Une soirée normale à la Gotham Academy. Le recteur avait réveillé tous les élèves et leur avait fait quitter leur dortoir respectif pour une réunion de crise. Ceux-ci se rassemblaient dans l’auditorium principal, leurs murmures résonnant dans la salle tandis qu’ils attendaient que le recteur Hammer - ou l’amer-recteur pour les élèves - prenne la parole. Une tension palpable flottait dans l’air, alimentée par les rumeurs qui circulaient. Les clés de la voiture du recteur avaient disparu, et il semblait bien décidé à découvrir le coupable.

Le recteur Hammer, un vieil homme sévère au regard perçant, se tenait sur la scène, son visage impassible. Sa stature imposante et son autorité naturelle imposaient le respect, voire la crainte. Personne n’aimait être face à lui. Il pratiquait une politique de tolérance zéro dans la plus prestigieuse école privée de Gotham, et tous le savaient. Derrière lui, des membres du corps enseignant se tenaient en rang, observant les élèves avec une attention particulière.

Une fois que tout le monde fut assis, le recteur prit la parole, sa voix résonnant dans l’auditorium silencieux.

“Élèves de la Gotham Academy, j’ai convoqué cette réunion pour une raison très sérieuse. Quelqu’un s’est introduit dans mes quartiers cette nuit et a dérobé les clés de ma voiture. C’est la seconde fois que cela se produit, et je croyais avoir été clair la première fois. Je ne tolérerai pas de tels agissements dans notre établissement.”

Son regard scruta l’audience, s’attardant un instant sur chaque visage, comme s’il cherchait à détecter le moindre signe de culpabilité. Les élèves évitaient soigneusement son regard, se tortillant sur leurs sièges.

“J’ai des soupçons sur certains d’entre vous,” continua-t-il, en fixant notamment un élève en particulier. “Que le ou la coupable s’avance et se révèle de lui-même et je ferai preuve de clémence. Dans le cas contraire… soyez certains que ma sentence sera implacable.”

Colton Rivera, un élève connu pour son esprit rebelle et ses nombreuses frasques, était en apparence détendu sur son siège, ses lunettes de soleil qu’il portait en toute circonstance cachant ses véritables émotions. Les regards se tournèrent vers lui, certains curieux, d’autres inquiets. Colton affichait un masque de défi, mais ceux qui le connaissaient bien pouvaient détecter une légère nervosité dans ses yeux.



Le recteur continuait de fixer les élèves en silence. Mia, qui observait la scène depuis le fond de la salle, était véritablement inquiète pour son ami. Elle savait que Colton avait un talent particulier pour s’attirer des ennuis, mais elle n’arrivait pas à croire qu’il aurait volé les clés du recteur. Depuis qu’ils fréquentaient ensemble le club de Détective ultra secret de l’école, elle avait appris à le connaître, et ce n’était pas un type méchant.

Elle se fraya un chemin à travers la foule pour rejoindre Colton. “Hé, ça va ?” demanda-t-elle doucement, posant une main sur son épaule.

Colton haussa les épaules, essayant de paraître détaché. “Ouais, t’inquiète. C’est juste Hammer qui essaie de me faire flipper. J’ai rien fait.”

Mia hocha la tête. Ce n'était pas la première fois que Colton se retrouvait au bord de l'expulsion. Mais si ce n'était pas lui... qui d'autre ? Peu d'élève avait les compétences pour s'introduire dans le bureau de Hammer et y dérober ses clefs. C'était un véritable mystère... et Mia était déterminée à découvrir la vérité. Elle n’était pas prête à laisser son ami se faire accuser injustement, et elle savait qu’elle devait agir rapidement pour l’aider.

L'auditorium de la Gotham Academy était plongé dans une tension palpable. Le recteur Hammer, avec son expression sévère habituelle, faisait les cent pas sur la scène, ses mains croisées derrière son dos. Les élèves étaient assis en rangs serrés, chuchotant anxieusement. Il exigeait que ses clés lui soient rendues sur-le-champ. Son regard perçant balayait la foule d'élèves, s'attardant un instant de trop sur Colton Rivera, comme s'il savait déjà où se trouvait le coupable.

Colton, toujours détendu en apparence, mâchouillait distraitement un chewing-gum, les bras croisés derrière sa tête. Pourtant, Mia pouvait voir qu'il était sur le fil du rasoir, ses lunettes de soleil dissimulant à peine son malaise intérieur. Chaque fois que le recteur s'approchait de son côté de l'auditorium, il semblait légèrement se raidir, bien que toujours avec un sourire désinvolte accroché aux lèvres.

Pomeline, quant à elle, était beaucoup moins sereine. Elle s'efforçait de rester impassible, mais au fond, elle était déstabilisée. La sensation froide du métal dans sa poche lui donnait des frissons. Les clés. Elle n'avait aucune idée de comment elles avaient atterri là. C'était incompréhensible. Elle n'avait jamais volé quoi que ce soit de la sorte, encore moins les clés de la voiture du recteur ! Pourtant, elles étaient là, contre elle, comme un poids invisible qui l'accusait en silence.

Pom sentit son cœur s’accélérer. Elle ne pouvait pas se dénoncer, cela n’aurait aucun sens. Mais si le recteur décidait de fouiller les élèves… Elle jeta un regard vers Mia, qui semblait avoir perçu son malaise. Pom détourna aussitôt les yeux, essayant de trouver une solution dans le chaos de ses pensées.

Mia, assise juste à côté de Colton, observait la scène avec une attention accrue. Elle avait déjà deviné que quelque chose ne tournait pas rond. Colton n'était pas innocent, mais voler les clés du recteur ne ressemblait pas à son style. En revanche, elle avait remarqué l'agitation de Pom. Pourquoi paraissait-elle si tendue ? Mia savait qu’elle devait faire quelque chose avant que tout ne dégénère, mais elle ne savait pas encore comment.

Le recteur Hammer prit enfin la parole, sa voix grave résonnant dans la grande salle :

“Je le répète une dernière fois : si quelqu’un ici a les clés de ma voiture, qu'il se lève maintenant et les remette immédiatement. Sinon, je vais prendre des mesures drastiques. Je ne tolérerai pas ce genre de comportement dans cette école.”

Pomeline sentit un frisson glacial parcourir sa colonne vertébrale. Elle plongea la main dans sa poche, effleurant les clés du bout des doigts, hésitant. Que devait-elle faire ? Elle se tourna vers ses amis du club de Détective, et leur indiqua qu’elle avait les clés.

Alors que la tension montait dans l’auditorium, Mia, Colton et Pom se retrouvèrent discrètement au fond de la salle, sous le couvert des murmures et des regards distraits des autres élèves. Colton, bien qu’accusé implicitement, affichait toujours son masque de nonchalance, mais il était clairement intéressé par cette petite réunion impromptue. Pom, quant à elle, était dans un état d’alerte silencieux, une main constamment glissée dans sa poche pour sentir la présence des clés. Elle n'avait toujours pas compris comment elles étaient arrivées là.

Mia, qui avait remarqué la nervosité de Pom, était la première à parler, baissant le ton pour que seuls ses amis puissent l'entendre.

"Ok, mini-réunion du Detective Club. Pom, pourquoi tu flippes comme ça ? T’as l’air d’avoir vu un fantôme. C’est pas ton genre de paniquer," chuchota-t-elle, croisant les bras.

Pomeline échangea un regard rapide avec Colton, qui haussa un sourcil derrière ses lunettes de soleil. Elle soupira profondément avant de répondre.

"J’ai un problème. Les clés de la voiture du recteur... elles sont dans ma poche. Mais je te jure, je sais pas comment elles sont arrivées là. Je les ai pas volées," murmura-t-elle, jetant un coup d'œil anxieux autour d’eux pour s’assurer que personne ne les écoutait.

Colton s’étouffa presque avec son chewing-gum en entendant ça. Il se pencha légèrement en avant, ses lunettes de soleil glissant sur son nez alors qu’il fixait Pom d’un air incrédule.

"Attends… Tu me dis que t’as vraiment les clés ?! Et c’est moi qu’ils accusent ?" demanda-t-il avec une pointe d’amusement.

Pom lui lança un regard noir, visiblement agacée par la situation.

"C’est pas drôle, Colton ! Si Hammer découvre ça, il va me faire renvoyer. Je sais même pas comment c’est arrivé," répliqua-t-elle, ses doigts jouant nerveusement avec les clés dans sa poche.

Mia fronça les sourcils, réfléchissant rapidement. La situation était plus complexe que prévu. Il y avait clairement un mystère à résoudre, et le temps pressait. Elle jeta un regard furtif vers le recteur Hammer, toujours sur la scène, avant de se tourner de nouveau vers ses amis.

"Bon, si personne n'a volé les clés, c'est forcément quelqu'un d'autre qui les a mises sur toi, Pom. On doit trouver qui a fait ça avant que Hammer devienne encore plus parano et commence à fouiller tout le monde. Mais il faut qu’on soit malins," dit-elle en parlant rapidement, son esprit déjà en train de tisser des hypothèses.

"Donc, on doit trouver qui a piégé Pom avant qu’elle se fasse griller… et moi avec. Génial," ajouta Colton avec un sourire en coin, toujours prêt à se lancer dans une nouvelle aventure malgré le danger.

Le trio se regarda, sachant que la situation devenait de plus en plus délicate. C'était une véritable course contre la montre, et il fallait agir vite pour démasquer le véritable coupable avant que tout le monde ne soit enlevé de l’école.

Mia prit une grande inspiration. Il était temps de mettre en marche les rouages de leur petit club de détectives.

Le recteur Hammer, accompagné de deux professeurs, décida de faire fouiller les élèves. Par réflexe, Mia récupéra les clés qu’avait Pomeline discrètement. Il commença par Colton, sans rien trouver. Ensuite, son regard tomba immédiatement sur Mia. Elle sentit une vague de panique l’envahir, mais elle la repoussa aussi rapidement qu’elle était apparue. Il fallait qu’elle garde son calme.

"Mizoguchi, c’est à votre tour," lança Hammer d'une voix autoritaire, ses pas résonnant sur le carrelage alors qu'il s'approchait. Mia se figea, son esprit bouillonnant à la recherche d’une solution.

"Je dois vous fouiller," annonça Hammer avec un air grave.

Mia sentait son estomac se nouer, mais elle fit un sourire maladroit, essayant de jouer la carte de l'innocence. "Monsieur, je ne sais rien sur vos clés..." dit-elle doucement, mais elle savait que cela ne suffirait pas.

Un des professeurs s'approcha pour la fouiller. Elle sentit la sueur perler sur son front. Mais elle n’était pas Robin pour rien. Mia avait appris à improviser, même dans les pires situations.

Allez, réfléchis... Qu'est-ce que je peux faire ? se dit-elle en cherchant frénétiquement une échappatoire dans son esprit. Et puis, l’idée lui vint. Elle recula d'un pas vers un des murs du couloir, tâchant de détourner l'attention.

"Oh, euh... Je crois que je me sens mal..." dit-elle soudainement en posant une main sur son estomac et en s’accroupissant légèrement. Elle se força à faire une grimace de douleur, espérant que son jeu d’actrice improvisé fonctionnerait.

Les adultes échangèrent des regards d'inquiétude, et bien que sa comédie grossière ne prenait évidemment pas, dans le moment de confusion, Mia profita de la distraction pour glisser les clés dans une ouverture discrète du mur derrière elle, à peine visible. Elle connaissait par coeur toutes les cachettes du campus. Le panneau légèrement décalé sur le mur servait parfaitement de cachette temporaire. Avec un geste rapide, elle enfonça les clés à l'intérieur juste avant que le professeur ne la relève pour procéder à la fouille.

La fouille fut brève et, bien sûr, infructueuse. Mia garda son expression innocente tout au long de l’inspection.

"Rien ici," déclara le professeur en hochant la tête vers Hammer. Le recteur fronça les sourcils, mécontent, mais ne trouva rien à redire.

"Très bien, Mizoguchi. Vous pouvez y aller... Mais je garde un œil sur vous." ajouta Hammer d'un ton menaçant avant de se détourner.

Plusieurs minutes passèrent, les fouilles continuèrent. Et Mia attendit quelques minutes avant de se faire remarquer à nouveau.

"Excusez-moi, je dois aller aux toilettes," déclara Mia avec une pointe de nervosité maîtrisée à la préfète postée à l’entrée de l’auditorium. La préfète, une fille plus âgée d’un an et un peu trop stricte à son goût, acquiesça d'un signe de tête en jetant un regard rapide sur sa montre.

"Fais vite, Mizoguchi. Pas de manigances, sinon je te signale," répondit-elle, sur un ton qui trahissait son mépris. Mia hocha la tête avec un sourire presque innocent, se retenant de lui lancer une remarque acerbe.

Dès qu’elle fut dans le couloir, l’air libre et loin des regards des élèves et des surveillants, elle accéléra le pas, son esprit bouillonnant d’excitation et de nervosité. Elle se dirigea droit vers les toilettes, entrant dans l'une des cabines avec précipitation. Une fois à l’intérieur, elle s’adossa à la porte, prenant une profonde inspiration.

"OK, tout va bien. On a fait pire," murmura-t-elle pour se rassurer.

Elle attrapa sa pince à cheveux en forme de petite fleur jaune, un accessoire qu'elle portait toujours et qui était bien plus qu'un simple ornement. Dans le miroir du petit cabinet, elle vit son reflet, mais elle savait que celui-ci allait bientôt changer. Elle tapota doucement sur la pince, et la structure métallique commença à se métamorphoser, se déformant et s'étirant en une matière semi-liquide.

En quelques secondes, Katherine émergea de la pince, prenant lentement la forme exacte de Mia. La transformation était impeccable : le même uniforme, la même coupe de cheveux, les mêmes tâches de rousseur sur le visage. C'était toujours un peu troublant de se voir en double.

"Va dans l'auditorium à ma place. Si quelqu'un te demande quelque chose, fais comme d’habitude... improvise," chuchota Mia avec un sourire complice.

Katherine, maintenant son double parfait, hocha la tête sans un mot, puis quitta la cabine, marchant tranquillement en direction de l’auditorium comme si de rien n'était. Mia attendit un moment, le cœur battant, avant de sortir à son tour des toilettes. Elle se glissa dans le couloir, vérifiant prudemment chaque tournant pour éviter de croiser des surveillants ou des élèves. Elle devait être prudente, car si elle se faisait remarquer, c’était l'exclusion assurée.

Se faufiler dans Gotham Academy était un jeu auquel elle s’était habituée. Elle connaissait les moindres recoins du bâtiment, et son esprit avide d’aventure savait comment éviter les passages fréquentés. Mais tout le monde ou presque, à part le concierge, et quelques professeurs, était dans l’auditorium. Elle avançait avec une discrétion digne des plus grands roublards de Serpents & Sortilèges, prenant des détours à travers les couloirs sombres et les escaliers dérobés jusqu'à ce qu'elle atteigne finalement l'aile administrative de l'académie.

Le bureau du recteur Hammer était verrouillé. Pas étonnant, pensa-t-elle. Mais Mia n'était pas du genre à se laisser décourager par un simple verrou. Elle examina rapidement la porte, puis sortit une épingle qu’elle gardait toujours sur elle pour ce genre de situations. C’était Colton qui lui avait appris le crochetage de serrure. Et même si elle n’était pas encore aussi douée que lui, elle se débrouillait bien avec les vieilles portes de l’académie. Après quelques secondes de manipulation délicate, elle entendit le clic satisfaisant du loquet qui se déverrouille.

Elle entrouvrit la porte lentement, juste assez pour se glisser à l'intérieur sans bruit. Une fois dans le bureau, elle referma la porte derrière elle, se retrouvant dans l'obscurité quasi totale. Seuls les faibles rayons de la lumière extérieure traversaient les stores des fenêtres, dessinant des motifs étranges sur le sol.

Son objectif était simple : découvrir pourquoi Hammer semblait si sûr que Colton était coupable. Il devait y avoir quelque chose dans ce bureau, un indice, un document, n’importe quoi, pour l'aider à innocenter son ami.

Mia s'approcha du bureau du recteur, prête à fouiller les tiroirs... Mais elle s’arrêta net.

Quelqu’un d'autre était déjà là.

À travers la faible lumière, Mia distingua une silhouette flottante. Elle cligna des yeux, n'en croyant pas ce qu'elle voyait. La personne - ou plutôt l'entité - semblait presque translucide, comme un mirage. Elle portait des vêtements d’une autre époque, un costume trois pièces parfaitement taillé, assorti d’un chapeau haut-de-forme et d'un monocle qui brillait d’une lueur étrange. Il fouillait les tiroirs du bureau avec une précision chirurgicale, ses mains glissant à travers certains objets comme s'il n'était pas tout à fait là.

Mia se recula doucement, son souffle court. Elle ne connaissait pas cette figure mystérieuse, mais elle savait une chose : ce n'était pas un simple cambrioleur.

Qui... qui c'est ça ? pensa-t-elle, essayant de rester calme malgré la montée d'adrénaline.

La figure fantomatique continuait de fouiller, ignorant totalement la présence de Mia. Il semblait marmonner pour lui-même, des mots indistincts dans l'air froid du bureau. La température avait chuté, et Mia frissonna. Quelque chose n'allait pas. Tout dans cet être éthéré dégageait une aura de mystère et de danger. Elle devait agir, mais comment faire face à un... fantôme ?

OK, pas de panique. Ce n'est peut-être pas un fantôme. Peut-être un méta-humain ? Ou un genre de projection... Ou peut-être que c’est bien un fantôme. Pourquoi pas ? On est à Gotham, après tout.

Elle se glissa dans un coin sombre du bureau, essayant de trouver une position où elle pourrait observer sans être vue. Le personnage mystérieux continuait son investigation, ignorant complètement l’atmosphère oppressante qu’il avait créée. Ses mouvements étaient fluides mais étranges, comme s’il oscillait entre deux mondes. Des documents volaient autour de lui, manipulés avec soin, et Mia savait qu’il cherchait quelque chose de précis.

Bon sang, je dois savoir ce qu’il mijote, se dit-elle, alors que sa curiosité prenait le pas sur sa peur.

Mia serra le sac contre elle, son cœur battant à tout rompre alors que le Gentleman Ghost se matérialisait devant elle, émergeant du mur comme une ombre sortie tout droit d’un cauchemar. Elle savait qu’elle était seule face à lui. Katherine ou Pomeline, experte en fantôme, n'étaient pas là pour l’épauler cette fois. Elle se retrouva dans ce couloir désert, seule, avec ce sac qui semblait maintenant peser bien plus lourd entre ses bras.

"Pas question de te rendre ce sac, vieux croûton !" lança-t-elle, sa voix plus assurée qu’elle ne le ressentait réellement.

Son cerveau tournait à toute vitesse. Au vu de la façon de s’habillé de l’être transucide, il devait autrefois vivre au moins il y a 1000 ans. Ou alors c’était un proche du Pingouin. Un fantôme ! C’était à la fois effrayant et fascinant. Pourtant, Mia ne voulait pas perdre la face. Ce n’était pas son genre. Même si la peur grimpait en elle comme une marée, elle refusait de lui laisser le moindre avantage.

Ses yeux se promenèrent rapidement autour d’elle, cherchant une issue. La panique menaçait de la submerger, mais elle n’en laissa rien paraître. Elle ne savait pas quel capacité le fantôme avait pour pouvoir lui faire du mal. Il était capable de transporter des choses physiques, alors qui sait ce qu’il était capable de lui faire.

"Pourquoi t’as besoin de ce sac, de toute façon ? T’es mort, non ?" poursuivit-elle, plus pour gagner du temps que pour réellement attendre une réponse. Même si c’était pas totalement faux. Quel intérêt les vieux documents de l’amer recteur pouvait bien avoir un vieux fantôme ?

Elle fit un pas en arrière, prête à se lancer dans une nouvelle course effrénée, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas fuir éternellement. Son adversaire du jour pouvait traverser les murs. Elle réfléchissait vite, tout en parlant, essayant de trouver une solution. Elle ne pouvait pas simplement lui rendre le sac, elle avait déjà trop risqué en l’attrapant.

Elle évalua la situation en quelques secondes. Peut-être que l'intimidation était la clé. Elle pouvait tenter de jouer la carte du courage, essayer de le déconcerter avec son audace. Alors, levant le menton, elle lança un regard de défi à l’apparition devant elle.

"T’es peut-être un fantôme, mais moi, je suis vivante. Et crois-moi, je peux courir très vite !"

Mia connaissait la Gotham Academy comme sa poche. Elle avait passé tellement d’heures à explorer les recoins secrets et les passages cachés de l’école que c’était presque devenu une seconde nature. Même si le fantôme pouvait traverser les murs, elle savait qu’elle avait un avantage : elle connaissait des endroits où il ne pourrait pas la suivre facilement.

Elle repensa rapidement à toutes les options qui s'offraient à elle, analysant sa situation en quelques instants. Il y avait un passage secret derrière la bibliothèque, un vieux couloir dissimulé derrière une étagère de livres anciens, qu’elle et ses amis utilisaient parfois pour échapper aux surveillants. Ce couloir était étroit, humide et poussiéreux, mais elle savait que c'était un excellent moyen de mettre de la distance entre elle et le Gentleman Ghost.

Ensuite, il y avait la crypte sous la chapelle. Un vieux sous-sol oublié que personne, à part quelques aventuriers comme elle, ne connaissait vraiment. Mia se souvenait de l'avoir découverte avec Olive lors d'une de leurs expéditions nocturnes. C'était sombre et labyrinthique, un véritable labyrinthe sous l’Academy. Un endroit parfait pour perdre quelqu'un, même un fantôme.

Enfin, elle songea à le beffroi. Le mécanisme rouillé de la cloche faisait un bruit infernal, et l’accès était dangereux, avec des escaliers en colimaçon presque en ruine. Mais Mia savait qu’à une certaine hauteur, les fantômes avaient du mal à garder une forme tangible en raison des interférences électromagnétiques causées par les vieux engrenages de métal. Peut-être qu’elle pourrait y monter et le semer là-bas, en espérant que son ennemi abandonnerait sa poursuite.

"Bon, vieux croûton, voyons si tu peux me suivre !" murmura-t-elle avec un sourire espiègle.

Sans plus attendre, elle prit la direction de la bibliothèque, déterminée à semer son adversaire.