Le désastre de l'Académie de Super-Science / L'arrestation de Ray Palmer [LIBRE]

Le grand jour est arrivé ; enfin.
Ivy Town bruisse d’excitation.

Quelque chose se prépare. Quelque chose va commencer.
Quelque chose va naître.
Au centre-ville.
Au cœur de la ville moyenne de Nouvelle-Angleterre, essentiellement connue pour son Université ; et quelques Héros costumés, centrés autour d’Atom. Qui est d’ailleurs à l’origine de l’extrême curiosité qui touche la population locale.

Car Ray Palmer, dit Atom, prépare quelque chose ; et il l’annonce aujourd’hui.
Chez lui.
Dans l’immeuble qui porte désormais son nom.


Mais nul ne sait ce qu’il se passe.
Ray Palmer a refusé toute interview ; toute déclaration.
Jusqu’à aujourd’hui.
Jusqu’à ce fameux jour où le scientifique a invité tout Ivy Town. Tous les journaux. Toutes les entreprises. Toutes les autorités. Toutes les forces vives de la ville, mais aussi tous les anonymes ; tous les badauds.

Ray Palmer a invité tout Ivy Town ; pour une annonce.
Devant ce fameux immeuble, avec un logo à son nom. Et l’heure est enfin arrivée.
La porte s’ouvre. Quelqu’un sort.

« Bonjour. »

Quelqu’un parle sur le promontoire, et dans le micro ; quelqu’un que tout le monde reconnaît.
Raymond Palmer.
Scientifique de génie. Professeur émérite.
Héros, sous le nom d’Atom ; ex-membre et meneur de la Justice League, membre de la Justice Society of America. Co-meneur de la TeamAtom.

« Je vous remercie de votre venue à tous. Sincèrement, je suis touché. »

Il sourit ; il est un peu gêné.
Mais il se lance.
Car il en a besoin – il a besoin de ce moment. Il a besoin de ce lancement.
Il a besoin d’un instant positif, maintenant.

« Je… je suis propriétaire de cet immeuble, et la Mairie d’Ivy Town m’a donné toutes les autorisations nécessaires pour mon projet. J’en profite pour remercier les autorités, sans qui rien ne serait possible. »

Car Ray Palmer va mal ; Ray Palmer enchaîne les drames.
Jessica Cruz, la femme qu’il aime, et lui se sont séparés un temps ; ça a été dur. Ils ne se sont retrouvés qu’au moment où Chronos, son ennemi temporel, s’en est pris à lui. Au point qu’un Ray du Futur, Doc Atom, doive venir l’aider. Et s’ils ont triomphé de Chronos, Jessica a été abattue… et laissée pour morte.
Ray a refusé cet état de fait. Ray s’est brouillé avec ses proches, et a foncé dans l’Espace avec Simon Baz ; Green Lantern, coéquipier et meilleur ami de Jessica. Avec qui il ne s’entendait pas, mais qui est devenu un ami.
Ils l’ont ramenée ; ils ont réalisé l’impossible, et l’ont ramenée.
Mais avec un prix.

« Je… suis Atom ; vous le savez. Je suis Atom, et j’en suis fier.
Mais, avant cela, je suis un scientifique. Je suis passionné de Science, et… et trop longtemps, j’ai vu les progrès de la Science limités par des impératifs politiques ou économiques. Alors que notre monde souffre, alors que nous souffrons, je… ne veux plus laisser faire cela. »

Ray et Jessica ont vu, jadis, leurs enfants du Futur ; Elena et Carter.
Ils les aiment. Ils les veulent.
Mais. Mais ils n’existeront pas – car Ray est devenu stérile, dans l’Espace. Et il ne le supporte pas.
Il se considère indigne. Incomplet.
Il rejette Jessica. Il va mal.
Et il s’enfonce.

« Je veux agir, alors. J’agis.
J’ai acquis ce bâtiment pour lancer quelque chose ; Palmer Technologies.
Un think-tank, basé sur la Science ; pour la Science. Avec des moyens importants, afin de permettre aux collaborateurs d’aller encore plus loin – de dépasser leurs limites, pour servir le monde. L’Humanité. »

Ray a pu aider les Hawks à vaincre leur malédiction, et ce fut un dénouement heureux ; le seul dans un océan de drames.
Il a dû tuer un ennemi, récemment ; Mazahs, une version alternative de Lex Luthor et de Shazam. Il ne le dit pas, mais porte difficilement cette culpabilité.
Il a tenté d’amener Victor Fries dans le droit chemin, mais la découverte d’horreurs chez Kobra l’a poussé à des extrémités difficiles. Il culpabilise, se ronge lui-même d’avoir agi ainsi.
Et… il y a la Zone 51. Cet endroit mystérieux où Ray a découvert que l’Armée Américaine y stockait des créatures du Microvers ; enlevées, torturées, manipulées. Il n’a pas su les protéger ; et n’a pas pu les libérer.

« C’est pourquoi j’ouvre Palmer Technologies, et notamment l’Académie de Super-Science. Une structure pour permettre aux meilleurs jeunes esprits de ce temps de travailler ensemble… pour nous rendre meilleurs. »

Ray Palmer va mal ; Ray Palmer est seul.
Ray Palmer ne voit rien de positif dans sa vie – rien, sauf ça. Sauf cette opportunité.
De laisser une trace. D’offrir quelque chose à l’Humanité.
D’exister, un peu.

« Je vois ici plusieurs personnes qui intégreront l’Académie… plusieurs jeunes esprits brillants, qui vont aider le Futur. Je le sais. »

Il laisse son regard glisser dans la foule ; il les voit.
Eux. Ces jeunes esprits.
Ces personnes extraordinaires qu’il veut accompagner, à qui il veut offrir la possibilité d’aller plus loin. Plus haut. Plus fort.

« Palmer Technologies ouvre. L’Académie de Super-Science ouvre, et je suis très fier d… »

« Non. »

Une voix se fait entendre ; une voix résonne.
Une voix vient agresser l’esprit de Ray Palmer – qui ne comprend pas.

« M… mais… »

« Cette Académie n’ouvre pas. Palmer Technologies n’ouvre pas. »

Une forme émerge de la foule ; une forme s’avance.
Massive. Puissante. Désagréable.
Dangereuse.

« Je suis le Général Fox, de l’Armée des Etats-Unis d’Amérique. Sur décret présidentiel, les autorisations de Palmer Technologies sont révoquées. »

« Quoi ?! »

« Et Raymond Palmer est placé en état d’arrestation. »

« Pardon ?! »

Ray s’avance ; les poings serrés.
Il s’énerve.
La colère revient. La colère explose.
La colère… rencontre, comme ses yeux, des formes ; d’autres formes.
Qui approchent. Et qui sont armées.
Des soldats ; qui se positionnent dans la foule.
Pour le viser. Le doigt sur la gâchette.

« Vous êtes suspectés de plusieurs crimes, Raymond Palmer.
Vous êtes suspecté de voyages et d’actes illégaux dans l’Espace, en irrespect de conventions intergalactiques qui mettent la Terre en danger. Vous êtes suspecté du meurtre du Vilain Mazahs. Vous êtes suspecté d’abus sur des prisonniers. Vous êtes suspecté d’avoir irradié volontairement l’agente ennemie dite Preon, afin d’organiser une mort lente et douloureuse. Vous êtes suspecté d’avoir collaborer avec le Vilain Mister Freeze, en lien avec une organisation secrète et criminelle.
Vous êtes, enfin, suspecté de vous être introduit illégalement dans une zone militaire interdite. D’y avoir endommagé des possessions américaines, d’avoir tué le Docteur Andrews, et d’avoir dérobé un élément relevant de l’Armée Américaine. »

Le général s’avance, et croise les bras dans son dos.
Son visage n’exprime aucune émotion.

« Vous êtes accusé de terrorisme, Raymond Palmer.
J’ai pleinement conscience de ce que vous pourriez faire, pour fuir ; j’ai des mesures pour empêcher cela – mais elles vont mettre en danger cette foule que vous avez amassée ici.
Or, je sais que vous ne voulez pas causer de tort à ces gens. »

Il hoche la tête, sombre.

« Votre projet est mort-né, Raymond Palmer. Votre Académie n’existera pas.
Vous allez être emmené. Que vous le vouliez ou non.
La seule question, maintenant, est de savoir si vous voulez faire ça difficilement, et mettre des gens en danger. Ou si vous voulez, au moins, laisser l’image d’un homme soucieux du destin d’autrui. »

Le général se tait, alors ; il le laisse.
Il le laisse réfléchir.
Mais Ray Palmer n’en a plus les capacités.

Il est perdu. Il est troublé. Il est énervé.
Il est enragé, même. Il veut s’en prendre à ce général – il veut foncer sur lui, il veut le retourner, il veut le briser ; il veut anéantir chaque os de son corps. Il veut le faire souffrir. Il veut l’entendre hurler de douleur.
Puis passer aux autres. Aux soldats.
Pour les détruire.
Pour les anéantir – et s’acharner sur eux. Les massacrer, tout simplement.

Mais il ne le fait pas ; mais il ne peut pas.
Mais il est brisé.

« Je… j… »

Tout s’écroule ; tout son monde s’écroule.
Il n’a plus rien.
Il est arrêté. Palmer Technologies n’existera pas ; l’Académie de Super-Science disparait d’elle-même.
Il n’a rien. Il n’a plus rien.

Ses torts lui sont renvoyés. Ses erreurs sont comptées.
Il perd tout.
Plus d’Académie. Plus de réputation. Plus d’honneur. Plus de proche. Plus de liberté.
Plus de Jess’.

Son regard glisse sur la foule ; les larmes coulent, silencieusement.
Il n’a plus rien.
Il… n’est plus rien.
Il ne peut plus.

« Je… »

Il voit ; il les voit.
Ses proches. Ses amis. Ses élèves.
Ryan, qu’il aurait aimé guider encore. Molecule, dont il voulait trouver l’origine. Alpheus, qu’il voulait rendre fier. Tim, qu’il aurait aimé cadrer. Stephanie, qu’il aurait voulu aider. Carter, avec qui il aurait aimé continuer à vaincre le Mal. Conner, Edwine, et tant d’autres. Barry, aussi. Les autres. Tous les autres.
Patty. Sa meilleure amie. Sa conscience. Qu’il n’a pas écouté assez.
Jess’. Sa… elle. Toujours. Pour toujours. Elle.

« Humf. »

Il soupire ; leur fait signe.
Leur fait signe de ne rien faire. De le laisser.

« Je… »

Et il lève ses yeux vers le général.
Il s’avance. Lentement.

« Je viens. »

Ray Palmer cède ; il se rend.
C’en est fini.

Ray Palmer est arrêté. Son procès s’ouvrira bientôt.
Il va payer pour ses crimes.
Même si son âme, sa conscience véritable, ne cessera jamais de lui reprocher d’être tombé aussi bas.

(HJ/ Vous pouvez poster vos réactions, mais je ne répondrais pas. Vous êtes libres de faire comme vous le voulez, mais Ray file en prison. /HJ)

Ca avait été facile, au début. Facile de se sentir reconnaissante et pleine d’espoir. Quand on revient à la vie, c’est particulièrement facile. Le souvenir de la mort est bien trop présent, la douleur, la certitude qu’il ne restera plus rien à faire, plus rien à être… Oui, ça avait été facile pour Jessica de rouvrir les yeux et d’appréhender cette nouvelle existence dont on lui avait fait cadeau avec espoir et gratitude. Facile d’aimer encore plus Ray et Simon pour ce qu’ils avaient fait pour elle, facile de les remercier encore et encore, et facile, même, de se heurter au problème de cette nouvelle personne qu’elle était apparemment devenue quand elle était revenue parmi les vivants. Si facile, à dire vrai, que c’en était déroutant. Un nouvel anneau, de nouveaux pouvoirs, de nouvelles possibilités ? Elle pouvait faire face. Elle avait fait face à pire. Oui, ça avait été facile.

Mais ça avait vite changé.

Ray s’était éloigné. Il s’était écarté, l’avait repoussée sans rien expliquer ou justifier. Simon prenait un air crispé et attristé dès qu’elle en parlait. Il comprenait plus Ray qu’elle-même maintenant. Son anneau de Green Lantern était toujours là, mais il restait silencieux, retiré et timide, écrasé par la puissance contenue dans celui, d’une blancheur éclatante qui brillait toujours un peu à sa main. Elle n’avait plus d’appartement et était repartie vivre chez sa sœur. La nuit, elle rêvait d’un éclat jaune qui venait la transpercer de part et d’autre, et elle tentait, tant bien que mal, de retenir le sang qui s’écoulait à flot de sa plaie tout en appelant à l’aide, mais personne ne venait. Ca avait été facile, oui, mais elle avait le chic pour tout compliquer, et maintenant elle se débattait tant bien que mal avec sa culpabilité et ses angoisses, et, surtout, le manque de Ray.

Elle aurait aimé qu’il lui tienne la main. Qu’il lui sourit comme il le faisait avant. Qu’il la rassure aussi. C’était peut-être trop demandé. Peut-être était-elle égoïste. Peut-être s’en était-il rendu compte et c’était pour ça qu’il se tenait à l’écart. Peut-être qu’il regrettait, peut-être que… Non. Elle stabilisa sa respiration et se fit encore plus petite dans la foule autour d’elle. Elle était là pour le soutenir, pas pour se taper une crise d’anxiété des plus publiques au milieu du rassemblement le plus important de ce mois à Ivy Town. Peut-être même de cette année, pour être honnête. Certes, il ne l’avait pas invitée mais elle ne pouvait pas ne pas venir. Son choix à elle était fait – et il avait été facile, aussi – et quant au reste… et bien, elle ferait face aux conséquences.

Sauf que les conséquences ne se trouvèrent pas être du tout celles qu’elle pensait. La situation dérapa rapidement, mais pas comme elle l’aurait imaginé, car tout se fit en publique, et, surtout, ça ne la concernait pas elle mais bien Ray. Juste Ray. Les appareils photos autour d’elle cliquetèrent, les journalistes se rapprochèrent un maximum tout en retenant leurs souffles, et Simon lâcha une ribambelle de jurons qui en aurait fait rougir plus d’un.

« Putain, c’est quoi ce bordel encore ? »

« Ils l’arrêtent, » souffla-t-elle en réponse. Surprise, elle fit elle aussi un pas en avant, suivant ainsi le mouvement général de la foule. Mais si on cherchait les ragots tout autour d’elle, elle, c’était une fenêtre d’action qu’elle espérait trouver. « Ils l’arrêtent, Simon ! »

« Que dalle. Ca peut que être un coup monté ! En costume, J-bird. Nous aussi on peut rouler des muscles et sortir la carte de l’autorité ! »

Elle hocha simplement la tête sans lâcher du regard et laissa Simon la traîner en arrière à la recherche d’un endroit plus ou moins calme où ils pourraient passer en mode Lanterns, mais alors qu’il se frayait un chemin dans la foule, le regard de Jessica croisa celui de Ray.

Et si ça avait été facile, ça ne le serait peut-être plus jamais car il la regardait directement avec plus d’honnêteté qu’il ne l’avait regardée depuis son retour, et c’était pour lui dire de le laisser partir. Le cœur de Jessica se mit à pomper du plomb liquide à travers ses veines, et elle se sentit s’alourdir et s’enfoncer sur place.

« Simon, » dit-elle, d’abord doucement. Son meilleur ami ne réagit pas tout de suite et continua à la tirer mais elle libéra finalement son bras avec violence. Il se tourna vers elle avec de grands yeux. « Il ne veut pas qu’on l’aide. »

« Hein ? Qu… On s’en fout de ce qu’il veut, non ? »

Elle vit son regard passer de son visage à elle à celui de Ray, qui venait de se laisser menotter par le Général Fox, et ainsi de suite. Il y serait allé, réalisa-t-elle. Ce qu’il s’était passé entre eux, elle ne le saurait peut-être jamais clairement et elle n’aurait de cesse de se sentir coupable pour les épreuves qu’ils avaient traversées, mais c’était étrange de mourir dans un monde ou Simon nourrissait une amertume sans fond pour Ray, puis de se réveiller dans un autre où il aurait tout fait pour Ray. Y compris se transformer devant tous ces gens pour se ruer ensuite sur cette estrade et écarter tous ces militaires du scientifique.

« Il ne veut pas, » répéta Jessica, prise d’assaut par une vague de colère indescriptible. Elle aussi elle aurait tout fait pour lui ! Absolument tout ! « Il ne veut pas de mon aide, Simon ! »

Elle le repoussa complètement et se lança dans la foule à son tour jusqu’à finalement arriver au recoin calme que Simon avait pris pour cible un peu plus tôt. Ses vêtements de civils disparurent, recouvert par la nouvelle version de son costume, qui mêlait vert et blanc tandis qu’elle-même oscillait entre ce qu’elle avait été et ce qu’une Entité vieille comme le monde attendait qu’elle soit, apparemment. Les poings serrés, elle prit son envol en faisant mine d’ignorer Simon, pourtant toujours sur ses talons.

« Hey ! Tu veux bien t’arrêter deux secondes ?! Jessica. Jessica ! JESS ! »

Elle jeta un regard par-dessus son épaule, et fusilla du regard son meilleur ami tout en accélérant un maximum. Elle l’entendit grogner de frustration avant qu’un éclat d’émeraude ne surgisse dans un coin de son champ de vision. Choquée, elle fit volte-face.

« Tu m’as tiré dessus ?! »

Simon leva les mains en signe d’innocence. Son uniforme à lui n’avait pas changé d’un iota. Il avait toujours le même anneau à la main et représentait toujours avec perfection la volonté nécessaire pour intégrer le Corps des Green Lantern. Les différences chez lui étaient plus profondes, mais pas moins évidentes. Le fait qu’il prenne la défense de Ray était au sommet de la liste, pour commencer.

« Si tu me laissais parler au lieu de fuir – »

« Va te faire voir, Simon, » répliqua-t-il d’un ton cinglant.

Elle pivota de nouveau et reprit sa trajectoire sans trop savoir où aller. Loin. Ou peut-être pas. Elle pourrait commencer par aller faire un tour dans l’appartement de Ray. Parce que oui, elle avait beau être furieuse, vexée et blessée, jamais elle ne le laisserait pourrir dans une cellule ultra protégée – et ce pour rien au monde. Qu’il ne veuille pas lui parler pour le moment ne changeait pas grand-chose à ce qu’elle ressentait, elle. Elle ferait tout pour lui, et elle était sur le point de le faire, en effet. Ca ne l’empêchait pas d’être d’humeur massacrante, ceci dit.

« Jess, attends, s’il te plaît ! »

Jessica fut freinée en plein air par un lasso façon Wonder Woman qui vint s’enrouler autour de ses chevilles. Elle bascula sur le côté et tourna un regard outré vers Simon.

« LACHE-MOI ! »

Elle voulut répliquer avec une réplique verdâtre de Wonder Woman, sa Wonder Woman, parce que Simon n’avait aucun droit d’utiliser son admiration pour Diana contre elle. Seulement quand elle tendit la main, c’est une Wonder Woman aux nuances cramoisies qui trancha d’un coup d’épée le lasso vert de Simon avant de disparaître. Surprise, Jessica baissa les yeux vers son anneau. Il était toujours aussi blanc, mais il lui semblât qu’un léger halo rouge l’entourait. Sous le choc, elle remua la main dans tous les sens, comme pour se débarrasser d’une sauterelle un peu trop collante.

« Jess ? » lança Simon, d’une voix hésitante.

« Fiche-moi la paix, » répliqua-t-elle, bien moins sûre d’elle-même. Oui, ça avait été facile de revenir à la vie et de s’émerveiller de cette seconde chance. Seulement, elle avait l’impression qu’on l’avait propulsée dans un tout nouveau jeu de société et qu’on avait oublié de lui donner les règles du jeu. Elle aurait voulu être capable d’en parler à Ray, mais il ne voulait pas… il ne voulait même pas de son aide. Il l’avait ramenée à la vie, et elle n’avait même pas le droit de le sortir de prison…

Elle renifla, jeta un énième regard noir en direction de Simon histoire de bien faire passer le message, puis elle se détourna et s’apprêta à s’élancer de nouveau. Sauf que Simon intervint en premier, encore.

« Ray est stérile ! »

Elle se figea dans les airs, surprise.

« Quoi ? » dit-elle en se retournant vers son meilleur ami.

« Ce qu’il s’est passé dans l’espace… ça l’a rendu stérile, Jess. C’est pour ça que… » Ce fut au tour de Simon d’avoir un geste vague de la main, bien que le sien ne semble plus embarrassé que choqué. « ‘Fin, tu vois, quoi. »

« Qu’il ne me parle plus ? »

Elle était choquée. Non, horrifiée. Horrifiée à l’idée de ne pas avoir compris, de ne pas avoir senti qu’il y avait anguille sous roche. Terriblement honteuse d’être la cause plutôt directe du malheur de Ray. Et terrassée à l’idée qu’il ait pensé mieux de s’éloigner d’elle plutôt que de rester et de lui dire et d’avoir un futur avec elle comme si … comme si elle n’avait attendu que ça de lui. Des enfants. Lui avait-elle fait croire, plus ou moins consciemment, que c’était la seule chose qu’elle envisageait pour son futur… ? Que c’était là la seule valeur qu’il avait à ses yeux.

Elle étouffa un hoquet d’horreur tandis qu’elle plaquait ses mains sur sa bouche.

« Je suis désolé, » lança timidement Simon.

Il s’approcha un peu plus d’elle, d’abord en douceur histoire de vérifier qu’une autre Wonder Woman de pure rage n’allait pas lui tomber dessus, puis bien plus sûrement quand il se rendit compte que Jessica était bien trop chamboulée pour l’attaquer.

« Je suis désolé, » répéta-t-il en s’arrêtant devant elle.

« Il faut le sortir de là, » répondit-elle, puis elle fondit en larmes.

Elle ne sentit pas les bras de Simon se refermer autour d’elle. A dire vrai, la seule chose qu’elle ressentait, c’était la honte et l’horreur d’avoir été aussi blessante et terrible pour l’homme qu’elle aimait. Elle était morte et il l’avait ramenée et ça aurait pu être facile après ça, si elle n’avait pas été l’idiote inutile qu’elle était. Elle était partie, une fois, parce que le futur qu’ils avaient entrevu ne semblait pas pouvoir se réaliser, et maintenant, Ray semblait penser que… que c’était là sa seule valeur à ses yeux. Et ce fichu anneau qu’elle ne comprenait pas, ce nouveau rôle qu’elle semblait avoir, et, bon sang, il avait été emmené par l’armée ! L’armée !

Elle était morte, puis on l’avait ramenée. Ca avait été facile, au début.
Elle l’avait déjà oublié.