à de la frustration, une amertume en travers de la gorge qu’il était de plus en plus difficile à cacher, surtout aujourd’hui. John ne répondait que sous des formes ambigus, même quand je lui demandais si la tatoueuse faisait partie de sa liste d’amis. J’ai laissé échapper un soupir silencieux et je prends de nouveau sur moi pour ne pas laisser ma colère prendre le dessus. J’ai inspiré une autre bouffée d’herbes séchées en espérant des effets miraculeux avant de laisser la cigarette se consumer toute seule entres mes deux doigts.

Je me suis arrêté dans le creux de ces yeux lorsqu’il a commencé à parler en toute sincérité. Je ne savais pas réellement ce que je cherchais en pointant mes deux émeraudes sur ce point fixe. Je pensais peut-être être capable de détecter les mensonges de John. Malheureusement, je n’ai pas ce don. Je pourrais entrer dans son esprit pour avoir le cœur net, mais il m’avait tout apprit et il était assez malin pour se protéger de moi. Je devais donc me fier à mon instinct et offrir à John le bénéfice du doute. Ces premières paroles me rassuraient, il n’y avait rien de malsain derrière ces actes et ce que nous avions vécu dans cette maison était peut-être aussi sincère que je pouvais le penser ? Ou est-ce encore une manipulation qui faisait la renommé malsaine de mon cher colocataire ?

« Ouais, j’avais besoin d’aide. Je ne peux pas le nier, tu m’as été d’une grande aide et… sans ton apparition divine et ton foyer magique m’ont littéralement sauvé la vie, c’est peu de le dire. » J’ai écrasé le mégot dans le cendrier. « Je… je peux au moins te remercier pour tout ça. »

La conversation aurait pu être agréable et plutôt calme si John n’était pas celui qu’il était. Pour la première fois depuis plus d’un an, il s’est ouvert et m’a accordé les explications que j’attendais depuis tout ce temps, enfin presque. Le magicien est assez maladroit dans sa manière d’aborder le sujet. Il a commencé par me révéler une information que j’ignorais complètement et qui remettait tout en question. Je suis resté paralysé quelques secondes, le regard vide, perdu dans mes pensées les plus profondes.

« Ouais… ouais tu aurais pu commencer par ça. » grognais-je froidement. La voix synthétique ne permettait pas toujours de retranscrire les bonnes émotions mais mon visage exprimait toute la colère à la place de mon téléphone. « Ça fait des mois que j’essaye d’avoir cette conversation avec toi, John, mais tu la fuis comme la peste. Maintenant que tu es dos au mur, tu peux enfin savoir que je n’étais clairement pas au courant de cette histoire entre toi et mon père. Si tu avais daigné ouvrir ta gueule un peu plus tôt, j’aurais pu t’aider à mettre les choses au clair avec lui. »

Papa avait beaucoup d’ennemi, le simple fait que John en soit un ne m’avait pas réellement surpris. Pour autant, le fait que nous ayons un élément perturbateur dans notre passif en Europe, Deathstroke. C’est lui qui aurait précipité la chute de Constantine. John m’a entrainé avec lui quelques temps plus tard. Tout s’assemble, mais la conclusion qui me parvenait était terrifiante et sadique.

« T’as voulu te venger en balançant mon nom à Arcane parce que tu n’avais que ça sous la main pour le mettre en colère ? Tu t’es laissé bouffer par les remords et t’as décidé de réparer tes conneries en m’offrant un toit ? Dis-moi que c’est pas la vérité. Dis-moi que tu t’es pas foutu d’ma gueule ? »

La tension montait d’un cran et j’étais en train de me plier en quatre pour ne pas lui exploser mon poing dans sa gueule. Je ne sais pas s’il prenait conscience de l’état dans lequel il me mettait. En un an de colocation, il n’a pu voir que le Joseph Wilson innocent, celui qui donne des petits attention, qui fait la bouffe et qui ressemble à un petit ange bienveillant.
Ce crétin est parti se servir un verre pour meubler la conversation. Il ne s’est pas permis de me servir et il a déposer la bouteille dans mon champ d’action. Je n’ai pas réfléchi une seule seconde et j’ai attrapé la bouteille par le goulot pour boire une bonne gorgée en pensant que l’alcool allait me détendre. C’est naïf, mais sur l’instant, j’avais besoin que l’alcool me brûle la gorge pour ne pas péter les plombs.

« Parce que tu crois que je n’ai pas subit son gourou ? Je te trouve très mal placé pour poser ce genre de question à la con quant on sait que c’est toi qui m’as foutu dans cette merde. Je sais très bien ce que tu as subis. Ne cherche pas non plus à me blâmer pour les actes de mon père, je ne suis pas responsable. »

J’ai laissé John continuer ses questions rhétoriques qui devenaient de plus en plus difficile à supporter. Très vite, j’ai commencé à perdre patience et je me suis levé d’un bon du canapé avant d’attraper la cravate de mon colocataire avec une force assez colossale pour un petit ange inoffensif. L’action est si forte que le nœud de cravate s’était presque resserré autour de la gorge de John, rendant sa respiration un peu plus compliqué que d’habitude.

« NON, non j’me souviens pas espèce de demeuré et tu le sais très bien. Ça t’amuse de remuer le couteau dans la plaie, tu crois que je le fais exprès ?! Je NE SAIS PAS CE QU'IL S'EST PASSE. J'attendais que tu ouvres ta gueule pour le comprendre ! »

Mon visage est déformé par une rage qui venait de remonter de mes tripes et qui attendait le bon moment pour exprimer toute cette violence qui me bouffait de l’intérieur. Mon poing s'est écrasé sur son visage, je voulais lui faire mal, lui exploser son nez, lui faire comprendre à quel point ces paroles me faisaient mal.

« Ce que tu me dois ? TU ME DOIS DU RESPECT, DES REPONSES, PEUT ETRE MEME DES EXCUSES EN FAIT ? T’es pas innocent dans toute cette histoire alors si quelqu’un doit être blâmer, c’est moi ! T’as détruit ma vie pour une question de vengeance qui ne me concernait même pas. Est-ce que t’as au moins conscience d’à quel point tu es un sac à merde ? A quel point je t’ai fait confiance en vivant ici ?! Putain c’est quoi ton excuse ?! »




John Constantine
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John Constantine
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mer 2 Aoû 2023 - 21:30




Le contact fut bref. Assez pour confirmer peau contre peau ; pas assez pour sentir le craquement des os, l’impact du coup. Pas assez pour satisfaire la tension qui s’était accumulée en quelques phrases à peine. A l’instant où Joey frappa, Constantine se volatilisa. Ni dans un tourbillon de flammes ni dans un nuage d’étincelles : simplement, il se tenait là un moment, s’était dissipé dans les airs le second. Il y eut un temps de silence, pendant lequel la fumée des cigarettes, grise, paresseuse, vint tourbillonner autour des poutres du plafond.

- Putain mais quel trou du cul.

La voix venait de nulle part. Comme si elle raisonnait dans le bois, les murs, le verre des fenêtres. C’était distinctement celle de John : rauque, acide. Une ombre passa dans la pièce, et les volutes au plafond frissonnèrent.

- Je te dois du respect ? Tu veux que je te tiennes la main aussi ? Que je te fasse des putains de biscuits en t’expliquant ce qui s’est passé, et que ça a dû être dur pour toi ?

Définitivement la voix de John. Pourtant, elle sonnait étrangement : comme s’il grondait derrière ses dents, comme si la figure que le magicien affectait ne tenait qu’à un fil, derrière lequel se cachait un monstre de crocs et de dents.

- J’ai détruit ta vie ? C’est toi la putain de victime ? Mais sors ta tête de ton putain de trou de balle, Wilson.

Des crocs, des grondements, la rage sans borne d’un animal au pied du mur. Au plafond, le nuage gris s’était fait plus épais – on ne voyait plus les poutres qu’à grand peine, traits de charbon fins sur papier anthracite.

- Tu veux des explications ?

Le nuage de fumée tomba d’un coup, noyant la pièce, effaçant le sol, les murs, les meubles, le haut et le bas et la droite et la gauche et le monde. L’air prit un goût de cendre, et ce fut comme si le plancher s’était ouvert en deux – la chute libre, dans le gris au parfum de tabac. Peut-être était-ce stupide. Joey était un psychique, après tout : peut-être qu’il parviendrait à le repousser aussi sec, peut-être que ça ne traverserait même pas ses protections. Mais John voulait qu’il voit, et s’il fallait lui plonger la tête dans l’étang de ses souvenirs jusqu’à noyade, il le ferait.

C’était un tourbillon d’image, un abîme dont les parois étaient tapissés de fragments de sa mémoire.

Le rugissement des flammes et le ricanement suffisant de Slade. Sa voix, tranquille, face à un John désespéré et acculé. Le goût métallique du sang et son cœur qui battait à tout rompre, comme s’il aurait préféré exploser sa cage thoracique et fuir le mercenaire en abandonnant la carcasse du magicien derrière.
Le froid de sa cellule, la brûlure de l’acier contre ses poignets. L’obscurité et ses murmures, les choses qui y rôdaient et celles qu’il y imaginait. Le sourire pourri, lacéré d’Arcane. Les symboles qu’ils avaient écrits sur sa peau, sur ses paupières, par la morsure du fer et le claquement de fouets. Les spectres qu’ils avaient tiré de son passé pour le hanter. Les tisons et le givre, les choses qu’ils avaient lâché sur lui, la façon dont sa peau et ses muscles et ses ongles avaient frémis, bougé, s’étaient tordus sous le pouvoir d’Arcane et devant son sourire et ses dents pourries et son rire rauque, terreux…

Et les noms, aussi. Si nombreux, arrachés à ses lèvres gercées et sa voix fatiguée, après des semaines sans jours ni nuits dans la cellule froide où ils l’avaient jeté. Il avait tenu autant qu’il avait pu, aussi longtemps qu’il avait pu. Il avait tenté, désespérément, de cracher ceux qui seraient le plus dur à atteindre. De Zatanna, il n’avait dévoilé que des fragments – juste assez pour arrêter la morsure de l’acier et du feu et du froid, mais pas assez pour la mettre en danger. Il avait dévoilé certains noms en sachant pertinemment que les escouades qui seraient envoyées là-bas auraient aussi bien pu sauter d’une falaise avec des bottes de béton. Il avait essayé, mais ça n’avait pas toujours été un succès. Parfois, les défenses de la cible n’étaient pas aussi bonnes que ce à quoi il s’attendait. Parfois, aussi, il crachait un nom en écho au craquement de ses os, juste pour que ça s’arrête – pitié, pitié, tout pour que ça s’arrête, pour que sa chair arrête de se déchirer, pour que ses os et ses veines ne soient plus ouvertes et envahis par des insectes, pour que ses dents ne soient pas arrachées une à une et que sa cage thoracique soit laissée intacte et que …

D’autres images, dans cet abîme toujours sans fond. Des moments plus flous, moins fiables. Toujours la morsure de l’acier et le froid de la pierre, mais aussi des murmures qui n’auraient pas dû être là – de gens, morts depuis longtemps ou tout récemment, qui n’avaient pourtant pas été ramenés. Des scènes, jouées dans le théâtre d’ombre de sa cellule. Des murmures et des insultes et des regrets qui tournent tournent dans sa tête, prisonnier de son crâne, sans nulle part ailleurs ou aller que vers l’intérieur, vers lui, le grignotant peu à peu jusqu’à l’os. Et les noms – si, si nombreux, si, si dangereux.
Et des yeux verts, aussi. Deux yeux, luminescent, qui le regardaient depuis l’autre côté de la porte ou le coin de la cellule ou tout près de son visage. Deux yeux, et un sourire…

Sa mort, aussi. Quand le monde s’était paré d’émeraude et que des héros étaient venus à sa rescousse, dans les cavernes sous Prague où la légion avait décidé de sa mort. Il se souvenait du vide, de la morsure d’une créature horrible, et du moment exact où quelque chose avait transpercé son torse de part en part, emportant sa vie dans l’élan.
Il se souvenait aussi, distinctement, des deux yeux verts qui le regardaient depuis le sol, fixement.

Autour de Joey, l’air frémit et la fumée se dissipa lentement. Les meubles réapparurent un à un, comme libéré par une brume qui recule ou un nuage qui passe. Le parquet se dessina doucement, puis les murs, puis le plafond.

- Je ne te dois rien du tout. Je ne te dois pas d’ouvrir mes putains de veines pour ton bon plaisir. Je ne te dois pas de revivre les saloperies dans lesquelles j’ai été plongé à cause de ton daron, juste parce que ça te rend triste de pas savoir. Lis les putains de mémos du régime, connard.

Constantine se tenait de nouveau dans la pièce, à quelque pas de Joey. Assez loin pour pouvoir bouger s’il reprenait l’envie au blondinet de lui sauter à la gorge. Son nez ne semblait pas cassé, mais son sang avait coulé sur une partie de son visage et sur le devant de sa chemise : il ne semblait pas en avoir grand-chose à faire.

- C’est pas parce que tu es passé à la télé que tu es le seul à avoir souffert de la Chancellerie. Tu te souviens de rien, et c’est déjà mieux que la très grande majorité d’entre nous.

Sa cigarette était tombée entre eux lorsqu’il avait disparu. A cause du temps ou de la vague de magie grise, elle s’était éteinte depuis un moment.

- Tu n’as aucune idée de ce que j’ai dû traverser pour avoir répondu une fois à tes sms apeurés et fait un pas dans ta direction. Tes excuses, carres toi-les là où je pense.

Il ne bougeait pas, malgré le sang, malgré la colère qui brûlait dans sa voix. Ses yeux étaient rivés dans ceux de Joey – comme pour le défier d’essayer ses propres pouvoirs sur lui.
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Jeu 3 Aoû 2023 - 22:21

« Tell me how should I feel »

ft. John Constantine



_____Mes nerfs ont lâchés et j’ai laissé mon sang brûlant de rage s’exprimer dans toute sa violence. Je voulais lui faire mal, j’aurais pu me voiler la face sur l’origine de cette action, mais c’est un fait, un trait de caractère qui me bouffait de l’intérieur. Ma famille a toujours eu cet instinct de violence, qu’elle soit verbale ou physique, j’ai appris à vivre avec et j’en ai mécaniquement abordé les traits. Ce sont des sentiments que j’essayais de refouler au plus profond de mon esprit mais tôt ou tard, ils finissent toujours par ressortir, sans nuance. C’est de l’agressivité à l’état pure, un condensé de violence que je parvenais difficilement à maîtriser.
Heureusement, ou pas, je n’aurais pas le temps de lui donner un autre coup et de laisser exprimer ce sentiment de rage qui me bouffait de l’intérieur. A peine avais-je cligner des yeux que John disparu de mon champ de vision. J’avais presque oublié que ce n’était pas qu’un charlatan, c’était aussi un mystique ou quelqu’un qui lisait un peu trop de livre dans le rayon occulte de la bibliothèque. Curieusement, je ne me suis pas laissé déstabiliser, j’ai redressé mon corps pour balader mon regard un peu partout dans le salon. Mon champ de vision s’était obscurcit et une fumée désagréable avait commencé à envahir la pièce. Je ne me suis pas laissé impressionner, il n’attendait que ça. J’entendais sa voix raisonner dans mes tympans, m’insulter de tous les noms.

« C’est le minimum pour t’être payer ma tête pendant plus d’un an. Fais pas ta vierge effarouchée, ça ne te va pas. » ai-je répliqué froidement.

La colère s’était légèrement dissipé grâce aux effets de la drogue douce. J’avais toujours une envie d’étriper John mais j’étais parvenu à retrouver un élan de lucidité qui me permettait de répondre à ses provocations. Malgré la menace qui planait au-dessus de mes épaules, les bruits menaçant d’une créature invisible, je suis resté de marbre, comme une impression de déjà-vu. Il en fallait bien plus pour m’atteindre, après tout ce que j’avais subi et tous les cauchemars que me faisait endurer mon parasite. Je pouvais sentir qu’il n’y avait rien de naturel à tout ça et qu’il essayait de se jouer de moi. Les nombreuses heures d’entrainement à ses côtés m’avaient aidé à faire la part des choses.
Le sol s’est dérobé sous mes pieds m’entrainant dans une chute que je ne pouvais pas maîtriser, du moins pendant les premières secondes. Tout ceci n’est qu’une illusion et je maîtrisais bien cet environnement. John n’est pas un psychique, ces créations pouvaient tromper un débutant, j’avais passé cette étape depuis longtemps. J’ai retrouvé la maîtrise de mon corps, redressant le haut de mon corps pour me tenir droit, tout en ralentissant ma chute. C’est comme si je volais dans la conscience de John, du moins les quelques fragments qu’il me laissait voir, défiler devant mes yeux sans que je ne cherche à les arrêter.

Des sons, des cris, des images défilèrent devant moi. Je n’ai pas besoin de plus pour comprendre que ce ne sont pas mes souvenirs, ce sont ceux de John. J’entends la voix de mon père, je parviens à effleurer du bout de mes doigts les émotions passées de Constantine. Ce sont des visions terribles, j’ignore comment j’arrivais à les encaisser si facilement. J’entends les os se craquer, j’ai l’impression que les miens se brisent en même temps. La douleur semblait réelle mais je ne la laissais pas m’atteindre. Ce sont des illusions et je suis maître dans le domaine, en quelque sorte.
Malheureusement, je ne suis pas le seul spectateur à admirer le sadisme d’Arcane dans toute sa splendeur. Derrière mon épaule, une ombre se baladait discrètement, celle d’Amy et de sa curiosité morbide. John était l’un de ses ennemis il ne se privait pas pour récupérer quelques informations croustillantes sur le mage. Je ne pouvais pas réellement l'empêcher d'accéder lui aussi à ses souvenirs traumatisants. J’étais tellement habitué à sa présence, et il essayait de se montrer si discret, que je n’avais pas remarqué qu’il était là depuis le début.

Mon regard s’est mécaniquement tourné vers un souvenir perdu dans la masse. Des yeux d’une couleur familière et irréels croisèrent les miennes. Ils sont imposants, menaçant, mais le pire de tout ça, c’est que je venais de prendre conscience que ce regard m’appartenait, c’est moi. Mon cœur a raté un battement, il s’est contracté sur lui-même. Je ne suis pas cette horrible personne et pourtant, elle me ressemble comme deux gouttes d’eau. A ce moment-là, il m’est difficile de faire la part des choses. Je ne pouvais pas voir autre chose que cette image.
J’ai plané pour me rapprocher de ce souvenir, pour avoir en face de moi cette personne qui m’effrayait tant. Est-ce que John avait la même sensation, est-ce qu’il avait peur de moi ? Non, lui mieux que quiconque a assez de cervelle pour comprendre que cette personne n’est pas moi, alors pourquoi doutais-je ? Cette personne... ce n’est pas moi. J’ai voulu effleurer ce souvenir du bout de mes doigts, comme pour vérifier s’il était véritable ou le simple fruit de l’imagination de John. Ma main tremblait. C’est impossible... Je ne peux pas être cette personne, je n’ai pas...

Amy s’était tenu à l’écart car quelque chose avait attiré son attention, quelque chose de bien plus intéressant. Le démon fit quelques pas en arrière pour retourner dans notre psyché collective. Son attention s'était focalisée sur une arche crée illusoirement par la magie de la Lumière, par le Dr Fate en personne. Dans cette arche perdue au milieu de nulle part, d’un monde sombre et sans vie se trouvait un pupitre retenant mes souvenirs enfouis ayant pris la forme illusoire d’un livre ancien et meurtri. C’est une protection mystique, un sort sur-mesure pour protéger ma santé mentale et empêcher Amy d’utiliser ses souvenirs traumatisants pour m’influencer et arriver à ses fins. Il ne peut pas approcher l’arche. Il avait déjà tenté de nombreuses fois de rompre le sortilège, il n’était pas à court d’idées mais aucune n’avait réellement fonctionné.
Le démon s’avança, une énième fois, en direction de la fondation. Il s’était rapproché jusqu’à sa limite où il pouvait apercevoir les détails de la structure. Les souvenirs de John continuaient à défiler et chacun d’entre eux semblait faire réagir l’arche. Amy pouvait le voir de ses propres yeux, l’arche se fissurait.

Cette vision me terrifiait. J’avais conscience du mal qu’on avait pu me forcer à faire, mais le voir cette vision de moi de mes propres yeux me glaçait le sang. Je ne pouvais plus la chasser de mon esprit, pourtant j’ai essayé. Nerveusement, j’ai commencé à secouer frénétiquement ma tête, en essayant de détourner le regard de ce souvenir, mais je ne pouvais pas. Ça ne partait pas, ces yeux vert continuaient de m’observer et de faire couler le sang. J’ai collé ma main sur ma tempe droite, puis j’ai frappé, encore, encore, encore en espérant me débarrasser de cette vision, grognant les mêmes mots de manière délirante. Ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi. CE N’EST PAS MOI. Détruit-le ! DETRUIS-LE.

Les failles ont continué à s’étendre et ma psychose s’est accentué, jusqu’au point de non-retour où en essayant de me débarrasser de cette obsession qui me bouffait de l’intérieur, j’ai dégagé une onde psychique assez forte pour atteindre l’esprit de John. Des souvenirs se sont mélangés au sien, mais elles étaient bien plus floues que les siennes. J’ai senti des flashs, l’odeur du sang, du métal rouillé et de l’encens. La vision qui revient le plus souvent est celle d’une chaise de consultation ou quelque chose qui s’en rapprochait, une machine artisanale conçu spécifiquement pour un but précis dont il était encore difficile à constater. Des seringues entamés, des clous vissé sur un crâne, des muscles tremblant, John peut ressentir bien plus. Il sent ses voies respiratoires bloqués, ses muscles bloqués, son corps paralysé. Une douleur a commencé à se propager au niveau de son cortex cérébrale. La sensation étrange d’une aiguille qui se loge à l’arrière de la nuque, d’un clou qui s’enfonce sur le haut du cortex cérébrale, visse sa boite crânienne jusqu’à ce que la pointe parvienne à atteindre son cerveau. Il ressentait chaque détail, tout comme je les ressentais. Il pouvait sentir l’impossible, la puissance électrique de son système nerveux, le bruit de chacun de ses organes, le son de son subconscient. Une voix se détachait de tout ce bruit ambiant, la sensation d’une main frêle, dégageant un aura déstabilisant et inquiétant se poser sur sa joue pour lui demander de rester calme, de se détendre. Il pouvait le supplier, aucun son ne parvenait à sortir de ses cordes vocales.

Ces visions n’étaient pas les siennes. Au moment où j’en avais pris conscience, j’ai rompu le lien télépathique qu’avait initié John d’un simple mouvement de bras. La manoir se reconstituait autour de nous et les illusions se sont dissipées. J’étais encore légèrement sous le choc lorsque John a recommencé à s’exprimer. Je ne suis pas sûr d’avoir envie de l’écouter à ce moment-là, je voulais juste comprendre…

« …Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » me demandais-je.

Mais Constantine revenait à la charge, comme toujours. Je n’avais pas l’esprit suffisamment éclairé pour essayer de comprendre d’où venait ces souvenirs. J’ai levé mes yeux vers lui, lui qui me défiait du regard de commettre une erreur, d’entrer dans son esprit. Je suis resté immobile, le regard froid et presque imperturbable. La colère était encore là mais l’incompréhension dominait. Si elle n’était pas là, j’aurais commis la faute en lui sautant de nouveau à la gorge. Je n’en avais pas la foi. Ces souvenirs… ce sont les miens ? Que m’est-il arrivé ?

« Je n’ai accès à aucune archive. Si je te pose la question, c’est parce que tu étais le seul à pouvoir me donner des réponses. Détrompe-toi, c’est parce que j’ai conscience de ta douleur que je te pose des questions. Nous sommes censés être dans le même bateau, nous avons eu le même bourreau, alors je te comprends, mais toi, tu ne me comprends pas » J’ai pivoté ma tête pour observer le salon, comme si je me sentais épié. « Ne me blâme pas pour les actions de mon père. Je n’en suis ni le messager, ni le commanditaire. »

Une ambiance calme régnait dans le manoir alors que mille émotions traversaient mon corps. J’ai laissé s’écouler quelques secondes, le temps d’observer chaque muscle de mon corps, comme si je venais d’effectuer une chute de plusieurs étages. Je vérifiais mécaniquement que je ne souffrais pas de blessure.
Lorsque John a eu la mauvaise idée de cligné des yeux, il se retrouva dans un monde obscure, sa conscience. Je n’avais pas bougé d’un centimètre, me tenant toujours en face de lui. J’étais à la frontière de sa conscience, assez loin pour qu’il n’essaye pas de me faire un de ses tours de passe-passe comme il avait l’habitude de faire, en entrainement.

« Oublier n’est pas un don. Tu parles comme si je l’avais choisi. Je ne l’ai pas décidé. Les séquelles sont là et elles seront toujours là. Le mal que j’ai fait, toutes les personnes qui ont souffert par ma faute, elles n’ont pas oublié, elles. Tu voulais peut-être passer à la télé ? Je ne t’en privais pas, tu étais le bienvenu pour te porter en victime, parce que ce n’est clairement pas le titre qu’on me donne. Pour la majorité de ces personnes, je suis un bourreau, un monstre à la hauteur d’Arcane qui a détruit la vie de tellement de personne. Le verdict est tombé mais j’en suis encore là, à devoir justifier au monde que je ne suis pas cette personne. »

Un filet de sang a commencé à s’échapper sur le haut de mon crâne. Je n’en avais pas spécialement conscience. Le flux était abondant, accompagné par une autre cascade au niveau de la tempe, puis l’arrière de la nuque, un détail que seul John pouvait remarquer. Un mélange de colère et d’exaspération accompagnaient le son de ma voix.

« Jericho symbolisait la personne que je voulais être, que je rêvais d’être, un héros qui vient en aide à autrui. Désormais, il n’incarne plus que la monstruosité et la peur aux yeux des gens. Et je suis censé ne pas me plaindre et courber l’échine comme à chaque fois ? Tout ça, c’est arrivé parce que je t’ai demandé de l’aide, parce que j’étais suffisamment désespéré pour croire que j’avais une chance de me débarrasser du mal qui me rongeait, avec toi. Ça n’a fait que me bouffer… encore et toujours. »

Une ombre se dressait derrière moi, une présence que je n’avais toujours pas remarquée alors que mes paroles en faisaient mention. Amy n’était qu’une ombre d’un noir encore plus profond que le monde qui se dressait entre nous. Seuls ses yeux arrivaient à sortir de la pénombre pour se lécher avec une satisfaction malsaine le visage désespéré de Constantine, lui rappelant avec dédain son échec. Détruit-le.




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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mar 29 Aoû 2023 - 17:49




Son cœur battait à tout rompre. Il se sentait tambouriner contre ses côtes, comme pour échapper à sa cage et fuir le plus loin possible. Son souffle était court, son regard résolument fixé dans celui de Joey. Il ne semblait pas avoir noté que le monde autour d’eux avait changé – la Maison avait disparue à nouveau, remplacée par un monde vide et sombre. Ses protections se réarrangèrent doucement, à la limite de ses perceptions.
Il ne se laisserait pas prendre une deuxième fois par les pouvoirs du mutant.

- Oublier n’est pas un don.

Son regard bougea et se fixa un peu plus haut que Wilson junior, dans d’autres yeux verts. Contre toute attente, il avait parlé clairement du premier coup. Il s’était attendu à ce que sa voix soit rauque – comme avant, comme sous terre, sous la pierre et le fer. Il avait dû se forcer à respirer, lorsque les visions de Joey s’étaient dissipées, se convaincre que la douleur qu’il sentait sous son crâne n’était pas un de ses souvenirs. Même maintenant, il sentait la brûlure laissée par tous ces hurlements silencieux qu’il n’avait jamais poussé, soumis à une douleur imaginaire dans un monde de brume et de mensonges.

- Oublier n’est pas un don. Putain mais de quel droit tu me sors une connerie pareille ?

Ce n’était pas très compliqué de sentir que la colère du blondinet s’était un peu calmée. Du moins, elle s’était retirée, prête à surgir de nouveau à n’importe quel moment, mais hors de vue pour l’instant. Celle de John, elle, n’avait eut que le souffle coupée : elle brûlait toujours sous sa peau, dans ses veines.

- Oublier n’est pas un don ? Je ne demande que ça, de ne pas me souvenir de ce que j’ai vécu. Tu as des problèmes avec la justice. Tu vas devoir changer de costume, peut-être d’alias. Tu vas vivre sous la tutelle du tribunal. Fais avec, bordel.

La colère avait un aspect satisfaisant. Elle brûlait la peur, écartait les souvenirs, enterrait les visions que Joseph lui avait renvoyé au visage.

- C’est moins de problèmes que d’être hanté par tes souvenirs toutes les heures de toutes les nuits, moins de problèmes que d’avoir condamné tes potes à mort et de t’en souvenir, tous les jours, toutes les heures. T’es en vie. La plupart de tes proches aussi. Regarde moi dans les yeux et redis moi qu’oublier n’est pas un don, putain de merde.

Sous eux, le sol était légèrement réfléchissant, comme s’ils marchaient à la surface d’un lac. Un lac parfaitement lisse, sans autre limites que l’horizon. Chaque pas, chaque mouvement en perturbait la surface d’une onde légère. Sous John, l’eau qui le constituait s’était mise à frémir, prête à bouillir.

- C’est arrivé parce que tu m’as demandé de l’aide ? C’est ma faute ? Ma putain de faute, après ce que tu as vu, après ce que tu sais, tu viens me dire que c’est ma faute ?

Joseph saignait. Joseph souffrait. Joseph voulait savoir ce qu’il avait fait, ce qui s’était passé. Et dans l’immédiat, Constantine n’en n’avait rien à cirer.

- Tu veux savoir pourquoi c’est un putain de don ? Parce que c’est le seul truc qui te tiens encore debout. Tu n’as aucun souvenir de ce qui s’est passé parce que ça te briserait en deux, parce que tu n’es pas foutu de supporter de te regarder dans un miroir.

Dans les profondeurs sombres du lac, loin sous John, une lueur s’était mise à danser. Elle apparaissait et disparaissait comme une incendie au fond de l’océan. Le magicien fit un pas vers le mutant, puis un autre, puis encore un autre.

- Ça fait des mois. Des mois que tu es chez moi, que tout le monde se plie en quatre pour te sauver la peau – Palmer, moi, les Titans, Derek, même Fate. Des mois que tout le monde essaye de te préserver et de te sauver parce que tu as quelque chose dans la tête que tu n’es pas fichu de contrôler, parce que tu as fait des choses affreuses dont tu ne te souviens pas. Parce que tu n’es pas foutu de te défendre tout seul.

C’était clairement des flammes. Sous eux, leurs reflets avaient pris feu, prêt à crever la surface en une tornade de souffre et de braises à tout moment. La voix de John portait dans l’espace infini, claquant dans l’air sans résonner pour autant.

- Tu es une putain de loque. Un gosse absorbé par ses propres problèmes, incapables de résoudre quoi que ce soit et seulement bon à demander de l’aide. Tu n’es pas mieux qu’Avnas, bordel. T’es un putain de parasite, et pitoyable avec ça.

Quelque part, peut-être que John savait qu’il jouait un jeu dangereux. Qu’il aurait dû battre en retraite devant le sang qui coulait du visage de Joseph, devant la satisfaction évidente qu’Amy tirait de la situation. Il s’en moquait éperdument. Il souffrait, il était en colère, et dans l’immédiat il se moquait bien de ce qui pouvait arriver à Joey.
Peut-être qu’il le regretterai. Sûrement. Pas maintenant, en tous cas.
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« Tell me how should I feel » ft. John Constantine 386562Rien
Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mer 30 Aoû 2023 - 17:56

« Tell me how should I feel »

ft. John Constantine



_____J’ai vu le sang qui coulait sur le haut de mon crâne, je pouvais sentir les gouttes de fluide qui venaient glisser le long de ma nuque. Je n’ai pas réellement pris conscience de l’importance de cette scène, des signaux d’alerte que mon subconscient m’envoyait. J’étais concentré sur John, uniquement sur John. J’en oubliais beaucoup de chose, jusqu’à l’ombre de mon démon qui gravitaient autour de nous. Pour moi, il n’y avait plus que Constantine et moi. J’évacuais toute ma frustration, tout ce que j’avais refoulé au plus profond de mon être jusqu’à maintenant et après tout ce qui m’était arrivé. Les émotions s’accumulaient et je ne voulais plus les contenir, les contrôler.
En réveillant inconsciemment une partie de mes traumatismes, ma colère s’était légèrement dissipée pour laisser place à une peur qui m’a donné l’occasion de communiquer avec John, de lui faire comprendre ce que j’avais pu ressentir. J’ai essayé, mais il n’écoutait rien., il ne comprenait rien ou il ne voulait rien comprendre. Stupide, il est si stupide. Il s’obstinait à penser que je devais être reconnaissant de cette bénédiction, d’avoir oublié tout ce qu’il s’était passé. Il pensait réellement que c’était si simple ? Que ce n’était pas sans faille ?

« Il n’y a pas de don, pas de miracle. As-tu déjà souffert d’amnésie pour te prétendre grand connaisseur dans le domaine ? Ta conscience peut oublier mais ton subconscient ne le peut pas et ne le pourra jamais. Inconsciemment je me hais, je déteste mes pouvoirs, je déteste tout ce je suis, je suis brisé et je ne peux même pas comprendre POURQUOI parce que ça me briserait encore plus. Tu ne pourras pas oublier ce mal, même si t’étais à ma place. Rentre-toi bien ça dans le crâne. »

Je ne sais même pas s’il avait réellement envie de m’écouter. Il continuait à s’enfoncer dans un monologue était assez stupide pour croire que je le blâmais pour ce qu’il s’était passé en Europe. Ce manque d’écoute, de compréhension dans notre conversation n’avait fait qu’accroitre cette colère me brûlait les entrailles. Très vite, mon corps s’est transformé en un véritable volcan en éruption. Je n’ai pas cherché à le retenir. John ne veut pas écouter, il n’écoute rien. Il est borné, manipulé par une colère profonde similaire à la mienne et j’aurais beau me justifier, il ne verrait que lui.

Sous cette impulsion, John s’est rapproché dangereusement de moi, d’un air menaçant, comme s’il pouvait m’atteindre dans cet univers. Plus la distance se compressait et plus il pouvait observer mon regard se noyer dans une profonde animosité à son égard. La haine m’avait tendu les bras, j’ai sauté les deux pieds devant sans me poser de question, plus maintenant.
Mon poing s’est écrasé contre son nez, encore une fois. Dans ce monde psychique, il n’y aura pas réellement de conséquence physique mais le défouloir est tout aussi jouissif. Ce monde, c’était mon élément, j’étais plus habile, plus agile, plus rapide. Alors, pendant que John était distrait par sa colère intérieur, je suis intervenu. J’ai laissé exprimer ma violence dans toute sa splendeur tout en rappelant à ce dernier que cette colère qui m’habitait n’était pas dû à son passé en Europe mais à quelque chose de plus profond.

« Je te blâme pour tous tes mensonges à mon égard. Je te blâme pour n’avoir jamais été sincère avec moi. Je te blâme pour t’être servi de moi comme de nombreuses personnes l’ont fait avant toi. Je pensais être enfin en sécurité avec toi et tu t’es juste foutu de ma gueule. »

A l’heure où j’avais réussi à sortir la tête de l’eau, où je venais de sortir des griffes du diable en personne. Il était apparu comme un miracle au milieu des ténèbres. J’aurais peut-être dû me méfier lorsqu’il m’a tendu la main mais j’étais trop faible et désespéré. J’ai attrapé cette main tendue en espérant qu’elle ne soit pas aussi toxique que les précédentes, j’ai merdé et c’est aussi pour ça que je ressentais cette haine envers moi-même.
Malgré cette décharge de violence, John ne faiblit pas et continue de plonger dans les degrés de violence verbal à mon égard. Il continuait de remuer le couteau dans la plaie, me rappelant que ma situation était toujours la même et que malgré toute l’aide qu’on me fournissait, je n’étais pas parvenu à sortir de ce cauchemar. C’est une défaite qui me bouffait de l’intérieur chaque jour, et je n’avais pas besoin de John pour m’en rappeler. A l’entendre, je ne ferais rien pour combattre ce parasite, pour essayer de me sortir de cette situation mortelle. Je le hais, je le hais tellement.

Sous les pieds, je pouvais sentir la chaleur des flammes qui animait l’esprit de Constantine. Je ne semblais pas réellement troubler ni déranger par ces dernières, bien au contraire. J’ai donné un coup de pied sur le sol fragile sous nos pieds pour donner le petit coup de boots qui manquaient à cet incendie pour venir consumer son créateur. Le sol s’est fendu sous nos pieds, mais je n’étais pas impactée par la gravité de ce monde, ni par la douleur physique.
J’ai profité de cette distraction pour reprendre mes esprits. Je n’ai pas perdu pour attaquer directement Constantine pendant qu’il essayait de gérer sa propre colère qui le consumait de l’intérieur pour lui envoyer une violente onde psychique qui a fait voler son corps comme une vieille poupée de chiffon à l’autre bout de la pièce. Doucement, je me suis rapproché de lui, les poings serrés.

« Tous les jours je me réveille avec le poids de l’âme d’un monstre sur mes épaules. Tous les jours, je dois gérer des émotions qui ne sont pas les miennes, les conséquences que cela entraine. Mon esprit est un bordel sans nom, mon corps est détruit par toutes les douleurs possibles et imaginable. Tout ça en essayant d’accepter que je ne pourrais jamais revenir en arrière. Alors non, j’ai pas honte de m’accrocher au peu d’espoir qu’il me reste et de demander de l’aide lorsque je me sens démuni. Je ne suis pas comme toi. C’est ça que tu piges pas ? Que les gens ne sont pas tous des connards dans ton genre ? »


Je me suis rcapproché de lui. J’ai profité de sa perte d’équilibre pour coller la semelle de ma chaussure sur sa gorge pour l’empêcher de se relever. Cette position était désagréable pour lui et je n’attendais que ça, qu’il souffre pour tout le mal qu’il pouvait dire à travers ces paroles. J’ai continué d’écraser mon poids sur ses cordes vocales et ses voies respiratoires avec une intention malsaine dans mon regard. Au fond, sur le moment, je ne voulais pas qu’il se contente de souffrir, je voulais plus que ça.
Mon regard a croisé le sien, et d’un coup, j’ai ramené John dans son environnement initial. La noirceur de l’environnement était désormais meublée de flamme qui dansait autour de nous.

« Je ne suis pas mieux que mon parasite ? Bien. Mais je serais toujours meilleur qu’un trouillard qui n’a rien trouvé de mieux que de dénoncer ses potes pour échapper à une mort inévitable. Ça fait mal, hein ? Ouais, tu vaux pas mieux en matière de pathétisme, John. »

Je me suis éloigné de John, un instant, toujours rempli et animé par une haine qui m’invitait à tous les excès. Il n’avait rien tenté pour calmer ça, bien au contraire. Il jouait, tout ceci n’était qu’un jeu, comme un gamin innocent qui expérimentait en rajoutant un peu d’huile dans un brasier. Désormais, j’étais une tout autre personne, une personne qui voulait volontairement faire mal et bien plus que ça.

« Tu veux voir un parasite dans toute sa splendeur ? »

Elle avait continué à graviter autour de nous. Cette ombre imposante était une spectatrice de notre scène de ménage depuis le début. Amy se délectait de chaque seconde et seul ma volonté l’empêchait de passer à travers les murs de ce monde psychique. Il ne s’agissait pas d’un monde à proprement parler mais de la frontière entre les deux, entre l’esprit de John et le mien. Amy n’y était pas invité et ma partie encore empathique avait maintenu cette distance entre lui et nous.
Une main a commencé à passer à travers la pénombre, une main imposante pourvu de longue griffes tranchantes pour venir s’enrouler autour de la gorge de Constantine sans grande délicatesse. Je l’ai laissé faire, devenu spectateur de mon propre règlement de compte avec John. Le démon n’arrivait pas encore à entrer tout son corps dans cette réalité, quelque chose l’en empêchait. Peut-être qu’au fond, une partie de mon subconscient ne voulait pas faire du mal à cet homme, mais je ne voulais pas l’entendre.

« Je me délecte de chaque seconde de cette scène mélodramatique, Johnny » mumura Amy, continuant de prendre un malin plaisir à faire souffrir psychiquement John. « Honnêtement, je ne pensais pas que tu me faciliterais autant la tâche… »




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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mer 30 Aoû 2023 - 18:53




John Constantine avait mal, à un nombre assez conséquent d’échelles différentes. Il était encore fébrile d’avoir retraversé ses propres souvenirs, secoué par son bref passage dans la psyché de Joey : il avait les nerfs à vif et son coeur battait à tout rompre, dans sa poitrine et ses tempes. Au-delà de ça, il avait été projeté à travers la pièce – la douleur avait fleuri dans son dos instantanément à l’impact, et il sentait toujours sa morsure. Quelque chose compressait sa gorge, l’empêchant de parler ou de respirer. Enfin, Joey n’avait pas retenu ses coups. Le magicien avait senti ses défenses se fendre dans toute leur longueur d’un coup sec, laissant déferler une vague de douleur qui rendait difficile d’aligner deux pensées claires.

C’était, en tout et pour tout, bien trop familier d’une certaine soirée dans un pub londonien en proie aux flammes.

- Je t’ai écouté, sac à merde. J’ai juste pas répondu ce que tu voulais entendre.

L’air frémit. Dans ce monde sans horizon, l’obscurité s’obscurcissait derrière Joey, traçant une haute silhouette élancée dans la suie et l’obscurité. Rapidement, le sourire d’Avnas se précisa. C’était comme observer quelque chose à travers un plan d’eau presque immobile : le démon était légèrement flou, rendu imprécis par des ondulations imperceptibles autour de lui. La main griffue qu’il tendait vers sa gorge, elle, semblait bien réelle.

- Tu sais, j’ai fait ma part de conneries, et j’ai fait de belles saloperies à des gens qui me faisaient confiance.

Ailleurs, quelque chose comprimait sa gorge, l’empêchant de parler, réduisant sa respiration à un filet paniqué. Il s’y était accroché pour tenter de le repousser, mais c’était aussi ridicule qu’inutile. Là-bas, tout était flou et imprécis. Tout, sauf les yeux verts qui le dévisageaient fixement. Là-bas, il était en train de mourir à petit feu, et pourtant ça ne l’empêchait pas de parler ici, dans son monde d’ombres, là où l’adrénaline le préservait du pire. Pourtant, il avait beau ne parler qu’en esprit, sa voix n’en n’était pas moins rauque et esseulée.

- Eux, je regrette beaucoup de chose. Toi, je regrette surtout de pas t’avoir laissé crever.

Quelque chose de froid le saisit à la gorge et le tira vers le haut, dans ce monde d’esprit impossible. Constantine serra la mâchoire au contact, qui jetait des éclairs glacials sous sa peau. Le visage d’Avnas se précisa, comme sa voix râpeuse.
Ses boucliers avaient été fendus. Son corps physique asphyxiait. Un démon le tenait littéralement dans ses griffes, et le télépathe de service semblait décidé à le laisser faire. Quoi qu’il dise, John ne semblait pas pouvoir raisonner Joey. Non, raisonner n’était pas le bon terme. Il voulait qu’il la ferme. Il voulait qu’il se regarde et qu’il ait honte, il voulait qu’il le laisse tranquille, il voulait lui défoncer le visage jusqu’à ce que ces fourmillements, cette tension, cette colère qui lui crispait les mains se dissipent. John était en position de faiblesse, face à quelqu’un de plus fort et de plus soutenu qu’il n’était. Pourtant, son esprit était clair, aiguisé et trempé dans une flamme encore rugissante.

Constantine crachat au visage du démon. L’obscurité s’embrassa, l’air devint étincelle et incendie et sa colère sauta à la gorge du parasite et de son hôte. Dans le monde physique, la manifestation fut moins brutale, mais Constantine ne cherchait pas spécialement à blesser Joey : il voulait juste le faire reculer, assez pour qu’il lâche sa gorge.

L’air revint brutalement, et il inspira brutalement, en profitant pour s’arracher au monde psychique dans lequel il avait été jeté. Ses défenses se remirent en place avec un claquement sec tandis qu’il reprenait pied dans son propre corps, jaugeant l’air qui brûlait encore, Wilson et ses vêtements légèrement roussis, le sol sous sa joue et le mur contre son dos. La douleur physique revint presque aussitôt, coupant sa respiration aussi sec. Il s’accorda un, deux battements de coeur. Les attaques récentes lui vrillaient encore le crâne et il avait probablement une côte ou deux de fêlées, mais ce serait supportable pour le moment. Il prit une inspiration sifflante, puis disparu à nouveau.

Le mutant s’était lâché. Il l’avait insulté, l’avait roué de coups, avait appelé son démon, avait utilisé ses propres cauchemars contre lui. Son erreur, peut-être, avait été de déchaîner la colère de John pour essayer de le déconcentrer. Le magicien l’avait bue – chaque étincelle, chaque flamme, chaque volute de fumée. Elle pulsait dans ses veines, rugissait dans ses tempes et dans l’écho des battements de son cœur, gravait des runes de haine et de douleur le long de ses os.

- Regardez-vous, putain.

Il n’avait pas besoin d’aller loin. Il avait juste besoin d’être rapide. Le magicien reprit pied derrière Joseph et se lança en avant. Il ne chercha pas le monde physique, dans lequel Joey et son père avait le dessus. Il alla chercher là où il savait le jeune homme vulnérable, depuis le premier jour où il s’était rencontré. Il plongea les mains jusque là où l’âme de Joey se mêlait à celle d’Avnas, de cette manière si particulière qui rendait un exorcisme si dangereux. Il attrapa chacune des deux et tira d’un coup sec.

- Vous oubliez que la seule raison pour laquelle je ne vous ai pas séparé, c’est que ça vous tuerait tous les deux. Vous oubliez que la seule raison pour laquelle je n’ai rien fait, c’est que j’ai eu pitié de vous, salopards.

Il y eu un bruit de déchirure, à mi-chemin entre l’agonie du tissu et du tonnerre. Constantine tira, tira jusqu’à ce qu’ils aient l’impression que quelqu’un glissait ses doigts sous leur crâne pour l’ouvrir en deux, jusqu’à ce que la douleur qui brûle et dévore se jette dans la brèche créée. Il ne les sépara pas totalement, pour autant : il les laissa là, tenus seulement par un fil et la sensation terrible d’être écartelée jusqu’au sang sans jamais en mourir.

- J’ai passé des soirées entières à chercher des possédés pour voir jusqu’où je pouvais tirer sans qu’ils ne se brisent. J’ai passé des soirées entières à faire ça pour essayer de t’aider, fils de pute.

Le magicien planta ses ongles et ses flammes dans les deux âmes qu’il tenait à la main, juste assez pour leur faire mal, juste assez pour hésiter à les séparer d’un coup sec et à régler le problème une fois pour toute.
Puis il les lâcha et recula d’un pas.

Du sang était venu tâcher sa chemise. Des runes de feu et de cendres marquaient ses doigts, encore rougeoyantes. Son cœur battait un rythme effréné contre ses côtes. Il boitait un peu, et une douleur sourde pulsait sous son crâne. Pourtant, ses yeux semblaient clairs – remplis d’une haine froide, couleur acier. Quand il parla, sa voix était tranchante.

- Dégage, Joey. Va te trouver un trou pour y crever.
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Re: « Tell me how should I feel » ft. John Constantine Mer 30 Aoû 2023 - 22:23

« Tell me how should I feel »

ft. John Constantine



_____Je voulais lui faire mal, je voulais qu’il souffre comme j’avais souffert là-bas. Cette violence qui m’animait était humaine, une haine pure et totale qui ne pouvait pas être raisonner. J’ai laissé la semelle de ma chaussure s’enfoncer dans la peau de la gorge de Constantine jusqu’à l’asphyxie. Une partie de moi avait clairement conscience de mes actes et ne voulait pas s’arrêter, bien au contraire. J’aurais pu aller plus loin, j’aurais pu faire bien plus de mal, lancé dans cet élan meurtrier, bercer par le brasier qu’avait provoqué Constantine.
En plus de lui faire encore plus de mal physiquement, j’ai laissé une faille à Amy pour qu’il puisse avoir son mot à dire dans cette histoire, pour que John souffre davantage. Je suis resté simple spectateur lorsque ses ongles ont titillé la chair de Constantine. Heureusement, une part de mon subconscient empêchait le démon de pouvoir se montrer dans toute sa forme. Il était limité, mais assez imposant pour le maîtriser.

« On a tous des regrets. Je regrette de t’avoir protégé, d’avoir protéger ton anonymat, de ne pas t’avoir mêlé dans mes affaires juridiqueS, de ne pas t’avoir rendu complice. J’aurais pu détruire ta vie une seconde fois et te condamner à une seconde mort. »

Je ne sais pas vraiment si je pensais ses paroles. Elles ont été dites lorsque l’incendie était encore vif et brûlait intensément au fond de mon être. Je ne sais pas vraiment si John pensait ce qu’il disait. Nous n’étions peut-être pas aussi différents que nous le pensions sur le moment. Nous étions en colère, et nous avions besoin d’un défouloir, quelqu’un sur qui blâmer tout nos maux. Tout était beaucoup trop flou dans mon esprit et la voix de la raison n’était qu’un écho parasité par toute la haine et la colère qui me poussait à être aussi agressif.

Contre tout attente et malgré la présence de mon démon dans la frontière des monde psychiques, John était parvenu à reprendre le dessus un instant pour cibler une faille. Le mage me connaissait plutôt bien, pour m’avoir appris à gérer mes pouvoirs psychiques, à être beaucoup plus performant mais il savait également comment je fonctionnais, la structure et les failles de ma possession. Il n’avait pas trainé pour s’attarder sur nos âmes et tenter de la diviser en deux de la manière la plus brutale et grotesque qu’il a pu trouver. Je n’ai pas pu me débattre ou faire quoi que ce soit. J’ai ressenti une puissante décharge électrique qui a parcouru toute la surface brisé de mon corps et pas que ça. J’ai laissé échapper un cri de douleur, c’est une douleur indescriptible que je n’avais jamais expérimentée jusqu’à maintenant. Si je pouvais la résumer grossièrement, c’était comme une tentative d’écartèlement accompagné par de violentes décharges électriques.

Avnas, de son côté, semblait ressentir beaucoup moins de choses. Il essayait de retenir ses cris mais il était un peu moins sensible de ce côté-là. Était-ce son origine mystique qui le protégeait ou étais-ce le fait qu’il soit l’âme errante de ce corps, le parasite. Il y avait tellement de question qui restaient sans réponse, des choses que John ne m’avait probablement jamais parlé.

« Allons John, tu sais que je n’attends que ça. Tu me chatouilles… »

Ce n’est pas vraiment mon cas. La douleur est si forte que je finis par relâcher la pression de ma chaussure dans le monde réel. J’ai essayé de ne pas laisser mes pensées s’emballer, de reprendre mes esprits malgré cette forte douleur qui traversait tout mon corps. Dans un instinct de survie, j’ai généré un bouclier qui me permettait de garder Constantine à bonne distance. Ce dernier s’est reculé, mais je ne savais pas réellement si c’était moi qui l’avais poussé à faire ça ou si c’était sa propre décision.

J’ai rompu le monde psychique pour reprendre le contrôle de mon corps. L’écho de la douleur était encore présent, j’étais encore sonné. J’ai abandonné l’idée d’égorger John avec ma chaussure et j’ai reculé. Le bas de mon corps s’est heurté au dos du canapé, j’ai posé ma main sur le dossier du meuble pour éviter de perdre l’équilibre. Cette souffrance était parvenue à dissiper une petite partie de ma colère, assez pour ne pas que je saute de nouveau à la gorge de John sur le moment.
J’ai senti tous les muscles de mon corps crier à l’agonie, comme si je venais de rentrer d’une séance de sport intense.

« Parce que tu crois que je n’étais pas reconnaissant à ton égard ? Tu étais assez aveugle pour ne pas le voir ? Chaque fois que t’avais besoin d’un putain de chauffeur, chaque fois que tu avais besoin de dollars pour tes clopes, la nourriture, les tâches du quotidien. J’avais confiance… en toi. Je faisais de mon mieux pour rendre les choses plus vivable… alors que je vivais dans un foyer remplis de mensonge. En fait, je ne veux même pas savoir ce que tu me cachais… »

Au fond, je savais qu’il y en avait d’autres, des choses encore plus malsain que je préférais ignorer pour ma propre santé mentale. Je me sentais déjà assez bafoué comme ça. Amy n’avait pas eu ce qu’il voulait. L’artefact qui renfermait mes souvenirs avait été endommagé mais il tenait encore bon. Je pouvais ressentir sa frustration, aussi clairement que notre colère.

« Je n’ai clairement pas envie de crever dans le même trou que toi. Tu es seul, tout le monde te croit mort et ils te détestent tous. Beaucoup m’ont demandé d’être méfiant à ton égard, j’ai été naïf de croire qu’il y avait autre chose qui t’animait, autre chose que de la lâcheté. »

J’ai levé les yeux pour observer l’état dans lequel j’avais laissé Constantine. Je n’étais pas fier, loin de là mais pour l’instant, je n’arrivais pas à trouver un semblant de remord, pas après tout le mal qu’il m’avait fait. De toute manière, je ne pourrais pas remettre les pieds ici. Ce tatouage n’allait pas tarder à faire effet et s’ils apprenaient que je vis à la Maison des Mystères, je risquerai de le mettre dans une situation délicate. Ma raison m’empêchait de faire une chose pareille, même si j’éprouvais toute la haine possible et inimaginable envers John sur le moment, je ne pouvais pas.

« Peut-être que c’était juste ton égo qui voulait me guérir, pas toi. Tu voulais juste essayer l’impossible pour ta propre personne, mais tu veux pas te l’avouer parce que ça prouverait que tu n’es rien d’autre qu’un sac à merde. » J’aurais pu lui ravaler la façade une nouvelle fois, j’en avais envie, mais mes muscles me faisaient encore souffrir. « Ne t’étonne pas si les flics te collent au cul ses prochains jours. Toi qui veux tellement avoir ma vie, je te laisserai avoir l’occasion d’en savourer les moindres détails, derrière des psy, des policiers et tout ce qui s’en suit. » J’ai ramassé ma veste, attrapé ce qu’il restait de mes clopes. « Good Bye John. »




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