Ouaip c'est encore moi, je change juste de compte histoire que ça fasse pas trop double post. j'ai relu la saga Identity Crisis parce qu'aussi poignante et terrible soit-elle cette saga avait des choses à dire et à affirmer au-delà de l'histoire qu'elle raconte. Et comme j'ai parfois besoin de décortiquer totalement une œuvre afin de mieux la comprendre et être un peu plus à l'aise avec elle, je me suis attaquée à elle pour mieux la comprendre.
Je précise avant que vous commenciez que bien que se soit évident, tout ce qui va être dit n'est que ma vision personnelle de l’œuvre appuyée par une interview des auteurs à la fin du quatrième tome de cette série (le plus horrible x_x J'y reviendrais à la fin). Je n'ai aucunement le but de vous convaincre de quoique se soit ou de changer votre vision de l’œuvre même si toutefois je serais ravie de discuter avec vous si vous souhaitez rebondir sur ce que je dis.
Je sais que cette saga est dure à lire et pleine d'émotions pour certains et je pense que je vais justement aborder le pourquoi. Il n'est pas impossible que ce que vous allez lire vous face l'effet d'un rentre dedans douloureux et brutal. Je vous demande donc pardon d'avance et j'espère ne pas trop vous blesser cependant.
Les textes en italique seront tirés de l’interview dont je parlais précédemment.
Je préfère vous prévenir également que je vais
spoiler le récit.
Bonne lecture.
La saga Identity Crisis détonne parmi les Crisis car n'est pas un conflit à proprement parler. Il n'y a en tout et pour tout qu'une seule véritable bagarre sur quatre tomes.
Enfin quand je dis qu'il n'y a pas de conflits c'est surtout sur le point physique parce que psychologiquement y a de la baston et pas qu'un peu. Et si vous voulez tout savoir c'était le but recherché par les auteurs.
Bien plus que la mort de Sue Dibny qui n'est au fond que le caillou devant déclencher l'éboulement c'est la fin d'une époque, la mort d'une certaine innocence qui nous est décrite.
"L'âge d'argent obligé de choisir ou non les ténèbres."Ce temps est révolu
En effet alors que nous progressons dans l'histoire et que nous assistons à un enterrement dont on ressent toute la tristesse, et que nous voyons des équipes se constituer pour trouver quel super-vilain a commis ce crime, cinq personnages sont mis à l'écart. Cinq membres de la Justice League, de ce pilier de puissance, de justice et quelque part... D'innocence. Tout paraissait plus simple en ces temps-là, les personnages n'arrêteront pas de vous le dire... Et Green Arrow qui est notre narrateur vous prouvera le contraire. Il vous montrera que cette League n'est plus si pure ni soudée que cela.
Le groupe pense donc que le crime a été commis par le Dr Light ancien super-vilain très dangereux devenu plus bête que méchant... Et on apprendra pourquoi en même temps que l'on découvrira l'un des secrets les plus sombres de nos héros préférés... Ou plutôt de cinq de nos héros préférés.
Ils ont chuté. Ils ont faillis. Ils ont commis un acte ignoble, en voulant bien faire peut-être mais un acte ignoble quand même.
Alors qu'ils venaient de stopper le super-vilain en train de violer une Sue Dibny sans défense au sein même de l'ancienne tour de Justice, ils se sont rendus compte de sa folie. De sa haine alors qu'il promet de retrouver Sue pour reprendre le travail et de s'en prendre à d'autres proches de héros ! Du coup horrifiés, ils décident d'agir.
Et en voulant protéger leurs proches, ils commentent le pire. Ils ont, en plus de lui avoir effacé la mémoire, lobotomisés le Dr Light. Et pas que. Des modèles de vertu et d'héroïsme tombent et montre leur côté sombre. Pour le bien de leurs proches parce que se sont pas des enflures mais le fait est là. Et l'auteur enfonce le clou. Car nos cinq persos qui étaient 7 à l'époque (Zatanna, Canary, Green Arrow, Atom/Ray, Hawkman/Carter, Green Lantern/Hal et Flash/Barry) étaient divisés. 3 pour effacer la mémoire, trois contre. Et vous savez qui a tranché en faveur du pour et donc enclenché la catastrophe ? Barry.
Barry le saint..
Barry le dernier à se décider, et le seul à être représenté alors que Zatanna commence son œuvre.
La case où l'on voit Barry et Zatanna est d'ailleurs très forte selon les auteurs. Ils définissent Zatanna comme étant
gentille et innocente, et Barry je vous l'ai déjà dit c'est le saint. Le symbole de l'âge d'argent obligé de trancher entre la lumière et les ténèbres.
Flash est d'ailleurs
accablé, symbolisant la perte de l'innocence et des valeurs héroïques.Vous vous souvenez lorsque par delà la mort de Sue Dibny, c'est celle de tout de toute une époque qui se dépeint dans cette saga. C'est la mort d'une ère plus pure, plus simple car nous découvrons que nos héros sont avant tout des humains.
Ils sont suffisants, nobles, hypocrites, égoïstes, dépressifs, obstinés et héroïques. Et nous les découvrons davantage sous leurs jours les plus sombres, obligés de se confronter à leurs fautes, à leurs erreurs. A la fracture certes déjà présente mais à présent irrémédiable qui s'est creusée au sein de la Ligue. Et ils le font face à la mort et la destruction d'un couple qui s'adorait plus que tout et au regard sans doute choqué et accusateur de Wally West. Le troisième Flash (et Kyle Rayner, mais il est mit de côté) est celui qui découvre. A qui l'on explique.
Wally West adolescent à l'âge d'argent, qui adorait enfant le deuxième Flash et qui découvre avec effroi ce qu'ils ont fait au Dr Light et pire encore !
"Vous l'avez fait à Bruce !" (et il le répète)
SACRILÈGE ! L'un des piliers de la Justice League et du DCverse a été souillé ! Brisé car la paranoïa de notre chauve-souris géante vient essentiellement de là. Peut-être que des personnes ont eut une réaction similaire à celle de Wally, choqué, atterré, accusateur triste ou en colère devant ce qu'ils découvrent. Devant ces secrets de leurs ainés qu'ils n'imaginaient peut-être pas.
Les sideckicks ont été créés pour permettre aux adolescents liseurs de comics d'avoir des personnages adolescents auxquels se raccrocher et quelque part les représenter. Wally West devenu adulte n'est-il au fond pas plus que jamais le symbole de cette génération qui comme lui est confronté à quelque chose qu'il n'aurait pas imaginé. Une génération qui a grandit dans l'ombre de l'âge d'argent et qui découvre avec effroi que ce temps n'était pas si pur... ?
Il est le témoin, l'accusateur mais aussi le jury et peut-être même le juge. Pourtant il cache le secret de ceux qui ont été ses héros. Mais ça le mine, ça se voit. Il suffit de l'observer.
Il souffre de cette déchéance comme certains lecteurs en ont sans doute soufferts. Mais il reste muet, il ne dénonce pas. Témoin et Accusateur. Jury et Juge. Il devra trancher comme ceux ayant grandit avec l'Âge d'Argent devront trancher.
Quel verdict pour ceux qui ont chuté ?
Et on arrive à la fin. Au dénouement et au dernier clou du cercueil du Silver Age. Nous découvrons donc qui est l'assassin. Est-ce le Dr Light désireux de se venger ? Non, il a été innocenté par Superman. Est-ce un autre super-vilain qui a voulu s'en prendre aux proches des héros ? Non.
Non et il aurait mieux valu pourtant. Car la réponse est bien plus basse et au fond hélas bien plus humaine que cela... Ultime symbole de la corruption et de la petitesse de l'Humanité.
Sue Dibny et le père de Tim Drake sont morts... Car Jean Loring l'ex-femme de Ray Palmer récemment sorti d'une dépression a voulu mettre son ancien mari dans son lit à nouveau.
Oui, vous avez bien lu. C'est à vous donner envie de hurler et de rapetisser comme le fait ce pauvre Atom détruit et anéanti par la révélation. (cette scène mon dieu x_x ce tome 4 est un crève-cœur)
Même si j'ai personnellement envie de lui coller 8 paires de baffes surtout quand on voit ce qu'elle sort à Ray lorsqu'il évoque la double-mort du premier Captain Boomerang et du père de Red Robin.
Mais si on regarde d'un autre côté, les auteurs n'ont cessés de vouloir détruire l'image idyllique d'un monde et d'une ère idéalisée par beaucoup. D'un temps où tout était plus simple et plus pur. Ils l'ont fait en séparant, en brisant la League pour nous montrer ses échecs et ses erreurs. Ses faiblesses qui ne cesseront de la poursuivre dans les histoires à venir (coucou les Crisis suivantes...). Mais nos héros ne sont pas les seuls à être éborgnés. Lors de la terrible scène où Jean confesse ses actes à Ray, on voit qu'elle aussi est corrompue.
Elle aussi a sombré. Dans une folie, une folie meurtrière et destructrice. Pour elle et ceux qui l'entourent. Les héros, les vilains, les civils, personne n'est épargné. Personne.
L'ombre est partout, il n'y a plus de pureté, plus de lumière... Plus de blanc et noir. Juste quelques nuances de gris et il en a toujours été ainsi en fait.
L'âge d'argent est mort tout comme Sue est morte et tout comme son mari la rejoindra plus tard. Et il me semble que ce couple que j'adorerais pourtant revoir réuni et heureux ne revient jamais. Parce que l'âge d'argent ne reviendra jamais, pas après ça. Dans Brightest Day nous savons qu'ils sont ensembles à nouveau dans le monde des morts. Leur bonheur est revenu, à nouveau. Mais pas dans ce monde parce que ce temps est révolu.
La mort de Sue Dibny donc que nous n'avons que peu évoqué car elle ne sert que de fil rouge à cette histoire est comme je l'ai dit donc le caillou qui déclenche l'éboulement. Le premier coup qui dévoile la vérité aussi dure soit-elle. Et c'est ça qui blesse sans doute. Cette histoire laisse un sentiment de désillusion et de gâchis amplifié encore par le dénouement de l'enquête...
Une fille autrefois gentille qui a commis un meurtre par accident (elle ne voulait pas tuer Sue/le Silver Age) mais qui a sombré dans la folie.
Et face à tout cela quelle attitude adopter ? J'aurais tendance à dire que puisque Barry Allen est au fond celui qui a déclenché tout ça en choisissant son camp, c'est son successeur et héritier Wally West qui nous apporte une réponse possible. Pas la meilleure sans doute mais celle qu'on ne peut qu'adopter sans doute. Il a été choqué, il a sans doute jugé, été en colère et a clairement reproché aux autres leurs actions. Seul son respect pour son prédécesseur et Hal l'ont empêcher d'aller les dénoncer à Superman. Et à la fin qu'est-ce qu'il fait ? Il est malheureux ça se voit, Batman le voit d'ailleurs. Mais il les suit, il continue à suivre ses héros et parle avec Green Arrow.
Il continue et avance, parce que c'est tout ce qu'il peut faire. Parce que malgré leurs faiblesses et leurs failles, ils restent des héros et des humains avec des défauts et des qualités. Il faut accepter et continuer. Encore et toujours. Et peut-être un jour pardonner.
Ce texte est long mais vous êtes arrivez à la fin. J'aimerais juste dire quelques mots encore. Vous vous souvenez la toute dernière scène du quatrième tome où l'on voit Ralph parler au fantôme de sa femme avant d'éteindre la lumière de leur chambre conjugale ? Cette scène est vue par les auteurs comme une sorte d'espoir. Car l'amour de Ralph a survécu et la League continue. Sue est morte, mais quelque part elle reste là. Et le Silver Age aussi reste là, avec elle.
Ils sont toujours là.