Son téléphone bipa et un message accapara tout l’écran. Jessica retint avec un grand peine un grognement quand elle constata que, encore une fois, le smartphone était à deux doigt de la mort par batterie vidée. Ne l’avait-elle pas chargée il y avait à peine quelques heures de cela ? Elle baissa le bras, les muscles endoloris d’avoir gardé la même position trop longtemps et jeta un regard à l’horloge simple fixée au mur derrière elle. Sept heures. Ca faisait sept heures qu’elle l’avait chargé. Venait-elle vraiment de passer les sept dernières heures à lire article après article, à actualiser les journaux en ligne et à courir après les vieux dossiers, les vieux scoops ? Pas étonnant qu’elle ait si mal à la tête. OU peut-être que ça venait des coups qu’elle avait encaissés la veille. Elle n’avait pas dormi depuis presque quarante huit heures maintenant, et tout commençait à se brouiller dans son esprit. Tout, sauf ce qu’il s’était passé. Tout, sauf Ray.
Elle posa son téléphone sur la table de nuit d’un beige dépassé de la chambre d’hôpital dans laquelle elle était assise, et remua un peu ses doigts pour en chasser la sensation d’engourdissement. Mieux valait laisser le téléphone de côté pour le moment. Il était tellement chaud qu’elle n’était pas sûre qu’il survive à un nouveau chargement intensif, et de toute façon, elle avait les yeux tellement fatigués qu’elle craignait de se mettre à inventer des gros titres au lieu de lire ce qui était devant son nez. S’il y avait eu la moindre victime après les évènements de la veille, les services de secours l’aurait trouvée, et Jessica serait actuellement en train de ruminer sa culpabilité. Elle n’arrivait pas à comprendre comment, mais il semblerait bien qu’ils aient réussi l’impossible. Malgré tout ce qu’il s’était passé, personne n’avait été tué. Blessé, oui, mais tué ? Personne. Pur coup de chance.
Jessica cligna des yeux dans le vide, dans l’espoir totalement vain de chasser la migraine qui faisait rage contre les parois de son crâne. Elle changea légèrement de position sur le fauteuil – dont l’inconfort était devenu presque confortable, véritable indice sur le nombre d’heures qu’elle avait passé assise dessus – et se pencha un peu plus vers le lit à côté d’elle. Son autre main, celle qu’elle ne sentait même plus, était blottie contre la paume de Ray, ses doigts entrelacés avec ceux de ce dernier. La position n’était pas naturel parce qu’elle tenait sa main gauche avec sa propre main gauche, mais le poignet droit de Ray était plâtré et elle préférait autant gérer les fourmis et l’engourdissement plutôt que de prendre le risque de réveiller la moindre douleur pour Ray. C’était ainsi qu’avait commencé son obsession des news et son désir brûlant de lire tout ce qu’elle trouvait sur Chronos. C’était ça ou la longue liste terriblement effrayante des blessures de Ray qui jouait en boucle dans sa tête. Maintenant que son téléphone prenait un repos bien mérité, les mots du chirurgien lui revenaient et, juxtaposé avec le visage ecchymosé de Ray, ils l’emplissaient de terreur.
Poumon perforé, hémorragie interne, côtes cassées, traumatisme crânien, perte importante de sang, appendice qui a éclaté, et nombreux oedèmes.
Jessica releva les yeux vers le visage de Ray et leva sa main libre pour glisser doucement une mèche de cheveux rebelle en arrière.
« Ca va aller, » souffla-t-elle, pour lui, pour elle, pour l’univers tout entier. Ca avait intérêt d’aller, si l’univers ne voulait pas subir sa colère foudroyante. Mais ça irait… n’est-ce pas ?
Poumon perforé, hémorragie interne, côtes cassées, traumatisme crânien, perte importante de sang, appendice qui a éclaté, et nombreux oedèmes.
Elle se racla la gorge et se redressa juste assez pour pouvoir déposer un baiser sur le front de Ray. Elle était en tenue de civil, sa panoplie de parfaite citoyenne complétée par des poings sur son front et plusieurs pansements par-ci par-là, mais la liste de ses blessures à elle était bien plus courte. Elle n’avait pas eu besoin de passer sur la table d’opération. La seule intervention qu’elle avait dû subir avait été celle de Simon qui avait tout fait pour calmer son hystérie quand les chirurgiens s’étaient emparés de Ray pour l’amener au bloc opératoire. Pour le reste, le médecin avait été clair : repos, anti-douleurs, interdiction de faire de l’exercice sous peine de fracturer un peu plus ses côtes, et, encore une fois j’insiste, beaucoup de repos.
Conneries.
Poumon perforé, hémorragie interne, côtes cassées, traumatisme crânien, perte importante de sang, appendice qui a éclaté, et nombreux oedèmes.
Jessica passa sa main libre sur son visage pour chasser les sueurs froides qui refaisaient leurs apparitions. Elle baissa les yeux vers la main de Ray et laissa courir un de ses doigts le long d’une des veines proéminentes du scientifique.
« J’ai besoin de toi, » laissa-t-elle doucement échapper.
Elle s’était battue contre cette pensée pendant plusieurs heures, luttant avec force pour ne pas la laisser s’échapper. Le destin avait toujours un peu trop d’ironie pour elle, et elle préférait ne pas tenter le diable, mais c’était la seule chose qui résonnait plus fort dans son esprit que le pronostique du chirurgien qui s’était occupé de Ray. Il avait du sang séché sur ses chaussures, et Jessica n’avait pas arrêté de se demander si c’était celui de Ray.
« J’ai besoin de toi, » répéta-t-elle, un peu plus fort. Elle releva la tête vers Ray et posa ses deux coudes sur le matelas avant de lever la main du héro pour la presser contre sa bouche.
« Je t’en prie… »
Elle ferma les yeux et baissa la tête tout en gardant la main de Ray contre son front, les doigts tremblants.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: Aftermath Mer 11 Avr 2018 - 12:43
Un silence de plomb règne dans la chambre d’hôpital. Seuls les bips réguliers de quelques machines viennent troubler le mutisme, installé en l’absence des soignants et médecins qui se pressent à intervalles réguliers, pour vérifier ses constantes et améliorer quelques traitements ; mais ils ne peuvent rien de plus.
Les interventions ont eu lieu, les soins ont été prodigués. La suite est en d’autres mains… et notamment celles de Raymond Palmer lui-même, étant entendu que beaucoup de cas désespérés reviennent par la seule force de leur volonté.
Malheureusement, c’est la jeune femme à ses côtés, qui s’acharne à demeurer près de lui et à refuser tout repos et toute détente, qui dispose de la plus grande volonté ; il n’y a qu’à espérer, donc, qu’elle puisse transférer sa formidable détermination à l’homme plâtré et inconscient dont elle tient fermement la main, s’accordant enfin de fermer les yeux, les doigts tremblants contre ceux du Héros.
Elle a peur ; elle est terrorisée, même. Et, surtout, elle a besoin de dormir – mais refuse, tant qu’il n’est pas revenu.
« Je… »
Un croassement désagréable s’élève dans le silence de la chambre d’hôpital, un murmure qui ressemble à un froissement de feuilles – de cordes vocales.
« J’veux bien… faire… c’que tu veux… »
Un tressaillement s’empare de la main jusque-là immobile, que Jessica tenait fermement jusque-là.
« … mais j’vois pas… c’que j’peux faire là… luciole. »
A côté d’elle, un corps bouge – un crâne bouge, surtout. Des paupières se rouvrent. Des lèvres s’animent, puis grimacent alors que son esprit prend connaissance des nombreux signaux de douleur transmis. Il a mal ; il a affreusement mal. Mais il est vivant – et réveillé, surtout.
« Hey. Salut. »
La douleur est terrible… mais Ray se force à sourire, même si cela accroît la souffrance. Il veut sourire. Pour elle.
« T’es… Jess’, j’suis persuadé que les médecins pensent que tu devrais plutôt te reposer et te remettre dans un lit qu’être ici, nan ? »
Sa voix demeure désagréable à entendre, et parler est douloureux, mais le débit est plus fluide ; qu’importe, de toute façon. Le bras droit dans le plâtre, le torse ravagé par la douleur, la respiration sifflante et pleine de souffrances, des sensations étranges dans tout le corps… Palmer souffre, clairement ; mais il s’en fiche. Car il ne voit rien de tout cela, des tuyaux, des éléments sur lui ; il ne voit qu’elle.
Son visage, magnifique. Sa silhouette, superbe. Ses yeux, extraordinaires. Mais les blessures, aussi. Sa souffrance. Sa douleur. Sa fatigue. Proprement inacceptables.
« Luciole… tu devrais te reposer, tu sais ? »
Il sourit, tendrement. Et se rend compte, alors, que sa main valide s’agrippe brutalement à celle de Jessica – son ancre, définitivement.
« Est-ce que… ça va ? »
Sa voix tremble – car la question vise autant elle, évidemment, que la situation, et les conséquences du drame qu’il craint. En grimaçant, en souffrant, Ray se redresse, tousse légèrement, et fixe son attention sur Jessica. Sur sa luciole ; toujours.
Jessica se redressa immédiatement sur son fauteuil au premier son qui s’échappa des lèvres de Ray. Elle n’entendit pas sa voix rocailleuse ni la difficulté qu’il avait à parler – non, ce qu’elle entendait, c’était lui. Sa voix, ses mots. Lui.
Ses doigts étaient toujours agrippés à ceux de Ray avec toute la force dont elle était capable, si bien que, si elle avait eu le repos nécessaire, elle aurait pu ajouter une nouvelle fracture à la longue liste qui continuait de la torturer. Elle avait peur d’être en train de rêver – aurait-elle vraiment pu s’endormir malgré la peur et l’angoisse ? Ou, peut-être était-elle en train d’halluciner. Ce ne serait pas la dernière fois. N’avait-elle pas entretenu une conversation sur plusieurs semaines avec sa meilleure amie, bien des jours après l’enterrement de cette dernière ? Mais si c’était le cas, est-ce que ça voulait dire que… ? Son souffle se coupa et elle glissa jusqu’au rebord de son fauteuil, les doigts serrés sur ceux de Ray et le regard rivé sur le visage de ce dernier alors qu’elle se refusait à cligner des yeux. C’est alors qu’elle la sentit. D’abord légère, puis insistante malgré sa délicatesse.
La pression que les doigts de Ray exerçaient contre les siens.
« Oh mon Dieu, » souffla-t-elle en baissant les yeux vers leurs mains.
Un voile vint se déposer sur son champ de vision et il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser qu’elle s’était mise à pleurer. Elle battit vivement des paupières et reporta son regard sur le visage de Ray, dont chaque ecchymose, chaque point de suture et pansements s’étaient imprimés dans son esprit au cours des dernières heures. Elle en vit la surface brisée et abîmée s’agiter, parcourue d’encyclies réveillées par l’étincelle de vie qui y était de retour. Jessica était désormais tellement penchée sur le rebord de son fauteuil qu’elle menaçait de glisser à tout instant, mais elle ne s’en rendait même pas compte. Son cœur battait si fort que le sang qui irradiait son cerveau d’adrénaline et de toutes ces réactions chimiques qu’elle ne pouvait plus suivre l’étourdissait.
Elle entendit son surnom, ce mot que lui seul utilisait pour parler d’elle et elle fut balayée par le choc qui en résultat. Vaincue, elle s’abandonna au soulagement et aux larmes et s’affaissa sur elle-même et sur le bord du matelas.
« Salut, » répondit-elle avec douceur. « Salut… »
Elle dévisagea Ray et laissa échapper un petit éclat de rire qui tenait plus du couinement que d’un signe d’hilarité. Elle serra un peu plus fort la main de Ray entre les siennes et la garda ensuite contre sa joue, non sans avoir au préalable essuyé cette dernière du revers de sa manche.
« T’inquiète pas pour moi, » rétorqua-t-elle avec un petit reniflement. « Je vais bien. Je n’ai rien. »
Elle ferma de nouveau les yeux en serrant cette main si précieuse contre elle – et en commençant même à s’accaparer l’avant-bras de Ray pour le presser contre elle. Elle murmura quelques mots en espagnol, des remerciements qui se perdirent dans le silence de la chambre, la plupart à l’attention de l’univers et certains, même, à un Dieu en qui elle ne croyait plus, par habitude.
« J’aurais dû savoir que tu me reviendrais, » conclut-elle finalement dans un murmure.
Les doigts de Ray se resserrèrent autour des siens, rappelant ainsi immédiatement Jessica à l’ordre. Elle rouvrit les yeux et chassa les dernières larmes qui s’y étaient logées. Elle croisa son regard et elle y lut sans mal le sérieux de sa question. Ses entrailles se nouèrent en réponse et son sang se changea en plomb alors qu’elle hochait doucement la tête.
« Je vais bien, » répéta-t-elle. « Tout va bien. »
Elle écarta une de ses mains de celle de Ray pour aller la poser sur la joue de ce dernier. Encore une fois, elle perdit le bout de ses doigts dans ses cheveux qu’elle arrangea machinalement, ses yeux rivés dans ceux de Ray.
« Je suis désolée, » finit-elle par souffler. « Je suis tellement désolée. » Elle esquissa un bref sourire un peu tremblant avant de poser sa main à plat sur le torse de Ray. Sans exercer de pression, elle stoppa néanmoins la tentative de ce dernier de se redresser – ce qui, en soi, n’était pas très compliqué. Il était faible, et ses blessures étaient nombreuses. Même dans son état actuel, Jessica avait largement le dessus.
« Ne bouge pas. Je vais aller chercher une infirmière. Tu as mal ? »
Une fois de plus, son regard accrocha celui de Ray et elle y resta ancrée plusieurs secondes, son corps refusant malgré elle de se lever et de mettre la moindre distance entre elle et Ray. Elle était restée à son chevet tout ce temps pour une raison bien précise, après tout. Elle avait l’impression qu’elle ne pourrait jamais passer le pas de la porte de sa chambre d’hôpital sans ressentir la moindre douleur physique face à cette séparation.
Elle poussa un léger soupir – de soulagement, de fatigue, de tout ce qu’elle ressentait.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: Aftermath Jeu 12 Avr 2018 - 10:48
Ray souffre, beaucoup. Mais la simple présence – le sourire, la respiration, les expressions, les yeux surtout de Jessica… cela l’aide ; beaucoup. Et lui fait repousser, ignorer entièrement les signaux de douleurs, pour le seul bonheur d’être là. Avec elle. Pour elle.
« Hey… tu mens mal, luciole. Mais c’est gentil de vouloir me rassurer. »
Le choc est immense, il s’en doute – il le sait. A voir sa réaction, à voir l’ampleur des sentiments qui se bousculent en elle, il comprend aisément qu’elle a eu peur pour lui ; qu’elle était terrorisée. Et il comprend pourquoi, en se souvenant de tout ce qu’il a vécu… de tout ce qu’il a subi. L’épreuve fut terrible ; mais en la voyant ainsi, il comprend que sa souffrance, physique, n’est rien par rapport à celle, morale et psychologique, qu’elle a dû affronter.
« Je… je reviens toujours, tu sais. Toujours. Mieux qu’un T-800. »
Il sourit et glousse – et ça fait mal. Mais ça veut dire qu’il est vivant… et qu’il est lui-même ; vraiment, lui-même.
« Je… vraiment ? Ca… ça va vraiment bien ? »
Palmer tremble. D’émotion, bien sûr. De soulagement, de ressentir Jessica avec lui – contre lui. Ses doigts sont accrochés dans les siens, son odorat se remplit des effluves de la jeune femme, son cœur bat plus fort grâce à elle ; il vit. Il revit. Mais il sent, aussi, ce qu’elle a vécu – il voit les larmes, il voit les tremblements, il voit la peur ; il voit les stigmates. Et ça le touche.
« Je… t’es sûre ? Jess’ ? Il… il y a eu des… des… »
Il n’ose pas – il ne peut pas continuer. C’est trop. Et même si elle le touche… même si elle caresse sa joue, même s’il frissonne d’aise par instinct, la pression est terrible ; lourde, abominable. La culpabilité revient. Mais il la repousse – il la combat ; il prend sur lui, et esquisse difficilement un sourire. Factice, bien sûr, mais volontaire.
« Je… ne t’excuse pas… ne t’excuse vraiment pas… c’est moi… c’est… moi… toujours… moi… »
Il baisse les yeux, happé par cette culpabilité qu’il voulait combattre – mais qui semble, soudain, si abominable, si terrible. Cela provoque un frisson, un tremblement, qui déclenchent une toux désagréable, violente ; et douloureuse. Alors qu’il continue de tousser, elle propose de chercher une infirmière – et il acquiesce, s’emparant de l’opportunité pour confirmer ce qu’il voulait cacher.
Elle se lève, il tente de maîtriser sa toux… mais la fixe, quand elle le regarde. Et alors qu’il tousse, il prend sur lui – et parle.
La suite est, étonnamment, longue mais rapide. Jessica appelle le personnel médical, qui s’occupe de lui ; demande à la jeune femme de les laisser, mais souffre d’un refus qu’ils ne parviennent pas à dépasser. Ray, qui s’est repris, ironise sur le fait qu’ils ne sauraient trouver plus forte volonté que la sienne – mais il se tait, rapidement, quand les médecins le demandent.
Les examens sont réalisés. Les médecins discutent. Puis la réponse vient.
Ça va. Grosso-modo, ça va. Palmer a souffert, ses blessures sont graves, mais les opérations ont fonctionné ; il est sauvé. Et sa condition, notamment son A.D.N. modifié au fil de ses utilisations de sa ceinture, lui permet de se remettre plus rapidement. Ça va. Et ça ira bientôt mieux. S’il prend sur lui de ne plus se lancer dans des aventures ; s’il se repose, un peu.
Il acquiesce, à cela. Même si, au fond, il sait que ce sera difficile – il acquiesce. Pour elle. Pour celle qui, dans un coin, n’a cessé de le fixer durant les examens. Pour celle qui n’a pas pris de repos depuis la fin de cette crise. Pour celle dont les yeux sont boursouflés par les larmes et la fatigue, mais qui refuse de céder. Pour elle, oui.
Le personnel médical part, ensuite. Ils les laissent seuls – et indiquent que Jessica peut rester encore une heure, puis repos obligatoire ; jusqu’à demain. Ils évacuent la chambre, donc. Les laissent seuls.
« Hem. »
Ray passe, lentement, sa main valide dans ses cheveux, et grimace ; aïe. Il soupire, laisse son regard glisser autour de lui – puis soupire. Et concentre son attention sur elle.
« Je… suis désolé, Jess’. C’est de ma faute. Chronos, il… bref… c’est de ma faute. Je suis désolé. »
Un autre soupir ; mais il ne baisse pas les yeux. Il continue.
« Je… je ne peux pas te remercier de ce que tu as fait… pour moi. Comme… je ne peux pas non plus… enfin… ce que tu as subi… je suis désolé… je suis vraiment désolé. Mais… je crois… je crois qu’on doit parler. Après ça. On doit parler. De nous. »
Son visage est calme, mais son cœur bat la chamade. Il a peur. De ce qu’il va dire. De ce qu’elle va répondre. Il est terrorisé. Mais, après avoir encore une fois croisé la mort ainsi… hors de question d’attendre plus ; hors de question d’hésiter.
AftermathRay Palmer & Jessica Cruz Jessica ne lâcha pas des yeux les médecins alors qu’ils examinaient Ray. En exil contre le mur, elle serrait contre elle sa veste toute froissée, victime des nombreuses heures que Jessica avait passé dessus ou à s’en servir comme couverture. Elle n’avait pas apprécié qu’on lui demande de partir, et elle n’appréciait pas qu’on l’ait ainsi mise de côté pendant tout le processus, mais c’était un bon compromis. Il fallait qu’elle récupère le plein contrôle de ses émotions. Depuis ce qu’il s’était passé avec Chronos, elle se savait au bord de l’hystérie et prête à basculer dans le gouffre, mais elle ne pouvait pas laisser les grimaces d’inconfort et de douleur de Ray alors qu’on le manipulait et l’examinait la faire lui faire perdre son contrôle. Elle ferma donc les yeux, se laissa aller contre le mur et serra sa veste un peu plus fort contre elle en prenant de longues inspirations. Il s’était réveillé. Ca irait. Elle devait croire que ça irait. Que le plus dur était passé.
Elle écouta le verdict des médecins, non sans être d’abord retournée dans la proximité immédiate de Ray. Sa veste de nouveau délaissée sur le fauteuil, elle avait repris ses droits sur la main saine de Ray – qui, à en croire les médecins, était peut-être même la seule partie du corps de Ray qui s’en était sortie indemne. La liste des blessures revint, toujours aussi longue, toujours aussi effrayante, mais au moins le ton n’était plus aussi fatale, aussi peu sûr. Elle absorba les recommandations, les demandes – presque suppliques - de repos, et se fit la promesse mentale de forcer Ray, qu’elle savait bien trop têtu, à s’y plier, au moins pendant un certain temps.
C’est avec soulagement qu’elle regarda toute l’équipe quitter la chambre et, tout naturellement, elle retomba dans le confort inné qu’elle ressentait toujours à être près de Ray et seule avec lui. Elle baissa les yeux vers ce dernier, avant de lui lâcher la main pour lui laisser en reprendre le contrôle. Juste un instant, car quand il la passa dans sa main et déclencha une nouvelle grimace, elle la récupéra avec un léger sourire amusé.
Qui s’évanouit bien rapidement quand Ray reprit la parole et, qu’encore, il prononça ces mots qu’elle détestait tant.
« Arrête ça, » demanda-t-elle doucement. « En quoi est-ce ta faute ? Tu sais j’ai… j’ai beaucoup lu pendant que tu … que tu … récupérais. Sur Chronos. Il a dit quelque chose pendant qu’on se battait, et je n’avais pas tout compris. Alors j’ai cherché. »
Elle se rassit doucement sur le fauteuil qu’elle rapprocha un peu plus du lit.
« Mais toi, tu as compris ce qu’il a avoué, n’est-ce pas ? Je n’ai pas les détails, évidemment, mais Ray… Ray, ce n’est littéralement pas de ta faute. Tu as entendu aussi. Ce n’est pas toi. Ca n’a jamais été toi. C’est lui. Et ça a toujours été lui. »
Elle baissa un instant les yeux vers leurs mains.
« Ce qu’il s’est passé hier n’était pas ta faute. Et tu n’as pas à t’excuser. »
Ce qu’il lui dit ensuite évoqua d’autres mots dans l’esprit de Jessica, des mots auxquels elle avait essayé de ne pas penser pendant qu’elle veillait, mais qui n’avaient cessé de lui revenir. C’était la même voix qui les lui avait dit, la même voix que celle qui approchait dangereusement le sujet maintenant, mais ça n’avait pas été le même homme. Jessica reposa doucement la main de Ray sur le drap, les doigts légèrement tremblants.
« Je… » Elle prit une profonde inspiration et releva les yeux vers ceux de Ray. « J’aurais donné ma vie pour t’éviter chacune de ses blessures, hier. Sans aucune hésitation. Et toi, tu as … tu as réellement donné ta vie pour moi. »
Elle dévisagea Ray et haussa doucement une épaule.
« On s’est menti, Ray. On n’est pas partenaires, toi et moi. Simon est mon partenaire. Toi, tu es… tu es… Bien plus que ça. Tu es… »
Sa voix s’affaiblit alors qu’elle cherchait en vain une façon de s’exprimer. Frustrée, elle posa sa main sur son cœur sans lâcher Ray du regard. C’était lui qui lui avait parlé la veille, juste avant de se jeter dans la gueule du loup avec Chronos, mais ce n’était pas tout à fait lui non plus. Elle ne doutait pas de ce qu’elle ressentait un seul instant, et c’était même un calme qu’elle accueillait avec plaisir, mais elle n’était sûre de rien d’autre. Pas complètement. La moindre fissure était suffisante pour que doutes et peurs s’engouffrent dans ses pensées sans la moindre pitié. C’était sa spécialité, après tout.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: Aftermath Ven 13 Avr 2018 - 11:38
Ray a été concentré, lors du passage du personnel médical. Concentré, attentif, calme. Répondant aux questions, acquiesçant aux informations, s’engageant même à se reposer ; mais son attention était loin d’être entièrement fixée sur les infirmiers et médecins… une bonne partie d’elle était fixée ailleurs. Sur elle. Toujours, sur elle.
Il n’en dit rien, mais son cœur souffre de voir Jessica ainsi. Non pas qu’elle soit désagréable à voir – au contraire, elle demeure toujours aussi belle, aussi attirante, aussi extraordinaire. Mais elle est usée, fatiguée ; exténuée. Terrorisée, même. Par sa faute. Et même s’il sait qu’elle ne serait pas d’accord, même s’il sait qu’au fond ce n’est pas réellement le cas… il ne peut s’empêcher de le penser ; et de s’en vouloir.
« Il… il a dit quoi ? »
Palmer tente d’orienter la conversation sur un élément évoqué par Jessica, un indice laissé par Chronos durant le combat – pour changer de sujet. Pour ne pas continuer à échanger sur sa culpabilité, sur son sentiment infini d’être responsable de drames et d’abominations… et donc de n’avoir pas le droit de vivre. Mais ça ne fonctionnera pas, il le sait ; pas avec elle.
« Jess’, je… je… »
Il soupire, et détourne le regard. Car ses yeux sont soudain embués et lourds.
« Je l’ai entendu, oui. J’ai compris. Chronos… Chronos s’est acharné contre moi, au fil du Temps. Il… il a poussé ma femme dans les bras d’un autre. Il a mené la C.I.A. sur la trace des Morlaidhans, et ils sont morts parce que la C.I.A. avait identifié ma présence chez eux. Il a rendu Jean folle, et ça a déclenché son plan dément et bien trop de drames. Il… il a aussi participé à ma disparition, contre les Durlans, et il a voulu… il a voulu détruire ma vie ; et il a presque réussi. »
Sa main libre se serre, crispée ; son cœur est serré par l’émotion.
« Mais… mais tu m’as sauvé. Tu m’as littéralement sauvé, le temps que… il… enfin, mon autre moi vienne. Tu m’as sauvé. Et oui, Chronos a fait tout ça, je l’ai entendu – mais j’ai aussi entendu pourquoi. »
Ray fige son regard à l’extérieur, sur l’horizon. Il ne peut pas la regarder ; pas maintenant.
« Parce que je lui ai fait… quelque chose. Parce que je lui ai pris… quelqu’un ; Anita. Je ne sais pas qui c’est. Je ne sais pas ce que j’ai fait – mais ça a mené un homme à la folie, à s’acharner contre moi. Je l’ai fait, ou je le ferais… qu’importe. Pour David, c’est arrivé ; je lui ai fait cela. »
Il soupire, encore, et essuie difficilement ses larmes naissantes.
« Il… il est celui qui a fait tout ça, oui ; mais je suis responsable de quelque chose qui l’a tant blessé, pour justifier ça. Alors… alors si, Jess’. Si. C’est de ma faute. Mais je ne sais juste pas encore pourquoi… »
Un long moment se passe, ensuite – avant que le scientifique ne se retourne vers elle. Pour esquisser un sourire triste, mais sincère. Lentement, il se rend compte que sa main valide n’a cessé d’être tenue par celle de Jessica – et il apprécie ; il apprécie le geste, le contact, et surtout le fait qu’elle maintienne cela… malgré ce qu’il dit. Malgré l’horreur de ses actes, encore inconnus, qui ont poussé Chronos à agir ainsi.
Cependant, ce contact s’arrête… et Ray comprend de suite pourquoi. Grimaçant, il se redresse sur son lit, et hoche lentement la tête ; ils savent, tous deux, de quoi ils doivent parler. Ils savent, tous deux, qu’ils ont fuis ce moment depuis bien trop longtemps. Ils savent, tous deux, qu’ils n’aiment guère aller ainsi dans la confrontation d’eux-mêmes et de leurs sentiments – mais ils n’ont plus le choix. Ils ont failli mourir ; ils ne peuvent patienter plus longtemps.
« Je… c’est pas moi… c’est lui… un autre Ray. Plus fort. Plus expérimenté. Plus fort, surtout. C’est lui, qui est mort pour toi… mais… »
Il soupire, et esquisse une petite grimace en forme de sourire.
« Je l’aurais fait. Je le ferais. Toujours. »
Le sourire disparaît, néanmoins, quand le sujet sérieux est abordé. Enfin. Elle commence, donc. Elle parle. Elle se confronte à la difficulté, et annonce une évidence – ils ne sont pas partenaires. Ils ne l’ont jamais vraiment été, même s’ils préféraient se le dire ; comme ils ne sont pas colocataires. Elle ne peut rien dire de plus, cependant. Elle pose sa main sur son cœur… et il comprend.
Il comprend ce qu’elle dit – ce qu’elle veut lui dire. Il comprend quel effort elle fait, ainsi, à parler. Il comprend quelle douleur elle a, de se lancer ainsi, après tout ce qu’elle a vécu. Il comprend ce qu’elle fait, ce qu’elle ose ; pour lui. Juste, pour lui.
« Tu… as raison. »
Sa voix est calme, posée. Il comprend. Il comprend enfin.
« Je ne suis pas ton partenaire. Je suis… »
Il prend une grande inspiration. Il tremble. Il veut fuir. Il veut se cacher. Mais il parle. Enfin.
« Je suis l’homme qui est tombé amoureux de toi, qui ne rêve que de toi, qui est prêt à donner sa vie pour toi, et qui est prêt à sacrifier des mondes entiers pour la chance de passer rien qu’une seule journée avec toi. »
Son débit a été rapide – mais il s’est lancé. Enfin. Et il ne compte pas s’arrêter.
« Je… ne veux rien t’imposer. Ni te gêner. Ni te forcer, bien sûr. Ni… rien. Je ne te demande rien, Jess’, mais je veux que tu saches. Ce qui est. Ce qui a toujours été. Et ce qui sera toujours, je pense. Je… t’aime, luciole. »
Il sourit, alors. Un sourire sincère, puissant – mais perdu, et hésitant. Il a compris ; il a compris qu’elle aussi dispose de sentiments pour lui. Forts. Mais il y a ressentir et assumer ; il y a vouloir et pouvoir. Et, malheureusement, Jessica a souffert d’un Passé terrible, qui peut la bloquer ; qui l’a bloqué. Il comprend, aussi. Et ne veut rien imposer ; il veut juste dire. Vraiment. Pour que la jeune femme sache, enfin, combien elle est merveilleuse pour lui.
AftermathRay Palmer & Jessica Cruz Il y avait, dans le regard de Ray, quelque chose d’immuable. Une promesse, ou une vérité, ou peut-être un peu des deux – mais alors que Jessica s’y perdait, alors qu’elle était encore si nouvelle dans un monde qu’elle apprenait ne pas être si linéaire que ce qu’elle avait toujours pensé, elle crut avec une certitude absolue que ce regard ne changerait jamais, et ce malgré les dimensions, les réalités alternatives et celles qui pourraient être bafouées. C’était un regard à la croisée des temps.
Il lui semblait que, la veille seulement, elle célébrait le premier Dia de Muertos dont elle se rappellerait. Il y avait tant de fleurs qu’elle pouvait presque goûter leurs odeurs sur le bout de sa langue, et la lumière des bougies tout autour d’elle semblait vouloir entrer en concurrence avec celles des étoiles, si haut au-dessus d’elle. Il lui semblait que, la veille seulement, elle quittait le foyer familial. C’était la veille, seulement, qu’elle se lançait dans l’exploration nocturne d’une forêt aux allures encore si accueillantes, et la veille – encore – que ces mêmes arbres devenaient hantés, crochus et affamés. C’était la veille, seulement, qu’elle faisait son premier cauchemar, vivait son premier épisode de dissociation. Elle avait été toute une multitude de Jessica à travers sa vie, chacune d’entre elle marquant un moment précis de son existence, mais à cet instant précis, elles étaient toutes âgées d’un jour, toutes récentes et parfaitement claires dans son esprit. Et c’était elles, c’était l’ensemble, que Ray regardait. C’était Jessica et tout le reste, tout ce qui l’entourait, ce qui traînait autour d’elle, dans son esprit, entre ses doigts – absolument tout qu’il regardait.
Immuable.
Elle détourna le regard un instant, incapable d’en supporter d’avantage. Elle était peut-être une foule entière de Jessica, elle n’avait que deux épaules qui lui semblaient à cet instant bien frêles, et il y avait une limite à ce qu’elle pouvait porter. Ray était en dehors des limites. En réalité, il était en dehors de toutes les limites et ça aussi, ça défiait les lois de l’univers. L’univers, qui avait passé tant de temps à la maudire, et qui, maintenant, la délaissait complètement. Elle était en terrain inconnu.
Elle laissa échapper un léger souffle tremblant, et son regard se posa sur la main que Ray avait toujours sur les draps. Ses doigts étaient légèrement crispés, à cause, probablement, de la position un peu plus redressée qu’il avait décidé d’assumer et qui devaient tirer sur les multiples plaies dont il souffrait. Très certainement à cause du silence qu’elle avait laissé s’installer après tout ce qu’il avait dit. Mais n’entendait-il pas l’écho de ces mots ? Bon sang, c’était tout ce qu’elle entendait elle. Ca, et un sifflement suraigu dans ses oreilles. La Jessica qu’elle avait été quelques instants plus tôt s’était agrippée à cette main un bon nombre de fois. Voilà qui était une décision censée, quelque chose qui défiait les lois de l’univers mais sans provoquer la fin du monde. Elle tendit la main et la referma autour des doigts de Ray, avec probablement plus de force qu’elle ne le voulait.
« Je… » Sa voix la fit tressaillir tant son timbre était rauque, désagréable à l’oreille. Elle se racla la gorge et garda les yeux baissés sur cette main qui défiait peut-être les lois de l’univers mais qui, pour elle, semblait en réalité le tenir, l’univers. Et elle avait failli la perdre.
« J’ai eu si peur, » laissa-t-elle finalement échapper, avant de perdre le contrôle.
Elles avaient été nombreuses, les Jessica qui avaient perdu le contrôle. Trop nombreuses. Mais les larmes et la peur qui la prirent d’assaut et lui agitèrent les épaules de spasmes irréguliers étaient différentes – elles aussi, finalement, défiaient les lois de l’univers. Jessica se pencha en avant et serra la main de Ray dans les siennes, son front pressé contre les jointures.
« J’ai eu si peur, » répéta-t-elle, entre deux hoquets, deux sanglots. « Je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu étais… j’étais si impuissante, si… inutile, et tu saignais… Il y avait tellement de sang ! »
Elle releva la tête vers Ray et tenta, en vain, d’essuyer ses joues au fur et à mesure. Mais les larmes qui coulaient de ses yeux étaient devenus torrents et elle ne contrôlait rien. Avait-elle seulement jamais contrôlé la moindre chose ?
« J’ai eu si peur, » dit-elle une nouvelle fois, comme si ça pouvait excuser quoi que ce soit, alors que ça n’avait jamais rien excusé auparavant. « J’ai toujours peur, et je… »
Elle prit une profonde inspiration et resserra ses doigts autour de ceux de Ray. Son autre main se crispa sur les draps.
« Tu n’as pas le droit de mourir toi aussi, tu comprends ? Tu ne peux pas… Ce n’est pas de ta faute – comment ça pourrait l’être ? Tu m’as sauvée, tu m’as sauvée tant de fois et … Bon sang, Ray, je t’aime tellement, et tu me regardes comme si… comme si… »
Comme si tu étais, toi aussi, immuable. Et il n’avait pas le droit. Pas le droit de faire ce genre de promesse si elle ne pouvait pas être gardée. Il y avait quelques heures à peine, dans une autre vie, elle était entrée dans une forêt le cœur battant à la chamade de cet amour qu’elle ressentait pour ses amis les plus proches – amour qu’ils lui rendaient au quintuple. Il y avait quelques heures seulement, dans une autre vie, elle sortait de cette même forêt le cœur en sang. C’était un fait immuable. Les Jessica qu’elle traînait avec elle, celles que Ray semblait voir et accepter, ne changeraient jamais.
Elle reposa sa main libre sur son cœur, dans l’espoir d’en calmer les battements paniqués. Son regard alla instinctivement chercher celui de Ray, et elle s’y perdit sans l’ombre d’un doute, sans même chercher à lutter.
« Ne meurs pas, » souffla-t-elle. « Ne me laisse pas te perdre… »
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: Aftermath Mar 17 Avr 2018 - 8:04
Un silence profond s’installe après les mots, les déclarations de Ray. Il n’en attendait pas moins.
Conscient des difficultés de Jessica, nées d’expériences traumatisantes dont la majorité ne se serait jamais relevée, il entend… lui laisser du temps ; tout le temps nécessaire. Il ne forcera pas. Il ne brusquera pas. Il n’exigera pas. Mais il dira, ce qu’il pense ; ce qu’il ressent. Car la vie est trop courte. Car les dangers sont trop nombreux. Car tout peut disparaître, trop vite – il faut tout dire, alors. Tout dire, pour ne pas regretter.
Palmer la regarde, quand elle le fixe ; et il ne tente pas de rattraper ses yeux, quand elle se détourne. Elle réfléchit. Elle hésite. Elle se perd, et il le comprend. Le moment est terrible, brutal dans la pureté des émotions et des mots ; nul n’y est vraiment préparé. Encore moins quelqu’un comme Jessica… non pas quelqu’un à qui il manque les clés de la sociabilité, mais quelqu’un qui est unique ; merveilleuse.
Il ne bouge pas, quand elle soupire ; il ne le pourrait pas, de toute façon. La station assise est extrêmement douloureuse et désagréable – mais hors de question d’en prendre une autre. On se redresse, devant une Dame ; et Jessica est définitivement sa Dame.
Cependant, alors qu’il envisage, alors qu’il imagine encore de longs instants de silence et d’immobilisme… elle le surprend ; encore. Toujours. La jeune femme s’empare de sa main, la serrant avec une force terrible ; qu’il prend bien. Car il sait ce qu’elle représente. Et il sait, surtout, quel effort est le sien quand elle se lance – quand elle reprend la parole, malgré la peur et les envies, évidentes, de fuite.
Il la laisse parler, alors. Il ne réagit pas, quand les premiers mots rauques s’échappent de sa gorge. Il ne réagit pas, quand il la sent, quand il la voit sur le point de défaillir. Il ne réagit pas, quand elle évoque les drames qu’ils viennent de vivre, la peur absolue qu’elle a ressentie… par sa faute ; elle le contestera, bien sûr, mais lui en est persuadé – et ne le supporte guère. Il ne réagit pas, non plus, quand elle chasse les larmes de ses yeux… notamment parce que son propre regard est rongé par l’humidité, et l’émotion.
Cependant, lentement, timidement, une émotion passe sur son visage… un sourire ; un sourire tendre et sincère, quand elle exige de lui une promesse. Un serment. Une attention, terrible et touchante, qui veut tout dire – qui dit tout, même si elle ne peut encore aller plus loin ; et ça lui suffit.
Elle parle, encore. Puis pose sa main sur son cœur, et cherche le regard de Ray pour s’y figer ; elle le trouve facilement. Car il l’attendait.
« Je… ne mourrais pas. »
Sa voix est lente, posée. Troublée par l’émotion, elle aussi.
« Déjà, parce qu’il est devenu clair que le Destin refuse absolument que je décède, et qu’il est extrêmement imaginatif pour m’en empêcher. »
Un léger rire s’échappe de sa gorge – mais bref, et très court ; même lui n’entend pas réellement plaisanter avec ça.
« Et, surtout… je ne veux pas. Je ne peux pas. Je refuse. »
En tremblant, il lève sa main valide, dont les doigts sont agrippés à ceux de Jessica.
« Pour… j’allais dire toi, mais non. Pour… nous. »
Il soupire, lourdement. Un poids s’enlève de son cœur ; un de plus.
« Je… j’ai conscience de ne pas… prendre soin de moi, de… chercher les ennuis, et… et je suis désolé. Je vais… faire attention. Vraiment. Tu… m’as sauvé, Jess’. Tu m’as sauvé de Chronos, et tu m’as sauvé… de moi-même. Alors oui, tu peux dire que je t’ai sauvée, tu peux dire aussi que tu n’es pas encore une Héroïne même si c’est faux… mais il y a une chose évidente, Jess’. Tu m’as sauvé. Tu es mon Héroïne. »
Il grimace, mais s’avance et se penche en avant – vers elle.
« Tu ne me perdras pas. Je reviendrais toujours… mais je vais aussi m’organiser pour ça. Vraiment. »
Malgré les douleurs, Ray esquisse un sourire tendre et sincère.
« Je… ne veux plus t’inquiéter. Je ne veux plus… tout ça ; plus autant, plus comme ça. Je… je ne veux plus rien… que… »
Il grimace, et souffre réellement, mais se penche encore et pose son crâne sur celui de Jessica, appréciant le simple contact de leurs peaux.
« … toi. »
Il soupire. De soulagement, de se livrer ainsi ; mais de fatigue, aussi, tant les événements ont été durs, et les impacts terribles sur son organisme. Cependant, alors qu’il sait ce qu’ils viennent de se dire – de faire, il n’a aucun regret. Ça en valait le coup. Elle en vaut le coup, toujours.
AftermathRay Palmer & Jessica Cruz Les premiers mots que lui adressa Ray eurent le même effet que sa voix avait eu, lors de cette nuit fatidique, il y avait de là ce qu’il lui semblait être une éternité. Les larmes qui jusque là lui bloquait la gorge et lui noyaient les poumons se calmèrent, et les sanglots qui avaient tant modifié sa voix s’éteignirent doucement, laissant place à l’attention toujours si profonde qu’elle avait quand Ray se mettait à parler. Elle ne pouvait détacher son regard de lui ou même détourner son attention ; il rendait l’oubli de ses peurs et de ses doutes et leur passage au second plan de son existence si faciles. A dire vrai, il rendait tout bien plus facile que ce à quoi elle s’était habituée ces dernières années.
Elle garda ses doigts serrés dans les siens, et quand il leva leurs mains entre eux pour en souligner la symbolique, elle se rapprocha un peu plus du lit, maintenant assise au bord de son fauteuil. Elle ne le laissa pas les reposer sur les draps, ceci dit : elle planta ses coudes sur le matelas et garda la main de Ray emprisonnée des siennes alors qu’elle gardait les yeux levés vers ce dernier. Elle voyait bien l’émoi dans son regard, elle y voyait de la ferveur, de l’assurance mais plus encore. Elle y lisait sans mal la confiance sans égale qu’il avait envers les propos qu’il tenait. La même confiance qui faisait qu’elle se sentait parfois terriblement chanceuse juste parce qu’elle pouvait s’asseoir près de lui, sur le canapé, et partager le même espace que lui, respirer le même air que lui. Elle voyait dans son regard la conviction sans faille qu’elle avait changé la vie, tout comme elle savait qu’il avait changé la sienne. Si Ray n’avait pas été là, elle serait probablement morte. Ou mourante. Elle avait été mourante de longues années avant qu’il ne rentre dans sa vie.
La façon dont il la regardait, et ce qu’il lui disait… Elle commençait à peine à réaliser que peut-être, peut-être, elle avait aussi changé quelque chose dans sa vie à lui – pour le meilleur.
Elle ferma instinctivement les yeux quand il se pencha un peu plus vers elle. Ses mains toujours closes sur celle de Ray, elle aussi se rapprocha, permettant à ce dernier de venir poser son front contre celui de Jessica. Elle sentait son souffle chaud contre son visage, et sous la couche d’aseptisant et autres médecines qui flottaient dans l’air, il était là. Son odeur, légère mais reconnaissable, l’enveloppait. Il était ce qu’elle respirait, ce qu’elle sentait, touchait et, même avec les yeux clos, ce qu’elle voyait.
« Ray, » souffla-t-elle.
Elle se mordit légèrement la lèvre puis écarta une de ses mains de celle de Ray pour aller la poser sur la nuque de ce dernier. Elle y écarta ses doigts, épousant la courbe parfaite de cette dernière avant de relever la tête. Juste à peine – mais juste assez. Elle pressa un premier baiser sur les lèvres de Ray, puis un deuxième. Le troisième, elle le fit durer, elle l’accentua. Elle arrêta de compter au quatrième, trop électrisée par ce qu’elle ressentait.
« Je t’aime, » finit-elle par dire.
Elle sentit ses mots rebondir sur les lèvres de Ray, si proches, et elle en sourit doucement avant de rouvrir les yeux et de chercher – toujours – ceux de Ray. Ses doigts se perdirent dans les cheveux de ce dernier, sur sa nuque, avant qu’elle ne se redresse complètement et accompagne ce dernier dans son geste après avoir fait glisser sa main de sa nuque jusqu’à ses clavicules. Elle le força, doucement, à se laisser de nouveau aller contre ses oreillers.
« Je ne te laisserai pas mourir. Je ne laisserai rien t’arriver. Jamais. » dit-elle avec sérieux. « Et tant que nous resterons ensemble, tout ira bien. »
Les dernières paroles furent prononcées avec moins d’assurance que les premières, moins de cérémonial, aussi. Sa voix s’éleva légèrement, comme si elle oscillait entre l’affirmation et la question, mais qu’elle doute de ses capacités à protéger l’homme qu’elle aimait de tout son cœur ne changeait rien au fait qu’elle préférait que ses peurs ne se jouent d’elle plutôt que de laisser la main au Destin.
Ce dernier jouait bien trop avec Ray à son goût.
« Je vais t’aider à trouver cette Anita et à comprendre ce qu’il s’est passé, d’accord ? Mais pas tout le temps, pas tout de suite. »
Elle lui esquissa un sourire presque timide et tellement contrastant avec la réalité de ce qu’ils s’étaient échangé et le sérieux qui avait accompagné leur conversation. Se sentant rosir, elle baissa la tête pour tenter – en vain – de le cacher.
« On reste ensemble, » finit-elle par dire. « Je reste là, et toi, tu fermes les yeux. Tu as besoin de repos. » Elle hésita un instant avant d’avouer. « Et moi aussi. Probablement. Ce fauteuil m’a soudain l’air très confortable. »
Elle esquissa un sourire avant de se pencher une nouvelle fois pour déposer un baiser sur les doigts de Ray cette fois-ci. Quand elle releva la tête vers Ray, il y avait, dans son regard, une légère interrogation parmi toute la puissance et la profondeur de ses sentiments.
Situation : Ray n'est plus un super-héros du quotidien, qui lutte contre le crime chaque jour. Il assume cependant une vocation d'aventurier, de super-scientifique... et même de super-héros, mais orienté sur la science et les mystères. Il retrouve ses super-pouvoirs, après avoir réutilisé la bio-ceinture. Habitué au "petit", il entend désormais lever toutes les interrogations sur les détails troublants du monde et de l'Histoire, notamment après avoir découvert des volumes de l'étonnant Guide Planetary. En parallèle, il dirige toujours la Justice Academy, renommée Titans Academy, qui forme des super-héros novices, et aide ceux qui le demandent.
Localisations : Ivy Town.
Inventaire : Vêtements souples de technicien scientifique. Veste bleue, avec nombreuses poches contenant des objets miniaturisés, qu'il peut agrandir selon les besoins. Bracelet au bras, donnant accès à des systèmes informatiques mais aussi à des portails du Microvers (pour voyager plus aisément sur Terre) et de la Time Pool (permettant de voyager dans le Temps).
Combinaison d'Atom, avec micro-ordinateur intégré et relié aux systèmes de la Titans Academy et des logiciels de Ray Palmer. Bio-ceinture intégrée, gadgets divers rapetissés pour qu'il les agrandisse via la technologie d'étoile naine blanche. Masque de protection, défenses et armes essentiellement non-mortelles.
Re: Aftermath Mer 18 Avr 2018 - 8:24
L’instant est fort. Et, pour beaucoup, silencieux.
Jessica et Ray ont beaucoup parlé – et parlent, encore ; mais ils communiquent bien plus que des mots. Par des regards, des gestes, des positions, des attentions, ils se disent beaucoup. Plus qu’avec ces mots.
Leurs mains jointes, leurs corps presque collés, ils se sentent… se respirent ; et apprécient, encore une fois au-delà des paroles. Les paupières fermées, Jessica répond favorablement à son invitation mutique de se lier, et tous deux partagent alors ce contact, ce moment ; si doux. Si pur. Si intense.
Lentement, la jeune femme reprend la parole – souffle, quelques mots ; avec une douceur, avec un charme, avec une sensualité qui le font fondre. Et le font trembler, tout simplement… tout comme le fait qu’elle pose une de ses mains sur sa nuque, alors qu’elle relève lentement la tête. Ils… se voient ; ils ne sont qu’à quelques millimètres l’un de l’autre. Palmer adore cela – et il en frissonne ; d’aise. De plaisir. D’envie, surtout.
Une envie profonde… une envie intense, qui n’a jamais cessé de croître au fil de leur temps ensemble, de leurs échanges, de leurs liens ; de leurs rencontres, et des occasions. Manquées. Jusque-là. Jusqu’à ce moment. Jusqu’à ce baiser – suivi d’un autre, et d’un autre encore, pour transformer ces baisers volés en véritable moment d’union, de plaisir. De fusion.
Les corps s’animent, prennent le relais ; les esprits s’échauffent, et les digues se rompent. Avec soulagement. Ils s’embrassent. Ils s’unissent. Et si elle s’arrête – si Ray ressent soudain un manque et une micro-frustration, ces éléments explosent quand elle parle ; quand elle dit. Les mots. Ceux qu’il n’osait attendre. Ceux qu’il craignait d’espérer. Ceux qui veulent tout dire. Ceux qui le font frissonner, encore. D’aise.
« Moi aussi, luciole… moi aussi. »
Lentement, il rouvre les yeux – pour les poser sur Jessica, et esquisser un sourire… tremblant. C’est vrai. Ce qui se passe… est vrai. Ce n’est pas un rêve. Ce n’est pas un espoir. Ce n’est pas un fantasme. C’est vrai. Elle l’a fait. Elle l’a dit. Et lui aussi. C’est vrai. Bon sang, pense-t-il… c’est vraiment vrai.
« Hughn. »
Il grimace, quand il se redresse légèrement ; les douleurs sont toujours là, même s’il ne veut pas s’y intéresser. Hélas, elles ne lui laissent pas le choix. Lentement, il se laisse guider par les mains si douces et expertes de Jessica – et se recouche, doucement. En esquissant un petit sourire, sincère, en sentant les attentions de la jeune femme.
« Je… je ne me laisserais rien m’arriver non plus. »
Sa voix est un croassement, liée à la douleur ; mais son ton est celui de la sincérité, de la détermination.
« Pis bon… avec une protectrice Green Lantern… il peut rien m’y arriver. T’es la meilleure… j’sais que tu me protègeras. Mais… aussi… surtout… je ne laisserais rien t’arriver, à toi. »
La souffrance revient, puissante et absolue ; mais elle ne l’empêchera pas de rappeler à Jessica, comme il l’a toujours fait, comme il le fera toujours, sa véritable valeur – réelle, définitive, brillante. Elle est une Héroïne ; mais, surtout, elle est son Héroïne.
« Je… okay, Jess’. Okay. On… cherchera. Plus tard. »
Son regard s’est voilé légèrement, quand elle évoque la perte de Chronos – la cause de l’enfer qu’il n’a cessé de vivre ; mais elle a eu raison de le faire. Cela le hantera, il le sait. Jusqu’à ce qu’il ait trouvé, jusqu’à ce qu’il ait empêché cette abomination. Mais cela prendra du temps – et il ne peut le faire seul ; et il a besoin de… l’entendre. De l’entendre de sa part, car elle seule peut réellement l’influencer… lui imposer quelque chose.
« Je… »
Ray veut répliquer. Il veut refuser, sa proposition. Il veut refuser, de se reposer. Il veut refuser, qu’elle reste ici. Il veut refuser, qu’elle ne dorme pas dans un vrai lit. Il veut refuser, car il ne pourrait supporter de la savoir ici, de ne pas bénéficier des meilleurs soins. Il veut refuser ; mais il sait qu’elle ne cèdera pas. Au concours de volontés, il perdra. Et, au fond, il ne veut pas vraiment gagner.
« Okay. »
Il soupire, acceptant et appréciant sa défaite – et esquisse un sourire sincère, malgré la douleur.
« On… se repose. Ensemble. »
Palmer frissonne, encore, quand elle l’embrasse… et sourit, toujours, alors que chaque instant ne cesse de lui rappeler que ce n’est pas un rêve, que c’est la réalité. Que le bonheur, enfin, lui rouvre les bras.
« Hey, luciole. »
Ils se sont installés. Ils se tiennent la main. Il a même déjà fermé les yeux. Mais, avant de dormir, il a encore quelque chose à dire.
« On… reste… ensemble. Autant… autant de temps que tu supporteras… un casse-cou comme moi. J’t’ai… j’t’ai trouvé. J’te garde. »
Ces mots, ces quelques mots peuvent sembler simples et enfantins – mais Palmer y glisse toute l’intensité de ses sentiments, toute la puissance de son émotion ; et il sait que Jessica le comprendra. Car ils n’ont pas besoin de paroles pour communiquer. Alors, ils ferment les yeux. Alors, ils laissent leurs corps s’apaiser, et plonger dans le sommeil réparateur. Alors, ils restent là… à se tenir la main, et à guérir. Ensemble, évidemment.