Deux atomes pour le prix d'un ! [PV. Ray Palmer]

Après notre première entrevue, et l'amical échange de SMS post-Noël, je ne m'attendais pas réellement à être recontacté par le Professeur. Dans ma tête, j'avais laissé passer ma chance, et deux opportunités comme celle-ci, ça arrivait pas souvent dans la vie d'un homme. Alors imaginez dans celle d'un gosse, hein ! Mais quelque part, dans un meilleur monde que le nôtre, ma petite fée des miracles a dû faire subir un merveilleux german suplex à ma grosse fée de la poisse, et réussir à me décrocher ce premier rendez-vous avec mon prof-pas-mentor-mais-impliqué-dans-l'évolution-de-mes-pouvoirs particulier. J'aurais bien aimé voir ça. Même si quelque part, vaut mieux pas: le questionnement constant donne davantage de goût à l'inconnu. Je risquerais d'être déçu en voyant les petits muscles rabougris de ma petite fée. Et le méga-ventre de ma grosse.
Donc, me voilà de retour à Ivy Town.
Ouais, je kiffe toujours autant cette p'tite ville !
On s'y sent... à la campagne.
Non, je rigole, je rigole, pas taper !
C'est moins étouffant que Gotham, en tous cas. Sacrément différent de San Francisco, également. Même si on retrouve ce mélange étrange mais fichtrement homogène de cultures. Ca vient te retenir ton souffle, tout en te laissant respirer, par rapport à une Metropolis, ou une New-York. J'aime bien ça. Un poil moins qu'Opal, qui a su saisir mon coeur et mes tripes quand même. Cela dit, je suis sûr qu'en me posant au sommet d'un building au coucher du soleil, Ivy saurait me retourner tout autant.

Alors, où peut bien être cet entrepôt ? Le Dr. Palmer m'a donné une nouvelle adresse de rencontre. Pour trouver, on m'a dit de partir de l'université, de passer à côté du Faculty Bar, de tourner à droite puis à gauche eeeeet... oh c'est le plus entrepôt de tous les entrepôts que j'ai jamais vu. Dans le dictionnaire des entrepôts, y a cette photo en première page. Ca... ça doit être là, du coup.
Ah, chic, y a l'air d'avoir un monsieur qui garde l'entrée.
Ouh. Un grand monsieur, en fait. Le genre qui a dû se faire appeler Mr. Propre par des petits malins avant de les rectifier à grands coups de pompe dans le postérieur. Est-ce qu'il chausse du 55 ? C'en est presque existentiel.

Trop de questions, et si peu de réponses...
A mon tour de les poser !

- Bonjour... je... je viens pour voir m'si... le Dr. Palmer. Il m'a donné rendez-vous.

Au silence qui me répond, je me dis que c'est bon, je suis recalé.
Pis je me rends compte d'un truc, tout con.

- Oh, j'suis Derek James. C'est mon nom ça. C'est mieux si vous avez mon nom... enfin je crois. J'veux pas faire de vagues, promis promis promis !

Et, miracle entre les miracles (bis), je peux passer les... lourdes portes technologiquement supérieures de cet entrepôt qui ne paie pourtant pas de mine. Qui ne casse pas trois pattes à un canard. Qui... vous avez compris.
Qu'est-ce que ça peut bien être comme coin, pour avoir besoin d'une sécurité aussi high-tech que ça ? Le labo privé d'Atom, le micro-héros le plus sérieux du monde ? Oh, faites que ce soit son labo privé ! Je veux trop voir tout son équipement !
Mais attendez, est-ce qu'il va pas essayer de m'enfermer quand même ?
Ou pire, m'attacher pour extraire moléculairement toute trace de super-pouvoir de mon petit corps d'adolescent américain plus si lambda ?

- Du calme mon pote, c'est juste pour faire quelques tests, tu es pas chez le docteur pour une prise de sang ça va le faire... inspire, expire !

Cela dit, c'est pas encore ça mon problème principal.
Bon, maintenant que je suis dans le bâtiment, c'est bien, c'est cool tout ça... mais je vais où, moi ?

Ah !
Il faut croire que c'est un tour qu'apprécie beaucoup mon enseignant du jour: apparaître comme par science de nulle part, après bien avoir pris son temps pour regarder, observer, analyser... autant ça me fait me sentir un peu mal à l'aise de savoir qu'il peut potentiellement être n'importe où quand il veut, autant je ferais la même chose. Sans aucune vergogne. C'est beaucoup trop amusant comme moyen de commencer une conversation ! "Bonjour, moi aujourd'hui j'ai pris un café avec Atome de Fer polarisé positif, quel blagueur ça peut être ! Ah ! Il sait électriser les salles, lui ! C'est pour ça que j'ai du retard, désolé."
Quoi qu'il en soit, c'est moi aussi le sourire aux lèvres que je salue m'sieur Ray en tendant la main, parce qu'après tout, c'est généralement comme ça que les choses se passent entre deux êtres civilisés normaux.

- Bonjour Professeur !

Pis je l'écoute.
Et mon cerveau tarde pas à venir faire un backflip mental me renvoyant direct dans les cordes de mon ring mental ! Le gardien un peu coincé à l'entrée, c'était un fichu automate. Un androïde, comme Termina... NON, je m'étais promis de plus en parler depuis les robots chelous sur ce toit de Gotham !
La vache...
Faut quand même être un sacré génie pour faire des trucs pareils.
Moi, quand je débute dans un domaine, la pâte à sel par exemple, eh bah je fais un pâté en vague forme d'étoile, et ensuite mon cerveau vient s'auto-persuader que ça ressemble quand même vachement à mon papa. Tout fin, c'est mon papa avant ses 30 ans. Tout gros, c'est mon papa après ses 30 ans. Le genre de changement drastique quoi.
M'enfin, on parle pas de pâte à sel là.
Plutôt de robotique tellement perfectionnée qu'on croirait sortir de Termina... NON.
Derek NON.
Traduis plutôt ta prolixe pensée en mots, hein.

- C'était... un robot ? Je... GG comme disent les jeunes de nos jours. Enfin je crois. Si ça se trouve, c'est périmé depuis dix ans. C'est sûrement périmé depuis dix ans.

On devrait t'appeler Google Untranslate, mon bon ami.
Même pas capable de ressortir tranquillement tes propres idées.
Je t'applaudirais bien des deux mains si seulement ça ne faisait pas partie de ta petite voix intérieure qui te dit quand c'est bien et quand c'est pas bien.

Mais mon attention est bien vite attirée ailleurs.
Par une sensation encore mal définie. Peu rencontrée.
Celle que Tempus m'a dit ressentir également.
Ici se trouve une faille dans la fabrique de l'Espace-Temps. Contrôlée, maîtrisée, fort heureusement. Et ça se capte. Un peu trop bien, d'ailleurs. Au point que des picotements inhabituels viennent chatouiller le bout de mes doigts.

- Hum... c'est votre petit arrangement avec le Temps, c'est ça, hein ? Je le sens. Enfin je le vois. Enfin je l'entends... je saurais pas dire.

Effectivement, des sons s'élèvent du portail. Mélodieux. Rythmés. Mais parents d'une musique impossible à retranscrire sans eux. Ca me parlerait presque. Hum...
Les picotements s'accentuent.
Encore.
Et la musique aussi, au point de brouiller légèrement les autres sons.

- Et du coup, va falloir que je fasse quelque chose avec ?

Oh mon Tempus !
Arrêtez tout ! Stop ! Je viens juste de me faire remettre à ma place par une BLAGUE du Prof ! Et c'est cool ! Enfin non. Se faire titiller, même pour rire, c'est rarement bon pour la crédibilité, mais vu comment j'ai merdouillé comme il faut ces dernières semaines, avec l'affaire MRBiT (M'sieur Ralph Back in Time), bah je m'attendais pas à cette sympathie avant un long moment, quoi. Et ça aurait été pleinement mérité. Alors quand j'entends ça, ça fait plaisir. Mais faudrait pas que je prenne trop la confiance non plus, donc une réponse toute en mesure semble bien appropriée.

- Me voilà donc un vieux sans même le savoir... ô monde bien trop jeune à mon goût. Ah la la...

...
Est-ce que le faux drama, c'est de la mesure ?
Est-ce que quelque part, tu ne viens pas de traiter Ray Palmer de vieux ?
Est-ce que tu réfléchis des fois Derek ? J'ai pas l'impression, hein.
M'enfin, c'est dit c'est dit, autant en rire un petit, tout petit coup, très discret et reprendre son sérieux, car il va y en avoir besoin. On est dans un centre de sciences avec la Time Pool ici, bon sang de bois, le meilleur endroit qu'on puisse trouver sur une planète !
...
J'ai vraiment dit ça ?
Moi, Derek James, l'allergique des sciences scolaires ?
Eh bah, j'aurais mis le temps, mais les cours de m'sieur Ralph, qu'il soit béni par la Fuginaute suprême, ont commencé à porter leurs fruits. Ma foi. Presque six mois de cours intensifs, ça change son homme ! Enfin, son Derek.
Bras croisés, je porte une main à mon menton, pensif. (en même temps, je fais que ça, penser...)

- Je suppose qu'il faut apprendre à marcher avant de courir. Ok Professeur ! Je vous suis, pas de soucis.

Et petit caneton spatio-temporel suit le DOCTEUR ÈS PHYSIQUE d'Ivy Town dans les couloirs, direction les quelques tests annoncés. Pitié, pas de piqûre, pas de piqûre, c'est pas si horrible mais j'aime pas. Genre pas pas pas pas pas du tout.
Genre nope nope nope nope je veux pas.
Mais s'il s'agit de faire bien les choses, alors soit.
Même si nope nope nope.
Cela dit, dans un endroit comme celui dans lequel le Dr. Palmer m'emmène, je veux bien qu'on me prenne autant de sang qu'on veut. C'est trop cool !

- Whoa !

Et ça, c'est moins bien que son laboratoire perso ?
Rectification, donc. Le meilleur endroit du monde, c'est là-bas.
Et je veux y aller. Un jour. J'espère. Sivouplé.
J'ai été sage cette année.
Même si des pensées impures me traversent l'esprit, juste là:

- C'est normal que je sois tenté d'appuyer sur tous les boutons partout ?

Mais je n'en fais rien, fort heureusement, pour aller m'installer là où se dirige le Pr. Palmer. Et répondre à sa question. Sans la moindre arrière-pensée, avec une candide naïveté. Pourquoi faudrait-il que je me méfie de lui, n'est-ce pas ?

- Hum... Metropolis, l'Arctique, l'Espace... sans compter les petites patrouilles à Frisco et Gotham et les entraînements à la Tour. Faudrait peut-être que je trouve un équilibre entre "danger de mort critique" et routine, vous ne pensez p...

J'énumère en comptant sur mes doigts, jusqu'à ce que...
Mes sens m'alertent.
Mais pas les humains.
Ceux que Tempus m'a aidé à développer.
Ma perception du temps et de l'espace s'affole.
Car quelque chose d'autre s'affole.

- Attendez. Il se passe quelque...

Vous voyez quand vous retirez le bouchon d'une baignoire pleine ? Ou quand on tire la chasse d'eau ? Une attraction irrésistible, une espèce de maelström furieux, qui emporte tout sur son passage. Eh bah là, c'est pareil.
Et c'est temporel.
Une fichue cuvette temporelle.
Et moi, je suis le truc à évacuer.
Merde. Sans mauvais jeu de mot.
Bon, bah il me reste plus qu'une seule chose à faire, hein:

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Hrm... génie ou ignare ?
Sacrée question. Qui vient à la fois titiller fierté et objectivité... ouais, par exemple, il serait bien stupide de dire que Ray Palmer se trouve dans la case Ignare. Concernant les sciences, en tous cas. Plus grande pointure que lui dans le coin, ça doit pas se trouver sous la première plate venue. Et même si je me vois plus non plus comme un tocard, me caser dans les génies, c'est peut-être pousser le bouchon un peu trop loin Maurice.
Alors, une main posée sous mon menton, l'air on ne peut plus sérieux (un peu trop sûrement), je conclus ma réflexion par:

- Ignare, je pense.

Ouais, c'est pas mal.
J'ai encore beaucoup de choses à apprendre, et ça, c'est pas un mal. Ca annonce même plein de choses passionnantes ! Beaucoup de travail, aussi. J'en suis moins gaga. Les nuits blanches qui s'annoncent me font même frissonner un peu.
Faut souffrir pour être un héros, à ce qui paraît.
Mais peut-être pas au point de tenter les instincts sadiques de mon estimé professeur en tripatouillant tous les petits boutons qui clignotent sous mes yeux. Ca manque un petit peu de diodes pour se croire dans ces vieux labos SF des années 60, mais soit !
J'acquiesce pour ne pas me faire aspirer tout ce qui fait de moi un super-héros, l'air peu rassuré, malgré le gloussement. Les SMS me restent encore trop en tête...

- Glups.

Et puis m'arrive ce qui devait m'arriver.
Je me fais aspirer.
Sans que le Pr. Palmer n'y puisse rien.

- WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Youhou.
C'est la fête. Sortons les confettis et les langues de belle-mère.
PFIUUUUUT. Ouais, ça rend moins bien à l'écrit qu'en son, ce bruit.
M'enfin. La première panique passée, car il faut bien se reprendre quand on a les moyens d'agir, j'observe le vortex temporel, bien différent de ma propre manière de voyager. Déjà, il tourbillonne. Attention aux risques de nausée, sortez un sac en papier et surtout, SURTOUT, ne mettez pas vos masques intégraux.
Et il est extrêmement silencieux. Malgré les grosses lumières.


Elle serait presque amusante, cette sensation de flottement. Je me demande si Superman ressent ça quand il vole. Cape au vent, petite mèche ballottée dans les courants ! Ah, ça laisse rêveur. Vraiment, dur de ne pas le considérer comme le premier de tous les héros.

Avant que la TRÈS mauvaise idée d'utiliser mes pouvoirs en plein milieu d'un voyage ne me vienne, les effets de lumière s'interrompent immédiatement, et je... chute. Genre, comme si tout ce temps un monsieur ou une madame (pas de sexisme ici, vu ?) m'avait tenu par le col et que d'un coup, pouf, il/elle me lâchait !
C'est... flippant.
Et l'atterrissage est douloureux.
Car je heurte quelque chose de dur. Et d'anguleux. Avant de m'affaler au sol comme un délicieux gâteau au chocolat préparé avec amour par maman mais apporté jusqu'à la table par tonton bourré. Plus ou moins.

- Umpf !

Heureusement que je suis solide, mon dos aurait vachement plus morflé.
Et on a eu assez de héros gothamites à la colonne endommagée comme ça.
Encore étourdi par le voyage et le choc, je regarde autour de moi. Carrelage, pieds de tables et de chaises en métal. Des bouts de verre autour de moi...

- Je... chuis où ?

... et deux pieds.
Qui s'avancent jusqu'à moi.
Et qui me parlent.

- A Ivy Town, kid. Et va falloir vite m'expliquer ce que tu fous là.

Depuis quand ça parle, les pieds ?
Attendez... quelque chose en dépasse.
Des jambes... qui remontent jusqu'à un bassin, un ventre, un torse, des épaules, un cou... bleu ? Et un visage lisse, tout aussi bleu que le cou.
Béh oui andouille.
Un masque.
Mis à la va-vite, vu les plis et le reste de la tenue qui jure avec.


- Euuuuuh... salut ?

Me frappez pas, me frappez pas, me frappez pas, svp plz monsieur masqué !
Je fais pas partie des méchants ! Enfin, je crois. J'espère. P'têtre que le Pr. Palmer me voit comme un futur destructeur temporel ? Genre Cracaboom le tissu de la réalité. Alors, si ça arrive, je m'excuse d'avance, parce que j'aurais pas fait exprès.
Mais c'est pas une raison pour me regarder comme ça, avec ces petits yeux blancs... attendez ? Est-ce que ce serait pas plutôt lui, le super-vilain ? Serais-je tombé dans un repaire criminel loin de mon époque, comme ça, au pif ? Drôle de coïncidence...
Je m'assois sur les fesses, histoire d'avoir l'air un peu plus convenable qu'un simple sac à patates jeté au sol, tout juste bon à regarder les chaussures des gens, quand...

Un cri retentit derrière moi.
Une voix que je connais.
Et que j'apprécie.
OH SOULAGEMENT !
Sauf quand elle énonce distinctement qu'elle va me torturer.
90% du temps, c'est bon, on va dire.
Par contre, ça a pas l'air de plaire du tout au monsieur en chandail... jaunbeigclair ? J'ai jamais su comment appeler cette couleur. MAIS C'EST PAS LA QUESTION !
Pas quand un monsieur presque aussi large d'épaules que haut gronde.

- Alors là, ça va pas le faire. Du tout.

M'enjambant comme si je n'étais pas important, il s'avance vers le Pr. Palmer, les muscles tendus sous le tissu fin de sa chemise. Mais c'est une masse ! Un colosse court sur pattes pas bien content de nous voir ici, dans son chez lui...

- Ca tu peux le dire, foi d'Atom, p'tit. Mais on est dans mon labo. Soit t'es un bon gars, et on se fritte dehors. Soit t'es pas un bon gars, et je t'étale direct, ici et maintenant. Tu choisis quoi ?

Bon, je doute pas un instant que le grand Atom sache se contrôler face à un simple humain, mais si on pouvait régler ça sans violence excessive, ce serait pas plus mal. Surtout qu'on est dans le passé, et que quelqu'un m'a dit qu'il valait mieux éviter de trop toucher aux cordes sensibles de ce qui nous a précédé.
Même celles des scientifiques un peu trop teigneux pour leur propre bien.

- N-non, faut pas ! On est pas... des intrus. On...

La politesse meurt avec l'interruption du costaud endimanché.
Moi ? Je me tais.
Parce que mine de rien, j'ai peut-être la force pour l'aplatir aussi, le gars est dans son environnement, et a tellement l'air d'être sûr de lui... il nous cache peut-être quelque chose. Un super-pouvoir, un super-gadget...

- Oh si, je peux te dire que si, gamin. Vous en êtes.

Et sans un regard, il s'avance encore vers le Pr. Palmer.
Calme, concentré, déterminé.

- Alors, Red & Blue, j'attends. Ton choix.

Ce serait… trop.
Trop dangereux.
Trop… dur. Surtout.
Oui.
Faudrait qu'on déguerpisse en quatrième vitesse.
Mais...
Mais ce n'est pas ce que le Temps veut.
Car même en me focalisant de toutes mes forces, en m'appuyant sur l'énergie de la Time Pool comme lien avec notre époque, il m'est impossible d'y accéder. Et maintenant que le Pr. Palmer m'a rejoint, ça ne m'étonnerait pas que le retour lui soit également refusé. Ca me rappelle... Bazilia. La même sensation. Moins diffuse. Plus franche. Comme si elle se cachait moins derrière le sel de l'eau de mer. Ou... que mes sens s'étaient affinés. Cela fait près de six mois, après tout. J'en ai appris des choses, entre temps !
On a besoin de nous ici. J'pense pas que ce soit une question de destin, d'obligation divine ou de règle inaltérable. Non. On est des héros, le Pr. Palmer et moi, chacun à notre niveau. Et le scientifique masqué aussi, probablement. C'est notre devoir. Notre mission. Et on nous offre la possibilité de la mener à bien. Alors, acceptant la main amicale qui m'est tendue, je me relève un peu chancelant, les guiboles tremblotantes. Est-ce qu'un jour je m'habituerai à ça ?

- Non, Professeur. Nous ne pouvons pas partir. Pas encore.

Je m'appuie en grimaçant sur la table qui a servi de piste d'atterrissage à mon dos, quelques minutes plus tôt. Oui. La sensation se confirme. Il se trame quelque chose. Bon, après ma "bourde" avec m'sieur Ralph y a quelques mois, il est temps d'essayer de me rattraper aux yeux d'Atom ! L'un des plus grands scientifiques de notre temps, rien que ça. Courage Derek, tu as ce qu'il faut.
Regard fixe, oeillade déterminée, droit dans tes bottes, la voix ferme !

- L-le Temps a été altéré, quelque part. Il faut qu'on règle ça avant que...


Le souffle m'envoie au sol (ENCORE !), avant que la chaleur des flammes ne m'atteigne. J'ai l'arrière du crâne qui roussit sous mon bonnet... et les fesses. Évidemment, les fesses. Bon, je suppose que ma veste a pris un coup de chaud aussi mais que ça se sent moins, ou alors c'est un fichu miracle !
Je vois plus Dr. Palmer, mais l'autre scientifique est debout, déjà.


De la fumée, des gravats et du feu émerge alors une silhouette... éminemment fifties. En costume. Vibrante, brûlante de... d'énergie nucléaire, je crois. La cause de cette explosion. Le visage déformé par la colère et la haine ?


- Atom !

Ouais, c'est bien de la haine, c'est confirmé.
Et donc... attendez...
AH ! Y a mon Atom à moi, de mon époque... et le Atom du passé, là ! Al... fred Bratt ? Al, c'est sûr, mais le reste un peu moins. Honte à moi.

- Cyclotron ! Que... tu es sensé être mo...

On en fait plus des noms comme ça, aujourd'hui.
Enfin demain. Enfin bref.
Bref, car ledit Cyclotron n'attend pas pour frapper.
Il charge, vengeur, et brise le béton avec son premier coup, évité avec grâce par Atom premier du nom... qui ne peut éviter la seconde attaque. Son corps heurte bruyamment le carrelage, plusieurs mètres derrière.

- Les nouvelles de mon décès ont été grandement exagérées... mais je peux t'assurer que les tiennes ne le seront pas.

C'est bien lui alors.
Al... Fratt ? Le premier Atom. Un petit génie aussi, vu la tête de son laboratoire au moins aussi chargé que celui du Pr. Palmer, soixante-dix ans plus tôt ! Evidemment, fallait que moi, petit gars limité, je me retrouve presque embrigadé dans cet héritage de cerveaux bien trop lourds pour le mien. M'enfin, chose rassurante, le jeune "vieux" semble seulement commencer à faire le lien, comme si l'information parvenait enfin à bon port.

- Ah. Foi d'Atom. Ok, je pige, mon p'tit. Hé hé.

Son regard reste pas bien longtemps fixé sur Ray Palmer, ça non. Il se dirige tout de suite après vers les décombres sous lesquels le vilain nucléaire moustachu a été enseveli. Temporairement. J'sais pas si c'est juste moi, mais j'ai l'impression de voir une petite humidité perler au travers de son masque, comme si... ouais non Derek, ça doit juste être de la sueur. Les flammes, la nucléarité des patates reçues, ça doit pas aider.

- Je l'ai jamais vu comme ça. Enragé. Aussi puissant. Faut lui régler son compte, et vite.

Seul, apparemment fier, il se redresse, ses beaux vêtements déchirés, quasi-arrachés, et inspire profondément, sans sourciller. Du héros pur jus, pure souche ! Ca c'est beau ! C'est sûr que les films d'action d'aujourd'hui s'inspirent des poses de l'époque de ces gars, devant les explosions et les super-vilains vaincus !
Pourtant, lorsqu'il pivote légèrement vers le Professeur, c'est pour tendre une main solide vers lui.
Une main ouverte.
Une poignée en attente.

- Seul, j'aurais p't-être eu du mal. A deux, ça va être du gâteau. Partant, mon p'tit ?

Avant même qu'Atom (si si, le deuxième du nom, Palmer ! On s'y perdrait presque...) ne puisse répondre, le sol se met à trembler. A grincer. A fondre par endroits, mais pas à cause du feu. Le béton ça fond pas comme ça à la chaleur, oulà non !

- Comme c'est adorable... une réunion de FAMILLE RAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Des décombres, la voix s'élève, et BOUM !
Les débris explosent, et sont projetés dans toute la pièce à très haute vitesse !
Mû par des réflexes que je pensais impossibles, j'ouvre d'un coup d'un seul un long rift de près de deux mètre de haut sur un gros mètre de large, donnant à la fois sur le sol et devant m'sieur Gratt !
J'ai confiance en la capacité de rétrécissement de MON Atom, moins en celui de cette époque.
Une partie des morceaux coupants, contondants, transperçants et autres joyeusetés vient s'exploser au plafond, alors que le reste continue sa route meurtrière dans la pièce.

Puis, comme s'il n'était pas assez puissant encore, Cycloclo se tord dans les airs et commence à pulser d'une énergie dévastatrice ! Comme s'il... comme s'il se chargeait. Dans les airs. Dynamo géante nucléaire style.


Moins de mon côté, je fais ma spécialité: le ronchonnage ! Ou ronchonnement pour les puristes. C'est à dire que je mets les mains dans les poches, pour marmonner en donnant des coups de pied dans les cailloux.
Je dois dire qu'un p'tit gars couvert de poussière de plâtre, au milieu des flammes de l'apocalypse, en train de bouder, c'est cocasse.

- Force toi Derek, force toi... c'est bien beau d'dire ça !

MAIS.
Parce que règle n°12, il y a toujours un mais...
Mais (donc), je reste pas longtemps à rien faire.
En tentant vaguement d'ouvrir des failles, je me retourne vers l'ancienne entrée éventrée du laboratoire... pour y apercevoir quelque chose qui me glace le sang. Mais genre comme jamais ça m'est arrivé. J'en claque même des dents !
Claclaclaclaclaclac...

- Oh.

Impossible de décrire la menace autrement.
Elle a de vieux comptes à régler avec moi, j'crois.
Avec toute la sévérité qui sied à pareil colosse.


Black Beetle est massif. Imposant. Colossal.
Plus qu'avant. Il a grandi. A caché son visage. Complètement.
Et il semble vraiment, vraiment, VRAIMENT pas content.
Ou plutôt si... mais pas comme je l'aimerais. Une joie sanguinaire émane de lui, alors que sa grimace se transforme en sourire terrible !

- Comme on se retrouve, gamin.

- Glups.

Fière répartie.
Impossible de perdre avec ça.
...
Tu mérites tellement des baffes, Derek.

Bon, difficile de tout capter dans ce chaos de flammes, de débris, de méchants super-radioactifs et de gros insectes noirs. Mais de ce que j'ai pu voir, les manœuvres d'esquive de mon estimé Professeur ont porté leurs fruits, et les projections énergétiques brûlantes (je suppose... ça brûle les radiations ? Ou alors ça fait juste pousser des bras en plus ?) passent au dessus de leurs têtes... taille épingle. Ce qui a l'air de sacrément intéresser l'auguste, le vénérable Atom premier du nom, qui passe au dessus de son inconfort pour grimacer un délicieux:

- Je... j'espère que ce n'est pas de la magie. Je déteste la magie.

Bon, s'il est de la même trempe que le Dr. Palmer, ça peut se comprendre.
En tant qu'homme de science disposé à passer sa vie dans l'étude des phénomènes normaux de l'univers, se retrouver confronter à des forces arcaniques qui dépassent l'entendement a de quoi secouer un peu. Même moi, baigné dans l'univers D&D depuis de bien bonnes et bien longues années, j'hallucine toujours de voir les zoulies petites lumières de Khalid. Alors un "vieux" monsieur des années 40... cela dit, ils avaient un Fate à l'époque ?

Comme pour couper court à mes réflexions, le vilain Cyclotron encaisse l'assaut initial, sacrément sonné, mais pas assez. D'une main leste, boostée à je ne sais quel produit miracle conseillé à tous les criminels qui se respectent, il attrape le bras encostumé de mon prof, et commence à décharger de violentes vagues violettes d'énergie atomique.
Le genre qui fait bien flipper de perdre ses cheveux. Ses dents. Ses yeux. Ses doigts. Bref, tout ce qui dépasse un tant soit peu. Oui, même ce à quoi vous pensez. Le nez. Terrible le nez. Imaginez m'sieur Ralph sans nez pour le "dingelinding" de gauche à droite quand il a une piste. Le monde ne serait plus le même...

- Cesse donc de t'agiter un peu...

Et voilà que Tratt bondit derrière les flammes, vers la sortie du bâtiment, pour... pour fuir ? Nan. Sérieux ? La légende de l'Atom, si chère à mon coeur (comment ça je le connaissais pas avant de venir ici ?), en train de prendre la poudre d'escampette ?!
J'ai bien fait de m'offusquer, c'est ce qui a dû le faire revenir.
Avec un étrange petit pistolet scientifico-rétrofuturiste.
Qu'il utilise, après avoir décoché avec l'aisance d'un pistolero des temps modernes:

- Oh ça non Kurtzberger, je crois pas !

Fump Fump

Deux fléchettes pleines d'un liquide translucide vert brillant jaillissent, et viennent se planter avec un petit "Schpock" satisfaisant dans l'épaule et le flanc du terrible Cyclotron ! Ce qui n'a franchement pas l'air de lui faire du bien, au point de lâcher le Dr. Palmer et reculer de quelques pas.

- Ungh !

Est-ce que ce serait... attendez... mais oui, ça a l'air d'être de l'iode !
Le genre de trucs qui servent à décontaminer l'eau. Et à lutter contre les radiations, quelles qu'elles soient. Si c'est vraiment ça... de un, futé. Bien joué monsieur ! Et deux... qu'est-ce qu'un pistolet à fléchettes iodées fait dans un laboratoire ?
M'enfin, j'aurais l'occasion de me poser cette question quand j'aurais réglé mon souci immédiat.
Black Beetle.
Round 2.
Et merde.
Jouons la provoc'.
Cherchons à le faire causer, il semble aimer ça.

- Ah d'accord, je capte pourquoi ma p'tite antenne s'est affolée. C'est encore d'ta faute. Bazilia t'a pas suffi ?

Ouais non mais c'est sûr maintenant: il a fait de la muscu ! Ou alors son Scarabée l'a fait grandir, grandir, grandir, au point qu'il fasse près de deux fois mon volume, le sacripant temporel ! Une vraie masse, qui projette son ombre sur moi.
Pauvre petit Derek.
Qui joue les piques pour s'assurer l'attention de son auditoire.

- Tout compte fait, je vais te garder en vie pour faire durer le plaisir. J'ai tout mon temps.

Argh.
Voilà un programme bien peu réjouissant, faut l'avouer. Et ce serait un euphémisme que ça m'étonnerait pas, là. Il n'empêche que ça me permet d'embrayer sans souci avec un petit mot que j'ai commencé à savourer au moment même où je l'ai pensé:

- Ah, ça tombe à pic, moi aussi !

Ah ah ! A pic. Comme la stalactite.
Qui est tombée. A pic. Droit dans son dos, droit sur le Scarabée, qui ressemble mine de rien vachement à celui de Jaime, mais en dépressif. Le genre qui prend pas l'air souvent et qui aime pas les animaux, quoi.
Alors pour éviter la mandale destructrice plus ou moins promise (mandale, dissection, massacre, c'est du pareil au même à ce point là.), je fais craquer mes dix doigts, en guise d'étirement. L'instant d'après s'ouvrait le premier rift, donnant dans son dos, et la seconde encore d'après, un vortex se forme au dessus de lui, laissant chuter des hectolitres entiers d'eau pure sur sa tronche !

RFFFFFFFFFFFFFFFFFFT


Quelque part, de bien tristes explorateurs doivent découvrir leur source d'émerveillement un peu tronquée. Et je m'en excuse, bien que ce soit ON NE PEUT PLUS urgent. Genre, plus que tout, pour le coup. Ce qui n'a pas franchement l'air de ravir Mister Black.

- ARH ! Misérable gnome !

Les flammes les plus faibles s'éteignent à l'eau, et moi, je bondis de rift en rift autour de mon cruel ennemi, comme un moucheron un poil trop récalcitrant. Un très vilain moustique, bardé de médailles. Beetle semble très très surpris des nouvelles forces qui m'ont gagnées, mais pas abattu pour autant. Il m'a pas encore attrapé, après tout.
Ouf. Ah non, il m'a attrapé. Et il me balance contre le sol avec une violence inouïe.
Meh.
Pouquoi je suis obligé de me faire l'un d'entre eux ?
Ah la la...

Spoiler:

Aïe.
J'ai mal.
J'ai très mal.
C'est officiel. J'aime pas le sol.
Pas bon goût, propreté à désirer.
Beurk.
Et ouille.

Par contre...
Juste une chose: ce que je suis sensé devenir ?
Pardon de m'arrêter là-dessus deux minutes, alors qu'une lame noire se rapproche dangereusement de ma gorge à chaque seconde qui passe, mais je suis sensé devenir quelque chose, moi ? Tempus, m'sieur Ralph et le Pr. Palmer réussissent à tirer quelque chose de bien de Sideways, au final ? Héééééé, si c'est le cas, bien joué d'avance messieurs, ça a pas dû être facile tous les jours ! Déjà que j'ai du mal à me supporter tout seul, alors les autres, j'ose pas imaginer quand ils me voient régulièrement. Cela dit, ce n'est que pure spéculation. Si ça se trouve, je vais juste devenir le tyran de cette dimension, et me la jouer Trigon au fil du temps. Ce serait beau, ça, tiens. Derek James, dictateur temporel. Hrm... nan, y a déjà trop de compétition.
M'enfin.
Tremblant d'efforts pour ne pas me faire découper les cordes vocales carpaccio-style, je n'arrive qu'à articuler un maigre mais amusé:

- Sp-spoilers, je suppose ?

Après tout, y a déjà assez d'un seul muet dans la Young Justice. Et si on déviait juste suffisamment la lame pour qu'elle se plante dans mon épaule, hein ? Quelques centimètres sur la gauche, ça devrait suffire pour me garantir des douleurs à vie par temps de grand froid, n'est-ce pas ?
Et schlack.
Ouais, je fais aussi les bruitages, j'ai pas beaucoup de budget.

- Argh !

Et là, je perds le contrôle.
Genre, réflexe instinctif.
Je vois tout juste ma main droite s'illuminer de doré avant qu'elle ne s'abatte sur le bras tout de noir armuré de Black Beetle et...

RFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFIIIIIIIIIIIFFFFFFFFFT

... qu'elle ne le tranche net, au niveau du coude !
Oups.
Méga oups.
Hyper oups.
J'ai l'impression que ça va devenir un motif récurrent dans ma carrière de héros, les super-vilains avec des morceaux coupés. Killspeed. Black Beetle maintenant. Je... ça va si je m'excuse très très très fort ?
Non ?

- AAAAAAAAAAAAAH CRÈVE !

Ah.
Définitivement non.
Mais au moins, malgré mon épaule en sang, il m'a lâché.
Derek, la serpillière qui recule en rampant au sol.
Un vrai héros.

Ce qui me laisse toutefois le temps de voir Al Gratt apposer un poil brutalement une espèce de patch sur Ray, grand au point de faire au moins une fois le tour de son corps rapetissé. Ca ferait une bonne cachette, en vrai. Dissimulé derrière un patch à la nicotine. Enfin, ça doit contenir autre chose. Parce que si la nicotine protégeait des radiations, ça se saurait.

- Avale ça. Ca va te requinquer, mon p'tit.

Et sans faillir, sans faiblir, activant cette fois ce qui ressemble à... des pouvoirs nucléaires également, l'original, le mythe, Al Cratt bondit, un air farouche déformant son masque bleu. Presque joyeux. Ce gars aime la baston. Ca se sent dans toutes les fibres de son corps. C'est un esprit fin, un scientifique, mais les mandales dans la gueule ont l'air d'être une part super importante de sa vie aussi.

- A nous deux.

Et en plein mouvement, il pivote sur lui même, gagnant en vélocité, et se retourne en abattant son poing avec toute la force de son (petit) corps supra-musclé:

- Infinite Atomic Punch !

Des pulsations d'énergie atomique se concentrent dans sa main, alors qu'elle heurte la carapace épaisse de Beetle avec force et fracas. Le genre de coup à fendre un homme en deux. Et dont l'onde de choc me fait reculer d'un mètre au moins.

KLONK

Mais... s'il en souffre, le Time Stealer résiste.
Ce foutu gars là, avec un bras en moins, et sans aucun doute des traces de stalactites encore partout dans le dos, il encaisse une patate comme ça. Je... on sert à quoi, nous, les héros, si on a que des vilains comme ça ?

- Humphhh aïe. Nouvelle armure. Pas bon ça.

POW

Et il riposte immédiatement derrière, envoyant plusieurs mètres en arrière l'Atom de ce temps, avec une attaque... plus faible que je ne l'aurais cru. Ah, il a quand même douillé.
Pour couronner le tout, revoilà l'autre Cyclotruc qui se redresse, chancelant, à moitié rendu fou par l'iode qui parcourt ses veines. Je suppose. Parce qu'il se tient pas très droit, et sa tête moustachue dodeline comme s'il avait bu trois packs de bière tout seul. Enfin, je crois.
C'est à ça qu'on ressemble quand on est bourré ?

- Non... NON. J-JE NE LAISSERAIS PAS MA FILLE MOURIR !

Ce qui a l'air de laisser Kratt perplexe.
Très perplexe.
Intensément perplexe.
Ah, on y est, ça y est: des motivations.
La raison des raisins atomiques de la colère.
A laquelle une réponse, simple, confuse, est donnée:

- Que... Kurtzberger, Terri va bien. Je l'ai soignée moi-même.

Oh ? Machinations, rouages et engrenages; tout se délite !
Et semble s'éclaircir quand le vilain nucléaire se tourne vers notre nouveau manchot temporel en noir, encore plus perdu, ce qui me semblait pourtant difficile à faire.

- ... mais... il m'a dit que...

Vous savez, moi, je suis surtout fan du Dr. Raymond Palmer, l'homme qui a fait des découvertes de fou furieux, du genre "révolution notre manière de percevoir et penser l'infiniment petit" ! Le scientifique derrière ce savoir même pas imaginé par les autres pointures de notre époque. Mais je m'étais jamais particulièrement renseigné sur l'Atom. Le héros hein, pas la particule. Je connaissais son existence, et vaguement ses pouvoirs. Devenir petit. Changer de masse. Et rien que ça, ça ouvre tellement de portes en vrai... par contre, j'ignorais que... qu'il pouvait faire... ça ! Grandir jusqu'à atteindre la taille d'un immeuble !
Hum...
Megatom, vous pensez que ça le fait comme nouveau pseudo ?
Parce que là, vu la poussée de croissance, y aura sans doute besoin !
Un truc me turlupine, néanmoins...
Est-ce que ses molécules s'agrandissent toutes en même temps, ou bien ce serait le vide entre elles qui prend de l'ampleur, un peu comme un univers s'il était humain. Conscient. Et capable de changer de taille à volonté.
Fichtre, quand même, qu'est-ce que c'est impressionnant !
Tout ce bleu, en plus...

- Oh punaise...

Le sol tremble sous le coup colossal qui suit.
Après avoir littéralement incrusté Black Beetle dans le béton... voilà que ça a l'air de moins bien se passer. Le titan chancelle, l'air soudainement épuisé et... reprend taille humaine. A plusieurs mètres au dessus du sol. A moins qu'un gadget lui permette de déployer des ailes dans le dos, le choc semble inévitable. Sauf si... sauf si j'arrive à temps !
Alors faisant fi de mes super-pouvoirs, je fonce, je bondis, je saute et...

- J'arrive Profes...

... et un éclair blanc, jaune et bleu me grille la priorité. Parce que oui, dans mon monde à moi, y a des règles concernant le trafic aérien. Inventées à l'instant, certes, mais quand même. Et dans ces règles, il est dit qu'on ne grille pas la priorité de Sideways ! Non mais.
Il se prend pour qui, le Pratt ! (ouais j'ai retenu. C'est mieux.)

... cela dit, c'est pas plus mal, Mr. Dal Pratt semble parfaitement au point pour rattraper des géants, fussent-il Ray Palmer ou non ! Bon, c'est plus exactement un géant, là, mais roooh chut. C'est l'idée.
En plus, il se fout de ma tronche.

- Pas assez vite, kiddo.

Me revoilà Kiddo désormais.
Gna gna gna, chuis pas assez rapide...
Gna gna gna je t'en filerais, moi, des pas assez rapi...
...
Est-ce que je fais une crise de jalousie parce que j'ai presque servi à rien, ici ?
Cet homme, cet Atom, réputé et expérimenté, est juste méritant, efficace, réactif... un vrai héros dans le plus pur style, quoi. Je sais pas si le Pr. Palmer a délibérément choisi son nom pour lui ressembler, mais ça lui va bien. Ca leur va bien.
Deux petits héros, qui accomplissent de grandes choses.

Comme, par exemple, me sauver de cette explosion de douleur qui part de la base de mon crâne pour se répandre un peu tout partout dans mon petit corps d'ado. Avant de tomber à genoux, j'ai le temps de balayer la scène du regard et... Cyclotron regarde la scène, bouche bée, figé, et la marque de destruction au sol... oui c'est ça, Black Beetle est parti. Reste plus de lui qu'un bras armuré et un contour irrégulier dans l'empreinte de géant qu'a laissé Ray Palmer. Hrm... il devait avoir un dispositif temporel sur lui.
Et pas le genre qui te fait doucement passer entre les mailles du filet, nan.
Ca m'a déchiré la tête autant que la trame de l'espace-temps.
Là maintenant, je tombe à genoux, en exprimant très simplement un "ouille-nique-sa-maman-j'ai-la-tête-en-feu-j'veux-défoncer-celui-qui-m'a-causé-cette-douleur-mais-non-avant-je-vais-un-peu-fermer-les-yeux-oui-là-c'est-bien".

- Aaaaaah !

Quelques secondes, en fait.
Je ressens la douleur que quelques secondes, qui durent une éternité.
Mais ça passe. Ca finit toujours par passer.
Va falloir que j'apprenne à m'endurcir, moi.
Ah, j'ai... ouais, heureusement qu'en tombant, je me suis tourné, ça aura évité à mes honorables collègues héroïques de me voir rendre mon déjeuner. Pardon. Franchement pardon.

- Ah... putain ah... non c'est bon, ça va mieux. Il... il est parti. C'est fou à quel point les gens ne sont pas précautionneux avec le... hrm hrm non non, rien rien.

Vends pas la mèche Derek, la vends pas ! Y a déjà assez de soucis comme ça, en rajoute SURTOUT PAS. Bon, assieds toi par terre... pas dans ton déjeuner STEUPLAIT ! Voilà, mieux. Sur un vieux reste de bureau fracassé.
Quelle désolation...
Est-ce que c'est pour ça que le temps m'a dereknappé ici ?
Pour arrêter Black Beetle ? Et Cyclotron ?
Hrm...
On verra ça de retour chez nous.

Al Pratt a l'air d'être un sacré bonhomme. Qui capte les choses, presque physiquement.
Évidemment que c'est physique. Tout est toujours une question de physique avec les Atom ! Radiations, étoile naine, Ivy Town... on y retourne toujours. La science.
Le futur vieux monsieur se contente alors d'un sourire, et d'une tapote sur l'épaule de son futur successeur. Enfin... c'est notre passé/présent à nous, mais son futur... je m'embrouille, mais vous voyez !

- De rien, mon p'tit. Atom.

Puis, tout simplement, il se tourne vers Cyclomachin, en posant avec grandiloquence les poings sur ses hanches. Y a pas à dire, les années 50 de l'héroïsme étaient sacrément théâtrales. Mais est-ce que nous, au contraire, on est pas devenu trop ronchon et grincheux ? A méditer !
Le pauvre gars à la moustache nucléaire s'est recroquevillé dans un coin, assis par terre, l'air traumatisé par ce qu'il vient de faire. Agresser de sang froid des gens et détruire un laboratoire. Eh bah alors, un vilain sensible... ouais, je confirme, je préfère mille fois les années 50 !

- Pardon... pardon... pardon...

Avec force, mais douceur, Mr. Pratt aide son ennemi à se relever, pour l'emmener tranquillement vers la sortie du bâtiment. J'me demande si Black Beetle m'aurait offert un café avant de me décapiter, tiens.

- Allez, Kurtzberger, viens là toi. On va aller voir ta fille.

Mais, avant de vraiment s'en aller, il se retourne.
Une dernière fois, pour regarder le Dr. Palmer dans les yeux.
Avec une intensité qui me fait frissonner. Brrrrr...
...
Quoi ? Années 50, théâtralité à fond, je m'adapte moi !

- Oh et une dernière chose.

Une ombre de sourire apparaît sur son visage... ou pas ? Si, j'ai bien l'impression que c'est ça. Quelque chose l'amuse, même si son regard ne perd pas en puissance. Atomique, huhu !
Pardon.
C'est sérieux comme moment, là.

- Gaffe à pas salir mon nom, là d'où tu viens.

Moi, de mon côté, je me remets de la douleur.
Petits étirements, gémissements pour me plaindre (ouais, j'aime bien ronchonner) et soupirs de satisfaction quand rien ne vient me titiller la colonne vertébrale. Va vraiment falloir que je me blinde face à ces voyages temporels mal foutus, sinon je risque de pas faire long feu moi.

- J-je... ça va, Professeur.

Pas un mensonge.
Ca va.
Le mieux dans tout ça, c'est que Black Beetle m'a pas brisé en miettes comme la dernière fois. Ca fait plaisir, moi je vous le dis ! Parce que des magiciens atlantes complètement pétés, on a pas ça à tous les coins de rue.
Bon, maintenant, expliquons que je suis pas en train de mourir.
Ca rassurera peut-être du monde.

- Quand des gens voyagent n'importe comment dans le flux spatio-temporel, ça me... ça me touche, directement. Je ressens la déchirure. Ca fait mal.

Je pouffe ensuite, amusé par une idée qui vient de me traverser l'esprit. Enfin, par une DES idées. Ca turbine trop là-dedans.

- Je suppose que c'est un truc de méchant, parce que la Time Pool et les Tunnels Boom de la League me font rien, hé hé.

Bientôt, après le label respectueux de l'environnement sur les produits du super-marché, faudra créer des badges "respectueux de l'espace-temps" pour les vilains, qu'ils pourraient fièrement accrocher à leur veston/fourrure/armure/arme fétiche/insérer ici emplacement spécifique visible et pas obscène.

Bonne nouvelle, en tous cas, mes capacités de transport semblent revenues.
Avec comme petit coup de pouce la signature énergétique de la Time Pool. On se perdra pas dans les couloirs du temps à cause des œufs de caille, c'est cool.

- Ca me semble bon... o-on peut y aller. Quand vous voulez, d'accord ?

Hrm... je vois que vous avez pas l'air bien à cause de Mr. Pratt.
Allez, c'est votre dernière chance, Prof !
Après, on part, et votre Atom à vous, on le reverra plus.
Au moins allez lui confesser votre admiration, ça lui ferait plaisir quoi.
Et ça risque pas particulièrement de bouleverser le continuum temporel, hein.
Moi j'dis ça j'dis rien...

IM-PO-SSIBLE de ne pas sourire en voyant ce p'tit bout de grand bonhomme faire immédiatement demi-tour, droit en direction de Mr. Wra... non, je rigole, je rigole, pas taper ! C'est une boutade, je sais bien qu'il s'appelle Bal Sratt ! Tout le monde le sait, voyons. Tout le monde le sait...
Quoiqu'il en soit, j'attends patiemment le retour de mon prof en préparant correctement notre retour à travers le continuum. Ca demande de la précision, ces petites choses là, hein. Déjà, faut se projeter dans le temps, et pas projeter le temps en soi (c'est Tempus qui m'a expliqué ça. Une fois, un Fuginaut avait foiré son coup... bah c'était pas beau à voir). Pis après, y a à capter l'endroit qu'il faut rejoindre et éviter de s'emmurer vivant.
Bon, fort heureusement, avec une super-force, ça permet de péter le mur à coups de babouches si ça bloque. Et jusqu'à présent, j'ai jamais failli finir dans de la matière, comme si mon pouvoir comportait un cran de sureté.
Et enfin, il faut moduler le cours du temps pour retourner à un point précis. Ceeeeeeee que je ne sais pas encore trop trop bien faire faut l'avouer. Paix à vous, les proto-américains qui ont cru qu'on venait de Xibalba. Vous êtes des vrais, vous. Mais là, avec l'énergie de la Time Pool qui pulse encore, ça devrait le faire, j'ai une piste à remonter.

Bon, le Dr. Palmer, je suis presque prêt, on est bon.
J'ai presque honte de laisser le labo dans cet état, mais ce sera difficile de faire quoi que ce soit sans créer de dramas pire encore.
Ah, la main sur l'épaule, encore ?
Faites attention Professeur, vous risquez de vous habituer aux marques d'amitié !

- Je suis content pour vous, ça avait l'air de compter.

Avec un petit sourire, je commence à me remonter littéralement les manches: on a assez visité l'Ivy Town des années 50, il est temps de rentrer !

- Bon, faut que je retourne à mes exercices quantiques, moi, hé hé !

Et hop, comme d'habitude, la main et le bras qui disparaissent dans la trame même de la réalité, alors que je farfouille calmement à la recherche de mon point d'accroche, de jonction, appelez ça comme vous voulez. Le nœud qui m'intéresse, quoi. Une lumière blanche et chaude émane des interstices dans l'ouverture créée par mon bras, et grandit, grandit, grandit... jusqu'à ce que:

- Gnnnnnnh... ah, ça y est !

J'attrape ce que je cherche et...
POUF !
Me voilà aveuglé, encore. Par la lumière. Qui nous engloutit tous les deux, le Docteur et moi, et nous transporte tout en douceur directement... dans le laboratoire duquel j'ai été si honteusement arraché ! Ah, infamie ! Je me frotte les mains, satisfait, quand... quelque chose... me titille. Une perception étrange. La même qu'avant notre départ... oh merde !

- Ah, parf... à terre Professeur !

Bon, j'aime pas utiliser mes super-capacités pour forcer les gens à faire ce que je veux, mais là, c'est une question de vie ou de mort ! Le ciment de la réalité a pas encore séché, on peut pas se permettre de se faire voir. Par personne, et SURTOUT PAS par nous. Alors du coup, un peu dans la panique, j'attire mon professeur avec moi à l'abri... toujours pas habitué au fait qu'il peut se miniaturisé au point de ne plus être perceptible à l’œil humain. Meh.

- On est revenu trois minutes avant notre départ. Ca se sent dans l'air. Eeeeet... faut pas qu'ils nous voient. Enfin qu'on se voit... dites moi que vous m'avez compris, pitié...

Je grimace.
Allez, trois LONGUES minutes à tout faire pour être invisible, et éviter de foutre encore plus en l'air le continuum temporel. C'est pas la mort trois minutes, si ?

Ah ! Ah ! Ah ah ! Ca continue à dégainer les références à ce que je vois ! Autant avec les séries actuelles, je suis pas foutu de sortir la moindre citation (hormis les grands classiques qu'on voit et qu'on entend déclinés à toutes les sauces partout), autant les "vieux films des années 80" (pas d'offense Prof, ils ont entre 30 et 40 ans !) je connais. Je connais très bien, même. Et Retour vers le Futur (que ce film soit béni...), ça a été une grosse source de quiproquos et de malentendus entre Tempus et moi sur le voyage temporel. Alors recroquevillé dans un coin, à l'abri des regards, je ne peux m'empêcher un petit:

- D'accord. On fait ça. C'est vous le doc, Doc.

Et avec un grand sourire, monsieur !
Qui se prolonge jusqu'au moment où je-du-futur me fais aspirer par la Time Pool, et à la réaction d'Atom. Qui n'hésite pas une seule seconde, et fonce. Avec une tête queeeeeee j'ai dû causer lorsqu'il s'est rendu compte que j'avais amené m'sieur Ralph dans son propre passé...
Sa détermination me fait chaud au cœur, en tous cas.
Très chaud.
Si j'étais pas en train de me planquer d'un risque de paradoxe temporel avec un scientifique et un bras de Black Beetle, j'en aurais presque les larmes aux yeux.

Et c'est pas fini.

Parce que m'sieur Palmer me parle, ensuite, quand nous reprenons le cours normal de notre temps.
Il parle, et dit des choses fortes. Qui visent juste.
Qui me touchent au cœur, et font naître, là maintenant, les larmes dont je parlais plus tôt.

- Mais...

J'arrive pas à continuer.
Parce que lui, ne s'arrête pas.
Parce que c'est dur de trouver les bons mots, aussi.
Je sais pas quoi dire, hein !

- Mais...

Ce badge, là. Ce petit engin technologique... pour moi ?
Pour... acter quelque chose ?
Et il continue. Il parle de choses merveilleuses, tellement merveilleuses !
Le Microvers, l'Espace.
Et son équipe.
Sa Team Atom, qu'il veut me voir rejoindre.
Ce petit groupe de proches, dont m'sieur Ralph m'a souvent parlé. Avec chaleur, avec émotion. Qui accomplit de minuscules miracles en sauvant des univers, en prévenant la chute de civilisations, tous ensemble. Je...

- Mais...

Oui, ça m'intéresse !
Bien sûr que ça m'intéresse !
J'en suis digne ? Je sais pas...
Si m'sieur Palmer le pense, peut-être ?
S'il a besoin de Sideways... comment pourrais-je dire non ?
Je voudrais réussir à dire que c'est surtout Ralph, Patty, Jessica, Ryan et Ray qui assurent ! Que ce sont eux les héros, des gens bien plus grands que ce que le monde voit d'eux. Des "nerds", un peu étranges et pourtant essentiels.
Mais rien de tout ça ne sort.
Je...
La seule chose que j'arrive à faire, c'est...
M'avancer.
Et prendre m'sieur Palmer dans mes bras.
J'sais pas pourquoi je fais ça.
J'aime pas trop ça d'ordinaire.
Et lui non plus, j'crois.
C'est purement instinctif, émotionnel.
Je bous dedans, d'envie de bien faire, d'être apprécié, d'être utile.
Là, ça sort. Tout seul.
Et sans le lâcher, je murmure, suffisamment fort pour qu'il l'entende:

- Merci. Beaucoup.

Puis je le lâche, gêné, avant de le saluer timidement et de repartir.
A pieds.
A moitié en haillons.
Mais peu importe. J'attends d'être dehors pour activer mes rifts, faudrait éviter de créer une nouvelle catastrophe avec la Time Pool, hein.
Pas grave.
J'en profite pour retourner le badge sous toutes les coutures, sans m'en lasser une seule seconde. C'est à peine si je remarque le ciel bleu au dessus de moi, quand je sors, et le rift que j'ouvre devant moi, d'une main distraite...
Et SPLAF.
La gueule dans le sable.
...
Putain de Sahara.
Allez zou, retour à la Tour ! Le sable dans le slip, ça m'apprendra à pas faire gaffe...

Spoiler: