Co-fondateur du label Image Comics en compagnie de Todd McFarlane (Spawn), Rob Liefeld (Youngblood), Erik Larsen (Savage Dragon), Marc Silvestri (Cyberforce) et Whilce Portacio (Wetworks),...
... Jim Valentino, comme il se plait à le dire, est le seul à n'avoir ni apporté 500.000 dollars (ou plus !), ni sa gloire (car si Valentino est très respecté de la critique, il était à l'époque assez peu connu du grand public [en tout cas bien moins que les autres co-fondateurs d'Image]) !
En effet, Valentino était surtout réputé pour son travail sur les Gardiens de la Galaxie chez Marvel et - dans une moindre mesure - pour son Normalman (publié dans les années 80 chez Aardvark-Vanaheim, puis Renegade Press, un must-read).
Quoi qu'il en soit, son Shadowhawk demeurera l'une des séries marquantes du début d'Image. Les épisodes chroniqués dans cette review constitue une mini-série présentant ce drôle de justicier urbain qu'est Shadowhawk !
Shadowhawk #1 : Tout commence par une bande de jeunes, dans un quartier malfamé de New-York... Ils voient un clochard sans défense et décident de l'agresser au couteau, pour le fun... Mais il s'avère que sous l'imperméable défraîchi et le chapeau fatigué se trouve un justicier dans une armure métallique intégrale... Shadowhawk ! Après une courte bagarre où il met hors d'état de nuire ses assaillants, notre justicier - méthodiquement - pète... la colonne vertébrale de chacun d'entre eux ! De façon à ce qu'ils soient - quel que soit le résultat à venir de leur procès - prisonniers de leur propre corps à vie... Cette introduction donne le ton : Shadowhawk n'est ni Daredevil, ni Batman... Il lorgnerait plutôt du côté du Punisher !
On suit également les policiers qui enquêtent sur ce justicier (les Lieutenants Rieves et Jacks), policiers qui doivent également affronter un pyromane (en armure lui aussi), "Arson", qui brûle au lance-flammes des immeubles entiers dans les quartiers noirs.
Et témoin de tout ça, Paul Johnstone, l'identité secrète de Shadowhawk, un ancien assistant du Procureur (Adrian Chase ? Le Vigilante ?), assiste à tout cela, en civil, impuissant...
Dans ce premier épisode, nous découvrons aussi une jeune et jolie reporter, Jamie, qui enquête sur le Shadowhawk et Vendetta, une femme aussi riche que mortelle, pour qui travaille "Arson" !
Shadowhawk #2 : Cavalant aux trousses d'Arson, Shadowhawk croise le chemin de... Spawn, qui fait une petite apparition dans le comics ! Mais ce dernier laisse la place à notre
justicier-péteur-de-colonnes pour aller à la chasse au pyromane. Finalement, l'affrontement entre Shadowhawk et Arson se solde par une explosion (l'un des shurikens de Shadowhawk vient se ficher dans le réservoir d'Arson [quelle idée de se balader avec un lance-flammes sur le dos ^^])... laissant
a priori mort Arson !
Shadowhawk #3 : Cet épisode s'ouvre sur un petit flashback dans lequel Shadowhawk se remémore quand il n'était pas encore un super-héros et qu'il s'était fait tabasser, étant jeune, par des malfrats... Il se rappelle la douleur, mais aussi et surtout l'impuissance...
Dans cet épisode, Shadowhawk affrontera une créature verte et répugnante, sortie tout droit des égouts, et qui va liquéfier les personnes avec qui elle est en contact...
En parallèle, chez la riche Vendetta, un groupe de méta-humains est en train de se mettre en place : à l'aide d'une
machine-à-donner-des-super-pouvoirs, elle transforme une jeune fille, dont le mec a vu sa colonne brisée par Shadowhawk, en "héroïne", ainsi que quelques autres...
Il s'avère en outre qu'Arson a survécu à l'explosion et s'est transformé en élémentaire de feu !
C'est donc en faisant équipe avec Arson, que Shadowhawk va réussir à vaincre la créature verte qui liquéfie les gens... et là où le bat blesse, c'est qu'en faisant équipe avec une authentique pourriture, par ignorance, Shadowhawk va tuer un prétendu monstre qui, en fait, ne savait pas se servir de ses pouvoirs et tuait par mégarde les gens... et ce dernier meurt en tentant désespérément de communiquer avec le justicier...
Shadowhawk #4 : Le policier méta-humain de Chicago, le Savage Dragon (de Erik Larsen) a été appelé par ses collègues New-Yorkais pour mettre un terme à la menace Shadowhawk... Alors qu'un débat éthique à base de coups de poings et d'arguments s'engage entre les deux hommes (ça fait un peu penser à une rencontre Daredevil / Punisher), Shadowhawk - sur le point de perdre - est sauvé par les méta-humains de chez Vendetta... Cette dernière lui propose de la rejoindre dans ses activités criminelles, mais notre héros refuse !
En résumé, il se passe beaucoup de choses pour une si petite mini-série... Beaucoup de personnages sont introduits, pas mal de pistes sont ouvertes... le tout pour mettre le lecteur en appétit !
Au fond, l'histoire est relativement classique : le justicier
violentissime (comme on est chez Image c'est quand même du Punisher +++ ou du Vigilante +++ : Shadowhawk ne va pas mitrailler les malfrats, il va les rendre tétraplégiques) qui est à la fois haï des méchants (on les comprend) et des policiers (si Batman avait eu les mêmes méthodes, il y a peu de chance que Gordon aurait accepté de même lui serrer la main)... Une histoire donc sombre, violente et urbaine (à la Daredevil, Punisher, Spawn...) !
Tout de même une certaine sensibilité se dégage de l'écriture de Valentino, sensibilité qui contrebalance la violence (pas que graphique) de ce comics : ainsi Shadowhawk / Johnstone se pose néanmoins des questions sur la moralité de ses actes (comme dans le débat avec le Savage Dragon) ; la créature verte et moche meurt sous les coups de notre héros car elle n'arrivait plus à parler ; écrasée par le chagrin, la copine d'un des malfrats paralysés par Shadowhawk veut prendre sa vengeance en s'alliant avec Vendetta...
D'ailleurs on sait finalement assez peu de trucs sur Shadowhawk (on apprendra plus tard qu'il est séropositif... ce qui fera de lui, sauf erreur ou omission de ma part, le premier super-héro à mourir du SIDA) et on suit avec attention les efforts des autres protagonistes (les flics, les journalistes) pour en savoir plus !
Au-delà de la qualité du script, je me dois également d'insister sur le talent du dessinateur Valentino ! On est dans un style classique mais élégant et bien fichu : d'ailleurs, le seul épisode de Youngblood à avoir été correctement dessiné (et scénarisé), c'est celui que Jim Valentino a réalisé lui-même !
Ces épisodes peuvent se trouver (en VO en revanche) assez facilement à l'unité (pour pas grand chose) ou dans un TPB (idem pour le prix). Dans cette dernière édition, en bonus vous pourrez trouver :
- un teaser présentant Shadowhawk en action et constituant sa première apparition (tiré de Youngblood #2 [1992])
- trois pages inspirées des émeutes de Los Angeles liées à l'acquittement des policiers ayant tabassé Rodney King [1992]
- quatre pages montrant qu'au-delà de la violence que déploie Shadowhawk pour sanctionner les coupables, la souffrance des victimes de ces derniers demeure (tiré de Image #0 [1993])
- un texte expliquant la genèse de Shawdowhawk (ou comment Archie Comics [Oo], puis Marvel ont failli le publier avec Mark Texiera [Ghost Rider] au dessin)
En résumé une curiosité qui vaut le détour !
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