Dîner de Famille [PV BATFAMILY]

Le plus jeune membre de la famille Wayne se tenait allongé dans son lit. La totalité de son bras gauche était immobilisé suites aux blessures qu’il avait subi il y a de cela quelques jours à Métropolis. Il y était allé pour venir en aide à une personne qu’il considérait comme une amie, et il en avait payé le prix dans sa chaire et son esprit. Son avant-bras avait été fracturé en de multiples endroits et était complètement plâtré. Non content d’être fracturé, il avait fallu extraire de son bras les éclats métallique de ce qui avait été jadis son brassard, puis recoudre les plaies qui avaient été causées. Son bras était désormais solidement emmitouflé dans une écharpe, mais ce n’était pas la seule blessure qui lui avait été infligée. Son épaule gauche avait également été démise et la guérison de celle-ci nécessitait que son bras soit totalement immobilisé.
 
Résultat, le Fils du Batman avait passé les 24 heures qui avaient suivit sans reprendre connaissance. La perte de sang, la gravité de ses blessures et les épreuves qu’il avait dû subir ayant finit par venir à bout de ce qu’il pouvait encaisser. À son réveil, ses plaies avaient été suturées, son bras immobilisée et le docteur Thomkins lui avait bien fait comprendre que, s’il voulait espérer récupérer l’usage de son bras avec le minimum de séquelles, il devait éviter de le solliciter de quelque manière que ce soit jusqu’à sa pleine guérison. En d’autres mots, il ne pourrait plus être Robin dans les mois à venir.
 
Les jours qui avaient suivit furent un calvaire pour le jeune homme. Bien que sa main droite restait valide, il se sentait néanmoins diminué, inutile. Depuis, Alfred était resté à son chevet, et quand ce n’était pas lui, Brown ou d’autre le remplaçait, pour l’aider. En effet, il était difficile de s’habiller tout seul, de couper sa nourriture ou même de se laver dans sa condition, son plâtre devant rester sec pour ce dernier cas et son bras immobile pour le reste. Avoir le bras immobilisé de l’épaule jusqu’au bout des doigts n’avait rien à voir avec un simple bras cassé, dans ce dernier cas on disposait au moins d’une certaine capacité de mouvement. En fait, c’était comme avoir un bras en moins, le poids mort en plus.
 
Jours et nuit, il avait son bras collé au reste de son corps avec des attelles, pour l’empêcher de faire le moindre faux mouvement. Il n’avait plus le droit de patrouiller ni de s’entrainer, il était gêné quand il tentait de bricoler et même depuis le bat-ordinateur, il ne pouvait qu’être d’une aide négligeable pour ses proches en patrouille… si bien qu’il évitait à présent d’aller à la Batcave tant la frustration qu’il ressentait là-bas le bouffait. La nuit, son sommeil était rarement paisible. Quand ce n’était pas des douleurs physique qui le réveillait, c’était les souvenirs de ce qu’il avait vécut là-bas qui venait le hanter. Il ne s’en faisait pas, ce n’était pas la première fois qu’il vivait ce genre d’expérience et il avait la peau dure. Les blessures et les cauchemars finissaient toujours par passer, au pire laissant derrières eux quelques cicatrices pour l’endurcir. Mais ça n’en demeurait pas moins un mauvais moment à passer, et son humeur s’en ressentait.
 
Il était allongé sur son lit, le dos appuyé contre un coussin avec son chat pendant qu’il dessinait sur sa tablette. L’une des rares choses qu’il pouvait encore faire. À côté de son lit, Titus attendait fidèlement que son maitre fasse appel à lui. Le Fils du Batman se concentrait sur son œuvre, essayant de se concentrer sur les traits qu’il dessinait avec virtuosité, mais son esprit ne pouvait s’empêcher de ressasser sur cette sensation qu’il était désormais qu’un poids inutile pour ses proches. Une sensation qu’il détestait au plus profond de son être. De plus, il avait récemment reçu une lettre de sa mère qui le plongeait dans une grande perplexité.
 
En bas, les choses s’agitaient depuis plusieurs heures. Son frère ainé avait proposé de réunir la famille pour la soirée. Cela donnait d’ailleurs beaucoup de travail à Alfred qui était en branle-bas de combat pour que tout soit prêt. Dick n’avait pas révélé la raison de tout ceci, mais l’Héritier du Démon pouvait le deviner. Entre ce dont il lui avait fait part quand ils étaient allés au Cirque d’Haley et les quelques jours qu’il venait de passer avec Barbara Gordon, il ne fallait pas être le plus grand détective du monde pour se douter de la nature de cette réunion. Mais Damian n’était pas d’humeur pour cela. Il s’en voulait un peu d’être aussi aigri dans un moment aussi important pour son frère et celle qu’il voyait comme une sœur… mais c’était ainsi.
 
D’un coup, il vit Titus se lever à côté de lui et observer avec attention la porte. Le Jeune Prodige arrêta un instant de dessiner et écouta attentivement, ses sens en éveille. Il entendait des pas venant de l’extérieur. En se concentrant, il était capable de reconnaitre à la démarche, aux léger craquements produit par sa masse sur le plancher du couloir. Moins lourde que son père, plus rapide que les pas d’Alfred, plus étouffés que ceux de Drake… il pouvait reconnaitre sans le moindre problème la démarche de Richard qui évoluait à son étage et se rapprochait de sa chambre.
 
« Je suppose qu’il va être l’heure. » maugréa-t-il en déposant sa tablette sur sa table de nuit.
 
Le jeune Wayne se leva de son lit après avoir fait partir son chat. Titus s’approchait déjà de la porte, la queue remuant car il avait reconnu une odeur qu’il jugeait amicale. Probablement que Richard allait avoir droit à un premier accueil enthousiaste et un peu baveux… du moins, jusqu’à ce que Damian rappel son animal à l’ordre.  Le jeune homme projeta son regard par la fenêtre de sa chambre. En temps normale, il avait une vue imprenable sur les bois du domaine Wayne, une vue qui avait toujours eut le don de l’inspirer. Mais ce n’était plus le cas à présent. Suite aux évènements d’Atlantis, la magie s’était trouvée perturbée et avait rendu les sorts de ses utilisateurs assez instable. Lors de sa dernière visite, Zatanna avait grandement modifier les alentours du manoir en en faisant l’amère expérience. Bien qu’elle ait promis qu’elle arrangerait cela, il pourrait s’écouler longtemps avant qu’elle ne soit en mesure de tenir cette promesse. Bien qu’il ne lui en tenu pas rigueur, cette vue ne fit rien pour améliorer l’humeur du jeune homme.
 
« Tu peux entrer, Grayson. » intima-t-il au moment même où son grand frère atteignit le pas de la porte.

Damian n'était pas encore apprêter pour la soirée. Il portait bien une chemise qui passait par-dessus son bras, laissant sa manche gauche pendre dans le vide, mais c'était tout. Pour le reste, il était pieds nus, et semblait davantage sur le point d'aller se couché que de venir participer à une soirée en famille.

Damian ne répondit pas immédiatement aux paroles de son grand-frère. Il aimait ce dernier, sincèrement, et chérissait les souvenirs qu’il avait de l’époque où ils formaient le dynamique duo, mais il n’avait pas la tête à supporter un échange de banalités ineptes. Oui, il était dans un sale état, il était le premier au courant. Les traits de son visages ne laissèrent pas apparaitre un éventuel sourire amusé, complice même, qu’il pouvait parfois offrir à son ainé… au contraire même, ils semblèrent davantage se figer.

« Je suis parfaitement au fait de la façon dont on attend que je m’habille, Richard. Pennyworth et père y ont veillé. » répliqua-t-il d’un ton sec, sans cessez de regarder par sa fenêtre. « Le problème est que mon infirmité actuelle ne me permet pas une mobilité suffisante pour faire les ajustements qui s’impose. »

Mettre sa chemise, fermer les boutons, passer son veston, revêtir son pantalon, enfiler ses chaussettes, lacer ses chaussures… autant d’actions dans lesquels il était entravé par sa condition. Il y arrivait, avec de la persévérance, il était capable de s’habiller seul. Mais il ne s’agissait là que de la première étape. Venait ensuite les ajustements pour que les vêtements dont il s’habillait présentent bien… et dans sa situation, qu’ils ne gênent pas son membre blessé pour éviter tout risque de douleurs inutiles. Et cela, il ne pouvait plus le faire sans aide. Et cette situation ne faisait qu’alimenter sa frustration. Il n’aimait pas se sentir à ce point dépendant des autres. Cela lui donnait un sentiment de faiblesse qu’il abhorrait par-dessus tout.

Le Fils du Batman tourna finalement la tête vers Dick lorsque ce dernier commença à gentiment le sermonner, mettant les blessures qu’il avait subit sur le compte de son envie de palier à l’absence de son père. Il était exact que Damian était de plus en plus consumé par ce besoin de faire ses preuves, de démontrer qu’il était bien le digne successeur du Chevalier Noir, et cela n’avait fait qu’empirer avec l’apparition de cet usurpateur qui avait décidé de voler le symbole et le titre de son géniteur. Cependant, il était à côté de la plaque.

« Tst ! Ce n’est pas pour Gotham, ni même pour père que je suis dans cet état, Grayson. J’ai subi ces blessures parce que j’ai voulu venir en aide à une amie. Une que nous avons en commun d’ailleurs. Et pour aider Raven à se libérer de l’influence de sa famille biologique, je n’étais pas seul. Le Boy-Scout était là, de même que ce Hippie de Wilson ou encore le thérianthrope… même ton pote speedster était de la partie. Donc comme tu vois, je n’étais ni seul, ni occuper à vouloir émuler père sur le coup. » expliqua-t-il de mauvaise humeur.

Il savait que son frère essayait de l’aider. Dick avait toujours eu ses intérêts à cœur. Mais une partie de Damian lui en voulait de ne pas avoir été là. Il faisait de son mieux pour la refouler, pour ne pas laisser cette rancœur infondée s’exprimer de quelques manière que ce soit. D’autant plus que sa supposition selon laquelle cette soirée était particulièrement importante pour son frère et pour Babs se faisait plus précise avec les paroles prononcée par le premier des disciples du Batman.

« À t’entendres, on penserait que tu t’apprêtes à quitter Gotham, Richard. Dois-je en déduire que toi et Barbara, vous vous apprêtez à sauter le pas ? » répondit-il d’un ton plus calme alors qu’il délaissait enfin son observation de cette morne plaine qu’était devenu le domaine Wayne.

Il laissa sa question volontairement en suspends, laissant le soin à son frère d’interpréter celle-ci de la manière qu’il voulait. Pendant ce temps, Damian flatta un instant le col de Titus qui attendait loyalement une instruction de son propriétaire. Le grand danois de la famille était un chien particulièrement bien dressé, l’Héritier du Démon y ayant veillé en personne. D’un naturel calme et doux, il pouvait cependant se montrer particulièrement féroce si un membre de la famille Wayne était en danger.

« Si tu as fini de tenter de me convaincre que justicier est une profession dans laquelle on ne prend aucun risque, alors soit rends-toi utile en m’aidant à mettre ce veston correctement, soit tu évite de me déranger. » répondit Damian.

La tenue qu’avait choisit le dernier Wayne présent en ces murs n’était peut-être pas le costume qu’il revêtait pour tenir son rang lors des cérémonies où il devait être présent, mais il avait indéniablement porté son choix sur quelque chose de chic bien que plus décontracté, signe qu’il avait désiré faire honneur à Dick et Babs… et ce en dépit de sa mauvaise humeur évidente.

Quand il eut terminé de s’habiller, au bout d’une petite dizaine de minutes, le jeune homme daigna rejoindre le reste de sa famille au rez-de-chaussée. Il apparut dans la pièce de séjours tout habiller, les manches gauches de sa chemise et de son veston pendants mollement sur son côté du fait de l’absence de membre à l’intérieur, et un relief, apparaissant sous sa chemise, seul trahissait le fait que Damian possédait encore son second bras. À ses côtés, Titus se tenait fidèlement, ne quittant pas son maitre d’un pouce… comme s’il veillait sur lui avec d’autant plus de vigilance maintenant qu’il était diminué.

« Puis-je me rendre utile de quelque façon ? » demanda Damian en produisant un effort pour ne pas trop tirer la tête… en vain. Il salua néanmoins Barbara de la tête en la voyant s’affairer aux côtés d’Alfred.

Damian observa un instant les environs, interdit. Il ne lui avait pas échapper qu’il y avait plus de couvert que de convives attendu. Cela signifiait qu’ils attendaient encore du monde… dont il n’était pas au fait de la présence.

« Qui d’autre est invité à ce repas ? » interrogea-t-il nous dévoiler une certaine méfiance dans sa voix.

Autant, cela lui mettait un peu de baume au cœur à l’idée de voir le manoir, le temps d’une soirée, se reremplir de membre de sa famille. Autant Damian n’aimait pas l’idée d’avoir à donner le change à des personnes extérieurs à celle-ci sans avoir put préparer une bonne explication à son état.