Qui se fait enterrer perd ses objets [Joey]

_____Si ça ne tenait qu’à moi, les bunkers de mon père auraient déjà tous brûler lorsque mon père a rendu son dernier souffle. Il nous avait déjà montrer l’emplacement de chacune de ces planques, situé aux quatre coins du pays, quelques-unes à l’extérieur du territoire. Il disait qu’elles pourraient nous servir le jour où nous aurions des problèmes. Je m’étais caché dans l’une d’entres elles lorsque je cherchais à fuir les autorités américaine, peu de temps après mon évasion du régime de Degaton. Ces endroits regorgeaient de vivres, des soins, de quoi survivre pendant des mois sans voir les rayons du soleil. Il y a également de quoi tuer, des armes, des munitions, de quoi massacrer des centaines d’hommes. Je n’avais pas besoin de toutes les visiter pour savoir tout ce qu’elle contenait. J’étais certains du mal que pouvait procurer ses endroits mais les détruire n’est pas une tâche facile, pas sans entraîner des dommages collatéraux. J’ai fini par me résoudre à les laisser à l’abandon, comme me l’avait suggéré Rose, non sans une certaine boule au ventre. Il était fort probable que Papa est redoublé de vigilance et ne nous est pas donné tous les emplacements de ces planques, ça serait du Slade Wilson tout craché.

J’ai donc renoncé à mes idées folles de détruire tout ce qui pouvait me rappeler la toxicité de mon père et j’ai laissé ces endroits pourrir sur place. Elles étaient très bien cachées, certaines étaient même très sécurisé, mais pas assez pour prendre la poussière. J’ai gardé un œil sur ces planques à travers les nombreuses caméras de surveillance qui étaient en état de marche. Elles s’allumaient uniquement si elles détectaient une présence. Je n’étais pas obligé d’avoir les yeux rivés sur les écrans. Wintergreen m’avait aidé pour installer ce qu’il fallait pour signaler une alerte à la moindre détection suspecte sur mon téléphone.
En attendant, je pouvais continuer ma vie sans me soucier de ce problème. On avait beau être trois à gérer l’héritage de Deathstroke, ça restait un lourd fardeau à porter, surtout pour moi. J’essayais de ne pas trop y penser. Je devais oublier tout ça et me concentrer sur moi, uniquement sur moi car il y a encore beaucoup à rattraper. Je découvrais l’appartement que mon tuteur m’avait laissé pour reconstruire ma vie juste après mon procès. C’était un appartement classique à Los Angeles, trois pièces, un petit balcon. Je n’y passais pas énormément de temps, peut-être quelques heures par jour et c’était seulement pour dormir dans un lit confortable. Je ne suis pas né de la dernière pluie. Ils n’ont rien précisé mais il y avait probablement des micros, des caméras un peu partout dans l’appartement. C’est probablement à cause de ce doute que je préférais trainer aux alentours le plus possible.

Il y avait aussi les rendez-vous médicaux qui s’accumulaient, des examens physiques, psychiques et mental. Ils disent que c’est pour mon bien mais j’ai plus l’impression qu’il cherche à se protéger de mon parasite et d’une partie de moi. Je n’ai pas toujours la sensation que ces séances se montraient très utiles mais je devais les respecter, sans broncher. Ma situation n’est pas aussi désespérée qu’elle aurait pu l’être, je prenais sur moi. Au moins, les médicaments qui m’étaient prescrit se sont montrés plutôt efficace. La voix de mon parasite était de moins en moins présentes mais il se manifestait encore quand je fermais les yeux.

Et la nuit était plutôt désagréable aujourd’hui. J’ai repris connaissance après quelques heures de sommeil, couvert de sueur et avec un hématome sous l’une de mes côtes. Maintenir la force d’un démon dans un corps humain est toujours aussi difficile et je ne pouvais être aidé que de puissants antidouleurs. J’ai trouvé la force de me hisser hors du lit pour me tourner vers ma table de nuit ou plutôt de ma pharmacie. Des plaques de pilules, cachets se promenaient un peu partout sur le meuble, dans les tiroirs entrouverte accompagnés d’une bouteille d’eau en plastique et de mon smartphone somnolant.
Au moment où ma main se rapprocha des gélules, l’écran de mon téléphone s’est alerté. Ce que je redoutais est arrivé. Quelqu’un est entré dans l’une des planques de Papa. Je crois que j’ai passé plusieurs minutes à fixer mon écran, cet étranger qui commençait à réunir les armes de mon père et fouiller les alentours à la recherche d’autres trésors. Devais-je prévenir ma sœur ? Oncle Wintergreen ? Si je n’intervenais pas rapidement, il risquerait de s’enfuir avec les affaires de mon père.

Enfilé la tenue de Jericho est encore difficile. Ce nom a du sang sur les mains, il est tâché et réparer cette horrible réputation allait prendre du temps. Je connaissais l’emplacement d’un tunnel boom qui me raccourcira le voyage vers Gotham City. J’ai réussi à me faufiler dans la planque sans attirer l’attention. Cet homme est bien plus intéressé par son butin et le fusil qu’il tenait dans les mains que par ma présence, c’était l’occasion idéal pour organiser une attaque surprise.
Lorsque l’intrus a levé la tête pour constater les caméras de surveillance, il sentit le canon de son fusil d’assaut devenir de plus en plus lourd avant d’être lever en direction du ciel. J’ai encore un peu de mal à soulever des objet lourd avec ma télékinésie mais je progressais. L’arme avait perdu l’équilibre dans les mains de l’homme. Je suis sortie de l’ombre pour déstabiliser mon adversaire avec une onde psychique qui le força à reculer de plusieurs pas.

« Tu es entré dans la mauvaise planque. Ces armes n’ont pas vocation à être utilisés. Va-t’en avant que je ne change d’avis. »

J’aurais pu activer mon communicateur, mais l’effet de surprise m’avait poussé à agir rapidement. De toute façon, il n’avait pas forcément besoin de comprendre le langage des signes. Mes attaques étaient suffisamment menaçantes pour remplacer des paroles. J’espérais probablement que mes pouvoirs le dissuaderait de m’attaquer. Etais-ce naïf de ma part ? Probablement. J’avais la sensation d’avoir déjà vu cette personne quelques parts. Etais-ce un ami de Damian ? Un allié de Batman ? C’était étrange…

_____Ce n’était qu’un petit malin qui pensait avoir trouver un trésor abandonné depuis des années dans un bunker oublié. Il était seul mais il avait des épaules larges et une masse musculaire bien plus imposante que la mienne. Je ne suis pas réellement un adepte de la gonflette mais je n’étais pas maigrichon non plus. J’ai pu remarquer qu’il faisait une tête de plus que moi. Impossible de savoir qui se cachait derrière ce masque. Dick m’avait déjà fait une liste des criminels réputés de Gotham City mais je ne me souvenais pas d’un homme vêtu d’un masque rouge. Ils avaient tous un côté atypique et presque amusant, comme si chaque criminel sortait d’un cirque, mais cet homme avait plus la tête d’un mercenaire que d’un clown. Je ne suis pas certain de pouvoir gagner face à lui au corps à corps mais mes pouvoirs pouvaient faire la différence. Je doute que cet homme comprenne pour l’instant d’où provenait la force invisible. L’effet de surprise était peut-être encore là.

Je suis resté immobile, à une distance raisonnable de ce dernier, assez pour anticiper son premier mouvement et l’empêcher de m’atteindre. Mon but n’était pas de lui coller mon poing dans la gueule, encore moins de le battre. Je voulais juste lui faire comprendre que ces armes m’appartenaient et qu’elle ne ferait plus couler de sang, tant que je me trouvais entre lui et le matériel de destruction de mon père. A travers mon masque, je pouvais cacher ma stupeur lorsque l’intrus a montré qu’il avait des compétences en langage des signes. Il était plus intelligent que je le pensais mais pas que... Au fond, j’avais l’intime sensation que cet homme ne m’était pas complètement inconnu mais impossible de mettre un nom sur cette forme bodybuildée. J’essayais de ne pas me laisser déstabiliser par ce dernier.

« Alors rentres toi bien ça dans la tête. Ces armes ne seront plus utilisées par qui que ce soit. » signais-je de nouveau, insistant bien sur le fait qu’il ne mettra pas la main sur ces armes. Gotham City faisait déjà circuler suffisamment d’armes.

Je savais qu’il n’allait pas lâcher l’affaire, ça serait trop naïf de penser le contraire. Malheureusement, je n’avais pas accès à ses yeux pour corrompre son esprit et le pousser à faire demi-tour, à oublier cet endroit, à ne plus jamais entrer dans ce périmètre. Ça aurait pu être tellement facile si ce crétin n’avait pas ce casque rouge sur son crâne. Il fallait trouver une autre option ou alors faire diversion pour que je puisse me débarrasser de lui sans faire preuve de violence. En fait, je crois que c’est lui qui allait prendre les devants. Je réfléchissais beaucoup trop et l’intrus en avait profité pour attaquer le premier. Il a jeté une arme blanche en direction de mon visage. Mon premier reflex est de placer l’une de mes mains devant mon visage. La télékinésie fait son effet et le petit couteau est arrêté à quelques centimètres de la paume de ma main. Il lévitait sans aucune difficultés, un témoignage de mes progrès pour maîtriser mes pouvoirs.

Je n’aurais pas le temps de crier victoire pour mes performances. C’était une diversion, rien qu’un moyen de détourner mon attention pour me sauter dessus. J’ai essayé d’esquiver au dernier moment mais j’ai senti le poids de l’homme se jeter sur moi. Je ne suis pas parvenu à garder l’équilibre, mes jambes se sont dérobées et je suis tombé. Il était beaucoup plus lourd que moi et j’ai senti chacun de ces muscles me paralyser sur le sol alors que je me débattais vainement. Mes bras tentaient de s’écraser sur son crâne pour l’étourdir et le pousser à me lâcher.
Plus les secondes défilaient et plus je sentais son corps me paralyser complètement. Il ne me restait plus que mes bras pour essayer de sortir de ce pétrin. J’ai senti mes pensées se bousculer, mon corps paniqué. Je me sentais de plus en plus prisonnier par cet homme et mon subconscient réagissait par une montée de l’angoisse. Les souvenirs de l’Europe et d’Arcane sont encore frais. Même si je ne me souvenais pas de tout, mon corps n’avait rien oublié et le moindre sentiment d’étouffement ou de claustrophobie me faisait perdre le contrôle.

Ma respiration était devenue saccadé, mon rythme cardiaque avait accéléré en quelques secondes. J’ai serré les dents, les yeux écarquillés et mes bras tremblant essayaient de se libérer de l’emprise de cet homme. Je ne pouvais pas le laisser faire ça, je ne pouvais le laisser me faire du mal. Le stress était en train de m’envahir et tôt ou tard, je n’allais plus être maître de mes moyens, au bord de la crise. Dans un élan d’instinct de survie traumatique, j’ai libéré de l’énergie, beaucoup d’énergie. Une onde psychique toucha violemment Jason pour le repousser violemment quelques mètres plus loin.
Ce moment m’avait demandé beaucoup d’énergie vitale. Dans un moment de panique, je venais de gaspiller une grande partie de mes réserves. En voulant me redresser, j’ai senti un vertige m’atteindre et me déséquilibrer. Je suis partagée entre la colère et ce stress post-traumatique qui me collait à la peau. Ma main gantée se pose contre ma tête pour la garder fixe, la seconde tâtonnait sur le sol pour trouver un moyen de défense.

Mon instinct se souvenait de cette lame que l’étranger avait lancée. Elle n’était pas loin, à portée de main. Il me fallait juste un effort pour trainer ma main libre sur le sol et la récupérer. Je ne voulais pas attaquer, je voulais simplement me protéger. J’ai attrapé la garde du petit couteau et je me suis mis en position défensive, toujours assis sur le sol. C’était plus un reflex qu’une réelle volonté de ma part, j’essayais de dissuader mon adversaire d’attaquer à nouveau. L’angoisse n’était pas passé, mes mains tremblaient en tenant l’arme, ma respiration était nerveuse et même à travers le masque, il était facile pour lui de remarquer que je me sentais démuni.

_____Ma main tremblait. J’avais beau me concentrer sur elle pour éviter qu’elle tremble, le mouvement était flagrant. J’ai continué à pointer le bout de la lame en direction de l’étranger, sachant consciemment que je ne serais pas de taille face à lui. Ai-je vu trop grand ? Ai-je sous-estimé mon adversaire ? Ce n’est pas aussi simple de maîtriser ses traumas. Je ne parlais pas non plus de cette enclume à l’intérieur de ma tête qui rendait mes mouvements encore plus lourd.
Heureusement, mon adversaire était resté à l’écart. Il n’avait pas cherché à riposter, il semblait sonné. Est-ce que j’avais réussi à le perturber ? Le choc avait dû l’inviter à rester sur ses gardes. Maintenant, il savait qu’il n’avait pas face à lui qu’un simple être humain qui veut jouer au héros. J’avais pratiquement vidé mes batteries en jouant les télépathes de talent. Les migraines étaient toujours de la partie, me rendant encore plus vulnérable que je l’étais. Je crois que je n’aurais pas survécu cinq minutes de plus. Je suis resté assis, craignant d’être à nouveau déstabiliser par mes vertiges.

L’homme fait face à moi, il fait pratiquement ma taille mais d’en bas, sa carrure le transforme en tas de muscle géant très intimidant. Après quelques secondes à tenter désespérément de garder ce bras raide et menaçant, j’ai fini par baisser cette lame, sachant qu’elle était inutile et que l’étranger était plus d’humeur interrogateur que bagarreur. Je suis resté méfiant. Intérieurement, j’étais en train de rassembler les dernières forces qu’il me restait pour générer une seconde onde psychique aussi puissante que la dernière pour repousser mon adversaire. J’ai laissé s’installer un lourd silence d’une ou deux minutes avant de prendre conscience de quelque chose…

« En fait tu n’as pas la moindre idée d’où tu te trouves et à qui appartenait cet endroit ? »

Parce que peu de gens auraient osé pilier les réserves de Deathstroke, même s’il a été déclaré mort. Son ombre est toujours là, elle plane et le doute pourrait subsister dans l’esprit des malfrats. Ce n’est pas la première fois que Papa joue les morts, c’est juste un peu plus concret pour certain, ceux qui ont assisté à la fin.

Même si je faisais mon maximum pour me ménager et reprendre le plus de force possible, mon organisme était plus atteint que je le pensais. A travers mon masque, j’ai senti un filet de sang s’échapper de mes narines, un des premiers signes alarmant. Mon identité étant loin d’être secrète depuis bien longtemps maintenant, j’ai préféré retirer ce morceau de tissu sur mon visage pour prendre un bon bol d’air en espérant calmer les saignements.

« Je suis le propriétaire de cet endroit, plutôt l’héritier. Ces armes appartiennent à Deathstroke et elles n’ont pas pour but d’être réutiliser. Il y a suffisamment d’arme qui traîne à Gotham pour faire le plein ? »

A visage découvert, mes lèvres ne bougeaient pas et pourtant, une voix parvenait à se faire entendre. Elle était légèrement synthétique, reproduit par l’émetteur subvocal de ma combinaison. Mes yeux radioactif foudroie du regard cet homme que je ne parvenais toujours pas à identifier. J’en connaissais des vilains de Gotham City mais celui-là avait l’air d’être flambant neuf, à la recherche d’arme pour se créer une influence dans cette ville déjà perdue.

« Je ne suis peut-être pas le meilleur au corps à corps, mais j’ai assez de force pour te faire voler une seconde fois. Alors c’est mon dernier avertissement, quitte cette réserve. »