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De gré ou de force ¤ Damian Wayne

Ahina
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De gré ou de force ¤ Damian Wayne Mar 12 Déc 2023 - 22:41


Dix jours.
Dix longs et pénibles jours depuis les évènements de Métropolis.
Sept jours durant lesquels Rachel a totalement disparu de la circulation, sans laisser de mot ni la moindre trace. Comment l’aurait-elle pu… Comment pourrait-elle encore oser les regarder, et encore pire… leur parler.
Trois jours qu’elle s’est cloitrée dans le petit deux pièces du quartier miteux de cette ville paumée où elle réside, quand elle n’est pas à la Justice Academy.

Et depuis trois jours, rien n’a changé.
Rachel est prostrée sur son canapé, recroquevillée sur elle-même. Elle porte le même short délavé et le même tee-shirt, seuls vêtements ayant survécu aux dix-sept ans qu’elle arbore de nouveau. Seuls habits qui ont traversé les années et qu’elle avait gardés, elle ne sait même plus pour quelle raison…

Ses pieds nus sont serrés l’un contre l’autre, comme s’ils ne craignaient que l’on tente de les séparer. Tout en elle est crispé ou bien parfaitement amorphe. Il n’y a pas de demi-mesure.
Ses doigts sont repliés sur ses côtes, comme si celles-ci avaient besoin de soutien, alors que son regard éteint fixe sans discontinuer le tissu fané du dossier du canapé auquel elle fait face.

La seule fenêtre de la pièce a les volets fermés. Ses lourds rideaux sombres ont été rabattus, comme si les deux épaisses planches de bois laissaient encore passer bien trop de lumière. Comme si elle ne méritait qu’une seule chose… rester ainsi, seule et dans le noir, pour toujours.

Seule… pas tout à fait.

Perché sur le sommet du canapé, Zbruh fait les cent pas de long en large sans faillir. Ses grosses pattes sombres s’enfoncent dans le moelleux rembourrage mais cela ne semble ni l’arrêter, ni le gêner d’une quelconque façon. Un faible croassement brise le silence par moment, comme s’il essayait de sortir Rachel de sa léthargie, sans rencontrer le moindre succès. Cette dernière fixant invariablement le néant, ses prunelles claires perdues dans un immense trou noir.

Il s’est pourtant absenté quelques heures ce matin. Rachel a beau ne plus fermer l’œil ni s’alimenter d’aucune manière, elle a pris soin de laisser la fenêtre de la chambre entrouverte, afin que l’oiseau puisse vaquer à ses besoins naturels. Ne s’est-elle donc pas étonnée qu’il ait disparu un temps. Il est même à parier qu’elle ne s’en est même pas aperçu à vrai dire…

Les images défilent en boucle dans sa tête.

Encore, et encore… toujours plus violentes, toujours plus sonores, toujours plus… réelles. Sa conscience la tourmente aussi sûrement qu’un essaim de guêpes rageuses. La douleur qui fulmine dans son cœur est tout bonnement intolérable et pourtant… elle ne bouge pas. Elle ne dit rien. Elle ne se plaint pas. N’émet pas le plus petit son. Elle reste là… allongée, regroupée sur elle-même, les genoux contre sa poitrine. Ses cheveux d’ordinaire lisses et d’un noir brillant, ne sont que pagaille désorganisée et poussiéreuse. Des traces de boues parsèment sa peau et ses vêtements, tandis que de multiples plaies au sang séché semblent ne pas avoir reçu l’ombre d’un soin, se contentant simplement d’être là, comme autant de stigmates dont elle n’a cure.

Seules les larmes perlent. Depuis Dix jours. Sans s’arrêter. Pas un instant.
Elles sont là… tout le temps… de nuit, comme de jour.
Elles lui rappellent ce qu’elle a fait. Elles lui rappellent constamment ce qu’elle leur a fait subir.
Le sang qui coule. Les plaies qui s’ouvrent. Les os qui craquent. Les traits qui se déforment… sous les assauts de la rage, de la frustration, de la colère, de la souffrance, du… chagrin.

Et… lui.

Un sanglot s’étouffe au fond de sa gorge, alors qu’elle sent de nouveau poindre une terrible crise d’angoisse. Son cœur se met à palpiter, sonnant peut-être enfin ce glas tant attendu, mais qui tarde à venir. Elle a mal… elle a si mal… comment peut on vivre avec une telle douleur. Comment peut-on vivre… non. Comment peut-elle vivre après ce qu’elle a fait. Ce qu’elle leur a fait à tous. Ses proches, ses amis, sa… famille. La seule. La vraie.

Tout est fichu aujourd’hui. Elle a tout perdu. Elle les a tous perdus. Et cela vaut mieux pour eux. Vaut mieux pour eux tous. Près d’elle… ils n’auront que des problèmes. Ils ne connaitront que la peine et la douleur. Elle n’est bonne pour personne et il n’est désormais plus concevable que quiconque soit bon avec elle. Soit bon pour elle.

Ni Clark. Ni Damian. Ni Joey. Ni Garfield. Ni Wally. Ni Dick. Ni Nimue.
Personne.
Plus personne.
Jamais… plus personne.

- Va t’en.

Ces quelques mots se détachent d’une voix rauque et mal assurée, comme éraillée, à force d’avoir tant hurlé, puis de s’être plongée dans un profond mutisme plusieurs jours durant.

Les pouvoirs de Rachel sont totalement épuisés depuis l’incident de Métropolis. Le peu d’énergie qui lui restait après en avoir tant déployée en ce jour funeste, a fondu comme peau de chagrin durant les sept journées où elle a disparu du paysage terrien. Alors… aucune des protections normalement en place sur l’appartement n’est active, car elle n’en a tout simplement pas la force.

Mais ce n’est pas pour autant que son pouvoir d’empathie s’est dissipé, bien au contraire. Il prend un malin plaisir à la torturer depuis des jours et des jours… et il fonctionne hélas à merveille.
Alors… n’a-t-elle aucun doute sur l’identité de celui qui vient de s’inviter chez elle sans y avoir été convié auparavant. Et… avec toute la sincérité du monde, il est bien l’une des deux personnes qu’elle ne veut surtout pas voir en ce moment.

L'autre étant Joey.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Mer 20 Déc 2023 - 0:23

Cela faisait 10 jours depuis les évènements de Métropolis, depuis que le Jeune Prodige avait participé à cette tentative de venir en aide à Raven. Ils avaient réussi à faire revenir Raven à la raison, à lui faire reprendre le contrôle de ses émotions, de ses actes… mais à quel prix ? L’un d’entre eux, Sideways, avait disparus durant la mission, bien qu’il était difficile de déterminer ce qui s’était passé, il se souvenait distinctement le voir disparaitre dans un portail… Lui-même avait été marqué dans sa chair. Parfois, quand il fermait les yeux, il revoyait encore la scène : le son de son bras se brisant en plusieurs endroit sous la poigne de Wrath, les visions qui avaient ravagés son esprit, la douleurs omniprésente qu’il avait ressenti jusqu’à ce qu’elle intervienne, qu’elle utilise sa magie pour le soigner, lui et les autres. Par la suite, cependant, elle avait disparu, sans une explication, sans laisser de traces.
 
De cette aventure, il avait récolté un entrelac de cicatrices toute le long de son bras gauche, aux endroits où le métal s’était incrusté et où les éclats d’os étaient ressortis sous l’effet de la poigne du démon. L’Héritier du Démon possédait un corps marqué par des dizaines de cicatrices, et il pouvait encore se souvenir exactement de comment il avait reçu chacune d’elles. C’était un miracle qu’avec la vie qu’il avait eut, son visage n’en soit pas visiblement marqué, qu’il ne soit pas affligé d’une blessure qui pourrait poser des questions lorsqu’il était en civile. La même chose pouvait d’ailleurs être dites pour ses frères et sœur, surtout que le plus souvent, leur visage n’était pas la partie la mieux protégée de leur corps.
 
Depuis ce jours, le Fils du Batman s’était souvent interrogé sur la disparition de son amie, des raisons pour lesquelles elle avait décidé de complètement disparaitre de la surface de la Terre. Il fallait dire qu’il avait amplement eut le temps de cogiter sur la question car, à son retour au manoir, il avait été consigné au repos le temps de récupérer de la perte de sang. Même si cela aurait pût s’arranger avec une simple transfusion sanguine, mais Damian soupçonnait Alfred d’avoir ainsi trouvé l’excuse parfaite pour le forcer à prendre du repos. Pendant plusieurs jours, il avait été purement et simplement interdit de patrouille, ou autres activités super-héroique. Dans ces journées à se sentir impuissant, Damian avait donc eu le temps de réfléchir. Il s’était attendu à ce que Raven donne rapidement signe de vie, signifiant que tout allait bien, mais il n’en avait rien été.
 
Les jours s’étaient suivit sans que personne ne sache ce qu’était devenu la demi-démone, elle n’avait contacté aucune de ses connaissances, elle n’était pas retournée à la JLAcademy, où elle était pourtant enseignante. Cette nouvelle disparition des radars de la part du Cambion était propre à raviver une inquiétude certaine chez le Jeune Prodige. Entre l’arrivée des imposteurs tentant de s’accaparer la place de son père et cette espèce de milice privé qui patrouillait désormais dans les rues de Gotham, le jeune homme n’avait vraiment pas besoin d’une source de soucis supplémentaires… mais dans le cas de son amie, il ne pouvait de ressentir une forme d’appréhension.
 
La disparition de Sideways avait probablement fortement impacté Raven. L’Héritier du Démon ne connaissait pas réellement ce héros capable de traverser les dimensions, si ce n’est par le dossier que le Bat-ordinateur possédait sur lui, car il ne l’avait que peu fréquenté. Il n’avait pas non plus eu connaissance du lien qui unissait Derek James à l’ancienne Titan, mais ils étaient visiblement proche… même intime s’il devait en croire ce qui s’était passé dans cette étrange « manoir-dimensionnel », et cela rendait l’impact de cette disparition d’autant plus inquiétant. Le jeune homme connaissait suffisamment bien son amie pour savoir qu’elle se reprochait probablement tout ce qui était arrivé. Peut-être était-elle en ce moment à la recherche de ce type ? Cela pourrait expliquer cette absence prolongée.
 
Les jours étaient passés, ils approchaient de cette période de l’année qu’était Noël. Une période avec lequel le jeune homme avait un rapport ambivalent. D’une part, il appréciait ce moment où la famille se réunissait mais, d’autre part, il s’agissait également d’une période pleine de frivolités puérile. Probablement que Brown allait encore le forcer à rédiger une lettre à cet idole du consumérisme qu’était le Père Noël. La neige avait également fait son apparition. Un épais manteau blanc recouvrait toute la côté est du pays, et donc Gotham aussi. La température avait chuté drastiquement, et les patrouilles devenaient d’autant plus une épreuve d’endurance pour les justiciers de Gotham. Mais cela convenait parfaitement au jeune homme. Il poursuivait son existence en protégeant la ville de son père en l’absence de ce dernier. Jusqu’à ce matin-là.
 
Ce matin, aux heures où le contribuable moyens se lève pour entamer une dure journée de labeur, alors que le jeune homme s’entrainait à l’extérieur du manoir, profitant de la neige pour se mettre à l’épreuve, il eut la surprise d’une visite. Un volatile au plumage sombre et à l’œil alerte était venu se poser non loin de sa position. Malgré que l’oiseau possédait un air familier, Damian ne lui prêta, dans un premier temps, pas plus d’attention que cela. Mais le fait que le corbeau ne semblait nullement s’intimider, ni par la présence de l’homme, ni même par celle de chiens au gabarit aussi impressionnant que Titus ou Ace lui mit la puce à l’oreille. Le fait que, de plus, ce corvidé, ne semblait pas vouloir le lâcher d’une semelle, essayant parfois même d’attirer son regard par des croassements sonore, sans jamais le quitter de son regard intelligent acheva de convaincre l’Héritier du Démon qu’il n’avait pas affaire à un oiseau classique. Prenant alors le temps, d’observer avec soin ce nouveau compagnon à plume, le Fils du Batman finit par reconnaitre le reconnaitre.
 
« Zbruh ? » s’étonna-t-il, finissant par reconnaitre l’oiseau.
 
Il avait souvent vu le corbeau en compagnie de Raven, et conservait un souvenir cuisant de l’affrontement qu’il avait eut avec l’un des frères de cette dernière ayant prit l’apparence de l’animale… ce qui poussait instinctivement le jeune homme à rester sur ses gardes. Le corbeau répondit par un croassement affirmatif… et peut-être un peu soulagé de voir que cet humain faisait manifestement preuve de suffisamment de signes d’intelligences pour le reconnaitre.
 
« Qu’est-ce que tu fous-là ? » l’interrogea-t-il sans vraiment savoir s’il obtiendrait la moindre réponse. « C’est à propos de ta maitresse ? Il lui est arrivé quelque chose ? »
 
Peut-être que le jeune homme accordait trop de crédit à la créature qui lui faisait face. Peut-être était-il simplement là par hasard, ou cherchait-il une bonne poire pour le nourrir. Mais Damian était conscient que les animaux étaient souvent bien plus intelligents que ce dont l’homme leur donnait comme crédit, surtout les corbeaux. De plus, Zbruh avait toujours sut faire montre d’une intelligence peu commune même en comparaison de ses congénères. Le corbeau leva alors soudainement les ailes avec un grand croassement, avant de s’envoler à tire d’aile. Il effectua quelques tours au-dessus de la position de Damian avant de repartir vers le nord.
 
Malgré tout, le jeune Wayne n’était pas certain de ce qu’il devait en conclure. Son instinct lui disait que cette apparition de Zbruh n’était pas anodine, qu’il n’était pas venu ici par hasard. Cependant, si son amie était bel et bien de retour, pourquoi n’en avoir rien fait savoir à quiconque ? Et pourquoi était-ce lui que le corbeau était venu voir ? Des questions dont les réponses devraient attendre qu’il retrouve la demi-démone… si elle était bien revenue.
 
Sans attendre, le jeune homme rentra. Il n’était pas certains de ce qu’il devait comprendre, mais il fallait qu’il en ait le cœur nette. Pour ce qu’il en savait, Raven habitait dans les environs d’Ivy Town, mais pour connaitre l’adresse exacte, il allait devoir effectuer quelques recherches. Heureusement, entre la base de données du Bat-ordinateur et l’accès qu’il avait à celle de la JLAcademy, ce n’était rien d’insurmontable pour le Fils du Batman. Il ne lui fallut guère longtemps pour trouver l’adresse exacte et cela le surpris. L’endroit où vivait la demi-démone semblait réellement paumée et, s’il se fiait aux relevés de l’état, cette ville était loin d’être un exemple de bonne gestion. Qu’importait de toute façon, au pire, il perdrait seulement une journée… ce qui aurait probablement le don de l’énervé à son retour s’il avait fait le déplacement pour rien.
 
Après avoir revêtu son uniforme de Robin, Damian laissa un mot à Alfred pour prévenir le majordome de son absence. Il lui fallait cependant choisir le moyen de transport. La Batwing le transporterait là-bas en un minimum de temps, mais cela manquait de discrétion et, surtout, sa famille pourrait en avoir besoin durant son absence. Son choix se porta finalement sur l’une des nombreuses Batmobile conçu pour la croisade de son père avec le temps, celle de ses débuts comme Robin, quand lui et Richard Grayson formaient le nouveau Dynamique Duo.
 
 
De gré ou de force ¤ Damian Wayne 20230910
 
Cet engin se distinguait pas mal des autres modèles, aussi bien dans la forme que dans le fait qu’il était capable de voler ou d’aller sous l’eau. Une bonne combinaison des capacités de la Batmobile, du Batwing et du Batboat sans surpasser aucun d’entre eux dans leur domaine respectif. Pourtant, depuis le retour de son père, ce véhicule avait été relégué à l’oubli. Mais dans le cas ci-présent, la Batmobile lui permettrait d’effectuer la route en un temps records, évitant la circulation, les contrôles et autre impondérables lié au code de la route.
 
Le trajet dura un peu moins de trois heures avant d’arrivé en vue de sa destination. Ayant conservé son engin en mode furtif, il prit soin de le garer un peu à une distance raisonnable. Il ne voulait certainement pas attirer l’attention. Ici aussi, la neige était tombée à gros flocon, le Jeune prodige s’enfonçant jusqu’au-dessus des chevilles. Et un vent glaciale soufflait, le forçant à relever la capuche de sa cape pour s’en protéger. Avançant rapidement, il eut cependant le loisir d’observer les environs. Comme à son habitude, l’Héritier du Démon avait le réflexe de reconnaitre le terrain. La ville n’était ni grande, ni riche, elle avait même un aire presque morbide de l’avis du jeune homme. Pourtant, il avait déjà l’habitude de côtoyer le spectacle de la misère dans certains quartier de Gotham, mais cet endroit semblait presque à l’abandon de son point de vue. Une part de lui se demandait comment Raven pouvait accepter de vivre ici.
 
« Tst, même Blüdhaven à l’air d’un endroit fréquentable comparé à ce bled. » commenta-t-il d’un ton hautain en voyant le corps inerte d’un sans-abris visiblement emporté par le froid. Ou par une surdose de drogue de mauvaise qualité s’il jugeait le paquet qui était tombé de sa poche.
 
Quand il arriva à l’adresse indiqué, il ne pût que constater que le bâtiment était à l’image de l’endroit. Vétuste, sans éclat et semblant réellement manquer d’entretiens. D’un regard inquisiteurs, il inspecta le building depuis sa cachette, il en repéra les nombreuses failles dans la sécurité, ainsi que plusieurs infractions aux normes environnemental telles qu’édictées par l’État. Mais surtout, il remarqua que la fenêtre sensé, logiquement, donner sur l’appartement de Raven était fermée. Cela lui arracha un haussement de sourcil interrogateur. Tout semblait indiqué que personne ne vivait à cet endroit… mais, au fond de lui, il avait la conviction qu’il fallait aller vérifier. Il fallait donc qu’il aille voir.
 
Faisant de son mieux pour ne pas être repérer, il se déplaçait en silence. Même s’il savait que Raven ne possédait pas, à proprement parlé, d’identité secrète, il pensait préférable de garder sa vie civile et héroïque aussi séparé que possible et donc préférait éviter d’attirer l’attention par sa présence. Utilisant un gadget de sa ceinture, il commença à brouiller les ondes de manière à ce que aucun appareil électronique ne puisse le filmer. Plus il avançait en montant les étages, plus il pouvait le sentir : la tristesse, le désespoir, l’apathie. C’était des sentiments diffus, mais qu’il parvenait à percevoir plus clairement à chaque fois qu’il s’approchait de l’appartement de l’ancienne Titan. Il en était de plus en plus convaincu, si Raven était là, c’est qu’elle n’allait pas bien. Accélérant le pas, malgré le sentiment que sa présence n’était pas la bienvenue, le Jeune Prodige arriva jusqu’à la porte où il sonna.
 
Au début, il n’y eut pas de réponse… puis un croassement sonore se fit entendre, comme pour lui dire qu’il était au bon endroit. Le Fils du Batman sonna à nouveau, mais n’obtint pas plus de réaction. Il commença alors à cogner contre la porte.
 
« Cambion !! Tu es là ? » Appela-t-il en frappant contre la porte. « Raven, ouvre-moi !! Je veux juste m’assurer que tu vas bien. De toute façon, tu sais très bien que je rentrerai quand même si tu ne m’ouvres pas, alors honnêtement, fais nous gagner du temps. »
 
Cela n’eut pas d’effet, mais Damian perçu distinctement qu’il y avait une présence à l’intérieur, que l’appartement n’était pas vide. Ponctuant cette constatation d’un « Tst » agacé, l’Héritier du Démon mit la main dans l’un des compartiments de sa ceinture et en sortit des outils pour crocheter la porte, une compétence qu’il avait souvent besoin de pratiquer dans sa vie quotidienne. Il ne fallut pas plus d’une dizaine de secondes au Fils du Batman pour venir à bout de la serrure. Non seulement, Damian était particulièrement habile et entrainé, mais en plus, la porte de l’appartement possédait une serrure assez basique.
 
« Raven ? »
 
Tout l’appartement était plongé dans le noir, sans aucune lumière pour l’éclairer, hormis une faible lueur passant sous les volets et, maintenant, la lumière provenant du couloir. D’un geste rapide, Damian mit la main sur l’interrupteur et alluma les lampes tout en fermant la porte derrière lui. Le spectacle qui s’offrit à son regard était catastrophique. Raven gisait dans un état de détresse émotionnelle palpable sur son canapé dans un appartement où une tempête semblait être passé par là.  Tout était en désordre, aucune source de chaleur n’était allumée malgré le froid évident qui régnait ici et il ne doutait même pas qu’aucune lumière n’avait été allumée pendant tout ce temps.
 
« Par les ancêtres. » s’exclama le Jeune Prodige en voyant le carnage. « Qu’est-ce… comment c’est arrivé ? »
 
Damian avait toujours été une personne ordonnée. Chaque chose avait sa place car l’état de l’endroit où tu vis reflète souvent l’état de ton esprit. Et Damian avait apprit à discipliner son esprit et à se créer un environnement propice aussi bien à son confort de vie qu’à la méditation. Déjà, l’endroit était particulièrement petit, un appartement deux pièces se résumant à une salle de bain de taille modeste et une pièce de vies qui avait indubitablement connu de meilleurs jours. À titre de comparaison, la chambre du jeune homme au manoir familiale pouvait aisément englober toute la superficie du l’appartement de son amie, voir celui d’à côté avec.
 
Ne pouvant s’empêcher de grimacer face à ce spectacle, l’Héritier du Démon s’avança vers Raven avant de la fixer du regard. Il l’observa et ressentit une forme de tristesse. Il savait que Raven était en deuil, il savait qu’elle se reprochait probablement toute les souffrances qu’ils avaient endurer pour venir à son aide. Mais il savait aussi qu’elle se mortifiait en vain, aucun de ceux qui étaient venu au manoir ne lui portait la moindre rancune pour ce qui s’y était passé. Personne sauf elle-même. Damian s’agenouilla finalement près de Raven, cherchant à capter son regard.
 
« Cambion… est-ce que tu m’entends ? » L’interrogea-t-il simplement, mais fermement.
 
La question n’avait pas réellement d’intérêt, autre que de tenter de forcer Raven à lui répondre, pour qu’il puisse juger de l’état d’épuisement dans lequel elle s’était plongée. Il l’observa attentivement. Ses traits étaient plus jeunes que dans son souvenir. Elle… elle ressemblait à la Raven qu’il avait rencontré à son premier passage chez les Titans… celle qui avait immédiatement tenter de se lier à lui malgré son comportement vindicatif, celle qui avait sûr voir au-delà de la carapace qu’il s’était construit. Celle qui ne l’avait pas abandonné dans son coin. Mais si les traits de son visage lui rappelaient cette Raven, il n’y trouvait plus l’énergie qui l’avait animé à cette époque. Le jeune homme échangea un regard silencieux avec Zbruh. La situation était pire que ce qu’il avait anticipé. Elle semblait amaigrie, épuisée, sale… et les plaies refermées mais non soignées.
 
« Raven… Rachel, parles-moi. » intima-t-il doucement. « Parles-moi, sinon je devrai prendre les mesures qui s’imposent. »
 
Mesures qu’il allait probablement de toute façon devoir prendre. Même si elle lui en voudrait pour cela, il était hors de question qu’il laisse une des rares personnes qu’il considérait comme une amie dans cette situation sans réagir.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Mer 20 Déc 2023 - 7:56

Il tambourine à la porte. Encore... et encore... et encore... Tant et si bien qu'il devient étonnant que le bois miteux n'ait pas cédé sous sa poigne de fer.
Il insiste, mais elle ne l'entend que de loin. Comme si le canapé sur lequel elle s'est avachie ne se trouvait pas en face de la porte, mais à des dizaines et des dizaines de mètres de là.

Va t'en.

Il n'a pas entendu. A moins qu'elle ne l'ait pas vraiment formulé à haute voix, se contentant de le penser peut-être. A ce stade elle ne sait plus trop... et ça n'a pas de réelle importance, fatalement, car Damian est entré quand même au bout du compte.
Lorsqu'il a décidé quelque chose, personne ne peut le faire changer d'avis, autrement que par la force et encore... cette dernière n'est pas toujours suffisante.
Et de force, Rachel n'en a plus. Quand bien même, elle ne l'utiliserait pas contre lui. Elle l'a déjà trop fait. La dette qu'elle a accumulée aujourd'hui ne pourra jamais s'effacer.

Elle ne lui fera plus de mal.
Ni aujourd'hui.
Ni jamais.

Alors il entre, comme il l'a décidé. Il grogne puis il s'estomaque devant le désordre ambiant. Il est certain que l'ambiance qui règne ici est bien différente de celle qu'il a l'habitude de côtoyer au Manoir des Wayne. A tous points de vue d'ailleurs.

Elle l'entend, oui. Hélas.
Ce n'est pas pour autant qu'elle se retourne, son dos restant fixé dans sa direction, son regard planté dans le dossier du canapé.

Je ne veux pas te voir. Va t'en.

Cambion.
Elle ne s'est jamais formalisée du surnom dont il l'a affublée depuis de très nombreuses années maintenant. Elle l'a toujours considéré comme une marque d'affection et de l'humour façon Damian.
Mais aujourd'hui... il sonne différemment. Il résonne... funestement. Il la ramène à sa condition, au passé récent. Au mal qu'elle a provoqué, sans scrupules à ce moment-là. Il la ramène à... ce qu'elle est. Et cela lui fait horreur.

Il s'est agenouillé près d'elle, aux pieds du canapé devenu miteux par la force des choses. Rachel se recroqueville un peu plus sur elle-même, pour peu que ce soit encore possible.
Sa présence est insupportable. Qu'il soit aussi prêt... est insupportable.

Elle la ressent... plus que jamais.
Son inquiétude.
Encore... et encore...
Comme quand ils étaient dans sa tête, à lui, il y a quelques semaines.
Comme lorsqu'ils étaient tous rassemblés dans le Manoir d'Ébène, et qu'il tentait de la faire revenir.
Comme maintenant.

Sa présence est une torture.
Cette voix, qu'elle connait par coeur, qui essaie de se faire plus douce, cherchant à comprendre, est une souffrance de chaque instant.
Les sentiments qu'il éprouve à cet instant, la plongent dans une agonie toujours plus poignante, en proie à une culpabilité qui ne cesse d'enfler depuis qu'il a passé la porte du petit appartement.

Le bec de Zbruh pique doucement sa cheville nue. Il tente, à sa manière, de soutenir les efforts de celui qu'il est allé chercher. Il lui met plusieurs petits coups de tête qui sonnent comme des encouragements. Allez... un petit effort... tourne toi au moins... aurait il pu dire s'il avait été doué de parole.

- Va t'en. Murmure t'elle d'une voix à peine audible.

Comme muent par une volonté qui ne lui appartient plus, les larmes qui s'écoulaient jusqu'à présent se sont taries dès qu'il a posé le pied dans l'appartement, par sa seule présence, au simple son de sa voix. Comme s'il lui avait jeté un sort.
Quand elle en aura la force, elle se demandera peut-être pourquoi et comment. Ou peut-être pas.
Quoi qu'il en soit, à cette minute elle est bien incapable de s'en rendre compte d'une quelconque manière. Tout ce qu'elle voit, c'est cette sourde souffrance. Sa culpabilité. Son envie d'être seule.

Qu'il s'en aille.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Jeu 21 Déc 2023 - 0:52

L’état de Raven faisait peine à voir, c’était le moins que l’on puisse dire. Face au Jeune Prodige se trouvait une Rachel recroquevillée sur elle-même, semblant refuser obstinément de se tourner vers lui alors qu’il lui parlait. Damian posa la main sur l’épaule de son amie pour tenter de légèrement la secouer sans que rien n’y fasse. La seule réaction qu’il obtint d’elle c’est qu’elle lui demande de partir d’une voix faible.

Partir, la laisser seul… pendant quelques instants, Damian ne répond rien. Il observe, il analyse l’état physique de son amie. Elle semble si faible, abattue, il peut presque sentir de manière physique la douleur et la fatigue qui se sont emparée d’elle. D’un coup d’œil, il observe plus attentivement les plaies à ses jambes dont la couleur ne lui dit rien qui vaille. Mais surtout, il a la sensation que la Raven qui lui tourne ainsi le dos a décidée de se laisser dépérir. Malgré le souhait exprimée par Raven de la laisser seule, malgré le fait qu’une part de lui peut comprendre ce désir, il ne peut pas s’y résoudre. Il ne peut définitivement pas la laisser dans cet état, même si elle doit lui en vouloir par après.

« Soit, je partirai si c’est ce que tu désirs. » finit-il par dire d’un ton qui semblait résigné « Mais certainement pas en te laissant comme cela. » ajouta le jeune homme, la voix emprunte de détermination.

Sans demander ni l’avis, ni l’accord de Rachel, sans même attendre une réaction de sa part d’ailleurs, le Fils du Batman la souleva hors de son canapé avec un grognement d’effort. Tenant fermement Raven par les épaules et par les jambes, la collant contre lui pour assurer sa prise, Damian se releva sans prêter la moindre attention aux éventuelles protestations de son amie.

« Désolé Cambion, mais aujourd’hui je prends les choses en mains. » déclara-t-il d’une voix coupant court à toute objections « Car ni moi, ni les autres n’avons risqué nos vies pour te voir te laisser mourir à petit feu dans ton coin. Alors détestes moi autant que tu veux, mais je te garantis que tu vas reprendre ta vie en main. »

D’un pas rapide, l’Héritier du Démon transporta la demi-démone vers l’autre pièce de l’appartement, lui relevant les épaules de manière à ce qu’elle ne heurte pas l’encadrure de la porte. Une fois à l’intérieur de la salle de bain, Damian fit de son mieux pour déposer Raven à l’intérieur de la douche le plus doucement possible. Il la fixa du regard intensément, ses yeux vert émeraude toujours dissimuler derrière son masque de Robin mais ce dernier ne pouvait dissimuler l’inquiétude qu’il ressentait pour l’héroïne aux côté de laquelle il avait souvent combattu. Retirant son gant droit, Damian approcha précautionneusement sa main du visage de Raven pour finalement la poser sur le front de cette dernière. Le contact le surpris tant le corps de Raven semblait dangereusement froid, comme s’il était en train de mourir.

« Tst. Tu es froide comme la mort. » Constata-t-il.

Dans cette position, il pouvait constater que le visage de Rachel était encore plus pâle que d’habitude. Ses traits tirés lui révélaient qu’elle n’avait probablement pas dormie depuis des jours. Quant aux yeux rougies, il savait y reconnaitre les signes d’une personne qui avait abondamment pleurée. Jamais il n’avait vu Rachel dans un état aussi pitoyable. Le jeune homme rompit le contact et retira son propre masque pour pouvoir la regarder directement dans les yeux.

« Depuis quand est-ce que tu ne t’es plus sustenté ? » lui posa-t-il la question, avant d’enchainer avec d’autres sur un ton où pointait clairement un soupçon de reproche. « Depuis combien de temps t’interdis-tu de connaitre le repos ? Depuis combien de temps n’as plus seulement prit soins de toi ? »

Damian détourna le regard un instant. Sans doute pour cacher un certain découragement devant ce spectacle. Raven n’avait pas à répondre à ces questions, il se doutait déjà de la réponse. D’une certaine façon, il se sentait lui-même désemparé face à cette situation. Il était un guerrier, un assassin, il savait comment combattre et vaincre ses ennemis… mais il ne se pensait définitivement pas être le mieux placé pour s’occuper d’une coéquipière qui avait perdu toute volonté de vivre. Au sein de la Ligue, on aurait laissé quelque jours à cette personne pour se reprendre, puis on aurait mis fin à ses jours par miséricorde. Mais ils n’étaient pas à la Ligue, et s’il n’avait pas put se résoudre à poignarder Rachel lorsqu’elle tentait de les tuer… il ne pourrait certainement pas plus le faire en un moment où elle avait si désespérément besoin d’aide.

« Ça ne peut pas continuer comme ça, Roth. » finit-il par reprendre d’un ton sombre. « Voilà ce qu’on va faire. Tu vas te doucher. Je me fiche de savoir que tu es encore habillée, je me fiche de savoir si tu utiliseras du savon ou autre chose. Tout ce que je veux, c’est que cette crasse soit chassée pour que je puisse traiter tes blessures avant qu’elles ne s’infectent complètement. Une fois que ce sera fait… nous aviserons. D’accord, Rachel ?» déclara-t-il sans trop espérer de réponse.

Se relevant, il finit par tourner le robinet de l’eau pour laisser la douche faire son office. Avant de sortir de la pièce, il déclara.

« Pendant que tu te nettoies, je vais essayer de rendre cet appartement un tant soit peu viable. Ne t’en fait pas, j’envois quelqu’un s’assurer que tu vas bien. »

L’Héritier du Démon avait bien quitté la pièce pour s’occuper du reste de l’habitat de Raven. Mais il l’avait fait aussi pour laisser un peu d’intimité à son amie. Quand il fût sorti, il ne dit qu’un seul mot à voix haute.

« Sutit ! » invoqua-t-il, tirant parti du don que Zatanna lui avait donné quelques semaines plus tôt.

Devant lui apparut immédiatement la silhouette massive de son animale de compagnie qui manifesta immédiatement son contentement de voir son maitre, accentuant davantage le désordre de la pièce. Le Jeune Prodige entreprit de rapidement le calmer en s’agenouillant face à lui, lui caressant la tête et en lui parlant doucement, signe qu’il lui donnait des instructions importantes.

« J’ai besoin que tu me rendes service Titus. Veille sur Raven, ne l’approche pas si elle ne le désir pas, mais avertis moi s’il y a le moindre problème. Tu peux faire cela pour moi ? » demanda-t-il.

Le chien fit un petit aboiement pour faire savoir qu’il avait comprit et alla prendre sa charge de veiller sur Raven, pendant que Damian observa Zbruh silencieux, se doutant que le corbeau ne devait pas aimer l’intrusion du canidé dans son espace. Le jeune homme alla fermer la fenêtre pour mettre fin à l’entrée de l’air gelé venu du temps d’hiver à l’extérieur.

« Je sais que tu aurais aussi bien put faire le travail. Mais si Raven tente quelque chose de dangereux, Titus est plus à même de l’en empêcher le temps que j’arrive. » expliqua-t-il au corbeau… ne sachant pas réellement pourquoi il ressentait le besoin de se justifier à l’oiseau.

Une fois la fenêtre fermée, le Fils du Batman alluma le chauffage… en espérant qu’il fonctionne seulement. S’il faudrait éviter qu’il fonctionne en permanence, réchauffer la pièce contribuerait indubitablement à en améliorer le confort. Ensuite, l’actuel Robin entreprit de ramasser les déchets trainant dans la pièce, rassemblant ce qui devait être jeté et ce qui pouvait encore être utilisé.

Ensuite, remarquant qu’il n’y avait pas de lit présent dans la pièce, il supposa que le canapé devait peut-être également servir de lit. Jon lui avait déjà fait découvrir l’existence des canapés-lits, visiblement une solution pratique privilégier par les plébéiens qui n’avait pas les moyens d’acheter les deux meubles séparément. Il vérifia si c’était bien le cas pour le canapé de l’appartement. Même s’il ne se faisait aucune illusion sur le confort d’un tel dispositif, ça aiderait sans doute son ancienne sœur d’arme à reprendre des forces.

Enfin, Damian mit de l’eau à chauffer avant de retourner voir ce qui se passait dans la douche. Prenant un essui, il coupa l’arrivée d’eau et tendit l’essui à Raven, l’aidant le cas échéant à s’essuyer. Se rendant ensuite compte que les vêtements que portait son amie étaient trempés suite à son passage dans la douche, et n’ayant pas pensé à lui en ramener d’autre, Damian ôta sa cape en recouvrit ton amie.

« Prend ça pour te réchauffer, Cambion. Et ne bouge pas pendant que je te soigne. » intima-t-il à son interlocutrice, fermement mais sans agressivité.

Retirant son deuxième gant, Damian se retourna un instant pour aller se laver les mains. Puis, il se tourna vers son amie pour inspecter les différentes plaies, et les nettoyer correctement et éviter tout risque d’infection. Il le faisait avec efficacité, mais aussi une douceur que peu de gens, sinon aucun, aurait put soupçonner chez l’Héritier du Démon. Il veillait à ce que les choses soit bien faite, mais ne cherchait pas à faire du mal à sa patiente.

« Une fois que ce sera fait, je partirai si c’est ce que tu veux vraiment. Mais ce ne sera que pour m’assurer que le boy-scout rapplique ici à l’instant… lui et d’autres. Donc, si cela te convient, je propose qu’on tente de régler cela entre nous, d’accord ? »
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Ven 22 Déc 2023 - 6:59

En temps normal, elle n'aurait jamais imaginé un instant qu'il obtempèrerait bien gentiment et partirait sans rechigner, malgré qu'elle le lui aie demandé.
En temps normal, elle lui aurait sans doute répondu "Aujourd'hui ? Mais tu ne peux jamais t'empêcher de prendre les choses en main, Damian."
En temps normal, elle lui aurait probablement imposé ce constat un sourire en coin, ou d'un air amusé.
En temps normal, elle se serait fustigée d'être soulevée comme une poupée de chiffon, et aurait vraisemblablement exprimé son désaccord, au mieux dans un grognement, au pire en une réflexion bien sentie.
En temps normal, elle l'aurait probablement remercié pour son intention, mais l'aurait cependant renvoyé dans ses pénates en le priant de se mêler de ses affaires.

Mais aujourd'hui... rien n'est normal.

Et alors qu'il la soulève sans qu'elle n'émette la plus petite objection, et que sa joue s'échoue contre son épaule tel le caillou rejeté sur la plage par une mer estimant n'en avoir plus l'utilité, le glas résonne une fois de plus sinistrement.

"Ni moi, ni les autres n’avons risqué nos vies pour..."

Elle n'entendra pas la suite de sa phrase.
Ses lèvres exsangues se pincent, les traits de son visage se figent, comme si un sculpteur venait d'apporter la touche finale à sa statue, condamnée à présenter la même expression à la face du monde pour le restant de ses jours.

Le rappel est douloureux. Même si, à en juger par son état psychique, elle ne l'a sans doute pas oublié un seul instant. Est-il même plausible d'envisager que cela fait dix longues journées qu'elle le ressasse, encore et encore...
Mais cette phrase, autrement plus vraie, prononcée par cette bouche là... c'est... sans doute encore pire. L'impact en est fatalement assez terrifiant. Car se répéter les évènements à elle-même était déjà suffisamment pénible comme cela, mais... les entendre dans la bouche d'un autre, de l'un de ceux qu'elle a blessés et tourmentés, c'est très différent.

L'image de ses paumes trônant sur les joues ensanglantées du fils du Batman la percute une nouvelle fois. Tant de sang versé... par sa faute.

Lorsqu'il retire son gant et que sa main se pose contre son front, vraisemblablement pour en jauger la température, le regard de Rachel vire instantanément au blanc opaque. Ses pupilles sombres, ses iris clairs disparaissent, pour ne laisser la place qu'à un vide sidéral.
Pour la première fois depuis qu'il est entré, les traits de son visage se détendent. Mais cela est si abrupte, si incongru, et surtout de si courte durée, que la scène n'en paraitra pas moins étrange.

Cela ne dure que quelques secondes. Un temps si bref qu'il aurait pu ne pas s'en apercevoir, s'il n'était pas en train de la dévisager avec attention. Lorsque les prunelles de Rachel retrouvent leur couleur d'origine, elle le dévisage comme si c'était la première fois qu'elle le voyait, un mélange de stupeur et d'incompréhension se peignant sur ses traits.
Le mouvement de recul est immédiat, alors que son dos rencontre rapidement le mur de la douche.

Lorsqu'il retire son masque, le regard de Rachel se fait fuyant.
Elle détourne les yeux instinctivement, fixant ses genoux qu'elle a de nouveau repliés contre sa poitrine. Si ses mots lui parviennent, elle n'y répond rien et n'y réagit d'aucune manière.
Pas de haussement d'épaules, ni de réponse même à demi étouffée, aucun soupir.

Damian dans toute sa splendeur.
Il prend les choses en mains, établit un plan de bataille, donne ses instructions d'une voix pleine et assurée. Mais, fait relativement rare chez le jeune homme, il prend cependant la peine de lui demander si elle est d'accord quand, d'ordinaire, il fait peu de cas de ce que les autres peuvent penser lorsqu'il estime que ça ne fonctionne pas comme ça le devrait.
Bien sûr... cela ne l'empêchera nullement de faire comme il l'entend, de diriger et d'imposer. Damian restera toujours... Damian.

Le visage de Rachel disparait entre ses genoux, alors qu'elle sent l'eau chaude frôler ses pieds et imbiber une partie du flanc de son tee-shirt. Elle ne bouge pas pour autant, alors qu'il disparait dans le salon, laissant la porte légèrement entrouverte.
L'eau continue de couler sur une Rachel amorphe, qui semble ne faire que peu de cas de ses vêtements mouillés. Plus que le halètement frénétique et lourd de l'animal, c'est l'impression qui se dégage de Titus qui lui fait relever la tête.

Ses prunelles azurés tombent alors sur le compagnon de Damian, qui trône sur son séant à un mètre d'elle. Le regard de l'ex Teen Titan se remplit de larmes. Car ce n'est pas tant la présence incongrue de Titus qui l'émeut, que les émotions qui se dégagent de l'animal.
C'est quelque chose que Rachel a très rapidement compris, dès lors qu'elle a été amenée à côtoyer les animaux qui peuplent la terre. Certains spécialistes estiment que les animaux sont les miroirs de l'homme. Qu'ils ont cette capacité innée à le renvoyer vers ce qu'il refuse de voir, d'admettre.
De l'expérience d'empathe de Rachel, c'est en partie vrai. Mais ce n'est pas le seul constat qui s'est imposé à elle.

Les animaux ne mentent pas. Ni à eux-mêmes, ni aux autres.
Ils se contentent... d'être, tout simplement. Ils ressentent sans ménagement ni parade. Sans faux semblants ni retenue. Quand ils aiment, ils aiment pleinement. Quand il détestent, ils le font clairement ressentir. Ils ne se cachent pas derrière un protocole ou une bien séance quelconque.
En cela, ils ont des millénaires d'avance sur l'être humain, qui passe son temps à refouler ses émotions, à les désavouer, à les rejeter, à faire comme si elles n'existaient pas.
Et est-ce bien là toute la complexité de son pouvoir. Car Rachel passe le plus clair de son temps à ressentir des émotions qui ne proviennent pas d'elle, et dont les autres ignorent ou refusent tout net la valeur.

Avec Titus, c'est différent. Avec Zbruh, c'est différent.
Ce n'est pas par hasard qu'elle est pratiquement toujours en sa compagnie. Tout le monde a instantanément fait le lien entre l'apparence de corbeau qu'elle est capable de revêtir, et le lien qu'elle entretient avec cette espèce d'oiseaux. Ils sont dans le vrai, bien entendu.
Mais la majorité ignore que c'est loin d'être la raison principale.

- Je l'ai tué... Titus...

Les mots s'étranglent au fond de sa gorge. L'épaule de Rachel heurte la pierre, alors qu'elle se laisse glisser contre le mur où trône un pommeau de douche qui ne cesse de déverser son eau chaude depuis plusieurs minutes.
L'eau s'écoule à torrent. Plaquant ses mèches sombres sur ses joues, détrempant totalement ses vêtements, la crasse, le sang séché et les larmes filant en sa compagnie vers la bouche d'évacuation.

Dans les faits, Rachel n'a pas tué Derek.
Pourtant... dans son esprit, cela revient exactement au même. Car non seulement elle a été incapable de le retrouver, ni même de le localiser, ne serait-ce qu'un peu ; mais en plus... rien ne dit qu'il soit encore vivant. Alors oui. Les faits sont irréfutables. Elle ne l'a pas tué. Pas directement. Mais... tant qu'elle n'aura pas la certitude qu'il va bien... c'est tout comme.

Le penser, se le répéter des jours durant est une chose.
Que son esprit ressasse sans cesse est une chose.
Que son coeur la martyrise et la malmène tout le jour durant est une chose.
Mais... le dire à voix haute.
Prononcer les mots fatidiques. L'épouvantable réalité.
C'est bien différent.
Alors aux pleurs se mêlent des cris. Des hurlements d'horreur, de rage, de chagrin.

C'est... tellement... douloureux...

Pour la première fois depuis des jours, Rachel laisse de côté sa torpeur, son apathie, pour exprimer pleinement sa peine. Alors... elle hurle. A s'en décrocher la mâchoire, à s'en briser les cordes vocales.

C'est... tellement... douloureux...

Un jappement plaintif s'échappe de la gueule de Titus, qui ne cherche même pas à prévenir son maître qui aura du mal à faire abstraction de ce qu'il se passe dans la salle de bain, à peine séparé d'elle par un mur et une porte entrouverte.
Il se précipite. Oubliant les instructions de Damian, à moins qu'il ne considère que la situation l'y autorise. Ou peut-être... qu'il ne se pose pas toutes ces questions existentielles et qu'il se contente de réagir en animal, selon son instinct du moment.

Et cet instinct le pousse sous la douche, tout contre Rachel, alors que, la jeune femme assise à même le carrelage, parait encore plus petite et plus menue aux côtés de ce géant de poils et de muscles qui se colle contre elle.
Les bras de la brune délaissent ses genoux, qu'elle serrait jusqu'alors contre son coeur avec l'énergie du désespoir, pour les passer autour du corps puissant de l'animal.
Sa grosse langue rosée balaye les larmes qui coulent à flot sur ses joues, se mêlant à l'eau chaude qui leur dégouline dessus sans discontinuer. Titus est rapidement aussi trempé que ne l'est Rachel.

Aucun des deux n'y prête attention. Chacun se moque éperdument d'être trempé jusqu'aux os.

Pendant ce temps, Zbruh fixe le jeune garçon de son oeil d'obsidienne. Contre toute attente, il ouvre largement les ailes en secouant sa grosse tête d'ébène, comme s'il lui répondait. Comme s'il tentait de lui faire comprendre que, s'il était venu le chercher lui, ce n'était pas un hasard.
Impression que semble corroborer le fait qu'il ne semble à aucun moment se fustiger de la présence du canidé.

Lorsque Damian pénètre de nouveau dans la salle de bain, Rachel et Titus n'ont pas bougé.
Trempés comme des soupes, ils sont toujours serrés l'un contre l'autre, sous le déluge brûlant qui les inonde. Ce n'est que lorsque l'eau se coupe, que les paupières de Rachel s'ouvrent lentement, comme si, maintenant que le contact avec le liquide était rompu, elle reprenait un peu ses esprits.

Lorsque la serviette échoue sur ses épaules, sa main la récupère distraitement alors qu'elle entreprend de bouchonner un Titus trempé comme une soupe. La scène devient alors assez surréaliste...
Rachel ne semble pas se soucier d'être trempée jusqu'aux os, ni du tissu qui lui colle à la peau en une sensation qui serait d'ordinaire des plus désagréables. Toute son attention est focalisée sur le chien. Comme si son état était une priorité absolue. Comme si sa vie dépendait du fait qu'elle le sèche correctement. Alors elle s'y consacre plus que de raisons, Titus jetant des œillades inquiètes en direction de Damian, ne sachant visiblement trop comment il convient de réagir à cela.
Comme s'il craignait que rompre le contact ne brise Rachel en mille morceaux, il se laisse bouchonner dans tous les sens, avec une vigueur des plus étonnantes si l'on considère l'attitude amorphe de Rachel quelques minutes plus tôt.
On la dirait en proie à un TOC, séchant scrupuleusement Titus comme si leur vie à tous en dépendait, alors que les larmes s'écoulent à torrent le long de ses joues en une expression de détresse terriblement palpable, la jeune femme ne cessant de murmurer des "Je suis désolée, je suis désolée" en boucle, comme une automate.

Elle se fige comme une statue de sel lorsque la cape de Damian la recouvre et qu'il se retrouve face à elle. Comme si sa frénésie venait d'être instantanément mise sur pause.
Lorsque sa paume se pose sur son épaule pour la recouvrir de la cape, ses larmes cessent et les traits de Rachel se crispent en une expression qui pourrait laisser à penser qu'elle éprouve une quelconque douleur physique. Ce qui n'est pas du tout le cas en définitive.
Car toutes les douleurs, toutes les souffrances qu'éprouve Rachel depuis des jours, n'ont rien à voir avec les blessures qui trônent sur sa peau.

Elle se recroqueville sous la cape alors qu'il entreprend de soigner l'estafilade qui zèbre l'un de ses bras. Rachel se plonge dans un profond mutisme, dont elle n'est pas encore sortie avec lui par ailleurs, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.
Elle réagit étonnamment vivement à l'évocation du "boy-scout" qu'il mentionne, trop consciente de la personne qu'il s'apprêtera visiblement à appeler si elle refuse qu'il reste avec elle.

Sa main se referme sur la tunique du jeune garçon, qu'elle serre à s'en faire blanchir les phalanges.

- Non ! Le coupe t'elle abruptement avant qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase.

Son visage s'affaisse légèrement vers le bas alors qu'elle murmure dans un souffle.

- N'appelle personne... s'il te plaît...

L'expression contrite, ses paupières battent quelques instants l'angoisse naissante que lui provoquent ses paroles, avant que son regard ne se fixe sur un endroit précis de la tenue de Damian.
Ses lèvres se mettent à trembler, alors que son poing relâche le tissu. Lentement, sa main se décale, sa paume dévalant quelques centimètres de tissu pour se poser sur l'insigne qui trône sur son coeur, qu'elle sent palpiter sous elle.

Ses mâchoires se crispent alors qu'elle se retrouve de nouveau plongée dans l'enfer qu'elle avait créé de toutes pièces. Ce jour terrifiant, ce jour maudit entre tous. Et... ce qu'elle a fait du présent qu'il lui avait offert. La manière dont il s'était évanoui en une épaisse fumée opaque. La façon dont elle l'avait détruit sans aucun état d'âme.

- Damian...

Une boule nait dans sa gorge, alors qu'elle déglutit avec toutes les peines du monde, avant de relâcher quelques mots. Des mots qu'elle aurait du prononcer depuis bien longtemps.

- Je suis tellement... tellement... désolée...

Mais les excuses ne suffisent pas.
Demander pardon ne sera jamais suffisant.
Rien... absolument rien... ne peut excuser ce qu'elle a fait.

Une image se superpose dans son esprit. Quelque chose de récent, mais surtout quelque chose de parfaitement incongru, improbable, surréaliste.... impossible.
Alors... d'un mouvement plus sec qu'elle ne l'aurait souhaité, Rachel retire sa paume du pectoral sur lequel elle était posée, en une brusquerie telle que l'ont pourrait croire qu'elle vient de se brûler.
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De gré ou de force ¤ Damian Wayne 386562Rien
Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Sam 23 Déc 2023 - 0:30

Damian était concentré sur la tâche qu’il était occupé à accomplir. Les blessures de Raven n’étaient pas réellement graves, mais elles auraient dû être traitées il y a de cela plusieurs jours. Cela ne servait cependant à rien d’en faire le reproche à son amie qui était déjà dans un état suffisamment préoccupant.
 
Car Damian n’était ni sourd, ni aveugle. Il avait vu qu’au moment où il inspectait si la demi-démone avait de la fièvre que, l’espace d’un instant, les pupilles de cette dernière avait disparut. Il avait déjà assisté à ce phénomène, il avait déjà vu Raven avoir ce genre de réaction. Usuellement, cela signifiait qu’elle avait eu une vision de l’avenir. Avant même qu’il n’ait pu lui demander ce dont il s’agissait, avant même qu’il n’ait même pu s’en inquiéter, la réaction de Raven avait été immédiate, s’éloignant de lui autant qu’elle le put.
 
Le Jeune Prodige avait alors ressenti un mélange de confusion et d’impuissance. Il voyait que son amie souffrait, mais il n’arrivait pas à savoir comment l’aider. Quant à la réaction qu’elle avait eu en ressortant de sa transe, il ignorait complètement comment y répondre. Bien qu’une voix en lui le poussait à interroger immédiatement Rachel sur ce qu’elle avait vu, il avait affecté de ne pas l’avoir remarqué, se jurant cependant qu’il reviendrait sur le sujet lorsqu’elle aurait un peu récupéré.
 
Il avait également perçu les pleurs de son amie lorsqu’il l’avait laissé seul avec Titus. Bien qu’il ait jeté un coup d’œil par l’entrebâillement de la porte, il avait jugé préférable de la laisser se libérer émotionnellement ainsi. Pour sa part, il savait qu’il préférait avoir ce genre de moment de faiblesse loin des yeux des gens qui comptaient pour lui… peut-être n’était-ce pas le cas de Raven, mais c’était la première fois qu’elle semblait s’autoriser à laisser son deuil s’exprimer ouvertement. Il espérait seulement ne pas faire empirer les choses.
 
Lorsqu’il était revenu dans la salle de bain pour mettre fin à la douche et donner l’occasion à Raven de se sécher avant de la soigner… il fut aussi étonné que Titus de voir le comportement de l’ancienne Titan. Après avoir échangé un regard avec son compagnon canin, visiblement aussi confus que lui, il avait laissé faire… quelque peu amusé il fallait dire. Aux yeux du jeune homme, le simple fait que Rachel passe de l’apathie à une forme d’activité. Il s’était contenté de caresser le dos du grand Danois pour le rassurer sur la situation avant d’aller s’occuper de la demi-démone.
 
Il était occupé à vérifier l’une des entailles sur l’avant-bras de Rachel lorsqu’elle le surprit en réagissant soudainement à ce qu’il venait de dire. C’était la première fois qu’elle semblait réagir à ses paroles qui, jusqu’à présent, n’avaient pas semblé avoir d’autres effets que la plonger davantage dans le chagrin. Elle l’agrippa, le suppliant de ne pas contacter qui que ce soit d’autre. Le Jeune Prodige lut distinctement une véritable lueur d’angoisse dans ses yeux à cette perspective.
 
« Soit. Si c’est ce que tu préfères, on gardera cela entre nous. Cependant, je ne peux pa… » répondit Damian doucement avant de s’interrompre en constatant que le regard de son interlocutrice s’était porté sur autre chose. Sur l’insigne en forme de R se trouvant sur son uniforme.
 
Puis, pour la première fois depuis qu’il est rentré dans la salle, elle prononce son nom. Le jeune homme ne peut s’empêcher de tourner la tête pour lancer un regard inquisiteur en direction de la salle principale, craignant sans doute que quelqu’un d’autre n’entende son véritable nom. Mais il ne la rattrape pas, ne lui faisant pas remarquer qu’elle est censée l’appeler Robin lorsqu’il porte ce costume. Elle continue à lui parler, d’une voix brisée, lui exprimant des sortes d’excuses… avant d’à nouveau avoir un mouvement de recul déconcertant. Le Fils du Batman observa un instant son ancienne coéquipière, d’une mine visiblement inquiète. Il ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi Raven semble avoir comme une réaction de crainte le concernant.
 
« Désolée pour quoi, au juste ? » répondit-il d’un ton qui se voulait détaché « D’avoir été une amie qui a tant et tant sacrifié pour les autres que cela t’a mené au point de rupture ? D’avoir souffert si longtemps avant que nous ne comprenions comment te venir en aide ?... » sa main se posa sur son bras gauche. « D’avoir eu à payer le prix pour réparer ma propre négligence ? » acheva-t-il, d’une voix presque peiné.
 
Sans l’intervention de Raven, peut-être que le Jeune Prodige serait à présent manchot. Durant l’opération pour secourir la demi-démone, l’Héritier du Démon avait subit plusieurs blessures, dont certaines extrêmement graves, de la main des frères démons de Raven. Elle l’avait soigné, lui et les autres, mais en offrant une part de sa propre vie en échange. Si Rachel regardait les yeux du jeune homme à ce moment-là, elle pourrait voir quelques traces de remords dans son regard, quelque chose que, en temps normal, Damian se garderait bien de montrer, mais qui lui échappèrent l’espace d’un instant. Il s’en voulait de s’être laissé avoir aussi stupidement, il s’en voulait d’avoir mis tant de temps à comprendre les raisons de la souffrance de son amie… et il s’en voulait surtout d’avoir envisagé de l’éliminer. La vérité, c’était que lorsqu’il s’était ouvert à Raven, lorsqu’il s’était exposé dans l’espoir de réveiller se part humaine… il ne l’avait fait que parce qu’il était à court d’options. Une part de lui avait le sentiment d’avoir failli, de ne pas avoir été à la hauteur.
 
Ignorant l’apparent rejet que Raven avait eut à son égard depuis qu’elle avait eu sa vision, les mains de Damian se tendirent, attrapant son interlocutrice par les bras avant de se relever… et de précautionneusement invité Raven à en faire de même. Il savait son amie affaiblie. Il était prêt à la rattraper si l’effort demandé était trop grand. Mais ils étaient déjà parvenus à faire sortir Rachel de l’état de torpeur dans lequel son deuil l’avait plongée. Même si Raven était encore loin de la sortie du tunnel, ces progrès étaient encourageants… et le Fils du Batman voulait les mener un pas plus loin.
 
« Je te promets que je ne parlerai à personne de ton retour avant que tu ne sois prête. Mais j’y pose une seule condition, Cambion. Prouve-moi que tu es prête à te battre pour nous revenir. » la défia-t-il. « Montre-moi que tu es encore capable de lutter avec la force d’âme que je te connais. » Lui commanda-t-il avec assurance en commençant à la tirer doucement vers le haut pour lui donner l’impulsion. « Ne le laisse pas gagner après tout ce qu’il t’a fait. » finit-il par murmurer à voix basse… bien que juste assez fort pour qu’elle puisse l’entendre si elle l’écoutait.
 
Qui était ce « il » ? Le géniteur de son amie bien sûr, Trigon. L’entité qui était derrière la plupart des malheurs qu’avait connu Rachel. Le monstre qui n’attendait qu’un instant de faiblesse de la part de sa fille pour exercer son influence sur son esprit et la pousser à le servir. L’être qui avait indirectement provoqué la disparition de Sideways. Damian espérait, en disant cela, provoquer un sursaut chez son amie sans évoquer directement les évènements qui l’avaient mise dans cet état.
 
En définitive, peu importait qu’elle y parvienne ou non. Il espérait que, même s’il devrait continuer à la soutenir, Rachel serait en mesure de se déplacer par elle-même. Dans le cas contraire… bien qu’il serait déçu, il n’aurait aucun calme à de nouveau la soulever du sol pour la transporter à travers la pièce jusqu’à la table de la cuisine. Dans un cas comme dans l’autre, il la ferait arriver jusque-là.
 
« J’ai fait bouillir de l’eau pour te faire du thé. Ça ne compensera pas les carences alimentaires que tu as accumulé, mais ça ne pourra pas te faire de mal. » déclara-t-il lorsqu’ils furent arrivés.
 
Damian délaissa Raven un instant pour commencer l’infusion. Dans le choix qui s’offrait à lui, il choisit une tisane qui permettrait peut-être de faciliter le sommeil de son amie, une autre chose dont elle semblait avoir cruellement besoin pour récupérer ses forces. Mais si le jeune homme avait une vague idée de la manière d’aider Rachel à récupérer physiquement… il restait le problème des blessures psychiques. Et pour cela, il n’avait pas réellement de plan. En tant qu’héritier de la Ligue, on lui avait appris à ôter une vie, mais on lui avait aussi appris à soigner. Par contre, ni auprès de ses maitres des Ombres, ni auprès de son père, Damian n’avait appris comment soulager les poids de l’âme, et c’était un savoir qui lui faisait cruellement défaut en ce moment.
 
Après avoir mis le thé à infuser, Damian s’attarda un peu auprès de Titus, lui offrant une friandise pour le féliciter de son comportement et ensuite longuement lui caresser le cou. La présence de Titus le rassurait un peu aussi… sa présence semblait avoir eu un effet positif sur l’état de Raven. Peut-être plus efficace que tout ce qu’il aurait pu dire. Mais il restait encore du travail, la route pour que la demi-démone se reconstruise serait encore longue et ne se ferait pas en un jour, de cela, Damian en avait conscience. Mais peut-être… peut-être pouvait-il réussir à donner l’impulsion initiale pour que son amie puisse y progresser, même sans qu’il n’ait à la soutenir.
 
Quand le thé fut prêt, Damian l’apporta à Raven ainsi qu’une tasse (dont il dut un peu fouiller pour trouver l’endroit où elles étaient rangées). Il n’apporta qu’une seule tasse, préférant laisser un peu d’espace à son amie, pour éviter de l’étouffer en restant en permanence sur son dos. Lors de ses périodes de convalescence, peu de choses insupportait davantage le Fils du Batman que d’avoir en permanence une personne à son chevet, ne lui laissant aucun moment de paix. Alfred lui avait alors expliqué que c’était la raison pour laquelle, même quand il devait veiller sur un blessé, il continuait à vaquer à ses corvées quotidiennes, pour ne pas donner au patient l’impression de l’accaparer.
 
Le jeune homme s’installa alors contre le comptoir de la cuisine et observa Raven à distance. Toujours emmitouflée dans sa cape, les vêtements et le visage encore trempés par la douche qu’elle venait de prendre. S’il n’y prenait pas garde, elle allait attraper la crève. Damian détourna son attention un instant en recevant un message du majordome, ce dernier répondant à l’un de ses précédents messages. Une fois qu’il eut fait cela, il prit la parole.
 
« Tu te sens la force de m’en parler, maintenant ? » lui posa-t-il comme unique question.
 
De quoi parlait-il ? Le jeune héros était resté délibérément dans le vague, voulant laisser à son interlocutrice le soin de décider le sujet qui lui tiendrait le plus à cœur. Ce qui s’était passé au manoir d’ébène. La disparition de Sideways. La vision qu’elle venait d’avoir et qui semblait le concerner. N’importe quoi, pourvu qu’elle s’ouvre. Et si elle ne se sentait pas prête… il attendrait un autre moment pour revenir à la charge.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Mar 30 Avr 2024 - 0:34

Aussi étrange que cela puisse paraître, Rachel n'éprouve aucun soulagement quand Damian lui confirme que cela restera entre eux. Pas même un petit peu... Pour une raison toute simple cependant.
Si vous voulez qu'un secret soit préservé. Si vous avez besoin de vous confier à quelqu'un sous le sceau d'une omerta absolue, Damian est l'interlocuteur parfait pour cela. Du moment que vos confidences ne vous mettent pas en danger, et encore moins les autres. Du moins, selon ses propres critères personnels.
Est-ce sans doute la raison du bémol qu'il s'apprête à ajouter, avant que Rachel ne l'interrompe par des excuses aussi pitoyables qu'appesanties.

- Ne fais pas ça. Lâche t'elle a demi-mots, tandis que ses lèvres se pincent pour toute ponctuation.

Mais toute tentative semble inutile car il poursuit. Et il poursuit comme elle s'y attendait, hélas.
Damian a changé. Il a beaucoup évolué ces dernières années, et ces derniers mois également. Il est finalement en perpétuelle évolution et, pour l'instant, c'est toujours dans la bonne direction.
Mais ce n'est pas pour autant que cette évolution l'a drastiquement changé. Il reste Damian, avec son caractère ombrageux, ses coups de colères froides ou enflammées, son verbe qui peut être aussi acide que tranché.
Et Damian n'est pas du genre complaisant. Il ne dira pas ce que l'autre veut entendre sous prétexte de l'apaiser. Il dira ce qu'il pense, il dira ce qui est.

Et c'est bien ce qui dérange le plus Rachel dans sa tirade.
Il lui trouve toutes les excuses du monde. A ses yeux, la jeune fille a de multiples raisons d'avoir fait ce qu'elle a fait, d'avoir dit ce qu'elle a dit, d'avoir blessé comme elle a blessé. Il va même jusqu'à sous entendre que sa blessure au bras est du fait de sa propre négligence... ce qui provoque un rictus de dépit bien perceptible sur les traits de son amie.

Or, pour Rachel, d'excuse... elle n'en a pas la moindre. Tout ceci... n'aurait jamais du se produire.

Dans un sens, une chose qui se reflète au fond de ses mots n'est pas tout à fait fausse. Le point de rupture, ce qui a provoqué cette improbable déchéance, trouve sa source en Atlantis. Ce jour maudit entre tous, ce magicien maudit entre tous.
Les poings de Rachel se serrent en repensant à ce qu'il s'est passé ce jour là.

Comme toujours, Damian ne demande pas la permission. Comme si cela était inutile.
Il la maintient par les épaules et la relève, l'entraînant vers le salon. En temps normal, Rachel se serait laissé faire avec plus ou moins de bonne volonté, mais ça s'en serait arrêté là. Mais aujourd'hui... depuis la vision qui l'avait percutée au pire moment, elle était extrêmement tendue à ses côtés. Elle le laissa faire, elle suivit d'un pas chancelant jusqu'au canapé, mais tout son être semblait aspirer à mettre le plus de distance possible entre eux.

Lorsqu'il reprend la parole d'une voix sombre, une voix qui la défie de se ressaisir, de reprendre le dessus, ou du moins d'essayer... les fins muscles qui parcourent le front de la demi-démone se contractent.

- Pour quoi faire.

Ses mots tombent aussi abruptement qu'une pierre à plat sur le bitume.
Se battre... pour leur revenir. Pour quoi faire. Pour les blesser, encore ? Pour les mettre en danger, encore ? Pour les faire... disparaitre... encore.

- Pour une fois, ça n'a rien à voir avec Trigon.

Elle relâche ces quelques mots dans un soupir.
Trigon n'a rien arrangé, cela est une certitude. Mais... elle lui a ouvert la porte. Et c'est bien là tout le problème qui s'est posé ce jour. Ce qui a engendré des conséquences désastreuses pour tous ceux qui se sont présentés au manoir de la damnation... ce jour là.

Si elle avait pensé un instant qu'il la ramenait vers le canapé, il en fut en définitive tout autre lorsque Damian bifurqua vers la petite cuisine. Rachel suivit sans ajouter un mot de plus. Comme une petite fille punie par ses parents, la tête basse et les pieds traînants.
Titus les attendait près de la table, l'arrière train rivé au sol alors que sa queue battait la mesure imaginaire de la gentillesse qui caractérise tous les chiens de cette planète. La langue pendante avec ce faciès désarmant de bienveillance et d'encouragement, Rachel flatta brièvement sa tête lorsqu'elle passa près de lui mais ne lui adressa pas un regard.

Rachel s'assit sur une chaise de bois pâle et replia ses genoux contre sa poitrine alors que ses talons se posaient au bord de l'assise. C'était la seule position qu'elle pouvait adopter depuis des jours. Comme si... comme si le fait de se tenir droite et fière, de relever la tête, ne lui était plus permis.

Elle répondit à Damian dans un hochement de tête distrait et son regard se plongea dans les légères volutes de fumée blanchâtre qui s'élevaient de la tisane fumante déposée devant elle.
Sans surprise, elle n'y toucha pas, se contentant de se plonger dans cette silencieuse contemplation, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.

Ses paupières se froissèrent un bref instant. Elle sembla hésiter, gardant le silence de longues minutes après que son ami aie proposé de l'écouter si elle en avait besoin. Il avait envie de comprendre, mais peut-être plus que cela, il en avait besoin. Par empathie à son égard, mais aussi parce que Damian est un stratège né qui souffre de ne pas avoir toutes les informations, de ne pas comprendre tous les tenants et aboutissants d'une situation qui lui échappe en partie.

- Madame Xanadu est venue me chercher il y a quelques jours. Une perturbation imprégnait le monde magique et elle était assez puissante pour alerter n'importe quel sorcier. La source de cette perturbation se trouvait en Atlantis. C'est là que nous sommes donc allées. Et lorsque nous sommes parvenues à destination... il y avait déjà du monde sur place, et ils étaient en mauvaise posture.

Rachel fit une pause tandis que son regard ne délaissait la tasse à aucun moment, comme si c'était la chose essentielle à regarder, une ancre à fixer désespérément. Un éclat de mauvais augure passa dans ses prunelles, alors que les scènes se succédaient dans sa mémoire sans qu'elle ne puisse les empêcher.

- Le commanditaire de tout cela était Merlin. Oui... "le" Merlin. Il était entré dans la tête de tous ceux qui étaient venus protéger Atlantis. Superman... Green Lantern... une femme que je ne connaissais pas... Power Girl... Ray... ils étaient aux prises avec des cauchemars qui les emprisonnaient dans leur propre esprit.
Madame Xanadu devait maintenir la connexion et la stabilité magique déjà bien mal en point des lieux... alors j'ai pénétré dans la tête de Superman. J'y ai vu son cauchemar, son cauchemar personnel. Je l'ai vu se débattre avec ses démons, avec ses douleurs, avec ses chagrins, avec ses angoisses...


La gorge de Rachel se serre tandis que les mots peinent de plus en plus à se frayer un chemin. Elle n'a toujours pas touché à la tisane.
Car lorsque Rachel "voit", elle perçoit en définitive bien d'avantage qu'elle n'assiste en simple spectatrice. La douleur de l'autre devient la sienne. Est-ce la malédiction des empathiques.

- Il est parvenu à sortir de sa léthargie. Mais ça ne suffisait pas. Ce n'était pas... assez. Il nous fallait Green Lantern. Il fallait qu'il se sorte du sort de Merlin. Aucun des héros présents n'avait de capacité magique en dehors de Madame Xanadu et de moi. Il s'en serait peut-être sortis seuls, avec du temps... mais pas sans gros dommages. Et l'esprit est mon domaine, alors... j'ai fait ce que j'ai pu pour l'aider. Mais...

...la souffrance.
...le chagrin.
La Douleur.
La Douleur Partout. Omniprésente.

- ...je ne sais pas exactement ce que Merlin a fait. Il a lié les âmes ou les esprits, les émotions peut-être... Je ne sais pas. Tout ce que je sais... c'est qu'Atlantis est devenu le réceptacle géant des émotions de centaines, peut-être de milliers d'âmes différentes. Et elles étaient toutes en grande souffrance.

Inutile qu'elle développe plus avant l'effet dévastateur que ce genre de maelstrom émotionnel peut avoir sur elle. Damian fait sans conteste partie des quelques êtres sur cette terre à le savoir mieux que quiconque.

- Je n'avais pas le choix. Ou peut-être que si. Je ne sais pas, je ne sais plus.

Elle enfonce sa tête dans ses épaules.

- Toutes les instabilités magiques des jours qui ont suivi et actuels viennent de là. De ce jour précis. Je ne sais pas ce qu'il a fait exactement, mais il a mis le monde magique sans dessus dessous. Je devais aider Green Lantern. Nous avions besoin de lui. Alors... j'ai fait taire mes émotions.

Parce que je ne pouvais plus supporter toute cette souffrance... n'ajouta t'elle pas.

Là non plus, nul besoin de compléter la suite de l'histoire pour que Damian saisisse ce qu'une telle chose représente. Il y avait assisté autrefois... une fois, peut-être deux... il y a fort longtemps.
A cette époque, quand cela était arrivé, Rachel était entourée et la situation n'était pas ce qu'elle était à Atlantis. Ils avaient pu intervenir sur l'instant et la ramener immédiatement.
Mais sous l'eau... aux prises avec un sorcier aussi légendaire que Merlin, personne n'avait rien pu faire. Personne n'en avait même eu l'occasion. La priorité était Merlin et il n'y avait pas à tergiverser sur ce sujet.

- J'ai arboré ma forme démoniaque très vite, et certains de mes frères ne se sont pas fait attendre. J'ai quitté les lieux avec eux et... je les ai abandonnés. Je les ai tous... abandonnés... avec Merlin.

Les pouvoirs bridés de Nimue ne lui ont sans doute pas permis d'intervenir comme elle l'aurait pu du temps où elle était l'une des plus grandes magiciennes des dimensions. Rachel était la seule sorcière qui aurait pu entraver Merlin. Oh elle ne l'aurait pas vaincu, elle n'avait pas le niveau pour s'attaquer à un adversaire de cette trempe. Mais elle aurait pu les aider, leur faire gagner du temps, elle aurait pu leur offrir une autre issue... peut-être.
Mais au lieu de cela...

- Je les ai abandonnés pour construire cette dimension en plein Métropolis. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai fait...

Les intentions qui parsèment le chemin entre Atlantis et le moment où ses compagnons se sont présentés au manoir sont assez floues dans sa mémoire, pour ne pas dire parfaitement lacunaires.

Tout cela l'éprouve. Parce qu'elle n'a plus autant parlé depuis des jours. Parce que ses souvenirs sont pénibles, sont douloureux. Et pourtant... ils ne sont pas l'épicentre de sa douleur actuelle, bien qu'ils y contribuent très nettement. Il s'agit bien de Lui... Lui qu'elle a abandonné. Elle ne pourra jamais se le pardonner. Jamais.

La tisane est froide.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Mer 15 Mai 2024 - 22:00

Un silence avait accueillit sa question. Un silence pesant résumant peut-être à lui seul ce qu'avaient été leurs interactions depuis qu'il avait pénétré en ces lieux. Lui qui tentait d'atteindre son amie, de la faire réagir parfois sans prendre de gants, et elle prisonnière de sa culpabilité, des souvenirs de cette journée… persuadée d'avoir perdu le droit à toute considération.
 
Alors qu'il observait son amie, Damian restait interdit concernant cette situation. Plus que cela, il était même inquiet bien que prenant garde de ne pas le montrer. Même ses défenses mentales étaient élevées en cet instant, espérant peut-être naïvement que cela permettrait d'éviter que Raven ne se ressente. La dernière chose dont elle avait besoin, c'était de ressentir encore davantage d'émotion négative. Mais cela restait un fait, le jeune homme était sincèrement inquiet pour son amie. Et il ignorait quoi faire pour l'aider. Il se sentait impuissant et détestait cela.
 
On lui avait apprit à observer ses cibles, déceler leurs faiblesses, analyser son environnement et tirer parti de tout les avantages à sa disposition pour atteindre ses objectifs. Seulement, dans ce cas précis, son objectif semblait hors de sa portée. Ces méthodes impliquaient davantage de vaincre un adversaire que de venir en aide à un amis en détresse émotionnelle. Et pourtant, c'est tout ce qu'il avait dans son arsenal. Et c'est donc ce qu'il avait fait, observer et analyser… comprendre la situation pour en tirer le meilleur plan d'action.
 
Sa main se posa doucement sur la tête de Titus lorsque celui-ci avait émit un gémissement plaintif face à l'attitude de Rachel. Visiblement, le Fils du Batman n'était pas le seul à se sentir impuissant. L'imposant canidé resta un instant immobile, regardant tour à tour son maitre et la maitresse des lieux avant de décider de tenter une nouvelle fois d'attirer l'attention de Raven en s'approchant doucement d'elle.  De son côté, l'Héritier du Démon s'occupa en continuant de ranger ci-et-là ce qu'il pouvait. L'appartement était dans un état désastreux, et cela n'aiderait en rien son amie à se rétablir si elle devait vivre dans une porcherie. Il ramassait ce qui trainait pour essayer de les ranger là où il devinait être leur place, il jetait ce qui devait visiblement l'être, il inspectait les espaces de rangements à la recherches d'éléments qui pourraient l'aider bien que, pour l'instant, il évitait de se servir sans autorisation.
 
Mais surtout, il gardait son amie à l'œil, guettant d'éventuels signes d'amélioration, réunissant les informations qu'il parvenait à déceler. L'attitude générale de son amie était abattue, replier sur elle-même jusque dans la manière dont elle était assise sur la chaise, bien loin de l'attitude volontaire et fière qu'elle pouvait démontrer en temps normale lorsqu'elle décidait de s'investir dans quelque chose : c'était signes non seulement de détresse mais aussi de honte. C'était le premier élément qu'il avait relevé.

Le seconde, plus inquiétant, était son apparent refuse de subvenir à ses besoins primaires. Cela faisait 10 jours que la demi-démone était partie à la recherche de Sideways. Et pour ce qu'il pouvait constater, il y avait fort à parier qu'elle ne s'était ni nourrie, ni reposée pendant toute cette période. Elle semblait affaiblie, physiquement et mentalement.
 
Rachel n'avait toujours pas touché à la tasse de thé que le Fils du Batman lui avait servit. Pourtant, le jeune homme se souvenait parfaitement que son amie avait parfois tendance à se tourner vers ce genre de breuvage pour se détendre, pour éloigner les sombres pensée en se laissant envahir par les arômes qui en était dégagée. Il le savait parce qu'il leur était déjà arrivé de partager ce genre de moment lorsqu'il était chez les Titans. La consommation de thé avait toujours fait partie de l'éducation de l'Héritier du Démon, les vertus de ce genre de boisson étant indéniables et multiples et l'aspect culturel assez fort. Sa mère et son grand-père l'y avait initié aussi bien aux différentes saveurs qu'il pouvait trouver qu'au cérémonial pouvant l'entourant. Certains de ses précepteurs, tels que Dame Shiva avaient également partager leurs propre savoir à ce sujet. A Gotham, Damian avait découvert que sa famille était davantage café que thés, mais il avait trouvé chez Pennyworth une personne avec qui partager ce genre de moment… et il en fût de même chez les Titans avec la demi-démone. Le fait que cette dernière ne semble pas même daigner s'intéresser à un thé pouvait démontré qu'elle ne désirait même pas sortir de son état.  Ce qui était inquiétant à plus d'un titre, car même avec sa physiologie à moitié démoniaque, Raven avait besoin de se nourrir comme tout un chacun.
 
Au moins, elle lui adressait la parole. Il s'agissait là déjà d'un progrès par rapport à l'état où il l'avait trouvé en entrant dans son appartement, lorsqu'il l'avait trouvé prostrée sur son canapé. Malheureusement, si ce développement l'avait poussé à essayer de la pousser davantage, à espérer qu'elle était sur la voie se reprendre en main… ses efforts subséquents s'étaient révélé vain. La Raven qui lui faisait face, à sa grande déception, était bien loin de celle qui avait été sa sœur d'arme et son amie. Celle-ci ne semblait plus avoir la force, ni la volonté de poursuivre le combat. Pourtant, elle n'était pas complètement amorphe.
 
Le Jeune Prodige n'avait pût s'empêcher de remarquer que son interlocutrice semblait également éprouver une sorte de rejet à son égard, un rejet physique même, et ce depuis qu'elle avait eût cette vision. Son langage corporel ne mentait pas sur ce point, elle ne semblait qu'aspirer s'éloigner de lui autant que possible… ironiquement, elle n'en avait pas la force. Damian n'était pas certain d'en comprendre la cause, il ne l'avait jamais vu comme cela auparavant… si amoindrie, si renfermée ou si malheureuse. Une part de lui se demandait s'il ne ferait pas mieux d'écourter sa présence en ces lieux, pour qu'elle n'ait pas à subir cette épreuve supplémentaire. Mais il se refusait tout simplement de l'abandonner dans cet état... surtout à présent qu'il avait donné sa parole de ne pas révéler son retour.
 
Alors qu'il était occupé à renouveler le stock de graines dans ce qui semblait servir de mangeoire à Zbruh, il entendit la voix de la demi-démone s'adresser à lui. La prise de parole de Rachel surprit presque le Jeune Prodige, l'arrachant brusquement à son analyse. Il ne s'était pas réellement attendu à ce que son amie ne saisisse la perche qu'il lui avait tendue. Terminant consciencieusement ce qu'il était occupé à faire, il ramena son attention vers son amie, écoutant ce qu'elle avait décidé de lui raconter. Elle lui révéla les évènements qui s'étaient déroulés à Atlantis, l'origine de l'entropie dans laquelle la magie était plongée depuis quelques semaines maintenant. Le regard de Damian se fît plus insistant, signe qu'elle avait indubitablement capté son attention.
 
Ainsi, Merlin, LE Merlin, était le responsable de tout cela. Cette information était incontestablement troublante. L'enchanteur des légendes avait toujours été une figure trouble, suivant ses propres desseins et n'hésitant pas à manipuler quiconque pourrait l'aider à atteindre ses objectifs. Mais en générale, le mage était plutôt un allié de l'humanité et ne cherchait pas à lui nuire activement. C'était néanmoins ce qu'il savait du personnage, ne l'ayant jamais rencontré et n'étant jusque-là même pas certain qu'il soit en vie. Mais s'il était à l'origine des mêmes perturbations magiques qui avait fait perdre à Zatanna le contrôle de ses sorts, il s'agissait là d'un développement des plus inquiétant… car pour quel raison le plus puissant mages de l'histoire humaine pouvait vouloir voir les royaumes de la magie sombrer dans le chaos ? Il allait devoir en parler Zatanna dès qu'il en aurait l'occasion.
 
Merlin n'était d'ailleurs pas le seul présent sur place, Superman l'avait été également, de même que la mystérieuse madame Xanadu et bien d'autres héros. Quoi qu'il se soit déroulé là-bas, la crise avait été assez importante pour provoquer le déplacement de nombres des plus grands protecteurs de ce monde… et pourtant, ça semblait avoir été insuffisant. Silencieusement, le Fils du Batman vint prendre une chaise pour s'asseoir à son tour à la table. Il reportait toute son attention au récit de Raven, notant chaque élément semblant important, l'encourageant silencieusement à continuer. Car, en cet instant, ce n'était pas tant le récit qui l'importait que le fait que Rachel sembla trouver l'énergie pour se confier qui lui importait.
 
Le brillant esprit du Jeune Prodige commença néanmoins à échafauder toute une série d'hypothèses et de scénarios d'écoulant directement des données qu'il découvrait. Pour être honnête, il n'était complètement certain de comprendre tout les retournements et implications de la situation que Rachel lui décrivait, ses connaissances concernant la magie restant encore très théorique, mais cela lui suffisait pour se faire une image relativement précise des circonstances ayant mené au drame. Car s'il était une chose que Damian saisissait, c'était ce qu'avait vécut Raven. Il l'avait suffisamment côtoyé et, surtout, s'était suffisamment battu à ses côtés pour comprendre l'épreuve que cela avait dût représenter pour l'empathe. Les peurs de toutes les personnes présentes, le maëlstrom d'émotions des âmes convoqué par l'Enchanteur… il avait déjà vu Raven se faire submergé par ce genre de phénomène. Mais usuellement, elle avait toujours pût compter sur les Titans pour lui venir en aide, pour l'aider à reprendre le contrôle.

Cela confirmait aussi ce qu'il avait crû comprendre lorsqu'il était au manoir. Il se souvenait parfaitement de l'avoir entendu jeter à la figure du Boy-Scout qu'elle avait dû faire taire ses émotions pour lui. Elle s'était donc probablement sacrifiée pour aider les héros présent à se libérer du piège de Merlin, mais en n'en subissant les conséquences… et celles-ci avaient dût être effroyable pour qu'elle perde le contrôle ainsi. Pour qu'elle abandonne toutes les personnes derrière sans se retourner et devienne à ce point vulnérable à sa part sombre. Car Raven était loin d'être une personne faible d'esprit ou de volonté, toute sa vie elle avait apprise à se contrôler, à discipliner son être pour tenir en respect ses facettes les plus sombres.
 
"Cela a réellement dû être éprouvant pour que tu ne sois même pas en mesure d'appeler les autres Titans. Ils… on t'aurait aidé sans hésiter un instant." Répondit-il d'un ton calme.

Les Titans, l'équipe de jeunes héros dont ils avaient été tout deux membres. Raven en tout cas en avait été une membre permanente depuis des années maintenant, ceux-ci étaient devenu la famille qu'elle avait toujours recherché. Pour sa part, le Fils du Batman en était davantage un membre ponctuel. Il avait intégré l'équipe à la demande de Dick… et dire que les débuts avaient été compliqué aurait été un euphémisme. Le caractère de Damian, et la susceptibilité voire la méfiance de certains de ses coéquipiers, avaient donné leur lot de disputes. Bien qu'à terme, l'Héritier du Démon soit parvenu à entretenir une relation au moins professionnel avec la plupart d'entres eux, voire nouer quelques amitiés, il avait fini par quitter l'équipe car il ne s'était jamais réellement sentit à sa place parmi eux. Cela ne l'avait cependant jamais empêcher de retourner aider équipe à l'occasion. Et s'il y avait une chose qu'il avait apprit là bas, c'est que les Titans s'entraidaient toujours.
 
Damian faisait de son mieux pour se montrer rassurant… mais ce n'était définitivement pas sa spécialité. Même s'il s'était grandement amélioré dans le domaine des interactions sociales, il conservait de nombreuses lacunes. Après tout, son éducation le portait davantage à intimider ses interlocuteurs qu'à les réconforter, à imposer son autorité plutôt que supporter les doutes de ses compagnons. Mais, en ce moment, il essayait. Du mieux qu'il le pouvait.

Il dissimulait ses propres inquiétudes, forçant son corps à adopter une posture plus apaisée que ce que son esprit l'était. Il détendait ses muscles pour ne pas paraitre en permanence sur ses gardes, imposait à ses battements cardiaques de ralentir… tout cela nécessitant une capacité de contrôle extrême de sa part pour ne pas montrer son trouble face à ce qu'il entendait et percevait. Néanmoins, même si une part de lui envisageait d'initié un contact physique avec son amie, pour lui montrer son soutien, l'espèce de distance qu'elle semblait désirer conservé le forçait à s'en abstenir.
 
" Au moins, maintenant nous connaissons l'origine de tout cela." Souffla-t-il, peut-être davantage pour lui-même que pour son amie.
 
Il resta un instant silencieux, ruminant ce qu'il venait d'apprendre. Trigon n'était donc pas à l'origine de tout cela. Cependant… la présence des frères de Raven sur les lieux aussi rapidement après que la demi-démone ait succombé laissait penser au Jeune Prodige que le géniteur de son amie avait peut-être saisit l'opportunité au vol. Après tout, il avait cru comprendre que les frères de Raven avaient, depuis le début, fait en sorte d'accomplir la volonté du Dieu-Démon.
 
" J'ai bien une ou deux explications pour le manoir, si ça peut t'aider." Finit-il par ajouter. "Si j'ai bien compris, tes frères ont été présent dès l'instant où tu t'es transformé, ou peu s'en faut, probablement pour te surveiller et te "guider". Ensuite, après que tu aies créé ta dimension, tu as fait apparaitre ton manoir en plein cœur de Métropolis, là où ça ne pouvait qu'attirer l'attention. Je ne pense pas que cela ait été un hasard donc ça nous laisse deux possibilité. Soit il s'agissait d'un appel à l'aide dissimulé… soit il s'agissait d'un piège. À voir si c'était à l'encontre de tout ceux qui te sont proches, ou pour une personne en particulier…" Le jeune homme préféra s'interrompre.
 
Intérieurement, l'Héritier du Démon pesta à l'encontre de lui-même. Il n'avait pas pu s'empêcher de ramener la discussion cela à un plan plus pragmatique. Alors que ce n'était certainement pas le moment exposer à Raven les potentiels intrigues qui avait pût mener au désastre dont elle essayait de se remettre. Déjà que la forcer à revivre tout cela devait être difficile mais en plus, lui rappeler la perte de Sideways risquait d'encore empirer la situation. Le jeune al-Ghul ne connaissait pas les détails de la relation entre le Cambion et l'autre passe-muraille (dimensionnelle), mais il était évident que sa disparition et son incapacité à le retrouver l'avait dévasté.
 
" Regarde-moi, Rachel." Commanda-t-il soudainement, et pourtant sans élever le ton de sa voix.
 
Damian fixait à présent son regard droit dans celui de Raven. Ses yeux émeraudes semblant comme briller d'un feu intérieur. Il cherchait visiblement à établir un lien avec son amie, à la forcer à l'écouter plutôt qu'à s'apitoyer sur son sort.
 
" Je sais qu'en ce moment, tout ce que tu penses vouloir, c'est que je t'abandonne. Que tu penses que ta simple existence ne peut apporter que davantage de souffrances à ceux qui te sont proches. Mais crois-en l'expérience de quelqu'un dont la famille est passée maitre dans l'auto-flagellation mental. Ça ne sert à rien de vouloir à tout prix repousser ceux qui tiennent à toi, car ils refuseront de te laisser comme ça. "
 
Damian le savait d'expérience. Même lui qui était d'un naturel plutôt solitaire et renfermé savait parfaitement que ni sa famille, ni ses amis ne l'abandonneraient s'il était au fond du gouffre. Et que Rachel serait probablement parmi ceux qui tenterait avec le plus d'énergie de l'en tirer.
 
" Je veux te venir en aide, Rachel. Comme le voudrait aussi les autres s'ils savaient que tu étais de retour. " Continua-t-il avant de glisser la main vers le symbole de Robin sur sa poitrine. "Et même si tu ne penses pas mériter ce soutien, je t'ai déjà dit ce que représentait le "R" sur ma poitrine à mes yeux. Il représente la rédemption, la preuve que, qu'importe à quel point nous pensons avoir faillit, il y a toujours moyens de se racheter si on est prêt à essayer."
 
Il avait déjà raconté cette histoire à son interlocutrice, le jours du premier cours de sorcellerie à la JLAcademy, juste après qu'elle ait partagé avec lui une vision de son propre avenir qu'elle avait eut. Une vision qui avait semblé bien prête de s'accomplir dans ce manoir à Métropolis. C'était l'histoire de sa rencontre avec Maya, "Nobody", la fille d'un assassin qu'il avait lui-même tuer pour protéger sa famille et qui avait juré de le tuer à son tour. Mais en l'ayant observer, elle avait vu que Damian était une personne qui faisait de son mieux pour atténuer ses crimes passés et elle lui avait pardonné, lui expliquant que le R de Robin pouvait aussi être celui de Rédemption. À présent, le Jeune Prodige rappelait cette histoire à son amie, espérant qu'elle puisse trouver la force en son cœur de se pardonner à elle-même.
 
" Je suis prêt à t'aider parce que, à mes yeux, tu as toujours été l'une de nos meilleurs et plus valeureuse défenseuse. Parce qu'alors même que ta nature pourrait te pousser sur un chemin plus sombre, tu as toujours fait le choix de te battre pour les autres." exposa-t-il avec une pointe de douceur dans sa voix et en tendant finalement une mains vers elle. "Et aussi parce que, comme je te l'ai dis, tu es mon amie. Et que je sais que si les rôles étaient inversées, jamais tu n'accepterais de m'abandonner dans un tel état de vulnérabilité."
 
Vulnérabilité, oui. Tel était le terme qui venait à l'esprit de Damian depuis qu'il avait pût voir l'état du Cambion. Une vulnérabilité émotionnelle telle qu'il ne faudrait peut-être pas longtemps pour que Trigon ne tente à nouveau d'en profiter pour l'attirer en son pouvoir. C'était une raison additionnelle, bien que plus terre à terre, pour laquelle le Fils du Batman cherchait absolument à ramener Raven à la raison. Car dans le cas contraire, c'était leur existence à tous qui était potentiellement en danger. Un instant, lorsqu'il préparait le thé pour Raven, Damian avait hésité à y ajouter un somnifère pour la forcer à prendre du repos. Mais il y avait renoncer. D'une part, parce que dans l'état d'affaiblissement où elle se trouvait, il aurait été peu indiquer de lui faire ingurgité ce genre de substance. Et d'autre part, Raven ne lui aurait probablement jamais pardonné et elle n'avait pas besoin d'une trahison, même bien intentionné, de sa confiance ne vienne s'ajouter à la liste.
 
" Je sais que je vais t'en demander beaucoup." Finit-il par ajouter d'un ton plus hésitant. "Mais si tu m'a révélé comment tout à commencer, je sais que ce n'est pas tout. Je peux deviner certains éléments qui sont restés non dit, mais il en est d'autres que je ne m'explique toujours pas. Et si… tu n'arrives pas à m'en parler… peut-être est-ce que ça te sera plus facile de me le montrer ? Comme tu l'as fait pour moi à l'Académie ?" proposa-t-il.
 
Il se doutait qu'il jouait avec le feu. Il voulait aider Raven, sincèrement, mais non seulement il ne pouvait rien faire si elle n'avait pas la volonté de s'aider elle-même, mais de plus il n'était pas dans la nature de Damian de simplement laisser le temps passer pour avoir des résultats. Il se doutait que la disparition de Sideways était pour beaucoup dans son état, il soupçonnait l'un ou l'autre éléments en plus. Mais il n'arrivait pas à expliquer la raison pour laquelle Raven semblait à ce point mal à l'aise en sa présence depuis qu'il était arrivé. Mais son plan avait quand même de fort risque d'échouer, bien que même dans ce cas là, peut-être pourrait-il arracher une réaction assez forte pour pousser à Raven à sortir davantage de son apathie ?
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Dim 19 Mai 2024 - 20:50

Il pleut.

Damian n'a pas ouvert les volets, juste entrouvert les fenêtres pour aérer un peu l'appartement et cette entêtante odeur de renfermé qui a pris ses quartiers depuis de nombreux jours. Rachel ne voit donc pas la pluie tomber, mais elle l'entend, ce faible clapotis des gouttes percutant la toiture, le rebord des fenêtres.

Elle est légère durant quelques minutes. Des minutes qui s'écoulent beaucoup plus lentement qu'elles ne le devraient, à l'intérieur de l'espace réduit de la cuisine. Mais pour la pluie le temps s'écoule comme il le doit. Et, bientôt, elle prend de l'ampleur. Plus grosses, plus percutantes, les gouttes qui se mettent à marteler les gouttières de métal en disent long sur le manque d'isolation phonique flagrant de l'appartement.

Et durant tout ce temps, aucun des deux ne dit mot.

La jeune femme devenue jeune fille imagine Damian sous cette pluie battante. Sa cape alourdie par le poids de l'eau, ses mèches sombres plaquées sur son front, son costume de Robin brillant sous les reflets de la pluie.

Tenter de cacher ses émotions à une empathe revient à peu près à cette image. Comme s'il venait de traverser toute la ville sous une pluie battante, puis se présentait à elle tout sourire en lui affirmant qu'il fait beau au dehors et que pas un nuage ne vient obscurcir un ciel d'azur.

Voilà ce que Damian essaie de fait depuis son arrivée. Voilà l'une des raisons pour lesquelles elle ne voulait pas le voir.
La fatigue, la malnutrition, n'aident en rien à poser un filtre, à éviter de ressentir. Il a beau se cacher ses propres sentiments à lui même, les étouffer dans sa poche pour affronter la situation présente comme il se doit, et pour ne pas faire subir cela à son ami, cela revient à... traverser la ville sous une pluie battante et nier être trempé jusqu'aux os.

Comme pour la sortir de ses pensées, Zbruh croasse en se posant sur son épaule. Arrête de ressasser Rachel, pourrait-on l'entendre dire si l'on était à même de comprendre les sons rauques qui s'extirpent de la gorge de l'oiseau.

Elle ne répond rien lorsque Damian regrette qu'elle n'ait pu appeler les Titans. Elle se garde bien de lui révéler le fond de sa pensée. Car... en admettant que les évènements le lui auraient permis, elle n'en aurait sans doute rien fait. Si elle avait pu, si elle avait eu l'occasion d'appeler quelqu'un à ce moment là, son choix ce serait porté sur un être magique. Appeler Damian, Garfield, Dick... ça aurait été les précipiter dans les mêmes ennuis que rencontraient les héros dépourvus de pouvoirs magiques à ce moment là.

L'ébauche d'un sourire étire ses lèvres lorsque Damian part dans l'une des analyses approfondies dont il a le secret. De fait, l'une de ses conclusions possibles lui rappelle qu'elle les a probablement mis en danger volontairement, ce qui étouffe violemment dans l'oeuf ce vague retour vers une réaction presque normale. Pour autant, elle ne lui en veut pas. Parce qu'il a raison.
Elle ne sait plus vraiment pourquoi. Elle ne se souvient plus exactement du comment. Mais elle ne peut en effet écarter qu'une part d'elle-même a forcément souhaité leur faire du mal ou, à minima, leur causer un tort certain.

Regarde-moi Rachel.

Elle obéit. Probablement plus par réflexe qu'autre chose. Car si la voix de Damian n'est pas dénuée de douceur, elle impose, commande presque. Regarde-moi et fais le maintenant.
C'est peut-être à cet instant précis qu'il pourra observer pleinement le rajeunissement de la Titan, redevenue adolescente, alors qu'elle le fixe d'un regard absent. Là sans l'être.

Ses paupières se froissent imperceptiblement alors qu'il prend la parole.
Elle n'a aucune raison d'en douter et, fatalement, elle n'en a jamais réellement douté, mais il faut bien reconnaitre une chose à cette minute. C'est qu'il la connait très bien. Parfaitement bien même.
Car tout ce qu'il exprime... n'est que le reflet de ce qui hante les sombres pensées de Rachel.

Elle le laisse dérouler le fil de sa réflexion sans l'interrompre. Elle se contente de le fixer, mais plus il parle et plus ses paupières se plissent, jusqu'à ce que son regard clair ressemble à deux fentes d'un noir profond.

Il parle comme Superman.
Il pense comme Superman.
Il la considère comme Superman.

Tu as droit à la rédemption Rachel. Je veux te venir en aide Rachel. Tu es l'une des meilleures, l'une des plus valeureuses Rachel. Tu t'es toujours battue pour les autres Rachel.

Son coeur bat de plus en plus vite au fur et à mesure qu'il déroule ce long tapis de réconfort, qu'il tisse uniquement par amitié pour elle. Et avec ses battements qui emplissent sa cage thoracique de leur bourdonnement de guêpes furieuses, vient avec lui... la colère.

Une colère sourde, froide, qui éclate comme se brise la coque d'un bateau percutant un iceberg, lorsqu'il lui demande... de lui montrer.

- Non.

Lui montrer ce qu'elle a vu tout à l'heure ? Certainement pas. Elle a déjà bien du mal à l'encaisser elle même et elle évite autant que possible d'y penser.

Lui montrer comment elle a perçu la disparition de Derek quand ils étaient dans le manoir ? Pas davantage. Elle ne s'infligera pas de revivre ça, pas plus qu'elle ne lui infligera à lui.

- Tu veux m'aider.

Ses paupières s'ouvrent sèchement, ses iris clairs dévisageant Damian avec une colère qui ne lui est pourtant pas destinée.

- Comment Damian. Comment.

L'atmosphère de la pièce change abruptement. La température chute. Certes ils approchent de l'hiver et il ne fait déjà pas bien chaud dans l'appartement de Rachel, mais à cet instant, il serait plausible d'estimer qu'elle est proche de zéro.

- J'ai visité 374 dimensions. Toutes celles qui étaient à ma portée. Toutes celles que je connais, toutes celles dont j'ai entendu parler, toutes celles vers lesquelles mes portails auraient pu le conduire.

Mais... des dimensions... quelqu'un est-il à même de dire combien il y en a exactement ? Des centaines... des milliers... des millions... Derek aurait peut-être su, lui.

Lui. Bien sûr...
Beaucoup de choses. Le malaise principal. Le fléau qui heurte le coeur de Rachel encore et encore. C'est lui. Tout vient de lui.

- Et tu veux savoir ce que j'ai trouvé.

Le peu de cadres qui traînent dans l'appartement, abritant tous sous leur verre des photos de ses proches, de ses amis, dont la fine équipe des Teen Titans, tombent sur le sol et se brisent au même moment, en une synchronisation parfaite.

- Rien.

Rien n'est pas tout à fait exact. Car entre les formes de vie plus ou moins amicales, les climats franchement hostiles et les environnements instables, sans parler des problèmes aléatoires qui percent le voile du monde magique, "rien" n'est pas exactement le terme qui convient.
Mais Rachel n'en a cure. Elle n'a pas trouvé Derek. Donc "rien" est bien le mot adéquat, car le reste n'a pas la moindre importance.

Mais à aucun moment... elle ne prononce son nom. Comme s'il était tabou. Comme s'il ne fallait surtout pas le dire à haute voix. Comme si elle n'en avait plus le droit.

- J'apprécie ce que tu tentes de faire. Je te remercie pour ta sollicitude. Si ça peut te rassurer, je ferai un effort. Mais j'ai besoin de temps.

Plus tard.
Pas maintenant.

- Maintenant, s'il te plaît Damian. Va t'en.

Elle détourne le regard, le visage, le dos. Tout son être se détourne de lui pour retourner s'assoir sur le canapé. Zbruh fixe un instant le jeune garçon alors qu'il est toujours perché sur l'épaule de Rachel qui s'éloigne. Il est difficile de juger les intentions qui peuvent filtrer à travers le regard rond et sombre d'un oiseau. Mais Titus, lui, ne s'y trompe pas et c'est dans un jappement plaintif qu'il en fait part à son jeune maître.

Il vaut mieux que vous partiez.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Sam 25 Mai 2024 - 21:27

Ce n'est que quand son amie accepta de le regarder dans les yeux que cela frappa réellement Damian: le fait que Raven avait rajeunit. Il avait déjà pût entrapercevoir la chose brièvement au manoir, et encore lorsqu'il s'était occupé de nettoyer ses plaies, mais si dans le premier cas, ils avaient été dans le feu de l'action et dans le second, il pouvait encore mettre cela sur le compte de l'extrême état d'affaiblissement dans lequel la demi-démone se trouvait pour expliquer qu'il l'ait trouvé plus menue que dans son souvenir, c'était à présent une évidence. Le visage qu'il avait devant les yeux était presque traits pour traits le même que celui qu'elle avait 5 ans plus tôt, lorsqu'ils s'étaient rencontré chez les Titans.
 
Si cela avait interloqué Damian, si son esprit s'était soudainement interroger sur l'impact de ce développement avait pût avoir sur son amie: sur sa maitrise de ses pouvoirs, sur son psyché… sur la souffrance qu'elle semblait traverser depuis des jours maintenant, il s'était bien gardé de le montrer. Si ce n'est, peut-être, par le fait qu'il avait eût davantage de mal à trouver ses mots. Après tout, il s'agissait là d'un visage qui faisait remonter beaucoup de souvenir ancien.
 
En revanche, la proposition du jeune homme fût accueilli par un refus net et sans appel de la part de Raven. Plus que juste rejeter cette idée, son interlocutrice semblait rejeter en bloc sa tentative de lui venir en aide. Le Jeune Prodige regarda la demi-démone incrédule l'espace d'un bref instant. Il avait sincèrement pensé qu'ils se faisaient assez confiance pour qu'elle accepte son aide. C'était après tout beaucoup de ça qu'elle, Dick, Jon, Maya, Steph et d'autre avaient tenté de lui faire comprendre… la famille et les amis sont là pour vous aider quand les choses vont mal.
 
Au fond de lui, le jeune homme était troublé, confus face aux réaction de la Cambion. Mais également frustré de ne pas comprendre… et même un petit peu blessé. Non seulement, Raven ne voulait pas de son aide, mais il y avait visiblement quelque chose qu'elle lui cachait. Et au vue de ses réactions depuis qu'elle était passé sous la douche, elle ressentait vraiment un malaise à son égard spécifiquement. Tout au fond de son esprit, une petite voix remettait en doute le fait que ce lien de confiance réciproque qu'il pensait partagé avec l'ancienne Titan ait seulement existé un jours.
 
Pourtant, il se contient, il fait de son mieux en tout cas pour ne pas laisser sa nature ombrageuse prendre le dessus et de se mettre à crier à son tour. En cet instant, il faisait peu de doute que s'il n'avait pas été au Manoir, s'il n'avait pas vu tout ce qu'avait subit son amie, il se serait déjà lancé dans la confrontation, quitte à proférer des propos pouvant blesser son interlocuteur… tout plutôt que d'avoir à assister sans réagir à ce genre de situation, de déchéance d'une personne qui lui est proche…. C'est donc ainsi, en serrant les poings sur la table de la cuisine, au point de faire blanchir ses articulations sous ses gants,  et maudissant silencieusement sa propre impuissance qu'il écouta les paroles de Rachel. Assistant à l'effet que la conjugaison des pouvoirs de la demi-démone et de son état émotionnel ont sur son environnement immédiat.

Il écouta, prenant sur lui de ne pas réagir, de ne pas trainer son interlocutrice dans une querelle dont elle n'avait réellement pas besoin en ce moment. Il l'écouta lui expliquer comment elle avait, encore en encore, traverser des dizaines, des centaines de dimension, à la rechercher de Sideways… et comment tout cela fût en vain. Il nota également le refus de celle-ci de prononcer le nom du disparut. Il la regarda se détourner… retourner s'effondrer dans le canapé où il l'avait trouvé en lui demandant de partir. De la laisser à son sort avec tout juste une vague promesse qu'elle allait tenter de se prendre en charge.
 
Lentement, Damian se leva de sa chaise. Sa première impulsion fût d'initier un pas en direction de Raven, essayer de relancer la discussion… tenter une dernière fois de comprendre ce qu'il pouvait faire de plus. Mais il est stoppé… le jappement plaintif de Titus achève de lui faire comprendre qu'il valait peut-être mieux ne pas pousser davantage dans cette situation.
 
Il poussa soupir découragé. L'air qu'il exhala de ses poumons se transforma en petit nuage de vapeur, lui faisant soudainement prendre conscience du froid qui régnait dans l'appartement de Raven. Il ne fallût pas longtemps pour comprendre qu'il s'agissait d'un signal supplémentaire de la part de son amie pour signaler qu'il ferait mieux de partir.
 
"Soit, je vais te laisser tranquille." Finit-il par concéder d'un air fatigué en remettant son masque.
 
Il se baissa néanmoins ramassant l'un des cadres qui était tombé du mur. Sur celui-ci, se trouvait une image de Raven en compagnie des Titans, l'une des nombreuse qu'elle avait et qui étaient autant de preuve que cette équipe était pour elle plus qu'une simple bande d'amis… ils étaient sa véritable famille. Damian la posa alors sur la table.
 
" Mais je te conjure néanmoins de réfléchir à ce dont que je t'ai dis. Et voici un rappel pour que tu ne l'oublie pas une fois que j'aurais passé cette porte." Ajouta-t-il sur un ton plus déterminé.
 
Répétant les gestes qu'il avait fait il y a de cela quelques mois, Damian mit la main sur son insigne. Pour la deuxième fois et pour la même personne, il l'arracha de son costume pour ensuite le poser sur la photo. Le "R" de Robin, le "R" de Rédemption… le rappel qu'elle n'était pas seul, et que d'autres seraient prêt à l'aider si elle le désirait.
 
Une fois cela fait, Damian n'imposa pas davantage sa présence. Il quitta l'appartement, sans réclamer sa cape qui servait toujours de couverture à la demi-démone. Avec la température qu'il faisait à présent et ses vêtements mouillés, elle aurait besoin de tout ce qui pourrait la préserver du froid. Le jeune homme quitta l'immeuble, toujours dépité de l'état de délabrement dans lequel il se trouvait. La moindre inspection des services sociaux de la localité et ce bâtiment aurait des chances d'être considéré comme insalubre et ses habitants évacué.
 
Dehors, il avait plut pendant la discussion que Damian avait eut avec Raven. Une pluie qui avait transformé l'épais tapis de neiges immaculée en une bouillasse infâme. Tout cela gèlerait probablement dans la nuit, créant une plaque de verglas propres à faire de chaque déplacement un vrais parcours du combattant. Mais, à ce moment précis, l'Héritier du Démon n'avait pas la tête à penser à cela. Il s'avança jusqu'à l'emplacement où était dissimulé son véhicule. À côté de lui, se trouvait Titus, marchant à hauteur de son maître, cherchant à attirer son attention pour égayer son humeur.
 
Finalement, ils arrivèrent jusqu'à leur destination. Damian ouvrir la Bat-mobile avant d'y laisser entrer Titus, ce dernier étant trop heureux de retrouver un endroit sec dans lequel se blottir. Le Fils du Batman l'y suivit mais, une fois la portière fermée, il ne démarra pas l'engin, à la place il se prit le visage dans les mains et se laissa aller quelques secondes.
 
" Pourquoi suis-je si inutile, Titus ?" se lamenta-t-il "Pourquoi, quand l'un de mes amis souffre, je suis incapable de faire ce qu'il faut pour les aider ? Pourquoi quand c'est les autres qui le font, ça à l'air si facile?"
 
Dire que Damian était peu doué avec les émotions, ou pour réconforter autrui, était un euphémisme. Pourtant, il essayait, mais il était souvent désemparé face à ce genre de situation où rien dans son éducation ne l'avait préparé à faire face. Il s'en voulait, il se maudissait pour son incompétence sociale… surtout que maintenant qu'il avait donné sa parole de n'en parler à personne, il ne pourrait pas compter sur les autres amis du Cambion pour prendre le relais. Il avait réellement l'impression d'avoir capitulé et abandonner son amie.
 
Il sortit de son apitoiement lorsqu'il sentit la grosse truffe de son chien venir lui caresser la joue, montrant son soutien à sa manière. L'instant d'après, un léger sourire apparut sur le visage du Fils du Batman en voyant son chien exprimé ainsi sa loyauté et son attachement. Il lui répondit en commençant à lui caresser énergétiquement le pelage.
 
"Tu as raison Titus. C'est pas comme ça qu'un vrais Wayne doit se comporter. Au moins, nous savons que Raven est en vie, et nous avons peut-être quelques pistes à exploiter dans les informations qu'elle a daigné nous révéler."
 
Ragaillardit par ce constat, le Jeune Prodige enclencha finalement le moteur de la Batmobile, retournant à Gotham. Il n'était pas parvenu à aider son amie cette fois, mais il se jura qu'il ferait tout son possible pour, de son côté, trouver une solution à ce que traversait Raven. Il le devait, autant parce qu'elle était la principale protection de ce monde contre Trigon que parce qu'elle était l'une des rares personnes en qui il avait accepté de placer sa confiance.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne Jeu 30 Mai 2024 - 5:48

Il est parti.

Et si elle ne l'a pas jeté dehors à proprement parler, dans les faits c'est comme si ça avait été le cas.
Les lèvres de Rachel se pincent, alors qu'elle se redresse, s'adossant contre le large dossier du canapé. Ses prunelles fixent la broderie en forme de R qui trône sur la table basse. Une table basse propre et rangée... après avoir subi les assauts ménagers de Damian. Les journaux ont été empilés les uns sur les autres avec une méthodologie rigide. Si elle vérifiait.. sans doute découvrirait-elle qu'ils sont même classés par ordre alphabétique. Les morceaux de papier chiffonnés ont disparu du paysage. Le petit chat en céramique vert porte-bonheur que lui a offert Beast-Boy il y a... fort longtemps... trône au milieu de la table, non loin de l'insigne que lui a laissé le fils du Batman. Nettoyé de la poussière qui le recouvrait, il est un rappel de plus des promesses qu'elle a faites et qu'elle n'a pas su tenir.

Regroupant ses genoux contre sa poitrine, le menton enfoui entre eux, Rachel fixe l'insigne d'un regard contrit.
Les émotions de Damian flottent encore dans l'air. Son inquiétude, sa frustration, le sentiment d'impuissance qu'il ressentait si puissamment lorsqu'il a franchi la porte pour s'en aller, comme elle le lui a demandé.

La jeune fille plonge un visage rongé par la culpabilité entre ses genoux. Décidément... elle fait vraiment tout de travers depuis quelques temps.

Tac Tac Tac.

Il est venu.
Par souci de son bien-être, tout autant mental que physique sans doute, parce qu'il s'inquiétait pour elle, parce qu'il voulait s'assurer qu'elle allait bien... Il est venu.
Il a pris soin d'elle, l'a aidée. Il l'a soutenue. Par les gestes, par la parole, à travers ses intentions.
Et elle... qu'a t'elle fait ? Au lieu de lui ouvrir la porte, d'accepter son aide, lui qui éprouve tant de difficultés à savoir comment réagir dans ce genre de situations, ce qui a du lui demander un effort de diplomatie et de patience, elle lui a claqué la porte au nez...

Tac Tac Tac.

Mais trop de choses se bousculent dans son esprit.
Elle ne peut pas digérer, pas maintenant, pas tout de suite... C'est trop frais, trop récent. Le Manoir, Trigon, ses frères, les blessures, les épreuves, Derek... et sa vision.
S'il y a bien un pouvoir qu'elle ne maîtrise pas, c'est bien celui-ci. Ses prémonitions se manifestent quand elles veulent, où elles veulent et sont bien souvent incompréhensibles. Quand leur signification la percute, il est bien souvent trop tard. Fort heureusement, c'est un phénomène qui ne se produit que rarement. C'est le seul bon côté des choses.

Elle avait envisagé d'aller voir Madame Xanadu pour qu'elle l'aide à, non pas développer ce don dont elle a pour l'heure foncièrement horreur, mais plutôt à le contrôler, à l'appréhender un peu moins sombrement. Mais elle n'en a pas eu l'occasion et quand elle l'avait... il faut reconnaitre que ça ne faisait pas partie de ses priorités, dans la mesure où cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas eues.

Et si elles sont majoritairement lacunaires, quelques images qui se superposent, voire des impressions difficilement interprétables, celle qu'elle a eue tout à l'heure était on ne peut plus claire.
Une seule image. Rien de plus. Mais sa signification est impossible à remettre en question. Pas sans se voiler la face.

Alors c'est ce qu'elle fait. Elle se voile la face. Elle plonge dans le déni à pieds joints.
Parce qu'elle ne peut pas. Elle ne peut pas gérer ça en plus du reste.

Tac Tac Tac.

Le visage de Rachel s'extirpe du cocon protecteur de ses genoux, balayant la pièce d'un air plat jusqu'à tomber sur l'origine du claquement sec qui résonne depuis quelques minutes déjà, mais auquel elle n'avait pas pris attention. Zbruh est perché sur le petit comptoir de la cuisine. Meuble sommaire qui ressemble plus à une table haute qu'à un véritable comptoir et fait office de séparation entre la cuisine et le salon.

Le corbeau tape du bec contre le rebord de la tasse en céramique. Il insiste, tantôt tapant sèchement, tantôt fixant Rachel en lançant un faible croassement.
Rachel le fixe quelques minutes sans bouger, mais Zbruh poursuit son manège, visiblement décidé à ne pas lâcher l'affaire, comme s'il estimait devoir prendre le relai après Damian.

Extirpant un soupir, l'ex Titan finit par se lever laborieusement du canapé. C'est alors que la cape glisse doucement de ses épaules pour chuter sur le sofa. Posant les yeux sur elle, ce n'est qu'à cet instant qu'elle se rend compte qu'il lui a laissée. Car difficile d'imaginer Damian "oublier" sa cape. Son regard s'attarde quelques instants sur le tissu sombre, qu'elle finit par saisir puis plier avec soin en le déposant sur le dossier du canapé.

En quelques pas, elle a franchi la courte distance qui la sépare de Zbruh et saisit la tasse dont elle verse le breuvage froid dans l'évier.
Elle a promis de faire un effort... elle ne peut pas renier toutes les promesses qu'elle a faites en permanence. Ce n'est pas dans sa nature. Ce n'est pas sa volonté.
Et si, aujourd'hui du moins, le moindre effort lui semble être une montagne à gravir, elle lui doit bien au moins de se faire un thé, comme il le souhaitait... Alors... elle remplit la casserole d'une eau nouvelle et allume la gazinière.
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Re: De gré ou de force ¤ Damian Wayne

De gré ou de force ¤ Damian Wayne
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