Les morts parlent et ils réclament vengeance » ft. Ray Palmer

_____Ray n’avait pas laissé le choix à Rose. Après que cette dernière lui est révélé ce qu’elle avait découvert au sujet du voleur de la famille Wilson, elle s’est retrouvé prise à son propre jeu. Au début, elle avait accusé le directeur de l’académie d’être complice des plans foireux de son père. Il s’est avéré qu’elle était complètement à côté de la plaque dans ce mystère car Ray n’était au courant de rien. Les émotions ont pris le dessus sur lui pendant quelques instants avant qu’il ne revienne à la raison. L’ancien héros a regroupé ces connaissances pour retrouver la trace de cet homme qui ressemblait trait pour trait au défunt Slade Wilson.
Les éléments récoltés lui ont permis de comprendre que le Slade qu’il avait connu était bel et bien décédé, aucune tombe n’avait été dépouillé et l’imposteur connaissait un peu trop bien Deathstroke pour être un usurpateur. L’histoire était probablement beaucoup plus mystérieuse et profonde que cela et Ray semblait déterminé à trouver le fin mot de cette histoire. Malgré la précieuse aide de Rose, Ray avait décidé de faire cavalier seul et avait enfermé la jeune fille dans son Atom-Cave pour éviter qu’elle ne décide de le suivre. Elle ne s’attendait pas réellement à ce genre de réaction et elle laissa échapper le plus de jurons possible avant qu’il ne disparaisse de son champ de vision.

D’après les dernières infos récupérés par l’ancien Atom, le supposé Slade Wilson se trouvait à Métropolis. Cette localisation semblait plutôt logique lorsque l’on se souvenait des rares paroles qu’il avait sorti à Green Arrow entre deux coups de poings. Slade avait l’air d’avoir une dent contre Lex Luthor, un homme machiavélique qui avait apparemment ruiné une partie de son existence. Le vieil homme, qui semblait un peu plus jeune en apparence que son ancienne silhouette, avait des propos incohérents d’après Rose. Il n’avait pas craché beaucoup d’élément mais lorsque Arrow avait mentionné ses fils, ce dernier affirmait qu’ils étaient morts, il en avait la certitude. Deathstroke n’aurait aucun intérêt à mentir sur ce sujet. La présence d’un clone ou peut-être d’un voyageur d’une autre Terre égaré étaient les principales hypothèses.

Suite à son petit passage mouvementé à Gotham City, Slade avait rapidement quitté la ville pour se rendre à Métropolis. Les héros ignoraient encore ce qu’il avait pu faire avant de poser un pied dans la ville mais il semblait s’être fraichement installé. Tout comme à Gotham, le mercenaire avait son lot de repaire secret et parvenait à retrouver l’emplacement de chacun d’eux grâce à sa puissante mémoire. Durant son premier jour dans la ville de Superman, il s’était fait discret et s’était terré dans son bunker pour s’équiper et préparer son plan B. Malheureusement, Mercy Graves n’avait pas été une bonne source d’information mais elle n’était pas revenu ramper sur les jambes de son supérieur. Elle avait été gardée par Green Arrow, sous protection. Il craignait probablement que Deathstroke ne veuille remettre une couche et récupérer sa proie. Elle ne pourra pas prévenir Lex de la menace qui planait au-dessus de sa tête, un avantage que Slade ne pouvait pas laisser trainer.

Il avait profité de ces premières heures reclus dans son bunker pour préparer son équipement, créer des faux papiers pour une sorte de mission d’infiltration. Un costume taillé sur mesure se trouvait dans ses affaires, quasiment neuf. Désormais seul contre tous, Deathstroke devait se créer des faux papiers et document pour espérer se frayer un chemin dans LexCorp. C’était une mission de repérage, Slade n’était pas assez fou pour foncer tête baissée dans le quartier générale de sa cible pour lui pointer un canon en pleine tête. Il avait besoin de faire un premier tour, de tâter le terrain, de comprendre le fonctionnement de l’entreprise pour l’intégrer le plus rapidement possible et atteindre Lex lorsqu’il s’y attendra le moins, à l’abris des regards.

En quelques minutes, Deathstroke s’était transformé de guerrier à l’armure fissuré et abîmé par le temps par un riche entrepreneur en costume, prêt pour diriger une entreprise qu’il aura fraichement acheté. Il ajusta sa rolex sur son poignet gauche, observant sa silhouette à travers la petite glace qui se trouvait sur le bunker, posé sur le coffre qui renfermait toute son artillerie lourde. Il n’en aura pas besoin pour cette opération mais par mesure de sécurité, il avait glissé un révolver dans une poche secrète à l’intérieur de sa veste. L’arme avait été créé par une imprimante 3D pour éviter d’être détecté par les gardes.

Slade avait appelé un taxi pour se rendre chez LexCorp. Il avait payé avec les derniers dollars qu’il avait trouvé dans un de ses bunkers pour ne pas se faire remarquer. Il était resté silencieux pendant toute la durée du trajet même si son chauffeur a essayé d’en apprendre un peu plus sur son client. Il était rare d’avoir un homme à l’allure prestigieuse dans son véhicule. Ce dernier a été si généreusement payé qu’il a déposé son client devant les portes de LexCorp. Slade n’a pas perdu son temps pour franchir les quelques marches d’escalier qui le séparait du quartier général de sa cible.
La fouille s’était plutôt bien placé, les agents de sécurité n’avait rien remarqué d’anormal chez l’invité. Slade est désormais à l’intérieur de la bâtisse, un énorme hall d’accueil où se promenait des centaines d’employés et de visiteur. Au centre se trouvait un comptoir où gravitaient trois employés dont une ravissante jeune femme qui croisa le regard de Slade en glissant un léger sourire charmeur. Elle ne pouvait pas voir complètement ses yeux à travers ses lunettes de soleil, dissimulant son œil invalide camouflé derrière un œil de verre fabriqué sur mesure.

« Bienvenu à Lex Corp, que puis-je faire pour vous ? » demanda la secrétaire en voyant Slade s’accouder légèrement au comptoir. Ce dernier lui rendit son sourire.

« Je viens faire affaire. Je suis l’un des actionnaires de Lex Corp, Thomas Walker. J’ai une proposition à faire à Monsieur Luthor. »

« J’ai bien peur que vous vous soyez déplacer pour rien. Monsieur Luthor ne reçoit pas actuellement. Souhaitez-vous fixé un rendez-vous avec lui dans les prochains jours ? »

« J’ai tout mon temps. J’ai prévu quelques jours à Métropolis. Ça me fera l’occasion d’explorer la ville. »

« Oh vous verrez, c’est une ville grandiose. Vous n’êtes pas près de vous ennuyer. Puis-je avoir vos papiers d’identité Monsieur Walker ? »

« En bonne compagnie, tout est toujours plus agréable. » rétorqua Slade avec un petit air charmeur. La secrétaire se mit à rougir pendant qu’elle récupérait les papiers.

« Oh. Heum… oui bien sûr, vous avez raison. Je… un instant s’il vous plaît, je vérifie tout ça… »

_____Un silence s’était installé entre la secrétaire et Slade pendant que cette dernière avait les yeux rivés sur son écran. En matière de création de fausse identité, le vieil homme avait quelques astuces sous la main, il savait se montrer débrouillard. Mais la plupart du temps, en temps que Deathstroke, Slade préférait s’entourer de professionnel digne de confiance pour ne pas échouer dans sa tâche car son niveau d’expertise n’est jamais sans faille. Cette fois-ci, il se retrouvait seul dans cette opération, seul face à ces propres connaissances.
Au fond de lui, Wilson retenait son souffle pendant que son dernier œil valide essayait de voir le contenu de son écran pour vérifier que ses papiers pouvaient passer les vérifications de LexCorp. Il était prêt à toutes les éventualités, et établissait déjà de nombreux scénarios dans un coin de sa tête. Si sa couverture échoue il est préférable pour lui de prendre le risque de foncer dans le tas et d’atteindre le bureau de Lex, au risque que ce dernier n’y soit pas présent. S’il prenait la fuite à ce moment précis, son identité serait rapidement trouvé et il n’aura plus aucune chance d’atteindre Luthor sans être confronté à une élite beaucoup trop importante, même pour Deathstroke.

Ces deux minutes d’attente était devenu interminable aux yeux de Slade qui avait fini par poser ses coudes sur le comptoir pour espérer avoir un meilleur champ de vision sur les vérifications de la jeune secrétaire qui n’avait pas l’air encore tout à fait familière avec la procédure. Lorsqu’elle s’est rendu compte que Slade la regardait, elle laissa échapper un léger sourire timide avant de lui rendre ses papiers.

« Désolé pour l’attente Monsieur Walker. Je ne savais pas que vous étiez un actionnaire si important dans la compagnie. » Un sourire inhabituel illumina le visage de Slade, ses papiers étaient passés. « Avec tout ce qu’il s’est passé ces dernières années, nous devons vérifier systématiquement chaque personne qui entre dans le bâtiment. »

« Je comprends, vous n’avez pas besoin de vous excusez pour cela. » Il haussa les épaules avant de remettre ses affaires dans sa poche. « Je dois être traiter comme tout invité, non ? »

« Malheureusement, je ne pas donner suite à votre demande, Monsieur. Monsieur Luthor n’est pas disponible aujourd’hui mais je vous dirais que vous êtes passé et vous pourrez surement vous rencontrez dans les prochains jours. »

La réponse ne semblait pas plaire à Slade mais il ne laissait rien paraître derrière son sourire hypnotisant. Sa présence à Métropolis sera tôt ou tard dévoilée d’autant plus que la rumeur du retour de Deathstroke commençait à faire le tour des Etats-Unis. Le mercenaire devait faire en sorte de retrouver sa cible en moins de quarante-huit heures pour ne pas croiser d’éventuel obstacle dérangeant.

« Vous avez l’air d’être encore novice dans cette entreprise, je n’ai encore jamais vu votre doux visage. Sachez, pour votre information, que j’ai investi beaucoup d’argent pour maintenir cette entreprise hors de l’eau malgré les actes de son PDG. La moindre des choses seraient qu’on me permette de rencontrer ce cher Luthor assez rapidement, vous ne pensez pas ? »

« Je… oui monsieur j’en ai conscience mais… Je ne peux rien faire pour vous aujourd’hui. Je suis tellement désolé. Je vais tout faire pour contacter Monsieur Luthor mais en attendant… »

« …En attendant. » reprit Slade. « Vous pourriez peut-être rentabiliser mon voyage ? Je n’ai jamais eu l’occasion de visiter le quartier général de Lex Corp. J’ai quelques heures à perdre et vous me semblez apte à remplir ce rôle. »

« Je… vous m’en voyez flatter mais je ne pense pas pouvoir quitter mon poste comme ça. » Elle semblait intimider par la présence de Slade, comme si son charme faisait effet.

« Je pense qu’au vu de mon statut, ils ne vous en voudront pas. Je fais partie de ceux qui finance une partie de leur salaire. »

« A…attendez une seconde. »

Slade s’est redressé du comptoir lorsqu’elle s’est levé de sa chaise. La jeune femme s’était éclipsée quelques instants. Il avait obtenu ce qu’il voulait. Il était conscient qu’il ne pouvait pas atteindre Lex aussi facilement. Il lui faudra du temps, et des informations supplémentaires pour pouvoir peaufiner sa vengeance. Jusqu’ici, sa couverture avait tenu toutes les défenses. En effet, il s’agissait d’une vieille fausse identité que Slade avait gardé sous la main pour se protéger de la fourberie de Luthor il fut un temps. Il pensait que cet identité serait démasqué avec les années qui ont passé sans l’utiliser mais ce ne fut pas le cas, heureusement pour lui. Elle est revenue quelques secondes plus tard, le sourire aux lèvres.

« Vous êtes chanceux, Monsieur Walker. Je ne peux pas me permettre de vous faire visiter tous les secteurs mais je peux vous montrer les premiers étages si vous êtes partant. »

« Appelez-moi Thomas, je vous en prie. » Slade se rapprocha d’un pas pour pouvoir lire clairement le prénom sur le badge au niveau de la poitrine de la jeune femme. « Puis-je vous appeler Leïla ? »

Elle pouffa de rire avant d’hocher la tête. Il ne cherchait pas à avoir une femme dans son lit pour cette nuit, mais si cela se terminait comme ça, il ne repousserait pas l’opportunité. Slade avait plutôt des envies meurtrières, un objectif fixe qu’il comptait bien obtenir par n’importe quel moyen. Jouer avec les sentiments des autres, il en avait l’habitude.

Leïla l’avait d’abord emmené dans le pôle scientifique de Lex Corp. Slade n’écoutait qu’à moitié le monologue qu’elle prononçait pour présenter ce premier pôle. Son regard se baladait pour enregistrer dans une partie de sa mémoire la place des caméras de surveillance, les failles de sécurité, le nombre d’employés présent à cet instant T dans le secteur. Il a l’air d’un homme fasciné par ce qui l’entourait, ce qui semblait amusé grandement la jeune secrétaire.
Il y avait quelque chose d’autres qui perturbait la visite du mercenaire sous couverture. Son instinct sentait une présence, un fantôme qui épiait ses mouvements, qui se trouvait non loin de lui, tel un parasite qui refusait de lâcher sa proie. Slade baladait son regard un peu partout à la recherche d’un potentiel suspect. Les employés étaient focalisés sur leur écran, sa guide était bien trop occupé à lui expliquer le fonctionnement de chaque prototype en cours de création. Ça ne pouvait pas être eux, il s’agissait d’autre chose, de quelqu’un d’autre, quelqu’un qu’il ne pouvait pas voir…

« Est-ce que tout va bien Mons… Thomas ? La visite vous plait ? »

_____Le regard du vieux mercenaire s’était promené aux alentours. Il n’était pas parvenu à comprendre ce qui pouvait le perturber. Le pôle scientifique de la Lex Corp était bien plus imposant que dans ces souvenirs, il semblait s’être développer. Slade avait retrouvé quelques repaires mais il avait l’intime sensation d’être dans un endroit complètement différent. Dans sa tête, mille questions avaient commencé à frapper son esprit mais la seule qui revenait à chaque fois était la même. Slade se sentait épié, non pas par la mignonne secrétaire qui attendait d’avoir une première réaction, un service sur sa performance de guide improvisé mais de quelque chose d’autre. Rester focaliser sur cette présence étrangère ne ferait qu’attirer l’attention mais son instinct ne pouvait pas lui mentir.

« Est-ce que tout va bien Thomas ? La visite vous plaît ? » demanda une nouvelle fois la jeune femme avec un léger sourire. Slade est rapidement revenu à la raison pour croiser son regard.

« Veuillez m’excuser, j’étais fasciné par… toute cette technologie contenue dans une seule salle. C’est impressionnant. »

« Oui ! ça fait toujours cet effet-là, la première fois qu’on entre dans cet endroit. C’est là que la magie de Lex Corp opère. Voulez-vous continuer la visite et passer aux étages au-dessus ? »

Slade laissa échapper un hochement de tête. Il a laissé le temps pour la secrétaire de tourner les talons avant de continuer sa route, n’attendant pas que son client daigne le suivre. Le vieil homme allait lui emboiter le pas , il avait seulement besoin de quelques secondes pour glisser sous l’un des bureau de Lex Corp, un petit appareil d’espionnage utile pour enregistrer les faits et gestes des employés, des informations précieuses qui permettront à Deathstroke d’assouvir sa vengeance.
Lorsqu’il posa ce petit appareil, son regard se tourna en direction d’une petite étincelle qui aveugla son dernier œil valide pendant une fraction de seconde. Elle n’était situé qu’à quelque mètres de lui, quelque chose posé sur un autre bureau. Il aurait pu s’approcher de plus près, observer ce qui titillait son attention. Malheureusement, la jeune femme avait déjà pris une belle longueur d’avance sur son invité et il se devait de lui emboiter le pas pour ne pas paraître davantage suspect.

Durant ce laps de temps, Ray était parvenu à scanner ce Slade, non sans attirer son attention. Il avait été à deux doigts de se faire repérer par ce dernier. L’analyse a révélé que sa corpulence, sa taille et son visage correspondait clairement à la personne qui se nommait Slade Wilson. Quelques différences étaient à noter sur son apparence physique. Il semblait un peu plus jeune, quelques cicatrices supplémentaires au niveau du visage, une coupe rasée sur les côtés, des cheveux plaqué en arrière par une fine couche de gel.
De nouvelles données sont arrivées, des informations un peu plus détaillées sur l’état de santé de Slade. Il n’avait pas de trace de maladie incurable, pas d’empoisonnement, une santé de plomb ou presque. L’analyse avait remarqué d’une sous-nutrition, la présence de légères carences. Slade avait probablement manqué de nourriture pendant une longue période et avait dû se rationner. Il était bientôt rétabli.

La visite s’était poursuivie pendant deux bonnes heures, l’occasion pour Slade d’installer son matériel tranquillement. Il avait joué l’invité studieux, n’hésitant pas à poser quelques questions, à envoyer quelques paroles charmeuses à la demoiselle pour rester dans le personnage. Elle ne lui avait pas montrer toute l’entreprise mais c’était déjà un bon début pour permettre à Deathstroke de planifier son plan. Leïla s’était rapprochée de son comptoir pour retourner à son poste. Elle leva les yeux vers lui en ne quittant pas ce sourire charmé de son visage.

« Je vous contacterai très bientôt pour convenir d’un rendez-vous avec Monsieur Luthor, comme convenu. »

« Parfait. Vous avez mon numéro… » rétorqua Slade avec une voix légèrement charmeuse. « Merci pour cette agréable visite et j’espère vous revoir très bientôt. »

Il tourna les talons, non sans une légère frustration de ne pas avoir eu l’occasion d’en voir plus. C’était déjà un bon début d’avoir pu accéder à une partie de Lex Corp. Le temps de Slade était compté. Il allait probablement passer la soirée à analyser les images des caméras qu’il avait disposé au quatre coins de Lex Corp, ou presque. Une fois sortie du bâtiment, il dévala noblement les quelques marches qui le séparait d’une voiture noire qui l’attendait au pied de l’entreprise. C’était son chauffeur, il l’avait patiemment attendu jusqu’au retour pour donner jusqu’au bout, l’image d’un Thomas Walker, grand actionnaire de Lex Corp. Sa main se posa sur le toit de sa voiture avant que l’autre ne saisisse la portière arrière pour entrer dans le véhicule.

_____Slade était sous le point de prendre congé et de ranger sa couverture en tant qu’actionnaire de Lex Corp ou presque. Une voix l’avait coupé en plein élan alors qu’il était sous le point de s’installer à l’arrière du taxi qui allait le déposer dans une rue aléatoire pour ne pas griller la position de son refuge. Le mercenaire avait toujours sa main posée sur le toit de la voiture. Doucement, il se retourna vers cet inconnu qui l’avait abordé et le toisa du regard l’espace d’un instant.
Le mercenaire avait une sensation de déjà-vu. Cet homme, il l’avait probablement déjà croisé dans un souvenir assez lointain mais il ne parvenait pas immédiatement à mettre un nom sur son visage. Durant les premières secondes, Slade a prit son temps pour observer la personne de haut en bas, comme s’il cherchait désespérément son nom, en vain. Il aurait très bien pu lui tourner le dos, se glisser dans le véhicule et l’ignorer. Sa quête était plus importante qu’un parfait inconnu mais sa présence semblait avoir réveiller un semblant de curiosité chez le vieux soldat.

« Je n’ai pas toute la journée alors vous feriez mieux de cracher le morceau assez rapidement. » rétorqua froidement le puissant actionnaire qui n’aimait pas être interrompu.

Il était resté rester dans son personnage, les premiers instants avant de prendre conscience que cet homme ne parlait pas à Thomas Walker, actionnaire chez Lex Corp mais bien à Slade Wilson. Lorsque ce dernier a pris conscience qu’il n’avait pas besoin de se cacher derrière un personnage. Doucement, le mercenaire referma la portière derrière lui, d’une main sans se retourner. Il s’avança vers la fenêtre où se trouvait le chauffeur et lui demanda de patienter quelques instants, jurant que ça ne sera pas long. Slade redressa son seul œil valide pour observer son interlocuteur et une sorte d’exosquelette gravitée juste derrière lui. Il était assez fûté pour savoir que cette armure était vide et autonome. Cet homme avait l’air de craindre les réactions de Deathstroke, c’était surement une sage décision de sa part.

« Vos gadgets doivent divertir les enfants. » répondit Slade quittant le rôle de son personnage pour jouer carte sur table.

Il s’était reculer d’un pas, pour pouvoir adosser le bas de son corps contre la portière fermée de la voiture qui attendait patiemment sur le côté de la route. Il avait coupé le moteur pour économiser un peu de carburant, ce qui permit aux deux hommes de s’entendre un peu plus clairement. Ray sort de sa cachette et finit par s’adresser directement à Slade Wilson en lui posant directement la question. Il avait enterré ce même Slade quelques semaines auparavant et le voilà devant lui. Maintenant qu’il ne se trouvait qu’à un mètre de lui, le directeur de l’académie pouvait l’observer sur tous les angles. D’apparence, il ressemblait bien au Slade Wilson qu’il avait connu, hormis quelques changements vestimentaires et capillaires. Des cernes se retrouvaient camouflés derrière ses lunettes de soleil qui cachait également son œil invalide. Sa peau paraissait légèrement plus jeune mais il possédait quelques cicatrices supplémentaires au niveau de son visage, mais également de ses mains. Il devait en avoir d’autres qui étaient dissimulés derrière un costume tailler sur mesure. Il souffla légèrement du nez, un rictus moqueur se dessina sur le coin de ses lèvres avant qu’il ne daigne répondre aux questions de Ray. Cet homme n’a pas l’air d’être agressif, Slade n’avait aucune raison de s’en prendre à lui, pour l’instant. Il allait se contenter de jouer le jeu

« Des semaines ? Des mois ? On ne voit pas réellement le temps passé quand on prend des vacances. » Il haussa légèrement les épaules avant de croiser ses bras contre sa poitrine. « L’Europe manque un peu de palmier mais j’y penserai la prochaine fois que je simule ma mort. C’est ton copain l’archer qui t’envoie ? »

Slade n’avait pas eu le temps de se mettre à jour sur les actualités du monde. Il semblait un peu à la ramasse sur les nouvelles informations, à moins qu’il ne joue avec les nerfs de son interlocuteur. Difficile de cerner ce qu’il se passait vraiment à travers l’esprit du mercenaire. Malgré ça, le mercenaire avait un peu de mal à cacher qu’il ne parvenait pas à identifier cet inconnu.

« Vous faites de la lèche à Luthor maintenant ? »

_____Slade restait l’homme méfiant que Ray avait toujours connu. Il ne parlait pas de ses motivations, de ce qui l’avait poussé à emprunter la porte de Lex Corp et à jouer les actionnaires beaucoup trop investi. Il voyait en cet homme une opportunité de récolter plus d’information. Deathstroke était égaré, comme s’il venait d’atterrir dans ce monde il y a seulement quelques jours et qu’il avait encore tout à apprendre. Le vieux soldat se concentra quelques instants sur le regard de son interlocuteur, cherchant à interpréter ses réactions, à savoir s’il était choqué, perturbé, déstabilisé par les propos de Slade. Malgré les précieuses minutes qui s’étaient écoulé, il ne parvenait toujours pas à mettre un nom sur ce visage, même s’il semblait étrangement familier.
Deathstroke s’est éloigné de son chauffeur pour emboiter la marche de cette même personne. Elle semblait source d’informations précieuses et bien plus bavarde qu’une Mercy Graves ou qu’un Oliver Queen. Il avait fini par lui révéler que Lex Luthor avait continué son petit business de super vilain et qu’il avait passé un temps derrière les barreaux. Slade réagissait comme s’il avait été absent un trop long moment pour comprendre comment Lex s’était retrouvé dans une situation pareille. Il essayait de voiler la face des plus naïf. Dans ses paroles, Slade discernait quelques pics à son égard sans pour autant y réagir.

« Il y a beaucoup de chose que vous ignorez à ce sujet, beaucoup de chose qui te dépassent. Si tu veux un conseil, je te dirais de rester en dehors de cette histoire et de quitter Métropolis quelques jours. »

Ces paroles permettaient à Ray d’avoir un semblant de réponse sur ses intentions. Deathstroke n’était pas encore prêt à reprendre des services pour les besoins d’un client, seulement de lui-même. Au fond de lui, il savait que cet homme était plus ou moins au courant de son esprit vengeresse. Son altercation avec Green Arrow avait fait fuiter ces précieuses informations. Lorsque Ray faisait mention des rumeurs concernant son retour et de la supposée fierté que Deathstroke devait ressentir. Il se contenta d’hausser les épaules. Il n’avait pas réellement aimé la popularité que cela avait provoqué, loin de là. Le fait d’être considéré comme mort lui facilitait drôlement la tâche et tout était en train de prendre l’eau désormais. La rumeur se répandait et Slade Wilson était contraint de perdre son temps avec des personnes dont il parvenait toujours pas à retrouver le nom.

« Si c’est ce qu’on dit. » rétorqua simplement le mercenaire. Il n’avait pas réellement envie de se confier sur ce qu’il ressentait réellement, au fond de lui.

Finalement, l’ancien héros s’est arrêté dans sa marche. Le manque de réponse du vieil homme aurait peut-être irrité son interlocuteur. Il finit par lui poser les questions qui pendaient sur le bout de sa langue depuis plusieurs longues minutes. L’idée de voir les morts revenir à la vie était quelque chose d’inconcevable qui pouvait en dérouter plus d’un. Slade aurait été le premier à poser ce genre de question s’il était à la place de cet homme.
Il s’arrêta à son tour pour faire face à Ray. A ce moment précis, il avait fini par comprendre qui était cette personne. Il se souvenait de Ryan Choi, de l’homme au pouvoir de modifier la taille de la matière pour voyager dans des univers microscopiques. Les rumeurs disaient que c’était l’ancien Atom qui avait tué Slade Wilson mais il avait du mal à les croire jusqu’à maintenant.

« T’as probablement pas tué le bon Slade Wilson alors. » se contenta-t-il de lui répondre les premières minutes.

Mais malheureusement, c’était beaucoup plus compliqué que ça. Slade n’était même pas certain de pouvoir expliquer convenablement ce qu’il s’était passé. Avoir un deuxième son de cloche pouvait être utile mais il n’était pas certain de pouvoir faire confiance au premier ancien héros qu’il croisait, surtout l’homme qui a tué Slade Wilson. En fait, il n’était même pas certain d’être concerné par cet univers.

« Crois-moi, même si je vous racontais toute l’histoire je ne suis pas certains que vous accepteriez de me croire. Je ne suis pas votre Slade Wilson. Si vous avez vraiment un doute, la tombe est toujours pleine d’ossement et de chair putrifié. Considérez moi comme un variant, quelqu’un qui s’est égaré et qui a besoin de l’homme qui l’a envoyé dans cette merde pour espérer rentrer dans son univers. »

Car il n’était pas certain d’être sur la bonne Terre. Slade s’était égaré et se retrouvait dans une nouvelle Terre qui était supposé être la sienne. Tout était identique mais cet univers disposait déjà d’un Slade maintenant décédé. C’était l’occasion pour celui-ci de le remplacer, mais ce n’était pas réellement son but. Il ne s’y sentait pas à sa place.

« Reste en dehors de cette histoire, Palmer. C’est déjà assez difficile à gérer. »

_____Slade avait donné quelques éléments de réponse à Ray Palmer mais ce n’était pas suffisant. Il pouvait très bien mentir, manipuler son entourage et faire croire ce qu’il voulait. Le simple fait qu’il se trouvait là, juste à côté de l’ancien héros était déjà une aberration. Il pouvait inventer n’importe quelle histoire, tout était bon à croire pour combler les trous. Malheureusement, Deathstroke était plus ou moins dans le même bateau que le reste du monde, il ne savait pas réellement où il se trouvait. Il savait d’où il venait, ce qu’il faisait avant de se retrouver piéger dans un nouveau monde. Il n’était pas encore prêt à faire part de cette part de son histoire, encore moins à un vieil ennemi.
Car d’aussi loin qu’il se souvienne, Ray n’est pas réellement une personne avec qui il devait confier tous ces secrets. Avec les minutes qui défilaient, sa mémoire revenait et il se souvenait du mal qu’il avait fait en tuant l’un de ses collaborateurs. Il avait probablement fait d’autres choses, mais il ne se souvenait de rien. Il observa le regard sérieux et presque sévère du professeur sans pour autant réagir. Slade était une brique émotionnelle, aucune émotion ne dépassait de ce visage froid, pas même une micro-réaction, une lueur à travers son dernier œil valide caché derrière les lunettes de soleil.

Deathstroke donna un premier avertissement en demandant à Ray de s’éloigner de sa quête de vengeance, sans en expliquer la raison. Cependant, le vieux mercenaire était assez égaré, ne disposant d’aucune connaissance sur le Multivers et ses aléas. Il avait en face de lui, une personne expérimentée, mais probablement animé par une rancune que Slade ne pouvait que supposer. A vrai dire, il n’était pas certain de se tenir en face de son Ray Palmer. Ce n’est pas pour autant qu’il devait baisser sa garde.

« J’ai entendu parler de tes connaissances. » affirma simplement Slade sans pour autant approuver l’idée qu’il lui vienne en aide. Au fond de lui avait-il réellement le choix ? Plus le temps passait et plus le vieil homme doutait qu’il allait pouvoir mettre la main sur Lex avant que les rumeurs de son retour ne se transforme en fait, surtout après les dires de Ray.

Lorsque le directeur de l’académie lui demanda de décrire son Univers, Slade bascula son regard pour se tourner vers les routes, les voitures, les passants de la ville de Métropolis. Tout lui était à la fois familier et étranger, comme s’il n’avait pas posé les pieds sur ce monde depuis des années. C’était différent, mais comme Ray le soulignait, Slade ne faisait preuve d’aucune délicatesse pour ne pas créer de paradoxe en remplaçant son prédécesseur, ou son variant.

« Je ne crée pas de catastrophe. » rétorqua Slade sans réellement pouvoir le prouver ou avoir conscience des dégâts que les paradoxes du multivers pouvaient créer. « Je ne fais que remplacer votre Slade le temps de trouver un moyen de rentrer chez moi. »

Le mercenaire se détacha un moment de Ray pour se rapprocher du bord du trottoir sur lequel se trouvait les deux hommes. Plus il regardait cet endroit et plus il avait l’impression de le connaître. Il pouvait se poser mille questions, il ne parviendrait pas à trouver les réponses, pas sans aide, il devait l’admettre sans pour autant l’exprimer à haute voix. Son œil se promena quelques minutes de plus sur chaque gratte-ciel avant de reporter son attention sur Ray.

« Mon univers est proche du tien, physiquement parlant. Les villes n’ont pas changé, du peu que j’en ai vu. Tout est à sa place et pourtant… j’ai l’impression d’avoir fait un bon de plusieurs années. J’ignore combien de temps je me suis égaré dans ces mondes mais j’ai l’impression d’avoir perdu des années. Ces choses me dépassent, c’est bien pour cela que j’en suis ici, à présent, à parler avec l’ennemi pour espérer y voir plus clair, lui accorder mon temps en espérant qu’il ne me le fasse pas perdre. »

C’est une façon pour Slade de dire qu’il acceptait plus ou moins l’aide de Palmer. Il ne montrait aucune sympathie à son égard, il acceptait seulement de collaborer pendant une période indéterminée. Le soldat n’en demeurait pas moins méfiant, il n’oubliait pas cette arme à feu qui se trouvait dans la poche intérieure de sa veste, prêt à servir. Si Ray avait le malheur de se tenir au mauvais endroit, d’empêcher la rancune de Slade s’exprimer, ce dernier n’aurait aucun mal à faire parler ses armes, quitte à provoquer d’autres catastrophes sur cette Terre, il n’en avait que faire. Le Multivers semblait lui avoir pourri l’existence, assez pour qu’il ne se soucie pas des conséquences de ces actes de ce point de vue-là.

_____Le vieux mercenaire était perdu entre des mondes variés et complètement inconnu. Il ne s’était jamais intéressé au Multivers. Il avait connaissance de ce mot, de ce que cela représentait, de la présence d’autres mondes aux alentours. Toutefois, il n’avait jamais eu la curiosité de vouloir en savoir plus. Le monde dans lequel il vivait autrefois était bien assez vaste pour un homme comme lui et son ambition n’était pas aussi grand pour prétendre vouloir conquérir le monde. En plus d’ignorer à quoi pouvait ressembler un univers alternatif, il n’avait aucune conscience des conséquences que pouvait provoquer un voyageur inter dimensionnelle.
Pourtant depuis son apparition, Slade s’était montré particulièrement discret. Difficile de savoir depuis combien de temps il se trouvait dans ce monde. Jusqu’à l’arrivée de Green Arrow qui avait percé le mystère, ce dernier aurait pu continuer son petit bout de chemin sans avoir de bâton dans les roues. Car même si ce que dit Ray était sûrement vrai, Slade n’aimait pas réellement sa façon de lui faire la morale à ce sujet.

« Si vous n’avez pas décidé de vous mettre en travers de ma route, toi, Green Arrow et tes autres petits collègues, les catastrophes dont tu parles auraient probablement été évité. » rétorqua Slade.

Mais plus il y pensait et plus il semblait avoir des doutes sur le fait qu’il soit réellement d’un autre univers. Cet endroit lui était étrangement familier, chaque endroit qu’il avait visité ressemblait à ces souvenirs, à quelques détails près. Jusqu’ici, le vieux soldat était parvenu à retrouver toutes ces cachettes sans qu’elles ne soient déplacés d’un millimètre. Était-ce réellement un indice pour lui confirmer qu’il faisait partie de ce monde ? Le borgne observait les alentours, tournant le dos à Ray Palmer pendant qu’il était en train de l’insulter. C’était probablement un miracle qu’il ne décide pas de faire ravaler ses paroles à ce héros. Il se contenta de rester indifférent à ses paroles, bien trop occupé à observer les détails de ce monde pour en noter les différences avec ces rares souvenirs.

« J’ai passé plus de temps que tu ne le penses dans ton univers. » confirma Slade avec un arrière-goût de mépris dans le timbre de sa voix. « Si ce que tu dis est vrai, alors pourquoi ton monde n’est pas à feu et à sang ? »

Nul ne sait depuis combien de temps se trouvait ce Slade alternatif, hormis ce dernier. Il était là depuis plusieurs semaines, se dissimulant de tous jusqu’à ce que la situation le pousse à agir différemment. Maintenant, Ray s’est mit à lui donner des ordres, affirmant qu’il pouvait avoir les réponses à ces questions et qui ne lui donnait pas réellement le choix que de le suivre jusqu’à Ivy Town.

« Comme si tu pouvais te permettre de me donner des ordres. » marmonna froidement Deathstroke.

Pour autant, il était la personne parfaite pour donner des réponses aux questions de Slade. S’il voulait avancer rapidement dans sa quête rancunière, il y avait des mystères qui méritaient d’être résolu avant ça. Même si cela lui déplait fortement, il semblerait que dans cette situation, le vieux soldat n’est pas réellement le choix. Il pivota légèrement sa tête en direction de Ray avant de la redresser légèrement vers le yeux pour que son œil rempli d’un mépris glaçant toise ceux du petit héros avec tout le mépris qu’il

« Si j’accepte, c’est uniquement car j’ai besoin de réponse, et que je ne veux pas rester une minute de plus dans ce monde. Une fois que j’aurais eu les réponses à mes questions, notre collaboration prendra fin. Je pense m’être fait comprendre là-dessus. » Malgré cette étroite collaboration, Slade n’avait aucune envie de se joindre à Ray immédiatement. « Donner moi l’adresse, je vous rejoindrai quand je l’aurais décidé. »

_____Slade Wilson était fidèle à lui-même, un comportement froid et antipathique qui lui collait à la peau depuis sa plus tendre enfance. Le vieil homme n’est pas dénué d’émotions ou de sentiments mais il ne laissera rien paraître, pas même à son ami le plus fidèle. En plus de ça, il est difficile de savoir s’il avait réellement conscience de la violence de ses propos souvent glaçant alors que Ray essayait de lui tendre la main. Slade semblait faire preuve d’une grande méfiance, proche de la paranoïa. Il se méfiait de l’ancien Atom, comme s’il n'avait jamais vécu ce que Ray avait vécu avec Slade juste avant sa mort. Ce dernier avait beau l’insulter, le traiter d’idiot, ce dernier ne semblait pas réagir à ses insultes. Il restait muet, observant avec son dernier œil valide les mimiques et les réactions de son interlocuteur sans oser le couper.

Au vue des réactions du mercenaire, Ray décida de changer complètement de plan, comme s’il était au fond de lui conscient qu’il n’avait pas à faire au Slade Wilson qu’il avait connu, celui qui n’aurait eu aucune raison de lui faire du mal. Le vieil homme gardait son œil sur les traits du visage de Ray, enregistrant ses paroles, essayant de comprendre quelle relation son espèce de double avait bien pu avoir avec cette personne. La façade du directeur le trahissait un peu, Slade parvenait plus ou moins à comprendre que les deux hommes avaient été ami et que son comportement avait probablement blessé Ray, en quelque sorte.

« Ne te cache pas derrière ton hypocrisie chevaleresque. Tu ne veux pas m’aider, tu veux des réponses à tes questions et sans moi, sans cette collaboration tu ne pourras rien obtenir. »

Slade s’est fermé au moment où Ray avait mentionné le multivers et les conséquences du voyage interdimensionnel. Il ne peut pas cacher le fait qu’il est un parfait amateur dans le domaine mais son comportement fait également comprendre à Ray qu’il ne cherchait pas vraiment à en découvrir plus. Il semblait dégouter par ce sujet, remplis d’une rancœur et d’une certaine lassitude concernant le sujet.
Avant de tourner le dos à Slade, Ray proposa un rendez-vous à Métropolis, une dernière main tendue avant de partir. Ce dernier n’avait même pas pris la peine de répondre positivement ou négativement à cette proposition. Le vieil homme demeurait silencieux jusqu’à la dernière seconde, ne laissant rien paraître, gardant le suspense de sa venue jusqu’au bout. Une fois que Ray était assez loin de lui, Deathstroke tourna les talons pour reporter son attention sur la voiture qui avait attendu sagement son passager pendant tout ce temps. Slade le payait probablement assez cher pour que son chauffeur prennent son mal en patience. Il ouvrit la porte arrière et se permit de regarder derrière lui pour jeter un dernier coup d’œil sur Ray qui venait de disparaitre de son champ de vision.

Le lendemain, Slade Wilson s’était bel et bien présenté au rendez-vous. Il n’était pas venu en tant que Deathstroke, ni en tant que Thomas Walker. Il était venu en tant que personne, habiller bien plus sobrement d’un t-shirt et qu’un pantalon. Il avait cependant préféré garder l’œil de verre pour éviter d’attirer trop l’attention. La rumeur n’était pas encore assez répandue pour que Slade se dévoile au grand jour aussi simplement. Il avait profité de se trouver à l’extérieur pour se fumer une cigarette avant d’apercevoir Palmer. Peut-être pendant un instant, Slade avait douté qu’il viendrait à ce rendez-vous. Il avait peut-être soupçonné un piège. Toutefois, si Ray considérait autrefois Slade comme un ami, il ne se permettrait pas de le trahir, même si ce dernier est loin d’être l’ami qu’il a connu.
Slade était venu équiper, il avait toujours quelques armes cachées pour se protéger d’un potentiel danger et il ne fera pas d’exception, pas même pour le petit héros. Il ne fallait pas sous-estimer son adversaire, à n’importe quel moment. Doucement, il s’est rapproché de Ray, avalant une dernière bouffée de tabac avant de lancer le mégot avec une pichenette.

« Que les choses soient claires, je ne suis pas le pote que tu n’as pas su garder en vie. Tout comme toi, je veux des réponses à mes questions. Il s’agit d’une simple collaboration à court termes. Je ne te dois rien et tu ne me dois rien. J’ai besoin de tes compétences dans le domaine, tu as besoin de moi pour tes analyses. Nous sommes d’accord ? »

_____Slade se méfiait de tout le monde, y comprit des petits héros qui voulaient aider même le plus insupportable des hommes. Le vieil homme était peu coopératif, il ne s’était pas adouci malgré toutes les preuves indirectes qui lui laissait comprendre que Ray Palmer n’était pas une menace pour lui, pour l’instant. Il avait même mis les choses au clair avec le scientifique pour éviter qu’il ne le prenne pour quelqu’un qu’il n’est pas. Son comportement était légèrement différent, mais c’était bien du Slade Wilson tout craché.
Cet accord était accepté sous condition, le mercenaire n’a pas prit la peine de répondre. Il était entré dans un début de mutisme, attendant sagement que ce rendez-vous médical passe à l’étape suivante. Il remarqua les gestes théâtrale de Ray qui lui demanda immédiatement de déposer ses armes à l’entrée du bâtiment. Une première condition arriva rapidement sur la table, Ray n’était pas assez stupide pour croire que Deathstroke n’était pas venu armer. Slade n’est guère surpris par la trouvaille de son interlocuteur, bien au contraire. Cet homme aurait probablement baissé dans son estime s’il n’avait pas eu l’œil attentif.

« Tu apprendras qu’un bon soldat doit toujours se préparer à l’improbable pour vaincre ses adversaires et rester en vie. Ce n’est pas un conseil d’ami, juste de la logique pure et dure. »

Il était sorti de son silence pour une nouvelle remarque désagréable, comme il en avait l’habitude. C’était difficile de savoir s’il avait réellement conscience du poids de ces mots. Malgré ses paroles, Slade avait cédé aux conditions de Palmer. Sa volonté de connaître la vérité était peut-être un peu plus importante que d’avoir le dernier mot dans cette conversation. Il s’est débarrassé de son arme pour la déposer à l’entrée du laboratoire. Sa main a ensuite glissé en direction de sa chaussette droite pour en sortir un petit couteau, toujours aussi pratique.
Une fois qu’il fut complètement désarmé, Slade emboita le pas de Ray dans le laboratoire, en gardant une distance d’un mètre entre lui et cet homme, par principe. Le mercenaire avait développé une paranoïa plus impressionnante que d’habitude. Ray avait également pris ces précautions en congédiant la plupart des employés qui travaillaient dans ce laboratoire pour la journée. L’analyse allait prendre plusieurs heures mais Ray n’avait pas idée de la capacité de Slade Wilson à s’adapter à l’ennuie des analyses médicales.

Une fois dans la salle de laboratoire, Ray donna ses premières instructions. Slade haussa un sourcil lorsqu’il demanda très clairement à un vieil ennemi de retirer ses vêtement avant de s’installer dans le scanner pour une analyse totale. Il n’était que très légèrement surpris par les ordres mais il ne se sentait pas réellement déstabiliser par ces contraintes. Ce n’était pas la première fois qu’il réalisait ce type d’examen et ça ne sera probablement pas la dernière fois. Ray s’était permit de faire quelques remarques puéril sur le physique du mercenaire. Pourtant, il n’est pas certain que le scientifique aurait une carrure en meilleur état s’il avait son âge.

« Ne compare pas ton état physique avec celle des autres. Je pense être en bien meilleur condition que toi de ce point de vue-là. »

Slade Wilson avait commencé à se déshabiller en tournant le dos à Ray. Il restait toujours aussi méfiant et ses mouvements étaient assez lent. Il était prêt à toute éventualité, notamment à une attaque surprise. Rien ne se fait, l’ancien mercenaire prenait son temps pour plier soigneusement ses affaires, les déposant avec une délicatesse qu’on ne lui soupçonnerait pas sur une chaise avant d’entrée dans le salaire.

Durant les premières minutes, il n’avait pas cherché à reprendre la conversation pour faire passer le temps. Il s’était enfermé dans un mutisme, laissant le scanner faire son œuvre. L’ennui n’était pas réellement un problème pour lui. Il pouvait rester immobile pendant des heures sans jamais montrer le moindre signe d’ennuie.
Les premiers résultats ont fini par tomber. Le corps de Slade Wilson avait quelques traces de radiations, pollutions qui n’avaient rien de dangereux au vu de l’infime quantité présente sur sa peau. Sur la partie santé, rien de croustillant à se mettre sous la dent. Ce Slade ne montrait d’ailleurs aucun signe du poison de Degaton qui avait emporté celui que Ray avait connu.

La partie concernant le multivers était plus important, et les nouvelles étaient surprenantes. Les résultats avaient révélé que Slade ne présentait aucune anomalie avec cette Terre, prouvant malheureusement à Ray que ce dernier faisait bien partie de son univers. Il avait bien des résidus d’une autre Terre, ancienne de plus de cinq années, supposant que ce Slade Wilson s’était égaré de leur monde pendant tout ce temps sans possibilité de retour.

« Alors ? »

_____Slade n’était pas un grand pudique, il n’a pas vraiment de honte à se montrer tel quel devant Ray, surtout à des fins médicaux. De toute manière, il n’avait pas d’autres options pour obtenir les réponses à ses questions. Un long silence crispant s’était installé dans la pièce froide. Le vieil homme ne s’était même pas donner la peine de meubler ce silence. Il avait pris son mal en patience et avait attendu de longues minutes avant de poser la première question, comme pour rappeler à Ray son existence au sein de ce laboratoire.
Malheureusement, le scientifique ne donnait pas réellement de réponse convenable. Son regard ne s’était pas détaché de son écran tactile, c’est comme s’il essayait de fuir la conversation que Slade tentait de manière désintéresser d’installer. Le mercenaire n’a pas perdu sa patience pour autant. Il avait retrouvé son silence pendant un bref moment avant que Ray ne reprennent la conversation en posant toujours plus de questions sur le passé de Slade, des questions plutôt tordu.

Au début, il n’a pas répondu aux premières questions. Slade n’avait pas envie de jouer carte sur table avec un potentiel ennemi. Ce n’était peut-être pas son Ray Palmer mais le mercenaire avait beaucoup d’ennemi et Ray en faisait partie. Il prend un temps pour analyser le comportement et les expressions faciale du scientifique. C’était comme si les résultats étaient incohérents. Les résultats obtenus ne correspondaient surement pas aux nombreuses théories de Ray, ce qui pouvaient justifier ces expressions faciales rempli de frustration.

« Ce n’est pas ce que tu espérais. » rétorqua Slade au lieu de répondre à ces questions sur le moment. « Tes émotions te trahissent et tu ne fais pas réellement d’effort pour cacher ta frustration et ton incertitude face à ce qui te tombe dessus. »

Les questions de Ray sont assez bizarres, même pour Slade. Lorsque ce dernier estimait qu’il avait assez perdu son temps, il se permit de sortir lui-même du scanner avant d’être invité par Ray à une deuxième séance. Ce n’était pas réellement prévu au programme mais si Deathstroke voulait avoir des réponses concrètes, il allait devoir se plier, encore quelques instants aux exigences de Ray. Le vieil homme glissa son dernier œil valide avec une légère exaspération dans le coin de ce dernier. Il s’était permis de faire une petite halte pour enfiler son sous-vêtement et son jean avant de se rapprocher de Ray pour les tests suivants.

« Mes souvenirs ? Tu essayes de savoir quoi en demandant ça ? » Il laissa échapper un soupir. « Avant de quitter ce monde, je me souviens avoir enterré mes enfants, ma fille m’a rejeté, je ne suis plus président depuis un moment. Ce n’est pas une période que je veux partager avec toi. J’ai continué mes affaires de mercenariat et tout se passait bien jusqu’à ce que Luthor me propose un boulot gracieusement payé. Il pensait être au-dessus des règles, il pensait que c’était l’heure de voir plus grand et de conquérir plus grand. Il a envoyé une poignée de ses soldats, moi à leur tête pour explorer des multivers à conquérir. J’ai fait confiance en son intelligence mais nous n’avons jamais trouvé de portail pour retourner dans notre monde. J’ai vécu dans un monde où il n’y avait rien hormis du chaos, désert et désolation. Il n’y a rien d’autres à dire sur ce monde, rien à préciser. J’ai fait ce que j’ai pu pour trouver un moyen de nous ramener sur la bonne Terre, mais cette science me dépasse. Je ne pense pas m’être absenté aussi longtemps. »

Slade s’est dirigé vers l’autre aile du laboratoire sans poser plus de question. Il restait plutôt vague dans ces propos, ce n’est pas son genre de parler de sa vie privée. Il a hésité quelques instants avant de s’installer et de s’allonger sur l’installation médicalisé.

« Alors non, je n’ai pas été enlevé ni quoi que ce soit. Je ne sais pas trop ce que tu cherches à prouver avec ces questions et ce que tu cherches avec mon ADN. Je suis bien la personne que tu as en face de toi, mais je ne suis pas votre Deathstroke. Je pense que tu n’es pas assez stupide pour ne pas comprendre ça alors je vais te demander ce que tu espères trouver avec tout ça. Qu’est-ce que tu as trouvé et où est-ce que je me trouve ? Ton monde… »

Car les résultats qu’allait obtenir Ray Palmer allait lui confirmer qu’il s’agissait bel et bien de Slade Wilson avec quelques années de retard. Il n’y avait pas la moindre trace d’anomalie mais si le scientifique avait récolté les données du défunt Slade Wilson, il pourrait constater une différence difficilement trouvable mais qui prouve qu’il y avait eu une tentative de clonage chez l’un d’entres eux.

_____Il s’allongea, se laissait faire à tout type d’examen comme un bon patient qui attendait le diagnostic grave de son médecin traitant mais au fond de lui, Slade perdait patience. Le scientifique ne répondait pas vraiment à ses questions, pire que ça, il se contentait de les ignorer, de tourner volontairement autour du pot sans lui révéler ses éléments importants qui le perturbait tant. Inutile de remuer le couteau dans la plaie ou de provoquer la seule personne qui pouvait avoir une chance de lui donner des réponses.
Le vieux soldat avait pris son mal en patience. Il n’avait rien rajouté et se contentait de laisser un silence monstrueusement lourd accompagner les deux hommes. Pourtant, l’œil de Slade n’avait pas lâcher Ray, un regard déterminé avec une touche de méfiance. L’ancien héros était déterminé à avoir les réponses à ces questions mais avoir Deathstroke à sa merci pouvait lui donner quelques idées farfelus qu’il regretterait aussi sec.

« Tu es bien silencieux. » se permit de rétorquer Slade pour tâter le terrain.

Il n’avait pas d’autre choix. S’il laissait parler ses émotions, il lui aurait probablement sauter à la gorge pour lui faire cracher le morceau. Il devait essayer une méthode beaucoup plus douce mais ce n’était clairement pas son fort. A défaut de trouver une meilleure solution pour lui faire cracher le morceau, Slade s’était installé dans un profond silence, mais son dernier œil valide ne quittait pas Ray des yeux. Il ne se contentait pas de laisser son corps à la science, il la laissait entre les mains d’un potentiel ennemi. Il n’était pas encore certain de se trouver sur sa Terre, d’avoir le Ray qu’il avait toujours connu en face de lui. Il devait prendre tout cela avec des pincettes, un concept qu’il avait encore un peu de mal à accepter.
Il le laissait accéder à son ADN, des ressources précieuses, presque intime. Son instinct lui criait de sauter à la tête de Ray pour reprendre le contrôle de la situation mais il n’en faisait rien. Parfois l’instinct vous pousse à faire des choses contre-productive, Slade peut être le principal témoin de ces conséquences.

Après des minutes interminables, Ray s’éloigna du fauteuil médical pour finalement déclarer à son patient que les relevés étaient terminés et qu’il fallait désormais prendre son mal en patience. Deathstroke s’est redressé très rapidement avec une certaine incompréhension dans son regard lorsque le scientifique lui a certifié qu’il devait attendre encore toute une journée avant d’avoir les résultats. Le vieil homme s’était demandé s’il ne se foutait pas un peu de sa gueule dans un premier temps. Dans les premières minutes, il ne se laissait rien paraître et se contenta de se rhabiller dans un mutisme assez inquiétant de sa part. Une fois avoir bouclé sa ceinture, il leva les yeux vers Ray.

« Tu essayes de tester ma patience, Palmer ou tu essayes de gagner du temps pour un raison que tu refuses éperdument de me dire ? »

Tôt ou tard, Slade Wilson finira par découvrir. Pour l’instant, il fait preuve d’un calme olympien même si Ray testait ses limites. C’est comme si le mercenaire lui offrait le bénéfice du doute. Son œil valide glissa en direction des machines qui analysait en ce moment même des données. Il pensait bien que cette technologie serait un peu plus performante que ça.

« Epargne moi les détails, j’en ai assez entendu parler de ces histoires de multivers… et j’en ai assez vu. Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi le plus rapidement possible. » Il marqua un temps de pause. « Demain, huit heures, même endroit mais j’espère que c’est la dernière fois que tu me feras poireauter comme ça. »



Slade restait un homme plutôt ponctuel. Il patientait devant le bâtiment où Ray l’avait emmené la veille. Il avait soif de réponse et il comptait bien sur Palmer pour lui donner ce qu’il attendait. Les machines avaient travaillé toute la nuit, Slade leur avait donné suffisamment de temps pour obtenir des réponses. Son ADN était assez particulier. Il était positif au métagène qui lui avait donné ses capacités régénératrice et sa puissance, ce qui a fait de lui le seul survivant de cette fameuse expérience. Ce sont des caractéristiques qui ont également été légué à Rose et Joseph, d’une manière différente.
Certaines branches de l’ADN était légèrement abîmé par le voyage dans le multivers, Slade n’avait probablement pas eu le matériel nécessaire pour voyager dans les multivers sans avoir quelques effets secondaires. Heureusement, sa régénération lui avaient permis de ne pas être trop atteint, mais il y avait encore quelques marques. Malheureusement pour Ray, les machines avaient pourtant confirmé que Slade Wilson appartenait bien à cette terre, tout comme celui qu’il avait enterré quelques semaines auparavant, mais des traces de clonage avaient été repéré dans l’une des ADN, des traces à peine visible tant la technique de clonage avait été quasiment parfaite.

Deathstroke n’en savait rien et cette idée ne lui était même pas passer par la tête. D’autres questions avaient pris le dessus sur sa conscience, des questions qui l’avaient empêché de fermer l’œil, cette nuit. C’était la première fois qu’il se trouvait dans une terre où il pouvait sentir l’influence d’un Slade Wilson, qu’il pouvait sentir que quelqu’un d’autre que lui avait vécu une vie similaire, avec une vie bien différente de la sienne. Qu’avait-il ressenti ? Quelle vision les autres avait-il de ce Slade ? Qu’est-ce qu’il avait vécu ? Qu’est ce qui avait changé dans ce monde ? Il n’aura pas le temps de lister toutes ces questions, son œil avait reconnu la silhouette de Ray Palmer.

« J’espère que cette attente valait le coup. Moins de temps je passe ici, mieux je me porte et ça doit être le cas pour toi aussi, je présume ? » Il se rapprocha en escaladant les quelques marches qui le séparait du scientifique. « Je doute que tu supportes un autre Slade Wilson plus longtemps mais… j’aurais aimé savoir qui était ce… cette personne de cette Terre ? Du peu que j’ai entendu parler de lui, il semble avoir une réputation particulière… J’aimerais comprendre. »

_____C’était l’une des rares fois où Slade aura l’occasion de voir à quoi aurait pu ressembler sa vie s’il avait prit des choix différents. Il ne savait pas réellement quel genre de décision avait choisi cette version de lui, probablement des décisions stupides qui l’avaient emmené à sa perte mais le mercenaire était curieux. Ray était l’une de ces rares interactions non-violente, il devait en profiter pour récolter quelques précieuses informations au sujet de ces variants. Un silence s’était installé, le vieil homme avait la sensation que cette question était difficile pour Ray et réveillait un sentiment de tristesse chez ce dernier.
Slade peut difficilement cacher sa stupeur lorsque le scientifique lui annonce qu’avec le temps, les deux hommes sont devenus amis. C’était assez difficile d’imaginer comment ils étaient parvenus à cette conclusion, quelles circonstances avaient emmené à une telle conclusion. Slade aurait bien aimé avoir plus de détails mais il n’aura qu’un survol des faits mais Ray en avait profité pour rappeler les actes odieux qu’il avait commis, notamment le meurtre de Ryan Choi.

« Ne sois pas aussi stupide. Il n’y avait rien de personnel avec ton collègue Ryan. Les gens endeuillé s’emportent et jette systématiquement la faute sur la main. C’est ce qui fait que j’ai de nombreux ennemis. Tu es un homme intelligent, si tu dois reprocher sa mort à quelqu’un, ce n’est pas à moi. Je n’ai rien à me reprocher. »

Ray fait également mention de la paternité foireuse de Deathstroke, chose que ce dernier ne s’est pas permis de remettre sur la tapis. Au fond de lui, Slade avait probablement conscience de ne pas être fait pour être père. La vie de famille n’était pas son fort et il avait passé une bonne partie de son existence à la fuir. Lorsqu’il ne pouvait pas la fuir, c’est comme s’il attirait tous les malheurs du monde sur ses enfants. Il avait enterré ces fils, il avait provoqué la mort du plus jeune. Ce sont encore des souvenirs douloureux qu’il se refusait de déterrer.
Le scientifique est certain que le Deathstroke qui se trouvait en face de lui ne serait jamais aussi bien que sa version. Slade souffla du nez, une façon de se moquer de ces paroles. Son égo n’est pas réellement touché. Il se demandait presque si l’ancien héros ne ressortait pas le même speech à chaque Deathstroke qu’il avait croisé dans son existence.

« Tu penses réellement que les versions alternatives de ta personne sont différentes ? Je pense que tu te méprends, nous sommes les mêmes personnes, nous avons simplement fait des choix dans des circonstance différentes, rien de plus. »

Il ne pouvait pas en être certain, mais c’était plus ou moins son hypothèse après avoir perdu plusieurs années de sa vie dans une Terre qui n’était pas la sienne. L’ascenseur émotionnel était sous le point de lâcher lorsque Ray a fini par avouer que Slade était bien rentré chez lui.
Le vieil homme est resté immobile l’espace de quelques secondes. Durant toutes ces interactions avec lui, l’ancien Atom n’avait pas perçu la moindre émotion, jusqu’à maintenant. L’œil de Slade semblait perdu, comme s’il essayait d’encaisser le choc, ou de comprendre comment cette Terre pouvait être la sienne. Cet endroit lui semblait à la fois familier et très différents de ce dont il se souvenait. La pilule avait du mal à passer.

« Non. Tu penses que je vais gober un truc pareil ? Ce n’est pas chez moi. » grogna Slade.

Il y a cette histoire de Terre, mais il y a également la présence de ces deux Slade. S’il appartenait à cette Terre, alors l’un d’entres eux n’était pas le bon. Ray avait mentionné une histoire de clone, quelque chose que Deathstroke avait du mal à avaler. Les nouvelles sont enchainées beaucoup trop vite pour que son cerveau cartésien comprenne. Le soldat était en train de se remémorer sa journée d’hier, surtout les réactions de Palmer.

« Ces yeux de chien battus… tu le savais… tu le savais depuis le début et cette nouvelle te rend malade. » Il marqua un temps de pause, Slade finit par comprendre que Ray était loin de lui mentir. « La déception t’a trahi. Tu cherchais juste le bon moment pour me le dire. Cette histoire de clonage… »

Surement un coup de Lex Luthor. Avait-il préféré envoyer un clone de Slade, avec les mêmes caractéristiques que lui voyager dans le multivers ou avait-il couvert ses traces suite à l’incident en créant un clone de Deathstroke ? Si même le scientifique ne parvenait pas à connaître la vérité, comment pouvait-il le savoir.

« Je ne suis PAS un clone. C’est ça qui te dérange, hein ? » Slade veut connaître la vérité et les révélations sont tellement puissantes qu’elles ont réussi à perturber le mur de glace qu’il était. Ray peut sentir cet homme bouillonné de l’intérieur. « Je n’ai pas pu m’absenter si longtemps. J’ai enterré mes enfants, j’ai tué Ryan, je ne t’ai jamais côtoyé, j’ai pas travaillé avec Batman, ni avec Waller. J’étais Président de ce foutu pays. QU’EST-CE QUI S’EST PASSE ? »

_____La crise existentielle de Deathstroke n’avait fait que s’intensifier. Les révélations de Ray avait fait l’effet d’un coup de tonnerre dans son esprit. Il remettait tout en question, même sa propre existence. Est-ce que tout ce qu’il avait vécu n’était qu’un simple souvenir artificiel qu’on lui avait implanté ? Était-il le véritable propriétaire de ces souvenirs ? Trop de questions pour un environnement qui lui était complètement étranger. C’était bien l’une des premières fois que Slade se sentait aussi égaré, plongé dans un bassin d’eau trouble qui ne laissait échapper aucune lueur. Cela se répercutait par un ton froid et un comportement agressif envers Ray qui n’avait fait que reporter les faits, des faits qui semblaient aussi lui crever le cœur, bien plus que Slade ne voulait le croire.

Pendant un instant, pendant que Ray le sermonnait, ce dernier lui tournait le dos pour faire face à cette ville, à cette Terre qui semblait être la sienne. Cet endroit lui donnait presque le vertige, il ne savait plus où se placer et les paroles du scientifique n’arrangeaient pas les choses. Il lui dit pourtant ces quatre vérités mais Slade Wilson est une tête de mule qui accepte difficilement ses torts.

« J’exige ? Je ne te donne rien en retour ? Ne joue pas la victime confrontée à la manipulation de son agresseur. J’ai accepté de coopérer avec toi pour nous aider à répondre à nos questions communes. Je t’ai donné des ressources, mon ADN pour que tu puisses répondre aux tiennes, ça ne te suffit pas ? »

Contrairement à Ray, Slade ne s’emportait pas. Il aurait toutes les raisons du monde de laisser s’exprimer une colère dormante après les révélations que Ray lui avait fait mais son self-control prenait toujours le dessus. Il gardait toujours cet air froid sur son visage, comme si tout ce qui c’était passé ne l’avait pas affecté. Seul ses paroles, ses nombreuses questions arrivaient à trahir ce bouclier.

« Tu vois quoi de plus ? Qu’est ce que tu attends de plus de ma part ? Nous ne sommes pas amis, je ne suis pas le Slade qui a sympathisé avec toi et je ne le serais probablement jamais. Tu veux que je te donne ma femme ? La dernière gosse qu’il me reste ? Les dernières branches de mon ADN qu’il te reste pour espérer ressusciter ton Slade ? »

Slade laissa échapper un grognement. Dans sa mémoire, beaucoup d’incohérences parcouraient son esprit. Il n’était plus sûr de rien. Ray n’avait aucune raison de lui mentir autant et il n’avait aucune manière de vérifier si ces théories étaient exactes. Ce manque de ressource ne faisait que l’enfoncer dans ce monde d’inconnu.

« Je te l’ai dit, Ray, je n’étais que la main armé. Une ordure m’a demandé de tuer Ryan, j’ai accepté ce contrat, je l’ai rempli. Il n’y a pas de place pour les émotions dans ce métier. Je n’avais rien contre ce gamin et ça te tue de l’admettre car tu as envie d’avoir un coupable en face de toi. »

Pour l’instant, le vieil homme se concentrait sur cette version alternative ou ce clone. S’il devait vivre ici, alors il devait commencer à faire le ménage aux alentours, reprendre contact avec ce qu’il lui reste et s’occuper personnellement des traites. Cette histoire de clone avait aidé l’esprit de Slade à se créer un premier chemin pour reconstruire sa vie après tout ce temps.

« Je ne pense pas que tu voudrais davantage m’aider. Je pense même que tu t’es approprié une partie de mon existence depuis ma pseudo mort. Tu t’es mis ma fille dans ta poche ? Ou c’est Batman et ses gosses qui sont entrés dans sa vie ? Je découvrirai ça seul, et je m’occuperai du reste. Malheureusement pour toi, nos chemins se recroiseront plus tôt que tu ne le penses. »