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Le Couché de Soleil

Koriand'r
Super-Héros
Koriand'r
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Localisations : Tour des Titans
Le Couché de Soleil Ven 27 Sep 2024 - 10:35

Revenir à l'aube de l'histoire de Korin, fille du Soleil, avant que les ténèbres ne s'abattent sur son monde, c'est retrouver cette époque où la lumière de son sourire éclairait tout ce qui l'entourait, où chaque journée était une promesse de légèreté et de rires insouciants. Korin vivait alors une existence baignée de simplicité et de bonheur, aimée et respectée par son peuple malgré sa jeunesse. Sa présence rayonnait, apportant une chaleur douce et réconfortante à ceux qui croisaient son chemin. Pour sa tribu, elle incarnait l’espoir, une flamme vive et pure, encore intacte des ombres qui allaient bientôt l’entourer. Elle avait alors douze ans.

Dans le village de Túatha na Gréine (littéralement la Tribu du Soleil), Korin était alors connue pour sa douceur et sa bienveillance. Tout le monde l’adorait et l’admirait. Elle avait cette énergie solaire en elle, comme si chacun de ses mouvements était empreint de la lumière du jour. Depuis sa naissance, la tribu avait été comme bénie. Les enfants ne mourraient plus en bas âge de maladie ou de froid, et les animaux de leurs élevages n’avaient jamais été aussi abondants.


Mia is Robin


Elle n’était pas seulement appréciée pour être un don des ancêtres. Ses yeux verts scintillaient d’une curiosité insatiable, et son rire franc et léger résonnait souvent dans les collines. Que ce soit en aidant sa mère à préparer les repas rituels, en jouant avec les plus jeunes enfants du village, ou en écoutant avec attention les récits des anciens, Korin portait en elle une joie simple et sincère, une flamme que personne n’aurait pu éteindre.

L’un de ses moments préférés se passait souvent à la rivière, où elle rejoignait Dara, une amie d'enfance qui partageait son amour pour la nature et l’aventure. Les deux jeunes filles, insouciantes et pleines de vie, passaient des heures à chercher des pierres précieuses le long des berges, ou à fabriquer des couronnes de fleurs qu’elles déposaient ensuite sur l’autel sacré du village.

"Tu as toujours la tête dans les étoiles, Korin," plaisantait souvent Dara en lui jetant un caillou dans l’eau, le sourire aux lèvres.

"Et toi, toujours aussi impatiente," répliquait Korin en riant, ses yeux brillants de malice. Elles éclataient de rire, et leurs éclats résonnaient parmi les arbres, réchauffant l’air déjà doux.

Ces moments de pure insouciance étaient ce qui définissait le mieux Korin. Elle était jeune, encore protégée des responsabilités qui viendraient avec l’âge, et elle vivait chaque journée avec une intensité que seuls les cœurs purs connaissent. Elle aimait profondément, non seulement sa famille, mais aussi chaque membre de son village, chaque brin d’herbe, chaque souffle de vent dans les collines. Le monde lui semblait vaste, mais elle n’avait pas encore conscience de ses dangers.

Ce jour-là, elle avait une nouvelle fois passé son temps avec Dara. La journée s'étirait doucement, baignée dans une lumière dorée qui teintait tout le village de Túatha na Gréine d'une douceur apaisante. Le soleil, encore haut dans le ciel, commençait lentement à descendre vers l'horizon, projetant de longues ombres sur le sol fertile des collines. Korin et Dara, après une journée de jeux et d’aventures le long de la rivière, rentraient au village, leurs couronnes de fleurs fraîchement tressées ornant leurs cheveux, rieuses et insouciantes.

"Tu penses que ce soir, les anciens vont t’offrir un don spécial, Korin ?" demanda Dara avec malice, les yeux pétillants de curiosité. Elle faisait référence au passage rituel à l’âge adulte qui attendait Korin cette nuit-là, un moment sacré pour la tribu.

Korin haussa les épaules, son sourire encore présent mais plus discret. "Je ne sais pas... Je n’ai jamais vraiment pensé à ça," murmura-t-elle, le regard tourné vers l’horizon, où les premières lueurs du crépuscule commençaient à apparaître. En vérité, elle avait beaucoup réfléchi à ce moment, mais elle ne voulait pas en parler. C’était quelque chose qu’elle devait affronter seule.

Dara la poussa gentiment du coude, essayant de la faire rire à nouveau. "Ne fais pas cette tête, fille du Soleil. Ce sera une belle soirée, tu verras. Tout le monde est fier de toi."

Korin lui sourit, mais une mélancolie douce commençait à s’installer dans son cœur. "Je sais, Dara… C’est juste que tout va changer après ça, non ?" Elle fixa l’horizon, où le ciel commençait à se teinter de nuances rosées et orangées, et un soupir léger échappa à ses lèvres.

"Changer ?" Dara fronça les sourcils, l’incompréhension marquant son visage. "C'est une bonne chose, Korin. Tu seras une adulte, mais tu resteras toi-même."

Korin hocha la tête, mais une part d’elle savait que ce n'était pas aussi simple. Le poids du rite à venir semblait s’alourdir à mesure que le soleil descendait dans le ciel. Elle savait que cette nuit serait différente, non seulement parce qu’elle marquerait son passage à l’âge adulte, mais aussi parce qu’elle sentait au fond d’elle que quelque chose d’autre changerait, quelque chose qu’elle ne pouvait pas nommer.

"Komannead'ra..." murmura-t-elle presque inconsciemment, ses pensées dérivant vers sa sœur aînée. Dara se tourna vers elle, intriguée, mais Korin n’ajouta rien. Sa relation avec Koman était devenue une énigme qu’elle ne parvenait pas à résoudre. Elles étaient si proches autrefois, et pourtant, ces derniers mois, une distance invisible s'était creusée entre elles. Korin ne comprenait pas pourquoi, et cela la peinait profondément.

Le crépuscule enveloppait désormais le village, et l'heure de la cérémonie approchait. Les villageois commençaient à allumer des torches autour du grand feu central, préparant l’enceinte sacrée où Korin passerait le rituel du soir. La lumière des torches se mêlait aux dernières lueurs du jour, créant une atmosphère à la fois magique et solennelle.

Korin, sentant la gravité de ce moment se rapprocher, s’éloigna légèrement de Dara pour se retrouver seule un instant. Elle monta sur une petite colline, juste à la sortie du village, où elle aimait contempler les vastes étendues qui s’étiraient au loin. De là, elle pouvait voir la rivière serpentant doucement à travers la vallée, les arbres formant une ombre protectrice sur ses rives.

C'est ici qu'elle aimait réfléchir, et aujourd'hui plus que jamais, les souvenirs remontèrent en elle. Elle se revit, plus jeune, riant avec Komannead'ra alors qu'elles couraient dans ces mêmes collines, insouciantes et unies. Les rires de sa sœur résonnaient encore dans son esprit, doux et familiers. Mais ces souvenirs avaient pris une teinte différente avec le temps, comme une toile que le temps avait doucement ternie. Koman n'était plus la même, et ce changement avait laissé un vide que Korin ne savait pas comment combler.

Elle prit une grande inspiration et laissa le vent caresser doucement son visage, comme pour ancrer ce moment dans sa mémoire, avant de se redresser. Il était temps. Le rite l’attendait, et avec lui, le début d’un nouveau chapitre.

Dans ces instants-là, Korin brillait de cette lumière intérieure, une lumière que tout le village ressentait. Elle était l’espoir de sa tribu, l’enfant des étoiles que les anciens voyaient comme une bénédiction, même si elle ne comprenait pas encore ce que cela signifiait.

La journée avait ainsi été particulièrement belle. La lueur du crépuscule faisait briller la magnifique teinte de sa peau. Le monde lui semblait vaste et terrifiant, mais ici, au cœur de sa tribu, elle avait toujours ressenti une sérénité familière. Elle avait peur de perdre ça. Les bruits du vent dans les collines et le doux murmure de la rivière qui serpentait à travers les vallées étaient comme une berceuse constante, une mélodie qui, depuis sa naissance, l’accompagnait.

Korin se tenait désormais à l’écart, observant de loin les allées et venues des membres de sa tribu. Elle aimait ces moments de solitude, où elle pouvait s’immerger dans ses pensées, contempler les grands mystères de la nature et réfléchir à sa place dans le monde. Elle savait qu'elle n'était pas une enfant ordinaire. Les anciens, ainsi que son propre père, ne cessaient de lui rappeler qu’elle était promise à un grand destin. Les murmures autour de ses yeux, sa peau, les signes qui la distinguaient de tout autre malgré son jeune âge, alimentaient les discussions parmi les membres de la tribu. Korin ne comprenait pas encore pourquoi, mais elle sentait que quelque chose d’immense l’attendait, quelque chose qui dépassait la simple vie quotidienne dans les Highlands. Elle ne voulait pas de cela. Elle aimait sa vie simple dans sa tribu.

Son père, le Rí Miannead’ra mac Korith, le puissant chef de leur tribu, se tenait un peu plus loin, en pleine discussion avec les anciens. Korin le regarda avec une admiration teintée d'une certaine crainte. Il était un roc pour son peuple, son autorité indiscutable, et ses larges épaules tatouées de bleus faisaient de lui une figure imposante. Chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui, Korin ressentait une immense fierté, mais aussi une certaine distance. Il était l’incarnation de la force et du devoir, et elle savait qu’un jour, elle devrait se montrer digne de ce nom.

Un souvenir récent de leur dernière conversation lui revint en tête. C’était une nuit froide, près du grand feu de leur maison, où ils avaient parlé de son avenir. Son père, assis droit, le regard sévère mais bienveillant, lui avait expliqué ses responsabilités.

"Korin," avait-il dit en fixant le feu, "un jour, tu devras faire des choix pour notre peuple. Des choix difficiles, mais nécessaires. Tu es spéciale, pas uniquement à cause de ton sang, mais à cause de ce que tu représentes." Il s’était tourné vers elle, et ses yeux perçants l’avaient pénétrée, comme s’il cherchait à voir au-delà de ses pensées. "Les alliances sont cruciales pour maintenir la paix entre nos tribus. J’ai discuté avec les chefs du clan Tuatha na Cridhe, et il est possible que tu sois promise à leur fils. Karras. On le dit déjà fier guerrier, malgré son âge."

Korin avait senti son cœur se serrer à l’évocation de ce mariage arrangé. Elle n'était qu'une enfant, mais la politique des clans dépassait les souhaits individuels. Elle avait baissé les yeux, essayant de comprendre ce que cela signifiait pour elle. Se marier à un prince d'une autre tribu… L'idée lui paraissait effrayante.

"Mais père," avait-elle murmuré d'une voix hésitante, "je suis encore jeune. Est-ce vraiment nécessaire ?"

Son père avait posé sa grande main sur son épaule, un geste à la fois rassurant et lourd de sens. "Ce n’est pas une question d'âge, Korin. C'est une question de devoir. Un jour, tu comprendras pourquoi c’est important. Tu n’es pas comme les autres filles. Tu portes en toi quelque chose d’ancien, un héritage qui doit être protégé."

Ils allèrent alors marcher à l’orée du village, près des collines verdoyantes. Alors que Korin marchait aux côtés de son père, la question qui la hantait depuis des semaines finit par franchir ses lèvres, timide et hésitante. "Père..." murmura-t-elle, fixant le sol devant elle. Miannead’ra, son visage grave et sérieux, tourna la tête vers elle, mais ne dit rien, attendant qu’elle poursuive.

"Pourquoi est-ce que... Komannead'ra ne se marie pas ? Elle est l’aînée, elle devrait être mariée avant moi, non ?"

Son père s’arrêta brusquement, ses traits déjà marqués par la fatigue s’assombrissant davantage. Un silence pesant s’installa entre eux, et Korin sentit immédiatement qu’elle avait touché un sujet interdit. Mian fronça les sourcils, un regard dur dans les yeux, comme s'il pesait chaque mot avant de répondre.

"Komannead'ra…" commença-t-il d’une voix rauque, mais il s’interrompit un instant. Puis, avec un soupir profond, il reprit, mais cette fois son ton était plus froid, presque distant. "La nuit où elle est née, quelque chose de sombre s’est produit. Tu n’étais pas née, évidemment, et c’est un sujet dont peu osent parler."

Korin resta silencieuse, mais ses yeux se levèrent vers son père, son cœur battant plus fort. Elle savait que Komannead'ra était différente, mais elle n’avait jamais su pourquoi.

"Le feu noir a brûlé notre village cette nuit-là," dit-il, la voix lourde de souvenirs douloureux. "Une partie de nos terres a été consumée par des flammes que personne n’a su expliquer. Les sages ont parlé d’une malédiction, d’un mauvais présage. La fin de notre monde sur Alba. Et ce feu, Korin, est lié à ta sœur."

Les mots de son père frappèrent Korin comme un coup de tonnerre. Le feu noir, une malédiction… elle n’avait jamais entendu parler de cela.

"Ses cheveux noirs, sombres comme les cendres, sont la marque de ce fléau. Quand elle est née, ils étaient déjà aussi noirs que la nuit. Certains disent que ses pleurs ont réveillé les flammes cette nuit-là, comme si elle-même les avait invoquées."

Korin ne pouvait contenir son choc, ses yeux s’élargissant d’incompréhension.

"Père, c’est juste une légende, n’est-ce pas ? Elle… Koman n’est pas maudite, elle est ma sœur..."

Miannead’ra secoua la tête, son regard se perdant dans l’horizon, durci par des années de silence et de mépris.

"Personne ne la voudra jamais pour épouse, Korin. Elle porte en elle cette malédiction, et les hommes de notre peuple craignent ce qu’elle pourrait apporter dans leur foyer. Moi-même… je n’arrive plus à la voir comme ma fille."

Le cœur de Korin se serra à cette déclaration, comme si le sol s’effondrait sous ses pieds. Son père ne considérait plus Komannead'ra comme sa fille ? Comment pouvait-il dire une chose pareille ?

"Elle est née sous de mauvais auspices, et je ne peux pas ignorer ce que cela signifie pour notre famille et notre peuple. Les anciens le savent, les Mères le savent. Komannead'ra... est une malédiction vivante. C’est uniquement parce qu’elle est de mon sang que je ne l’ai pas déjà abandonnée aux lochs."

Korin sentait la colère et la tristesse monter en elle, mais elle se retint de répondre. Comment pouvait-il parler ainsi de Koman ? Elle avait grandi avec cette sœur, partagé des rires et des secrets avec elle. Et pourtant, son père semblait la rejeter, comme si elle n'était plus qu'une ombre.

"Mais toi, Korin, ma fille..." dit-il d’une voix plus calme. "Ta naissance a été un signe des anciens, un présage de lumière après tant de ténèbres. Le jour où tu es venue au monde, la nuit était noire, mais au moment même de ta naissance, un rayon de lumière a percé les nuages et baigné notre village. Les sages ont vu en toi la promesse d'un nouveau départ, un contrepoids à la malédiction qui pesait sur ta sœur."

Korin sentit son cœur se serrer alors que son père continuait, ses paroles empreintes d'un mélange de fierté et de poids qu’elle n’avait jamais réalisé jusqu’alors.

"Tu as été bénie par les étoiles, Korin, et dès ta venue au monde, tout a commencé à changer. Les récoltes ont prospéré, les présages se sont éclaircis. C’était comme si ta lumière venait rétablir l'équilibre que Komannead'ra avait bouleversé avec sa naissance. Tu es celle qui ramèneras la paix, celle qui portera notre peuple vers l’avenir, comme l’ont dit les anciens."

Korin baissa les yeux, sentant le poids de ces attentes lui peser sur les épaules. Elle avait toujours su qu’elle était différente, spéciale, mais elle n’avait jamais compris à quel point sa naissance avait été perçue comme une bénédiction.

"C’est pour cela que ton mariage est si important. Il apportera une force comme jamais notre tribu n’en a connu depuis l’ère des lumières. Karras t’apportera une lignée digne, forte. Elle nous permettra de protéger les terres d’Alba contre les étrangers venus du Sud. Ainsi est ta destinée."

Ces paroles résonnaient encore en elle aujourd'hui, alors qu’elle observait son père de loin. Korin se demandait si elle serait prête à ce destin qu’il lui décrivait. Se sentait-elle capable d’endosser le poids des attentes de son peuple ? Chaque jour, elle sentait ce fardeau se faire plus pressant, même si elle essayait de l’ignorer. Sa liberté d’enfant semblait déjà rétrécir à mesure que son futur s’imposait à elle.

Elle baissa les yeux, regardant son frère cadet, Ryanead’ra courir non loin d’elle, insouciant et libre comme un oiseau dans le ciel. Il était tout le contraire de ce qu’elle ressentait à l'intérieur. Il jouait, riait avec les autres enfants, inconscient de l’importance du nom qu’ils portaient. Korin sourit légèrement, se sentant à la fois protectrice et envieuse de sa légèreté.

"Un jour," se dit-elle en silence, "il comprendra aussi."

Suite à la conversation avec son père, les choses étaient allées très vite. Son père voulait savoir si Korin était prête. Sa mère l’avait préparée avec soin dès la lune suivante, brossant ses cheveux en silence, son regard sérieux. Il n’y avait pas eu besoin de mots. La simple présence de sa mère suffisait à lui faire comprendre que cette journée marquerait un tournant dans son existence. Les regards des femmes du village s’étaient faits plus lourds ces derniers mois, pesants de questions et d’attentes non dites. Korin savait que son corps changeait, qu’elle n’était plus tout à fait une enfant, et les Anciennes le savaient aussi.

Lorsqu'elle entra dans la hutte sacrée, l'odeur du feu et des herbes brûlées emplissait l'air, et un silence solennel régnait. Elles étaient toutes là, assises en cercle autour du foyer, leurs visages ridés et marqués par les années passées à déchiffrer les mystères de la vie et de la mort. Les yeux perçants des Anciennes fixaient Korin lorsqu’elle s’avança. Elle ressentit immédiatement la pression de leurs regards, comme s’ils cherchaient à pénétrer sous sa peau, à lire les secrets inscrits dans son être.

"Approche, Korin, fille de Miannead’ra mac Korith," dit l'une des plus anciennes, sa voix douce mais pleine d’autorité. Korin avança avec une hésitation à peine perceptible, se tenant droite malgré le poids invisible qui semblait peser sur ses épaules.

L’une d’entre elles déshabilla Korin, tandis que les autres observaient. Leurs yeux scrutaient chaque détail de son corps, non pas avec une curiosité malveillante, mais avec un objectif précis : évaluer si elle était prête pour les rôles qu’elle serait bientôt appelée à jouer. Ce n’était pas simplement une question de maturité, mais de savoir si son corps était prêt à donner vie, à perpétuer la lignée sacrée. Leur examen se voulait méticuleux, presque clinique, bien que Korin ne le comprenne pas encore totalement. Elles la touchèrent, dans des lieux pas très agréables. Elles voulaient savoir si elle était prête.

"Elle grandit vite," murmura l’une des femmes, ses yeux se posant sur les courbes naissantes de Korin.

Une autre hocha lentement la tête. "Son corps est presque celui d’une femme."

Korin sentit la chaleur monter à ses joues, mais elle resta immobile. Elle savait que ce moment était inévitable, qu'il faisait partie de la tradition. Les anciennes n’avaient pas encore prononcé leur jugement, mais leurs murmures entre elles, leurs gestes mesurés, la faisaient se sentir à la fois observée et évaluée.

Une des femmes s'approcha, posant sa main sur la joue de Korin, puis, délicatement, sur son bras. Ses doigts traçaient lentement la peau dorée de la jeune fille, cherchant des signes, des indices qui révéleraient si son corps était prêt à remplir son rôle. Elles cherchaient dans ses yeux verts perçants une réponse, un signe que l’on ne pouvait lire que dans la profondeur de l’âme.

"Ces yeux..." murmura une des Anciennes, plus jeune que les autres. "Ils brillent encore plus fort qu’avant. Il y a quelque chose d’ancien qui l’habite. Mais nous devons attendre."

Les autres acquiescèrent. Korin ne comprenait pas encore tous ces mots énigmatiques. Elle se savait différente, ses yeux brillants, sa peau dorée, des traits qui la démarquaient de la plupart des autres filles de la tribu. Mais pourquoi cela faisait-il d'elle quelqu’un d’aussi spécial ? Ces questions lui tournaient sans cesse dans la tête, sans réponse claire.

"Est-elle prête, Ô ancienne Kalan ?" demanda une autre, regardant la matriarche.

Cette dernière était restée assise, fixant le mur de la tente de ses yeux blancs opaques. Ses nombreuses rides, l’absence de cheveux et de dents marquaient une ancienneté que nulle autre ne pouvait se targuer d’approcher. Maintenant qu’elle était interpellée, elle tourna enfin la tête vers Korin.

Elle leva la main, ridée et marquée par des années de rituels et de sagesse ancienne, et posa doucement ses doigts sur le front de Korin. Un murmure, à peine audible, s'échappa de ses lèvres, un chant ancien, une incantation que seules les plus vieilles de la tribu connaissaient. Les autres Anciennes observaient en silence, conscientes que ce moment était plus qu’un simple rite de passage.

Puis, dans un souffle presque imperceptible, la matriarche parla, mais ses mots étaient voilés de mystère, comme une énigme tissée dans le tissu même de la destinée.

"Le sang des étoiles coule en toi," dit-elle, ses yeux ne quittant pas ceux de Korin. "Ton corps, pourtant, restera stérile aux mains des ombres qui viendront. Les loups peuvent mordre, les corbeaux peuvent déchirer, mais ils ne laisseront rien."

Korin fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas pleinement les paroles de la matriarche, mais le poids des mots la troubla profondément.

"Seul le rouge-gorge, celui qui portera en lui la lumière et l'ombre, le plus grand des guerriers, pourra planter la graine de vie en ton sein," poursuivit la vieille femme, ses paroles devenant plus énigmatiques.

Le silence qui suivit était lourd. Les autres Anciennes échangeaient des regards graves, comprenant que les mots de la matriarche étaient des prophéties qu’elles devraient désormais interpréter. Mais pour Korin, ces paroles restaient des énigmes, des mots suspendus entre mystère et destin.

"Rappelle-toi de ceci, Korin, la vie ne naîtra pas de la violence, mais du respect et de l'union des âmes." Puis, dans un dernier murmure, la matriarche ajouta : "Seul celui qui t'aimera véritablement pourra t’offrir l’enfant du destin."

Les yeux de Korin, grands ouverts, essayèrent de comprendre, mais elle ne pouvait saisir entièrement le sens de ces paroles. Pourtant, elle sentait au fond d’elle-même que ces mots, même incompréhensibles aujourd'hui, guideraient un jour son chemin.

Après un long moment de délibération à l’écart de Korin, silencieuse, l’une des plus anciennes femmes prit la parole. "Elle est presque prête," dit-elle en se tournant vers ses sœurs du conseil. "Son corps se prépare pour l’avenir qui l’attend. Mais ce n'est pas seulement son corps que nous devons observer. Son esprit doit également être prêt. Karras sera le rouge-gorge, et la plus puissante des lignées d’Alba naîtra de cette union."

Les mots résonnèrent lourdement dans l’esprit de Korin. Elle se sentait déjà accablée par les attentes physiques qui pesaient sur elle, mais savoir que son esprit serait jugé avec autant de rigueur la plongeait dans une certaine anxiété. Était-elle prête à affronter tout cela ? À devenir la femme que la tribu attendait d’elle ?

"Elle devra bientôt prendre époux," déclara alors l'une des plus anciennes, rompant le silence. "Le temps des alliances approche, et il faut qu'elle soit prête."

Le visage de Korin se crispa légèrement, bien que son regard restât fixe sur le feu qui brûlait au centre de la hutte. Elle baissa légèrement la tête, comme pour masquer l’inconfort qui l’envahissait. Elle ne se sentait pas prête à cette idée. Pas encore. Mais dans leur monde, les sentiments individuels importaient peu face à la nécessité de préserver l’équilibre entre les tribus.

Les anciennes continuaient d'échanger des regards, de murmurer des paroles mystérieuses, avant que l’une d’entre elles ne se lève et ne s’avance vers Korin, une petite coupelle d’herbes dans la main. "Nous ferons un dernier rituel pour marquer ta transition. Il te faudra de la force pour ce qui t’attend. Tu es sur le chemin, Korin. Un chemin que tu ne peux pas fuir."

Korin ferma les yeux un instant, laissant les souvenirs de ce rituel envahir son esprit, le poids des attentes pesant encore sur ses épaules, malgré les années passées. Ce moment avec les Anciennes l’avait marquée, non seulement par l’importance de ce qu'il symbolisait, mais aussi par la solitude qu’elle avait ressentie à l’idée de devoir affronter un futur qu’elle ne maîtrisait pas.

Elle ouvrit doucement les yeux, revenant au présent, ses pensées flottant toujours entre ce passé lointain et la réalité qui l'entourait. Mais aujourd’hui, ce n’était pas uniquement le Conseil des Anciennes qui accaparait son esprit, mais bien Komannead'ra, sa sœur aînée, si différente de la jeune fille avec qui elle avait partagé son enfance.

Koman la regardait différemment maintenant, avec une lueur que Korin ne pouvait décrypter. Il y avait quelque chose de plus, quelque chose de sombre, une sorte de rancœur ou de jalousie qui l'inquiétait. Même si Korin ressentait cet éloignement grandissant, elle aimait sa sœur. Mais l'affection semblait être de plus en plus à sens unique, et cela lui faisait mal. Koman avait changé, et Korin se demandait si c'était à cause de l’attention que le peuple lui portait, à elle, l'enfant marquée des signes des anciens.

Aujourd’hui, pourtant, tout semblait paisible. Korin sentait la douceur du vent caresser son visage, apportant avec lui l'odeur de la terre fraîche et du feu de camp. Elle regardait les collines environnantes, cette terre sauvage qu’elle appelait maison. Une partie d'elle se perdait dans ce paysage familier, comme si elle pouvait s’y fondre et échapper à tout ce qui pesait sur elle.

Un nouveau souvenir s’imposa à elle. Un souvenir doux et lointain, alors qu'elle fixait un point dans les collines vertes de l’horizon, perdue entre passé et présent. Elle se revoyait, encore petite, courant à travers les collines avec Komannead'ra, leurs rires résonnant dans l'air frais de la montagne. C’était un jour ensoleillé, l’été baignait les terres d’une lumière dorée, et les deux sœurs avaient passé la journée à jouer près de la rivière, chassant des insectes et construisant des ponts de pierres. Komannead'ra, toujours la plus aventureuse, avait entraîné Korin dans une course folle pour grimper le plus haut possible sur les rochers qui surplombaient l'eau.

Elles avaient souvent l’habitude de s’éclipser loin du village pour échapper aux regards des adultes et trouver leurs propres aventures dans la nature sauvage des Highlands. Koman, toujours plus audacieuse, guidait Korin à travers les forêts et les collines, dénichant des endroits secrets où elles pouvaient imaginer des mondes merveilleux. Korin admirait sa sœur avec ferveur. Koman était plus âgée, plus forte, et semblait déjà comprendre tant de choses que Korin, avec ses douze ans, n’avait pas encore saisies.

Ce jour-là, après avoir gravi le dernier rocher, elles s’étaient assises côte à côte, les pieds se balançant dans le vide, face à l'immensité des terres qui s'étendaient devant elles. Le vent jouait dans leurs cheveux, mêlant leurs longues mèches sombres alors qu’elles observaient le village en contrebas. Komannead'ra, les yeux pétillants de malice, avait tourné la tête vers Korin et lui avait donné un coup de coude, faisant mine de la pousser du bord.

"Tu crois qu’un jour, tu seras aussi brave que moi ?" avait-elle dit en riant, l’air taquin, mais avec cette tendresse qui leur était propre.

Korin, les joues rougies par l’effort et la chaleur, avait ri à son tour. Elle savait que Koman l’embêtait, mais derrière ces plaisanteries se trouvait une véritable affection. "Je n'ai pas besoin d'être aussi brave que toi," avait-elle répliqué en riant, "parce que tu seras toujours là pour me protéger."

À ces mots, Koman avait soudainement arrêté de rire, son regard se faisant plus doux, presque protecteur. Elle passa son bras autour des épaules de sa petite sœur, la tirant contre elle dans une étreinte affectueuse. "C’est vrai," avait-elle murmuré, ses yeux fixés sur l’horizon, "Je serai toujours là, Korin. Rien ni personne ne pourra changer ça."

Ce moment de complicité intense, où tout semblait éternel et immuable, s’était gravé dans le cœur de Korin. Elles avaient passé des heures à discuter ce jour-là, à rêver de l'avenir, à inventer des histoires où elles seraient invincibles, des héroïnes de légendes. Koman lui avait même offert un bracelet de cuir qu’elle avait tressé elle-même, une promesse silencieuse de leur lien indéfectible.

"Ce bracelet, c’est pour que tu te souviennes toujours que tu n'es pas seule," avait dit Koman en attachant le bracelet autour du poignet de Korin. "Peu importe ce qui arrive, je serai avec toi."

Korin avait chéri ce cadeau, et encore aujourd'hui, bien des années plus tard, elle le portait toujours, bien que les liens entre elles soient devenus plus fragiles. Ce moment partagé, ces rires innocents, cette complicité, tout semblait si loin désormais. À l’époque, elle n'aurait jamais imaginé que ce lien pourrait s'effriter, que des tensions invisibles pourraient séparer ce qui semblait être à l’épreuve du temps.

Dans les mois qui avaient suivi, Korin avait vu Koman changer peu à peu. Les rires partagés devinrent plus rares, les moments de complicité se firent plus distants. Sa sœur avait commencé à s'isoler, à s’éloigner des jeux innocents qu’elles partageaient, préférant des moments de solitude ou des discussions silencieuses avec les anciens.

Aujourd’hui, Korin regardait ce souvenir avec une profonde nostalgie, se demandant où était passée cette Komannead'ra, celle qui l’avait fait rire, celle qui lui avait promis de toujours être là pour elle. Les années, les responsabilités, ou peut-être quelque chose de plus sombre, avaient creusé un fossé entre elles, un vide qu’elle ne savait comment combler.

Elle fut bientôt appelée par son père, qui la tira ainsi de ses pensées et de ses souvenirs. Miannead’ra se tenait droit, sa silhouette imposante se détachant contre les lueurs du soleil couchant. Son visage était grave, mais empreint de cette douceur paternelle qu’il ne montrait que rarement. Korin se leva doucement, quittant l’endroit où elle s’était assise près du feu, et rejoignit son père d’un pas rapide.

"Korin, viens, nous avons besoin de toi pour les préparatifs." Sa voix résonnait comme un ordre, mais un ordre empreint de respect. Il savait que Korin n’était plus une enfant, que sa place au sein du village se précisait à mesure que les jours passaient.

Elle acquiesça silencieusement et le suivit. Ses pensées s’étaient déjà égarées loin de ce moment présent. Mais son père avait l’art de la ramener à la réalité avec peu de mots. La gravité de la soirée à venir semblait peser sur lui aussi.

Ils marchèrent ensemble vers le centre du village, où les préparatifs pour le grand repas du soir étaient en cours. Les flammes dansaient déjà haut dans les feux de camp, et l’odeur des viandes rôties et des herbes fraîches emplissait l’air. Les villageois s’activaient, réglant les derniers détails pour honorer les esprits ancestraux et les dieux qui les protégeaient.

En arrivant près du grand feu, Korin se retrouva entourée des siens, échangeant des sourires et des salutations avec les femmes et les anciens. Elle se sentait à sa place, et pourtant étrangère. Le souvenir des paroles de la matriarche résonnait toujours en elle, la prophétie mystérieuse sur son destin qui semblait encore si lointaine. Mais ce soir-là, elle chassa ces pensées pour se concentrer sur les activités à portée de main.

"Va aider ta mère avec les offrandes," dit son père en posant une main lourde sur son épaule, une façon silencieuse de rappeler qu’elle était nécessaire, ici et maintenant.

Korin hocha la tête et partit rejoindre sa mère, qui préparait des couronnes de fleurs et des herbes sacrées à poser sur l’autel central. En silence, elles travaillèrent ensemble, leurs gestes synchrones, comme si la simplicité des tâches les unissait sans avoir besoin de mots.

Korin rejoignit sa mère près de l’autel où les offrandes étaient disposées. Sa mère, concentrée, tressait soigneusement des couronnes de fleurs, des brins d’herbes sacrées et des branches de sapin, ses mains habiles glissant sans hésitation sur les plantes qu’elle connaissait si bien. Elle leva les yeux vers Korin en souriant doucement, une lueur de fierté et de tendresse dans son regard, et lui tendit un brin de sauge fraîche.

"Tiens, Korin. Aide-moi à finir celles-ci avant que le crépuscule ne tombe complètement," dit-elle d’une voix douce.

Korin s’assit à côté d’elle, prenant délicatement les plantes et imitant les gestes précis de sa mère. Tresser les couronnes était un rituel en soi, une activité apaisante qui rythmait les soirées de préparation avant les grandes célébrations. Leurs mains travaillaient en silence, le crépitement du feu tout proche et les murmures des villageois formant une toile de fond paisible.

"Tu fais bien, ma fille," murmura sa mère après un long moment. "Un jour, ce sera toi qui guideras les autres dans ces tâches."

Korin baissa les yeux, ses doigts continuant à tresser les brins de fleurs. Ces paroles étaient lourdes de sens, comme une transition silencieuse vers le rôle qu’elle allait devoir endosser. Elle se savait déjà observée par les anciennes et les anciens, mais entendre sa mère prononcer ces mots, d’un ton si calme et naturel, la rendait plus consciente de l’inévitable changement à venir.

"Maman," murmura Korin sans lever les yeux de son travail, "penses-tu vraiment que je suis prête ?" Sa voix était légère, presque hésitante, trahissant les doutes qui l'habitaient, bien qu'elle tente de les masquer.

Sa mère sourit, cette fois avec une certaine gravité. "Personne n’est jamais complètement prêt, Korin. Pas avant que le moment ne vienne. Mais tu as la force en toi. Et tu as ton père, ton frère, et… Koman, pour te soutenir."

Korin sentit un pincement au cœur à l'évocation de Komannead'ra. Sa sœur semblait si distante ces derniers temps, si perdue dans ses propres pensées. Pourtant, la simple mention de son nom, faite avec douceur par leur mère, laissa entrevoir l’espoir qu'un jour, leur relation pourrait se réparer.

Elles continuèrent leur travail en silence, le ciel au-dessus d’elles devenant de plus en plus sombre, les premières étoiles perçant les nuages légers. L’air se rafraîchissait, et Korin sentit un léger frisson parcourir sa peau dorée. Mais ce n’était pas seulement le froid qui l’habitait.

Elle leva la tête un instant, observant les alentours. Tout semblait paisible, trop paisible peut-être. Un calme étrange régnait sur le village, comme si la terre elle-même retenait son souffle. Elle se retourna vers sa mère, qui continuait à tisser les brins de sauge avec une patience infinie.

"Tu devrais aller aider les autres à préparer le feu sacré," dit-elle d’un ton affectueux. "Nous avons presque terminé ici."

La nuit tomba rapidement, enveloppant le village de Túatha na Gréine dans un voile de noirceur ponctué par le scintillement des étoiles. Le grand feu central flamboyait haut, projetant des ombres dansantes sur les visages des villageois rassemblés autour. La chaleur du feu contrastait avec la fraîcheur de la nuit, et les flammes illuminaient les sourires et les rires qui emplissaient l’air. Ce soir, c'était la célébration du rituel du passage à l'âge adulte de Korin, une cérémonie sacrée qui marquait la transition de l’enfance à la maturité.

Korin se tenait près du feu, ses yeux verts brillants capturant la lumière des flammes, et son visage baignait dans un mélange de crainte et d'excitation. Ce moment, qu'elle avait longtemps redouté et attendu à la fois, était enfin arrivé. Elle portait une simple robe tissée de lin, ornementée de quelques fleurs et de symboles protecteurs tracés à l'encre bleue sur ses bras et son visage par les Anciennes. Sa peau dorée scintillait légèrement, accentuée par la lueur du feu, et elle sentait le poids des regards sur elle, surtout celui de son père, qui la surveillait depuis le cercle des anciens.

Autour d’elle, les chants s’élevaient, les femmes entonnant des prières anciennes pour bénir la transition de Korin et la guider vers son destin. Les hommes, eux, préparaient les offrandes pour les esprits, brûlant des herbes sacrées qui dégageaient une fumée parfumée et dense, flottant au-dessus du village comme un voile mystique.

Les enfants couraient autour du feu, riant, insouciants, tandis que les plus jeunes filles dansaient, leurs pieds nus frappant doucement le sol en cadence avec les tambours et les flûtes qui jouaient une mélodie ancestrale. L’atmosphère était festive, mais une solennité régnait sous la surface. Cette nuit symbolisait un passage, et tout le monde le sentait.

Korin regardait autour d’elle, ses yeux se posant tour à tour sur chaque visage familier. Les visages souriants des femmes plus âgées, la fierté dans les yeux de son père, et l’attention douce de sa mère. Mais elle ne pouvait s’empêcher de chercher un regard en particulier : celui de Komannead'ra, sa sœur. Koman était là, un peu en retrait, son visage caché dans l’ombre, observant la scène avec une intensité que Korin ne parvenait pas à déchiffrer. Elle n’avait pas participé à la préparation du rituel comme les autres femmes du village. Elle semblait distante, étrangère à cette fête, comme si elle avait déjà quitté ce monde pour en embrasser un autre, plus sombre, plus personnel.

Korin détourna les yeux, décidant de se concentrer sur le moment présent. Elle ressentait la gravité de ce rite, un mélange d’appréhension et de fierté. La transition vers l’âge adulte n’était pas un simple rituel pour la tribu, mais un passage vers les responsabilités, un futur plein de mystères et d'attentes.

Le Conseil des Anciennes se rassembla autour d'elle, formant un cercle sacré. La Matriarche s’avança avec une torche enflammée, la tendant à Korin avec une lenteur solennelle. Les chants se firent plus doux, laissant place à une mélodie grave et envoûtante. Tout le village se tut, les regards fixés sur la jeune fille qui était sur le point de franchir le seuil entre l'enfance et l'âge adulte.

"Korin, fille de Miannad’ra mac Korith, tu te tiens devant nous ce soir comme l’enfant que tu étais." La voix de la Matriarche résonna avec une gravité presque mystique. "Mais au lever du jour, tu ne seras plus celle que tu étais. Ce feu que tu tiens entre tes mains est le symbole de la lumière que tu portes en toi. Une lumière qui doit grandir, et qui guidera ton peuple vers l’avenir."

Korin prit la torche avec des mains légèrement tremblantes, le poids des paroles de la Matriarche s’infiltrant dans son esprit. Elle ressentait la chaleur du feu, non seulement celui des flammes, mais aussi celui des attentes et du destin qui pesaient sur elle.

"Approche-toi du feu sacré, et laisse la lumière t'embrasser," continua la Matriarche.

Korin avança vers le grand feu, sentant la chaleur intense sur son visage, et, à cet instant, elle se sentit à la fois exposée et protégée par cette lumière. Le chant des Anciennes s’éleva à nouveau, emplissant l’air d’un mystère profond.

Le village tout entier était témoin de ce moment. Le passage de Korin à l'âge adulte ne concernait pas seulement son propre destin, mais celui de la tribu tout entière. Ses pas, marqués par le rythme des tambours et les murmures du vent, étaient une promesse silencieuse qu'elle embrassait sans totalement comprendre la portée.

Elle leva la torche et l'enfonça dans les flammes du feu sacré, symbolisant son engagement à embrasser son rôle et à porter la responsabilité qui lui incombait. Les flammes dansèrent autour d’elle, et dans cet instant suspendu, elle sentit une vague de chaleur l’envahir, un mélange de fierté et de peur face à l’avenir incertain.

Le village éclata en acclamations et en chants, la fête reprenant de plus belle. La musique devint plus vive, les danses plus enjouées. Les hommes trinquaient, les femmes chantaient, et les enfants riaient sous le ciel étoilé.

C’est à cet instant, alors que Korin tenait encore la torche plongée dans les flammes sacrées, que le premier cri retentit. Un hurlement déchirant, étranger aux rires et aux chants, s’éleva depuis les collines qui surplombaient le village. Le silence tomba immédiatement, étouffant la musique, coupant court aux danses et aux conversations. Les visages se tournèrent instinctivement vers la source de ce cri lointain, leurs sourcils froncés d'inquiétude.

Korin sentit son cœur se serrer, une peur soudaine la prenant à la gorge. Le village entier semblait figé, l'ombre du doute planant lourdement sur les festivités. Puis, dans le lointain, des bruits de cornes de guerre résonnèrent, graves et menaçants. Les flammes du grand feu vacillèrent sous le souffle d'une brise froide, et la peur devint palpable, traversant la foule comme une onde.

"Vikings !" hurla l’un des jeunes guerriers posté aux frontières du village, sa voix brisant l’atmosphère pesante.


Dernière édition par Koriand'r le Ven 27 Sep 2024 - 13:01, édité 7 fois
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Re: Le Couché de Soleil Ven 27 Sep 2024 - 10:36

Le chaos s’abattit aussitôt. Les cris de panique fusèrent de toutes parts, les hommes courant pour attraper leurs armes, les femmes attrapant leurs enfants pour les mettre à l’abri. Le ciel, pourtant clair et étoilé, semblait soudain plus sombre, comme si les ombres des collines dévoraient la lumière des flammes. Korin restait figée devant le feu sacré, les yeux grands ouverts, incapable de bouger dans un premier temps, comme paralysée par l’horreur du moment.

Son père, Miannad’ra, se leva d’un bond, sa stature imposante dominant la scène. "Tous aux armes !" cria-t-il d'une voix forte. Les guerriers de la tribu accoururent, saisissant leurs lances et leurs boucliers, se préparant à défendre leur terre. Les anciens guidaient les plus jeunes vers les abris, essayant de maintenir l’ordre dans ce tourbillon de terreur. Sa mère attrapa le bras de Korin, la tirant avec elle dans un mouvement rapide.

"Korin, viens, nous devons partir !" Sa voix, habituellement si calme, était désormais empreinte de panique.

Mais Korin ne pouvait détacher son regard de la colline. Les silhouettes sombres des guerriers vikings, hurlant des chants de guerre barbares, déferlaient sur le village, leurs torches enflammées illuminant le sentier. Leurs cris bestiaux résonnaient dans la nuit, se mêlant aux hurlements des villageois en fuite. Des éclats de lumière trahissaient le cliquetis des armes que les envahisseurs brandissaient, prêtes à semer la mort.

Des larmes de peur jaillirent des yeux de Korin, et tout sembla s’accélérer autour d’elle. Des corps couraient dans tous les sens, les flammes des torches projetaient des ombres terrifiantes sur les visages des assaillants. Les guerriers de sa tribu se ruaient vers les lignes ennemies, mais ils étaient en infériorité numérique, et le choc des premières lames dans la nuit résonna comme un glas.

"Korin !" Komannead'ra apparut soudainement, surgissant des ténèbres pour attraper sa sœur par le bras. Son visage était dur, ses yeux sombres fixant l'horizon où le carnage commençait. Elle tira Korin vers l’un des abris. "Nous devons partir maintenant !"

Korin hocha la tête, mais son esprit restait embrumé, incapable de traiter l'horreur qui s'abattait sur eux. Elle suivit Komannead'ra, trébuchant presque, alors que les bruits de la bataille s'intensifiaient autour d’elles. Des cris de douleur, des ordres hurlés, des bruits sourds de lames contre des boucliers remplissaient l’air.

En un instant, alors qu'elles atteignaient presque l’abri, Korin se retourna et vit son père à la tête de ses guerriers, sa lance sacrée levée, prêt à affronter la première vague d’envahisseurs. Les Vikings descendaient en furie sur le village, frappant avec une violence inouïe. Leurs boucliers ornaient des runes inconnues, leurs visages couverts de marques de guerre et de rage.

Miannad’ra, face à l’ennemi, hurla un ordre pour défendre le village. Korin ne pouvait pas détourner les yeux. Son père, cet homme qu’elle avait toujours vu invincible, se dressait seul contre cette vague de destruction. Elle voulut courir vers lui, mais Komannead'ra la retint fermement, la forçant à rester en sécurité.

"Ne regarde pas !" ordonna Koman, sa voix autoritaire, mais Korin ne pouvait détacher son regard.

Les premières lames s'entrechoquèrent, et dans ce fracas de métal et de cris, la paix de sa vie d’enfant s’évanouit pour toujours.

Korin, tirée par Komannead'ra, courait à travers les ruelles étroites du village, son cœur battant à tout rompre. Les cris des villageois et le fracas des armes résonnaient tout autour d’elles, mais le seul son qui lui importait était celui de sa propre respiration haletante, luttant pour suivre le rythme effréné de sa sœur. La terreur envahissait chaque fibre de son corps, mais elle se raccrochait désespérément à l’idée qu’elles pourraient échapper à cette nuit cauchemardesque.

"Par ici !" siffla Komannead'ra, la tirant dans une ruelle sombre, à l'écart des combats.

Les deux sœurs avançaient en titubant, se frayant un chemin à travers le chaos qui dévastait leur monde. Leurs pas étaient rapides, guidés par l’instinct de survie. Les flammes dévoraient déjà plusieurs huttes, et l'air était chargé de fumée et de cendre, étouffant leurs respirations.

"Ne t'arrête pas !" ordonna Komannead'ra. Korin, épuisée, serrait la main de sa sœur, cherchant en elle la force de continuer à courir.

Soudain, alors qu'elles contournaient un autre virage, elles furent séparées. Dans le chaos, un groupe de villageois en panique se rua sur elles, désorientés, fuyant les Vikings avec le même désespoir.

"Koman !" hurla-t-elle, mais Komannead'ra avait disparu. Korin se retrouva seule, ses yeux scrutant la fumée et l’obscurité à la recherche de sa sœur. Mais il n’y avait plus de signe de Koman.

La peur paralysante se fit alors sentir plus intensément. Elle était seule, perdue dans la nuit, sans protection. Les hurlements et les bruits de bataille s'intensifiaient tout autour d'elle, et son cœur se serra de terreur.

Les cris des villageois, les hurlements des Vikings, le fracas des armes et le crépitement des flammes formaient une cacophonie infernale qui emplissait l'air. Le village qu'elle avait toujours connu comme un refuge sûr et chaleureux était devenu un champ de bataille où tout semblait sur le point de s'effondrer.

Alors qu'elle contournait un virage, un cri perça la nuit, un cri désespéré qui lui glaça le sang. Elle reconnut immédiatement cette voix. C'était Dara. Son cœur s'arrêta net, et, sans réfléchir, Korin se retourna, cherchant désespérément sa meilleure amie dans la confusion.

Au milieu du chaos, elle aperçut Dara, plus loin, luttant pour se libérer des mains d’un Viking gigantesque qui la dominait de toute sa hauteur. Le visage de Dara, habituellement si rieur et plein de vie, était maintenant déformé par la terreur. Ses cheveux décoiffés tombaient autour de son visage, ses couronnes de fleurs arrachées et piétinées au sol.

Korin voulut crier, appeler à l'aide, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge, étouffés par la peur et l'horreur de la scène. Elle était pétrifiée, incapable de bouger alors que son amie se débattait désespérément sous les coups du Viking.

Dara leva un regard empli de terreur vers Korin, leurs yeux se croisèrent un instant suspendu dans le temps. Ce regard de supplication, rempli de douleur et de peur, résonna dans le cœur de Korin, mais elle ne pouvait rien faire. Elle était trop loin, trop faible, et les Vikings étaient partout.

Avant même qu’elle ne puisse réagir, le Viking abattit brutalement sa hache, tranchant le corps frêle de Dara avec une violence inouïe. Le cri de Dara s’éteignit dans un gargouillis, et les parties de corps s’effondrèrent au sol, inerte, le sang se mêlant à la boue et aux cendres.

Korin étouffa un hurlement de douleur, ses jambes tremblant sous elle. L’image de Dara, son amie d’enfance, gisante dans la poussière, les yeux ouverts et vides, resta gravée dans son esprit. Elle voulait courir vers elle, mais son instinct de survie la força à continuer de fuir. Elle ne pouvait rien faire. Dara était partie, et Korin devait fuir pour ne pas subir le même sort.

Les larmes coulaient librement sur son visage, son souffle haché par la terreur et la tristesse, mais elle continua à courir. Dara était morte, et Korin savait qu’elle ne reverrait plus jamais son sourire, ni n'entendrait son rire éclatant. Elle tourna les talons, courant le plus vite possible dans la direction opposée.

Puis, elle les vit. Un groupe de Vikings s’avançait vers elle, leurs silhouettes sombres se découpant contre les flammes qui ravageaient le village. Ils la virent aussi, et leurs yeux se fixèrent immédiatement sur elle, comme des prédateurs traquant leur proie.

"Non... non..." murmura Korin, tétanisée, ses jambes refusant de bouger. Elle voulut fuir, mais son corps resta figé, incapable de répondre. Elle recula, trébuchant sur une pierre, puis tomba à genoux. Les Vikings s’approchaient rapidement, leurs sourires déformés par la soif de violence.

Le premier la saisit par les épaules et la projeta violemment au sol, la forçant à crier de douleur alors que son corps frappait durement la terre. Korin se débattit, essayant désespérément de se libérer, mais ils étaient trop nombreux. Leurs rires brutaux résonnaient dans l’air, des sons inhumains qui lui glaçaient le sang.

"Lâchez-moi !" hurla-t-elle, mais sa voix se perdit dans le tumulte de la nuit.

Ils la plaquèrent au sol, déchirant ses vêtements avec une brutalité qui la fit suffoquer. La terreur l’envahit complètement, et elle se débattit en vain contre leurs assauts, leurs mains rugueuses l’immobilisant.

La douleur et l’humiliation s'abattirent sur elle, tandis qu’ils la violaient sans pitié, chacun prenant son tour avec une cruauté qui la laissait brisée et impuissante. Les larmes coulèrent librement sur son visage, mais elle était trop faible pour continuer à crier, trop terrifiée pour comprendre pleinement ce qui lui arrivait.

Le temps perdit tout sens, chaque seconde s’étirant dans une agonie insoutenable. Tout ce qu'elle ressentait était la douleur, la terre froide sous son corps, et l'immense vide de désespoir qui l'engloutissait.

Quand ils eurent fini, ils la laissèrent là, immobile, à moitié consciente, incapable de bouger. Mais ils ne l’abandonnèrent pas pour autant. L'un d'eux, le plus grand, la saisit par les cheveux et la tira brutalement, la forçant à se relever malgré la douleur lancinante dans tout son corps. Korin ne pouvait plus lutter. Elle était brisée, vidée de toute force.

Ils l'embarquèrent sans un mot de plus, la traînant jusqu'à leur navire, comme une simple marchandise. Elle n’était plus qu’une prisonnière, une victime arrachée à tout ce qu’elle connaissait, et alors qu'ils l'embarquaient à bord de leur navire, Korin réalisa que tout ce qu’elle avait aimé, tout ce qu’elle avait connu, venait de lui être enlevé pour toujours.

Les jours qui suivirent son enlèvement furent un flou de douleur et de confusion pour Korin. Le voyage sur le bateau des Vikings ressemblait à une longue nuit sans fin, où chaque instant se fondait dans le suivant, sans repère ni répit. Elle était retenue dans les entrailles du navire, les mains attachées et le corps meurtri par les événements récents. L’odeur de la mer se mêlait à celle de la sueur, du sang et de la crasse, et l’obscurité omniprésente dans la cale amplifiait son sentiment d’isolement.

Le balancement constant du bateau la maintenait dans un état de demi-conscience. Ses muscles endoloris et son esprit vidé l’empêchaient de penser clairement. Chaque fois qu’elle fermait les yeux, des visions de l’attaque du village la hantaient, des fragments de souvenirs éclatés : le visage de son père, les cris de sa sœur, les flammes dévorant les maisons de sa tribu… Et puis la violence qui l'avait brisée, cet acte brutal qui continuait de résonner dans son corps à chaque respiration douloureuse.

Elle était seule, totalement livrée à ses ravisseurs. Le froid des nuits en mer s’infiltrait dans la cale, et Korin tremblait sous ses haillons déchirés, essayant de lutter contre l'engourdissement de son corps. Elle se demandait combien de temps ce cauchemar allait durer, mais aucune réponse ne venait.

Les journées passaient sans qu’elle puisse les compter, chaque réveil étant un nouvel affront à son esprit et à son corps déjà ravagés. Les Vikings ne lui adressaient presque jamais la parole, sauf pour lui jeter un peu d’eau ou de la nourriture rance, qu’elle parvenait à avaler malgré la nausée. Leurs regards étaient indifférents, comme si elle n’était qu’un objet, un butin parmi tant d'autres.

Korin ne cessait de se demander pourquoi elle était encore en vie. Elle aurait préféré mourir lors de l’attaque, être emportée par la mer plutôt que de subir cette torture psychologique interminable. Mais quelque chose en elle refusait de céder totalement. Un faible éclat de rage et de détermination brillait encore au fond de son esprit, une flamme vacillante qu’elle n'arrivait pas à éteindre. Elle voulait survivre, même si elle ne savait pas pourquoi.

Puis, après ce qui lui sembla être une éternité, le bateau arriva enfin à destination. Elle fut traînée hors de la cale, ses muscles engourdis protestant à chaque mouvement, et le froid vif de l’air extérieur la frappa comme un coup de fouet. Elle cligna des yeux sous la lumière du jour, trop vive après tant de temps passée dans l’obscurité.

Ils accostèrent près d'une citadelle isolée, perdue au milieu de nulle part, un amas de pierres sombres entouré de falaises escarpées et battu par les vents. L’endroit avait quelque chose de sinistre, une aura de mort et de désespoir planant autour des murs de pierre noire. Il n'y avait aucun autre signe de vie aux alentours, juste cette forteresse, comme un tombeau oublié au bord de la mer.

Korin sentit la peur grandir en elle, une peur plus profonde que celle qu'elle avait ressentie sur le bateau. Quelque chose dans cette citadelle lui murmurait qu’elle était entrée dans un lieu où l’humanité n’avait plus sa place. Ses ravisseurs la tirèrent sans ménagement, la forçant à avancer à travers les portes imposantes qui grinçaient sinistrement en s’ouvrant.

À l'intérieur, l’atmosphère était encore plus oppressante. Les couloirs sombres résonnaient sous leurs pas, et l’odeur âcre de la pierre humide se mêlait à celle de la pourriture. Korin se laissait traîner, incapable de lutter contre les chaînes qui liaient ses poignets, son esprit tentant de s'accrocher à la moindre parcelle de raison. Mais la réalité de sa situation s’imposait de plus en plus violemment à elle. Elle était prisonnière, et il n'y avait aucune échappatoire.

Finalement, ils arrivèrent dans une grande salle faiblement éclairée, au centre de laquelle se trouvait une table de pierre, nue, froide, et terriblement sinistre. Korin fut jetée sur cette table, et les chaînes autour de ses poignets furent fixées aux coins, l'immobilisant complètement. Son souffle s’accéléra, son corps tout entier tremblant d’effroi alors que le silence lourd pesait sur elle.

C’est alors qu’elle l’entendit pour la première fois. Il parlait dans une langue étrangère, chantante mais lugubre, qu’elle n’avait jamais entendu. Mais elle comprenait, en voyant lex expression de son ravisseur, que rien ne ce qu’il disait n’était bon.

"Ah… Voilà donc l’enfant des étoiles…"

Une voix, douce et glaciale à la fois, résonna dans la salle. Elle tourna difficilement la tête et vit Marcellus, un homme d’apparence chétive et squelettique, vêtu de robes sombres. Son visage émacié, marqué par des années de pratique alchimique, était encadré par des mèches fines et grises. Ses yeux noirs brillaient d’un éclat malveillant, comme s’il prenait un plaisir malsain à ce qu’il voyait devant lui.

"Tu es un spécimen fascinant," murmura-t-il en s’approchant d’elle. "J’ai entendu parler de ton peuple, de tes ancêtres, de ce sang qui coule dans tes veines. Et je vais découvrir ce qui se cache en toi…"

Korin tenta de se débattre, mais elle était trop faible, trop épuisée pour résister. L’angoisse la saisit, son corps entier se raidissant à l'idée de ce qu’il allait lui faire.

Marcellus se pencha au-dessus d’elle, un sourire déformé par la folie illuminant son visage. "Ne t’inquiète pas. Je vais être délicat." Il sortit alors un scalpel brillant, ses yeux s’illuminant d’un plaisir sadique.

"Tu resteras éveillée pour ce que je vais faire, car il faut que tu sentes chaque incision. C’est ainsi que l’on découvre les secrets les plus profonds…"

Korin sentit un hurlement monter dans sa gorge, mais aucun son ne sortit. Elle était seule, livrée à la merci d'un homme qui n’avait aucune pitié, aucun remords. Et ainsi, la torture commença.

La douleur éclata dans tout le corps de Korin dès que la lame froide du scalpel de Marcellus traça la première incision sur sa peau. Son cri étouffé par la terreur résonna à peine dans la pièce, tandis que ses poignets tiraient désespérément sur les chaînes qui la maintenaient immobile sur la table de pierre. Son souffle se fit haletant, chaque gorgée d'air brûlant sa gorge alors que les larmes coulaient silencieusement le long de ses joues.

Marcellus travaillait avec une lenteur perverse, savourant chaque instant, chaque spasme de douleur qui secouait le corps de Korin. Ses mains osseuses et tremblantes manipulaient les instruments avec une précision effrayante, coupant, écartant la peau avec une minutie glaçante. Il murmura des incantations étranges, des mots que Korin ne comprenait pas, mais dont la signification semblait plonger dans une obscurité qu’elle ne voulait pas connaître.

"C’est fascinant, vraiment," susurra-t-il, son visage ridé s’illuminant à chaque nouvelle découverte. "La texture de ta chair... C’est comme si le soleil lui-même t’avait touchée. Un don rare, celui de ton peuple."

Korin se mordit la lèvre jusqu’au sang, essayant de ne pas crier à chaque mouvement de la lame, mais la douleur était insupportable. Chaque nouvelle coupure était une agonie, chaque seconde une éternité de souffrance. Le métal froid contre sa peau brûlante, le bruit humide des instruments glissant à travers ses tissus vivants — tout cela formait un cauchemar dont elle ne pouvait s’échapper.

Elle tenta de se dissocier de la réalité, de fuir mentalement cet enfer, mais la douleur la ramenait toujours, implacable, dans le moment présent. Elle pensa à son village, à son père, à sa sœur Komannead'ra. Elle se souvint de leurs rires, de leurs courses à travers les collines, de la chaleur du feu lors des nuits paisibles. Tout cela semblait désormais si lointain, comme un rêve brisé qu'elle ne retrouverait jamais.

"Ton peuple est béni," continua Marcellus, son scalpel traçant un autre chemin sur son abdomen. "Leurs corps renferment des secrets anciens... Des secrets que je vais découvrir, couche après couche. Ce qui t'habite est précieux. Il faut que je sache comment l'extraire."

Korin voulait crier, supplier, demander grâce, mais elle savait que cet homme n'écouterait pas. Il ne voyait en elle qu'un sujet d'expérience, un objet à disséquer. La cruauté de la situation la submergeait. Le monde avait sombré dans une violence qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.

"Ce ne sera pas long," murmura Marcellus en plongeant son regard dans celui de Korin, comme pour y chercher la peur qu’il avait éveillée en elle. "Tu vas rester éveillée jusqu’au bout, jusqu’à ce que tout soit révélé."

La douleur ne cessait d’augmenter, mais au milieu de cet enfer, un sentiment nouveau émergea en Korin. Une rage sourde, une flamme de colère qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Marcellus ne pouvait comprendre qui elle était, d’où elle venait. Il ne pouvait briser son esprit, même s’il détruisait son corps. Quelque chose en elle refusait de céder.

Elle serra les poings, les chaînes crissant sous la pression, et malgré la douleur qui la dévorait, une pensée claire s'imposa dans son esprit : elle survivrait. Peu importe ce que Marcellus lui infligeait, peu importe la douleur ou l’humiliation, elle ne mourrait pas ici, dans cette forteresse froide et isolée.

Mais à cet instant, un hurlement plus fort que tous les autres traversa sa gorge, une ultime explosion de souffrance qui sembla faire écho dans les couloirs de la citadelle.

La fin du supplice arriva sans fanfare, mais elle laissa Korin dans un état plus brisé qu’elle n’aurait jamais cru possible. Son corps, marqué de coupures, de brûlures et de cicatrices nouvelles, était un paysage de souffrance et d'humiliation. Marcellus, après avoir fini son travail macabre, laissa son jouet abîmé à ses sbires, qui la traînèrent sans ménagement à travers les sombres couloirs de la citadelle.

Elle ne luttait plus, n’avait plus la force. Son esprit s’était dissocié de son corps, cherchant à fuir la réalité insoutenable de sa situation. Chaque pas, chaque tiraillement sur ses membres meurtris, ajoutait une nouvelle couche à la douleur qui l’envahissait, mais elle n'y prêtait plus attention. Elle n'était plus qu'un corps, un objet qu’on traînait et qu’on jetait dans un coin.

Les gardes la jetèrent dans une cellule sombre, un endroit lugubre et humide. Le sol de pierre glacé contre sa peau mutilée lui arracha un gémissement étouffé. La porte se referma avec fracas derrière elle, et le bruit des pas lourds de ses geôliers s’éloigna lentement, laissant Korin seule dans cette noirceur suffocante.

Elle resta là, immobile, son corps recroquevillé sur le sol froid. La chaleur des flammes de la torture avait disparu, remplacée par un froid qui semblait s'infiltrer dans ses os. La lumière du jour ne parvenait pas dans cette cellule. Seule une mince lueur provenant d'une fente dans le mur laissait entrevoir le décor misérable dans lequel elle se trouvait enfermée.

Elle ne pleurait plus. Les larmes avaient cessé de couler, remplacées par une absence totale de sensations. Le vide en elle était plus terrible que la douleur physique. Korin, autrefois pleine de vie et de promesses, n'était plus qu'une coquille vide, brisée par des horreurs qu'aucun être humain ne devrait subir. Elle n’était plus qu’une esclave, une victime soumise à la volonté de monstres sans cœur.

Le silence lourd de la cellule ne faisait qu'amplifier son sentiment d'abandon. Elle voulait se souvenir de son village, de sa famille, de ce qu’elle était avant tout cela, mais tout semblait si lointain. Les souvenirs devenaient flous, déformés par la douleur et l’humiliation. La Korin qui avait couru dans les collines avec Dara, avec Koman, la Korin qui avait ri avec son père, n’existait plus.

Elle finit par sombrer dans un sommeil agité, son corps épuisé, encore marqué par les violences infligées. Les cauchemars la poursuivaient, reflétant la réalité qu’elle vivait. Mais au fond de ce sommeil douloureux, quelque part en elle, une flamme résistait encore, très faible.

Dans cette cellule obscure, au milieu de la citadelle, Korin dormait, brisée et marquée, mais quelque chose en elle refusait de mourir, même si ce n'était qu'une petite lueur, à peine perceptible.

Pour l’instant, tout ce qu’elle pouvait faire, c’était survivre, encore un jour de plus.
Le Couché de Soleil
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