Un soldat se relevait, remettant son casque en poussant du pied un peu de terre sur les vomissures qu'il avait laissé là. Il attrapa sa carabine et sortit de la contre-allée où il était parti se réfugier en toute hâte. La température était encore clémente pour la saison et le soleil était à son zénith, pour accompagner les deux brancardiers embarquant un gaillard dont la jambe semblait avoir prestement sautée d'elle-même. Personne n'était dupe. C'était du calibre .50.
Même en le sachant et en ayant été briefé pendant les classes sur les dégâts d'une arme de gros calibre, l'odeur suffisait à faire ressortir les instincts des plus faibles estomacs.
" On dirait le Far West, putain. " commenta un soldat devant le carnage.
" Dis plutôt Sarajevo. " répondit un second, allumant une cigarette, " On a perdu trois marksmen à cause des snipers. Ils sont bons, on les a pas encore vus. "
" Ils tuent nos gars ? C'est plus du vigilante à ce niveau ... "
" Non, ils tuent pas. Ils les envoient à l'hosto. " rétorqua le soldat à la cigarette en imitant un coup de manchette, " 'Leur tombent dessus au corps à corps. 'Pas des amateurs. "
C'était pourtant une journée de patrouille de plus pour l'armée dans les ruines d'une cité rasée par des éléments dont ils ne comprenaient même pas les implications. Ils protégeaient la ville des pillards, que les tireurs isolés neutralisaient avec une efficacité terrifiante. Pas un mort, non, mais des montagnes de blessés, souvent terribles. Une horde de gaillards qui ne seraient certainement plus à même de se livrer à des exactions de leur vie. Les hélicoptères avaient beau quadriller la zone et les équipes de recherche les traquer, on ne les avaient pas retrouvés ... mais les tireurs étaient là, dans les ruines, veillant au grain. Ils épargnaient pas mal de travail aux autorités, puisque les pillards eux-mêmes se révélaient particulièrement doués pour éviter les lourdes patrouilles motorisés ... On avait peur de leur efficacité et des dégâts qu'ils causaient - la cause même de leur traque - mais on les toléraient dans une certaine mesure.
Ces tireurs n'étaient pourtant que la seule Cassandra Cain, errant dans les ruines avec un lourd sac de randonnée sur le dos auquel était attaché son DSR-50. Le pas était leste et le regard paranoïaque, au moment de pénétrer dans une cage d'escalier. Elle tenait un ridicule Colt Detective Special dans une main, un holster sur sa poitrine révélant un Colt M45A1 bien plus létal. Le contraste entre l'agrafeuse qu'elle tenait entre les mains et l'obusier de campagne qu'elle baladait au côté de son sac de couchage, de provision et de pas mal de matériel de première nécessité tenait à un principe simple : elle ne cherchait pas à tuer. Le petit calibre blessait la cible, le temps pour Cassandra de se ruer sur elle pour la finir au corps-à-corps.
Un loisir qu'elle ne pouvait se permettre de pratiquer avec une cible située à plus de six cents mètres, d'où le matériel d'amputation à distance extrême. On n'était jamais trop sûr.
Oui, Cassandra était méconnaissable et ce n'était pas que la faute d'une tenue bien plus militarisée que ses précédents accoutrements. Certes, son visage était couvert de bandes noires et de tâches ocres et elle se mouvait avec une curieuse cape grisâtre la recouvrant et traînant sur le sol en la confondant avec le décor en ruines de manière saisissante mais ... Bien malin était celui qui aurait pu s'imaginer un jour voir l'ancienne Batgirl arpenter les décombres d'une métropole américaine pour en déloger tout les pillards à l'arme lourde. Pourtant, fidèle à cette "nouvelle" elle-même, elle ouvrit consciencieusement la porte d'un loft au septième d'une tour, pour y installer son nouveau camp de base, en commençant par déployer son arme. L'appartement avait été majoritairement épargné, les vitres éclatées et les bibelots renversés sur le mobilier d'un style honteusement classique témoignant seuls des combats ayant eu lieu dans la ville.
Quatre minutes plus tard, elle était assise sur le divan de l'appartement, son fusil placé sur la table du salon, dans l'axe d'une artère commerciale du centre-ville. Son sac calait le canon et elle écoutait à un vieux casque de radio militaire les communications, en mangeant comme une espèce de sauvage des haricots en conserve, froids, avec une fourchette, mais avec une rapidité brusque. Ce n'était pas un festin, c'était une nécessité physiologique.
" Kiddo. Rapport. " adressa une voix dans le casque.
Elle ne prit même pas la peine de lâcher son repas en appuyant sur le bouton de transmission.
Cassandra finit sa conserve, qu'elle posa sur la table avant de soupirer.
" Maman ... "
Elle était une professionnelle, au même titre que sa mère. Une donnée que Lady Shiva peinait à prendre en considération, de l'humble avis de Cassandra, mais on aurait tout aussi bien pu mettre en cause l'impétuosité de la jeunesse, alors que l'ancienne Batgirl sortait une cigarette pour l'allumer.
" Ne le laisse pas ... "
Les sens de Celle Qui Etait Tout se raidirent à l'unisson comme pour la prévenir d'un danger imminent, avant même la consigne de la matriarche. Le conditionnement était encore là, un réflexe que toute une carrière de justicière Gothamite n'avait contribué qu'à aiguiser.
" Contact. " souffla-t-elle à sa mère par la radio, avant de faire une roulade pour s'emparer de l'épée qui dépassait de son sac.
Une épée reconnaissable entre toutes. L'épée de la Tête du Démon en personne, celle que Cassandra s'était vue remettre en main par Ubu. Le symbole théorique de sa légitimité en tant que maîtresse de la Ligue des Assassins. Le Batman était là, quelque part, dans l'appartement. Elle le sentait. L'action du sixième sens quasiment surnaturelle de la guerrière, de celle qui ne connaissait que trop bien les méthodes de son père adoptif. Peut-être était-ce un bruit de glissement un peu trop suspect, ou un déplacement d'air, ou même simplement l'échine dressée par le fait de savoir que l'on était observé, mais elle le savait. Il était là. Il était là et il n'avait pas déclenché les pièges qu'elle avait semé pour couvrir son chemin - chausses-trappes rudimentaires et grenades étourdissantes collées dans les embrasures de portes, déclenchées par de minces filins -. On ne bernait pas aussi facilement la Chauve-Souris, comme on ne pouvait jamais complètement échapper à la vigilance de la fille adoptive de celui-ci, devenue parfaitement paranoïaque, à juste titre.
" J'arrive Kiddo. " pesta Lady Shiva dans la radio, " Surtout, ne tentes rien toute seule. RIEN, Cassie. C'est un ordre ! "
Cassandra, pourtant, était déterminée. Elle avait tiré son .45 de son holster de poitrine et dégrafée sa cape de camouflage d'un geste vif pour se préparer à la confrontation. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas revu Bruce Wayne. Elle ne savait pas comment il réagirait à tout ceci, à son revirement de cœur, à sa réconciliation avec sa mère, à son utilisation d'armes à feu.
La première leçon de la Chauve-Souris, peut-être : toujours être préparée.
Dans la doute, elle passa le pouce qui tenait son arme de poing dans un petit anneau. Cet anneau était accroché à une cordelette qui venait relier entre elles les goupilles de plusieurs grenades. Une astuce apprise du Joker, à la dure.
Elle se tenait au centre de la salle, prête à frapper n'importe quel endroit de son épée et à faire feu de son arme, sans un bruit. Les murs n'étaient pas sûrs, trop peu épais, comme l'étaient le plafond et le sol, mais elle ne pouvait mitiger ses risques en volant ... Non, elle aurait à aviser.
Et, la mâchoire crispée sur sa cigarette luisant faiblement, elle aviserait.
Qu'il vienne.
Ray Palmer
Super-Héros
Inscription : 21/11/2015
Messages : 4011
DC : Superman - Bruce Wayne.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: A Bat Brand of Justice ! Sam 23 Jan 2016 - 20:53
... et rien ne se passe.
Nul mouvement. Nul bruit. Nulle sensation spécifique. Alors que Cassandra s'est emparée d'une arme blanche, d'une arme à feu et de grenades pour prévenir toute attaque. Elle s'est préparée comme si une véritable armée allait s'abattre sur elle, forte de centaines d'hommes surentraînés et prêts à tout - et elle n'a pas tout à fait tort. Bruce peut en effet être aisément considéré comme une furie extraordinaire quand il déclenche toutes ses capacités et son expérience, et il parviendrait à vaincre plusieurs dizaines d'adversaires comme une véritable petite armée.
One Man Army, dans le sens premier du terme. Mais pas aujourd'hui - pas pour le moment.
"Cassandra."
Un mot, trois syllabes. Détachées lentement, pour que chacune soit appuyée, pour que chacune ait son impact dans l'esprit de celle à qui elles sont destinées.
Trois syllabes, un mot - un nom. Celui de sa fille. Et même si Cassandra ne le comprend pas encore, ce simple fait change tout.
"Tout ceci est inutile."
Elle s'attend à une entrée théâtrale, impressionnante, violente. Elle se prépare à une attaque millimétrée, une véritable tornade qui s'effondrerait dans ce loft qu'elle a aménagée dans les ruines d'une ville brisée. Elle est même prête à se faire exploser, à risquer sa vie pour ne pas être prise, pour ne pas être vaincue ou céder. Bruce n'ose pas imaginer ce qu'il se passe dans l'esprit de la jeune femme quand il apparaît devant elle - en marchant.
D'un pas calme, posé, il s'avance, s'échappe des ténèbres et se montre à Cassandra ; sans aucune ombre d'agressivité. Droit, la cape retombant entièrement sur ses épaules et son corps pour le cacher entièrement, il avance, son visage légèrement masqué par quelques ombres.
Bruce s'arrête à environ cinq mètres de Cassandra. S'il entend s'avancer jusqu'à la rassurer sur ses intentions, pacifiques, il ne veut pas non plus envahir sa zone privée et la crisper encore plus.
"Tu sais très bien que je ne te ferai aucun mal."
Son regard, rendu blanchâtre grâce au masque, passe sur elle en entier. Il la détaille. Il s'attarde d'abord sur son allure, tellement éloignée des tenues qu'elle a portées ces dernières années. Elle ressemble à une militaire, une barbouze retrouvée dans un désert afghan ou au milieu d'une rixe à Islamabad. Il passe ensuite sur son attitude, tellement crispée, tellement non-naturelle, tellement sur la défensive… tellement violente. Son regard tombe alors sur la lame, qu'il reconnaît et qui provoque un léger frisson - imperceptible pour quasiment n'importe qui ; mais Cassandra n'est pas n'importe qui.
Et ses yeux tombent enfin sur les armes. Puis sur son visage. Et à nouveau sur les armes.
"Et tu sais très bien qu'il serait préférables que tu les lâches. Maintenant."
Sa voix demeure douce, presque apaisante - mais Cassandra le connaît. Elle a passé suffisamment de temps en sa compagnie, lors de missions, d'entraînements ou de moments rares à discuter tous les deux pour savoir ce qu'il pense réellement des armes à feu ; et même si Bruce entend être calme avec elle, cela ne peut lui faire renoncer à son dégoût fondamental des armes en général.
"Cassandra… penses-tu vraiment que je te veux du mal ?"
Bruce fait un pas de plus, bien conscient de crisper encore plus la jeune femme et d'exciter encore plus sa paranoïa. Tous deux savent ici de quoi elle est capable, quelle fureur elle peut déchaîner quand elle est poussée au bout de ses limites ; et il est clair qu'ici, Cassandra est déjà bien au-delà des frontières habituelles du contrôle d'elle-même. Bruce est donc bien conscient de ce qu'il fait, en s'avançant malgré le danger, et il souhaite que Cassandra le comprenne aussi. Pour qu'elle voie, alors, la réalité de son geste : une marque de confiance.
"Je ne suis pas venu ici pour te frapper, t'arrêter ou te donner des leçons. Je suis venu ici car je m'inquiète pour toi."
Il la regarde. Ses deux yeux blanchâtres sont fixés sur le visage de la jeune femme, rongé par les récents événements. S'il s'est interrogé sur les raisons de sa venue à Coast City, ville ravagée par une puissance extérieure et maléfique, il a rapidement vu le parallèle entre la cité et Cassandra, toutes deux en ruines et incapables de se reconstruire pour le moment.
Bruce pousse un long soupir. Et enlève lentement son masque.
"Cassandra."
Il offre à ses yeux son véritable visage, marqué par la fatigue, quelques cernes et des marques de coups reçus récemment. Pour le connaître aussi bien, ainsi que sa paranoïa, la jeune femme ne peut que comprendre l'importance de ce geste, dans un territoire hostile qu'il ne maîtrise pas entièrement.
"Tu es ma fille. Rien de ce qui est arrivé, rien de ce qui t'est arrivé ne peut changer cela. Je veux t'aider."
Il lève sa main droite et la tend à Cassandra, en esquissant un léger sourire.
"Laisse-moi t'aider…"
Bruce se tait alors - et attend. En espérant qu'elle saura faire la suite du chemin, ce pas si difficile qui pourrait la sauver. Mais s'il tente un geste d'apaisement, d'ouverture, Bruce n'en demeure pas… lui-même. Un homme rongé par la paranoïa et le doute. De ce fait, sans rien dire, sans rien montrer, il reste attentif à tout événement extérieur, prêt à se défendre contre toute tentative ennemie - même si elle vient de Cassandra. Même si elle vient de sa génitrice, qu'il imagine proche de Cassandra, d'où le blackout de communications installé depuis son arrivée ici ; même s'il doit mettre un terme définitif à leur relation tout sauf bénéfique. Même si Cassandra n'est pas d'accord.
(HJ/ Je te présente mes excuses pour le retard. Ton message fut très agréable à lire, j'ai hâte de continuer notre RP ensemble ! /HJ)
Re: A Bat Brand of Justice ! Sam 30 Jan 2016 - 10:51
Cassandra ne tremblait pas, elle ne cillait pas. Elle ne faisait qu'écouter son instinct.
Un instinct qui lui dictait de ne pas baisser sa garde. Pas tant qu'elle ne voyait pas clair dans les mouvements de son adversaire.
Car Batman, en cet instant précis, était un adversaire. Il s'était présenté depuis les ombres dans ce qui représentait la plus parfaite des défenses face à Cassandra : sa cape. Un instrument qui l'empêchait de lire la moindre parcelle de ses mouvements. Sous la cape, le Batman était protégé de Cassandra, il le savait. Il l'avait fait à dessein.
On ne pouvait faire confiance à une telle duperie, quelque pouvaient avoir été les mots pour le camoufler. Elle ne baissait pas la garde. Elle ne baissait pas les armes et ne retirait pas le doigt de son dispositif de suicide.
Oui, tout ceci était parfaitement inutile. Il n'était pas inutile car elle n'avait aucune chance - si elle avait appris une chose auprès de son père adoptif, c'était qu'il n'existait aucune situation véritablement désespérée, même face à lui -, il était inutile car le combat serait mortel : il ne s'avouerait pas vaincu et elle préférerait mourir dans une gerbe de sang et de métal que de lui concéder la moindre victoire.
Chaque rappel de son prénom, minutieusement mesuré et appuyé produisait l'effet d'un coup de couteau, d'une frappe en plein cœur. Il lui rappelait à chaque fois à quelle point elle se sentait trahie, abandonnée, comme si ce n'était pas au véritable Batman auquel elle était confronté ... Comme si ce n'était qu'un esprit frappeur. Une émanation de son esprit destinée à la hanter.
Elle était encore à s'interroger à son sujet. C'était le Batman de légende. Irréel. Quelque chose que son esprit, trop longtemps laissé dans une introspection forcée, était malheureusement capable de lui projeter.
Il fait un pas. Son doigt se crispe sur la gâchette. Elle grogne. Elle montre les dents, comme une bête acculée. Une image pas si difficile à imaginer, avec sa cigarette pincée entre ses incisives et la peinture sur le visage.
Il faudra qu'il enlève son masque - qu'il le fasse en montrant ses mains - pour que Cassandra s'apaise sensiblement. Il n'y a que comme cela que, finalement, elle rengaine l'épée à sa ceinture d'un mouvement mesuré, sans lâcher son pistolet et sans quitter le Chevalier Noir du bout du canon.
" 'Facile. " grogna-t-elle.
Elle voyait son visage, elle voyait sa main. Elle voyait son ouverture et sa sincérité ... Cela semblait facile, trop facile. Après tout ce qui lui était arrivé, après tout ce temps.
Elle était tendu. Elle le voyait, ouvert. Elle prévoyait d'avance les centaines de combinaisons qu'une telle main pouvait opérer. Son esprit était semblable à ces avions de chasse à la pointe de la technologie. Elle identifiait d'une myriade de réticules tout les points d'importances du corps de Bruce Wayne. Elle identifiait chacun des muscles de son visage, ce qu'ils témoignaient et ce qu'ils avaient vécu, sa fatigue et ses blessures ... Et cela semblait pourtant toujours trop facile.
Il en venait à faire douter Cassandra de ses propres capacités : Batman n'était jamais honnête. Batman avait toujours un dessein.
Batman l'avait laissé pour morte. Batman l'avait abandonné. Il lui avait administré la leçon la plus magistrale de son existence. Batman lui avait montré comment il était devenu Batman.
Sa main se crispa sur l'arme, l'espace d'une seconde. Elle se surprit à vouloir appuyer sur la détente. Elle se tendit comme un guépard prêt à bondir, tout ses muscles contractés. Et puis, comme si l'une de ses mains refusait de suivre l'ordre qui lui était donné, elle vint se poser sur la culasse pour empêcher toute action de l'arme. En moins d'un instant, elle avait neutralisé sa propre arme pour se retenir de commettre un acte odieux.
Et elle laissa tomber l'arme. Elle était toujours tendue, crispée, ses muscles visibles sous sa combinaison.
Et elle rugit en précipitant son poing directement sur le mur le plus proche. Elle le frappa une, deux, trois, cinq, dix fois ... Elle se frappa jusqu'à ce qu'apparaisse la brique sous le revêtement. Jusqu'à ce qu'un liquide carmin se mette à goûter de sous ses gants pour venir tâcher le sol.
Elle était si crispée que ses incisives en avaient attaqué la cigarette, laissant une marque profonde de dents.
Cassandra la cracha sur le côté, avant de faire se rencontrer son front et le mur, avec violence, là aussi.
" 'Abandonnée. " murmura-t-elle, avant de glisser par terre.
C'était comme si ses jambes s'étaient dérobées sous elle.
" Ta faute, tout ça. " souffla-t-elle.
Elle était bien trop tendue pour pouvoir émettre un quelconque discours cohérent. Ce fut son regard, venant à la rencontre de celui du Chevalier Noir, qui parlerait pour elle : il était trempé. A ses yeux perlait des larmes de tristesse autant que de rage. Elle lui en voulait autant qu'elle savait que ce qu'il disait était vrai. Elle trouvait cela beaucoup trop facile de ne revenir que maintenant, alors qu'il aurait pu maintes fois la tirer du traquenard dans lequel ses manigances l'avait forcée à se fourrer. Elle ne pensait pas tant au meurtre de Ra's Al-Ghul qu'à son infiltration du Secret Six.
Elle se sentait mauvaise. Elle se savait mauvaise. Elle savait qu'elle était bien trop violente, mais elle savait également qu'il devait y avoir quelqu'un de suffisamment violent pour confronter le mal sur son propre terrain. Quelqu'un de prêt à prendre les coups physiques autant que moraux pour permettre aux simples citoyens de vivre. Quelqu'un de fou, pour lutter contre les fous ... Quelqu'un comme le Batman.
Un Batman gentil, un Batman aimant, dans ce cadre ... Après tout cela ... C'était trop facile. C'était un piège. Un très mauvais piège. Un piège face auquel, assise par terre, Cassandra avait abaissé ses défenses.
HRP:
A mon tour de m'excuser. J'ai longtemps réfléchi à ce post, ne sachant comment le continuer ... Tu as placé la barre haut. En espérant que cela soit à la hauteur de tes espérances. J'avoue espérer aussi que cela nous mène loin !
Ray Palmer
Super-Héros
Inscription : 21/11/2015
Messages : 4011
DC : Superman - Bruce Wayne.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: A Bat Brand of Justice ! Lun 1 Fév 2016 - 21:50
Bruce ne bouge pas – jamais. Il la laisse faire à son gré. Il la laisse faire son choix.
Son visage fatigué et usé reste de marbre durant ces longs moments d’hésitation, où l’esprit de Cassandra mène une lutte acharnée contre lui-même. Le visage de la jeune femme, rongée par ses doutes et les excès qu’elle a subis et auxquels elle s’est livrée, illustre parfaitement ce combat intérieur. A bien des égards, Bruce est déchiré par ce qu’il voit : pas uniquement le fait que Cassandra le menace avec une arme, et se soit préparée à un affrontement sans merci face à lui ; mais surtout le fait qu’elle souffre ainsi, qu’elle soit tombée aussi bas et qu’il ne puisse, à ce moment-là, rien faire pour elle. Il sait qu’il a commis bien des erreurs dans son existence, la gestion de sa relation avec sa fille adoptive en est malheureusement une des plus profondes.
Bruce n’exprime nulle satisfaction, nul soulagement quand Cassandra bloque son arme, puis la laisse tomber ; ce serait insupportable d’apprécier un tel mouvement, alors qu’elle a failli tirer – et qu’il le méritait en partie. Il ne réagit pas non plus quand la jeune femme se précipite contre un mur, pour expulser sa colère, sa douleur, sa rage et l’abandon qu’elle a ressenti par des coups brutaux.
Il sait qu’elle se fait mal, il sait qu’elle devrait arrêter – qu’il devrait l’arrêter. Il n’en fait rien. Il sait très bien que, parfois, se faire mal est important – se faire mal fait du bien.
Ce n’est qu’au moment où Cassandra cède, où la colère violente s’évapore après la destruction d’un pan du mur, la blessure et l’adrénaline qui s’évapore, qu’il décide d’agir. A nouveau, il fait un pas – et s’arrête.
« Cassandra. »
Sa voix est douce, tendre ; paternelle. Il ne bouge plus, et guette la réaction de la jeune femme, craignant encore de la troubler et de l’agresser par sa seule présence. Cassandra a baissé sa garde, mais son armure est encore coriace. Il convient d’agir avec prudence – pour elle, et pour lui.
« Tu as raison. »
Bruce prend sur lui, et approche encore. Cette fois-ci, ses pas sont plus longs, et il parvient finalement juste devant la jeune femme – à moins d’un mètre, tout au plus. Il s’accroupit, et laissa sa longue cape reposer derrière lui, repoussant les plis avec ses bras pour qu’elle puisse voir tout son costume… tout son être. Il ne veut plus rien cacher ; il ne veut plus rien lui cacher.
« Je t’ai abandonnée. Je t’ai laissée souffrir. Je t’ai laissée seule. »
Admettre ses erreurs n’a jamais été simple pour Bruce. Depuis ses huit ans, il s’est construit selon l’idée qu’il devait être parfait, qu’il devait réussir dans chaque acte entrepris afin de parvenir à son objectif, de servir le serment fait dans une ruelle sombre, les genoux baignant dans le sang de ses parents ; depuis ses huit ans, Bruce s’est interdit l’échec parce que cela voudrait dire qu’il ne respecte pas leur disparition, qu’il n’est pas à la hauteur de la mission impossible qu’il s’est confiée. Si Bruce tente de s’ouvrir, d’être plus humain et de reconnaître une partie de ses faiblesses, admettre ses torts, ses mauvaises décisions – en bref, revenir sur ses échecs pour s’excuser n’est pas chose aisée. Encore plus avec ceux qui comptent pour lui.
« Cassandra. »
Il pousse un profond soupir. Et lève une main hésitante vers la jeune femme.
« Je te présente mes excuses. Je… »
Une grimace passe sur son visage. Si Cassandra a mené un terrible combat intérieur pour repousser son instinct de violence, primaire, Bruce doit également affronter son propre instinct, qui le place au-dessus des autres et de tout jugement. Autoritaire, arrogant, sûr de lui, quasiment incapable de se remettre en question, Bruce est un homme habitué à exceller et ne goûte guère l’échec. Reconnaître, ici, qu’il a commis une erreur et fait souffrir celle qu’il considérait réellement comme son héritière, sa fille, n’est pas chose aisée.
« J’ai mal agi. J’ai commis des erreurs. Je n’aurais pas dû me comporter ainsi, et surtout te laisser seule. »
Sa voix est soudain sûre. Toujours douce, toujours rassurante, mais sûre. Il n’y a plus d’hésitation.
Oui, admettre ses erreurs est terrible, quasiment insupportable. Mais il doit le faire – il veut le faire. Après ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a subi, Cassandra le mérite ; en vérité, elle mérite tout simplement le meilleur de lui, et n’en a hélas jamais vraiment profité.
« Je n’ai pas été à la hauteur. »
Bruce pose sa main sur l’épaule de la jeune femme – sans hésitation. Son visage, jusque-là soit neutre, soit grimaçant, esquisse une tentative timide de sourire alors qu’il s’approche lentement et prudemment.
« Mais c’est terminé. »
Avec douceur, Bruce l’attire à elle, fait tomber ses barrières et la prend dans ses bras.
« Ce cauchemar est terminé. »
Et il la serre – comme il aurait dû le faire il y a longtemps. Il la serre, pour la consoler, pour la rassurer, pour la remettre en confiance, pour lui prouver que l’avenir peut être meilleur, que le monde n’est pas forcément aussi horrible ; pour briser définitivement ses barrières, pour la libérer, pour l’aider. Il la serre, comme un père. Enfin.
(HJ/ Ce message est un peu court, mais je ne voulais pas trop m’avancer et je considère ce passage important. J’espère que ça te convient, au niveau de l’évolution de Cassandra. Sache que ton précédent message était superbe, il m’a ému ! J’ai hâte de continuer la suite de ce qui s’annonce déjà comme un très beau sujet. /HJ)
Re: A Bat Brand of Justice ! Jeu 3 Mar 2016 - 12:07
Tout cela était facile, désespérément trop facile. Même avec des excuses, même en admettant ses erreurs. Le Batman avait changé. Le Batman n'était pas ainsi, il ne pouvait se comporter ainsi. Jamais. Il n'avait pas arrêté son accès de violence. Il l'avait laissé se défouler sans l'arrêter. Presque comme si il n'avait pas pensé pouvoir l'arrêter. Presque comme si il avait peur.
Batman n'avait pas peur, il n'était pas tendre. Il n'enlaçait pas, ne se montrait pas paternel autrement que par la dureté du patriarche, son intransigeance. Et pourtant, pourtant, il l'enlaçait.
" Non. "
Non, car le cauchemar ne pouvait pas être fini, pas comme ça. Pas aussi facilement. Toute la vie de Cassandra n'avait été constituée que de défis à relever et d'épreuves à surmonter. Rien n'était gratuit, surtout pas la reconnaissance du Batman.
Peut-être que Cassandra était paranoïaque, peut-être était-elle juste intransigeante, mais elle avait la conviction intime que cela était trop facile. Il y avait dix mille autres endroits et autant de circonstances dans lesquels il aurait pu aborder sa fille adoptive. Pourtant, il avait choisi une zone de guerre. Il avait choisi une zone de guerre pour montrer de la pitié.
Il y avait anguille sous roche.
" 'Peut pas être terminé... "
C'était plus fort qu'elle, les larmes baignaient son visage, alors qu'elle ne savait même pas si elle avait affaire au réel Bruce Wayne ou à un simulacre ... Un simulacre si élaboré qu'elle ne voyait pas elle-même la supercherie. Peut-être était-ce là le test de terrain ultime : mentir à celle à qui on ne pouvait, par définition, pas mentir.
Il jouait sur les failles de sa fille. Il la savait traumatisée, mais peut-être ne savait-il pas ce qu'elle pouvait cacher, elle-même ...
Elle le laissait l'enlacer mais ne lui rendait pas l'embrassade. Elle était méfiante. Elle préféra porter sa main à son oreille, tapoter pour envoyer des signaux, "pinger" pour appeler une réponse.
Aucune réponse sinon un bruit blanc. Il ne lui fallut pas dix secondes pour voir clair dans le stratagème : Batman paraissait gentil, mais il n'avait pas changé . Au fond, il restait égal à lui-même. Il restait l'exemple que Cassandra s'efforçait de suivre - et maintenant de dépasser -
" Tu ... "
Un seul mot. Sa gorge est nouée, elle bouillonne de rage.
" Tu ... Tu ... "
C'en est trop : elle le repousse subitement, avec toute la force qu'elle peut réunir. Elle s'éloigne, brise la réunion. Elle marche vers l'arrière, les yeux embrumés et le pas hésitant, presque titubant. Son index vient le pointer, accusateur.
" Tu ... tu ... Aaaah ! "
C'est plus fort qu'elle, elle frappe, renversant la table sur laquelle est installée son fusil d'un coup de pied rageur. Sa manière à elle de jurer.
" Tu mens ! " hurle Cassandra, hors d'elle, " 'caches des choses ! S'pas toi ! "
Ou plutôt, c'était trop lui. Trop typique du Batman. Un sourire de façade, une paire de menottes dans le dos.
" A moi ! Tu mens ! " peste-t-elle, comme une enfant qui se rend compte de ses lacunes. Comme une paranoïaque ne pouvant envisager l'évidence.
" Tu n'es pas là ! T'existes pas ! C'est ma tête ! 'Suis folle ! "
Imperceptiblement, on pouvait voir une sorte de panique trouver le chemin de son visage et de sa main, alors qu'elle remontait pour trouver son oreillette.
" Maman ... " susurra-t-elle, comme elle aurait imploré un miracle, " Maman ... Répond ... "
Une relation étonnante, entre Shiva et sa fille. Elles s'aimaient autant qu'elles se détestaient, autant qu'elles cherchaient à se prouver leur valeur l'une à l'autre malgré le caractère éminemment suffisant de chacune des deux. Et pourtant, la seule présence de Batman suffisait à faire ressortir les démons les plus enfouis de ses interlocuteurs.
HRP:
Je crois que ce sujet va se transformer en sujet le plus rempli de HRP de l'histoire du forum, mais au moins, comme ça, on aura un record !
Enfin bon, voilà, désolé du délai et de la qualité, parce que franchement, je voulais répondre, mais cette réponse a été légèrement accouchée dans la douleur, tant je ne savais finalement que faire ou par où aller ... =/
Ray Palmer
Super-Héros
Inscription : 21/11/2015
Messages : 4011
DC : Superman - Bruce Wayne.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: A Bat Brand of Justice ! Mer 16 Mar 2016 - 19:29
Bruce vient de tout donner. Son masque, arraché de son visage. Son corps, accroupi devant elle. Ses bras, joints autour d'elle pour l'enlacer. Son coeur, définitivement ouvert. Mais ça n'est pas suffisant.
Cassandra a trop souffert, il l'a fait trop souffrir. Ces gestes, ces dons absolus sont nécessaires, mais ils arrivent trop tard. Alors que la jeune femme le repousse, exprime une réaction de colère et de violence, Bruce fixe d'un regard triste chacun de ses mouvements ; et il comprend.
Il comprend que c'est trop tard, que Cassandra a trop souffert pour se contenter de tels gestes pour la ramener à lui. Ici, dans les ruines de Coast City, dans une ville ravagée par une destruction venue du ciel, il comprend que la jeune femme a passé beaucoup trop d'étapes dans sa descente aux enfers pour se contenter de cela. Il comprend que ce n'est pas un fossé qui le sépare de sa fille adoptive, mais une vallée toute entière.
"Non."
Sa voix, lente et posée, se veut encore douce. Bruce se relève avec des gestes calculés, son regard entièrement fixé sur la silhouette au sol, physiquement à quelques mètres de lui, mais psychologiquement éloignée d'un monde entier.
"Non, Cassandra. Tu n'es pas folle."
Il recule d'un pas, puis commence à tourner lentement autour d'elle.
"Et non, je ne te mens pas. Je ne te mens plus."
Bruce grimace sur ce dernier mot. S'il veut aller de l'avant, s'il veut rattraper ses erreurs et ne plus en commettre, il a toujours d'énormes difficultés à les admettre publiquement - surtout auprès de ceux qui ont connu ses pires moments, et ont dû vivre avec les conséquences.
"Le chemin sera long, et douloureux. Mais tu dois l'entamer, tu dois... revenir. Et tu ne le feras pas seule."
Il achève son tour, s'arrête puis s'avance à nouveau vers Cassandra. Un pas, puis deux, puis trois, avant de se stopper définitivement. Ses yeux se posent sur elle. Il la voit, si faible, si usée, si rongée par le mal qui obsède son esprit ; et si mal avisée de contacter sa mère, sa véritable mère, celle qui a selon lui une responsabilité énorme dans l'état actuel de Cassandra. Quand tout va mal, beaucoup ont le malheureux réflexe de retourner vers ceux qui peuvent empirer les choses ; hélas, Cassandra en fait partie.
"Elle ne peut pas te répondre."
Bruce cherche dans sa ceinture, puis exhibe entre lui et la jeune femme un petit dispositif électronique. Connu, par tous les membres de la Bat-Famille, comme un bloqueur de communications dans une zone de cinq à dix mètres.
"Tu pourras l'appeler, quand je serai parti. En attendant, je souhaite que cette conversation entre entre nous."
Il pousse un profond soupir, avant de passer sa main gantée sur ses cheveux ébouriffés. Il hésite, réfléchit, puis se lance à nouveau.
"J'ai commis bien des erreurs, et je comprends que tu ne veuilles pas me croire. Mais... utilise ton esprit, Cassandra. Ton intelligence. Je ne serais pas ici, je ne serais pas là à t'offrir mon aide si je n'étais pas sincère. Je serais ailleurs, à m'occuper d'une crise, ou bien je t'aurais emmenée de force. Je ne serais pas là, à ta disposition. Je n'aurais pas admis mes torts. Le Batman que tu as connu ne ferait pas... je ne ferais pas ça."
Bruce lève sa main libre, dans un signe universel de paix. Sa voix est usée, rongée par le chagrin et la douleur que cette situation provoque en lui.
Re: A Bat Brand of Justice ! Sam 9 Avr 2016 - 0:33
On en était trop loin. Il n'était plus possible de faire machine arrière. Cassandra ne savait plus quoi penser, quoi faire.
" Shiva ... Maman ... Elle était là, elle ... " marmonna-t-elle, les larmes lui broyant encore la vision.
Elle était faible, brisée psychologiquement face à cette apparition surgie du passé. C'était peut-être bien là ce que le Batman cherchait à faire, gagner l'ascendant psychologique ... Ou bien peut-être n'était-ce pas le cas. Peut-être qu'il ne cherchait rien d'autre qu'une réconciliation.
" C'est ... Tu m'as utilisée ... Abandonnée ... Elle était là, elle ... "
Elle abusait de sa fille. Elle n'était certainement pas ce qu'il y avait de mieux ou de plus stable ... mais elle était sa mère, son seul repère dans ce domaine. En dix-neuf années de vie, elle avait été en mesure de déterminer que ce que faisait son père était mal. Véritablement mal. Il l'avait utilisé, exploitée pour tuer, pour faire le mal. Le Batman l'avait mitigée. Il lui avait appris la différence, dans une certaine mesure. Il lui avait servi de figure paternelle ... héroïque. Une figure dans laquelle elle pouvait se reconnaître : Cassandra aussi rossait des gens ; elle était très, très compétente dans ce domaine. Autant alors suivre l'exemple qui lui était donné et rosser des méchants.
Shiva ? Shiva était d'une fibre plus pernicieuse, plus fourbe, plus insidieuse. Shiva ne faisait pas véritablement le mal. Elle s'était même opposée aux projets et aux idéaux de David Cain. Elle donnait sa chance à l'adversaire, ne tuait pas pour le seul plaisir de tuer. Elle était orgueilleuse mais bien trop intelligente pour être véritablement une tueuse de masse écervelée de la trempe de son compagnon forcé ... Et puis il y avait le passé tragique qui ne pouvait la détacher de Cassandra. La mère comme la fille ... Aucune des deux n'était normale. Ce n'était pas une simple histoire de compétences ou de dons ... C'était une histoire d'héritage, de conditionnement. Quelques années dorées aux crochets de la Maison Wayne ne pouvait pas vous faire oublier définitivement d'où vous veniez.
Il avait suffi d'une erreur et d'un oubli de soi pour que Cassandra bascule dans l'ombre. La torture l'avait changé et Shiva ... Peut-être s'était-elle débrouillée pour que ce revirement la serve, elle. Peut-être cela n'avait-il rien à voir.
Cela faisait trop.
Elle pouvait utiliser son intelligence mais ... Elle ne pouvait le faire ... pas dans son état. Il y avait trop de variables et surtout ... Cassandra s'était laissée gagner par les émotions.
Et le stoïcisme revenait. Ses traits durs revenaient ... Comme son instinct. Un instinct par trop façonné sur le Batman lui-même.
" Pas de pardon. " répéta-t-elle, pensivement, en regardant le ciel par-dessus son épaule.
Elle se retourna avec un petite sourire amusant, qui aurait tout aussi bien pu paraître suffisant. Un sourire comme on aurait pu en connaître sur le visage du fils biologique de Bruce Wayne.
" Tu agis pour gagner ... Tu sais que ... Je pardonnerai pas. "
Les mots lui venaient difficilement. Ce n'était pas le cas des pensées ou des gestes. Elle s'imaginait fort bien le Chevalier Noir déduire ce qu'elle pensait réellement, lire dans ce qu'elle ne savait pas prononcer.
Il avait agi pour gagner. Une fois encore, il avait réussi.
" J'ai ... Je ... Je dois penser. " souffla-t-elle finalement, la tête basse.
Dans un geste fluide, elle se détacha de ce qui lui restait de matériel lourd en dégainant un pistolet de détresse. Elle tira dans la vitre déjà lézardée du bâtiment avant de se jeter dans la brèche, ses coudes lui protégeant le visage. Le temps que le Batman se penche pour essayer d'apercevoir son point de chute, l'ancienne Batgirl était déjà loin : attribut de la bat-family pour le profane, la réalité tenait dans une nouvelle tenue qui se doublait d'une wingsuit. L'Armée ne manquerait pas, de plus, la lueur bariolée d'une fusée de détresse tirée du sommet d'un immeuble où elle n'avait aucun homme, mais cela tenait du détail ...
Si le Batman n'avait pas réussi à "rattraper" son ancienne protégée, la victoire, fut-elle en demi-teinte, restait véritable : Cassandra Cain était partie de son côté, nonobstant sa propre mère, pour réfléchir au véritable rôle qui devait être sien et au sens qu'elle voulait donner à son existence ... à sa "mission" ...
HRP:
Voilà, j'espère que cela te suffit comme conclusion. Je te remercie pour l'expérience qui était assez ... intense d'un point de vue réflexion !
Ray Palmer
Super-Héros
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DC : Superman - Bruce Wayne.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: A Bat Brand of Justice ! Sam 9 Avr 2016 - 15:47
Certains disent que, ne pas perdre, c'est déjà une victoire. Bruce n'est pas de ceux-là.
Alors que son regard fixe l'immensité des ruines de Coast City, ville anéantie par un fou venu de l'espace et sacrifiée par une Humanité perdue, il pousse un profond soupir en serrant brutalement son masque entre ses doigts. Il ne sait pas quoi penser.
Cassandra est partie. Elle n'est pas retournée avec sa mère, elle n'a pas décidé de suivre la voie violente et meurtrière de sa génitrice, et elle ne l'a pas agressé, lui ; en un sens, Cassandra s'est contrôlée et s'est avancée sur la voie de la guérison, ou au moins de la reprise de l'autonomie et de la reprise en main de sa vie. Ceci est positif.
Mais... Cassandra est partie. Elle a refusé la main qu'il lui a tendue, elle a refusé ses excuses, elle a refusé de le comprendre et de l'accepter. Elle l'a repoussé, alors qu'il lui a plus offert ici qu'à n'importe lequel des autres membres de la "Famille", après avoir été trop loin avec eux. Bruce s'est beaucoup donné ici, en espérant pouvoir ramener sa fille adoptive avec lui, en espérant enclencher un véritable renouveau. Et elle est partie. Ceci est négatif.
"Cassandra."
Le nom n'est qu'un souffle, qu'un murmure. Son regard sombre embrasse les ruines, les gravats, cherchant avidement la moindre trace de Cassandra - en sachant très bien que ses capacités extraordinaires et son expérience ne lui feraient jamais faire ce genre d'erreur. Elle a déjà disparu - elle est déjà ailleurs, loin. Et il ne peut rien contre cela.
Lentement, Bruce se détourne de la fenêtre, et enfile à nouveau son masque sur son crâne. Cet instant d'émotion, cette ouverture de coeur et d'esprit qu'il a fait pour ramener son enfant adoptif vers lui cessent dès qu'il redevient le Batman. Son visage retrouve cet air dur, cette détermination farouche et indomptable, cette autorité naturelle qui terrifie bien des criminels, et même quelques héros.
D'un pas lent, il s'échappe de cet appartement et file ailleurs, replongeant d'abord dans le chaos de Coast City avant de diriger ses appareils vers Gotham City. Il n'a pas réussi - mais il n'a peut-être pas échoué. Alors qu'il organise à distance l'évacuation des armes et des possessions de Cassandra, qui l'attendront dans la Cave jusqu'à son retour, il tente de se convaincre que tout n'est pas perdu ; que cette rencontre, frustrante, n'est que le début d'une voie difficile, mais que sa fille parviendra à suivre jusqu'à la lumière. Oui, Bruce essaye de se convaincre, et parvient même à se dire qu'il a peut-être raison ; mais le Doute perdure, le Doute de n'avoir pas fait assez, le Doute d'avoir trop mal fait, le Doute de l'avoir perdue à jamais. Et le Doute est insupportable.
Le Batplane s'élève dans les airs. Dans le vrombissement des moteurs, Bruce se fait une promesse : il ne l'abandonnera pas. Il la suivra, il la recherchera, il l'aidera ; qu'elle le veuille ou non. Que ça lui coûte ou non. Qu'il doive se battre ou non. Il ne l'abandonnera plus.
(HJ/ Merci pour ce beau sujet, très fort ! Ca m'a plu d'écrire ces messages plus intimes de Bruce. Au plaisir de continuer ailleurs, pour une prochaine étape. /HJ)