Irish Mystery [Silver Banshee] Sam 18 Aoû 2018 - 14:36
L'Irlande. Terre d'hommes et femmes fiers, de leur île, de leur culture, de leur langue, de leur Histoire. Terre de guerriers et guerrières, qui ont acquis à la dure une quasi-indépendance face à un conquérant qui a remporté tout son espace géographique. Terre de fêtes, de plaisirs, d'emportements, d'alcools, et de folie. Terre de mythes et de légendes, aussi. Que la modernité n'a pas entièrement pu chasser.
Et rares sont les Irlandais moins liés à cet Autre-Monde que ceux de la province de Munster, dans le conté de Cork... et dans la ville de Kilcrohane. La cité la moins peuplée d'Irlande, située à l'extrême Sud-Ouest de l'île ; et, même si les habitants diront d'abord le contraire, la zone la plus mystique de la perle d'émeraude.
Possédant uniquement cent vingt-sept âmes, donnant sur la mer mais aussi des pics montagneux, Kilcrohane a été longtemps tournée vers la pêche, et la survie simple et claire. La modernité a amené des touristes, attirés par son aspect de cocon et d'agréable parenthèse dans un monde qui va trop vite ; mais eux aussi en partent rapidement, après en avoir profité... et compris que la ville n'apporte finalement pas grand-chose. Hormis à ceux qui savent voir, bien sûr.
Depuis toujours, Kilcrohane est un pont, entre ce monde et l'Autre-Monde. Démons, gobelins, diablotins, leprechauns, fées et autres créatures magiques ont toujours utilisé ce lieu pour aller et venir, et ensemencer l'imagination des Hommes. Le fait que ces derniers se soient tournés vers la Science a pu gêner ce peuple ailleurs... mais cette ville, par sa petitesse, par aussi sa tradition, a gardé ce lien si fort avec eux.
Kilcrohane demeure une ville touchée par la Magie. Et cela rend les derniers événements bien plus troublants.
En effet, depuis peu, plus aucune créature n'apparaît. Plus de visite, plus de marchandage, plus de piège, plus de compromis, plus d'échange ; plus rien. Les habitants, qui ont basé leur quotidien sur cette communication, sont troublés, et inquiets. Les jours passent. Le moral baisse. L'inquiétude monte. La peur gronde. La panique menace. Et le Maire décide, alors, d'agir.
Craignant le pire, la disparition de ce portail sur lequel Kilcrohane a basé son existence, il sollicite l'aide de spécialistes ; spécialistes de l'étrange et du mystérieux. Les Challengers of the Unknown. Hélas, il l'ignore, les Challengers ont tous péri quand l'organisation a été localisée à Ivy Town, et le quartier-général emporté par une explosion liée à une aventure de leur meneur d'alors ; Mister Miracle.
Ce dernier, un temps pourchassé pour avoir trahi la Justice League, s'est fait plus discret, et son statut légal demeure mystérieux ; mais il reste à l'écoute, notamment des demandes d'aide sur les anciennes lignes des Challengers.
Un contact a été noué, alors. Un rendez-vous a été pris. Et, à l'heure dite, les habitants de Kilcrohane attendent, sur la place principale, la venue d'un sauveur espéré ; ils ne vont pas être déçus.
« Helloooooo l'Irlande ! »
Un choc sonique, une crise visuelle, un vortex qui s'ouvre – et le Tunnel-Boum libère son passager... … un fort surprenant Mister Miracle – en civil, en Scott Free, mais avec un sens du goût et des couleurs bien étonnant !
« Il y a quelque chose d'étrange dans le voisinage, qui appelez-vous ? MISTER MIRACLE ! »
Un grand éclat de rire joyeux l'emporte, alors que les irlandais restent surpris et choqués ; ce n'était peut-être pas une bonne idée d'appeler un scientifique considéré par beaucoup comme dément pour les aider, finalement...
Lorsque l'on regarde une carte de l’île d’émeraude, on peux constater que Kilcrohane est à l’extrême opposée du château en ruines de Castle Broen. En effet une diagonale peux être tracée entre cette pointe à l’extrême sud ouest et l’île des McDougal située à mi chemin entre l’écosse et l’Irlande. Mais cet éloignement géographique n’altérait pas les connaissance que les entités mystiques pouvait avoir de ce paisible village trempé dans le folklore le plus pur, et à la manière de gobelins et des leprechaun la Banshee était l’une d’elle. Il lui arrivait de voyager entre les plans d’existence féerique pour y rencontrer Crone mais elle n’avait pas besoin du portail de Kilcrohane. Cependant elle avait vite entendue parler de la fermeture de cette porte vers un autre monde, et s’était rendue au village pour comprendre ce qu’il se passait.
Les pubs Irlandais sont de réputation mondiale pour leur ambiance, et Kilcrohane en avait comme de nombreux villages de l'île un attirant bien des touristes à la recherche d’une atmosphère typique. Cependant un autre attirait moins de monde, moins de gens de passages et davantage des natifs de la région ou de la ville. Un lieu obscur aux fenêtres couvertes, tamisé par une lumière rouge. Ici les gens du coin étaient entre eux et pouvaient se risquer à parler d’avantage de gobelins et de magie. Et depuis peu les questions y allaient bon train sur ce que deviendrait la ville privée des manifestations mystérieuses qui en faisaient toute la spécificité. Le maire semblait inquiet, comme ses administrés.
C’était dans ce pub que Silver Banshee était venue. Elle n’était pas ici dans son apparence magique, sans quoi le lieu se serait bien vite vidé. Pour parvenir à y glaner des informations elle avait vêtue un grand manteau de cuir noir à la doublure de velours. De discrets motifs celtiques cousus main décoraient le tissu de la doublure verte qui servait aussi de col à cette tenue discrète. Elle portait au cou un collier noir avec un médaillon dont seul un œil expert reconnaîtrait qu’il a été l’objet d’une fauche chez une riche héritière anglaise il y a quelques années de cela.
Sa longue chevelure était lissée, et son visage avait été quelque peu maquillé non pas pour lui donner une apparence plus humaine mais pour rendre les tatouages de son visage moins effrayants. A grand renfort de crayon et de fond de teint son visage était harmonieusement arrangé. Elle en devenait tout de suite moins effrayante, et même plutôt sexy pour quiconque s’imaginerait qu’il ne s'agit là que d’une grande originale à la peau pale adepte de tatouages folkloriques dans un style gothique. Il fallait d’ailleurs être sacrément bizarre pour porter de grandes lunettes noires dans l’obscurité du pub. C’était sans doute pour tout cela que le lieu n’était pas vide, et même que chose plus rare un homme parlait avec elle devant une bière, adossé au comptoir. Il s’appelait Thomas, il avait déjà bu une pinte de trop et il s’était senti pousser des ailes pour l’aborder.
Les mains jointes devant la bière qu’elle avait acceptée qu’il lui offre, elle riait à pleines dents blanches à ce qu’il pouvait lui dire, passant sa main dans ses cheveux comme savent si bien le faire les expertes en séductions, et ne parlant pas trop. Pourtant elle n'était pas experte, elle était fichtrement mal à l'aise et son cœur magique battait plus vite qu'a l’accoutumée. Elle aimait qu'on s'adresse à elle de la sorte, et ce jeu qui se refusait d’ordinaire à elle et son effrayante apparence. S’asseyant ici pour glaner des informations elle ne se serait pas attendue à ce qu’un homme quitte son groupe d’ami assis sur une banquette un peu plus loin pour venir lui parler, et qu’il se prête ainsi au jeu de la séduction avec la grande et belle inconnue. C’était bien parce qu’a ce moment elle se sentait désirée qu’elle souriait avec une telle franchise à ce qu’il pouvait dire.
“...et vous faites quoi dans la vie?”
“Je suis musicienne, à Dublin.”
“Çà fait longtemps que je n’y suis pas allé j’aimerais bien…”
Alors qu’il souriait lui aussi à pleine dents après avoir bu un coup dans sa chope de brune il voyait l’un de ses amis assis sur la banquette du fond lui faire signe. Il avait des gros yeux, comme si Thomas était en train de faire une connerie.
“Excusez moi je sais pas ce qu’ils ont…je reviens tout de suite surtout vous ne bougez pas!” D'accord je vous attends là...
Il laissait Siobhan seule, et alors qu'il passait à coté d'elle elle passait sa main sur sa nuque, ses cheveux tombant sur le comptoir. Elle avait très bien entendue la teneur de la conversation de ses amis. Et l’entendrait à nouveau aisément malgré les discussions autour. L’homme retournait à sa table.
“Eh bien quoi, vous avez vu la fille que c’est? La vache on en vois pas souvent des comme çà dans le coin...”
L’un deux semblait effrayé, il l’attrapait par la main pour le faire s’asseoir à coté de lui parlait à son oreille. Thomas éclata brusquement de rire.
“Hahaha c’est la meilleur çà bande de jaloux! ” Un autre s’adressait à lui à grand renfort de gestes et de simagrées pour qu’il soit plus discret. Pendant ce temps là Siobhan n’avait pas à les regarder pour entendre toute la discussion. Elle savait que sa malédiction la poursuivrait partout et pour l’éternité. Elle serait dotée de l'immortalité et de pouvoirs formidables mais aussi de cette apparence qui la mettrait au ban de la société. Mélancolique elle regardait les gens qui parlaient autour d’elle. Elle entendait depuis ce midi quelques mots au sujet d’un “ Mister Miracle”. Cela éveillait son intérêt et la sortait de cet instant de déprime. Le Mister Miracle? Au fond du pub Thomas commençait à avoir un doute sur la fille avec laquelle il croyait avoir un ticket.
“...elle s’appelle Siobhan c’est une musicienne de Dublin. Elle a l’air d’une originale mais vous y allez fort.”
“Ah oui et pourquoi tu lui demande pas d’enlever ses lunettes alors? Il parait que la Banshee à des yeux blancs comme la lumière qu'on voit quand la mort nous appelle...”
Thomas terminait sa bière, mal à l’aise. Il transpirait d’inquiétude. Peut être avait il trop pu pour ne pas se rendre compte d'a qui il parlait.
“Si c’est la Banshee je vais certainement pas lui demander d’enlever ses lunettes...je me tire.”
“Ok mais on fait çà discrètement bro'.”
Ils hochaient la tête et quittaient le pub en même temps de manière précipitée. Dehors les gens commençaient à s'attrouper sur la place du village, attendant la venue du héros annoncé. Accoudée au comptoir, le regard de la banshee se perdait sur les bouteilles de spiritueux alors qu'elle entendait distinctement chaque conversation.
"...c'est peut être à cause d'elle que le passage vers l'autre monde est fermé. Après tout elle en viens à ce qu'on dis"
"Elle me fait froid dans le dos"
"Avec Mister Miracle je pense qu'on aura une solution au mystère"
"Moi je ne reste pas là si il y a du grabuge je veux pas devenir sourd"
Siobhan enleva ses lunettes pour révéler ses yeux blancs. Elle avait beau être une perfide manipulatrice dotés du pouvoir de tuer n’importe quel être vivant dont elle connaîtrait le nom, elle n’en aspirait pas moins à des choses ordinaires. Comme ne pas être une pestiférée, et se sentir désirée. Et toutes les fois où elle voulait vivre un semblant de vie ordinaire elle le payait de diverses manières accentuant sa rancœur et sa haine des autres. Elle sortit aussi dehors pour voir ce fameux Miracle arriver. Passé un choc sonore et visuel il faisait le show pour les habitants du village amusés de son entrée. Adossée au mur du pub les mains dans les poches de son grand manteau, la perche de deux mètres grimaçait. Elle avait déjà vue des photos de Mister Miracle mais jamais elle n’avait vu son vrai visage. Si ce qu’il se disait était vrai c’était un êtres potentiellement très dangereux pour cette terre. Les gens riaient à sa venue, comme si c’était une fête. Qu’ils fassent ainsi confiance à cet étranger issu d'une race de prédateurs était à désespérer.
Le village de Kilcrohane apprécie et acclame la venue de Mister Miracle. Ce qui est une erreur, mais fait plaisir à l’intéressé.
Ce dernier, avant d’être un aventurier et un membre de la Justice League, a été connu comme un artiste de cirque – un maître de l’évasion, dont les prestations ont été éclipsées par ses faits Héroïques ; mais uniquement en Amérique. En Europe, et dans le reste du monde, l’influence des sauvetages et combats est moindre… et fait pâle figure face à l’ampleur des réussites commerciales et critiques des spectacles de Scott Free.
Héritier de Thaddeus Brown, il s’est produit dans toutes les grandes salles, tous les pays – mais, aussi et surtout, les zones les plus modestes, les lieux les plus reculés. Populaire, dans le sens noble du terme, l’artiste est connu et apprécié pour cela, et ses capacités d’aventurier ne sont qu’accessoires ; même si elles justifient, pleinement, sa venue ici.
« Merci, merci… merci beaucoup. C’est trop. »
Le brouhaha est constant, absolu ; désagréable. Arrivé comme une rock-star, le Néo-Dieu avait conscience qu’il ameuterait la populace, via ce moyen de téléportation – mais il ne pensait pas provoquer un tel émoi. Les gens hurlent, applaudissent, veulent lui serrer la main, demandent des autographes ; ce qui est très flatteur, mais commence à le gêner, et surtout l’éloigne des véritables impératifs de sa venue.
« Merci, merci, merci… merci… c’est trop… »
La foule le presse ; l’oppresse. Et cela lui rappelle de bien sombres souvenirs – ceux de son enfance, sur Apokolips. Où, dans l’Orphelinat de Granny Goodness, les formés étaient forcés à se placer dans des fosses bien trop petites, où tous se poussaient, s’écrasaient les uns sur les autres ; à dessein. Ces événements étaient organisés pour réduire leur nombre. Seuls les plus forts survivent… et Scott Free n’y est parvenu qu’en adoptant des attitudes qu’il réprouve, et qui le hantent. Encore aujourd’hui.
« C’est… je… merci, mais… »
Touché, collé, gêné… troublé ; angoissé. Il ne le supporte plus. Il ne peut plus le supporter.
« MERCI ! »
Son hurlement surprend la foule – mais moins que sa réaction suivante. Désormais au-dessus du sol, lévitant grâce aux deux Aéro-Disques qu’il a fait apparaître sous ses chaussures, de marque Convers, il arbore un sourire immense, mais complètement feint ; et reprend à peine le contrôle, loin de cette horde.
« Merci, merci. Vous êtes adorables. »
Les locaux sont troublés, et gênés ; et rappellent que l’adoration peut rapidement virer au rejet, si rien n’est fait pour l’empêcher.
« Et vous méritez, pleinement, le meilleur de moi-même. »
Tenant encore sa Boîte-Mère, il communique télépathiquement avec elle – et plusieurs petits Tunnels-Boum apparaissent, libérant des dizaines de flyers à son image, disposant d’autographes. La foule, alors, rugit ; de plaisir, heureusement.
« Merci, merci… maintenant, passons aux choses sérieuses, okay ? Le travail avant le plaisir ! »
Scott Free flotte plus loin, et vient se positionner à l’intérieur de la Mairie, où le Maire vient le rejoindre après avoir récupéré ses flyers ; le temps de la discussion, et de l’exposé, est venu. Quelques autres notables de la ville se reprennent aussi, tandis que la populace continue de s’acharner sur les autres goodies libérés par les vortex de téléportation. Le Néo-Dieu en profite pour disparaître dans le bâtiment… mais non sans avoir, légèrement, baissé ses lunettes de soleil, pour adresser un regard long et sérieux à quelqu’un, dans cette foule. Quelqu’un qu’il a repérée, qui ne s’est pas laissée happer par la folie, et qui ne s’intéresse guère aux flyers. Quelqu’un qu’il a, directement, identifiée comme différente – mais, pas forcément, menaçante. Silver Banshee ; Mister Miracle adresse un long regard à la jeune femme… qui vaut comme invitation, bien sûr.
L’aventure va débuter ; elle en entend l’appel. Va-t-il y répondre ?
Pour un show c’était un show. Ils applaudissaient le saltimbanque au point qu’il semblait soudain perdre son calme. Mais une fois les gens plus silencieux il reprenait son ton avenant et aimable, puis atterrissait sur le sol. Il avait distribué par téléportation des publicités pour son spectacle, Banshee en attrapait un et feuilletait rapidement. Un bouffon. Un néo dieu devenu bouffon. Pour Siobhan c’était proprement incroyable qu’un tel pouvoir soit inexploité. Pourtant les hommes n’avaient ils pas tendance à abuser de leurs capacités dès lors que rien ne pouvait les arrêter? Ah oui. Ce n’était pas un homme ordinaire répondront certains. Mais elle goûtait mal cette insouciance de façade, ce fard posé sur cet alien pour en faire un farfelu symbole de légèreté. Elle serrait les dents en le scrutant. Bien sûr qu’il y avait quelques choses de moins beau sous ce vernis coloré. Banshee en était persuadée, restait à le passer au white spirit. Et la force ne servait à rien mal employée, il n’y avait pas de secret. Il faudrait apprendre à connaitre Mister Miracle. Il volait vers la mairie et Silver Banshee avançait dans la rue, les mains dans les poches. Des personnes s’éloignèrent d’elle en chuchotant qu’il valait mieux s’en aller. Pauvres sots.
“Je suis là pour votre protection cessez ces yeux d’ovins.”
Il baissait ses lunettes et la regardait avec insistance. Une invitation à le suivre? Cette race vicieuse préférait sans doute sortir des couteaux de nulle part plutôt que des lapins de chapeaux, mais elle le suivrait tout de même. Alors qu’elle avait partiellement cassée l’ambiance elle entrait dans la toute petite mairie, baissant la tête pour ne pas se cogner en haut de la porte. Arrivée à coté de Mister Miracle elle le regardait de prêt. Pas bien grand le Néo Dieu, a croire qu'il avait été produit à l'échelle de la mairie. Mais il ne fallait pas juger à cela. Nombre de grands guerriers ayant marqué l’histoire étaient considérés comme des nabots par leurs confrères, avant qu’ils ne découvrent à quel point ils étaient dangereux. Elle sortait ses mains de ses poches et saluait le maire.
“Monsieur le maire, si je peux vous aider à solutionner votre problème…”
Elle tournait sa tête lentement vers Mister Miracle.
“...Sait-on jamais il faudra peut être plus que le son et lumière d’un gitan de l’espace.”
Elle souriait , mais pas le genre de sourire sincère qu’elle avait pu avoir quelques minutes plutôt. On était là dans la pique totalement gratuite destinée à tester le sens de l'humour de quelqu'un qui aurait toute légitimité à ne pas en avoir. Car la puissance avait parfois ce coté grisant rendant susceptible.
La foule continue de s’intéresser aux flyers et autographes, tandis que Scott Free et une petite délégation pénètre dans l’encore plus petite Mairie. Seule vingt personnes peuvent tenir dans la salle unique, et douze y sont alors ; cela fait déjà beaucoup.
Alors que le Maire accueille chaleureusement son invité de marque, et que les autres notables – commerçants, anciens responsables, lettrés, etc. – comparent leurs meilleurs compliments, l’objet de leur intérêt se place non pas sur la chaise présentée, mais sur la table qui devait leur servir de base. Accroupi, presque comme un adolescent rieur, il sourit derrière ses lunettes sombres, et a rangé sa Boîte-Mère là où nul ne peut la voir ; mais tout change, quand celle qu’il a silencieusement convoquée les rejoint.
La population locale frissonne de concert, quand Silver Banshee arrive, et propose son aide. Tous les regards convergent ensuite vers Mister Miracle, après la pique lancée par elle, dont le sourire feint ne trompe personne. Ils attendent une réplique, une réaction ; un nouveau tour. Ils seront déçus – mais le tour est bien réalisé, cependant. Hélas, à leurs dépens.
« Ní féidir leo níos mó a chloisteáil linn. »
Le Néo-Dieu parle… en Gaëlique. La langue locale ; la langue de l’Irlande. La langue du mythe et de la légende.
« Tá siad reoite le linn an ama is mian liom. »
Lentement, il se tourne vers elle, alors qu’il continuait de fixer une autre direction. Encore accroupi, il baisse légèrement ses lunettes de soleil, pour les faire glisser sur son nez ; un sourire immense glisse sur son visage, plein de provocation enfantine.
« Tháinig mé chun cuidiú leis an talamh seo. Ní lorg mé coimhlint ná iomaíocht. Ba cheart dúinn comhoibriú chun cuidiú leis an talamh emerald. »
Il finit par sauter de la table, et s’approche de Silver Banshee. Derrière et autour de lui, les douze habitants de Kilcrohane demeurent figés, bloqués dans le Temps et l’Espace ; magie et merveille de la Boîte-Mère.
« Tá mé Mister Miracle. Tagann mé chun cabhrú leat. Agus sílim gur cheart go mbeadh eolaíocht agus draíocht ag cabhrú lena chéile uair amháin. »
Scott s’avance, et effectue une révérence respectueuse, avant d’offrir sa main vers elle.
« Bhraith mé fuinneamh láidir chosmaí anseo. Fuinneamh ó domhan eile - ach ní ó do Dhíol Eile. An aontaíonn tú cuidiú liom? »
Les choses sont claires, le discours cohérent ; avec un léger accent, mais l’effort est réel, et sincère. A voir, donc, la réaction de Silver Banshee. A voir si la Magie acceptera de traiter avec la Science, pour le bien commun !
Elle avait beau ne pas avoir payée sa place pour voir ce spectacle s’en était pourtant bien un. Miracle avait figé toutes les personnes dans la pièce et lui parlait en gaélique. Avec un accent certes mais comme s’il le pratiquait depuis des années. Il faisait un peu le pitre , peut être une façon de désacraliser de tels pouvoirs? Mais ce qu’il disait était beaucoup plus sérieux, il proposait à Silver Banshee une sorte d'alliance temporaire. Elle regardait sa main tendue et comprenait: Miracle était quelqu’un faisant un boulot sérieux sans se prendre au sérieux. Il y avait presque un coté touchant à cela, mais elle ne se laissa pas attendrir pour autant. Ce serait quand ils auraient tous baissés leur garde que ces envahisseurs prendraient le pouvoir, heureusement qu’il restait des entités comme elle pour rester vigilantes. Elle tendait la main à Scott en tâchant de montrer ses dents pour sourire, mais riait un peu jaune. Car peut être était il capable de la figer elle aussi comme les autres après tout.
"Maith go leor, tá mé leat. Silver Banshee. "
Elle touchait la main du Neo-dieu en dissimulant mal un instant de frayeur. Car elle était en contact avec quelqu’un qu’elle avait maintes fois fantasmée de transformer en squelette, à un point que s’en était devenu une fixation fétichiste. Elle eu un léger sursaut en constatant qu’elle était toujours là, et commença à remuer sa main plus énergiquement avant de lâcher celle de Scott.
“Hum...voilà les présentations sont faites.”
Elle ne comptait pas s'éterniser là dessus, elle avait plus d’une fois faite cause commune avec Supergirl et Superman qui l’avaient aidée, et ce n’était jamais bon pour l’ego que vos adversaires vous prennent en pitié. Et diable qu’elle était fière la Siobhan, une vraie tête de mule. Elle mettait ses mains dans ses poches avec un léger, que dis-je un infime début de commencement de sourire gêné, prête à écouter Miracle et le maire.
Mister Miracle a conscience de l’identité de son interlocutrice ; Silver Banshee. Un mythe. Une légende. Une ombre. Une menace, clairement. Mais une entité mystique qui, s’il a évidemment du mal à la comprendre et à l’appréhender, aura ici une utilité indispensable, incontournable pour réussir cette mission ; cette aventure.
Ainsi, il attend avec une légère tension sa décision – mais esquisse un grand sourire sincère, quand elle accepte sa proposition, et lui serre la main. Le contact est surprenant, un peu gênant, mais permet de les lier ; de nouer leur alliance, au moins temporaire.
« Gabhaim buíochas leat. »
Puis, le contact s’arrête – et les présentations aussi. Place à l’action. Ou, plutôt, à la reprise du prologue.
Sans prévenir, Scott Free réactive le Temps pour les notables et le Maire, et évacue rapidement leur surprise de le voir debout, et près de l’invitée peu appréciée, par une pirouette verbale dont il a le secret ; un domaine qu’il maîtrise. Rapidement, un plan est mis en place… et il est simple. Kilcrohane et ses habitants laissent Mister Miracle et Silver Banshee faire ; sans implication, sans tentative d’aide. Ils les laissent agir, et tous leur permettent de pénétrer dans les maisons, d’enquêter où bon leur semble.
Bien sûr, plusieurs voix se font entendre, moins pour contester le plan que pour montrer le besoin d’exister de quelques habitants ; mais elles sont rapidement tues par le Néo-Dieu, dont le charme opère aisément. En moins d’une heure, il a réussi à exfiltrer la population locale de l’enquête, et part avec un blanc-seing pour agir comme il le souhaite ; une réussite. Mais qui a duré, quand même.
« Okay… une bonne chose de faite. »
Il se tourne vers son alliée, et esquisse un petit sourire.
« Soyons honnêtes : hormis la présence de cette énergie cosmique, je n’ai aucune raison d’être ici. Je ne connais rien à la Magie, et je suis franchement réfractaire au mysticisme ; mais ces gens m’ont appelé, et vous êtes là. Si mes systèmes tentent, en vain, de retrouver cette fameuse énergie, je préconise d’enquêter sur cette disparition de Magie, okay ? »
Il baisse légèrement ses lunettes sur son nez, pour plonger son regard sur le visage de l’entité, éternellement jeune.
« C’est votre domaine, alors ; je serais l’assistant pour ce tour, okay ? »
A nouveau, Mister Miracle semble prendre tout à la légère, en menant des parallèles surprenants, notamment sur la prestidigitation ; mais ce n’est qu’un leurre.
Le Néo-Dieu, même s’il a du mal à la comprendre, connaît l’importance de la Magie dans l’Univers, et notamment sur ce monde – sans elle, l’équilibre des forces s’effondrerait, et c’en est hors de question. Mais, comme il l’a décidé depuis bien longtemps, il entend aborder la vie avec plaisir et joie… pour lutter contre un destin, un Passé contraires ; rire plutôt que pleurer. Et agir, quand il le faut.
« Allons-y ! »
En souriant, Scott emmène son alliée vers la zone où, pour la dernière fois, un phénomène magique a été relevé ; une apparition de Leprechaun. Dans la forêt bordant Kilcrohane. Mais, alors qu’ils s’avancent vers cette partie de la région, tous deux découvrent cette fameuse étendue d’arbres… … et, soudain, le Néo-Dieu pressent quelque chose ; un mauvais sentiment. Qui ne lui inspire rien de bon, pour la suite…
Mister Miracle avait réussi à convaincre le village de leur laisser les moyens d’investiguer, et sa réputation n’y était pas pour rien. Au terme de ses efforts d’une heure environ il s’adressait à Silver Banshee en lui indiquant qu’il n’y connaissait rien au mysticisme, et n’était venu ici qu’a cause de l'energie cosmique qu’il avait détecté. Siobhan l’écoutait parler en pensant que cette énergie d’origine “ extra-terrestre” était inquiétante. Chacun avait ses sources d’inquiétude après tout. Il proposait qu'elle l'aide pour ce qui serait de la magie.
“D'accord. Je pratique la magie mais je n'ai pas la connaissance des plus grands.”
Il affichait une bonne humeur qu’il espérait peut être communicative, le spectre se déridait pour lâcher un sourire mais ce ne fut que fugace. Les chimpanzé souriaient à leurs congénères pour obtenir un sourire en retour, le but était de se rassurer sur la bienveillance de chacun. Une façon de dire “ Tu peux avoir confiance en mes intentions, et toi je peux te faire confiance?” Et l'humain comme apparemment certains aliens trop influencés par eux avaient le même comportement. A moins que les Neo dieu aient pour ancêtre des singes eux aussi? Dérangeant. Mais autant dire que quand la convention sociale consistant à rendre un sourire n’était pas suivie cela pouvait être extrêmement malaisant. Du chef d’état créant un incident diplomatique en tirant la tronche devant les photographes à la collègue de travail outrée qu’on ai pas fait l’effort de mentir sur le dégoût qu'elle peux inspirer, la populace comme les élites prenaient cette convention au sérieux. Autant s’y prêter çà marchait bien, ou en tout cas depuis que la Banshee souriait elle avait remarquée que le courant passait un chouia mieux. Miracle semblait décidé à découvrir la vérité, il emmenait Siobhan sur le lieu où la dernière manifestation magique avait été identifiée.
Ils arrivaient devant une forêt où parfois des leprechaun étaient observés par les habitants de Kilcrohane. Mais alors qu’ils y entraient le Neo dieu s’arrêtait subitement. La Banshee se préparait elle aussi à ce que les choses se passent mal. Elle tourna doucement sur elle même comme une danseuse contemporaine et son manteau comme ses bijoux disparurent dans une légère lumière blanche avant d’être remplacés par son costume magique, et ses boucles d’oreilles en os humain. Un son sortit de sa bouche, un son qui n’avait rien d’humain. En quelques instants un petit écureuil roux sorti de l’un des arbres pour courir sur une branche et se poster face à elle dont il n’avait pas peur. Car de la même manière que les animaux de ce monde Banshee était liée à Gaïa, la divinité primordiale.
“Bonjour à toi. Saurais tu où sont passés les Leprechaum de cette forêt, et as tu vu des choses sortant de l’ordinaire récemment?”
La Banshee parlait la langue de la plupart des animaux de l’Irlande, et si elle passait plus de temps à l’étranger elle découvrirait celle d'autres espèces aussi facilement. Les écureuils avaient un peu plus de discours que les oiseaux marins prés de chez elle dont la conversation tournait autour de la bouffe mais ils n’étaient pas non plus des génies. La plupart du temps surexcités comme s’ils avaient un besoin pressant d’une dose de crack, il fallait s'accrocher pour en caser une.
Spoiler:
Silver Banshee Interroge un écureuil sur ce qu'il se passe
Un accord a été trouvé entre Silver Banshee et Mister Miracle, ce dernier tentant de le consolider par ses manières joyeuses, et par un exercice d’humilité, en avouant son incompétence magique et en invitant son alliée à prendre la main. Et l’entité mystique répond, alors, en souriant vaguement, et en acceptant, même avec un bémol sur sa propre compétence ; mais cela ne va guère plus loin.
Tous deux viennent de mondes différents, et évoluent dans des domaines différents. Sans aller jusqu’à les opposer, il est clair que leurs modes de vie les différencient, et en font des points séparés par, quasiment, une extrême infinie. Logique, alors, que ni l’un, ni l’autre ne soit à l’aise dans cette alliance improvisée.
Cependant, ils avancent malgré tout, et se projettent dans la forêt entourant Kilcrohane ; qui, très vite, perturbe Scott Free… et son alliée. Mais celle-ci réagit d’une façon qui, par principe, intensifie cette perturbation.
« Mmh… ? »
En un instant, sa camarade tourne et se transforme – révélant, devant lui, la véritable Silver Banshee ; impressionnante, envoûtante, mais clairement menaçante. Et elle ne s’arrête pas là.
« Mais… »
Un son, étrange et incompréhensible, s’échappe de sa bouche. Le Néo-Dieu est surpris, troublé, et recule d’un pas par réflexe, en ne comprenant pas ce qui arrive – et en craignant, un peu, cette fameuse Magie. Qui, finalement, se révèle non pas dangereuse, mais totalement stupéfiante.
« Ho. »
Un écureuil ; Silver Banshee a appelé un écureuil… et communique avec lui. Sans blague.
« Hooo. »
Scott Free est impressionné, et esquisse un immense sourire devant le spectacle de l’échange entre l’entité, en apparence une jeune femme, et un animal. C’est sublime ; littéralement, sublime et merveilleux… même si, lui, ne peut rien comprendre des petits bruits de l’écureuil !
« Ils ont fui. Ils ont fui avec tous ceux qui peuvent fuir car ils sont chassés. Chassés par les pas-hommes. Chassés par les pas-hommes qui font peur aux hommes. Chassés, chassés, chassés. Chassés car ceux qui n’ont pas fui sont pris. Pris et emmenés. Pris et emmenés dans la boule-qui-est-monde. Pris et emmenés là-bas. Pris et emmenés là-bas, que les pas-hommes appellent Transilvane. »
« Hum, ma chère ? »
Mister Miracle sent bien qu’interrompre cette discussion est une mauvaise idée – mais il n’a pas le choix, hélas.
« Je crains d’apercevoir, je pense, une partie des réponses du mystère qui nous occupe. »
Scott Free désigne, de l’index, une zone sur la droite – sombre, remplie de branches, mais où l’on peut apercevoir des formes ; une silhouette, même. Une silhouette qui se détache finalement des ténèbres… … une silhouette qui, soudain, augmente encore le niveau d’étrangeté de cette aventure !
Il n’y avait pas que l’origine de leur monde qui était si différente, ils étaient aussi opposé par le caractère, peut être même plus opposés que Silver Banshee et Superman. Superman était l’espoir, et bien qu’il fut Kryptonien l’humanité dans ce qu'elle avait de meilleur. La Banshee était elle associée aux“ femmes pleureuses”, une tradition médiévale consistant à ce que des femmes aux longs cheveux dénoués et aux pieds nus accompagnent les cérémonies funéraires de leur mélopées funèbres, des pleurs mis en scene et parfois même rémunérés destinés aux morts. Là où le prestidigitateur s'évertuait à donner de la joie et de l’émerveillement avec du chiqué , une "bean chaointe" n’avait pas pour autre vocation que d’accentuer la détresse autour d’elle avec autant de bullshit, cherchant à ce que le désespoir d’une mort touche le maximum de gens. Ainsi nombre de femmes se travestirent en banshee à travers l’Irlande jusqu’a ce que l’église catholique l’interdise. Peste soit le Vatican, elles s’inspiraient pourtant de la meilleur des façons. L'Écureuil répondit et Mister Miracle semblait surpris. Avec tous les tours qu’il avait du voir il parvenir à émerveiller encore aujourd’hui. Siobhan n’en était pas peu fier, il est vrai que s’il maîtrisait les langues peut être n’en était il pas arrivée à pouvoir converser avec le monde qualifié de “ non intelligent”. A tord, bien entendu. S’ils étaient moins intelligents ce n’était pas pour cela qu’ils ne l’étaient pas. Ils étaient très inégaux c’est tout, les conversations avec les criquets sont d’un ennui mortel, ils n’ont pas trois mots de vocabulaire. Mais déjà passe t’on au cerf que des messages à peu prés construits peuvent être entendus. "J’ai faim, j’ai peur, j’ai vu un homme, j’ai mal à la patte car l’homme a tiré dessus avec le bâton à tonnerre, l'homme sème des canettes de bière derrière lui alors que çà ne pousse pas, est il si intelligent que çà?...".Et discutez avec un setter irlandais que çà deviens très vite un festival. Et vas-y que je te parle de mon maître, que je te décris tous ses amis, comme il est bon, comment le chat de la voisine est une plure, que la maîtresse a un amant et que j’adore le salami. L’écureil répondait, speed comme il le sont tous. Et ce qu’il disait parlait bien à Siobhan. Alors qu’il finissait sa réponse une silhouette émergeait d’entre les bois sombres.
“Si j’interprète correctement des vampires sont venu enlever les leprechaun et les ont emmenés en Roumanie.”
Siobhan aimait plutôt bien les vampires. Certes elle n’avait jamais parlée avec eux mais elle en avait déjà croisée et ils avaient à son sens beaucoup de points communs avec elle. La littérature victorienne les avait fait connaitre par Bram Stoker et son “ Dracula” grandement inspiré de faits réels, mais elle n’avait même pas lu ce livre. En revanche elle avait dans sa bibliothèque du château un exemplaire original de “Carmilla” de l’écrivain du pays Joseph Sheridan Le Fanu. C’était lui qui quelques temps avant Stoker fut le premier à réellement récolter des informations sur les vampires pour faire frissonner les lecteurs et parler à mots couverts d'homosexualité féminine ce qui était parfaitement inconvenant à cette époque. Elle s’adressait au Vampire en roumain.
“Veveritele nu sunt mitomani, iar asta ne spune că ai luat leprechaum-ul. Este adevărat acest lucru?”
Elle le confrontait directement en lui disant que l’écureuil avait joué les balances, et voulait savoir si il confirmait ses dires.
Et Oui. Un fantôme à coté d’un extraterrestre accusait un vampire car un écureuil disait l'avoir vu kidnapper des leprechaum.
Mister Miracle ne peut être qu’agréablement surpris et enchanté par les rebondissements de cette si jeune aventure. Au-delà d’une rencontre avec Silver Banshee, il a le plaisir de s’enfoncer dans une forêt éminemment magique, puis d’assister à une conversation avec un écureuil – et, enfin, de découvrir un vampire !
« Ha. »
Un sourire immense et enfantin glisse sur son visage.
« Quelle sublime journée. »
Mais, s’il apprécie totalement ces événements, il n’en perd pas pour autant son expérience, et sa prudence. Ça va mal se passer ; par principe, ça va mal se passer. Alors autant s’y préparer au plus vite.
« Nu suntem aici în adversari. Vă putem ajuta. »
Ces quelques mots glissent de ses lèvres, qui forment un sourire pour les accompagner. Allez, pense-t-il. Allez, au moins cette fois-ci ; allez, que cela se passe bien, pour une fois.
« Nuuuulle ouïe ausssssiii noble que la mienne ne sssssaurait sssssupporter un langage aussi déssssagréable ! »
Une réponse vient, donc. Plutôt qu’une attaque ou une fuite, une réponse vient. Mais elle est loin d’être appréciée.
« Pard… »
« Le Coooomte ne ssssaurait être maaaltraité par vos ssssons inaaaacceptables ! »
Le nouveau venu s’avance, en effectuant des gestes grandiloquents et surprenants ; tout comme son discours, mais moins que sa façon de le prononcer. Très feint, très exagéré, très… théâtral.
« A GENOUX, devant votre Maaaaaître ! A GENOUX ! A GENOUX, et que la feeeemme sssss’offre à moi ! Qu’elle asssssume ssssses désssirs ! »
Alors que l’autre s’approche, Mister Miracle se penche légèrement vers son alliée, et fronce les sourcils en se mettant en relation télépathique avec sa Boîte-Mère ; ho, ho, pense-t-il soudain.
« Hem. Je suis loin d’apprécier de faire cela, Miss, mais je crains de devoir formuler une observation qui va faire naître une cruelle déception. »
« A GENOUX ! »
« Oui, oui. Bref. Déception, donc. Déception car, selon les relevés de ma Boîte-Mère, qui ne se trompe jamais, il… il ne s’agit pas d’une créature mystique. Il s’agit d’une forme de vie différente de l’Humanité, certes – mais il n’a pas les attributs que doivent avoir les vampires. En soi, cet être n’est pas un vampire classique… mais pas un Humain, non plus. »
« A GENOUX, devant le Coooomte ! »
Le fameux Comte n’est plus qu’à quelques mètres d’eux deux. Mais Scott Free semble s’en désintéresser, pour se tourner vers Silver Banshee en haussant les épaules.
« Bien… encore une fois, il s’agit plus de votre domaine de compétence que du mien. Quid de la suite ? »
Un être se disant de noble lignée mais dépourvu des manières de son rang était arrivé. Alors que Mister miracle demeurait poli celui ci tentait de nouer un dialogue en roumain comme Siver Banshee, le nouvel arrivant semblait peu y goûter. Au lieu de cela il exigea qu’ils se mettent à genoux et qu’elle s’offre à lui. Les choses étaient claires il n’y avait pas cent mille façons de s’offrir à quelqu’un quant on était à genoux, on était donc bel et bien face au prince de la séduction. Scott s’adressa à Siobhan par la pensée via sa boite mère, lui apprenant que ce n’était pas un vampire. A genoux devant le comte! S’écriait le chaud lapin en s’approchant toujours plus. Mister Miracle haussait les épaules en lui disant que c’était sans doute plus de son domaine de compétence.
“Hum oui.”
Elle se mit à sourire en regardant le nouvel arrivant, lui lançant un regard de braise. Le genre de regard aguicheur qui donnait bel et bien le sentiment qu’il aurait ce pour quoi il était venu, et très vite. Parce qu’elle en avait intensément envie, et qu’elle faisait deux pas vers lui avec une démarche chaloupée emprunte de sensualité. Puis une fois face au comte elle cessa brusquement de sourire et le gifla. Une gifle, mais une gifle...même superman pouvait sentir une torgnole de Banshee. C’était le genre de trucs qui ferait faire trois tours sur lui même et appeler sa môman à n’importe quel humain ordinaire. Elle prenait un visage mauvais en haussant le ton.
“Bien sûr que c’est pas un vampire les vampires savent parler aux dames! Qui est tu pauvre raté, bouffeur de chiftele, gigolo des Carpates atrophié du nerf optique ?!? Tu sais à qui tu parles cancrelat !?!”
Elle se calmait et se tournait vers Mister Miracle en souriant. Ne pas lui donner l'impression qu'elle va le tuer allez, elle est gentille elle a une fausse réputation de rangée à tenter d'entretenir. Puis elle se retournait à nouveau vers le comte l’air mauvais.
“Où sont les Leprechaum tête de gland?”
Il fallait croire qu’il n’avait pas choisi la bonne approche.
Silver Banshee et Mister Miracle sont, évidemment, troublés par l’étrange apparition devant eux, que la Boîte-Mère n’a pas identifié, mais dont elle a pu commencer à dessiner le portrait. Et ce n’est ni un vampire, ni un Humain.
« Ha. »
Un sourire, d’abord timide, puis immense, glisse sur les lèvres de Scott Free, alors qu’il voit son alliée prendre sa decision – et s’avancer vers leur interlocuteur.
« Aaaa moiii ! Aaaa moiiii, jouuuvencelllle ! »
Toujours dans son rôle, le pseudo-vampire tombe directement dans le piège tendu par Silver Banshee – ses yeux s’agrandissent, sa langue claque fort vulgairement quand celle-ci s’approche de lui, en dévoilant ses atouts et en promettant beaucoup. Evidemment, il ne voit rien venir, quand elle le gifle ; évidemment, il tombe de haut. Evidemment, le Néo-Dieu adore cela.
« HA ! Formidable ! »
Il glousse, adore le spectacle, mais s’approche néanmoins au cas où l’autre exploserait, de rage ou de violence. Même si Silver Banshee peut se défendre, ses vieilles habitudes chevaleresques ont la vie dure ; lui aussi.
« Maiiiis… maiis… mais… »
Cependant, si l’on pouvait craindre ou attendre une brutalité en réponse, la seule réaction obtenue de la part de l’autre est… pathétique. Littéralement, pathétique.
« Maiis… vous… l’on… maiiis… je… les… les Leprechauns… ils… ils manquaient… ils manquaient, et… maiiis… »
A terre, lourdement touché, le pseudo-vampire se masse la joue, et lève un regard misérable vers les deux enquêteurs. Scott en est surpris, mais demeure sur ses gardes ; mieux vaut être prudent.
« A quoi manquaient-ils ? »
Ses sourcils se froncent, et il affine sa pensée, puis sa question.
« A qui manquaient-ils ? »
« Aààà… à nouuus… auuux… auuuux tableauuux… »
« Quels tableaux ? »
Mais, plutôt que répondre, le pseudo-vampire semble retrouver un peu de vigueur – puis se redresse, et bondit en arrière ! Cependant, il n’agresse pas les deux alliés, mais sort plutôt quelque chose de son grand manteau… une sorte de miroir, de glace. Où une image est incrustée.
« Iiiiils manquaaaaient à la graaaaandeur de Transilvane ! »
Et, comme pour expliquer ses mots incompréhensibles, il lève ce petit objet vers eux… … révélant cette fameuse image, qui à priori pourrait tout expliquer – mais qui, en soi, rend plutôt l’ensemble encore plus complexe et abscons !
Cela n’aurait sans doute pas été péremptoire que d’affirmer sans nuance que “ l’homme” face à eux était un imbécile malheureux. Vous savez cette catégorie particulièrement insupportable d’êtres humains qui contrairement aux l'imbéciles dit “ heureux” se sentent obligés de troubler l’existence de leurs pairs juste pour combler le vide de la leur, absurde et déprimante. En effet le “conte” livrait quelques informations à Mister Miracle après la claque qu’il s’était pris. Il sortait un petit miroir avec une incrustation en indiquant que les Leprechaum manquaient à des tableaux.
“ Je t’ai sans doute giflée un peu vite mais tu comprend que moi et le...l’homme à coté de moi n’avions pas de raisons de nous agenouiller devant plus faible que nous. Ce serait un peu comme...un lion prêtant allégeance à un dindon nommée Pépito tu saisis? Mais passons sur la chose, je dois dire que je suis déçue oui, déçue.”
Elle croisait se bras et prenait un air hautain et ramenait sa longue chevelure derrière elle.
“...Déçue que moi, Banshee, légende de l’île d’émeraude parmi les gobelins elfes et Leprechaun on ai pas tentée de m’enlever pour la "graaaaaaaaaandeur de Transilvane…"”
Elle prenait la pose d’une diva en regardant Scott puis le pseudo vampire.
“J’aimerais que tu nous conduise jusqu’a cet endroit. Mais où avais-je la tête en étant si impolie tu nous a vraiment habitué à l’inconvenant et nous ne nous sommes pas présentés; je suis Siobhan McDoughal. Et toi Pépito quel est ton vrai nom?”
Si il les amenait jusque là bas elle n’aurait pas à se montrer violente à nouveau, mais si il tentait quoi que ce soit connaitre son nom permettrait de régler son compte en un instant. Bien sûr peut être que l’Houdini des étoiles ne verrait pas cela d’un bon œil, elle s’adapterait alors à ces conventions superheroiques voulant qu’on essaie de pas trop tuer ou handicaper son adversaire.
L’étrange vampire, enfin la créature qui se présente comme telle mais n’en est pas un, a désormais cédé ; les informations sont transmises. Mais elles ne renseignent pas, n’aident pas réellement les deux enquêteurs, obligés de collaborer ensemble.
« Hum. »
Mister Miracle grogne, et fronce les sourcils en voyant l’image dans le miroir – qui n’en est pas un, bien sûr. La Boîte-Mère peine à établir son origine, mais il est clair qu’il s’agit d’un dispositif technologique, qui permet soit de voir un élément plus loin, soit de conserver des images ; une sorte de télévision, ou un album. Transilvane, donc. Qu’est-ce que ça peut bien être ?
« Maiiiis… jeeee… maiiis… »
L’autre bêle, comme s’il était un mouton, et tente de répondre aux répliques, plutôt provocations, de Silver Banshee ; son allié n’est pas sûr de pleinement apprécier ses méthodes. D’une part, s’il peut comprendre les réactions d’instinct, il considère que la violence n’est jamais une solution ; de première main, au moins. De l’autre, il sent bien que leur interlocuteur est plus bête, crétin, que méchant – et il ne goûte guère de la voir jouer ainsi avec lui.
Mais il doit bien avouer que cela a une forme d’efficacité, malgré tout.
« Ha. »
Les bras croisés, se grattant le bas du menton dans un geste classique de réflexion, le Néo-Dieu laisse un sourire glisser sur son visage, reproduit par son masque sensible, quand il entend des éléments lâchés par l’autre.
« Superman ? Superman est allé à Transilvane ? »
Le fameux Comte se tourne vers Scott Free, et grimace ; oups. Apparemment, c’était une information qu’il ne souhaitait pas divulguer.
« Et… il est vrai qu’il est peu malin d’évoquer un goût pour les Leprechauns, sans s’intéresser à cette douce jeune femme à mes côtés. »
Il appuie sur le compliment à dessein ; pour en confirmer l’ironie.
« Et je partage, bien sûr, son souhait de connaître la localisation de Transilv… »
« Tu n’as jamais su te taire, Vlad. »
Une voix, une autre voix, vient interrompre Mister Miracle.
« Tu devais juste vérifier qu’on n’avait oublié aucun des p’tits nains ici, pas prendre contact avec la populace. Ils t’ont vu, maintenant – et tu leur as même parlé de Transilvane. T’es une catastrophe. »
Une forme émerge, des bois, et se laisse connaître comme le maître de cette voix… … une autre créature de cauchemar, d’horreur ; un loup-garou. Disposant du même accent que le Comte, mais avec moins de théâtralité dans les mots – et plus de menace, dans la posture.
« Maiiiis… Jaaack… »
« Mon nom, maintenant. De mieux en mieux. »
« Hey, bonjour. Est-ce que vous pourr… »
« LA FERME, TAS DE VIANDE ! »
Sans prévenir, la créature réagit – et bondit, vers Silver Banshee et son allié, tous crocs dehors ! Avec le projet clair et évident d’abattre ses griffes sur eux, et de les faire disparaître !
Le comte Vlad livrait plus d’informations, et une en particulier attirait l’attention de Silver Banshee. Alors que Mister Miracle demandait au comte si Superman était allé en Transilvane la femme parlait elle aussi en fronçant les sourcils.
“Superman? Le Superman?”
Vlad semblait déjà regretter d'avoir parlé de cela et Mister Miracle ironisait sur la douceur de Banshee qui aurait justifié qu’on cherche à la capturer. Elle sourit un peu au néo dieu car elle trouvait çà drôle mais pas trop non plus, il ne s'agirait pas qu’il s’imagine qu’elle baisse sa garde. Mais alors que le justicier demandait lui aussi la localisation de Transilvane un quatrième intervenant apparu pour intimer à Vlad de se taire. Un loup-garou. Voilà un adversaire bien coriace et puissant. Il bondissait soudainement toutes griffes dehors sur Banshee qui ouvrit grand les yeux, surprise. C’est qu’avec Vlad elle en avait presque oubliée que le danger pouvait être réel. Elle avait déja eu affaire à un monstre de ce type et il lui avaient mis une dérouillée au corps à corps, il s’agirait que çà ne devienne pas une habitude surtout devant Mister Miracle. Elle plongea vers le loup garou et se baissa au dernier moment pour esquiver son grand coup de patte griffue et se redresser à coté de lui afin de lui mettre une belle droite. Mais le monstre velu en avait vu d’autres et lui aussi était doté d’une puissance surnaturelle. Il envoyait ses griffes la frapper alors qu’elle effectuait un salto pour se retrouver dans les airs, et elle retombait sur lui en lui envoyant un grand coup de pied qui le faisait reculer. Là encore il en fallait plus pour le tuer. Elle retombait à quelques mètres de miracle et prenait une pose de combat, ses pieds bien calés pour ne pas tomber et ses mains prêtes à parer et contre-attaquer.
“Jack!”
Elle venait de l'interpeller avec un niveau assez fort bien qu'elle ne hurla pas non plus. Mais son regard couplé au cris suffisait à le le faire se sentir très mal et il trébucha sur le sol pris d’une brusque fatigue. Des poils blancs étaient soudain apparus sur la bête qui avait prise une dizaine d'années d’âge. Ce que Banshee faisait là ne plairait sans doute pas à son compagnon de circonstance mais pouvait elle se laisser défier sur son île par des rivaux mystiques? Non. Quand elle interpella la créature son visage pris une apparence effrayante l’espace de deux secondes, dévoilant la vraie nature de Banshee derrière Siobhan Macdougal: L'Exécutrice de Man, un terrifiant spectre assoiffé de mort.
“C’est irréversible. Continuede te battre et ta version humaine sera celle d’un grabataire, celle de loup aura elle le pelage pour la toundra...si je suis magnanime...”
Scott détesterait probablement ce qu’il se passerait là. Mais chassez le naturel mauvais de quelqu’un et il reviendra bien souvent au galop. Si le plan de Silver Banshee était depuis quelques temps déjà de remplacer les héros dans le cœur des gens il y avait une faille de taille dans celui ci: Les corps des femmes qui lui servaient d’ôte comme l’âme de Siobhan étaient plutôt bonnes, mais elles seraient toujours dominés par une force obscure et mortelle resurgissant. Une force qui ferait toujours peur.
Peu à peu, les pièces du puzzle s’assemblent. Mais leur sens paraît encore lointain.
Alors que ce fameux Comte tente de garder un peu de dignité – sans réussir – ses interrogateurs parviennent à former quelques idées, quelques pistes sur l’étrange disparition des créatures magiques dans ce coin de l’Irlande… mais n’en savent pas forcément assez pour comprendre. Une créature se faisant passer pour un vampire, mais sans l’être ; Transilvane ; Superman ; et, maintenant… un loup-garou ?!
« Irlande, terre de mythes… définitivement, oui. »
Avec un flegme assuré, et une efficacité totale, Mister Miracle glisse sur le côté, et évite ainsi les quelques coups perdus ; mais regrette, très vite, de ne pas avoir voulu gérer directement ce fameux Jack.
« Mais… »
Ses paupières se froncent, son masque sensible reproduit l’émotion – et ne tarde pas à évoquer plus que la surprise, mais l’incompréhension puis le rejet, pur et absolu, de ce qu’il voit !
« NON ! »
Sans prévenir, avec une vitesse extraordinaire, Scott Free récupère ses Aéro-Disques, et les envoie vers le fameux loup-garou. Ce dernier est soulevé du sol, et envoyé directement dans les cieux – les arbres, les hauteurs. Le fameux Jack ne réagit pas, cependant ; il n’en a plus la force… car il est désormais recouvert de fourrure grise, le corps ratatiné, ayant pris des années en un choc – en un regard !
« Qu’est-ce… »
Lentement, son regard se tourne, et se fige sur Silver Banshee. Il est dur, brutal, autoritaire ; plein de jugement.
« Ce n’était pas nécessaire. C’était cruel, et mauvais. »
Le Néo-Dieu a conscience que Silver Banshee n’est pas une Héroïne, ou quelqu’un de bien ; elle n’a pas à l’être. Elle est un symbole, une légende, l’incarnation de quelque chose – quelque chose de puissant, d’ancien, d’utile… mais de terrible. Et il en a la terrible confirmation, en découvrant ce qu’il s’est passé – en comprenant, surtout, l’ampleur de l’acte, et ses conséquences.
« Les pouvoirs extraordinaires dont vous disposez ne doivent pas servir en de telles circonstances – pas quand d’autres solutions sont possibles ; et c’était le cas. Nulle créature ne doit être traitée ainsi, pas sans avoir essayé toutes les autres hypothèses. »
Lentement, il s’avance vers le Comte tandis que, à proximité, le loup-garou redescend. Mais, alors qu’il se prépare à reprendre la parole… une autre voix vient les interrompre.
« [i">Superman, l’officiel, a bien visité Transilvane – et ce sont bien nous qui avons enlevé les Leprechauns et autres créatures locales. »
La forme s’avance, et se laisse finalement découvrir… … celle d’une femme – une femme en noir, l’une des célèbres figures de l’Horreur !
« Transilvane est un monde, plus petit que le vôtre ; concentré sur ce que vous considérez comme des références populaires, alors que nous sommes bien vivants… et entièrement concentrés sur ces valeurs, ces modes de vie. »
Elle soupire, puis sort à nouveau une glace, un miroir – qui s’éclaire, et forme rapidement un vortex de téléportation !
« Vous avez terrorisé le Comte et maltraité Jack ; cela doit cesser. Venez voir, alors. Venez voir pourquoi nous faisons cela… »
Elle se tait, alors. Et, lentement, Mister Miracle se tourne vers Silver Banshee ; non pas pour lui demander son avis, mais pour la jauger. Pour savoir s’il acceptera qu’elle vienne avec lui. Pour savoir s’il peut compter sur elle, ou si elle est désormais un autre adversaire…
(HJ/ J’espère que les rebondissements ne te gênent pas, dis-le-moi sinon. /HJ)
Silver Banshee avait contre-attaquée et infligée un avant goût de son pouvoir au loup garou. Mister Miracle avait laissé faire Siobhan, lui avait il fait confiance? Peut être ne s’attendait il pas à ce qu’elle inflige un tel sort à Jack. Car si elle ne l’avait pas tué, elle l’avait fait vieillir. Et c’était terrible. Tuez quelqu’un aussitôt et il n’a plus d’occasion de souffrir. Mais faites le vieillir de dizaines d’années et vous avancez l’heure de sa mort. Il aura ainsi jusqu’a ses derniers jours l’occasion de repenser à cette nuit où il croisa la banshee, à l’erreur qu’il fit de vouloir l'affronter. D’une certaine manière Siobhan avait tuée Jack le loup garou ce soir en avançant l’heure de sa mort naturelle. La réaction de Mister Miracle avait été énergique, il avait expulsé leur agresseur hors de la mortelle équation de sa camarade et constaté ce qu’elle lui avait fait. Il se tournait alors vers elle, et lui donnait le fond de sa pensée. Il contenait peut être une colère, mais il ne cachait pas à quel point ce qu’il avait vu lui déplaisait. D’un ton sec et autoritaire il affirmait que c’était cruel et mauvais.
La respiration de Silver Banshee se calmait, ses yeux blancs redevenaient normaux. Elle se crispait en écoutant ce néo dieu lui faire la morale, ne disant rien. Tous deux se fixèrent pendant que Mister Miracle lui expliquait qu’elle abusait de ses pouvoirs sans chercher d’autres solutions, d’autres issues. On pourrait croire qu’elle voulait le voir mort à cet instant mais non, c’était plus compliqué que cela. Elle savait qu’elle était parfois cruelle, qu’elle agissait mal. Crone l’avait punie pour çà même quand elle lui ramena le livre censé faire cesser sa malédiction, en refusant de la lever et la condamnant à rester ainsi. Alors elle répondit à Scott Free, mais au lieu de sombrer dans une colère noire ou au sarcasme auquel elle était accoutumée sa voix était au contraire moins claire, ayant des fluctuations qu’on retrouve chez ceux qui sont au bord des larmes mais les contiennent. Fragile, comme lorsqu’elle quitta l’un de ses corps écharpé dans les bras de Supergirl qui cherchait à la réconforter.
“Tu...tu ne sais pas ce que c’est que cette vie. Tu ne sais rien. Je ne fais pas le feu qui effraie où la glace qui incommode. Mon pouvoir c’est de tuer, je…”
Des larmes ne sortaient pas mais on en était pas loin. Probablement l’adolescente Irlandaise dont le corps était occupé par Siobhan et la Banshee souffrait elle de la situation et réagissait avec la fragilité due à son âge, forçant ce corps à pleurer, à céder.
“...je ne sais rien faire d’autre...”
Les idées se bousculaient dans sa tête, certaines lui criaient de se jeter sur lui et de lui hurler dans les oreilles de toutes ses forces, d’autres de continuer à lui parler parce qu’il avait une oreille plus attentive que la normale.
“...la mort est une partie de la vie ce n’est pas si grave de tuer les gens, pourquoi tout le monde se met dans cet état je ne comprend pas...”
Quiconque parlerait comme cela et serait un être humain ordinaire se ferait envoyer dans un asile psychiatrique pour être aidé. Mais elle n’avait pas de maladie mentale, juste l’esprit occupé par une entité spectrale n’ayant pas d’autre but que la mort. Et qu'il faudrait risquer sa vie pour l’enfermer. Elle posait sa main sur sa bouche pour cesser de parler car elle savait qu’il ne comprendrait pas. Pas parce que c’était “une saloperie d’alien” mais parce que même un humain ne comprendrait pas. On ne lui reprocherait pas de donner la vie mais lui reprocherait de donner la mort, pourquoi? Parce que la vie était précieuse, ah bon? Qui dit çà, cet instinct inscrit dans nos gènes qui veux qu’on essaie de préserver notre espèce? Et les autres espèces alors pourquoi les humains les éliminent sans pitié? Pourquoi était elle privée de cette empathie, pourquoi traitait elle ceux qui l’entourait comme des chiens qu’on pique quand ils mordent ? Elle ne disait plus rien, retirait sa main de devant sa bouche puis regardant la forêt. Pour ne pas voir Mister Miracle et montrer autre chose que le danger ou la détresse affective. Fuir en ne bougeant pas de place.
Puis l’entité arriva, dévoilant ce qu’était Transilvane et ouvrant un portail de Téléportation. Miracle la regardait, ne sachant peut être pas si il aurait une adversaire ou une alliée pour la suite. Siobhan releva la tête en reprenant un visage plein de volonté. Ce serait une alliée. Elle entrait dans ce portail avec lui.
Une tension terrible s’est instaurée entre Silver Banshee et Mister Miracle. Si ceux-ci ont formé une alliance impromptue, imprévue, surprenante mais plutôt agréable au début, les différents rebondissements n’ont cessé de creuser une tranchée, un monde entre eux deux ; qui explose, quand le Néo-Dieu s’en prend à la créature mythique.
Mais, alors qu’un nouvel arrivant pointe son nez, alors qu’une Femme en Noir semble enfin plus apte à collaborer que les deux autres… Scott Free ne peut s’empêcher d’en revenir aux paroles prononcées par son alliée. A la douleur, exprimée dans ses mots. A la mélancolie, qui règne en elle. A la souffrance de l’isolement, qui la hante. A la solitude, absolue, et à l’incompréhension qu’elle a de ce monde – qu’elle n’a jamais vraiment compris, duquel elle n’a jamais vraiment fait partie, et qui l’exclue de plus en plus.
« Hum. »
Il grogne, et il grimace. Car il regrette.
« C’est… une tâche difficile, que la vôtre. Et des pouvoirs terribles, qui l’accompagnent. »
Ces quelques mots sont soufflés, murmurés alors que Silver Banshee et lui s’approchent du portail créé par la Femme en Noir ; plein de dangers, de menaces, d’inconnus… et d’aventures, à n’en pas douter.
« Je suis… sensibilisé, au poids du destin, à la charge des responsabilités, à la lourdeur d’une mission que l’on ne souhaite pas. »
Il s’arrête un temps, et se tourne pour esquisser un sourire triste et las. Il est le Haut-Fils, l’héritier de Néo-Génésis, offert en marchandage à Apokolips pour une paix illusoire ; bien sûr qu’il connaît cela. Bien sûr qu’il a passé sa vie à fuir cela.
« Après… cela. Après tout cela. Nous pourrions peut-être… en parler. »
Mister Miracle lui adresse un petit clin d’œil – puis plonge dans le vortex de téléportation. Met fin, ainsi, à ce moment d’émotion et de sincérité… et plonge directement dans cette nouvelle étape de cette aventure, si riche en surprises !
** * **
Quelques instants plus tard, la téléportation s’achève. Et le voyage se termine… au moins pour l’instant ; car les rebondissements sont loin d’être terminés.
« Ho. D’accord. »
Scott Free rouvre les yeux, et découvre leur zone d’arrivée, qui ne manque pas de le surprendre… … une sorte de village – de village gothique, tout droit sorti des films d’horreur de la Hammer !
« Hum. De plus en plus étrange… »
« Bienvenue sur Transilvane. Comte, pouvez-vous…? »
« Ouiiii. »
Le pseudo-vampire acquiesce, et aide le loup-garou à clopiner vers une zone de la ville ; tandis que la Femme en Noire s’avance, et lève sa main osseuse vers une autre direction.
« Notre Maire est prêt à vous répondre. Êtes-vous disposés à l’entendre ? »
« Hum. »
Il grogne, puis se gratte légèrement le menton – puis finit par acquiescer, un léger sourire aux lèvres.
« Bien sûr ! Et qui donc est votre responsable ? Il y a eu plusieurs représentants de l’Horreur, mais je compte un grand abs… »
« Je n’aime pas ce mot ; Horreur. Il ne me sied guère. »
Une forme, massive, émerge soudain d’une arche, et s’avance, répondant ainsi aux interrogations et aux hypothèses du Néo-Dieu… … en se présentant devant les nouveaux venus, dans toute sa splendeur abominable !
Siobhan McDougal s’en voulait déjà d’avoir montrée sa faiblesse à Mister Miracle. Certes sur le coup elle n’avait pas trouvée d’autre moyen de réagir, laissant son émotion prendre le dessus et ses tares se dévoiler plus qu’elle ne l’aurait souhaitée. C'était une erreur qu’elle avait déjà faite avec Superman et Supergirl, cela n’avait jamais rien changé. Qu’elle dévoile ses faiblesses et ils en profiteraient un jour ou l’autre, elle le savait.
Mais malgré sa méfiance presque paranoïaque envers ces êtres venus de l’espace elle se laissait un peu avoir par ce que Mister Miracle disait. Il disait que sa tâche était difficile, et c’était bien le plus sidérant pour elle. Quelle tâche? Lui pourrir la vie à lui et aux siens? Diviser les hommes et les femmes, pour qu’ils n’aient plus que le malheur pour horizon et la mort pour délivrance? Comment pouvait il comprendre une tâche qu’elle même ne parvenait pas à appréhender? Elle était un spectre qui errait sur la terre sans plus aucun but si ce n’était réduire la force intrinsèque du genre humain, l’avilir.
Mais malgré tout cela. Malgré ce fossé immense, cet espace entre deux astres à travers le vide sidéral silencieux et glacé, elle avait envie de le croire. Il lui disait même qu’ils pourraient en parler, faisant un clin d’eil pour détendre l'atmosphère. Elle ne savait pas si elle devait lui rire au nez en l’envoyant promener lui et ses bons sentiments qui ne sauveraient jamais d’une attaque de loup garou à eux seuls, ou tout simplement le remercier de faire cet effort. De lui parler. De lui sourire. A part Tara Markov qu’elle connaissait encore bien mal elle ne voyait pas avec qui elle pourrait discuter normalement.
Passé le portail de la dame en noir ils arrivaient dans un sombre village au style gothique, et Mister Miracle semblait s’attendre à croiser certaines personnes. Quand ils rencontrèrent la créature de Frankenstein qui disait être le maître de ce lieu il penserait peut être à des livres ou des films qui marquèrent l’histoire du cinéma mais Silver Banshee n’était pas si surprise que cela. Elle avait vue trop de choses anormales pour que l’étrange l'étonne, et avait commise trop de “ crimes” pour qu’elle ressente quelques choses. Elle était l’horreur. C’était sans doute pour çà que son horreur à elle c’était ce “ S” rouge sur fond jaune, son pendant d'espoir. Elle s’adressait au maire de la ville après Scott.
“Bonsoir. Ne le laissez pas vous traiter d’horreur vous avez vu son costume?”
Elle regarda Mister miracle avec un sourire mesquin, çà devenait presque un gimmick entre eux. Il serait bon malgré son éducation sur Apokolyps, elle serait mauvaise alors qu'elle voulait qu'on l'aime. C'était plus fort qu’eux mais s’ils s’acceptaient qui sait? Peut être que leur alliance résoudrait ce mystère...
Mister Miracle n’est pas surpris, à l’arrivée de la Créature ; celle-ci était prévisible. Mais la fluidité de son langage, moins.
« Mmh. »
Il croise les bras, plisse les paupières sous son masque sensible, et se gratte légèrement le menton, en réfléchissant ; quelle étonnante découverte. Quelle passionnante aventure. Mais, déjà, Silver Banshee réagit – et réagit de manière surprenante, encore ; de l’humour. Elle fait de l’humour, afin de se moquer gentiment de lui et, sûrement, pour apaiser une situation qui aurait pu devenir tendue.
« Ha ! »
Scott Free esquisse un léger sourire, et se tourne alternativement vers elle et la Créature.
« Être considéré comme une Horreur esthétique, selon l’incarnation de la blancheur cadavérique ; magnifique. »
Jack et le Comte ont disparu, seuls demeurent la Femme en Noir et la Créature ; qui ne partagent pas, cependant, les sourires des deux visiteurs.
« Je doute que votre allure ait changé depuis un siècle, et je pense m… »
« S’il-vous-plaît. Je pense que cela n’a pas lieu d’être. »
Le Maire, comme il s’est présenté, interrompt le Néo-Dieu ; avec un sourire. Mais qui ressemble à une menace.
« Vous avez été invité à rejoindre Transilvane, car vous avez eu vent de nos activités, et de nos sollicitations appuyées envers le Peuple Merveilleux d’Irlande. Vous avez sûrement des interrogations, et je dispose de quelques réponses. »
Le visage de la Créature a repris son apparence figée, et sa voix adopte un ton froid et détaché.
« Transilvane, notre monde, est une construction du vôtre ; des Humains. Votre NASA a créé une ETAS, Extraterrestrial Artifical Simulation, afin de simuler et d’étudier un environnement étranger, différent du vôtre. Pour préparer une colonisation des étoiles. Dabney Donovan, instigateur et meneur du projet, a hélas découvert que celui-ci allait être annulé, et s’est emparé de la planète créée artificiellement, et limitée à une taille quasiment humaine. Il y a fait grandir des formes de vies, héritées du Projet CADMUS, et y a diffusé divers films de son enfance dans les cieux de ce monde ; notre monde. Dabney Donovan était passionné de ce que vous appelez Horreur, et nous avons alors adopté ces codes et ces allures ; nous avons fait de ces films notre mode de vie, notre religion. Cela vous indique pourquoi je goûte peu l’utilisation de ce terme. »
« Je… le comprends. »
Scott Free est silencieux et concentré, face à cette démonstration ; tout cela est passionnant, pense-t-il, mais illustre aussi la folie des Humains…
« Je les ai informés de notre lien avec Superman. »
« Merci. Dabney Donovan a finalement perdu l’esprit, et tenté de nous tuer… de détruire sa création, quand nous avons réellement commencé à vivre. Certains d’entre nous ont échappé à notre monde, à Transilvane, et ont pu joindre Superman et Jimmy Olsen, qui nous ont sauvés. Ils ont conservé notre monde, puis ont diffusé de nouveaux films dans nos cieux – mais cela n’a pas pris ; nous avons rapidement repris notre mode de vie, et continué notre existence sereinement. Mais cela ne peut durer. »
« Pourquoi ? »
Mister Miracle fronce les sourcils ; la suite ne va pas lui plaire.
« Notre monde est limité, les films ont créé nos vies – mais nous tournons en rond ; nous avons besoin de nouveauté. Nous avons besoin d’autres inspirations, d’autres éléments pour nous permettre d’avancer. »
« Et… vous avez alors voulu vous inspirer d’autres créatures, de la Terre ; des créatures magiques. »
« Oui. »
« Mais… pourquoi ne pas avoir demandé ? Appelé à l’aide ? Superman vous a aidé, et… »
« Notre créateur a voulu notre mort. Superman nous a abandonné. Nous ne faisons plus confiance – et ne voulons plus demander. Nous prenons. Nous prenons notre droit à vivre ! »
Et, sans prévenir, une foule de créatures horrifiques apparaissent – et s’avancent vers le duo d’aventuriers, avec une attitude évidemment agressive !
Silver Banshee écouta attentivement la conversation entre Mister Miracle et le maire de Transilvane. Ils étaient donc des formes de vie crées artificiellement, et ayant évoluées dans un monde tout aussi fabriqué. Une sorte d'expérience de laboratoire avec des êtres conscients à des fins colonisatrices de l’espace. Quelle absurdité, il faudrait peut être savoir s’occuper de la Terre avant de chercher à aller ailleurs, n’importe qui de censé s’en rendrait compte. Mais petit problème, l’être humain s’autodétruisait et continuerait toujours de se mouvoir dans une masse informe, désordonnée et incensée. Une quantité immense de poisson se laissant porter par une rivière conduisant à un lac de déchets toxiques. Certains avaient beau chercher à nager à contre courant celui de la rivière de bêtise qui les conduisait était un véritable torrent. Et au milieu de çà quelques piranha, dont elle. Ces Transilvaniens n’étaient pas si éloignés des autres hommes, on les avait juste élevés dans un bocal.
Le maire expliquait que malgré l’intervention de Superman qui avait cherché à modifier ce qui les conditionnait, leur religion d’après ce qu’ils décrivaient, ils ne supportaient plus leur bocal. Ils avaient kidnappés quelques poissons leur ressemblants pour enrichir leur monde. Mister Miracle ne semblait pas apprécier cela, et leur demandait pourquoi ils n’avaient pas à nouveau demandé l’aide de Superman. Mais ils avaient le sentiment qu’il les avait abandonné, ces mots étaient comme des mots d’amour d’un Roméo à sa Juliette aux oreilles de Silver Banshee. Des gens déçus par Superman et qui n’attendaient plus rien de lui...c’était si rare. Elle devait les aider. Mais elle n’eu pas le temps de faire de proposition que plusieurs créatures du village les entouraient, apparemment décidés à s’en prendre à eux. Silver Banshee jeta un regard à Mister Miracle puis décolla du sol doucement, s’envolant au dessus deux. “Peuple de Transilvane.
Votre créateur à voulu votre mort, celui de notre monde aussi car il nous a rendu mortels. “
Enfin...presque tous. “Je ne veux pas vous empêcher de prendre votre droit de vivre. Vous l’avez. Vous le méritez amplement. Mais vous n’avez pas à emmener dans cette prison les êtres magiques de notre monde. “
Elle tournait la tête pour tous les regarder dans les yeux. Elle voulait convaincre, parlant calmement mais distinctement. “Venez plutôt dans le notre. Empruntez les passages dont vous disposez, nous saurons vous accueillir. Il existe des endroits inhabités sur terre où vous pourriez bâtir d’autres maisons, gardant toujours une passerelle vers ce monde. Vous avez été déçus par Superman, je vous comprend. Pas parce qu’il est quelqu’un de mauvais fondamentalement mais parce qu’il a fait une erreur de vouloir jouer à dieu avec vous, modifiant votre religion. Mais nous, nous voulons vous aider. Pas en vous attaquant, pas en cherchant à vous conditionner. Mais en vous le disant: Vous êtes les bienvenu, et ce quelle que soit votre apparence. Je sais ce que vous ressentez.””
Elle n’aurait pas fait mieux que Clark, elle aurait cogné sur eux jusqu’a ce qu’ils ne posent plus de problèmes. Mais elle devait utiliser intelligemment ce qu’il se passait pour faire d’une pierre deux coups. Montrer à Mister Miracle qu’elle pouvait régler les choses plus pacifiquement qu’avec Jack, mais aussi prendre grand soin de ces être si différents nourrissants une rancœur pour Superman.
La Créature a expliqué les raisons ayant dicté les enlèvements des êtres magiques, et comment Transilvane a décidé d'utiliser le monde qui l'a créé pour ses propres desseins ; Mister Miracle peut le comprendre, évidemment. Mais pas l'accepter.
« Hem. »
Il grogne et grimace, puis recule d'un pas, quand le Maire se rend agressif. Un comportement, hélas, partagé par toutes les autres formes de vie, qui se sont réunies autour des deux nouveaux venus.
« Sapristi. »
Ses poings se ferment par réflexe, ses sourcils se froncent, et Scott Free se prépare à répondre et à agir... quand Silver Banshee le prend de vitesse ; encore une fois. Mais il a, à cette occasion, la surprise de découvrir que son alliée... change de méthode ; et décide de passer outre ses capacités agressives, pour tenter autre chose. Une gestion différente, autre de la situation.
« Ho. »
Le Néo-Dieu la regarde, s'élever au-dessus du sol et léviter, avec grâce et volupté ; elle est impressionnante, définitivement. Notamment par la puissance de son discours, qui lui paraît... sain. Simple, mais sain, et potentiellement capable de convaincre – de convaincre ceux et celles qui voudraient l'écouter, qui pourraient aller de l'avant, pour trouver une solution et obtenir une entente pacifique.
Il est impressionné, oui ; charmé, réellement touché par ces mots, si surprenants mais si purs, aussi. Juste bons. Et complètement rassuré et soulagé, de voir que la jeune femme d'apparence... peut être sauvée. Réellement. Et, qu'importe l'issue de tout ceci – il s'en occupera. Il la sauvera, il le jure.
« Ma chère. Ho. C'est... wahou. C'est... »
« Complètement inadéquat. »
Mais encore faut-il dire que le public soit capable d'entendre, d'écouter et d'assimiler les mots de Silver Banshee ; ce qui, hélas, n'est pas le cas ici.
« Hem. J'aurais plutôt dit qu'un tel discours est noble, digne, pur et bien pensé, mais... je crains que nous ne soyons pas du même avis, n'est-ce pas ? »
« Indubitablement. »
La Créature lance un regard noir vers Scott Free, et lève des poings fermés et puissants, en guise de menace évidente.
« Nous en avons assez d'attendre. Nous en avons assez d'accepter des miettes. Nous en avons assez de n'incarner que des sous-êtres, pour les autres. Nous ne voulons pas négocier. Nous ne voulons pas évoluer dans les zones oubliées de votre monde. Nous voulons VOTRE monde ! »
« Mais nous ne pouvons pas le permettre. »
« Nous ne demandons pas votre accord. »
La Femme en Noir réapparaît derrière Mister Miracle – qui jette un coup d'oeil rapide derrière lui, hélas pas assez vite ! En effet, celle-ci pose ses mains gantées sur sa nuque, et...
« AAAAAAAAAARGHHHHH !!! »
… un choc terrible s'empare du Néo-Dieu, qui apparaît comme électrocuté ! Il souffre pendant plusieurs secondes, subit de nombreux spasmes... puis s'écroule, inconscient et rongé par les douleurs !
« Vous ne partirez pas de Transilvane ; vous êtes à nous ! »
Et, si Silver Banshee envisage d'agir ou de s'enfuir, elle a soudain la désagréable surprise de sentir quelque chose à sa jambe... une sorte de tentacule, qui vient de sortir silencieusement des flots, et entend ainsi la bloquer là où elle est !
« ET NUL NE VIENDRA VOUS AIDER ! »
De l'eau du ruisseau voisin s'échappe alors une créature, menaçante... … la Créature du Lagon Noir bondit alors vers Silver Banshee, pour la bloquer ou pire encore !
Elle aura essayée. De leur parler, de les raisonner. De leur faire entrevoir une autre voie que celle qu’ils s’étaient décidés à suivre. Ce n’était pas par bonté naturelle même si Mister Miracle aurait pu l’espérer mais par calcul. Il semblait plutôt convaincu par ce qu’elle avait dit, le qualifiant de “noble, digne, pur et bien pensé”. Noble elle l’était. Digne aussi. Bien pensé je le veux. Mais pur? Oh oui imagine toi cela Maître de l’Evasion, tu seras déçu. Le tout sera que la force de cette croyance devienne suffisamment grande pour que tu tombes de quelques choses.
Mais cela n’avait pas fonctionné, ils en étaient arrivés à une étape qu’elle ne connaissait que trop bien. En écoutant le maire aux airs de créature de Frankenstein elle avait l’impression d’entendre sa propre voix. Elle aurait pu dire cela. Mister Miracle était décidé à s’opposer aux ambitions du peuple de Transilvane et était brusquement attaqué dans le dos par La Femme en Noir. Le maire motivait ses “ troupes” et une tentacule saisissait une jambe de Siobhan, la rabaissant au niveau du sol. Une créature surgissait du ruisseau pour bondir sur elle, l’Irlandaise était furieuse.
“Sale...”
Elle frappait du poing la tentacule qui se desserrait, esquivait l'attaque du monstre du lac noir, et saisissait l’une des pattes griffues qui venait la frapper en faisait un large mouvement des bras. Elle bloquait le bras de la créature en assénant un puissant coup de genoux dans le ventre du reptilien, le faisant décoller du sol et atterrir sur un toit. Elle se retournait en position de combat tel une bête, ses yeux illuminés et les cheveux défiants la gravité. Sa voix était distordue par cette force spectrale qui la portait.
“Bande de cloportes, vous ne savez pas à qui vous avez affaire!”
Elle bloquait une attaque d’un vampire et saisissait l’un de ses bras avant de rabattre son autre main sur son membre antérieur en le cassant. Un loup garou surgissait derrière, elle décollait du sol et le réceptionnait la tête à l'envers pour le frapper d’un puissant coup de pied et l'envoyer percuter une sculpture de pierre. Elle retombait dans le bon sens et se mettait à hurler autour d’elle, générant un rayon d’ondes sonore envoyant valser dans les airs la foule qui leur fonçait dessus. La femme en Noir arrivait soudainement derrière elle pour lui asséner la même attaque électrique que celle qu’elle avait administrée à Mister Miracle. Silver Banshee se retournait brusquement en lui assénant un coup de poing faisant tourner sa tête à 180 degrés et projeter une pluie de dents.
Car rien ne pouvait passer au travers de Silver Banshee. Seul les martiens le pouvaient, du moins à sa connaissance. Ce fut bien ce qui l’étonna le jour où elle affronta Martian Manhunter. Il était parvenu à passer au travers d’elle en prenant l’apparence d'un Superman fantomatique, la terrorisant et lui faisant douter de ses pouvoirs.
Elle restait à coté du corps de Mister Miracle, regardant ceux qui s’approchaient d’elle. Elle pourrait. Il est si vulnérable en cet instant. Le Neo dieu méritait il cette appellation? Elle pourrait le vérifier... Elle se mettait en position de combat, prête à affronter les nouveaux assauts. Elle reconsidérerait cette possibilité une fois ce contretemps réglé.
La guerre est déclarée. Les négociations de paix ont échoué. Les explications ont été fournies. Les camps ont été dressés, et le premier sang a été versé. La guerre est déclarée ; et Mister Miracle est le premier à tomber.
« Hughn. »
Allongé, le corps perclus de douleur, il lutte contre l’inconscience – et son appel, si intense, afin d’obtenir le soulagement et le repos qu’il espère tant ; mais non. Il le refuse. Il le rejette. Pas maintenant, pense-t-il ; pas maintenant, alors que la situation explose… et que Silver Banshee a besoin de lui.
Celle-ci, lévitant au-dessus du sol, frappe le tentacule qui lui bloque la jambe, et repousse violemment la Créature du Lagon Noir… avant de continuer. Avant d’enclencher un ballet mortel.
De nombreux monstres, ou plutôt de nombreux habitants de Transilvane se lancent ainsi sur elle ; aucun ne peut réussir à la frapper, ou à la gêner. Silver Banshee utilise ses formidables pouvoirs pour contrer, bloquer, renverser, repousser, et immobiliser ses adversaires, qui ne semblent pas pouvoir faire grand-chose contre elle. Ils ont certes la masse, mais elle a l’avantage de pouvoir frapper où elle le souhaite, et d’être sûre de réussir ; mais, surtout, elle a le pouvoir.
« RAH ! »
La Créature, le Maire lui-même, bondit vers elle. Mais même lui – même ses extraordinaires pouvoirs ne peuvent rien, face à la puissance de la Vilaine, qui incarne essentiellement une force primaire de l’existence.
Cependant… Cependant, même si elle est puissante, même si elle est victorieuse, elle a conscience que cela ne peut durer ; elle va faillir, ils vont la vaincre. Une erreur, une inattention et elle tombera – et Mister Miracle aussi, lui qui ne peut encore se relever.
Il faut agir, alors. Il faut trouver une solution. Il faut trouver… une échappée. Même si le Maître de l’Evasion est incapable de se remettre.
« Cela suffit. »
Mais, heureusement, une bonne étoile semble les suivre – car le duo n’est pas forcément seul, dans cette galère ; sur Transilvane.
« A terre. »
Une forme bondit des cieux, et vient se placer devant Silver Banshee – avant de tirer, partout, et sans aucune once de remords. De nombreux habitants s’écroulent, vaincus, fauchés ; brisés. Tués. Et la forme qui vient d’arriver continue, encore et encore, alternant les tirs et le rechargement de ses armes… … grâce à sa double paire de bras, et un sang-froid terrible !
« Je suis l’Epouse, agent du S.H.A.D.E. ; j’enquêtais sur Transilvane, mais je n’ai pu vous laisser ainsi. »
Elle se redresse, range une arme, récupère une grenade, la lance et tire encore, avec ses autres membres ; puis fait signer à Silver Banshee de filer, tandis qu’elle récupère Mister Miracle, au sol.
« Bon. Quel est votre plan ? Que comptez-vous faire de Transilvane ? »
Son ton est froid, monocorde ; sans émotion. Cela traduit bien son état d’esprit. L’Epouse s’est coupée de son cœur, quand le fils qu’elle a eu avec Frankenstein, le surnom de son compagnon, est devenu fou ; et qu’il a fallu le tuer. Elle agit, depuis, pour éviter les crises, dans le domaine surnaturel. En maximisant les dégâts, si possible !