Un conflit d'héritage [Damian Wayne]

Powers International
Quartier Downtown - 20h38

Le soleil s’est couché depuis deux heures déjà, jetant sur les toitures noircies ses derniers rayons dorés. Les plus grands immeubles de la ville en ont profité un peu plus longtemps que les autres, comme un désagréable rappel des inégalités existant entre ceux qui vivent tout en haut et les autres, tous les autres, à leurs pieds. Ces gratte-ciels abritent les sièges de certaines des plus grandes entreprises nationales – voire internationales. Wayne Enterprises caracole en tête de toutes celles-là, bien sûr, mais d’autres la suivent de près, de très près. Parmi elles, Powers International, menée par la milliardaire philanthrope éponyme, Geraldine « Geri » Powers. Jadis à la traîne derrière des acteurs secondaires du milieu comme Kane Chemicals ou Caldwell Technologies, la société a su profiter des différentes crises ayant secouées Gotham pour s’enrichir au-delà de toute mesure… et former de sinistres alliances.

Des gens sont morts pour permettre cela. Des familles ont été brisées. Des gens ont payé un prix qui leur a été imposé, au nom du profit d’autrui.

Une situation couverte grâce aux manœuvres financières de grands pontes financiers, d’un soupçon de corruption bien placée et de terribles actes d’intimidation. Bienvenue à Gotham City, où seule la loi du plus fort fait foi, malgré la résistance héroïque des forces de police du GCPD, la ténacité des hommes de loi et la lutte constante de quelques « masques » hauts en couleur.

Des masques dont le plus grand de tous manque à l’appel depuis plusieurs semaines, plusieurs mois déjà. Son étau de peur sur la communauté criminelle, maintenu avec force par ses disciples, s’est tout de même relâché, assez pour assister à une vague de crime massive venue des rues. Pour la réduire, pas d’autre choix que de plonger les mains dedans, laissant les malfaiteurs en col blanc libres de continuer leurs exactions.

Ou presque libres.

Car quelqu’un a osé l’impensable. Quelqu’un a enfilé la cape du Batman, durant son absence. Et ce quelqu’un hante désormais ruelles et toits de la ville, déterminé à faire évoluer le symbole ; moins d’obscure légende, plus de proximité avec les problèmes des citoyens.

Pour cela, il entend faire tomber ceux qui pensent pouvoir exploiter, détruire et jeter les honnêtes gens. Pourquoi les seuls malfaisants qui finissent à Blackgate sont ceux qui assument en plein jour leur monstruosité ? Qui croit être au-dessus des lois en raison de son compte en banque ne mérite ni considération, ni indulgence.

C’est ce qu’entend prouver ce nouveau Chevalier noir en s’attaquant à Powers International. Profitant de la fin de journée pour cela, il s’infiltre à pas de loup dans la mégastructure de pointe, désactivant sécurité après sécurité pour s’enfoncer toujours plus profondément vers les serveurs de données, et les preuves potentielles qui s’y cachent. Le travail, minutieux, lui demande dextérité et concentration : il a les deux, bien qu’affectés par la pression sur ses épaules.

Enfin, se dévoile devant lui un immense parc de colonnes informatiques, clignotant de bleu, de blanc et de vert dans la semi-pénombre du lieu. L’atmosphère est étouffante de chaleur, les quelques ventilateurs s’arrangeant pour maintenir la température à un seul acceptable.

- Vol, j’y suis. J’active le transfert de données, prépare toi à recevoir le flux.

D’une pochette de sa ceinture, il sort un petit dispositif, presque invisible une fois installé sur le branchement d’un des serveurs.

- Super, c’est fait. Tu t’es pas trompé de sens cette fois. Ma clef USB s’en souvient encore.

- Hrm.

Un petit rire étouffé résonne de l’autre côté du communicateur.
Le sérieux reprend bien vite le dessus.

- Bon, bonne nouvelle: ça marche. Mauvaise nouvelle: ça va prendre du temps. Notre ordinateur est ultra-performant, mais il a ses limites.

- Reçu. Je vais voir si je peux trouver autre chose.

La sombre silhouette du nouveau Batman s’enfonce alors sans peur dans les entrailles de métal, de plastique et de béton du bâtiment, déterminé à trouver quelque chose qui pourra mettre cette entreprise à genoux. Si tant est qu'une telle chose soit possible.

Est-ce qu’ils étaient en train de perdre le contrôle de la situation ? Est-ce que la simple absence du Chevalier Noir suffisait à elle seul à défaire l’œuvre que ce dernier avait mit toute une vie à bâtir ? Est-ce que le destin de toute une mégapole de la taille de Gotham tournait intégralement autour des actions d’un seul homme ? Toutes ces questions, Damian se les étaient posées ces derniers jours. Il était obligé de le constater, la situation avait empiré depuis la destruction de la prison de Blackgate par une attaque venue d’Apokalips.
 
Malgré les efforts de l’administration Gothamite, soutenu financièrement par les dons de plusieurs grandes familles et entreprise présente en ville, la reconstruction de ce bagne mettait du temps à se concrétiser. On avait pensé à l’époque qu’il suffirait de quelques mois pour, qu’à nouveau, la sinistre silhouette de Blackgate domine à nouveau son promontoire. Résultat ? Tout ces efforts n’avaient permis, pour l’instant, uniquement de solidifier les fondations de l’ile, fragilisée par le cataclysme qui l’avait frappé.
 
C’était cet évènement, la destruction de ce sombre symbole de répression, qui avait semblé donné le coup d’envois à la nouvelle vague de criminalité qui semblait s’abattre sur les rues de Gotham. On était encore loin d’une vraie guerre de gangs, mais la vermine s’enhardissait indubitablement. Les choses n’auraient pu qu’être passagères, mais d’autres éléments avaient empiré la situation inexorablement. Les tentatives de l’Intergang de s’installer en ville suites aux diverses attaques de Kandoriens dont Métropolis avait été victime, armant les gangs locaux avec des technologie avancée et tentant de tisser leur toile, et surtout la subite et prolongée disparition du Batman.
 
Leurs ennemis s’enhardissait au fur et à mesure qu’ils prenaient consciences de l’absence du Chevalier Noir. Même les efforts du Bat-clan ne semblaient pas parvenir à juguler cette tendance. Les acolytes du Chevalier Noir parvenaient le plus souvent à mettre en échec les plans des différents criminels de la ville, mais cela semblait pas changer les choses. Chaque nuit, l’activité de la pègre semblait prendre en importance, chaque jour, la faune criminelle de Gotham semblait plus active… et pas seulement la petite criminalité des rues. Même si pour l’instant, les super-criminels ne s’étaient pas lancé dans de grands plans pour détruire la ville ce n’était qu’une question de temps. À cela, il fallait ajouter la menace de la Cour des Hiboux dont Damian avait pu faire l’expérience. Suite à son équipée avec l’Arche Vert de Star City, la Cour semblait avoir décider de revenir dans le jeu et la menace qu’ils faisaient peser sur chaque membre du Bat-clan restait présente. Tous les alliés du Batman devaient à présent redoubler de vigilance au cas où un Ergot, l’un des assassins morts-vivants au service de la Cour, ne surgisse pour tenter de les faire passer de vie à trépas.
 
Mais cela ne les empêchait nullement de continuer à accomplir la croisade initiée par le Chevalier Noir. Damian prenait cette tâche particulièrement à cœur, en partie parce que cela lui permettait de défouler la frustration qui grandissait sans cesse en lui depuis le départ de son géniteur, en partie par désir de prouver à son père que même sans lui, sa cité restait entre de bonne mains… et peut-être en partie pour, dans le cas où il ne rentrerait pas, se prouver être un successeur digne de prendre sa suite. La question de si un autre devait revêtir la cape du Chevalier Noir se posait de plus en plus souvent bien que presque personne au sein du Bat-clan n’osait l’exprimer à voix haute. Dick était un candidat qui avait déjà prouvé être à la hauteur de la tâche… mais il avait à chaque fois détester l’être. Tim, bien que Damian n’aimait pas le reconnaitre, était également un candidat acceptable, mais il n’avait pas davantage le désir d’avoir à prendre la suite de Bruce. Damian, pour sa part, voyait cette fonction comme son héritage, mais il restait encore jeune pour faire un Batman crédible. Cependant, à chaque soir où il était à la Batcave, il avait l’impression que l’appel qu’il ressentait en voyant le costume de son père se faisait plus fort.
 
Cette nuit, le Bat-clan était de sortie également. Batwoman faisait équipe avec Huntress pour retrouver la trace de l’épouvantail. Red Robin était resté à la Batcave pour étudier les indices récolter sur les lieux d’un meurtre particulièrement… inventif. Stéphanie Brown, la troisième Batgirl était occupé à une planque du côté de l’Université de Gotham suite à un tuyau obtenu qui assurait que le gang de Double-Face y menait certaines activités. Cette tâche l’ennuyant au plus haut point, elle utilisait parfois les communications pour discuter de tant à autre. En l’occurrence, sa victime désignée était le Jeune Prodige et elle cherchait à lui tirer les vers du nez concernant comment il allait.
 
« Je te connais assez pour savoir que tu y as pensé. Il y a des rumeurs qui affirment que Batman est de retour. Mais il nous aurait contacté dans ce cas, non ? J’espère que tu n’es pas en train de ruminer à propos de ces rumeurs. »
 
« Tst. » fut la seule réponse que le jeune homme accorda au baillage incessant de son interlocutrice.
 
« J’en déduis que si. » souffla-t-elle mi-amusée mi-dépité. « Et si je devais me hasarder à un pari, je dirais que tu es allé patrouiller avec l’intention de tirer cette affaire au clair. Pas vrais ? Tu sais, on est tous à la même enseigne, Batman ne nous dit que ce qu’il veut bien nous révéler et ce depuis aussi longtemps qu’on a travailler avec lui. C’est sa manière de fonctionner et le fait qu’il ne t’ai pas fait part de ses intentions ne signifie qu’il ne te fait pas confiance en particulier. » chercha-t-elle à raisonner un Damian qu’elle connaissait suffisamment pour savoir qu’il prenait la chose de manière personnelle… et également pour savoir qu’il ne tiendrait aucun compte de sa remarque.
 
Le Jeune Prodige était concentré sur tout à fait autre choses. Comme l’avait dit Stéphanie, ils recevaient depuis peu des signalements sporadiques rapportant que Batman serait de retour dans les rues. Bien qu’il n’y croyait pas réellement, le jeune homme voulait en avoir le cœur net. Il prêtait donc une attention exacerbée autour de lui à la recherche de signes de la présence de ce soi-disant « Batman ». Finalement, la vigilance du jeune héros paya lorsqu’il repéra du mouvement du côté des bâtiment de Powers International.
 
Restant tapis dans les ombres, le jeune homme avait son attention fixée sur sa proie. Il ne lui fallut pas plus d’une trentaine de seconde pour savoir que cet homme n’était certainement pas son père. Toute une série d’éléments venait le prouver. Il se déplaçait rapidement, cela trahissait qu’il s’agissait d’un professionnel, probablement avec une formation militaire avancée. Mais comparer à son père, les gestes de sa cible semblaient bien lourds, presque pataud.  Il était d’ailleurs plus qu’évident à ses yeux que cet homme n’était pas habitué à se déplacer avec une cape.
 
Cette dernière semblait presque plus le gêner qu’autre chose, elle fournissait un poids supplémentaire qu’il était obligé de compenser, sauf qu’il oubliait par moment de le faire ou alors il la laissait trainer négligemment à terre au risque de se prendre les pieds dedans. Parfois même, il rejetait la cape comme si celle-ci le gênait, comme s’il s’agissait d’un ajout dont il se passerait bien. Il était cependant vrais que la cape était un indispensable du costume du Chevalier Noir si ce costume était basé sur le même modèle que l’originale. Non seulement elle permettait de planer, mais c’était à l’intérieur de celle-ci que passait plusieurs composant permettant aux costumes d’avoir le contrôle sur ses fonctions les plus high-tech. La cape de Robin par exemple, en était dénué.
 
Il était cependant exact que plusieurs membres du Bat-clan avaient décidé, ou en tout cas sérieusement envisager, de se débarrasser de la cape dans leur uniforme, le premier parmi eux étant Nightwing. Il avait une fois révélé à Damian que lorsqu’il avait conçut son nouveau costume, la cape fut le premier élément qu’il avait ôté, car celle-ci l’entravait trop dans ses mouvements lorsqu’il entreprenait ses acrobaties.
 
Toujours tapis dans les ombres, tout les muscles du Fils du Batman était tendus, prêt à lancer l’assaut sur cet imposteur qui osait se faire passer pour son père. Même s’il n’y avait jamais vraiment cru, l’espace d’un instant, en voyant le costume de loin, il avait espéré… espéré que son père était enfin de retour. Et ce n’était pas le cas ce qui n’avait fait que raviver la colère qu’il ressentait. Son instinct lui hurlait d’attaquer, d’en finir avec cette usurpateur qui osait souiller le symbole utiliser par son père, de souiller l’héritage qui lui était destiné. Dans son oreillette, il entendait encore Brown parler, essayer de capter son attention par les remarques les plus puérile possible. N’ayant nul besoin de cette distraction, l’Héritier du Démon se contenta d’éteindre ses communications.
 
Il ne céda cependant pas à sa première impulsion, celle qui le poussait vers ses penchants les plus agressif. Il avait besoin d’en savoir plus sur son ennemi, de comprendre à quoi il avait affaire. Un idiot qui pensait que le costume lui donnerait les talents du Batman ? A un ennemi de son père qui chercherait à salir sa réputation en profitant de son absence ? Á l’un de ces aspirants anti-Batman cherchant à se construire en version hors-la-loi du Chevalier Noir ? D’où lui venait son matériel ? Son niveau de compétence ? Il y avait encore de cela quelques années, Damian se serait contenté d’attaquer, mais à présent il étudiait son ennemi auparavant. Quand ce « Batman » entra dans le bâtiment, Damian l’y suivit.
 
Pendant un temps, Damian l’observa, toujours dissimulé dans les ombres. Son adversaire était visiblement un professionnel, validant l’hypothèse d’une formation militaire ou quelque chose du même genre. Mais il était encore loin du niveau du Bat-clan. Son adversaire était capable d’atténuer le bruit de ses déplacements, de ses mouvements, pour les rendre difficiles à repérer, mais contrairement à l’original, il était incapable de faire totalement disparaitre ces bruits. Sa proie était capable de se contrôler suffisamment bien pour se fondre dans les ombres, mais il était incapable d’y glisser. Il perdait un temps considérable à s’assurer qu’il ne serait pas repérer alors que Damian pouvait littéralement prédire les mouvements des caméras et des rares vigiles présents… ainsi que ceux de sa cible. Par contre, il semblait parfaitement capable d’utiliser les outils présents dans la ceinture et s’était visiblement entrainer à mémoriser leurs emplacements. Il ne perdait pas de temps à fouiller dans la ceinture utilitaire pour récupérer ce dont il avait besoin et l’efficacité de l’usage qu’il en faisait était… acceptable.
 
Concernant le costume, Damian avait eu l’occasion de l’observer en détail, même à distance. Pour autant qu’il pouvait en dire, il s’agissait d’une copie quasi-conformer du Bat-costume porter par son père, avec ses avantages et aussi ses faiblesses. Soit son ennemi était parvenu à répliquer, ou travaillait pour des gens qui en étaient capable, la bat-technologie de son père et de Fox… soit il avait réussit, d’une manière ou d’une autre, à mettre la mains sur un bat-costume prêt à l’emploi. Dans les deux cas, c’était préoccupant.
 
Finalement, échappant toujours à la vigilance du faux-Batman, Damian suivit sa cible jusque dans l’une des salles de serveurs du bâtiment. Voyant les manipulations que ce dernier était occupé à faire, le jeune héros s’en voyait conforter dans son opinion. Il avait affaire à une raclure qui utilisait l’équipement de son père pour commettre ses larcins. Ici, il était visiblement occupé à voler des données à Power International. Pas qu’il éprouve le moindre amour pour ce conglomérat et ses propriétaires d’ailleurs, ils faisaient même partie des ennemi des Wayne de par la rivalité corporatiste entres leurs entreprises mais aussi leur participation aux activités de la Cour des Hiboux. Aux dernières nouvelles, Power International se proposait de remplacer Wayne Enterprise dans ses contrats avec le GCPD, se proposant d’offrir des équipements plus moderne à la police de la ville.
 
Damian activa son ATH, se connectant au réseau pour voir ce qui se tramait, il ne lui fallut guère longtemps pour comprendre que sa cible était occupé à transférer des données vers un autre appareil, donc il était en contact avec un complice. S’en était assez. Damian se replia dans les ombres pour se préparer à passer à l’action.
 
Laissant son adversaire s’avancer dans le bâtiment Damian le devança. Au détour d’un embranchement, l’attention de Jace fut probablement attiré par une lueur rouge dans la pénombre. Celle-ci provenait d’un objet planté dans un mur du couloir où il se trouvait. En s’approchant, il découvrirait que l’objet en question n’était autre qu’un authentique batarang… un avant-goût de ce qui s’apprêtait à lui tomber dessus. Sans perdre un instant, le Jeune Prodige surgit des ombres dans le dos de son imposteur plongeant depuis les airs, des deux pieds en avant, pour asséner un coup particulièrement brutale qui envoya son adversaire s’écraser plus loin dans le couloir.
 
« Tu as exactement 10 secondes pour t’expliquer, imposteur ! » fit le jeune homme sur un ton menaçant tout en récupérant le batarang.
 
Bien que sa voix resta encore marqué par sa jeunesse, il y avait dans ses intonations une ressemblance indéniable avec celles employés par le Chevalier Noir en personne. D’un seul geste, Damian projeta le batarang droit vers son interlocuteur. Le projectile fila dans les airs à une vitesse impressionnante et  avec une précision mortelle, les lancés de Damian étant parmi redoutable de tout le Bat-clan. Celui-ci sectionna l’oreille droite du costume, ainsi que le matériel qui permettait la connexion avec l’ordinateur auquel le costume était lié. Ce n’était nullement un jet chanceux, le Fils du Batman connaissait parfaitement la structure du costume de son père ainsi que tout les défauts de celle-ci.
 
« Car passé ce délai je t'assurre que tu vas regretter tes choix de vie. » fit-il en se préparant au combat.
 
Le Jeune Prodige n’était pas là pour laisser à son adversaire l’occasion de vraiment s’expliquer. Juste pour lui faire payer son impudence. Il attendait simplement de voir la réaction de son opposant avant de passer à la suite. Il avait piraté au préalable les sécurité de l’étage pour qu’ils ne soient pas interrompu trop rapidement et il comptait bien prouver sa supériorité sur son ennemi. Son esprit anticipant d'emblée les différents plan d'action que son ennemi avait à sa disposition. Sa main se refermant déjà sur le gadget qu'il utiliserait lors de sa prochaine attaque.

Pris par surprise, le Batman chute. Ses réflexes le sauvent de faire un plat ; son épaule heurte le sol, et il se sert de cela pour compenser le choc d’une roulade bien sentie. En quelques secondes, le revoilà déjà debout, prêt à se battre contre les gros gorilles de Powers…

- Hrm.

La découverte de son agresseur l'arrête, un bref instant. La silhouette devant lui, colorée, combattive, n’est définitivement pas aux ordres des grands manitous de l’entreprise. Ou alors il s'agit là d'une récupération éhontée d'un autre des symboles de Gotham. Une hypothèse vite écartée, une fois ses premières paroles prononcées. Robin. Le Robin. Le petit vicieux, pas réputé pour faire dans la dentelle. Dans le cas présent, la rogne qui l'anime a toutes les raisons d'être. Lui aussi chercherait des noises à la femme qui reprendrait le masque de Katana. Rien de plus normal quand on développe de l'affection pour quelqu'un.

Cela dit, il ne s’attendait pas à trouver si vite sur sa route un des disciples de son prédécesseur. Il aurait dû. Pour être prêt. Pour savoir quoi dire, quoi faire. Pour avoir moins mal à l’épaule. Mais non. Ce reproche, il l’évacue immédiatement de son esprit. Hors de question de se laisser parasiter par des pensées de ce genre. Porter le costume, c’est devoir s’adapter à tout ce qui se présente. Aux amis, aux ennemis, et aux autres. Dont fait partie ce jeune homme.

Mais s’il est définitivement compétent, il semble être trop sûr de lui. Arrogant. Méprisant. Son premier batarang fait mouche, venant raccourcir de plusieurs centimètres une des oreilles du masque. Le second vient rebondir sur l’armure, sans qu’aucun réel dégât ne soit causé. Bien que basée sur les travaux de Bruce Wayne et Lucius Fox, cette tenue a eu droit à son lot d’améliorations. Après tout, son porteur actuel n’est pas la moitié d’un idiot quand il faut mettre les mains dans le cambouis technologique.

Ni dans l’art de lancer des projectiles, d’ailleurs. Deux chauves-souris dorées jaillissent de sa main droite, visant la ceinture et les genouillères du jeune prodige. D’habiles leurres, pour détourner l’attention du vrai mouvement derrière: un troisième projectile lancé de la main gauche vient percuter un extincteur fixé au mur, entre eux. L’explosion sourde qui s’ensuit couvre le bruit de ses pas, et la fumée sa course vers son adversaire. Fuir n’est pas une option : en plus de le faire passer pour un couard, courir ne servirait pas à grand-chose face à un gabarit si fin, si agile.

Alors il fonce, et compte définitivement sur une victoire éclair. Usant des techniques les moins violentes de son répertoire pour maîtriser le petit Démon. Avec un peu de chance, le mépris et la colère qu'il ressent à son encontre lui serviront d'avantage décisif, ce soir.

Et même si ce n'est pas le cas, il ne baissera en aucun cas les bras.

Après une feinte aidée par le brouillard artificiel, Batman bondit saisir Robin en clef de bras. Sa force physique est bien supérieure, mais l'adolescent tient davantage de l'anguille que du primate. En tous cas, la prise tient assez longtemps pour permettre de glisser:

- Je veux bien m'expliquer mais... hng... il va falloir me laisser parler, pour ça.

La contre-attaque ne tarda guère, prouvant que cet imposteur avait au moins du répondant. Cependant, tout cela était loin d’impressionner l’Héritier du Démon. Il avait passé sa vie à être entrainer pour être apte à faire face à ce genre de situation, et il n’avait aucun mal à percevoir les angles de tirs utilisé par son adversaire… tout comme il devina que ces attaques n’était que des leurres.
 
Le fait que son ennemi ait le réflexe d’utiliser son environnement démontrait que celui-ci avait déjà une certaine expérience du combat. La plupart des gens braquaient leur attention sur leur opposant et sur lui seul, fermant leur esprit aux possibilités stratégiques qu’offrait le cadre du combat. D’un main, il leva sa cape pour se protéger de l’explosion de neige carbonique, pas qu’elle soit dangereuse, mais s’il en prenait sur le masque, cela pourrait le gêner. Tandis qu’avec l’autre main, il se tenait prêt, prêt à utiliser les explosifs qu’il avait retirer de sa ceinture.
 
Pendant les quelques secondes qui précédèrent le contact, ses sens étaient en éveil, ce brouillard improvisé pouvait peut-être désorienter les larbins de la pègre, mais lui avait été entrainer à se servir de tout ses sens pour pouvoir se battre même en étant aveuglé. Il pouvait entendre son adversaire le charger, il pouvait ressentir les vibrations de chacun de ses pas dans le sol sous ses pieds… il pouvait presque décompter le temps avant le contact. L’instant précédent l’attaque de l’imposteur, le Jeune Prodige jeta au sol ses explosifs activé, profitant de la diversion de son adversaire pour que ceux-ci échappent aux sens d’un adversaire pensant naïvement avoir l’avantage.
 
« Hugn ! » grogna le Fils du vrais Batman quand la lutte s’engagea.
 
Son ennemi cherchait à utiliser sa force et sa taille pour rapidement prendre l’avantage sur le Jeune Prodige parvenant même à le mettre vaguement en difficulté grâce à une clé de bras. Damian sentait la pression qu’exerçait l’usurpateur sur son poignet dans l’espoir de le maitriser. Il continuait de se débattre, de lutter, forçant son esprit à inhiber les signaux de douleurs. Il connaissait plusieurs méthodes pour se tirer de cette prise et ne craindrait pas de se démettre l’épaule s’il le fallait… mais il n’aurait pas à en arriver là. Alors que son ennemi prenait la parole, le jeune homme décomptait le temps avant l’explosion.
 
« Réserve ça… pour quand je t’aurai... arraché ce masque… imposteur ! » rétorqua le jeune homme.
 
De son bras libre, il manœuvra de manière à appuyer avec sur le triceps du bras de son adversaire, maintenant une pression sur l’articulation du bras de son ennemi. Le surcroit de force de ce dernier ne lui serait d’aucune aide dans ce cas, car les articulations restent un endroit sensible pour permettre leur mobilité. Cela ne fit qu’un peu se relâcher la pression, suffisamment pour que le Jeune Prodige puisse arracher son poignet de l’étreinte de l’usurpateur.
 
L’espace d’un clignement d’œil plus tard, le jeune héros s’était baissé et tournant sur lui-même, il en profita pour à la fois frapper le visage de son adversaire de sa cape et en même temps administrer un vicieux coup de pied dans le creux du genou de son adversaire. Comme toutes les armures de son père, les points faible de ce costume se trouvaient au niveau des articulations, des zones qui ne pouvait être recouvertes de plaques de protections sans fortement compromettre l’agilité de porteur et surtout sa capacité à être furtif. Avec la première frappe, Damian détournait l’attention, avec la seconde il administrait un coup handicapant à son ennemi. Si ce soi-disant Batman n’avait pas disposé de protection, l’Héritier du Démon aurait frappé pour briser la rotule de son adversaire.
 
« Que m’importe le récit que tu t’es construit. »
 
Au lieu de pousser son avantage, Damian battit en retraite d’un bond, mettant de la distance entre lui et son adversaire… et surtout entre lui et l’activation des explosifs qu’il avait placé un peu plus tôt. Ceux-ci éclatèrent juste derrière la position de Jace, l’explosion elle-même n’était pas très puissante, elle était conçu pour rester non-léthale et la protection du batcostume l’assurait de s’en sortir sans blessure, mais elle restait suffisamment puissante pour arracher l’imposteur du sol et le projeter face contre terre.
 
« Tu t’es arrogé une chose qui ne t’appartiens pas ! »
 
Que son ennemi se vautre lamentablement ou qu’il parvienne à se réceptionner importait peu. Le plan du véritable héritier de la Chauve-souris demeurait le même. Alors que le chaos de l’explosion se dissipait, la fumée épaisse des fumigènes remplit le couloir dissimulant tout dans son sillage. Le jeune homme allait profiter de la visibilité réduite et de l’avantage qu’il possédait dans ce domaine sur son ennemi pour passer à l’offensive.
 
« Et le seul fait que tu le portes suffit à souiller ce symbole. »
 
Si Jace était attentif à ces paroles, il pourrait peut-être percevoir qu’il n’y avait seulement de la colère ou de l’indignation dans le ton de la voix de Robin. On pouvait aussi y relever de la haine pour son adversaire. Qu’importait les intentions de Jace, à ses yeux celui-ci n’était qu’un usurpateur qui cherchait à s’approprier les mérites de son père. Le fils de Lucius Fox aurait tout aussi bien pu violer les tombes de ses ancêtres que le résultat serait le même.
 
 
Profitant de l’écran de fumée, Damian dissimula son approche. Sa furtivité était presque inégalé dans le Bat-clan et il soupçonnait que son adversaire n’était pas au fait de l’usage de ses autres sens. En fermant totalement son masque, celui-ci s’isolait énormément de l’extérieur, comptant davantage sur les capteurs intégrés à sa tenue que sur ses propres sens… une faiblesse aux yeux de l’Héritier du Démon. Le premier coup arriva du flanc droit de Jace, un coup surgit de nulle part qui le frappa directement sur les côtes de celui-ci avec la paume de sa main. L’armure préservait son opposant de subir de vrai dégât, mais les frappes touchant directement un os pouvaient être très douloureuse. Avant même que son ennemi ne puisse répliquer, le jeune homme avait prit appuis sur le mur pour se projeter par-dessus son adversaire et, ayant prit appuis sur le mur opposé, administra un puissant coup de genoux dans le masque de son ennemi. Damian continua d’harceler son adversaire en l’attaquant de toute part avant de s’évanouir dans la brume et d’attaquer par un autre angle. À gauche, à droite, par-en dessous, par au-dessus, par devant, par derrière… et surtout, il n’hésitait pas à tirer parti des points faibles du costume en frappant aux articulations et surtout du déséquilibre que la cape de son adversaire causait à ce dernier.
 
Malgré son jeune âge, Damian faisait probablement déjà partie des meilleurs combattant de la planète. Il n’avait pas seulement été formé par le Chevalier Noir et Nightwing, il avait également été l’élève des plus grands maitres-assassin de la Ligue des Ombres : Shiva, David Cain, Merlyn et bien d’autres.  Sa vitesse d’exécution était presque inhumaine de même que ses réflexes, son agilité lui permettait de dominer son opposant, ses coups étaient précis, brutaux et délivré avec de manière à ce que leur impact soit optimisé. L’Héritier du Démon faisait preuve d’une force insoupçonnée pour sa taille et il savait parfaitement comment jouer de son centre de gravité pour maximiser la puissance de ses coups. Mais surtout, Damian était le genre de combattant capable de passer d’un style de combat à un autre de manière naturelle, rendant son style de combat imprévisible.
 
Quand la brume se dissipa enfin, après de longues minutes à malmener son adversaire, le Fils du Batman asséna un dernier coup dans la mâchoire de son adversaire pour le repousser. Puis, il jeta aux pieds de son ennemi plusieurs batarangs explosifs. Le sol avait déjà été fragilisé par l’explosion précédentes, celle-ci vinrent à bout de la résistance du couloir ouvrant un trou béant vers l’étage du dessous.

Ce gamin est fou.
Complètement fou furieux.
En plus des systèmes de sécurité qui n'auront pas manqué de détecter pareilles déflagrations, des humains continuent d'officier ici, même à cette heure tardive. Les voilà sans aucun doute alertés, voire mis en danger. Toute l’opération n’est désormais plus qu’un grand fiasco, même si Vol Litvinov parvient à récupérer les données hackées.

Mais emporté par les explosions, les côtes endolories, balloté, Batman ne parvient pas encore à réagir. Robin est effroyablement rapide, formé, et naturellement doué. Cela se sent, dans les coups reçus, son agilité, et la violence sans limite qui alimente ses mouvements. Oui, le Batman est pris de court. Jusqu’à ce qu’une opportunité s’offre à lui, jusqu’à ce que le sol s’ouvre sous ses pieds, au-dessus d’un grand vide ; sous lui, une cage d’ascenseur ténébreuse se dévoile.
Essoufflé, blessé, en apesanteur le temps d’une seconde, il n'entend pour autant pas plier un seul instant. Surtout pas face à la rage d'un enfant, qui fait un gros caprice.

En un clin d’œil, le grappin est dégainé, et vient se ficher dans le meilleur des angles, pile là où il faut pour rester sous les radars du jeune Robin. Aidé par le fracas des gravats, le câble se rembobine à toute allure.

L’immense chiroptère jaillit du trou béant, comme un diable hors de sa boîte.

Terrifiante est l’image, le claquement de la cape tendue, même si un initié comme le fils de la chauve-souris ne devrait pas peiner à s’en remettre.

- Assez !

En retombant, il ne manque pas de plaquer l'enfant au sol.

Là, la riposte commence. Malgré les douleurs, Batman se force à lancer plusieurs enchaînements dévastateurs, plus violents, plus rapides qu’en début de combat. Finie la mesure, finies les précautions. Robin a montré n’avoir aucune pitié, et vouloir faire du mal. Ils seront deux à jouer à ce petit jeu.
La cape le gêne, l’embête, impacte ses mouvements, mais il s’adapte, et vite. Les entraînements effectués avec l’épais tissu remontent enfin, quelque peu. Ce n’est pas encore parfait, mais c’est suffisant pour permettre de se battre avec une vigueur exemplaire.
Une vigueur d’autant plus forte qu’elle émane maintenant de l’injustice que ressent au fond de son cœur le nouveau Batman. Les mots du jeune prodige ont touché, juste ce qu’il faut pour rendre plus dangereux encore son adversaire.

- Qui es-tu pour avoir plus le droit qu'un autre de décider ce qu'est ce symbole ? QUI ?

Son neveu ? Son fils ? Un disciple ? Un ami ? Un frère ? Il comprend à quel point la disparition d'un être cher peut être déstabilisante, douloureuse. Cela se sent, même, dans la voix et dans les mouvements du jeune homme. Pour autant, cela n'a aucune importance dans le cœur de ce qui les oppose. Batman appartient à ceux qui trouvent du sens en lui, et osent porter ce symbole pour contribuer à un monde meilleur. En aucun cas il ne devrait être un droit du sang, l’apanage de quelques « élus » autoproclamés.

Le Fils du Batman ne semblait pas se soucier que le fracas de cette confrontation puisse attirer l’attention, et pour cause, il en avait cure. En préparant son embuscade, il avait veillé à bloquer les différents accès, aussi bien les ascenseurs que les portes menant aux cages d’escalier ou encore les sorties de secours. Ce n’était que du bricolage, mais les vigiles seraient obligés  de défoncer les entrée pour pouvoir pénétré dans la zone de l’affrontement. Et le fait que ça puisse gêner la fuite de son adversaire était encore mieux à ses yeux.

Le Jeune Prodige se positionna immédiatement de façon à réceptionner le choc, plaçant l’une de ses jambes en arrière de façon à équilibrer sa posture. La technique que son père utilisait pour terrifier les criminels en s’élançant cape déployée dans les airs était certes impressionnante à regarder, mais si cet usurpateur s’imaginait que singer les méthodes du véritable Batman lui offrirait le moindre avantage, il se trompait lourdement. D’un geste rapide de la main, Damian dégaina l’arme qu’il avait emporté avec lui. En temps normale, il se serait s’agit de l’une des épées de sa collection, son arme de prédilection, une lame avec laquelle il aurait put, dans la position de son adversaire, aisément l’éventrer et le laisser se vider de son sang sur le sol. Mais justement parce qu’il avait toujours eut le projet de partir à la recherche du soi-disant Batman qui avait été aperçut dans les rues de Gotham, et qu’il savait que s’il s’agissait d’un faux, il n’était pas impossible que le désir de le tuer le prenne, le jeune homme avait opter pour une arme moins léthal : un bâton d’eskrima comme ceux que Nigthwing utilisait fut l’outil sur lequel se porta son choix.
 
Dans le même geste, et alors que la masse de son adversaire s’abattait sur lui, Damian projeta le bâton qui sembla manquer sa cible. L’instant d’après, il était plaqué au sol par son ennemi qui, grâce à son poids et son équipement, parvint, l’espace d’un instant, à mettre le jeune homme à sa merci. Les coups que l’imposteur lui porta furent d’une rare violence, même selon les standards de l’Héritier du Démon. Mais le plus jeune des Wayne se défendait, utilisant ses avant-bras pour amortir les coups, ordonnant mentalement à sa douleur de rester à l’écart et surtout… surtout, ajoutant ces assauts à la liste des griefs qu’il avait à l’encontre de son ennemi et qu’il lui ferait payer dans le sang. Car dans cet affrontement, il était devenu clair qu’aucun des deux adversaires n’accepterait de céder du terrain… et ce genre de cas impliquait alors forcément l’élimination d’un des deux camps.
 
« Qui je suis, raclure ? »  articula-t-il en serrant les dents. Crachant presque ces paroles tant son aversion pour son opposant était grande.
 
Car, conformément à la manière dont il avait vu faire son frère ainé en maintes occasion, le jeune héros avait lancer son bâton d’eskrima de façon à ce que celui-ci rebondisse et revienne frapper son ennemi à revers. Et le l’arme alla frapper violement Jace à l’arrière de sa boite crânienne, juste un centimètre au-dessus de la jonction entre le crâne et les vertèbres cervicale. Si l’ennemi du Jeune Prodige n’avait pas porté ce costume et que le coup avait été porté un rien plus bas, le choc aurait pu s’avérer fatal. Le Jeune Prodige avait-il nourrit des intentions meurtrières à l’égard de son opposant et aurait loupé son coup ? Ou bien avait-il frapper exactement où il le voulait avec une précision presque surnaturelle ? Difficile à dire en son état, mais qu’importe la vérité, le résultat était que le nouveau Batman fut temporairement sonné par la commotion, ce qui laissa à Damian son ouverture.
 
Administrant un coup de pied dans le poitrail de son adversaire pour se dégager, Damian jeta alors une poignée de capsule sur son adversaire, et plus particulièrement sur sa ceinture. Ces caspules contenait un puissant acide que le Bat-clan utilisait usuellement pour faire fondre les joints des portes qu’ils ne pouvaient crocheter. L’acide s’attaquait à la ceinture utilitaire du Batman auto-proclamé alors que, tout en se relevant, Robin le frappa sans-hésiter à la gorge qui, malgré les protections, demeurait une partie molle. Le Jeune Prodige n’aurait pu trancher cette zone, mais le choc pouvait temporairement empêcher son ennemi de respirer.
 
« Qui je suis ? Je vais te le dire, sale rebut. » répéta le jeune homme sur un ton menaçant.
 
Il frappa à nouveau son ennemi, d’un coup de paume dans la jonction entre le bras et l’épaule de celui-ci. Encore une fois, l’armure volée protégeait son porteur, mais le but du Jeune prodige était d’ouvrir un trou dans la défense de son ennemi. Mais ce faisant, il s’était exposé lui-même, ce qui lui valut d’encaisser un violent direct de son ennemi… mais pas avant que Damian ne soit parvenu à glisser une lame entre les plaques pectorale du batcostume, pas assez profondément pour blesser l’usurpateur, mais assez pour désormais gêner les mouvements de son ennemi qui aurait grand peine à se baisser sans risquer d’enfoncer la lame.
 
« Je suis quelqu’un qui s’est battu à ses côtés durant des années. »
 
Damian para l’un des coups de son ennemi avant de contre-attaquer. Le crissement des lames des brassards du jeune homme sur l’armature du costume de son ennemi se fit entendre, l’actuel Robin n’hésitant pas à frapper pour mutiler s’il le pouvait.
 
« Je suis quelqu’un qui a été témoins des souffrances qu’il a dû endurer pour cette foutu ville. »
 
L’Héritier du Démon bondit pour éviter un nouveau coup de son adversaire, lui passant dans le dos. Au lieu de profiter de l’ouverture pour délivrer un nouveau coup à son ennemi, le Fils du Batman en profita pour solidement clouer la cape de son adversaire au sol en y plantant profondément deux batarangs. Il gênait ainsi les mouvements d’un ennemi qui n’avait déjà pas l’habitude de se battre avec ce genre d’accessoire. En réalité, un mouvement suffisamment vigoureux pourrait lui permettre de se libérer, mais le forcerait à s’exposer totalement.
 
« Je suis l’un de ceux qu’il a formé et à qui il a transmis ses valeurs. »
 
Damian reçu un nouveau coup de son ennemi, un coup qui lui cracher l’air qu’il avait dans les poumons, l’envoyant bouler quelque mètres plus loin. Cela ne le ralenti cependant pas, se relevant avec toujours la même hargne et envie d’en découdre.
 
« Et surtout, moi et les miens refusons de voir à nouveau ce symbole terni par une personne indigne de le porter ! »  cracha-t-il.
 
C’était déjà arrivé par le passé. Plusieurs adversaires du Chevalier Noir avaient déjà revêtu ses couleurs pour tenter de détruire sa réputation et son héritage. Mais surtout, après l’assaut où Bane avait brisé le dos, le Chevalier Noir avait confier le soin de le remplacer à un autre. Bien que bien intentionné, cet homme avait essentiellement été un choix par défaut, dicté par la nécessité, pas l’un des partenaires du Chevalier Noir depuis longtemps… et il avait fait de cet héritage une chose méconnaissable. Damian n’avait pas vécu les évènements, mais il avait pu constater que le chemin pour réparer les dégâts causer fut long et pénible pour le Bat-clan. Et à ses yeux, si son ennemi pensait réellement avoir le droit de prendre la suite de son père, c’est ce qui se passerait.
 
Pendant un bref instant, Damian se contenta de fixer son ennemi droit dans les yeux. Le Fils du Batman n’était pas sortit indemne de ces échanges et les échymoses sur son visage étaient autant de traces de la violence des coups de son ennemi. Il pouvait goûter la saveur de son propre sang s’écoulant dans sa bouche, mais il n’en avait cure. Tout ce qui lui importait était de vaincre son ennemi, de lui arracher ce costume avant qu’il ne détruise tout ce que son père avait construit.
 
« Quant à toi, qu’es-tu, charogne ? Un misérable opportuniste qui s’est arrogé l’identité d’un autre plutôt que se créer la sienne ou prouver son mérite. Tu n’es ni un de ses proches, ni un des disciples qu’il a formé dans le but de continuer son combat et tu as l’arrogance de prétendre avoir la moindre idée de ce pour quoi il a consentit à souffrir tant de fois dans sa chair et son esprit ! Tout comme nous. Tout ce que tu as fais, s’est t’accaparer son matériel et son symbole et ce sans qu’il ne t’ai autorisé à le faire, sans jamais avoir prouver ta valeur ! Tu n’es qu’une crevure sans scrupules et tu OSES nier à ses vrais héritiers le droit de te contester ! »
 
L’instant d’après, le Jeune Prodige jeta un flash droit sur le visage de son adversaire, l’instant d’après, Damian était toujours là, mais il jetait pas moins de six batarangs en direction de son ennemi. Ceux-ci volèrent en direction de leurs cibles respectives. Deux d’entre elles volèrent droit vers les yeux de l’imposteur, probablement qu’il devrait se débarrasser d’elles en premier. Deux autres, des batarangs soniques, allèrent se planter sur les murs du couloir de part et d’autre de leurs cibles avant de libérer leurs attaques soniques sur leur adversaire. Quant aux deux dernières… elles visaient deux points exposés du costume, l’aisselle sous le bras directeur de la cible et l’aine… leurs buts étaient d’infliger des blessures réellement incapacitantes en profitant des ouvertures que son adversaire ne manquerait pas de faire pour se protéger les yeux.
 
« Et je vais m’assurer que jamais tu ne puisses prétendre être lui ! »
 
Damian fondit sur son ennemi, la fureur lui offrant une énergie renouvelée. Les lames intégrées à ses gants venaient de se révéler, trois lames de chaque côté. Son premier coup fut facilement esquivé par son ennemi, mais le second frappa le poitrail de son adversaire. Pas de front, pas comme s’il s’apprêtait à embrocher son ennemi, mais un coup montant comme pour donner un uppercut. Une frappe rapide, précise, qui alla s’insérer à la base du bat-symbole, avant de brutalement l’arracher de la tenue. Le symbole de le Chauve-Souris vola dans les airs quelques instants avant de tomber lourdement sur le sol dans un fracas métallique.
 
Ce n’était pas un goût pour tuer ou mutiler, c’était une frappe pour nier à son ennemi le droit d’arborer l’emblème de sa famille… et aussi exposer le poitrail débarrassé de sa protection principale et donc exposé aux futurs attaques de Damian. Ce dernier ne perdit pas de temps, prêt à frapper avec une technique que l’un de ses anciens mentors, Dame Shiva elle-même, lui avait enseigné. Un coup prévu pour réduire en miette les os de l’adversaire et lui infliger d’immenses souffrance. Un coup qui briserait la cage thoracique de son ennemi, lui occasionnant au passage nombres d’hémorragies interne et probablement quelques perforations pulmonaires.
 
« Ça suffit ! » hurla une voix alors qu’une forme s’interposait entre eux.
 


Damian fit un bond en arrière pour se préparer à faire face à ce nouvel opposant potentiel avant de reconnaitre cette silhouette. Portant l’uniforme de Batgirl personnalisé avec des touches de mauves que seul une seule de ses sœurs pouvait porter. Stéphanie Brown se tenait là, un bô métallique à mains séparant les combattants.
 
« Arrêtez ! Tout les deux ! » commanda-t-elle.
 
« Qu’est-ce que tu fous ici, Fatgirl ? » interrogea le jeune homme avec véhémence, frustré qu’elle ose ainsi l’empêcher de neutraliser cet usurpateur.
 
En temps normale, Brown aurait réagi au surnom dont l’actuel Robin l’avait affublé dès leurs premières rencontres. Bien que cela faisait longtemps que ce surnom n’était plus tant une insulte qu’une marque d’affection et une occasion de déclencher des disputes par jeux. Mais le moment présent n’était pas aux disputes traditionnelles.
 
« Je t’empêches d’aller trop loin, petit Démon. » rétorqua-t-elle avec une sévérité qui lui était peu coutumière avant de se radoucir. « Je comprends que tu traverses une sale période, mais tu crois vraiment que Batman voudrait que te voir agir ainsi ? Même pour défendre son oeuvre ? »

Le combat continue, et s’intensifie même. Les coups échangés, surtout ceux reçus par le nouveau Batman, sont terribles. Le jeune Robin ne fait preuve d’aucune pitié ou mesure, ni dans les outils utilisés, ni dans les techniques employés. Il le voit : son adversaire voudrait pouvoir tuer, retenu in extremis par le code moral d’une autorité malheureusement disparue... dont il convoque tous les attributs.

Entre deux coups, au bout d’un moment, une réalisation le traverse ; il ne sert plus à rien de riposter. La combativité ne fait que nourrir leur rage mutuelle, et mener à une issue funeste inéluctable. Une conclusion inadmissible, compte tenu des symboles qu’ils portent tous les deux. Le R comme la chauve-souris n’ont pas vocation à véhiculer la mort.

Alors il encaisse. Il accepte d’encaisser. Les ondes soniques, les frappes douloureuses, jusqu’au plastron arraché. Mais le dernier assaut, il ne l’aurait pas laissé passer, malgré ses muscles endoloris. Cette technique est connue. Sinistrement. Toute rustre que doit sembler Tatsu Toro aux yeux des plus grands maîtres martiaux de la planète, elle n’en reste pas moins une érudite dans le domaine ; il y a quelques années de cela, durant son entraînement, est venu entre eux deux le moment d’évoquer les styles les plus meurtriers. Parmi eux, le Poing du Léopard, spécialité de Sandra Wu-San. C’est cet esprit que le Batman retrouve dans les mouvements de Robin, et contre lequel il entend se protéger.

Mais l’improbable se produit. Venue des ombres, une tierce personne se joint à la fête.

Pour calmer, apaiser cet abominable petit diable, le véritable petit-fils du Démon.

Etonnamment, cette Batgirl gagne la sympathie immédiate du successeur.

Légèrement vouté pour absorber la douleur qui pulse dans son corps, au fur et à mesure que l’adrénaline retombe, il garde le silence, dans un premier temps. Son regard passe de l’un à l’autre, pour essayer de comprendre les liens qui unissent ces deux disciples.

Mais il ne tient plus, enfin. Des choses ont été dites, qui le font bouillir, qui lui rappellent pourquoi il a pris la lourde décision d’endosser cape et masque. Ses poings se serrent, cachés par les lourds pans de tissu noir qui l’enveloppent, alors qu’il s’avance pour lancer:

- Être Batman n’est pas un honneur, mais un devoir quand les choses vont mal.

Quand il faut agir pour protéger son foyer du crime galopant, de la folie des hommes, de la corruption des puissants. Une corruption qui se fait sentir, à son avis, jusque dans les manières de ce Robin assoiffé de sang.

- C’est bien ce qu’il me semblait. Tu n’es qu'un héritier bouffi d’orgueil, qui entend garder pour lui ce qui devrait bénéficier à plus, bien plus. Le monde va mal à cause de ce genre de mentalité, mais tant que ta petite personne est contentée, tant que les choses ne changent pas, tout va bien, n’est-ce pas ?

Du mépris, oui. Il n’est même pas dissimulé, pas un instant. Une ironie mordante également, mais avec du sens, nourrie par une vision du monde toute particulière. Qu’il ne semble pas partager avec le jeune prodige.

- Je ne suis pas des vôtres, mais si c’est pour te ressembler, très peu pour moi.

Et il détourne son regard de l’enfant, sans que ses autres sens ne cessent de l’observer. Si quelqu’un vient à relancer l’affrontement, ce sera lui, le doute n’existe pas ici. Si cela vient à arriver, il sera prêt à se défendre.

Plus calme, Batman prend un instant pour s’adoucir quelque peu, lorsqu’il s’adresse à cette Batgirl miraculeuse.

- Merci.

Une distance de sécurité est respectée, tant pour éviter une reprise rapide du combat que s’ériger en figure pacifique, tout du moins maintenant que le calme revient un peu. Cela ne durera guère, car s’éveille dans les entrailles de Powers International, loin du regard des trois justiciers, un véritable cauchemar ambulant.

Si la présence de la plus récente des Batgirls avait put avoir pour effet de légèrement calmer le Fils du Batman, les paroles de l’usurpateur eurent pour effets de complètement réveiller en lui son envie de meurtre. Les muscles du Jeune Prodige se tendirent en entendant que son ennemi osait encore l’ouvrir,… pensant probablement être à présent en sécurité avec l’arrivée impromptue de cette Batgirl. Ses yeux se fixèrent sur son ennemi, sur cet imposteur qui avait le culot de prétendre connaitre mieux ce que représentait le Batman que ceux qui avaient vraiment œuvré aux côtés du Chevalier Noir.
 
Même s’il était vrai que Damian continuait de considérer que ce rôle lui était destiné, il avait depuis déjà un certain temps accepter l’idée que d’autres puissent revêtir la cape en attendant son avènement… du moins s’ils considéraient ces prétendants comme ayant prouvé leur valeur. Face à lui, il avait un usurpateur qui n’avait fait que s’auto-proclamer nouveau Batman et semblait penser que seul son avis comptait sur la question… preuve d’une arrogance ou d’une stupidité peu commune.
 
Les pulsions meurtrières du Fils du Batman n’avaient clairement pas échappé à Stéphanie… ou plus exactement, elle n’avait pas besoin de regarder le jeune homme pour savoir qu’il n’allait pas tarder à vouloir faire rendre gorge à l’aspirant Batman… elle le connaissait trop bien pour en avoir besoin. Pour tout dire, elle n’avait pas non plus apprécié les mots qu’elle avait entendu sortir de la bouche de cet homme. Elle était restée immobile pendant qu’il parlait, tournée en direction du Jeune Prodige tout du long, anticipant qu’elle aurait probablement à le calmer avant de pouvoir arriver sur quoi que ce soit de constructif.
 
Soudain, Batgirl se retourne, brandissant son bô métallique qui file en direction de la poitrine de Jace. Elle ne tente pas d’attaquer, juste de faire passer un message… aussi bien pour signifier à Robin qu’elle prend les choses en mains qu’au « Batman » pour lui signifier de surveiller ses paroles. Utilisant son arme pour mettre une pression sur le poitrail de son interlocuteur, au niveau du plexus solaire de celui-ci, et avance d’un pas, sans esquisser d’autres geste d’hostilité, pour accentuer celle-ci, forçant Jace à reculer d’autant.
 
« J’ignore qui tu es et pourquoi tu as pensé que ce serait une bonne idée de reprendre ce rôle. Mais ajoute encore une parole de ce genre et toi et moi on ne va pas être copain, compris ? » Fit-elle en reprenant sur un ton sévère. « Et quand je demande d’arrêter les hostilités, ça s’adresse à vous deux, compris ?! »
 
Elle avança encore d’un pas, sous le regard médusé de l’actuel Robin. Stéphanie s’attendait d’ailleurs à cette réaction de la part de son coéquipier. Elle savait que la fierté de ce dernier n’accepterait jamais que son ennemi puisse avoir le dernier mot dans cette affaire de quelque façon que ce soit, donc elle avait préféré prendre les devants pour éviter à « son petit frère de cœur » d’avoir une nouvelle explosion de violence.
 
« De plus, même s’il s’agit d’un gremlin hargneux, vindicatif et qu’il a sûrement initié les hostilités, mais il s’est déjà bien trop souvent sacrifié pour cette ville, il a fait bien trop de chemin depuis qu’il nous a rejoint pour que je tolère qu’un soi-disant Batman se permette de le juger du haut de son absence de légitimité. Robin est bourré de défauts, il est même un vrais sac de noeuds, mais il a déjà prouvé sa valeur à mes yeux, ce qui reste à faire te concernant. »
 
Stéphanie fit un dernier pas en avant, jusqu’à ce que son interlocuteur soit dos au mur. Alors seulement elle retira son bô. Et se retira, s’éloignant de Jace pour retourner vers Robin.
 
« Jeez. Est-ce vraiment obligé que tout ceux qui aspirent à ce poste soient des connards qui n’acceptent d’autre visions que la leur ? Et au fait, Robin… ce n’est pas parce que je viens de te soutenir sur le coup que tu n’as pas intérêt à te calmer, fissa. »  
 
La réflexion de Stéphanie était destinée aux deux protagonistes de cet affrontement. Elle savait déjà qu’aucun des deux n’accepteraient de compromis sur la vision de l’autre. Bruce aussi avait ce côté inflexible qui avait si souvent énervé ses acolytes par le passé. Damian avait déjà de bonne disposition pour développer cette détestable habitude… même si on pouvait encore brûler un cierge pour espérer qu’il s’assagisse en vieillissant. Quant au nouveau, cette même inflexibilité semblait déjà poindre dès les premières phrases qu’il avait prononcé.
 
« Tst, il ne pourra pas toujours se réfugier derrière toi, Fatgirl. » déclara le jeune héros avec véhémence.

Pas plus que l’usurpateur, Damian ne dissimulait le mépris et la haine qu’il avait pour son ennemi, ce qui arracha un soupir de fatigue à son interlocutrice. Il y avait fort à parier que, à moins d’un miracle, leur prochaine rencontre resterait dans la même dynamique de violence. Mais bien qu’il transparaissait littéralement dans son langage gestuel qu’il n’attendait qu’une excuse pour relancer la confrontation, il se retenait, signe que la Batgirl avait au moins une influence sur lui.
 
« Quant à toi, tu n’as absolument rien comprit à ce que c’est d’être Batman. S’élever quand les choses vont mal n’est en aucun cas le devoir du Chevalier Noir, c’est le devoir de quiconque possède un tant soit peu de courage et de volonté. Que ce soit en aidant au quotidien, en essayant de changer les choses par la voie légale ou en enfilant un costume bigarré de super-héros. Mais être le Chevalier Noir, c’est bien plus que ça. Bien plus qu’un justicier dans un costume high-tech. Il n’est rien de moins que le meilleur dans tous les domaines, et c’est grâce à cela qu’il a put devenir un symbole derrière lequel les défenseurs de cette ville se sont ralliés. »
 
Damian se déplaça pour ramasser l’insigne de la Chauve-souris qu’il avait arraché au costume de son ennemi, l’observa un instant, analysant son alliage à la recherche d’infos. À première vue, il lui semblait définitivement reconnaitre la patte de Fox dans la conception, mais il ne pouvait en être sûr… et cela ne ferait que prouver qu’il s’agit bien d’un bat-costume volé. Mais toute cette situation ne faisait que souligner l’absence de son géniteur et aussi à quel point l’héritage de celui-ci était en définitive fragile. Soudainement, dans un accès de rage, le jeune homme jeta l’insigne en direction de son ennemi. Ce n’était pas une reprise des hostilités, l’insigne n’atteignit même pas Jace.
 
« Je me fiche que ce soit moi ou un autre qui reprenne ce costume. Tout ce qui m’importe, c’est que celui qui le porte soit digne de lui succéder, que je lui fasse assez confiance pour accepter de le suivre. Mais je n’ai aucun respect pour les voleurs et les imposteurs dans ton genre. Ta seule qualification, c’est de t’être designer toi-même comme son successeur alors que tu n’as ni son talent, ni son expérience.
Tout comme je pense que si je te laisse partir avec ce costume, tu finiras par te planter, car tu n’es tout simplement pas assez bon pour être lui. Tu te planteras et tu détruiras toute son œuvre. Et ça, je ne peux pas le permettre !! »
 
Avant que Damian ne puisse aller plus loin, la main de Stéphanie se posa fermement sur son épaule. Une manière de le rappeler à l’ordre, alors qu’il semblait sur le point de se jeter à la gorge de son ennemi. La tension avait monté de plusieurs crans durant le petit discours de Damian. Celui-ci n’avait jamais quitter son opposant du regard, et s’il avait une vision thermique comme Jon, il y avait fort à parier qu’à l’heure qu’il était le « nouveau Batman » ne serait plus qu’un tas de cendre.
 
« J’ai dit que tu te calmais maintenant, ne me force pas à appeler Penny-One ! » Gronda-t-elle « Bon, même si cela me fait mal de le reconnaitre, et que ça ne justifie pas son agression de tout à l’heure, Robin marque quelques points. » commença Stéphanie. « Il faut reconnaitre qu’en te contentant de t’emparer du costume et du titre sans même te préoccuper de ce que nous autre en penserions, tu t’exposais à une réaction de la part des nôtres. Et aussi qu’en faisant cela, tu n’as probablement pas idée de la cible que tu es devenue. »
 
Elle savait aussi à quel point ça faisait mal au Fils du Batman de voir un parfait inconnu s’emparer du costume qui était celui de son père. Non seulement, le fait que sa disparition soit à ce point visible que d’autre se prennent à convoiter sa place, appuyait encore davantage sur la possibilité que Bruce puisse ne jamais revenir. Mais aussi, elle savait à quel point Damian aspirait à prouver qu’il était digne de succéder à son père, que c’était même l’un des principaux moteurs qui l’avait peu à peu arraché aux croyances de la Ligue des Assassins. Cet objectif faisait presque office de chemin de rédemption pour le jeune homme et leur interlocuteur, sans le savoir, semblait lui interdire tout espoir de l’atteindre un jour s’il le laissait faire.
 
« Que tu ne le veuille ou non,… » elle s’interrompit dubitative « Il va vraiment falloir qu’on te trouve un surnom parce que t’appeler « Batman », ça va vraiment être confusant. Mais qu’importe. » elle reprit « Je voulais dire que si tu porte ce symbole, on ne peut pas te laisser agir à ta guise. Pour la simple raison que tes actions vont nous concerner tous. Exemple simple, si Batman se met à dos le GCPD ou l’opinion public, ou quoique ce soit d’autre, c’est tout le Bat-clan qui trinquera. Donc pas de "Je travail seul" qui tienne. »
 
L’attention de Damian sembla attirée par autre chose. Son instinct lui disait que quelque chose clochait. Même s’il avait condamné les accès à cet étage, les forces de sécurité du bâtiment tardait vraiment trop à agir, ce n’était pas normal. Le Jeune Prodige commença à observer sur son ATH les différentes caméras du bâtiment pour essayer de découvrir ce qui se tramait.
 
« Pourtant, cette ville ne peut pas non plus se permettre qu’on refuse des bonnes volontés. Donc voilà le deal. Je vais évoquer ton cas avec des membres du Bat-clan plus… mature que Robin. L’un d’entre eux te contactera pour que vous puissiez discuter de ta situation et clarifier tout ce bordel. Soit tu acceptes de te soumettre à l’avis qui en ressortira quel qu’il soit. Soit tu décides de n’en faire qu’à ta tête et dans ce cas, nous devrons prendre les mesures que jugerons nécessaire. » exposa Stéphanie.
 
Ce n’était probablement pas le deal que Jace aurait aimé, mais la troisième Batgirl préférait mettre les choses au clair immédiatement. La décision finale ne serait pas entre les mains du nouveau Batman. Ce serait le Bat-clan qui trancherait à la fin.

- J'ai tout à fait idée de la portée de mes actions. Elles n'ont pas pour vocation de vous convenir, mais de répondre à une nécessité, n'en déplaise à Robin.

Le nom est prononcé avec froideur. Qu'il ait versé son sang ne compte guère, en définitive. Les policiers intègres du GCPD le font aussi, tous les jours, à leur niveau, sans que quiconque ne vienne réellement les en féliciter. Alors aux yeux du nouveau Batman, si quelqu'un est indigne de porter un titre, c'est bien lui, ce Robin qui se gargarise de tout savoir, ce Robin qui se fait couvrir par amour. Souffrir dans sa chair n'apporte ni justification, ni dignité. Cela n'apporte que de la souffrance, point.

Pour autant, il n'insiste pas sur le chemin de cette pensée; les choses sont déjà assez difficiles comme ça avec ce clan replié sur lui-même. La prudence est de mise, d'autant plus que chaque seconde qui passe rend l'arrivée de gardes plus probable.

Même si...
Ce calme devient étrange.
Trop étrange.

Gardant cette impression en tête, il recule d'un pas et décale le bô du bout des doigts. Si l'échange avait commencé avec la proposition de la jeune justicière, ils se seraient épargnés bien des douleurs inutiles. Pour un résultat similaire. Le choix ne lui est en aucun cas donné. Il doit se soumettre. Une situation que l'ancien Batman aurait trouvé inacceptable. Le nouveau comprend. Sans apprécier, bien évidemment.

- Cependant, j'entends tes arguments. Et le trouble dans lequel je vous jette. Votre mentor a disparu, et me voilà à sa place. Si cela peut vous rassurer...

D'un coup, il s'arrête. Robin n'est pas le seul à avoir remarqué que quelque chose clochait. Un sifflement dans l'air, l'atmosphère qui change, l'impression soudaine de devenir une proie. Le trou béant près de lui paraît plus profond que jamais... et prêt à rejeter une engeance abominable.
Porté par un réflexe extraordinaire, il bondit et emporte dans son élan ses deux interlocuteurs. Sans quoi la pérennité de leurs échanges futurs aurait été compromise.

Deux pieds viennent fracasser le sol, là où se trouvaient les disciples de la chauve-souris, juste avant. La sombre silhouette à laquelle ils appartiennent se redresse, et se faisant dévoile ses attributs technologiques. Les yeux écarquillés sous son masque, le Batman d'aujourd'hui découvre... le Batman de demain.


- Gotham appartient à Batman. Soumettez vous à son jugement, ou vous en paierez le prix.

Non. Batman appartient à Gotham. Pas l'homme, bien sûr, mais le symbole. Ainsi perçoit-il les choses, alors qu'il détaille en quelques coups d'oeil cet usurpateur à la pointe de la technologie. Ce n'est pas cette armure ambulante qui lui fera penser le contraire. Malgré la douleur, malgré la fatigue, malgré la faiblesse, se met en position de combat, de sorte à former avec ses alliés de circonstance une ligne défensive impénétrable.

Peut-être sont-ils assez forts pour le terrasser à trois, oui. Mais peut-être pas, compte tenu de l'échange musclé qu'ils ont eu quelques minutes avant. Le corps est encore endolori, l'épuisement les guette. Ils ne lâcheront pas, en tous cas. Quoi qu'il en soit, évaluer le degré de menace de ce nouvel adversaire vaut mieux que subir une cuisante défaite. La seule chose qu'il espère, c'est que Batgirl parvienne à juguler la rage du petit démon, avant qu'il ne commette une funeste erreur.

Dans l'Hibernaculum, loin des combats, Vol Litvinov finit de compiler les données reçues des terminaux de Powers International. Telle est sa mission. Le cryptage, solide, ne lui résiste guère. Plusieurs fichiers défilent devant ses yeux, habitués à ce genre de classification. Jusqu'à ce que l'un d'entre eux l'interpelle plus que les autres. Il l'ouvre, et découvre avec effroi les quelques informations à sa disposition.

- Euh Bats... si tu pouvais prendre tes jambes à ton cou MAINTENANT, ce serait pas plus mal.

Quelques mots brefs et durs lui sont répondus.
Ils ont de quoi lui glacer le sang.

- Il y a un autre Batman.

Le hacker russe se prend la tête dans les mains d'angoisse.

- Oh merde. S'il est activé, c'est encore pire que ce qu'on pensait.

Le coup en douce de Powers International n'a pas mis longtemps à être révélé au grand jour.

- Je suis avec Batgirl et Robin. Je te recontacte après.

Communications coupées.
La fin des échanges, et le début d'une longue attente pour le technicien à l'abri dans son antre.

- Si seulement tu en es encore capable, мой друг...

Stéphanie avait vraiment l’impression qu’elle était loin d’en avoir finie avec cette situation. En écoutant les paroles de l’aspirant Batman, il semblait évident que dans cette confrontation, il n’y en aurait pas un pour rattraper l’autre. Que ce soit Damian où leur interlocuteur, tout deux allaient probablement camper sur leurs positions sans rien concéder à l’autre. Enfin… au moins le nouveau semblait s’être fait à l’idée qu’il allait qu’en même devoir se soumettre à l’approbation du Bat-clan mais… elle était presque sûr que si ce dernier était négatif, le nouveau Batman n’en tiendrait aucun compte. Cependant, à sa grande surprise, le gremlin ne semblait pas avoir relevé l’hostilité sous-jacente dans les paroles de celui qui prétendait reprendre le titre du Chevalier Noir. Et pour cause, Damian n’avait l’air de ne prêter aucun intérêt à la conversation.
 
Le Jeune Prodige était occupé à chercher la cause de l’apparente absence de réaction du personnel de sécurité du bâtiment. Il avait finit par les trouver et ils semblaient au courant de leurs présence mais se tenaient à l’écart. Bien entendu, il n’avait pas perdu un mot de la discussion qui se tenait, et il n’avait pour ainsi dire que faire de ce que ressentait cet usurpateur à son égard. Il ressentait le plus profond mépris pour ce dernier et qu’importait ce qu’il dirait pour se justifier, cet usurpateur n’avait aucun droit de voler la place de son père. Mais à présent qu’une entrevue serait organisée pour régler son cas, il avait les mains liées. Tout ce qu’il pouvait espérer, c’est que les autres ne se laisseraient pas embobiner par son baratin.
 
Mais concernant la situation actuelle, définitivement quelque chose ne tournait pas rond. Ses sens en éveil, il ressentait une présence qui se rapprochait de leur position. Des petits bruits, incongrus, mais discrets, une légère vibration dans le sol… immédiatement, la main de l’Héritier du Démon se porta à sa ceinture, extrayant deux billes de fumigènes de leur compartiment. Quoi que soit cette chose, lui et Batgirl auraient besoin d’une diversion pour se replacer correctement face à cette menace.
 
« Quelque chose arr… ! » allait-il avertir son alliée au moment où l’usurpateur bondit pour les emporter à l’écart.
 
Qu’est-ce qui énerva le plus le Fils du Batman ? Le fait que son ennemi pense qu’ils aient besoin d’être sauver ? Ou le fait qu’à cause de lui, leur nouvel adversaire aurait l’occasion de prendre l’initiative ? Mais le jeune héros n’a pas l’occasion de cracher sa frustration, celle-ci mourant dans sa gorge en voyant qui était leur adversaire. En entendant ses paroles.
 
« Pas bon… » commenta Batgirl. 
 
La rage se raviva dans le cœur du Jeune Prodige en voyant un autre usurpateur leur faire face. Mais celui-ci semblait différent, plus menaçant. Le Fils du vrais Batman se releva, les muscles tendus. Malgré le combat qu’il venait de mener, il était plus que partant de remettre ça si cela pouvait débarrasser cette ville d’au moins un des imposteurs. Du coin de l’œil, il put noter que Stéphanie et « pas Batman » s’étaient également relever et se mettaient aussi en position de manière à pouvoir intercepter l’assaut qui suivrait.
 
« Encore un prétendant ? Combien d’entre vous vont encore devoir se faire fracasser la mâchoire avant que vous ne compreniez ? La place n’est pas vacante. » exprima le jeune homme sur un ton menaçant.
 
D’un pas décidé, Damian rompit la formation, s’interposant entre ce nouvel usurpateur et les deux autres. D’un geste rapide de la main, il fit comprendre à Batgirl ce qu’il attendait d’elle. Trois signes, un pour indiquer le type de la manœuvre, un pour indiquer le compartiment où se trouverait le gadget, un pour le minutage. L’Héritier du Démon, était peut-être habité par une rage meurtrière, un désir de tuer tout ses ennemis présents, mais pour l’instant, il gardait ces pulsions en respect pour se concentrer sur la situation. Il pouvait d’embler dire que le nouveau venu était dangereux et mieux armée que l’autre imposteur. Son regard avait déjà relevé des emplacements dans les brassards de son ennemis, des emplacements qui signalaient la présence d’armes intégrées. Il releva aussi la rigidité des mouvements du coup de son ennemi, typique des personnes ayant un viseur au niveau des yeux, il devait être occupé à marquer ses cibles en vue du combat.
 
« Mais si ton cerveau est trop lent pour traiter cette information, je ne peux que t’inviter à mettre ta prétention à l’épreuve. Je sens que t’humilier va m’amuser. » continua-t-il avec un air de défi sur le visage.
 
Tout en parlant, Damian s’était légèrement écarter du reste du groupe, et il fit bien, car l’instant d’après, son adversaire levait le bras dans sa direction et révéla un lance-batarang… ou une « catapulte-shuriken » comme le jeune homme préférait l’appelée, intégrer à son brassard. Le temps d’un clignement d’œil plus tard, il ouvrait le feu sur le Jeune Prodige. Ce dernier, ayant anticipé le coup, avait déjà bondit, effectuant une pirouette pour sortir de la zone de feu.
 
C’est à ce moment que Batgirl jeta au sol plusieurs capsules qui libérèrent un nuage de fumée. Elle prit Jace par le bras pour lui indiquer de la suivre pendant qu’ils quittaient les lieux. Pour sa part, Damian atterrit en silence, projetant dans la foulée un projectile qui heurta son ennemi en plein visage. Cela libéra une mousse qui se répandit sur la tête ainsi que toute la partie supérieure du corps du second usurpateur, se répandant dans les anfractuosités du bat-costume de contrefaçon avant de se solidifier.
 
Sans demander son reste, le jeune homme emboita le pas à Batgirl, disparaissant dans le brouillard telle une ombre. Il savait que leur ennemi ne serait pas retenu longtemps mais, au moins, il aurait du mal à voir par où ils s’étaient repliés. Damian était prêt à révéler son dernier atout si nécessaire. Avant la confrontation avec Jace, il avait piégé tout l’étage pour le cas où sa proie avait tenté de s’échapper.

Au cœur des sombres locaux de Powers International, dans les décombres d’une bataille qui n’est pas la sienne, Batman observe ses ennemis, ses cibles, ses proies. Batman ? Pas exactement. L’agent en armure hautement technologique formé par la corporation de Geri Powers se considère comme tel, mais ni les disciples de la chauve-souris ni son héritier indépendant ne le voient d’un bon œil. Ce qui ne l’empêche pas d’être une menace immédiate pour les protecteurs de Gotham ; tous les justiciers. Si une multinationale s’arroge le monopole de la justice, cette dernière se trouvera bien vite vidée de toute substance.

Un regard échangé avec Batgirl permet au véritable successeur de partager une brève nécessité: il leur faut fuir. Tous les trois. D’abord survivre, ensuite réfléchir, enfin régler le problème. Mais pour traiter la troisième phase d’action, il est obligatoire de réussir la première.

- Non, pas bon du tout.

L'usurpateur, le vrai, prend quelques secondes à analyser ses adversaires. Le filtre de ses lentilles blanchit pour que de multiples senseurs en tous genres puissent accompagner un très solide esprit tactique. L’évaluation finale lui convient : la fille est la seule combattante en forme optimale. L’enfant et l’adulte, inconnu, se sont épuisés au cours d’une lutte féroce, quelques minutes auparavant. Parfait.

- Soit. Vous ne vous soumettez pas. Je vous ai prévenu.

Il les a prévenus. Et il enclenche le mode combat.
Un puissant lance-batarangs fixé au poignet est tourné vers Robin, qui parvient heureusement à esquiver les trois projectiles. Sa riposte est immédiate, à l’image de ses réflexes fulgurants.

De son côté, le Batman prépare trois fléchettes sorties de sa ceinture. Deux d'entre elles ricochent sur l’armure déjà fort massive. S’il avait encore Vol dans son oreillette, un gros juron aurait été lâché. La troisième témoigne d’une faille dans les protections ; elle se plante et libère une puissante décharge électrique.

Ces deux attaques déclenchent automatiquement des procédures de défense, contre chacun des assauts de ses cibles: le casque émet une onde de choc sourde pour effriter la mousse expansive, une décharge d'air disperse les fumigènes, l'armure fait se rapprocher ses plaques pour briser la fléchette et mettre un terme aux décharges.

Cela permet toutefois de gagner de précieuses secondes. La retraite tactique s’initie, mais Batman bifurque à un embranchement, vers l’entrée qu’il s’est créée plus tôt, dans la soirée.

Il court à travers le couloir, évite de peu trois batarangs tranchants projetés dans son dos, et bondit vers l’extérieur. La vitre déjà fragilisée se brise, fracassée. Au milieu de mille morceaux de verre hyper-résistant, Batman chute au-dessus de sa ville, au-dessus de Gotham. Quelques secondes de peur le gênent, le font paniquer, avant qu’il ne mobilise ses muscles endoloris et sa volonté inaltérable pour déployer sa cape.

Le cap redressé, il plane sur une centaine de mètres, jusqu’à un toit non loin de là. Lorsqu’il tente d’atterrir sur ses pieds, sa jambe droite se dérobe. Une roulade lui permet de minimiser les dégâts, mais pas la vive douleur qui lui saisit la cuisse. Une fois adossé contre un mur, inspecter ses blessures l’amène à retirer un batarang « corporatiste », dont l’impact a été étouffé par l’adrénaline.

Son regard passe du gadget à la grande tour technologique qu’il vient de quitter.

La silhouette sombre de son nouvel ennemi se tient dans l’encadrement de la vitre brisée, cape flottant au vent. Le « BatCorpo » attend, retenu par la bride de ses maîtres.

L’heure de la chasse n’est pas encore venue.

Ce n’est plus qu’une question de temps.

Le nouvel usurpateur représentait indéniablement une menace, c’était un fait. Les attaques lancées par le trio de justiciers eurent un effet insignifiant sur lui et la course poursuite dans les locaux de Powers International.
 
Il aurait été aisé pour Damian de disparaitre dès l’instant où il quittait le champ de vision de son ennemi, se fondant dans les ténèbres. Son entrainement au sein de la Ligue des Ombres le rendait capable d’échapper à la surveillance de n’importe quel système de surveillance et il lui arrivait même d’être capable de tromper la vigilance de héros disposant de sens surhumain. Mais il préféra rester aux cotés de Stéphanie qui, bien qu’entrainée par le Bat-clan et donc des plus compétente dans l’art de la disparition, était loin d’égaler les compétences du Jeune Prodige en la matière. Soit, ils quittaient cet endroit ensemble, soit ils feraient face à leur adversaire ensemble.
 
« Hé !! Qu’est-ce que tu… ? » s’exclama Stéphanie lorsque le prétendant décida de partir de son côté.
 
Elle faillit arrêter sa course pour partir après lui si Damian ne l’avait pas rappelé à la réalité. L’attirant à sa suite.
 
« Il est temps qu’il assume les conséquences de ses choix. »
 
Il était évident que, des deux groupes, leur poursuivant favoriserait la proie ressemblant au Batman. Leurs adversaires avaient cette singulière tendance à penser que, débarrassé du Chevalier Noir, Gotham leur appartiendrait. De plus, le fait que tout deux semblaient avoir l’ambition affichés de remplacer la Chauve-souris, il était peu probable qu’ils tolèrent l’existence de l’autre.
 
Il était cependant préoccupant que les Powers aient, selon toutes vraisemblance, créé leur propre Batman. Les Powers étaient une vieille famille de Gotham, mais ils n’avaient jamais égalé en importance des cinq familles fondatrices bien qu’ayant de tout temps nourrit l’ambition de se hisser à leur niveau d’influence. Ils étaient également des rivaux des Wayne, surtout dans les dernières décennies, et son père avait découvert que cette famille possédait des liens avec la Cour des Hiboux. Il restait à savoir si ce « Batman » était leur chien où celui de la Cour.
 
Il ne fallut guère de temps pour que les deux chauves-souris parviennent à suffisamment distancer leur poursuivant pour disparaitre complètement des radars. Grandement aidé, il est vrai, par la diversion qu’avait, volontairement ou non, offert l’autre imposteur, presque autant que par leur propre entrainement et surtout l’expérience cumulée de plusieurs années à pratiquer leurs activités de justiciers. Il ne leur fallut que quelques instants pour s’exfiltrer du bâtiment. Toujours dissimulé par les ombres de la nuit, Batgirl et Robin utilisèrent leurs grappins pour se hisser jusqu’à l’un des bâtiments avoisinant la tour Powers.
 
Depuis leur position, ils pouvaient voir sans problème la position du prétendant et de leur nouvel adversaire. Le premier était parvenu à planer jusqu’à un autre toit, preuve qu’il arrivait en définitive à utiliser certains des tours du Bat-clan. Quant au second, toujours dans la tour Power, il se tenait là, en un silhouette menaçante dominant la scène. Damian se tint debout, les observant l’un et l’autre depuis les ombres. Il restait toujours aussi indigné qu’une personne n’ayant aucun lien avec le Bat-clan, ou les Chevaliers de Gotham, ose ainsi s’approprier les couleurs de son père. Et il n’y avait là pas un imposteur, mais deux. Instinctivement, sa main se porta à l’emplacement de sa ceinture utilitaire où étaient rangés ses batarangs, comptant le nombre de projectiles lui restant.
 
« J’espère que tu n’as pas l’intention de relancer les hostilités, gremlin ! » Fit derrière lui la voix de Stéphanie.
 
Elle était à la fois furieuse du comportement qu’avait adopté Damian ce soir, et inquiète… inquiète de voir à quel point le spectacle d’un autre dans le costume du Batman semblait faire remonter à la surface tous les vieux réflexes dont Damian avait mit des années à se débarrasser. Quand elle était intervenue pour séparer les combattants, elle n’aurait honnêtement pas su dire si Damian serait allé jusqu’à envisager de tuer son adversaire. Le Jeune Prodige tourna la tête vers son interlocutrice, la jaugeant un instant. Même si le masque dissimulait en partie ses traits, quelque chose dans la façon dont il la regardait la mettait mal à l’aise.
 
« Tst. Même s’il me serait aisé d’en finir ici et maintenant. Le marché que tu as passé avec lui me lie les mains. De plus, il n’est clairement plus l’urgence. » expliqua-t-il en levant la tête vers l’endroit de la tour Powers par où s’était échappé Jace.
 
Leur adversaire avait déjà disparu de l’encadrement des fenêtres brisé par où sa proie s’était échappée. Dans le ton des paroles du Fils du Batman transparaissait encore une colère contenue, du ressentiment aussi, bien que difficile à dire qui en était la cible : Stéphanie, qui l’avait empêché de vaincre son ennemi ? Ces prétendants, qui osaient voler ce qu’il percevait comme son héritage ? Ou lui-même, pour avoir agit d’une façon dont il savait que son père n’aurait pas approuvé ?
 
« Ces imposteurs mettent en danger tout l’héritage du Batman, l’un comme l’autre. Et l’un des deux semblent être à la botte, ou au moins travailler avec les Powers. »
 
Il serra le poing jusqu’à ce que ses jointures blanchissent à cause de l’interruption de la circulation sanguine. Il se demandait pourquoi Stéphanie avait cru bon de seulement donner sa chance à cet usurpateur. Ce type n’avait visiblement aucune conscience de ce qu’il faisait, de ce à quoi il s’exposait, et ne se souciait aucunement de ce que pouvait penser les alliés du Batman. Probablement même que si leur confrontation ne lui avait pas montrer le danger qu’il encourait à défier les membres du Bat-clan, il penserait encore avoir le droit d’agir sans leur rendre de compte.

« Tu ne vas qu’en même pas les mettre tout les deux dans le même panier, Dami ? Je veux dire… je n’approuve pas vraiment le type avec qui tu t’es bagarré, mais il ne me semble pas avoir de mauvaises intentions. L’autre par contre… il ne semblait pas réellement motivé par la justice. »
 
« J’espère que tu n’insinues pas que je devrais tolérer l’un des deux sous prétexte que l’autre est pire ? »
 
Stéphanie souffla de façon découragée. Ce n’était pas toujours facile de discuter avec Damian Wayne, et cela était encore pire dans l’état d’esprit où il se trouvait actuellement.
 
« Ce que je veux dire, c’est que notre devoir reste d’abord de protéger Gotham et que pour cela on a besoin de toutes les bonnes volontés. Je suis d’accord que c’est peut-être maladroit de sa part d’ainsi briguer unilatéralement de remplacer le Batman, mais on pourrait peut-être plus facilement le lui faire comprendre en lui parlant plutôt qu’en l’agressant. En agissant comme tu l’as fait, tu n’as probablement fait que renforcer sa conviction qu’il mérite davantage le costume que quiconque. »
 
Un long silence s’installa entre eux. Damian s’était complètement retourné pour faire face à son interlocutrice. Il bouillait littéralement de l’intérieur, semblant prêt à exploser. Stéphanie avait l’habitude de devoir gérer ce genre d’accès de colère, mais plutôt à l’époque où il avait dix ans. Heureusement, il sembla que le Fils du Batman prit sur lui pour ne pas décharger sa fureur.
 
« Si tu m’avais laissé en finir avec lui la question serait réglée ! » répliqua-t-il avec agressivité. « Mais tu as raison sur un point, l’imposteur en exo-armure semble constituer un danger bien plus important sur lequel nous allons devoir concentrer nos efforts. Mais encore une fois, je me fiche des intentions que peut bien avoir l’autre imposteur. Il est hors de question que, lorsque père reviendra, il voit que j’ai autorisé un autre à voler sa place. » continua-t-il sur un ton moins hargneux bien que loin d’être amicale. « J’ai néanmoins assez d’estime pour toi, Fatgirl, pour éviter de te parjurer. En attendant que vous ayez statué sur son cas, je m’abstiendrai donc de l’affronter à nouveau… tant que sa présence restera dans les limites du tolérable. » précisa-t-il.
 
Sans ajouter un mot, Damian s’élança du toit pour bondir dans le vide. Puis, utilisant son grappin, survola les rues en direction du manoir. Stéphanie le regarda partir. Cette situation risquait de mal finir, elle en avait le pressentiment. L’apparition de deux nouveaux Batman, dont un visiblement au service d’intérêts privés, soulevait beaucoup d’inquiétude, mais l’état d’esprit de Damian également. Depuis la disparition de son père, la frustration n’avait fait que s’accumuler chez lui, et Stéphanie craignait que la présence de nouveaux « Batmen » soit la goutte d’eau qui fasse déborder le vase, et surtout que le Jeune Prodige en arrive à faire une terrible bêtise.