Pizza margherita e Bacino di Tempo ! [PV. Ray Palmer]

Rustres ! Fichus indépendantistes napolitains qui viennent embêter les honnêtes téléporteurs en visite dans leur si charmante cité...
C'est sacrément exotique, l'Europe, mine de rien ! Déjà, y a pas beaucoup de bâtiments de plus de quinze étages. Ensuite, bah les gens parlent pas bien anglais. Ça aide pas à se faire comprendre quand on veut juste faire du tourisme culinaire et repartir aussi sec. Et enfin, les gens sont des cons finis !
Mouais, non, du calme Derek.
Tu t'emballes pour des broutilles.
Mais quand même ! Manquer de se faire battre à mort, ça a de quoi mettre sur les nerfs, nan ?
En même temps, faut dire qu'avec la menace Luthor, c'est pas étonnant que les esprits se soient échauffés lorsqu'on m'a vu débarquer d'une espèce de portail spatial doré, genre, comme un alien ou un autre de ces méta-humains. Mais de là à me courser dans les petites rues de Naples avec des pierres à la main... j'ai cru entendre quelques "stregone" entre deux lancers de cailloux. Sûrement une salutation amicale destiné aux étrangers. C'est pas demain la veille que je remettrais les pieds dans cette ville de chieurs en tous cas ! C'est moi qui vous le dis !
Par contre, bonne nouvelle: j'ai mes deux pizzas.
Des margherita, selon les demandes du Pr. Palmer.
Achetées auprès d'un petit pizzaiolo maigrichon à la moustache proéminente, un vrai vieux de la vieille.
Pâte cuite au four traditionnel, sauce tomate maison, mozzarella di buffala campana venue d'un petit producteur du coin, basilic du jardin et une touche de sel de mer pour relever le tout ! Ca m'a coûté bonbon sur mes fonds d'euros, mais j'ose espérer que ça en vaudra la peine. De toutes façons, j'ai dit que je reviendrai JAMAIS là-bas, alors tant pis, hein !

Un petit rift ouvert d'une main experte aura suffi, l'autre étant occupée à assurer la sécurité des pizzas en pleine course dans les ruelles napolitaines. Et hop, me voilà à Ivy Town, cité des Atom et lieu régulier de troubles... comme à peu près toutes les grandes cités américaines, à croire qu'on peut pas fermer l'oeil sans risquer de se prendre un robot géant ou un monstre titanesque sur le coin du nez.


C'est la première fois que je mets les pieds ici, mais j'ai suffisamment potassé sur Boogle infos et photos de la cité pour correctement me spatialiser. Assez en tous cas pour ne pas atterrir tête la première cul en l'air dans la Housatonic River.
Mon escapade européenne pour des pizzas du tonnerre aurait été foutue en l'air ! Et mes sous avec ! J'en ai pas beaucoup. J'ai pas envie d'emprunter pour après mon lycée... ça me facilite le transit intestinal, cette situation, faut dire. Quoi qu'il en soit, j'ai rendez-vous avec un des plus grands scientifiques de notre temps, et faudrait surtout pas que je sois en retard ! Imaginez qu'il ait faim, ou que les trente secondes de pause qu'il s'offre par mois soient déjà passées ? L'horreur indicible !
Donc pas de chichis, pas de tralala, on rouvre un rift direction le labo scientifique en quête du professeur Palmer !

A grands coups de papiers d'identité, on me laisse passer les contrôles de sécurité, ma foi fort fréquents comparés à ce que semble proposer l'université de Gotham. Mais je m'en offusque pas: quand on est Ray Palmer, dans la Justice League et une cible privilégiée pour les vilains de toutes sortes, il faut instaurer un minimum de sécurité.
Logique.
Mais sans doute un poil étouffant.
Pizzas tiédissantes à la main, je me faufile jusqu'au bureau Palmer, dans lequel on me fait m'assoir le temps de prévenir le principal intéressé. Dans lequel on me fait attendre, patiemment. Après tout, j'ai pas eu de coordonnées exactes. Alors j'improvise !
Et je croise les jambes.
Et je décroise les jambes.
Et je nous fais un petit coup de Basic Instinct, pépère gratuit, mais avec pantalon surtout ! Un vrai sport d'attente à part entière, ça ! En tous cas, je suis là, prêt à bondir pour saluer m'sieur Ray dès qu'il osera passer cette porte... hum...
Ouais non, pas de nom composite, ce sera Mr. Palmer et pis c'est marre.
Pas la peine de m'en réclamer un !

Vite m'sieur Ray, les pizzas sont en train de refoidire !

C'est looooooong.
Pis les pizzas vont refroidir...
Pis c'est looooong.
Pis... roh, allez Derek, t'es dans le bureau d'une des plus grosses têtes du pays ET un super-héros par la même occasion, tu vas pas me dire que tu as rien à regarder, rien à faire ? Bon, certes, faut pas fouiner, mais y a peut-être une photo intéressante, un tableau plein de sens, des marques de combat sur le bureau ? Mais en vrai... à part quelques livres de physique dans la bibliothèque en face, sûrement passionnants mais dont les titres me déchirent quantiquement le cerveau, bah ça reste vachement neutre comme pièce. Pas neutre, non. Normale. C'est un bureau normal de prof. C'en est surprenant.
Hum. Ma foi. Attends, y a peut-être des passages secr...
Que quoi ?
"Ha" ?
Une voix sortie de nulle part ? Je suis espionné ? On m'observe ? On me filme sans mon consentement pour vendre les vidéos sur le marché noir à des prix exorbitants ? Eh bien dans ce cas, que personne ne doute de l'éducation exemplaire que mes parents m'ont offerte. Je suis pas à l'aise, mais je réponds. Et poliment.

- Euh bonjour ?

Bon, tout s'explique très vite.
Le proprio du bureau se fichait de moi depuis le début. Ray Palmer s'est amusé à mes dépens, quoi ! Quand je vais raconter ça à Ernie, elle en reviendra pas ! C'est pas le plus grand (même si c'est arrivé que...) ni le plus célèbre, mais on a tendance à préférer ces figures plus discrètes. Ralph Dibny avait disparu de la circulation, alors il a fallu me réactiver la mémoire, mais Atom, Firestorm et compagnie, ce sont nos petits chouchous. Et donc, comme toute vraie groupie qui ne se respecte pas (c'est le principe), je me laverai plus jamais l'ego, voilà. Pour que cette petite éraflure à la surface ne disparaisse jamais...
Surtout quand ça se suit d'un compliment sur ma patience !
Ah ! Trop bien !

- Merci m'sieur. Faut dire que m'sieur Ral... Elongated Man m'apprend à me canaliser un peu. C'est pas... facile quand on est pas en pleine action.

Je serre un peu les dents.
C'est un de ces moments où vous êtes super content d'être là... et qu'en même temps, le centre d'un No Man's Land pendant la Seconde Guerre Mondiale vous paraît drôlement moins angoissant.
Ah, voilà le moment crucial... il vient prendre une part de pizza... c'est là que tout va se jouer ! Plus assez chaudes, pas assez bonnes, trop de fromage, trop de tomate, pas assez ? La tension est à son comble...
Et au final, c'est juste... pas mal. Ah non, pardon, c'est "pas mal !"
J'avoue être un poil déçu... mais en même temps, le "made in Italy" fait sans doute pas tout. Je ne peux toutefois pas m'empêcher de glisser l'info quelque part, sait-on jamais, ça donnera peut-être un petit goût "Mamma mia" supplémentaire à l'ensemble ?

- Elles viennent de Naples... je me suis dit que ce serait plus sympa.

Et après la bouffe, les conventions sociales classiques !
Mais bon, c'est dit simplement, alors pas de raison de s'inquiéter.
Si ?

- Encore un peu essoufflé de ma fuite dans les rues napolitaines, Pr. Palmer, mais ça va hé hé. Et vous ? A part la longueur de votre journée, j'veux dire ?

Je me frotte ensuite la nuque.
Ce que je pense de l'Université ?
Ah, il faut penser ? C'est une mauvaise nouvelle pour moi, ça !

- Oh bah vous savez, j'ai pas encore eu l'occasion de me balader encore. Mais pour sûr, c'est...

J'hésite.
Je veux pas paraître lèche-pompes. C'est pas le but. C'est pas l'envie.
Mais je veux pas minimiser mon ressenti non plus ! Parce qu'elle est fichtrement cool cette université !
Alors je prends deux secondes pour réfléchir, et le plus simplement du monde, je complète par:

- ... impressionnant.

Une journée typique chez moi, c'est cours rasoirs du matin au soir dans mon nouveau lycée pas loin de la Tour, puis travail intensif jusqu'à pas d'heure en équipe, tout seul, avec Tempus ou m'sieur Ralph, en fonction des jours de la semaine. Ca me laisse pas beaucoup de temps pour ronfler dans mon lit, ça ! Mais après tout, faut multiplier les expériences, hein ! A Opal et dans le Branefold Interior, j'apprends des tonnes de trucs que je verrais jamais dans la salle d'entraînement... mais faut se dire que c'est un grand tout qui, pris morceau par morceau, fait très hétéroclite pour un apprenti héros comme moi, c'est sûr. Multivers, travail d'équipe et investigation... on aura connu programme moins lourd.
Même si pour rien au monde je rognerai au profit d'autre chose.
Je suis avec des gens beaucoup trop géniaux pour les reléguer au second plan.
Et une autre personne toute aussi archi-top me laisse discuter avec elle ! Ernie en reviendra pas... faut pas que j'oublie de demander un autographe... je vais y laisser des plumes, sinon.
Cela dit, l'emploi du temps qu'Atom me présente m'a l'air complètement fou. Tellement condensé ! Si j'étais pas déjà assis, je me laisserais tomber à la renverse.

- Vous... vous avez le temps de faire tout ça dans une seule journée ?! Vous avez craqué le verrou temporel ?!

Piètre tentative d'humour, Derek.
Cela dit... est que Ray Palmer a bel et bien craqué l'interdit temporel ?
Ce serait trop ouf !

Le ton s'assombrit cependant, lorsqu'il évoque les fameux événements récents. Prison, annulation de ses projets officiels, restriction de l'innovation porté par le nom Palmer.
Quelque chose d'aberrant à mes yeux ! Il a peut-être commis des bourdes, l'Atom, mais on devrait pas anéantir le travail d'une vie. Ou en tous cas les efforts consentis depuis plusieurs semaines/mois.

- Oui Pr. Palmer, j'ai suivi l'affaire... mais ça change rien pour moi, vous savez. Vous êtes un héros.

Pis le coup de massue final !
En deux temps: d'abord la préparation initiale en tâtant avec le bout de la batte, puis la frappe directe, qui mène tout droit au très glorieux Home Run qui soulèverait des foules si des gens nous observaient.
Façon de parler, hein.
On frappe personne, on est des héros !

- Hum. Faut dire que j'ai pas beaucoup de plans après le lycée, à cause de tout ce qui s'est passé... récemment.

Entre mes pouvoirs, les crises, mon groupe et tout... surtout les menaces, mine de rien, bah j'ai plus de temps pour moi. Par contre, si les cours concernent mes super-pouvoirs, ça risque de devenir trop cool, soyons clairs là-dessus direct.

- Alors si intégrer l'Université me permet de devenir meilleur, comment refuser, hein ?

Question purement rhétorique !
Comment refuser une telle nouvelle aventure, pleine de rebondissements au sein d'Ivy Town et ses recoins les plus mysétérieux...
Bien sûr que je veux devenir savant malgré mes notes plus que moyennes en maths. Bien sûr que je veux pouvoir maîtriser le Multivers sur le bout des doigts,
Faut que je maîtrise mes pouvoirs pour rendre au monde sa place d'antan ! Je m'égare, je raconte n'importe quoi à dans ma tête, à cause du stressi. Et je regrette déjà de m'être laissé aller. Alors timidement, je reprends, en lançant:

- Faudra juste que je vous parle de quelques trucs, à propos de mes pouvoirs...

Pfiou.
Va vraiment falloir que je mette au niveau pour réussir à suivre les cours magistraux, moi. Beaucoup de choses à comprendre, beaucoup beaucoup ! En fait, ce sont surtout les infos qui entourent les phrases qui pèsent lourd. Mais... ça passe quand même, à ma grande surprise. Tout assembler de tête est assez ardu, mais la clarté du propos, sûrement due à des années d'expérience dans le milieu universitaire, suffit à bien suivre. Mine de rien, j'ose pas imaginer l'arrêt cardiaque que le Pr. Palmer ferait en entrant dans ma tête... le genre soudain et fatal.
Intimidé, bien plus qu'au téléphone (en même temps faut dire qu'un écran, ça désinhibe complètement), j'écoute, très attentif, jusqu'au silence final. Qui dure. Quelques secondes. Pas assez longtemps. J'aurais pas craché sur un rab d'une petite minute, mais soit ! Allez Derek, fais toi honneur, prouve au Prof que tu es fait de l'étoffe des boursiers méritants ! Ou au moins des méritants, ce sera déjà pas mal.

- Ca fait beaucoup beaucoup de choses à assimiler, Professeur.

Cinq secondes de gagnées. Yeah !
C'est une maigre victoire, mais c'est une victoire quand même.
Surtout avec le Micro-Héros, va falloir que je m'habitue à l'infiniment petit, notamment dans le cadre de ma formation scolaire. Je dis pas ça parce que sais quoi que ce soit, hein. C'est de la pure imagination, alors on verra bien une fois sur place.

- J'ai tout entendu, promis, mais je vais essayer de répondre dans l'ordre, si ça vous dérange pas ?

Oui, bien.
Hiérarchise les priorités, écarte l'inutile, et ne fais surtout pas perdre de temps au monsieur qui daigne t'écouter. Parce que chacun de tes mots pourrait avoir un pouvoir fabuleux et inextricable. Et si Atom a encore l'air amusé et sympa, ça pourrait très vite grincer des dents à cause de tes blagues. Alors certes, t'es pas motivé en maths (cela dit, l'idée d'entrer à Ivy Town change beaucoup de choses), mais additionner irritation + potentielle déception, tu te doutes bien que ça ne peut pas mener à des trucs cools.

- Alors... hrm hrrm. J'ai déjà des mentors-professeurs comme vous dites. Deux en fait. Elongated Man comme j'vous ai dit. Et... quelqu'un d'autre. C'est... assez dur à expliquer.

C'est pas du chiqué, je sais vraiment pas comment présenter mon adorable colosse bleu venu d'une dimension entre les dimensions. En même temps, j'avais jamais vraiment eu à le décrire...
alors surtout, précision, concision, magie des mots !

- J'vais pas vous faire l'affront de vous expliquer ce que c'est le Multivers, hein. Eh bah disons que mon second formateur, c'est un des grands manitous qui veille dessus. Sur le Multivers. Je suis clair ? Tempus Fuginaut, il s'appelle. Un Fuginaute, parce qu'ils ont des noms de famille... originaux, oui. Argh, c'est chaud à raconter sans avoir l'impression de passer pour un fou...

C'est... propos à moitié éloquent, pari à moitié réussi, non ?
Chuis nul... Non Derek, non. T'es juste en train de progresser. Y a 6 mois, tu aurais croisé le Pr. Palmer, tu aurais juste rabattu ta capuche sur ton crâne, en faisant mine de pas l'avoir vu alors qu'au fond de toi, ça aurait été le Krakatoa en pleine éruption.
Vous vous seriez croisé en super-héros avant, ça se serait sans doute mieux passé. Le masque te fait un bien fou pour aborder les gens.
Bref.
Partons sur une touche de légèreté.

- Il m'aide à maîtriser mes pouvoirs. Mais je pense qu'il a encore moins la fibre "mentor-prof" que vous. Enfin, que ce que vous dites de vous, hein ! Je juge pas ! J'oserais pas...

Aussi agile et délicat qu'un trente-trois tonnes piloté par un éléphant manchot qui aurait croisé un panneau "Défense d'ivoire". Tu te dépasses mon bon Derek. Va vraiment falloir travailler ton stress social, ça ne pourra QUE te faire du bien et tu le sais.
T'as juste peur des psys. Qui pourraient rentrer dans ta tête, comme ça, et lire ton âme comme tu lis les énigmes pour enfants de 5 ans à l'arrière des paquets de céréales: avec consternation.
Ah ah, mais il te reste une carte maîtresse dans ta manche, un atout final qui va complètement retourner la situation et te faire accéder au saint Graal de l'acceptation de tes pairs, ou en tous cas de ton pair le plus proche, Atom !

- Oh et sinon j'ai déjà réussi à voyager dans le temps moi aussi...

De quoi mettre l'eau à la bouche, non ?

Je mentirais en disant croire qu'aucun grand chercheur n'allait s'intéresser à mon pouvoir. Dark Star Sciences, l'entreprise qui embauchait ma mère, a tenté de me kidnapper pour ouvrir des portails artificiels et y puiser une énergie potentiellement infinie. Et explorer les autres univers en passant. Résultat: ils ont juste rameuté les pires bestioles de ce que Tempus appelle mystérieusement le Multivers Sombre: des espèces de pieuvres noires qui dévorent tout sur leur passage. Je les ai calmé avec un trou noir et BOOM, plus de pieuvre noire cheloue. C'était sacrément impressionnant, je vous le dit !
Par contre, j'ai failli pas réussir à me contrôler, et il a fallu ce bon vieux Fuginaute pour encore sauver les meubles. Ce qui n'a pas empêché la moitié de l'immeuble d'exploser. M'enfin, passons sur les détails, y a déjà suffisamment à penser avec les questions du Docteur ! Qui se montrent moins nombreuses, quoique plus gourmandes. Travail de synthèse, mon bon ami. Mets en pratique ce que m'sieur Ralph te pousse à travailler.

- On va dire que j'ai pas trop le choix, Dr. Palmer. Si je m'efforçais pas un minimum de suivre le cours de ma vie, je serais devenu fou. Aucun doute là-dessus, vous pouvez me croire !

En parlant de l'Elongated Man, on en verrait presque le bout de sa rousse chevelure.
Je ne peux qu'acquiescer aux mots du professeur, qui résonnent et font écho à mes propres sentiments à ce sujet. En même temps, qui n'aime pas Ralph Dibny, à part ses plus intimes ennemis ? Et encore, je suis sûr que ceux là sont méchants parce qu'ils n'ont pas pu être aussi amis avec lui qu'ils ne le voulaient !

- Oui, m'sieur Dibny est génial. Je pouvais pas avoir meilleur mentor. Et meilleur ami.

Ah, on arrive enfin au noeud épineux de la question.
Mon autre enseignant perso, gardien du Multivers et observateur acharné, qui est peut-être en train de nous regarder, juste là. Si tu m'entends, gros big up comme disent les jeunes fort peu branchés de nos jours.

- Tempus, il est... c'est quelqu'un d'occupé. A veiller. Mais il m'a toujours accordé du temps.

Et rien que ça, ça chamboule un peu le solitaire qui est en moins.
Tout rigide et obtus qu'est ce bon Fuginaute, il est toujours là si j'en ressens le besoin. Ca m'étonnerait pas qu'il ait de l'affection pour moi, ce vieux brigand. Avec sa grosse voix, et ses "jeune Derek", il me sermonne souvent, mais pour me faire devenir meilleur. Comme un... second papa. Ou une seconde maman. C'est... assez bizarre de l'imaginer avec un fer à repasser galactique à la main, ou en train de border mon lit d'étoiles, un livre d'histoires sur les horreurs cosmiques à la main.
Bref, je m'égare, et ça se sent parce que j'ai besoin de reformuler pour être clair:

- Vous voyez Docteur, j'ai confiance en lui parce que... bon attendez, je vais tout vous raconter, ce sera plus simple !

Deux secondes passent, durant lesquelles je retrace rapidement la trame générale de l'histoire de ma relation avec Tempus, des prémices houleux à aujourd'hui. Ca me fait à moitié sourire, d'y repenser. Jamais j'aurais cru que ce titan spatial allait un jour me traiter comme son petit protégé. J'ai de la chance, quand même...

- Quand on s'est rencontré, il a voulu me tuer. Parce que mon pouvoir perturbait drastiquement l'équilibre de notre univers. Mais il s'est rendu compte que j'étais pas une menace. J'ai juste besoin d'être formé, quoi. Autant j'avais des doutes au début, mais à un moment je suis entré dans sa tête, et les seules choses que j'ai pu y voir, c'était du devoir, l'ombre de la solitude, et Derek James, la petite lumière qui repousse un peu l'ombre. Alors oui, Dr. Palmer, je peux me fier à lui.

Derek, des fois, tu devrais te taire.
Et éviter de rajouter, avant de demander au principal intéressé:

- Et on pourra le rencontrer si vous voulez vous faire une idée.

Mon regard commence à s'habituer aux dimensions de notre univers.
Détecter ce sacré colosse au coeur d'or m'est chaque jour plus simple.
J'aurais qu'à lui demander deux secondes en privé avant d'amener le Docteur. Ouais, on fera comme ça... à moins que mon récit temporel ne pousse le Pr. Palmer à m'enfermer dans une prison qui prive de mes pouvoirs en guise de punition ?
Pitié, je veux pas finir dans une cage...

- Alors... je me suis retrouvé à Bazilia avec Tempest, le super-héros vous savez ! Et on s'est fait attaquer par des fantômes. Alors j'ai saisi l'ancre temporelle que le sorcier Arion du passé avait posé, et pouf, on s'est retrouvé entouré par des soldats. Du passé. Qui se préparaient pour attaquer l’Égypte. Aidés par Black Beetle, un Time... je sais plus quoi, désolé. Il vient du futur. Tempest et moi, on a quand même réussi à le chasser, et Arion nous a renvoyé à notre époque. Voilà toute l'histoire.

Ca se sent que je suis vachement moins assuré, d'un coup ?
Parler de cette aventure me rebute pas, mais j'en suis pas vachement fier. J'ai menacé de tout faire péter au risque d'altérer le monde, et le Beetle m'a cassé les jambes. Avant qu'elles ne soient resoudées via magie, certes, mais quand même !
Faut dire que niveau implications, le voyage temporel fout vachement plus les jetons que le reste. Même un trou noir ça paraît minime, à côté. Enfin, à mes yeux de néophyte en tous cas.

- Apparemment, je touche autant à l'espace... qu'au temps.

Roooooooh le vilain...
Il va me faire rougir. Moi, Derek James, extraordinaire ? Mais comment ? Par rapport à quoi ? Par rapport à qui ? Factuellement... ouais, on peut dire que je sors de l'ordinaire. Tous les gus du monde décident pas du jour au lendemain de s'habiller de latex pour jouer au con sur les toits avec leurs nouveaux super-pouvoirs, c'est sûr. Mais... je sais pas, j'ai l'impression que ça me pose sur une espèce de piédestal. Où convergent tous les regards. 'vous ai déjà dit que mon environnement de prédilection, c'est une petite chambre sombre avec de la musique, mon groupe restreint de proches et du jeu de rôles ? Ou un autre truc du genre ? Bah être exposé en pleine lumière, sans masque, ça fout les chocottes. Ca crée un malaise. Le genre qui prend aux tripes et qui te gratte la cervelle en te demandant sans cesse pourquoi tu es pas resté dans ta petite vie classique d'ado normal. Avec une mère aimante en vie.

Petite grimace, grand soupir.
On va encore me traiter de faux modeste. Le genre qui se met en valeur, et se fait mousser en donnant l'air d'être un gars qui se prend pas la tête avec ça. Alors que c'est un foutu poseur. JE POSE PAS, ok ? J'essaie... j'essaie juste. Parce que je le peux.

- Y a des gens qui font mille fois mieux et avec dix fois moins. Je suis pas extraordinaire, Professeur. Juste... j'essaie de faire au mieux, vous voyez ?

Balbutiements/20.
Qui auraient continué s'il n'y avait eu ce petit topo sur Tempest. Enfin, le faux Tempest, justement. La marionnette d'un sorcier fou de pouvoir et de domination. Un être créé pour accomplir un sombre dessein et qui, parce que le libre-arbitre transcende le concept même de fatalité, a su agir pour le bien, au final.
...
Mine de rien, les conseils de m'sieur Ralph en cours de langue et de philo portent leurs fruits ! Bientôt, on m'appelera Sideways le Penseur, ou Sideways le Multiversel. Sideways le Riftosophe... mouais, ça fait un peu nom de dinosaure, le dernier...
Un jour faudra que tu arrêtes de raconter des conneries pour détourner ton petit cerveau sensible de la réalité qui t'entoure, tu le sais Derek, hein ? Tu l'as rencontré qu'une fois, mais tu ne peux t'empêcher d'être triste pour ce Tempest. Pleureuse, va.

- Oh... je... d'accord. Pauvre gars. Au bout du compte, il n'a pas abandonné.

Allez, un petit sourire pour passer à autre chose !
Y a besoin, surtout que le Professeur ne semble pas avoir particulièrement envie de s'appesantir sur le sujet. Au point de faire une bonne petite... oh non, une blagounette... mes pires ennemies ! Je ne peux pas y résister ! Ne sombre pas mon vieux, accroche toi, ferme ta bouche... mais... c'est trop... difficile !

- Docteur Qui ? ... désolé. Je stresse.

...
Badum tss.
Le talent. Incapable de juste lâcher un petit rire de connaisseur pour marquer d'un clin d'oeil virtuel cet échange amical. Nan. Tu dois juste l'ouvrir, à chaque fois. M'enfin. Le pire serait quand même que tu t'en rendes pas compte, mon vieux. Au moins, tu as la présence d'esprit d'être conscient.
Mais est-ce que tu captes malgré tout la chance que tu as ?
Pouvoir avoir comme support scientifique l'un des plus grands esprits de notre temps ?
Une sommité qui te propose à toi, petit gars lambda de Gotham, d'étudier main dans la main tes pouvoirs ?

- Je veux bien. Je veux dire, j'ai besoin d'un appui ici, les pieds sur terre. Pas un titan cosmique au delà de ma compréhension, et quelqu'un d'autre que m'si... que Ralph. Alors ouais, j'suis partant, Professeur Palmer. Sacrément même !

Et je tends ma main de blanc-bec.
Parce que c'est comme ça qu'on scelle les accords dans les films.
Et quitte à être un super-héros, autant s'arranger autant que possible pour vivre quelques fantasmes cinématographiques, nan ?