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Faire le Point

V.S.
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JSA
Faire le Point Mer 22 Déc 2021 - 8:23

L'on ne pouvait pas dire que les choses allaient de mieux en mieux...

Suite aux évènements de Star City*, mon abandon de ma charge de PDG de Starrware Industries et l'animosité d'une Amanda Waller toujours chafouine de ses deux déceptions à mon égard** j'avais dû me résoudre à quitter mon appartement. Il devenait invivable de voir les gens jeter des légumes sur l'immeuble ou de sentir les "amicales pressions" de l'ARGUS par d'incessantes tentatives de piratage de mon réseau domestique ou de voir des agents fouiller les poubelles lorsque ce n'étaient tout simplement pas des paparazzi qui faisaient des acrobaties pour avoir une photographie de ma personne dans mon intimité.

C'est en posant mon sac à bandoulières dans mon ancienne chambre de la J.S.A. que je compris avoir fait un tour complet. Un tour pour... rien. Je n'étais absolument pas en état de faire un bilan de ma situation ; aussi mon cerveau en profita-t-il, au moment où je me posai sur le lit blindé spécialement conçu pour les "super forces de la nature", pour la faire.

Vie active et professionnelle : fiasco.
Vie Publique : fiasco.
Vie héroïque : compliquée. Je ne parvenais pas compter le nombre de justiciers et justicières avec qui je me sentais en froid.
Vie Privée : compliquée. Difficile de maintenir une relation avec les agendas qui étaient les nôtres, à Ted et moi. Sans compter que j'avais sans doute fait faux bond à toutes les soirées ou sorties auxquelles ont m'avait conviée.

Cette vie privée, pourtant, je l'avais aimée. J'avais un jour aimé être entourée, aller dans les rassemblements ; sentir le monde qui vivait autour de moi. Une intense lassitude m'avait prise. Bien avant Darkseid. Bien avant que le monde ne perde complètement la raison. Avant les Chevaliers de Gaïa, Degaton, Luthor. Ils n'étaient que des vagues dans un océan de confrontations, de luttes éternelles. Tout ça pour permettre à l'Humanité et l'Univers de survivre jusqu'à la prochaine crise. Tout ça pour qu'au final, les gens photographient le visage des héros et le buste des héroïnes. Tout ça pour ça.

A l'inverse, Ted était un vent de fraîcheur dans ce panorama en apparence dévasté. Il apportait une joie de vivre, une décontraction, une insouciance. Avec lui je pouvais m'ouvrir de tout, nous pouvions discuter sans fin d'autres choses que de nos vies respectives, il parlait d'inventions, d'idées, d'articles scientifiques, nous pouvions faire un crochet par la cuisine - où il excellait bien mieux que moi - sur les résultats d'un sport obscure ; je pouvais lui parler d'un sujet dérisoire d'une planète lointaine. Nous savions nous faire rêver mutuellement dans les choses les plus communes. Et nous savions nous taire.

Assise sur le bord de mon lit je compris à quel point il me manquait.

Il me fallait le joindre.

Le building de Kord Industries n'était pas encore pleinement reconstruit et les locaux reprenaient à peine vie depuis l'attaque par les "justificateurs"***. Théodore Kord n'avait visiblement pas remis les pieds dans son bureau depuis un certains temps. Je me retrouvai un peu bête au milieu des employés et l'assistante personnelle du PDG n'était guère plus présente. Son téléphone ne répondait pas.

Jamais je n'ai autant eu envie d'insulter un répondeur de ma vie.

Retour au bercail. J'appelai Cyborg, le seul qui puisse encore m'aider à avoir des infos. Je ne fus pas déçue.

A super-vitesse je rejoignis le satellite de la Justice League nouvellement refondue pour accepter de nouveaux et nouvelles membres. Étant une personne tolérée mais pas de la partie, j'avais accès aux zones publiques de l'édifice et dus attendre que Cyborg vienne m'accueillir pour m'ouvrir la voie.

- Heureux de te revoir Kara, me lança-t-il avec une poigne qu'il était bien l'un des rares à pouvoir supporter. Il est par là !

Il indiqua une porte. Une porte que tout le monde avait déjà poussé au moins une fois dans ces installations : celle du quartier médical. Les chambres n'étaient pas nombreuses, il ne me fut guère difficile de trouver celle de Ted.

Je n'entrais pas encore, me préparant à observer une nouvelle fois mon homme dans une chambre d'hôpital. Cela devenait un leitmotiv****... Je frappai doucement à la porte fermée.

Inquiète, en colère, peut-être un peu vexée de découvrir cette situation si tardivement. Mais mon visage n'indiquait rien. Il s'était habitué à son masque de marbre.

- Es-tu présentable ? demandai-je avec le secret espoir qu'il ne le soit pas vraiment...

Il était trèèèèèès tentant d'utiliser ma vue à rayon-X, mais l'intimité était chose sacrée...

* Voir Dead End
** Voir D pour Démiurge et Dîner Thématique
*** Voir à A Kord et à Cris
**** Voir Time's Out for the World
Ted Kord/Blue Beetle II
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JLA
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Re: Faire le Point Jeu 30 Déc 2021 - 15:38


Theodore Kord est généralement un homme très occupé, bien que joignable car il est soucieux d’être auprès des personnes qui ont vraiment besoin de lui. Que ce soit ses collaborateurs ou ses amis héroïques, ses proches et surtout pour Karen Starr. Pour la personne qui est la plus chère à son cœur fragile, il est prêt à tous les sacrifices si c’est pour l’aider, la sauver ou la tirer d’une situation dangereuse. Quel prince… quel fou.
C’est dans un élan d’amour et de grande compassion que Ted Kord s’est retrouvé à ne plus être joignable du tout…

Après être revenu de la mission en Albanie, une vision d’un futur terrible n’a cessé d’offrir des cauchemars à l’entrepreneur de Kord Industrie. Mettant sa vie entre parenthèses pour sauver celles qui lui sont chères et afin d’éviter l’avenir apocalyptique qui semble vouloir se réaliser, Ted a conçu une machine pour pouvoir créer un “trou dimensionnel”. L’intelligence artificielle ultra sophistiquée a appris à lire dans la tête de son concepteur pour pouvoir retrouver le bon chemin vers les événements visés. Les calculs étaient complexes mais parfaits…
Plus personne ne remet en doute les talents d’ingénieur de Ted, mais il se peut qu’il ait surpassé toutes les connaissances qui se font à leur époque.
Malheureusement… Rien ne s’est produit comme il avait prévu. Son erreur allait coûter très cher à leur monde et si Derek James n’était pas intervenu pour détruire la machine, pire ce serait sans doute produit.

L’intervention de Booster Gold et de Ray Palmer ont permis à Ted et à Derek de s’en sortir face au terrible TedOMAC, une version de Beetle disons… fracassé par ses propres expériences, un homme qui aurait tué Maxwell Lord et permis à OMAC d’éradiquer tous les héros de sa planète.
Une Terre… mais d’un autre Univers. D’une autre dimension et non pas du futur comme l’a cru notre Teddy…
Il est parvenu à passer par le trou que Kord a créé avec l'incroyable et terrible machine.

Michael a eu le bon réflexe d’amener Blue Beetle en lieu sûr, pour qu’il reçoive les soins nécessaires. Fatigue accru, manque d’alimentation, il était urgent de l’isoler de tout pendant quelques jours. La culpabilité de ses actions n’ont fait que renforcer ses problèmes de sommeil… Surtout qu’ils ne savent toujours pas ce qu’ils vont pouvoir faire de l’autre Ted, bloqué dans leur monde, gardé en stase dans l’armure d’Atom. Cyborg lui a formellement interdit de s’approcher de la “cellule” où se trouve son homologue vicié, ainsi que de sortir du satellite lui-même sans son autorisation.
Cela fait déjà deux semaines que Ted est dans cette chambre de repos, au sein du satellite lunaire de la Justice League.

Pas non plus le droit d'avoir accès à un ordinateur ou à son propre téléphone, Beetle est forcé de faire ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps avant de se mettre en danger : manger, dormir, se reposer… penser à autre chose qu’à une potentielle fin du monde, qu’aux soucis de son entreprise, du reste du monde et de toutes choses provoquant le stress…

Et… Ted commence sérieusement à s’ennuyer.

C’est au bout de quelques heures de dures négociations avec Victor Stone que l’ingénieur de génie a pu obtenir du papier et des crayons, lui permettant d’assouvir sa soif de création. Il dessine abondamment des croquis, des schémas de pièces complexes, d’assemblages pour un futur prototype de Bug ou plusieurs autres idées lui passant par la tête qu’il enverra à ses ingénieurs dès qu’il en aura l’occasion pour démarrer les premiers assemblages.

Ted ne rêve que de pouvoir ressortir et revenir à la vie normale…

… Normale… ?

Ses yeux se décrochent de ses plans pour regarder l'Espace, par le hublot. Il ne voit pas grand chose à part les étoiles par milliers. Ils peuvent avoir une belle vue de la Terre dans la pièce principale où peuvent se tenir les réunions… Celles auxquelles il n’a pour le moment plus le droit d’assister.

Long soupir.

Ted se jette vers l’arrière pour se recoucher sur son oreiller. Lorsqu’il est arrivé ici, mal alimenté et épuisé, il peinait à se souvenir de ce qu’il s’était passé avec Ray et Michael.
Maintenant, tout s’est éclairci… Tous les détails lui sont revenus et ils font d’autant plus mal que le jour où il a compris qu’il avait fait une énorme connerie.
“L’Enfer est pavé de bonnes intentions” lui a dit Ray Palmer, lorsqu’il tentait de l’aider à solutionner pour arrêter TedOMAC.
“Mais ce n’est pas pour ça que tu dois y rester tout le temps”, a-t-il ajouté…

Ted ferme les yeux et essaye de rester concentré. Il divague encore beaucoup, bouclant sur ces événements… Mais il sent qu’il commence à aller mieux.
En tout cas, il dort un peu plus que d’habitude, ce qui rend l’humeur de Cyborg plus conviviale, comme on lui connaît, et moins l’aspect réprobateur et très dur qu’il utilise envers ce Theodore Kord fort récalcitrant.
“Tu ne pourras plus rien faire si tu nous claques entre les doigts”, lui a-t-il jeté en pleine face alors que Ted voulait dès les premiers jours revenir sur Terre.

Vous avez tous raison, fini par se dire l’entrepreneur, trop longtemps resté seul dans cette chambre de repos…
Résigné à l'idée qu'il ne pourra pas revoir Kara avant un moment...

Nouveau soupir. Voilà que la déprime revient lui rendre visite...

Cyborg est très occupé, ces derniers temps et peu de personnes viennent le voir ou ne peuvent tout simplement pas prendre le temps. Au fond, Ted ne souhaite voir qu’une seule personne passer cette porte. La seule dont il a vraiment besoin.

... Et justement, celle qui, aujourd'hui, frappe doucement et dont la voix s'élève.

Es-tu présentable, a-t-il entendu.

Au départ, il ne percute pas immédiatement. Au fur et à mesure qu'il prend conscience que ces mots, dit par la seule et unique voix de son cœur, ce dernier bondit dans sa poitrine. Il voudrait se mettre à crier qu'il arrive et serait bien capable de se casser la gueule plusieurs fois pour rejoindre la porte.

C'est ce qu'il fait. Il tombe du lit et se relève non sans gémir de douleur. Ted ne crie pas, tellement les émotions, qui le percutent, sont nombreuses.
Est-il présentable ? Il n'y a pas fait attention !
Tout n'a plus grande importance à part celui d'assouvir le plus grand désir de pouvoir enfin revoir Karen Starr.

La porte s'ouvre.
Ted Kord n'est ni dans ses habituels costard cravates ni dans son costume de Blue Beetle.
Ses cernes sous les yeux sont plus larges aussi... Il paraît fatigué et moins vaillant.
Mais le sourire qu'il offre est sincère, débordant de joie.
Sa force ne manque pas alors qu'il se jette dans les bras de Kara.
Il la serre fort et souhaite que cela dure toujours.
D'ailleurs, il souhaiterait partir loin d'ici avec elle pendant des millénaires, loin de tout ce bordel, s'ils le pouvaient.
« Kara. »
Mais ils ont bons nombres de responsabilités à assumer...
« Tu m'as tellement manqué... ! »

Il se garde l'étreinte pendant un moment, notamment parce qu'il a l'impression qu'il pourrait s'écrouler à tout moment sous le poids de l'avalanche émotionnelle. Lorsqu'il s'écarte sans aucun mouvement brusque de Karen, il semble apte à tenir sur ses deux jambes. Son sourire n'a pas perdu en intensité...
... bien qu'elle verra un visage qu'elle connaît depuis si longtemps.

Entre Ted et Kara, bien souvent, ils n'ont pas besoin de mots pour exprimer ce qu'ils ressentent. Ils se connaissent bien...
Kara a opté pour un visage de marbre. Elle est en colère.
Ted essaye de rester naturellement attentif.
Karen doit beaucoup lui en vouloir pour tellement de raisons qu'il n'ose même plus les énumérer...
Alors, Kord tente un énième sourire plus tiraillé, malheureusement plus triste.
« Est-ce que... ça va ? » Ted s'écarte un peu de l'entrée, pour la laisser venir dans la chambre. « Tu as l'air contrarié... Ceci dit je le serais aussi. Je veux dire... que je suis aussi en colère. Contre la même personne... »

Ted Kord se frotte un bras, détournant le regard. Inutile de préciser qu'il est très remonté contre lui-même. Après ce qu'il a fait, beaucoup peuvent lui signifier qu'il a manqué de recul et qu'il aurait pu tous les mettre en danger.
Il le sait. Et si personne lui en veut officiellement, lui s'en veut beaucoup.
« Je me suis piégé moi-même... Contrairement à ce que Ray a pu dire à Cyborg, j'étais conscient de ce que je faisais...
J'ai voulu ce qui est arrivé. Mais je ne pensais pas que... ça déraperait autant. »

Le visage de Ted est revenu infiniment triste alors qu'il repose son regard dans celui de Kara.
« Lorsqu'on est revenu d'Albanie, je voyais... des choses. Des visions affreuses où je vous voyais tous mourir. Je pensais qu'il s'agissait d'un futur et je voulais simplement l'arrêter, l'empêcher de se produire... Et au lieu de ça j'ai ramené un monstre dans notre monde... »

Ted ne sait pas si Kara a déjà eu le droit à un récit de la part de Booster, de Ray ou de Victor. Il lui ait encore assez difficile de parler du fameux monstre, retenu captif dans le satellite de la Justice League. Un homme possédant le même visage que lui mais qui a vécu dans un Univers et une vie vraiment très différente de la sienne.
Nos propres démons sont souvent bien plus proches de nous qu'on ne le pense...
« J'ai voulu te prévenir que j'étais ici... Mais Cyborg ne me laisse pas approcher quoi que ce soit se rapprochant à un téléphone. Il m'impose le repos. » Ted récupère un sourire plus doux dont il a le secret, de ceux qui veulent souvent dire "tout ira bien". « ... J'ai manqué de bon sens, on peut même dire que je suis momentanément devenu fou...
J'étais fou d'inquiétude et de peur...
J'avais si peur de te perdre, que je ne distinguais même plus le présent du futur. »


Ted dévisage Kara, pris par plusieurs questions qui lui brûlent l'esprit. Bien qu'il se sent peu légitime de lui demander quoi que ce soit, au vu des circonstances, mais l'inquiétude qu'il a ressenti pour elle pendant tout ce temps ne fait que s'amplifier alors qu'il peut enfin la revoir et la toucher.
« Kara... »

Mais il sait se taire lorsqu'il le faut... Ted sait se montrer patient et compréhensif. Il se déteste de ne pas avoir été là ces derniers jours. Alors, il attend, préférant la laisser s'exprimer.
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JSA
Re: Faire le Point Lun 10 Jan 2022 - 15:00

La spontanéité de Ted était dans ses traits les plus agréables. Agrémentée de maladresse, d'une honnêteté à peine écornée par quelques secrets et opérations douteuses faites sous le manteau, elle participait à son charme. Un charme qui faisait, d'une façon très subtile, effet sur moi. Je ne doutais pas un instant de la sincérité de l'étreinte qu'il m'offrit et s'offrit aussi.

Mais ma colère persistait dans sa position. Notre petit câlin ne renforca certes pas cette dernière, il la détourna. D'une rancoeur, d'une injustice, d'une tristesse qui n'avait d'autre moyen que de passer par l'une des rares émotions qui avait encore droit de paraître dans mon tribunal intérieur pour s'exprimer, il ne resta plus qu'une colère inquisitrice tournée quasi essentiellement sur moi, mon égoisme et l'hypocrisie qui me faisait réclamer à Ted le genre d'explications que je ne lui donnais même pas.

Mon visage ne sourcilla pas. Pas un sourire pour répondre au sien. Je sentis instantanément qu'il avait saisi mon touble, ou tout du moins l'un de ses symptômes.

Ted fit alors ce que son incertitude, son mal-être, ses doutes et son manque de confiance en lui faisaient le mieux : des explications par le menu, des excuses, des remontrances. Je m'aperçus cependant qu'il me croyait plus au courant que je ne l'étais réellement. Il parla de Ray, visiblement toujours dans les sales coups et de l'Albanie avant de me lancer un regard d'une profonde tristesse. J'aurais voulu le reprendre contre moi, sans doute pour éviter de soutenir son mal-être, mais aussi pour lui offrir une échappatoire à ce lourd récit - quoique condensé - de ses erreurs. Il avait cependant clairement un poids dont il entendait se libérer et je l'écoutais, offrant à visage un peu moins de dureté. Je relevai même un coin de mes lèvres pour lui signifier une silencieuse compréhension.

Ponctuant ses explications par mon prénom et une intonation qui me laissait l'opportunité de reprendre, je gardais le silence quelques secondes avant de me passer une main dans les cheveux. Un signe facile de décontraction.

- Je n'ai pas la moindre idée de ce dont tu me parles, commençai-je directement. Cyborg ne m'a rien expliqué et Ray... il est bien là où il est... c'est-à-dire loin de moi.

Je portai une main à son visage et lui caressai la joue. Un autre geste facile pour briser la distance que mon comportement avait créé entre nous.

- Tout ce que je sais c'est que tu es en convalescence après Ivy Town, l'Albanie et une obscure mission dont j'ignore pour le moment presque tout. Ce que je comprends c'est que tu as fait un choix. Pas le meilleur, pas le pire - on est encore tous en vie, mais dont tu subis les conséquences. Seul.

Ce dernier mot me fit plus mal que je ne l'aurais imaginé. J'encadrai finalement son visage de mes mains. Il était chaud. C'était comme de tenir un cristal de Freya II entre ses mains. C'était agréable, impliquait de la délicatesse et vous ne pouviez pas détacher votre regard tant le spectacle était beau et charmant.

Je n'étais pas capable comme lui ou d'autre d'exprimer mes sentiments. Cela n'était ni dans mon éducation ni dans le coeur de mes expériences passées. J'aurais bien eu du mal à exprimer toute la colère qui s'accumulait en moi, tout l'inquiétude qui n'osait se présenter à ma conscience, l'intégralité des soucis qui me traversaient l'esprit.

- Et tu m'as manqué aussi Ted, finis-je par lui dire après quelques secondes de contemplation.

J'offrai instinctivement un baiser à cet homme blessé, meurtri, contrit. Cet homme qui, pour une obscure raison, irradiait plus d'énergie et de force qu'un Soleil Jaune. Ce simple geste, cette simple sensation de ses lèvres contre les miennes, parurent étouffer soudainement cette rage brûlante qui hurlait au fond de moi pour ne plus laisser qu'une intense vapeur confuse d'émotions contraire. Une vapeur étrange qui remonta de mes entrailles pour s'engouffrer dans ma gorge, faisant monter malgré moi des larmes et l'envie de hurler un énorme et jouissif juron à la face de l'univers entier.

Les larmes ne sortirent pas, la grande inspiration que je pris une fois mes lèvres loin des siennes les gardèrent au chaud - on ne se refaisait pas. Je conservais cependant mes bras autour de son cou, ne désirant pas mettre de la distance entre nous.

Mes yeux se portèrent alors sur les alentours. Une chambre froide, entre la cellule et la salle de convalescence. N'eut été la baie vitrée qui donnait sur l'immensité intergalactique, c'était sans âme, le meilleur moyen de laisser l'esprit vagabonder et ressasser sans fin son malheur. Je repensais à tout ce qu'il m'avait dit, à ce que son cerveau devait lui avoir fait répéter et répéter à l'infini, sans lui laisser le temps de prendre du recul.

- Je t'en ai voulu Ted lorsque j'ai appris où tu étais et dans l'état dans lequel tu es, me surpris-je à lui dire, m'ouvrant malgré moi. Mais à quoi bon ? Tu es le professionnel de l'auto-flagellation. Et je pense faire partie des gens qui peuvent comprendre ce qu'un esprit peut faire face à des visions qui le hante...

Mon petit rire s'envola dans son regard. J'essayai ensuite de mettre un peu plus de légèreté dans notre discussion, sans amoindrir ce qu'il m'avait dit ou ce qu'il aurait envie de me dire.

- Je te remercie de m'avoir dit tout ça, même si certains points nécessitent un petit éclaircissement... comme le "monstre" et ton truc sur le "présent et le futur". Mais avant...

Je m'écartai en levant un index et le temps d'un clignement d'yeux, je revins avec une combinaison spatiale entre les bras.

- On a tous les deux beaucoup de choses à se dire Ted, mais pas ici, dis-je en appuyant mes propos par un geste circulaire des mains et une mine un peu dégoûtée. Mets cette combinaison - j'ai laissé un mot à Cyborg au cas où - et on va aller discuter en mangeant les meilleurs brochettes de Gondralh de la galaxie.

Un soupir s'échappa de ma gorge. J'étais toujours en colère, mais moins, bien moins. J'avais envie de tout lui dire, tout lui révéler d'un coup, ce qu'il méritait et devait savoir. J'avais voulu tracer un chemin seule dans mes problèmes, comme lui avait voulu le faire et dans un cas comme dans l'autre, ça nous sautait à la figure. Pouvais-je lui en vouloir ? Il subissait les conséquences de sa décision, les bonnes comme les mauvaises et avait eu largement le temps d'y penser. Si en plus il se sentait la force d'avancer, alors il était plus responsable que la moitié de l'Humanité.

Maintenant il fallait aller de l'avant, affronter les difficultés sans ignorer les erreurs, ne jamais les répéter et grandir. C'était l'essence de nos vies : apprendre par l'erreur. Ne pas nous voiler la face sur nos imperfections sans les admettre comme une fatalité mais comme un défi, une invitation à nous dépasser. Ne pas succomber à nos plus bas instincts mais nous montrer plus intelligent.

Il s'était ouvert et si je voulais mériter sa confiance, si je voulais que notre couple vaille quelque chose, je lui devais la vérité, même la plus laide.
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Re: Faire le Point Ven 4 Fév 2022 - 15:17


Elle n’était pas au courant de tout …
Sur le coup, Ted se sent bête, plus qu’il n'eût cru. Il ne l’est évidemment pas. Sa capacité d'analyse est même bien supérieure par rapport à pas mal de personnes, mais on lui reprochera toujours de laisser trop souvent parler son cœur avant son cerveau. Est-ce un défaut ou une force ?

Le fait de se rendre compte que Kara ne connaissait pas les tenants et aboutissants de ce qu’il s’est passé à Ivy Town à alourdi la conscience du convalescent, déjà bien maltraitée. Mais il sait qu’elle comprend parfaitement ce qu’il en est, rien qu’en voyant son état et en sachant ce qu’il est capable de faire par volonté de bien faire. Par désir de sauver les autres… Par amour pour elle, surtout.

Ted a bien senti qu’autre chose mine l’esprit de sa belle. Il a préféré lui laisser le champ libre pour exprimer ce qui ne va pas, quitte à ce qu’elle abatte toute la colère et la rancœur sur lui. Il n’affiche qu’un léger sourire aux quelques retours qu’elle fait. Il savait que Kara ne pouvait pas voir Ray en peinture, mais à ce point… ?
Qu’est-ce qui a bien pu se passer…
Karen Starr a toujours le mot qui regonfle le moral de son compagnon.
Tu as fait un choix, pas le meilleur, pas le pire, on est encore tous en vie.
Ce sont des mots que Ted avait besoin d’entendre, durant son séjour, un peu trop long, dans cette chambre du satellite de la Justice League.
Bon sang, ils font du bien, oui.
La suite, par contre, fait naître une grimace sur son visage.
Tu subis les conséquences seul…
Tu n’es jamais loin de moi…

Mais physiquement parlant, Kara n’a pas assisté à ce qu’il s’est passé. C’est préférable …
Theodore Kord a été capable de se mettre dans un état qu’il n’aurait vraiment pas voulu qu’elle voit… Cependant, il est possible que les événements auraient été différents avec sa présence. Qui sait…

Quelle est cette émotion que Kara refuse d’expulser en dehors de sa carapace ? Ted sait être patient, mais son inquiétude peut rapidement prendre le dessus. Les mains de Karen posées sur son visage parviennent à le rassurer. Leurs regards se croisent, puis leurs lèvres… Il a désiré retrouver cet instant pendant des semaines, sans avoir eu, à aucun moment, l’occasion de lui dire. Le temps n’a pas cessé d’être contre eux…

L’instant très doux a semblé calmer quelque chose du côté de Peegee, mais cette présence est là… Elle n’attend que le bon moment pour s’exprimer. Theodore l’a déjà vu dans un état pareil, où tout peut l’atteindre, même elle la femme la plus forte du monde. A un moment, il sait que ça va partir. A ce moment-là, il sait ce qu'il aura à faire.
Être là, en tant que conscience. Être son épaule si elle en a besoin. Il est même prêt à être un punching ball, à ses risques et périls…
Heureusement, Karen est une personnalité unique, capable de garder un contrôle parfait sur sa force. Ted doit ça comme une force… mais aussi une contrainte.
Combien de fois elle lui a dit qu’elle aimerait pouvoir lâcher prise ?
Combien de temps il a imaginé un moyen de pouvoir lui donner la liberté de pouvoir frapper un mur sans que ce dernier s’écroule en mille morceaux… ?

Pour le moment, ils en sont là. Lui avec ses blessures grandes ouvertes et elle avec une rage bouillante qu’elle garde derrière une barrière gelée.
Un silence s’est installé, dans lequel Peegee observe la chambre où Ted séjourne.
Et c’est seulement après cette contemplation silencieuse que les premiers mots ouvrant enfin cette porte gelée, jusque-là totalement hermétique.
Il savait qu’elle lui en voulait et cela a même rajouté encore plus de culpabilité.
Elle le connaît très bien, elle sait comment il fonctionne. Peegee sait aussi qu’il est capable d’être meilleur ou pire selon les situations… Mais surtout meilleur que beaucoup d’autres. C’est une confiance qu’elle a qui aide Blue Beetle à vouloir se surpasser, toujours plus, pour arriver à la cheville d’une grande héroïne.

Le rire de Kara est accompagné par un plus timide de Ted Kord. Au moins, la froideur du début de l’échange est partie.
« J’ai été assez brouillon, oui… »
Apporter des éclaircissements, ce n’est pas une mauvaise idée… Il n’a pas très bien défini chacun des éléments qui lui a apporté. Commencer la conversation par la gravité, sans détailler qui sont les acteurs principaux du drame, ça donne un très mauvais scénario…

A peine Beetle commence à vouloir lui expliquer plus en détails son récit, qu’il louche sur l’index de Power Girl et la seconde suivante sur… une combinaison spatiale ?
« Hu ? »
Elle veut aller ailleurs ?
Quoi, là, comme ça ? Maintenant ?
Partir alors qu’il est sous la surveillance de Cyborg ?
« Tu es sûre ? »
Il se sent empoté de poser cette question. Mais dès que Kara a une idée en tête, difficile de la lui retirer. Beetle répond d’un sourire plus joyeux alors qu’il commence à mettre la combinaison.
« Ce sont les fameuses brochettes dont tu me parlais ? J’ai hâte ! »

La perspective de pouvoir sortir d’ici et de manger fait naître un réel enthousiasme et son ventre s’exprime aussi, à sa manière, prouvant qu’il commence très sérieusement à avoir faim.
Une fois la combinaison mise, ils sont partis.
Un souffle à peine, quelques fractions de seconde, un voyage à travers l’Espace qui ne dure qu’un instant. Ted Kord a à peine senti qu’ils se sont déplacés qu’ils se retrouvent déjà dans un endroit bien différent du satellite… et bien différent de la Terre aussi.

Ted pose son regard partout sur ce tout nouveau paysage. Des montagnes culminant plus haut que l'Himalaya, des plaines et collines à perte de vue, un ciel presque identique à celui de la Terre. Ils peuvent y trouver de l’eau et de la vie. Pour un esprit de terrien, c’est toujours formidable de se rendre compte que d’autres mondes possèdent ce miracle sur leur surface. En s’approchant, Beetle essaye d’identifier les créatures qu’il voit. Il n’est pas spécialisé dans la biologie, mais il passerait bien du temps à les observer pour en apprendre plus.
Qui dit nouvelle planète, dit nouvelle culture et probablement des technologies avancées. Peut-être auront-ils l’occasion d’aller à la rencontre des locaux lorsqu’ils auront mangé.
En parlant de cela, Ted peut enfin goûter aux fameuses brochettes.
« Tu avais raison, ce sont les meilleurs de l’univers !
J’ai jamais mangé un truc aussi bon ! »


Il n’a pas osé demandé à quoi ressemblait l’animal d’où provient cette viande. Parfois, il ne vaut mieux pas regarder et juste profiter de la chance qu’ils ont de pouvoir encore se restaurer…
En parlant de chance d’être là, Ted attend plusieurs minutes pour laisser un moment de répit à leurs esprits un peu échauffés et troublés…
Mais il lui doit la vérité. Il faut que ça sorte…
« Tu voulais des éclaircissements… Je t’ai dit que j’avais eu des visions d’un futur que je voulais éviter. En vérité… C’était autre chose. »

Il reprend une bouchée de brochette avant de continuer.
« J’ai réussi à créer une machine possédant une Intelligence Artificielle capable de lire ce que j’avais dans la tête, d’interpréter cette vision. Il a pu calculer et tracer cet événement. Pour faire simple j’ai pu trouver temporellement ma vision, celle où je vous voyais mourir à cause d’une personne.
L’IA a fait mieux… »


Ted s’arrête de manger et regarde Kara dans les yeux, d’un air grave.
« Mon IA a trouvé temporellement et dimensionnellement cet événement. Ce n’était pas une vision de notre futur mais une vision d’un moment précis qui s’est déjà produit. Pas dans notre monde mais dans un autre, celui de cette personne qui a assassiné les héros… Tous les justiciers, sans exception.
C’est Blue Beetle. Le leur. Leur Ted Kord… »


Un frisson d’horreur parcourt son échine.
« Une fois l’événement localisé, ma machine devait m’ouvrir un portail pour que je puisse y aller et tout stopper. Sauf que c’est l’inverse qui s’est produit, c’est ce Ted Kord qui est arrivé.
Un homme qui a fait toutes les erreurs possibles dans une dimension viciée, où son monde s’est écroulé. Il est devenu une espèce de machine, sans plus aucun état d’âme.
Il a tenté de nous tuer, Derek et moi. Booster et Ray sont arrivés pour nous secourir… »


Ted grimace un instant et finit par dire ce qui trotte dans son esprit depuis plusieurs jours.
« Ce Ted là… me ressemblait beaucoup.
Je sais qu’il n’est pas moi et qu’il a fait quelque chose de monstrueux. Je ne peux pas m’empêcher de vouloir lui venir en aide et de trouver un moyen de le renvoyer chez lui… et si c’est impossible, je le ferai juger pour ce qu’il a fait. »


Pour commencer, il est aussi responsable dans cette histoire, en bonne partie à cause de ce qu’il a créé. Ted fait comprendre à Kara dans un léger sourire en coin qu’il a déjà commencé à réparer ce qu’il a causé avec ses erreurs…
« La machine est détruite et je compte ne plus jamais réutiliser les plans pour construire cette IA…
Si quelqu’un tombe dessus, les conséquences seraient terrible… »


Espérons qu’aucun vilain dans leur univers aura l’idée d’aller fouiller dans son esprit brillant et un peu stupide à la fois…
Theodore prend une grande inspiration et souffle un bon coup, soulagé d’avoir pu offrir la vérité à Karen. Il continue de l’observer en silence…
Beetle semble clairement hésité sur ses prochains mots. Pourtant le ton employé est plutôt assuré, ce qui reste assez rare chez cet homme habituellement si maladroit.
« C’est toute la vérité avec les détails.
Et je sais que tu as été blessée de ne pas savoir tout ça, ni ce qui m’est arrivée… avant maintenant.
Je sais aussi que tu en as gros, Kara. Que d’autres choses te pèsent. Je le vois. »


En disant cela, il s’est approché, abandonnant les très bonnes brochettes. Il lui prend les mains, doucement, apportant une douceur, un quelque chose de réconfortant pour continuer d’avancer dans ce moment assez difficile.
« Je suis là. »

Il est là.
Ce n’est pas toujours le cas…
Souvent très occupés, ils peuvent ne pas se parler plusieurs jours durant.
Ils savent qu’ils peuvent tout se dire, pourtant ce n’est jamais évident d’avouer à sa belle qu’il a failli lâcher sur leur monde un homme-machine tueur de super-héros.
Alors tout ce qu’elle pourra dire, Ted est prêt à l’entendre et à être là dès qu’elle voudra exploser et faire sortir ce qu’il faut…
Devenir l’épaule dont elle a besoin.







HJ : Pardon pour l'affreux retard Sad hésites pas à me MP si tu souhaites un changement ! A très vite ! /HJ
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JSA
Re: Faire le Point Lun 21 Fév 2022 - 13:10

Quelle histoire, me dis-je en premier lieu. Curieux comme plongé dans le coeur d'une mécanique tragique l'on ne percevait pas les rouages qui s'apprêtaient à vous broyer. Pris dans ses bons sentiments et ses espérances d'un futur qu'il pouvait modifier à son aise, Ted n'avait pas vu tous les signaux d'alarme que son résumé mettait si bien en valeur. Eviter le pire, changer l'Histoire. Un esprit brillant trouvait ainsi un moyen de concevoir une Intelligence Artificielle capable d'extrapoler des évènements d'une autre dimension à partir de visions et de réminiscences spatio-temporelles, tout ça pour sauver ou éviter le pire à notre monde. De cette bonne volonté manifeste avait surgi un Mister Hyde capable de dévaster son univers d'origine et un subtil mélange de hasard et de talents avait mené à une victoire coûteuse. "L'enfer est pavé de bonnes intentions" dit un adage terrien. Sur Krypton nous avions notre équivalent qui pouvait se traduire par "Le pire infère le mieux", moins poétique.

Après une écoute attentive que mon imagination avait illustré du mieux qu'elle le pouvait, je fus à la fois inquiète de savoir que son esprit pouvait entreprendre des aventures aussi risquées sans filet de secours et déçue de savoir qu'un homme aussi brillant pouvait se montrer aussi inconséquent. Derek était très gentil, doué, plein de donne volonté, mais ce n'était pas un soutien capable d'éviter le pire lorsque les muscles étaient requis. Booster et Ray avaient heureusement, mais je ne l'avouerais sans doute jamais à haute voix, rééquilibré un affrontement mortel.

Et ils avaient arrêté cette menace. Ils l'avaient même emprisonné tout en détruisant la machine à l'origine de cette folie.

Malgré cela restait en Ted une immense compassion pour cette homme-machine qui avait anéanti des milliers de vies ; pour ce qu'il aurait ou pourrait encore devenir s'il prenait les mauvaises décisions.

- Je te remercie pour ta franchise, fis-je après quelques secondes de silence à encaisser le tableau de tous ces évènements. Blessée je ne sais pas... en colère je l'étais... peut-être...

Triste de n'avoir pas été là, à moins que cela ne vienne du fait que je ne fus pas appelée pour lui venir en aide. Avait-il craint mes réactions ? Avait-il craint que je ne comprenne pas ses choix ? Que je le juge ? Mais le mot "tristesse" ne voulait pas sortir. Je ne voulais pas non plus lui demander des comptes, lui demander pourquoi il m'avait laissé à l'écart... Ce n'était pas le moment s'il en existait un. J'allais donc garder pour moi ces interrogations, comme autant de blessures qui ne cicatriseraient jamais en dépit des multiples hypothèses qui tenteraient de les colmater. Je me sentais encore capable d'encaisser

On était toujours son plus mauvais juge.

Difficile de se rendre perméable, d'oser laisser surgir l'objet de mes pires craintes. L'émotivité humaine m'effrayait sincèrement et de mes plus grandes peurs, celle d'y succomber avait une bonne place. Je ne parviendrai pas de si tôt à tout exprimer aussi bien que Théodore qui laissait libre cours à ses passions, n'avait pas peur d'en parler. Combien de fois avais-je bien pu lui dire que j'aurais aimé lâcher prise, me détendre, arrêter de vivre dans un hyper-contrôle permanent ? Je l'ignorais. Souvent. Trop peut-être mais assurément pas assez pour que je mette en application ce désir.

Les brochettes avaient achevé de nous accompagner dans notre discussion. Le repas s'était un peu calmé. Il me prit les mains et je me laissai faire. Il était l'un des rares dans tout le multivers à pouvoir faire cela sans que j'ai le réflexe de vouloir les retirer. Un réflexe pourtant instinctif qui avait décollé plus d'une molaire. A la place je profitais de la douceur de ses mains, de leur étrange chaleur malgré l'ambiance froide laissée par ses explications. Encore plus rares étaient ceux qui pouvaient me demander de m'ouvrir sans subir les foudres de ma vanité déplacée et la solidité de ma carapace de marbre. Pourtant Ted le fit, avec un soucis naturel, une inquiétude que son ton cachait à merveille.

Il était là. Au fond il l'avait toujours été. Mais comme il avait cherché à résoudre ses problèmes par lui-même, j'avais voulu résoudre les miens à ma manière, une manière solitaire et sans encombre. Celle d'une femme qui avait dû vivre seule dans une navette après la mort de sa planète, sa civilisation et sa famille. Ironique. Sur Terre je n'avais jamais été fondamentalement seule : la J.S.A. ; Kal ; mon entreprise ; la Justice League Europe et tant d'autres. Je connaissais le travail d'équipe. Toutefois j'avais toujours tenue isolée ma vie privée. Il y avait les problèmes des groupes et les problèmes de Kara. La barrière infranchissable que je m'étais patiemment construite pour bien faire comprendre que les opérations communes et ma vie étaient deux choses bien distinctes n'était pas simple à dépasser. Elle était confortable et rassurante.

Sauf pour un homme, au regard doux, au soucis de l'autre, à la douceur non feinte et à l'innocence qui parfois confinait à la bêtise puissance mille - comme lorsqu'il créait des inventions prodigieuses pour des opérations mortelles... Cette pensée m'arracha un sourire en coin. On pardonnait un peu facilement à ceux que l'on aimait visiblement.

- Il y a plusieurs choses qui me pèsent oui... débutai-je en jetant un regard dépassionné sur nos mains. Je t'avais dit que je traquai Malice Vundabar et à ce niveau, rien n'a avancé... Entre temps, il y a eu tant de choses, tant de... L'Europe est en train de sombrer ; j'ai vécu la destruction d'un univers entier sous les coups de Black Lantern ; j'ai abandonné Starrware ; Waller a essayé de m'assassiner avec son Suicide Squad ; je me suis mis une pègre intergalactique à dos sans souvenir de comment c'est arrivé... Et Granny est toujours loin..

Je levai les yeux vers Ted pour affronter son regard. Ma liste était longue, incomplète, confuse. Elle ouvrait plus de question qu'elle n'offrait de réponses.

- Et je ne dors plus... presque plus... J'ai tenté de résoudre mes différents problèmes au fur et à mesure et tout à empiré...

Je marquai une pose. De honte, de regret, de colère. Je quittai une main de Ted pour venir me gratter le front en quête d'une décompression physique au mal-être qui m'envahissait. Vaine tentative. C'était un étrange mélange désagréable d'estomac serré au point de vouloir rendre mon repas et de vertige comme si je m'apprêtai à sauter dans un gouffre consciente duquel je ne pourrais jamais remonter. Je me mordais la lèvre supérieure qui n'avait rien demandé.

- Mes souvenirs de mon infection continuent de me hanter Ted. C'était la raison de ma traque de Granny ... mais mon sommeil était de plus en plus désastreux, je me noyai dans le travail, je trouvai mille raisons de ne pas dormir. Mais à un moment, je devais bien le faire alors j'ai tenté à une époque d'utiliser un médicament de synthèse extraterrestre pour dormir... pour essayer en tout cas. Cela n'a fonctionné qu'un temps...

Mon dos vint se plaquer contre le dossier de mon siège.

- ... ensuite je suis passée à des substances plus expérimentales et illégales. Une drogue uniquement fournie par des réseaux d'Aftermath, ce que je n'ai découvert que trop tard. Une drogue, avec tout ce qui va avec. Dépendances, etc. J'avais encore des réserves jusqu'à très récemment. Maintenant Aftermath m'a prise en grippe. C'était juste avant que j'ai mon altercation à Star City avec la Suicide Squad...

" On m'a tiré une balle de kryptonite dans le ventre, j'ai bien cru que j'allais y passer. J'ai eu une convalescence rapide grâce à la J.S.A et Mid-nite, j'ai voulu te contacter mais j'ignorai où tu étais.


Je lâchai la dernière main de Ted et claquai mes cuisses comme pour ponctuer le fiasco de mes dernières décisions. Je sentais des larmes me brûler de l'intérieur, consumant mon visage et manquant de carboniser mes yeux. Des larmes chargées de toute ma honte, de ces décisions prises n'importe comment qui, résumées, montraient combien j'étais une kryptonienne stupide et bornée qui avait sombré dans la facilité immédiate plutôt que de se tourner vers d'autres...

- Et voilà, étranglai-je de mes sanglots. Maintenant cela fait une semaine que je dors, en cauchemardant, entre Darkseid, ma tentative d'assassinat et le fait que je n'avais pas de nouvelles de toi. Je n'ai plus de boulot, je piétine dans tout ce que je fais. Et j'ai... j'ai...

Totalement perdu le contrôle, ne laissant en apparence qu'une parodie de femme forte. Avant j'étais libre, libre d'être moi-même, libre d'agir à ma guise sans soucis, sans me conformer à des attentes. Je m'étais enfermée jusqu'à l'asphyxie dans de grands principes creux qui drapaient mal ma vanité. Une vanité de petite idiote qui préférait se flageller de ses problèmes passées que d'imaginer un avenir. Une gamine blondinette balancée dans sa capsule dans un univers qu'elle préférait mépriser et sur lequel vomir avait plus de facilité que de s'interroger sur ses blessures qui ne lui faisaient voir que le mauvais côté de choses.

- J'ai...

Envie de hurler. De tout balancer. Envie de laisser surgir toute cette rage confinée, d'expulser ce bouclier infect qui m'empêchait de réfléchir posément.

A la place je fermais les yeux, laissant perler deux larmes esseulées sur mes joues rougies par la honte, la colère, l'impuissance, l'orgueil. Mes deux mains formaient des poings que je portai contre mon front bas. Mes phalanges blanchirent et mes mains tremblèrent.

Ma respiration était saccadée, entrecoupée comme si mon corps, mon esprit, ma raison et mes sentiments luttaient pour s'exprimer. Se contrôler dans ce lieu bondé ; laisser éclater les larmes ; ne pas oublier qu'une krypotnienne ne montrait pas ses sentiments ; hurler de rage ; Ted était devant moi ; c'était un lieu public ; il y av...

Je me levai, le regard dur malgré son léger rougeoiement lacrymal et les fins filets presque secs de mes rares larmes. Je sortis de l'argent et la posai sur la table.

- J'ai besoin d'air, déclarai-je.

Le grand air, la rencontre avec une autre civilisation dans cette ville que je connaissais bien pour être souvent venu ici en pause. Voilà ce dont j'avais envie.

Envie et besoin. Deux ennemis parfois irréconciliables.

Je ne regardais plus Ted mais la vitre qui donnait dehors, sur ces panoramas naturels qui appelaient à l'oubli. Mon corps était toujours appesanti de ce que je n'arrivais pas à exprimer et expurger. La poitrine alourdie par mes tristes secrets.

Ted était toujours là, devant moi. Je lui devais quelque chose. Il...

- Je... je n'y arrive pas Ted, avouai-je en m'érigeant une nouvelle barrière mentale comme si cela devait mettre un terme à toute discussion sur le sujet.

Et pourtant je crevais de rage d'en parler. J'étouffai de toute cette charge mentale que j'accumulai vainement. La barrière que j'érigeais à la hâte était factice, du carton face au béton que j'avias un temps utilisée. Je remettais mon manteau, comme pour mieux penser à autre chose, m'enfermer dans un geste routinier. Tentant de balbutier une phrase vaine, je sentais le sol glisser sous mes pas. J'avais fait une brèche trop grande pour la colmater avec si peu de matière.

- Je... , commençai-je à nouveau avant de m'effondrer sur mon siège, un bras dans un manche, le manteau à la hussarde. Je fais n'importe quoi !

Mon hurlement fut soudain et m'étonna moi-même. Désincarnée, je regardai mon corps et écoutai ma voix.

- Ma vie part dans tous les sens Ted ! Je... j'ai pris les pires décisions, les chemins les plus tordus, les solutions les plus faciles ! Je me suis écartée de tout le monde, j'en veux à l'univers entier ! Parfois j'aimerais que le Terre se fasse vaporiser pour passer à autre chose et la minute d'après je le regrette. Mais... mais je reste dégoûtée par l'Humanité.

Mes mains bougeaient sans que je sache exactement ce qu'elles faisaient. Elles suivaient simplement le flux de mes paroles qui peinaient, elles à se suivre les unes les autres.

- J'en ai assez d'avoir mes pouvoirs, j'aimerais juste pouvoir me poser quelque part et faire... je ne sais pas mais autre chose que de sauver des ingrats, des imbéciles qui laissent des fascistes au pouvoir, des sous-êtres qui prennent des décisions encore plus bêtes que celle de Krypton, qui flinguent leur planète, qui s'entretuent pour de l'argent ou du pouvoir !

Le restaurant était silencieux tandis que j'explosai littéralement, mélangeant absolument tout dans un gloubi boulga de causes, de conséquences, d'envie, de besoin, de faits et de ressentis. Aurais-je voulu m'arrêter que la force m'aurait manqué. Des larmes abondantes coulaient contre mes joues.

- Je hais mon héritage, d'être l'une des dernières de mon peuple, d'être piégée dans des cendres alors que j'ai que de la colère contre mon père et ma mère qui m'ont... abandonné ! J'en peux plus Ted ! Je suis... je suis... fatiguée ! Fatiguée de me battre pour rien, de devoir toujours tout recommencer et de voir que malgré cela j'arrive encore à recevoir des critiques, encore et toujours ! Que ce soit des médias, d'autres justiciers et même d'héroïnes qui pensaient que j'étais un exemple et qui parviennent encore à me claquer leur déception dans les dents !

Je manquais de frapper un grand coup sur notre table, retenant dans un réflexe quasi surhumain ce geste qui se transforma en un grand cri de frustration. Ma vue embuée ne m'apportait rien d'autre qu'un immense flou artistique qui collait parfaitement à mon état.

- J'en ai marre de porter les malheurs de gens que je ne connais pas ! J'en ai ras-le-bol d'être comptable des soucis des autres ! Je me suis plantée Ted ! Je suis pas une héroïne, je suis pas une sauveuse, je suis rien qu'une pauvre conne qui a cru qu'elle devait suivre son abruti de pseudo-cousin dans une quête complètement vaine et futile, impossible dans une univers aussi égoïste qui m'a complètement contaminé.

" J'exècre ce que j'ai fait, ce que je suis devenue. J'ai fait n'importe quoi, n'importe comment par... par... orgueil, vanité, bêtise, j'en sais rien mais j'ai enchaîné les missions, les opérations, les plans foireux et pour quoi ?! POUR RIEN ! Pour absolument rien si ce n'est que j'ai plus de vie, que j'ai plus de raison de me lever le matin, que j'ai gâché mon temps et ce que je pouvais faire de mes capacités !


Je me pris le front dans une main tremblante. Je ne savais même plus où était Ted. Je n'osais même plus chercher son regard.

- J'ai tout gâché Ted... J'ai foutu un beau bordel et je crois que j'ai plus l'énergie pour tout résoudre... j'en ai plus envie...
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Re: Faire le Point Mar 22 Mar 2022 - 20:00

Attentif. Attentionné. Soucieux de bien faire et d’être présent. Ted promet d’être là pour assumer ce que ses proches savent déjà. Ils ont confiance en lui, malgré qu’il ait l’impression d’être toujours autant maladroit envers ceux qu’il aime.

Aujourd’hui, son faux pas a bien failli tourner à la catastrophe. Dans cet excès d’attention pour ses proches, il a voulu régler ses problèmes seul. C’est un réflexe qu’il devrait apprendre à enfermer dans un coffre fort verrouillé. Agir en équipe fonctionne toujours mieux, la preuve est sous ses yeux alors que Kara lui adresse un léger sourire face à l’ouverture et l’honnêteté dont il a fait part. Ensemble, ils sont une équipe.

C’est avec cette attention que Ted est le seul homme au monde à pouvoir approcher Karen Starr et tenter de percer une carapace naturelle qu’elle s’est confectionnée. Plus ils avancent ensemble, plus ils se frottent à de nombreux problèmes, dont certains - il faut bien l’avouer… - sont à des niveaux spectaculaires pour un simple humain. Mais Kara a d’autres moyens de parvenir à devenir ce rempart intombable, de par ses origines kryptoniennes et ce caractère bien trempé. C’est ce que Ted a toujours aimé chez elle et qu’il chérira toujours.

Pourtant, lorsque leurs regards se croisent et que Karen commence à lui déballer, à son tour, ce qui pèse si lourd dans ses pensées, il voit les fissures, qu’elle sait colmater, s’ouvrir progressivement. Il en est troublé… Ted perçoit sa douleur bien au-delà de ce qu’elle veut bien montrer. En plus d’être attentif, il possède une grande empathie… Il ne sait pas faire preuve de logique H24, malgré ce brillant cerveau, tout comme le font Ray et Bruce…
Il comprend qu’elle retient tout.

Ses mains tiennent toujours l’une de Kara où il sent un début de tension. Power Girl est une femme surprenante qui sait parfaitement contrôler ses émotions pour la sécurité des autres…
C’est injuste.
La liste de Peegee est suffisamment longue et lourde de difficultés et de problèmes qu’elle aurait bien besoin de décharger un bon coup. Ted Kord frissonne à la fois en entendant les explications, aussi conséquentes que les siennes, qu’à ses pensées vraiment stupide et aux conséquences de voir une kryptionienne en colère tout casser sur cette planète qui n’a rien demandé…

Les problèmes sur la santé de Kara font perler davantage d’inquiétudes sur le visage de son compagnon. Il savait qu’elle peinait à retrouver un sommeil et une vie normale après être revenue sur Terre et il pensait qu’ils auraient plus de temps pour pouvoir retrouver Granny Goodness. Quel véritable paradoxe d’être un voyageur temporel et de manquer de temps…
Vouloir affronter Granny, Godfrey et maintenant la Suicide Squad, c’est une réelle folie.

Ted reste terriblement silencieux alors qu’il digère tout ce qu’elle vient de lui dire. Lorsqu’elle le lâche, il serre ses poings si fort qu’il en fait blanchir ses phalanges. Il sent la colère monter en lui. Il se déteste de ne pas avoir été présent lorsqu’elle a eu besoin, dès qu’elle a tenté de le joindre, chaque minute qu’ils ont passé loin l’un de l’autre alors qu’ils cherchaient l’aide qu’ils auraient pu s’apporter mutuellement.
Maintenant Kara a dû en arriver à des extrêmes pour pouvoir dormir et échouer dans plein de tentatives de bien faire les choses, au point d’être passé à deux doigts de la mort.
Quant à toi, Ted Kord, tu as plongé tête la première dans la culpabilité et tu t’es perdu entre visions et réalités…
La vérité est qu’ils sont désormais tous les deux au bord du gouffre…

La colère et le désir de vengeance brûlent vivement l’âme de Beetle. Mais ce n’est rien comparé à la vue de la détresse de Karen. La voir si mal est beaucoup plus douloureux. Il ressent la honte et le désespoir qu’il cache derrière un regard qui ne parvient qu’à exprimer une sorte de vide. En réalité, il se perd dans la vue de ces larmes… Ted partage la même envie d’aller démolir la maison d’en face ou de hurler à la face de ce monde combien il hait ce qu’il a pu faire, ce qu’il est devenu, ce qu’il a bien failli devenir et combien il meurt d’envie d’aller éclater chaque personne qui les font souffrir.

Et pourquoi ne peuvent-ils pas se le permettre ?! Où est la justice lorsqu’ils doivent se retenir à des moment fatidiques et où a contrario les vilains ne se gênent certainement pas pour faire des morts dans leur sillage ? Ted Kord qui meurt, tué par Max Lord, c’était permis… Blue Beetle qui démolirait la tronche des personnes qui ont fait du mal à l’amour de sa vie serait fortement jugé.
Que penserait les autres s’ils se rendaient compte qu’il se met à souhaiter la vengeance ?

Le regard de Ted fixe encore Kara, bien que dans son esprit il réfléchisse à toute allure. Elle a besoin d’air. Ces mots sont une bouffée de soulagement à eux tout seuls, mais cela ne fait que repousser l’inévitable. Ce n’est pas d’air dont elle a réellement besoin… C’est de lâcher-prise.
Et il est venu ce temps où elle lâche prise et déballe absolument tout ce qu’elle a trop longtemps enfermée dans son cœur. Toutes les choses que Kara a bien été capable de sous-entendre plusieurs à Ted mais jamais elle ne l’a réellement dit.
Elle le fait enfin, dans un éclatement d’émotion, entre rage et larmes qui s’écoulent après avoir été gardées trop longtemps dans ses yeux.
Des mots durs, des faits réels, des ressentis jetés au large dans un cri. La table a bien failli subir ce courroux si grand que Ted décroche une demi-seconde son regard sur elle afin de s’assurer que personne ne vienne les rejoindre. Il les aurait congédiés, non pas pour leur éviter un geste incontrôlable de Peegee mais davantage pour qu’on leur foute la paix qu’ils désirent ardemment.
La paix… Quelle drôle d'idée, hein … ?

Ted ferme un moment les yeux et attrape son front dans une main. C’est à son tour d’avoir besoin d’air et de vouloir s’évader dans le paysage de cette splendide planète à la cuisine si riche.
Tant de choses à réparer, tant à dire et à faire… Une semaine en arrière, Ted s’était imaginé mille scénarios catastrophe de leur retrouvaille, après ce qu’il avait bien failli faire.
Mais, finalement, la purge de Ted OMAC dans un monde qui semblait encore plus pourri que le leur, est-il plus punissable que ce qu’à fait Glorious Godfrey à Kord Industrie et à ces pauvres gens morts sous les décombres ?
Bien évidemment que ça l’est !
Alors pourquoi… tout ce qu’ils font… n’est jamais suffisant ?! Pourquoi respecter toutes ces règles … ?
« Je… »
Ted rouvre enfin les yeux. Ils sont accompagnés d’un sourire en coin… d’une profonde tristesse.
« Je crois que je n’y suis jamais vraiment arrivé. »

Ses mots sont venus plusieurs secondes après le silence laissé par Kara après la tempête. Il laisse un autre moment de flottement dans lequel il laisse le temps à Peegee de se calmer. Ted en profite pour rapprocher sa chaise de la sienne, là où elle s’est rassis. Il réduit la distance qu’elle avait naturellement laissée entre eux le temps qu’elle en avait besoin. Dans ce sens, ils fonctionnent un peu différemment, puisque Ted a longtemps mis de la distance dans sa jeunesse.
Plus maintenant.
« J’ai suivi ce qu’on m’a … laissé.
Au début, je me suis simplement dit que c’était ce qu’il fallait faire. »


Ted marque un temps de pause dans lequel il plonge son regard dans celui de Kara. On peut sentir qu’il cherche ses mots et qu’il a l’air de se mélanger les pinceaux dans son esprit.
Pourtant, ses phrases se forment…
« Mon père voulait que je reprenne les rênes de l’entreprise. Je voulais devenir explorateur et archéologue, comme mon professeur Dan Garrett… Je voulais voyager, voir le monde, rencontrer des gens…
A la place je suis devenu PDG et super-héros. Enfin… Si on veut.

- Personne ne nous a donné un mode d’emploi sur comment être un bon exemple et comment gérer en cas de crise de nerfs. Et de nous tous, tu es celle qui a toujours le mieux réussi, Kara. »


Il s’est rapproché davantage, pour pouvoir récupérer à nouveau les mains de Peegee, tandis qu’il ne cesse de capter son regard avec le sien.
« Le monde attend de nous que nous soyons parfait, invincible et que nous réglions tous les problèmes… Sauf que ça marche plus… T’entendre le dire, te voir l’exprimer… »

Les derniers mots difficilement prononcés ont bien failli rester bloqués au fond de sa gorge. Il prend un moment, un court instant où il parvient à retrouver le don de parole mais en ayant le bord des yeux humides.
« On… On n’a ni choisi ce qu’on est, ni ce qu’on a. Mais on peut choisir ce que l’on veut devenir, Kara… Et même si j’en meurs d’envie, rien que pour revoir ton sourire illuminait ton visage que j’aime tant, je ne suis pas certain que tout abandonner ou s’adonner à la vengeance pour se sentir mieux soit les meilleures solutions. »

Oh, qu’est-ce qu’il aimerait leur faire payer, ça oui…
« Je peux te montrer que tu n’es pas devenue ce que tu crois, que tu n’as pas fait tout ça pour rien et que tu mérites mille fois qu’on t’admire.
Si je dois me damner maintenant, pour toi, je le fais. Si je dois retrouver chaque personne qui nous a fait souffrir, pour leur faire cracher le morceau et aller directement voir Granny pour lui rendre tout ce qu’elle t’a fait, je le ferais un million de fois. »


Par il ne sait quel miracle, Ted est parvenu à exprimer à la fois son soutien et sa détresse, son amour pour elle et sa rancœur envers leurs ennemis. Mais, il n’arrive plus à sourire…
« Tu n’as pas à porter le malheur des gens, qui ont souffert à cause des auteurs de leurs maux, ceux-là même qui nous ont porté préjudices… et qui doivent répondre de leur acte. Granny… Glorious Godfrey…
Et si tu dois le faire… ne... »


Cette fois, Ted peine grandement à ne pas lâcher-prise et laisser aller deux filés fins couler le long de ses joues.
« Ne le fait pas toute seule… »
Et c'est moi qui demande ça... Ah !

Quelle ironie.
Mais au milieu de cette crise, où ils s'ouvrent beaucoup plus qu'habituellement en ce jour où plus rien de va, il compte sincèrement la soutenir et traversé avec elle un long chemin semé d'embuches. Aucun obstacle ne saurait être pire qu'un voyage sans elle...
V.S.
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JSA
Re: Faire le Point Mar 12 Avr 2022 - 15:56

Je pouvais ressentir ma main glacée tenter de soutenir le front brûlant de ma tête chauffée par la colère tandis que le reste de mon corps se glaçait. J'observai inutilement le sol où des larmes trop longtemps différées s'écrasaient abondamment.

J'étais perdue. Pour mon malheur, nul soulagement ne suivait cette explosion. Il me restait encore tant sur le cœur, comme si je n'avais libéré que le strict nécessaire pour éviter une déflagration plus violente encore. J'avais pourtant l'impression d'avoir fait le tour, d'avoir vomi tout ce qui paraissait me peser. Subsistait hélas un poids lancinant. Je sentais encore ce bouillonnement prêt à resurgir avec pertes et fracas. Après l'explosion le volcan ne s'interroge jamais du paysage qu'il laisse, il a l'avantage de l'inconscience. Telle n'était pas mon cas. S'ajoutait ainsi à ma charge une douloureuse culpabilité d'avoir lâché tout ici et maintenant, au milieu de cette population qui n'avait rien demandé, la honte de cette confession déstructurée, indigne, contraire à tout ce que l'on m'avait enseigné.

Jusqu'à ce que Ted reprit la parole en se rapprochant de moi. Malgré cette promiscuité sa voix me parvenait d'horizon insondables comme s'il me parlait à travers une cascade d'eau. Il me parla de sa propre vocation en termes simples, de son père, des espoirs familiaux, de ses aspirations. Il laissa transparaître ses propres doutes sur sa nature super-héroïque.

Ma tête se tourna vers lui lorsque je compris qu'il se rapprochait d'avantage. Je sentis l'une de ses mains contre la mienne et son regard, à la fois doux et affecté. Un regard que je n'avais jamais éprouvé auparavant, empreint d'une forme de pitié. Lui aussi était visiblement bousculé par l'émotion. Sa voix paraissait combattre son corps alors qu'il partageait avec moi sa compréhension, son analyse de la situation. De ma main libre j'essuyais les indignes larmes qui m'avaient secouée. Je regrettait d'avoir cédé, voyant les dommages collatéraux chez lui.

Théodore ne s'arrêtait cependant pas. Il se libéra de sa rage, de son émoi, réaffirma son amour. Je n'avais eu pour ce sentiment qu'un vague intérêt distant depuis mon arrivée sur Terre, ne rencontrant au gré de certaines rencontres que quelques aventures et des intérêts purement temporaires et physiques. L'amour n'avait fondamentalement jamais porté en moi une chaleur telle que je la ressentais subitement ou alors, il y a trop longtemps pour que ce souvenir soit vivace. Ted venait soudainement de confirmer, s'il en était encore besoin, cette place quasi unique qu'il s'était aménagé dans mon cœur. Il n'y avait nulle blandice dans ses propos, sa sincérité naturelle lui interdisait toute hypocrisie et son visage était un livre ouvert.

Les larmes parurent refluer en moi alors qu'une nouvelle chaleur, moins terrible que celle de la colère, vienne me réconforter. Mes réflexes m'imposèrent une soudaine volonté. Je sentais mon cœur s'étreindre d'une énergie nouvelle, galvanisant mon esprit et l'ébrouant pour mieux dissiper le brouillard de cette précédente décompression incontrôlable. Mes yeux étaient toujours irrités, mes mains tremblaient toujours, mais les paroles, l'attitude de Ted m'invitaient à me ressaisir.

Mes phalanges vinrent caresser les siennes. Je n'avais pas grand chose à rajouter à tout ce qu'il venait de m'avouer. Je n'avais pas enregistré la moitié de ses paroles, sinon j'aurais certainement eu à redire mais j'avais été rassérénée par son ton, son langage non verbal et sa présence. Juste cette présence, cette main palpitant d'une vie qui se voulait liée à la mienne, son regard, si doux, si attentionné et si réconfortant.

Je n'eus pas la force de soulever un coin de lèvre lorsqu'il me déclara que je n'avais pas à affronter mes problèmes seule.

Il avait raison. Hélas je n'avais pas la force de lui dire ni de lui affirmer.

Parler semblait exiger de moi un effort surhumain que nul Soleil n'aurait pu alimenter.

Sur la table proche reposait l'argent pour payer notre repas. Autour de nous le restaurant devenait de trop. Je n'avais toutefois pas assez d'énergie pour m'enfuir avec lui.

Je n'avais pas encore assez récupéré pour lui parler, pour essayer de calmer les larmes qu'il ne parvenait pas lui-même à réprimer.

Aussi l'embrassai-je.

Un geste qui économisait bien des discours que j'aurais été incapable de former ou déclamer, un geste simple mais si précieux, un geste qui lui était intégralement réservé. Un cadeau pour lui seul.

Et tandis que je m'abîmais dans ce contact si intime, mes émotions arrêtèrent leur cacophonie, les restes de mes barrages mentaux se laissèrent emporter par un torrent irréfléchi. Mon cœur se calma d'une étreinte épanouie tandis que ma main libre encore humide vint caresser sa joue humectée de ses propres larmes. Mon pouce effleura sa pommette alors que mes autres doigts vinrent chercher ses cheveux. De mes yeux clos je pouvais ainsi délinéer son visage, esquisser sa chevelure. J'éprouvai la chaleur vive de son être. Mes lèvres contre les siennes, ma langue contre sa langue, je ne goûtai même plus le temps. Mon corps réclamait le sien, mon cœur n'espérait plus que le sien.

Je sus juste à cet instant précis que c'était à la fois le plus beau et le plus sincère de tous mes baisers.

Je n'eus ni conscience de comment nos visages s'éloignèrent l'un de l'autre ni de la durée de notre embrassade, simplement qu'elle m'avait libérée d'un poids.

Le coin d'une de mes lèvres se leva finalement, ajoutant à mon faciès mélancolique une touche lumineuse. Et cette phrase, si courte, si difficile à exprimer en temps normal sortit d'elle-même et pour la première fois :

- Je t'aime Théodore.

Alors je compris que je n'affronterai plus seule mes problèmes.
Ted Kord/Blue Beetle II
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Situation : Ted loge actuellement au Hall de Justice, pour être surveillé, après avoir amené sur la Terre un autre Ted... vraiment plus vicié que l'original.
Localisations : Ivy Town / The Bug / Hall de Justice
Inventaire : - Armure BLUE SCARAB 3.0 (cf fiche) (actuellement indisponible)
- BB-Gun 2.0
- BB-Canon (cf fiche)
- Bug (actuellement perdu)
- Blue-Jeep
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JLA
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Re: Faire le Point Sam 14 Mai 2022 - 11:32

L’homme en face de la belle garde le silence, après avoir prononcé ses derniers mots. Ne le fait pas toute seule, lui a-t-il dit. N’affronte pas les problèmes seule…
Parfois, certains défis demandent à ce qu’ils soient résolus en solitaire. Il peut s’agir d’une quête personnelle pour se confronter à ses démons intimes. Le genre de moment que l’on souhaite fuir pour repousser le défi. Mais il n’est que repoussé… Le mieux reste encore de faire face et de solutionner au mieux.
C’est par les réussites et les échecs que l’on apprend à grandir.

On apprend tous les jours et chaque expérience est enrichissante. Ted Kord est une personne qui a toujours su avancer avec toujours plus de nouvelles idées. Pourtant, sur le plan personnel et intime, il n’a jamais connu une relation pouvant l’aider à affronter ses démons. Ses expériences se sont multipliées, la vie a continué de lui offrir de quoi devenir ce qu’il devait devenir : un jeune adulte reprenant l’entreprise familiale, l’héritage de Blue Beetle et… l’impossibilité de combler, malgré tout, un vide.
Puis, avec Kara, ils se sont rencontrés.

A aucun moment Ted ne s'est dit qu’un jour ils se mettraient ensemble. D’une amitié timide, ils sont devenus de très bons amis. Mais Karen Starr reste Power Girl, une personnalité ravissante et une héroïne grandiose. Inatteignable pour un homme tel que lui…
Et pourtant… Les coeurs se sont rejoints. Leurs âmes se sont écoutées une nouvelle fois. Ils se sont compris.
Kara a rendu bien meilleur Théodore Kord.

Ce dernier a lâché pour la première fois absolument tout ce qui entretenait son vide insondable. Il était certain que c’était passé, qu’il n’avait plus à affronter ses monstres intérieurs… Les émotions, la colère pure et les larmes de Kara lui ont rappelé qu’il n’était pas le seul à devoir lutter. Alors tout naturellement, Ted s’est dit qu’ils pourraient y aller ensemble.
Il se sent beaucoup plus utile en la soutenant. Il se sent mille fois plus fort en restant à ses côtés. Il se sent bien plus entier depuis qu’il lui a déclaré son amour. Malgré ses propres craintes, sa peur de l’échec à affronter ce qu’il obscurcit le Soleil, Ted se sent capable de faire l’impossible pour leur permettre d’avancer.
Petit à petit, ils y parviendront.

Le baiser si doux et sincère que lui offre Karen est un discours bien plus convaincant que n’importe quel mot.
La colère s’en va. Les angoisses s’amenuisent. Plus rien ne vient entacher une âme qui sauvegarde ce moment unique. De tous les souvenirs que peut posséder une mémoire d’humain, celui-ci prend une place importante. Il le chérit déjà.
Ted Kord se souviendra longtemps de sa chaleur, des gestes de Kara, des intentions qu’elle a à son égard et du message qu’elle transmet.
Le contact finit par se rompre mais n’efface rien. C’est ancré dans son être à jamais. Les trois mots soufflés doucement par Peegee font illuminer le visage de Theodore, si bien qu’on oublie rapidement qu’ils ont beaucoup pleuré.
« Je t’aime Kara. »

Alors ils n’affronteront pas leurs problèmes seuls.

Et ce vide, si difficile à combler, a entièrement disparu.
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Re: Faire le Point

Faire le Point
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