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Justice League : No Justice #2 est déjà la moitié de la saga qui va relancer la franchise JL, et l'impression du #1 se poursuit - ceux qui aiment aimeront encore plus, ceux qui n'aiment pas n'auront pas vraiment un avis amélioré après cette lecture.
Le trio d'auteurs fait le choix, discutable mais efficace, de ne pas s'appesantir sur les personnages, mais de les utiliser comme leviers, fonctions pour cette grosse saga ; ça me gênerait si, dès le départ, le micro-événement dépassait quatre épisodes, et ne comprenait pas tant de personnages. Clairement, le deal de départ est de relancer la JL et d'offrir un gros délire cosmique, pour bouger les lignes, et ça me semble rempli.
Après, les quatre équipes sont désormais en place, l'alternance est plutôt fluide, notamment avec la "cinquième", composée de Waller et Green Arrow. Les interactions entre eux sont peu nombreuses, mais fonctionnent très bien, tout comme les rebondissements et l'avancée vers l'intrigue principale.
A vrai dire, j'ai même peur que quatre numéros ça soit trop "court", vu l'ampleur du terrain de jeu mis en place par Snyder, Tynion IV et Williamson ; à voir, mais je m'amuse bien et j'en ai plein les yeux, grâce à un Manapul en feu... hélas, déjà, secondé par un Marcus To appliqué, mais qui est clairement d'un niveau en dessous.
Je suis curieux et amusé d'avance de la suite de ce gros gâteau bien trop gras, bien trop lourd, mais très plaisant à dévorer.

Pif, paf, punchline, bim, bang, punchline, pif, paf, sacrifice, bing, bong, pif, paf, révélation prévisible.
Voici le résumé d'Avengers #2, un numéro qui est tout sauf original, qui se lit plutôt vite, mais qui n'en est pas pour autant mauvais.
Après un #1 intéressant, qui finissait sur une attaque gigantesque, Jason Aaron enchaîne avec... une baston ; prévisible, mais surprenant de placer aussi vite ce combat total, qui se concentre essentiellement sur une partie du futur groupe, laissant carrément de côté le duo Dr Strange & Black Panther. Si on enlève la montée en puissance de Ghost Rider et She-Hulk, c'est un épisode centré sur la Trinité, avec un peu de Captain Marvel, en tapisserie.
Ca n'est pas une mauvaise lecture, mais le soufflé retombe un peu - moins à cause de la baston, bien menée et dialoguée, que par le final, si prévisible. Dommage, car la voix-off, si reconnaissable, était bien faite, et ça se lisait agréablement, même si McGuinness est parfois un peu figé.
Rien de grave, mais le positif retombe un peu. Je suis curieux de voir ce que la suite peut encore donner.

X-Men Red #4 est, clairement, la conclusion de la première saga d'un groupe enfin formé. Après quelques rebondissements, quelques allées-et-venues de narration dans le temps, Tom Taylor achève cette histoire en réunissant ses personnages, et en installant la menace principale actuelle, qui est donc Cassandra Nova, mais surtout ses Sentinites - des nanites Sentinelles, qui prennent le contrôle des cerveaux pour pousser à tuer les Mutants ; et à pousser les Mutants à se tuer eux-mêmes.
L'idée de ressortir les Sentinelles est facile, cette variante est néanmoins intéressante, car l'auteur surfe dans son discours sur les nouvelles technologies et sur le communautarisme actuel et puissant, où les gens se replient sur eux et en viennent à s'agresser ; malin, comme la justification derrière les costumes des X-Men, qui les protègent de ces Sentinites.
L'ensemble se tient bien, Jean Grey est clairement le personnage principal mais les autres parviennent à exister, mention toujours spéciale à la jeune Gabby, parfaite. Dommage que Mahmud Asrar tire un peu la langue sur plusieurs panels, mais mon avis est sans appel : cette série me plaît bien, et s'en sort très bien dans une relance de la franchise.
Vivement la suite.

Conner Kent || Superman a écrit:

J'ai aussi été un peu déçu par ce deuxième tome d'Avengers ; on a l'impression de voir le bolide caler un peu après seulement dix mètres. Je suis presque pressé que l'action se termine pour en revenir aux interactions entre personnages qui ont fait la force du premier.
Je m'étonne aussi de trouver She-Hulk plutôt que Banner dans leurs rangs alors que le but de Fresh Start était de ramener les « vrais » pilier du titre ; la même remarque s'applique également pour le Ghost Rider (si encore c'avait été Johnny Blaze - mais vu son statut après Damnation, c'est un peu compliqué). Certes, nous n'en sommes qu'au début et rien ne dit qu'ils vont faire leur nid dans la formation, mais si ce n'est pas le cas, je ne vois pas tellement l'utilité de les intégrer à ce stade...

Malgré les films et une exposition sous Hickman, Banner n'a jamais été membre actif du groupe : je crois qu'il n'a tenu que deux ou trois épisodes, au début, avant de partir.
Alors que She-Hulk fut une membre de longue date du groupe, du temps où elle se contrôlait.

Je comprends tes doutes, après. Pour GR, j'ai l'impression que Aaron l'aime bien, et ce que je vois ne me gêne pas... même si je ne suis pas intéressé par sa série perso' !

Conner Kent || Superman a écrit:

Je suis aussi un peu plus sceptique que toi concernant X-Men : Red. Si effectivement Jean réussit à s'imposer et fait un leader efficace, les autres membres de l'équipe me laissent un peu plus circonspect, notamment les petits nouveaux (Gentle et la technopathe dont j'ai oublié le nom). J'en attends par contre beaucoup du côté de Namor, qui est un personnage que j'aime beaucoup (et dont j'apprécie pas mal le nouveau costume !).

Le costume est cool, oui ; les jeux de mots autour aussi.
Après, Gentle arrive à peine, donc je ne serais pas surpris qu'on ait un focus rapide sur lui ; et la technopathe me plaît, elle fait couteau suisse mais je trouve son caractère agréable.
A voir la suite !

Aaron Gillespie et Scott Snyder lancent New Challengers #1 avec Andy Kubert, dans une nouvelle série dont les bases sont tirées de l'événement Dark Nights : Metal. Ici, on tire profit du "retour" de la Challenger Mountain, une montagne mystérieuse liée aux Challengers of the Unknown, dont le groupe a été ramené par Metal ; et si, évidemment, le duo de scénaristes introduit de nouveaux personnages, on se place directement sous la tutelle des précédentes versions, en les évoquant directement.
Avec un mystère profond, des personnages à creuser mais intéressants, un dynamisme fort, une ambiance lourde, et un Andy Kubert en bonne forme sur tous ses panels, ça donne un #1 très intense, comprenant beaucoup d'informations et d'éléments. Les nouveaux Chals comprennent très vite, et à la dure, qu'ils ne peuvent s'enfuir - et le titre gagne alors une aura différente, avec ces personnages "tirés de la mort" mais qui, ici, n'ont qu'un temps limité pour réussir leurs missions.
Avec un peu de Mission:Impossible, des éléments types Le Prisonnier sur le mystère et les manipulations, un principe de base conservé mais orienté autrement, une aura de danger et d'étrange, ce #1 surprend très agréablement, car ça fonctionne plutôt bien ; à voir la suite, mais voilà de bonnes idées, bien illustrées et avancées !

Saladin Ahmed, connu pour sa récente série Black Bolt, et Eric Nguyen, qui a opéré sur Old Man Logan, lance une mini-série de cinq épisodes sur Pietro Maximoff dérivée de la trop longue saga No Surrender des Avengers... mais si l'on pouvait craindre le pire, ce Quicksilver : No Surrender #1 fonctionne bien, même s'il n'est pas renversant.
Avec un Pietro perdu dans, très clairement, l'équivalent de la Speed-Force de DC mais dans l'univers Marvel, on a essentiellement un long monologue permettant d'appréhender la façon dont le personnage voit et vit la vitesse ; c'est plutôt intéressant, car Pietro ici n'a pas à faire le "show" et son caractère insupportable n'a pas à apparaître.
Pour ce début, seul le mystère règne, et je suis curieux de voir la suite... même s'il faudra rajouter des éléments, car cette base et ces ennemis étranges sont bien faibles. Les dessins de Nguyen ne vont pas plaire à tout le monde, j'avoue que je n'adhère pas plus que ça, mais ça participe à l'ambiance générale.
A voir la suite.

Une page se tourne avec ce Detective Comics #981, où James Tynion IV et Eddy Barrows achèvent leur long passage sur la série. Avec une superbe couverture, miroir de celle du #934, le duo a la lourde charge de conclure cette terrible saga, de donner une fin à l'initiative des "Gotham Knights", et de donner un épilogue à tout ça ; mais sera-t-il dramatique, ou optimiste ?

Spoiler:

Avec une gestion encore idéale des personnages, le scénariste conclue finalement assez rapide son intrigue, avec une utilisation judicieuse de Spoiler, mais aussi des passages forts sur Tim, Batwoman, et Orphan. L'auteur utilise ensuite sa dizaine de pages qui reste pour donner une "fin" à chacun de ses personnages - et c'est encore une fois fort, très maîtrisé, et surtout très juste.
Avec un plan final superbe, une vraie évolution des personnages au fil de la série, l'idée très bonne de jouer, vraiment, sur la notion d'équipe, un lien entre Batwoman et Batman, et une écriture très fine et construite du personnage Tim Drake, James Tynion IV prouve définitivement que sa série fut un véritable bijou, et sa conclusion n'échappe pas aux retours positifs.
C'est bon, c'est fort, c'est bien écrit, et après la lecture

Spoiler:

Via, en plus, de très beaux dessins de Barrows, qui a signé les plus beaux chapitres et dont l'ombre n'a cessé de rôder sur le graphisme, cet ultime épisode du run est superbe et touchant ; quelle gigantesque réussite (même si quelques détails me semblent inachevés ou oubliés, notamment sur la First Victim ou Anarky... bon, on peut espérer que Tynion y reviendra), qui en plus, j'en suis sûr, se consolidera encore à la relecture.

Bravo et merci, messieurs les artistes.

La promesse de la saga No Justice était de relancer la franchise Justice League via un événement cosmique fun, avec plein de personnages, et joliment dessiné par Francis Manapul ; l'aspect graphique de cette promesse n'est pas tenu, car Manapul, déjà aidé par Marcus To dans le #2, est absent de ce Justice League : No Justice #3, remplacé par Riley Rossmo et encore Marcus To.
Et c'est décevant, car la qualité n'est pas là, ainsi que la cohérence graphique dans cet épisode ; à la limite de l'inacceptable, pour un tel événement, aussi court.
Ce qui est terriblement dommage, car ce #3 est extrêmement réussi scénaristiquement. Dense, intense, nerveux, dynamique, avec un vrai équilibre entre les groupes, une tension de fin du monde réelle, une vraie gestion des personnages qui arrivent, vraiment, à exister, ce numéro est très agréable à lire et à suivre.
Sur le fond, No Justice fonctionne sur moi, et a tout des bonnes sagas cosmiques, courtes et intenses ; mais cet aspect graphique est une déception réelle, et inacceptable pour DC. Quel dommage, ce gros bordel a finalement du sens, du fun, et de la tension nerveuse bien placée ; une vraie occasion manquée.

Oui, pareil : autant je pense que le couple Spoiler/Red Robin sera revu, et rapidement même, pour faire le lien avec Conner/la récente timeline, autant je suis curieux de Cassandra, qui à mon sens se réoriente vers sa destinée de Batgirl, ou Black Bat.

J'ai été jusque-là très dur avec la série The Terrifics, car j'espérais y trouver l'esprit des Fantastic Four (aventure, fun, bons mots, famille dysfonctionnelle mais sans trop de drame, etc.), avec quelques jeux sur ces "copies" via DC ; j'ai été très déçu, car les trois premiers épisodes étaient bien loin de mes envies et espoirs, avec en plus un manque de finition dans les détails, intrigues et personnages (dont un Mr Terrific en gros connard).
Mais tout change avec ce #4, qui est juste... parfait.
Secondé par Doc Shaner, Jeff Lemire livre ici son meilleur script, et les deux auteurs se complètement idéalement. Le dessinateur a un style rond, chaud, rétro, doux et sincère qui fonctionne parfaitement, ses personnages vivent, les émotions sont réelles ; on passe du rire à la tristesse, du fun au drame intimiste, de la douleur à l'espoir et à l'amour familial. C'est bon, c'est fort, et Lemire trouve enfin la clé, en gérant enfin Mr Terrific, en se détachant du duo Plastic Man/Metamorpho pour limiter leurs interactions et les rendre meilleures, en creusant Phantom Girl dans l'émotion, et en créant de nouvelles relations.
C'est bon, vraiment ; c'est bien, définitivement, et la série trouve enfin sa voie, en se dotant de la voix que j'espérais.

J'ai adoré.
Vivement la suite ; vivement le même genre, ensuite !

J'ai mis du temps à lire The Immortal Men #2, qui officialise l'abandon de Jim Lee ; le scénario de James Tynion IV est désormais pleinement illustré par Ryan Benjamin. On perd en talent, mais on gagne en honnêteté intellectuelle ; je ne sais pas s'il y a un moyen de s'en réjouir, mais cela me paraît plus correct, plus propre.
En soi, je ressors content de cette lecture - mais si elle m'a plu, en tout cas diverti, elle m'a surtout rappelé pourquoi j'ai mis du temps à lire ce deuxième épisode... et, aussi, pourquoi je ne suis pas sûr de continuer mois après mois.
Cette série, en fait, est un titre des années 90, propulsé en 1998. Jeune héros/élu propulsé littéralement au coeur de l'action, personnages bad-ass et mystérieux qui s'affrontent en se sautant les uns sur les autres, qui meurent rapidement, qui sont rapidement présentés et sont essentiellement des clichés ambulants ; avec, bien sûr, un thème de manipulation de l'Histoire, de complot mondial, de manipulations, de changements génétiques, etc.
The Immortal Men, c'est du WildStorm de base, de l'époque, avec cependant la solidité de la narration de Tynion IV ; qui, cependant, ne peut ici manipuler et se reposer sur l'historique de personnages bien connus, et doit improviser un peu d'épaisseur dans des personnages caricaturaux, sachant que le lecteur peut rapidement se lasser. Difficile, pas impossible, mais difficile ; et l'auteur ne réussit pas complètement car, si j'aime ce sentiment old school qui rappelle d'anciennes lectures, et si ladite lecture est agréable, rien ne me donne vraiment envie de continuer.
Si je tombe par hasard sur la suite, je lirais - mais je doute que ça aille très loin. The Immortal Men n'a rien de honteux, ce n'est pas mauvais, c'est juste un produit daté, qui fleure bon les comics d'il y a bientôt trente ans... mais qui, si ça me fait sourire, ne m'accroche pas.
Le titre ne se relèvera sûrement jamais de son faux-départ et du scandale Jim Lee - mais, au fond, je doute que quiconque puisse sincèrement le regretter.

Jim Lee devait dessiner le titre. Le #1 a été décalé pendant des semaines, du fait des retards de Lee, qui ne l'a pas fait entièrement et ne dessinera plus la série.

Sûrement ses activités annexes (il demeure responsable éditorial de DC), et la lenteur due aux années, voire la lassitude ; clairement, je pense que Jim Lee a autant perdu du niveau, que de l'envie et du rythme. Il faudrait le cantonner à des one-shots, ou des petites mini-séries qu'il devrait finir avant publication.

Surprenant et intriguant, oui, que ce Black Panther #1. Relance Fresh Start de Marvel, le titre garde l'auteur Ta-Nehisi Coates, et obtient Daniel Acuna aux dessins ; mais si l'on pouvait penser que le scénariste poursuivrait son travail de construction de plusieurs éléments d'un Wakanda plus complexe et surtout plus diversifié que lors de travaux précédents, le contexte est tout autre.
Plongé dans une autre galaxie, avec un tout petit peu d'explication en off évoquant une conquête spatiale par des Wakandais, le lecteur découvre un numéro très orienté sur l'action, très avare en explication, mais très riche en mystères et potentiels. L'on ne sait rien, finalement, de ce que veut dire l'auteur, et plusieurs directions sont possibles (rêve ? piège ? futur ? clone ? illusion ?) ; et c'est plutôt une bonne chose, car ça donne clairement envie de lire la suite.
Acuna, avec son trait spécifique, assure pleinement, dans l'action et dans cette atmosphère si étrange, si porteuse. Un gros sentiment positif, donc, après lecture de ce #1. Vivement la suite, après cette introduction sèche, pleine d'action, mais si remplie d'un potentiel intriguant.

Ce final de Justice League : No Justice s'achève sur une très bonne note, avec ce #4 magnifiquement dessiné, intense, qui gère très bien la fin de la menace cosmique, et qui ouvre sur la relance de la franchise ; efficace, fun, bien dialogué ("Insane is relative", haha), bien mené, le plaisir est très présent - et fait regretter, un peu, que ça n'ait pas été aussi bien à chaque fois.
Au-delà de la faute professionnelle (de l'artiste, mais de l'éditorial surtout) de ne pas avoir réussi à faire réaliser quatre numéros par Francis Manapul, cette saga m'aura plu - mais, étonnamment, surtout sur ses deux derniers épisodes. Notamment ce final, en effet intense, puissant, qui parvient à créer un vrai sentiment d'urgence, de folie, de plan de la dernière chance ; c'est très agréable à parcourir, surtout parce que les auteurs réussissent à bien caractériser leurs personnages, par quelques bouts de dialogues bien sentis.
Le trio Snyder/Tynion IV/Williamson est inspiré pour cette course finale, et des personnages comme Waller ou Green Arrow gagnent une plus grande aura ; Vril Dox est redéfini, les Omega Titans demeurent des éléments clichés, mais qui fonctionnent dans leurs rôles. Et, une fois tout ça évacué, le trio peut placer ses pions pour les futurs titres - et tout se fait naturellement, instinctivement, intelligemment.
Une belle réussite, finalement, pour cet événement de relance de la franchise ; si la lecture hebdomadaire a pu être frustrante, au fond, la lecture en un bloc sera sûrement bien meilleure. En tout cas, ça finit très bien, et cette saga a réussi son pari : relancer la franchise, y donner du sens, utiliser tous ces personnages, raconter une histoire, et ne pas être stupide avec toutes ces couleurs.
Franchement, c'était pas gagné ; du coup, bravo... et vivement la suite !

On y est ; Brian Michael Bendis arrive sur Superman avec ce Man of Steel #1.
Après deux prologues, dans Action Comics #1000 (sur Superman en action) et DC Nation #0 (sur Clark Kent), l'auteur se lance et lance sa mini-série de six épisodes, sensée poser les bases de sa reprise des deux titres Superman & Action Comics. Et si des rumeurs font état de disparitions (ou plutôt absences organisées) de Lois et Jon, après qu'on ait appris que le Vilain Rogol Zaar soit derrière la destruction de Krypton, j'ai voulu laisser une chance à ce premier numéro.
Ce fut une bonne idée, car la lecture est très agréable - même si je sens que je ne vais pas apprécier la mise à l'écart de Lois et de Jon, par principe.
Bendis gère très bien, malgré tout, ce numéro, en livrant une très bonne caractérisation de son Superman, et un peu de son Clark. S'il a révélé avoir déjà créé quatorze personnages originaux (surtout des civils), il faut avouer que sa cheffe des pompiers peut être attachante, et qu'il a une approche vraiment agréable et construite de Superman ; ça fonctionne, c'est bien fait, il a ses tics de langage, mais les adapte aux personnages.
Non, clairement, c'est vraiment un bon début, surtout qu'il parvient à donner un peu de sens et d'intérêt à ce Rogol Zaar au look improbable ; bien joué. Evidemment, l'apport d'un Ivan Reis en grande forme est indéniable, et fait beaucoup pour le plaisir de lecture.
A la fin, Jason Fabok semble livrer deux pages qui auront une suite dans les prochains numéros, pour expliquer le sort de Jon & Lois ; à voir, je demeure réfractaire à l'idée, mais j'apprécie qu'ils ne soient pas "juste" supprimés.

En conclusion, ça démarre bien, et même si une idée me déplaît, le tout est solide, agréable, et semble très construit ; je suis curieux de la suite, du coup.

Doomsday Clock continue avec son #5, malgré les retards.
Et sur la même gamme que précédemment.
Gary Frank assure, même si les panels sur Batman sur la fin m'ont paru un peu précipités. Geoff Johns tente d'implanter l'ambiance apocalyptique et très sombre de Watchmen dans l'univers DC - et s'il parvient à rendre son récit plus vivant, plus dynamique ici que précédemment, je continue à ne pas être emballé, ou impliqué par cette saga ; je ne me sens pas concerné, en fait, et si je suis ça sans déplaisir, je le fais surtout sans intérêt.
Tout me semble tellement "faux", dans l'évolution de l'avis de l'homme de la rue sur les Héros, dans l'évolution de la géopolitique, dans les réactions de Batman ou Perry White (mais WTF d'ailleurs), dans la gestion d'un Ozymandias, dans l'alternance entre les personnages durant la saga... ou, encore, dans ce final tellement "facile" et cliché.
Il n'y a rien de honteux, attention : c'est propre, fait avec professionnalisme ; mais sans passion, et sans réussir à m'intéresser, m'impliquer, et surtout à m'y faire croire. Les seuls moments où mon encéphalogramme s'agite un peu, c'est sur les aspects annexes de la saga, sur le Passé et le Futur de DC et leur retour ; mais le Présent, et son propos, franchement, je m'en tamponne absolument, et rien ne me donne envie de changer ça.

Je lirais la suite.
Mais plus par "devoir" de fan et vague curiosité de voir jusqu'où Johns veut tenter d'aller, que par envie ou passion ; dont Doomsday Clock me semble, de manière criante, totalement dénué.

Clairement, la pertinence de Marvel Two-In-One, et notamment la page finale de son #6, retombe après la récente annonce du retour des Fantastic Four ; mais si on connaît déjà la fin, le chemin peut garder son intérêt, s'il est bien mené et intéressant. Heureusement, c'est le cas.
Finissant sa deuxième saga, en six épisodes, Chip Zdarsky garde son rythme rapide et intense, et parvient toujours à maîtriser sa caractérisation. Réussissant, ici, le meilleur numéro jusque-là, trouvant un vrai équilibre entre action et dialogues, mais aussi entre les trois personnages principaux (d'accord, la scientifique inventée pour la série est absente, ici). Johnny est bon, Ben est exceptionnel d'émotion, et Doom est très bien écrit également.
Une réussite, encore, notamment sur cette saga dont le principe pouvait me faire douter de l'intérêt ; je me suis trompé, j'en suis content, car cet univers alternatif amène cette action et surtout permet de déclencher des éléments pertinents sur les personnages.
Le tout étant illustré par Jim Cheung, en forme, cela donne une lecture fort agréable, qui donne envie de lire la suite... même si on connaît déjà la fin !

Bon, on continue sur l'intégrale des frères Hernandez avec...


... et plus exactement sur les histoires du cycle "Locas" de Jaime Hernandez.

Comme indiqué dans une précédente chronique, "Love and Rockets" est un magasine consacré exclusivement au travail des trois frères Hernandez : Jaime, Gilbert et Mario. Je reviendrai un jour ou l'autre sur le travail de Gilbert consacré au cycle de "Palomar" et le travail de Mario (mais aussi les planches non-Palomar et non-Locas de Jaime et Gilbert) a également fait l'objet d'une précédente chronique.


"Locas" se concentre, quant à lui, autour d'un personnage central, Maggie Chascarillo, une petite punkette d'origine mexicaine qui vit dans une banlieue mouvementée de Los Angeles. Autour d'elle gravite un casting assez impressionnant de personnages récurrents et notamment sa meilleure copine, Hopey, dont on ne sait jamais trop si leur relation relève d'une amitié extrêmement poussée ou de l'amour. Dans un premier temps, la série se focalisera sur les aventures très rétro de Maggie en tant que mécanicienne de talent qui - au sein de l'équipe de Rand Race (un mécano-playboy-international dont elle est amoureuse) et de Duke Morales (une vieille légende de la mécanique) - visitera le monde et se retrouvera dans des galères infernales, avec des coups d'état en Afrique, des dinosaures et des vaisseaux spatiaux écrasés. C'est notamment l'objet de "Mechanics" (n°2), l'une des premières histoires de Maggie ! C'est d'ailleurs dans cette histoire que l'on croise le chemin de Rena Titanon, la catcheuse-aventurière-révolutionnaire qui deviendra l'une des grandes copines de Maggie !

C'est frais, c'est bien dessiné et on voit que Jaime Hernandez s'éclate : il mêle toutes ses obsessions dans son oeuvre. Ses propres origines mexicaines, son goût pour la musique et la culture punk, son amour du catch et des BD d'aventures et de SF !


Si le magasine publiera d'autres histoires ayant trait aux aventures de Maggie-la-mécano (et notamment l'arc "Las Mujeres Perdidas" [n°6-11], dans lequel Maggie - fourrée dans une autre mission périlleuse de réparation [des robots] - passe pour morte, tout comme Rena, à la suite d'un attentat dont elle a été victime), Jaime Hernandez prendra vite un tournant plus réaliste et plus axé sur les relations interpersonnelles des personnages. C'est un tournant, d'ailleurs, qui aura été amorcé avec l'immense récit "100 rooms" (n°4) dans lequel Hopey, Maggie et leur pote Izzy sont invitées par Penny, une amie un peu fofolle et également petite amie d'H.R. Costigan, un multi-milliardaire avec des cornes de diable [Oo], à passer la semaine dans le manoir de Costigan... Un soir que Maggie se perd en cherchant les toilettes, elle tombe par mégarde sur un rôdeur qui s'est dissimulé dans une chambre... il s'agit de Casey, un clochard qui entend revendiquer des quartiers de noblesse... et dont elle tombe amoureuse !

On verra que, que ce soit Rand Race, Casey ou - plus tard - Ray Dominguez, les hommes vont se bousculer dans la vie de Maggie... sans qu'elle n'arrive jamais à se décider si elle veut passer - ou non - le reste de son existence avec sa copine Hopey.

D'ailleurs, après la fin de l'arc "Las Mujares Perdidas", Maggie démissionnera de son poste de mécanicienne (pour ne plus voir la gueule de Race) et ira squatter avec Hopey chez Izzy. Là, commencera un certain nombre de galères de fric et de tension (entre Izzy qui devient folle, Terry-l'ex-de-Hopey qui veut bien héberger Hopey mais pas Maggie, Vicky Glori la tante catcheuse de Maggie qui voudrait bien héberger sa nièce histoire de se sentir moins seule) qui se résoudront de manière abrupte quand...

... sans prévenir personne (et surtout pas Maggie), Hopey partira en tournée et laissera tomber sa pote (n°20). Ce moment sera l'un des moments fondateurs de la série car il cassera le couple Hopey / Maggie et que le temps continuera à s'écouler alors que chacune mène sa vie de son côté. C'est aussi à ce moment qu'il y aura l'excellente histoire "The return of Ray D.", où le retour de Ray Dominguez à Huerta va éveiller des flashbacks chez Maggie (comme sa rencontre avec Hopey, à 13 ans, alors que sa meilleure amie Letty venait de mourir dans un accident de voiture) et donner à la série un ton doux-amer qui la bonifiera au fil des épisodes !


Suite à l'arc "The Death of Speedy" (n°21-23), sur fond de guerre entre gangs hispaniques et de rivalités amoureuses (dont Esther, la petite sœur de Maggie, est au centre), dans laquelle le petit frère d'Izzy, Speedy Ortiz (dont Maggie était follement amoureuse), préfère mourir plutôt que de détruire ses amis et ses proches, à l'issue d'une scène fantomatique et particulièrement touchante (le fantôme de Speedy qui vient rendre visite à Esther, son ami Litos et Izzy, après que Maggie lui ait dit qu'elle en avait marre de tout), Ray et Maggie se rapprocheront (n°24).

Il y aura ensuite dans l'action de la série un hiatus de quelques années pendant lequel Maggie et Hopey n'auront plus de contacts et pendant lequel Maggie filera le parfait amour avec Ray. Quand la série reprend, Maggie croise par hasard Penny qui lui avoue qu'elle a vu Hopey sur la côte est il y a peu. Bref, le duo infernal est réuni à nouveau (n°30) avant de se brouiller grave (n°33) : Maggie retourne à Huerta (c'est du moins ce que l'on croit), tandis qu'Hopey mène ses propres aventures de son côté... Comme dans l'arc magnifique "Wigwam Bam" (n°33-39), dans lequel on suit en parallèle les galères d'Hopey dans le monde de la jet-set New-Yorkaise mais aussi le non-retour de Maggie à Huerta et son impact sur ses amis (Ray et Izzy notamment). Enfin, le dernier arc de la série - "Chester Square" (n°40-50) - nous montrera où est passée Maggie pendant tout ce temps qu'elle n'est pas rentrée à Huerta, ce qu'elle fiche au Texas et comment dans son malheur elle a réussi à foutre la zizanie autour d'elle !


Le final (n°50) est particulièrement extraordinaire et - dans une véritable ode à l'amitié bouclant la boucle - Maggie et Hopey sont réunies in extremis et... son embarquées dans le soleil couchant par une voiture de police qui venait de coffrer Maggie, puis Hopey !

Clairement, la série aurait pu s'arrêter là, la fin était parfaite ^^ (mais la suite la sera également) !


Vous l'aurez compris "Locas" est une immense série qui a l'extraordinaire bon goût de faire vieillir et évoluer les personnages, nous les rendant nécessairement plus vivants. Une édition française existe en deux volumes (672 pages au total !) chez LE SEUIL (mais avec une traduction un peu foirée) que l'on peut trouver à vil prix (et ça les vaut donc largement) mais qui ne comporte pas, bizarrement, les toutes premières aventures de Maggie la mécano. Pour les lire, là encore en VF mais dans une version bizarrement colorisée (réservée au marché français), elles ont été il y a très longtemps éditées en France chez COMICS USA (Glénat donc) sous le titre "Mechanics".


Tout cela est bien évidemment vivement conseillé ^^

Toujours dans la chronologie de Jaime Hernandez, après la première série de "Love and Rockets", j'ai lu...


... qui est un spin-off du cycle "Locas" (Maggie y fait même une petite apparition dans le n°2), spin-off qui se concentre sur le Camp Vicky, le camp d'entraînement pour les espoirs du catch féminin situé au Texas et administré par l'ancienne championne du monde, Vicky Glori, également tante de Maggie.


Nous y retrouvons le duo de catcheuses, Xochitl (une cousine de Maggie) et la jeune Gina, que nous avions déjà pu voir dans l'arc "Chester Square". Depuis toute petite Gina veut devenir catcheuse et rêve de catcher en duo avec sa nounou, Xochitl... sauf que si Gina a des prédispositions pour le catch, Xochitl n'est pas hyper douée et mord plus souvent que de raison le tapis !

Dans "Whoa, Nellie !", on suit les deux copines se brouiller quand Xochitl ne veut plus catcher en duo, pour finalement se réconcilier en toute fin de n°3, à l'issue d'un combat spectaculaire à 11 sur le ring !


Là encore, c'est très bien dessiné, ça exalte l'amitié comme valeur suprême, ça rend intéressant un sujet qui ne me passionne pas a priori (le catch féminin) et les très longues scènes de combat sont bien fichues et sympa à lire !


Bref, un épisode (très) mineur du cycle "Locas" qui reprend l'une des obsessions favorites de Jaime Hernandez ! Tellement mineur cet épisode qu'il n'a pas fait l'objet d'une VF... mais ça se trouve pas trop difficilement en VO (à l'unité ou en TPB).

Encore fourrée dans le cycle "Locas" de Jaime Hernandez, j'ai lu la suite, à savoir...


... où l'histoire se déroule quelques années après la fin de la première série. Désormais, Maggie et Hopey habitent Los Angeles et mènent chacune leur vie de leur côté.


Maggie, tout d'abord, est devenue régisseuse d'une résidence et bricole tout un tas d'appareils électro-ménagers tombés en rade à la demande de ses locataires. Elle a été mariée - dans l'anonymat le plus absolu - avec son tout premier mec (on aurait même le droit au flashback), un certain Tony qui n'était jamais apparu dans la première série. Pour autant, elle est toujours un peu à la ramasse. Ne sachant trop si elle doit se rapprocher ou pas d'Hopey, ne sachant trop comment sa vie va finir par tourner...

... Hopey, quant à elle, est serveuse à mi-temps dans un bistrot mais vient également de prendre un job de prof-assistant dans une école primaire (où elle se découvre un véritable amour pour les gosses, se rappelant la boule de nerfs qu'elle était à leur âge). Sa vie sentimentale est également chaotique et ne mène, le plus souvent, à rien.

Nous suivons également, un bon moment, Ray Dominguez, l'ex de Maggie, qui - à près de 40 piges - a toujours une vie aussi instable. Lui aussi a du mal à se remettre de ses amours de jeunesse et - notamment - de Maggie qu'il n'a pas vu depuis plus de 15 ans ^^


On l'aura compris, cette suite accuse le poids du temps. Nos héros ont du mal à avancer alors que tout le monde est passé à autre chose. Terry, la chanteuse du groupe de Hopey, est devenue une grande star. Julie Wree, l'ennemi jurée d'Hopey du temps du lycée, a son propre talk-show. Et nos héroïnes (et notre héros) sont comme perdus dans le temps, comme pris dans une stase dont ils n'arrivent pas à sortir... comme si ils étaient éternellement en rade lors de la course de fond qu'est la vie (une séquence réussie de cette série montrera - effectivement - Maggie et Hopey dans une course de fonds rêvée) !

Cerise sur le gâteau, Jaime Hernandez développe également d'autres styles fort plaisants, comme avec l'histoire de Ray où l'on nage en plein mystère policier très hollywoodien : Ray a rencontré Vivian une strip-teaseuse dont il est amoureux... sauf qu'elle a un ex un peu collant : Sid, un enfoiré bourré de fric qui violente Vivian... avant de disparaître (il a été tué). Et Ray est le spectateur lointain de l'évolution de cette histoire (qui finira par l'assassinat par la Police d'un proche de Sid, opportunément accusé de sa mort). Et on y comprend rien ! Un peu à la manière d'un polar tourné par Lynch... c'est génial et ça créé une ambiance du tonnerre (même si le seul but est de ramener Ray vers Maggie par le biais du personnage de Vivian qui agit - dans cette série - à la manière d'un passeur) !


Plus réussie encore est l'histoire ayant trait à la maison d'Izzy, celle qui aurait été maudite depuis le tout début de la série. On découvrira qui hante les nuits d'Izzy dans une séquence digne - là encore - de Lynch et on saura tout de Madame Galindo, du chien-qui-marche et de pourquoi les mouches se réunissent au plafond de chez Izzy ! On connaître, enfin, l'identité du fantôme qui vidait les bouteilles de vin chez Madame Galindo...

... et en écrivant ces lignes, je me rends compte que d'une certaine manière la boucle se boucle avec cet arc - "Ghost of Hoppers" - à la manière dont Lynch boucle Twin Peaks en renvoyant l'agent Cooper dans le temps pour tenter de tout réparer.


L'ensemble des épisodes chroniqués a été édité en VF, chez Delcourt, en deux volumes sous les titres "Locas - Elles ne pensent qu'à ça" (purée... mais où le traducteur a trouvé ce titre foireux et racoleur ? WTF !) et "Locas - Maggie Chascarillo & Hopey Glass". Clairement, c'est à lire (en ayant d'abord lu les premières aventures de Maggie et Hopey... ou pas. La série est faite pour pouvoir être prise en court de route ! Et ces deux tomes peuvent se lire de manière autonome). Et le génie de Jaime Hernandez est - après avoir accompli un magnifique final dans l'épisode 50 de la première série - de pouvoir en 453 pages réaliser une histoire qui n'est ni du fan-service, ni anecdotique mais bel et bien la suite idéale d'une série légendaire.

Bon, OK, je suis fan ^^