Close of eternal curse (?) [Hawkgirl, Atom, Wonder Woman]

C’était un moment d’une rare beauté, et Diana était reconnaissante de leur victoire, reconnaissante de l’intervention des Dieux et Déesses de leurs panthéons, mais surtout, elle était reconnaissante de pouvoir être présente et d’assister Shiera dans cette épreuve. Ce cadeau. Un don, elle le savait, qui était rêvé par bien des Amazones sur Themyscira ; rêveries auxquelles elle avait elle-même pris part, il y avait toute une vie de cela. Son cœur était empli de joie de voir une partie du futur qu’ils avaient tous pu goûter il y avait des mois se réaliser malgré tout. Plus que tout, elle était enchantée de savoir que ce bonheur revenait à Shiera et Carter. Ils méritaient ce qui leur arrivait. Les cieux en étaient témoins.

Elle laissa l’agitation à Ray et Carter, et adopta instinctivement le comportement qu’elle avait vu chez les guérisseuses de Themyscira à la dernière visite de Shiera. Elle se fit protectrice et se montra complètement dévouée, offrant sa main et son bras à chaque fois que son amie semblait en avoir besoin. Aussi quand elle lui demanda de l’aider à se lever pour marcher un peu, Diana ne se fit pas prier. Elle soutint son ami, entrelaça leurs doigts et lui offrit son bras comme support pour l’aider à faire les quelques pas qu’elle semblait tant vouloir.

Elle écouta les prières avec respect, en susurra elle aussi quelques-unes sans trop être sûre de leur destinataire, puis, une fois le silence installé, elle prit enfin la parole.

« Mon peuple a toujours envisagé la création de l’Univers comme une longue suite de naissances, » dit-elle en aidant Shiera à tourner pour une nouvelle longueur des cent pas qu’elles faisaient en boucle. « C’est une longue suite de création et d’enfantements qui ont mené ce monde à prendre vie. Il y avait Chaos, puis ses enfants, qui ont eux aussi eu des enfants, et ainsi de suite. »

Elle remarqua d’un coin de l’œil du mouvement dans le couloir, derrière Shiera. Ray Palmer et Carter revenaient vers elle, certainement parce que le bureau était prêt. Diana reporta son attention sur son amie avec un petit sourire. Elle lui prit les deux mains et les serra entre ses doigts.

« Ce n’est pas un hasard si ta fille a décidé de naître maintenant. Je ne le crois pas. Hath Seth est mort. Un nouveau monde s’ouvre à vous, et c’est elle qui en sera le commencement. »

Elle prit le visage de Shiera entre ses mains et déposa un baiser sur son front avant de s’écarter et la laissa dans les mains de Carter qui venait de les atteindre. Elle sourit à ce dernier, lui donna le bras de Shiera pour qu’il l’aide à marcher jusqu’au bureau, puis ajouta une bénédiction des Amazones à voix basse à ce petit convoi. Ray Palmer était légèrement en retrait, et Diana le rejoignit rapidement tandis qu’ils se mettaient en route derrière le couple maintenant libéré.

Ainsi loin des regards de Shiera et Carter, Diana dirigea toute son attention sur Ray Palmer. Il était de notoriété publique qu’elle était capable de soutirer n’importe quelle vérité à n’importe qui grâce au Lasso qui pendait de sa taille, mais peu de gens savaient que ce n’était là qu’un instrument, et que sa relation avec la vérité était bien plus intime que cela. Alors quand elle posa les yeux sur le visage tiré du scientifique, dont l’aide avait été si précieuse pendant le combat qui venait à peine de prendre fin, elle comprit, d’une certaine façon, que sa propre douleur avait un certain écho chez lui. Les détails lui échappaient, mais les détails n’avaient jamais été nécessaires pour l’empathie et pour les liens qui se forgent avec le chagrin et les épreuves.

Son ventre à elle n’avait jamais grossi. Elle n’avait jamais eu de contractions, et le futur qu’Althéa lui avait conté ne serait jamais.
Et elle sut immédiatement que Ray Palmer comprenait le prix d’une telle certitude. Alors quand Shiera et Carter pénétrèrent dans le bureau ensemble pour débuter ce nouveau chapitre de leur vie à deux, elle se stoppa dans le couloir et posa sa main sur l’épaule de Ray.

Shiera et Carter les appelleraient s’ils avaient besoin d’aide. C’était leur moment. Et pendant ce temps, Diana et Ray avaient le leur, largement nécessaire. Ses yeux ancrés dans ceux du scientifique, elle lui adressa un léger sourire – mais sincère et chaleureux, profond et plein d’affection.

« Ce fut un réel honneur de me battre à tes côtés, Ray Palmer, » dit-elle simplement, bien que ses yeux en disent plus.

La vérité était toujours plus intime que ce que l’on pensait.

« C’est bien de le faire le bien, oui, » assura-t-elle à son tour avec un petit sourire amusé.

C’était simplement dit, mais c’était vrai, n’est-ce pas ? Pour les gens comme eux, leur mission avait une importance prioritaire sur bien d’autres aspects de leurs vies. Ca ne leur empêchait pas d’en avoir une, évidemment, mais… mais. Voilà pourquoi son bonheur pour Carter et Shiera était plus que sincère malgré les souvenirs et les douleurs enfouies. Ils avaient été au-delà de la malédiction qui les avait condamnés pendant tant de vies, au-delà de la mission, et ils étaient juste là, de l’autre côté de la porte près de laquelle Ray et elle attendait avec un tout nouveau bonheur à portée de mains.

Mais comme Ray l’avait lui-même dit… C’est bien de faire le bienCa lui suffisait. Ca devait lui suffire. Sa mission lui tenait bien trop à cœur, encore. Elle avait trop foi en ce que l’avenir pouvait réserver au monde des hommes pour se laisser aller.

C’est bien de faire le bien.

Elle alla s’adosser au mur contre lequel Ray venait de s’asseoir et dégaina son épée encore recouverte de terre et de la poussière noircies par la magie d’Anubis. Elle se munit du chiffon qui était plié dans la bourse à sa ceinture et entreprit de nettoyer sa lame avec patience. De l’autre côté de la porte se jouait l’avenir de deux de ses plus chers amis, mais elle était confiante. Elle restait, évidemment, parce que la petite fille qui allait venir au monde était sa filleule, parce qu’elle voulait être là s’il y avait le moindre souci, et parce qu’il lui semblait que c’était la seule façon de réellement clôturer cette mission. Alors en attendant que ce soit de nouveau à leur tour d’intervenir, elle nettoyait son épée méthodiquement et se perdait dans le rituel de ce geste.

Jusqu’au moment où, après de longs instants d’agitation de l’autre côté de la porte, ils l’entendirent aussi clairement que si elle était à côté d’eux. Les pleurs d’un nouveau-né, merveille aussi rare que précieuse. Diana releva la tête, enveloppée d’une chaleur soudaine et ses yeux se posèrent sur la porte. Elle se redressa, rangea son épée avec autant de cérémoniel qu’elle ne l’avait nettoyée et détourna finalement son regard pour le baisser vers Ray.

Elle posa de nouveau sa main sur son épaule pour y exercer une légère pression avant de relever.

Dans quelques instants, la porte s’ouvrirait et on leur demanderait de rentrer. Dans un instant, ce serait vraiment le début d’une nouvelle vie pour Shiera et Carter. Elle était honorée d’en faire partie. Elle n’avait qu’une hâte : rencontrer, finalement, la petite fille qui venait de tout bouleverser. Déjà, elle savait qu’elle ferait tout pour la protéger, pour l’aider à s’épanouir. Déjà, elle se voyait l’amener pour la première fois à Themyscira. Déjà, l’avenir lui semblait bien plus lumineux.

Elle sourit avec douceur dans le vide tandis qu’ils attendaient toujours avec patience et respect que la porte ne s’ouvre.

C’est bien, de faire le bien. C’est bien.