Doom Patrol Lost [Mister Miracle]

Codsville

Il y a maintenant plus d'une semaine que la Maison Blanche était tombée et que le Président avait périt sous les coups de Lex Luthor, qui restait le coupable idéal pour le plus grand nombre. Garfield Logan avait quitté le bâtiment de la Young Justice pour rejoindre la Doom Patrol car ses membres ne lui donnaient aucun signe de vie, et avait retrouvé le manoir Dayton vide. Totalement, et désespérément vide de toute vie. Beast Boy avait attendu plusieurs heures voir si l'équipe allait rentrer, mais rien... Aucune nouvelle, rien... Il avait fini par comprendre. Quelqu'un s'en était prit à la Doom Patrol, les avaient tous capturés en l'espace de quelques heures seulement.
Les habitants de Midway en avaient été ravis.

Dépité, déçu malgré le fait qu'il connaissait les habitants de cette ville à la longue et surtout attristé et inquiet pour sa famille d'adoption, Garfield avait bien évidemment voulu se lancer à sa recherche. Seul, bien qu'il en ai parlé à Mister Miracle. Parce qu'il avait ressenti le besoin d'en parler à quelqu'un... Mais au départ il avait voulu se lancer à la recherche de la Doom Patrol seul. Parce qu'il savait que Scott avait beaucoup souffert surtout récemment, et qu'il pensait qu'il aurait besoin de repos. Son ami avait déjà tellement fait pour lui et pour sa famille, intervenant à chaque fois qu'ils étaient en danger.
Mais bien entendu, Scott Free avait refusé de rester à l'écart.

-Ça fait bizarre de revenir ici. La dernière fois, ils étaient...

Garfield était seul, dans une rue, mais pas une rue ordinaire. Danny The Street, un allié de longue date de la Doom Patrol avait également proposer de lui prêter assistance dans sa recherche de sa famille. De ce qu'il avait pu apprendre, la mairie avait fait appel à une organisation assez spéciale pour se débarrasser des gêneurs. Le Bureau de la Normalité. Une organisation secrète chargée de traquer et d'éliminer tout ce qui sortait de l'ordinaire.


-T'es sûr de vouloir le faire ?

Hors... Qu'y avait-il de moins ordinaire qu'une rue apparaissant soudainement et faisant gagner de bons km² à un petit village de pêcheurs du Maine ? Le Bureau de la Normalité serait sans doute intrigué et rappliquerait aussi sec... Selon la rue vivante et capable de penser. Garfield était inquiet et n'aimait pas trop l'idée d'exposer Danny à ce danger... Mais d'un autre côté, il était content de ne pas être tout seul. Si Codsville n'était pas Midway, elle restait l'endroit où la Doom Patrol avait été enterrée. Et même si les corps ne se trouvaient plus enfouis sous la terre, leurs tombes elles étaient encore là.

Codsville.
Une ville minuscule du Maine ; près d'une zone maritine, de pêche.
Un village oublié. Oubliable, diraient beaucoup.
Et pourtant.
Et pourtant, c'est là que la Doom Patrol est morte, jadis. Et qu'elle est revenue à la vie aussi, en un sens ; plus récemment.

Il n'est donc pas étonnant que Garfield Logan décide de lancer son piège ici.
D'attirer l'ennemi ici ; pour ramener encore ses proches.
Pour réitérer l'exploit. Pour ramener encore la Doom Patrol – même si l'opération s'avère plus difficile, ici. Cette fois-ci.

Le jeune Héros a besoin d'aide, en effet.
Pour affronter le Bureau de la Normalité. Pour sauver sa famille ; il a besoin d'aide.
Et il en a.

De la part d'une créature surprenante, d'abord ; Danny The Street.
Une rue. Littéralement.
Consciente. Qui a accepté de venir ici – d'être l'appât pour faire venir l'ennemi.
Même si cela trouble Beast Boy, qui interroge son camarade pour être sûr de sa décision.

Danny The Street réagit, alors.


Avec un lampadaire, en fait.
Un lampadaire de la fameuse rue apparue par Magie dans Codsville – et qui bouge, d'avant en arrière ; pour dire « oui ».
Pour confirmer que Danny The Street est bien sûr de vouloir faire cela... malgré les dangers.

Il n'est pas le seul, d'ailleurs.

 « Danny est motivé, ça se voit aux couleurs des immeubles. Mais Danny n'a pas toujours conscience des dangers ; il reste encore naïf, parfois. »

Une autre voix se fait entendre, soudain.

 « Le Bureau de la Normalité a la capacité de vaincre ou faire fuir la Doom Patrol... et c'est dangereux.
Il faut faire attention. Il faut découvrir où est la Doom Patrol... et les sortir de là.
Les faire évader. »

Une forme émerge d'une boutique de Danny The Street, et s'approche d'une table, à l'extérieur.
Il s'y installe, avec sa barbe fournie et son t-shirt Hawkman ; Scott Free.
Au look définitivement surprenant.

 « Un coup de chance que vous m'avez invité à temps, hé ? »

Bien assis, il croise les jambes, et tourne le regard vers Garfield.

 « J'espère que tu es prêt, mon ami. »

Il sourit ; mais le cœur n'y est pas.
Mister Miracle est inquiet – très inquiet. Le Bureau de la Normalité est une entité légendaire, dangereuse ; terrifiante.
Il est légitime que le jeune Héros veuille sauver ses proches... mais il se met en danger. Il met toute la ville en danger.
Le Néo-Dieu est venu aider, oui. Mais aussi empêcher le pire, au cas où...

 « Parce que... »

Il lève la main, et désigne de l'index une direction derrière Garfield Logan.

[font)Serif] « … ils sont là. »[/font]

Ils, oui.
Eux. Les hommes en noir. Les hommes de l'ombre. Les agents. Les Supprimeurs.
Quatre membres du Bureau de la Normalité ; qui sont là, oui. Qui sont là.
Qui sont à Codsville.
Et s'approchent de Danny The Street !

Danny était bien plus qu'une simple rue capable de se déplacer et d'aller où elle voulait. Elle était une rue capable de sentiments et d'émotions et avait une certaine volonté. Cette volonté qui l'avait poussée à rejoindre Garfield alors que ce dernier avait quitté Midway sans vouloir pour autant retourner à San Francisco. L'entité avait recueilli le polymorphe et lui avait proposé son assistance pour retrouver la Doom Patrol, cette équipe avec laquelle il était lié depuis si longtemps. Malgré les risques qu'il encourait, la rue avait tenu à aider. Et malgré la couleur chatoyante et le lampadaire qui exprimait une approbation enjouée. Encore des détails qui allaient faire rappliquer le fameux Bureau.

-Merci Danny.

Alors que Garfield câlinait le lampadaire, chose complètement incongrue pour qui ne connaissait pas la nature réelle de l'endroit où ils se trouvaient, mais heureusement Mister Miracle savait. Il faisait partie des rares personnes à connaître l'existence de la rue vivante et à connaître ses caractéristiques. Et justement, Miracle Miracle était-là... Avec une barbe comme Garfield ne lui en avait jamais vu. Et cela le fit rire malgré la situation.

-Dit Scott, tu veux commencer à ressembler à Gandalf ?

Beast Boy plaisante pour détendre un peu l'atmosphère, pour essayer d'éloigner le danger qui pèse sur eux et qui ne tardera plus à se rapprocher. La menace du Bureau de la Normalité qui finira par repérer Danny et par venir, attiré par sa présence. La présence de Scott le rassurait, parce que c'était un Neo-Dieu aux pouvoirs et aux capacités hors du commun. Mais aussi parce que c'était son meilleur ami en qu'il avait une totale confiance.

-Oui, une chance qu'on ai le maître de l'Evasion avec nous. Ils ne pourront pas te retenir.

Il se tût lorsque Miracle lui demanda s'il était prêt, car les premiers envoyés du Bureau arrivaient... Il avait souvent imaginé ce moment depuis qu'il avait décidé de libérer la Doom Patrol, et avait toujours sût que ça allait être compliqué. Mais entre savoir et vivre réellement... Il y avait encore une frontière qu'il fallait franchir. Mais il afficha un air qui se voulait assuré.

-Faut bien. On peut pas laisser la Doom Patrol entre leurs mains.

La Doom Patrol était sa famille, ceux qui l'avaient recueilli et adopté alors qu'il n'avait plus de famille et plus beaucoup de confiance en l'espèce humaine. Même s'il avait tendance à s'éloigner d'eux ces derniers temps, il ne pourrait pas accepter de les perdre. Les Supprimeurs continuent de marcher vers Danny et semblent s'apprêter à pénétrer à l'intérieur... Mais ils ne le font pas. A la place, ils ouvrent leurs mallettes et sortent d'étranges objets. L'un des panneaux publicitaires en face de Beast Boy et Mister Miracle s'allument affichant la phrase "Que font-ils ?".

-On dirait... On dirait qu'ils te scannent Danny. Peut-être pour vérifier jusqu'où tu t'étends...

Les Supprimeurs étaient prudents, et se renseignaient d'abord sur l'entité à laquelle ils faisaient face. Ou peut-être avaient-ils déjà entendu parler de Danny et vérifiaient-ils leurs informations. En tout cas, ils étaient à l'arrêt et Garfield n'aimait pas ça. Il décida de prendre les devants.

-Je vais essayer de me rapprocher d'eux.

Aussitôt dit, il se transforma en coccinelle, espèce qui avait la particularité de pouvoir être verte. Cette spécificité lui permettrait peut-être de passer inaperçus au moins plus longtemps que sous l'une de ses autres formes.

Une grimace glisse sur le visage de Mister Miracle, alors que les échanges commencent avec Garfield Logan.
En face des Supprimeurs.
Qui pénètrent au cœur de Codsville... et de Danny The Street.

 « Mmh. »

L'artiste de l'évasion croise les bras, lentement.

 « Fais attention, Garfield. »

Son camarade se transforme en coccinelle ; verte, évidemment.

 « Je... sais que tu veux retrouver la Doom Patrol ; que tu veux les sauver. »

Un sourire léger glisse, sous sa barbe.

 « Mais... le Bureau de la Normalité est une menace critique. »

Il hoche la tête, grave.

 « Approche-toi ; mais ne t'approche pas trop.
Je... suis là pour t'aider, Garfield. Mais même un Vous ne passerez pas ne servira à rien, là ; même avec ma barbe. »

Un rire discret s'échappe de sa gorge.

 « Sois prudent. Vraiment. »

Scott Free le laisse partir, alors.
Beast Boy s'échappe... et file ; vers eux.
Vers les Supprimeurs.

Qui pénètrent au cœur de Danny The Street, après avoir passé rapidement la petite ville de Codsville.
Ils ne s'arrêtent pas, encore.

Ils passent dans Danny The Street. Ils passent devant les boutiques, les vitrines ; ils ignorent les autres passants.
Ils s'arrêtent, cependant.

Devant une vitrine. Devant une boutique.
Devant une boutique de barbier.


Les quatre Supprimeurs s'arrêtent devant, oui ; notamment dvant l'enseigne rouge, bleue et blanche.
Qu'ils détachent, soudain.
Qu'ils arrachent, en fait. Deux Supprimeurs l'arrachent, tandis que les deux autres ouvrent une valise – qui semble plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur.

L'enseigne est arrachée ; avec une force qui dépasse celle de deux Humains normaux.
L'enseigne est arrachée.
Et Danny The Street en souffre – avec une expression, une douleur qui apparaît sur la vitrine, juste derrière les Supprimeurs.


Les Supprimeurs regardent la vitrine, alors ; se regardent ensuite.
Et hochent la tête. Satisfaits.
Ils ont ce qu'ils voulaient. Ils ont un signe de la présence d'une anormalité.
Et ils rentrent alors dans la boutique... pour chercher d'autres signes ; pour trouver l'anormalité.
Pour trouver l'essence de Danny The Street.
Et l'emprisonner, à jamais !

Mais Scott, les héros sont fait pour affronter les menaces critiques, non ?
C'était ce que Garfield aurait voulu dire à Scott pour essayer de le rassurer ou de le faire sourire encore plus. Mais il n'y arriva pas, parce qu'il se souvenait de ce que Larry disait à propos du Bureau de la Normalité. Negative-Man était le seul à avoir été confronté à cette terrible organisation, et ce qu'il en avait dit avait tout pour effrayer. Ces types traquaient tout ce qui sortait de l'ordinaire, tout ce qu'ils considéraient comme des abominations, soit pour les exterminer, soit pour se servir d'eux. Et pour ça tout était bon, y compris la torture et la manipulation d'êtres innocents et normaux qui avaient juste le malheur d'être trop liés à une personne anormale.
Il lui avait aussi dit de fuir, si jamais il les croisait, et de ne jamais, oh grand jamais, chercher à se confronter à eux. A l'époque, Garfield avait prit les paroles de l'oncle Larry très au sérieux.
Mais il était encore petit à l'époque, et sa famille n'était pas en danger à ce moment-là.


Le message avait été transmis de Boite-Adolescente à Boite-Mère, avant que Garfield ne s'éloigner de Miracle. Il file à travers les rues, et fini par rejoindre les membres du Bureau de la Normalité tout en cherchant à rester hors de leur regard. Même si les coccinelles vertes existaient, ce n'était pas une raison pour prendre le risque de se faire repérer.

Les hommes en noirs plus inquiétants que les Men In Black avaient reprit leur marche à travers la Rue Vivante. Beast Boy les suivit et tressaillit lorsqu'il les vit échanger des regards de connivences. Mais aucun d'eux ne se retourna vers sa direction, et le jeune garçon continua à rester très prudent. Même si la souffrance qu'ils infligèrent à Danny lui fit très mal. C'était à cause de lui que la pauvre Rue devait subir tout ça. Il se posa momentanément sur la vitrine de barbier.

-Danny...

Comme s'il savait qu'on s'inquiétait pour lui, la Rue afficha un smiley avec un sourire comme si elle voulait rasséréner son jeune allié. Mais Beast Boy se sentait tout de même affreusement coupable de ce qui arrivait à son pauvre ami. Il pénétra ensuite dans la boutique et tenta de rattraper le groupe de Supprimeurs. L'un d'eux se retourna subitement.

-Il est ici.

Puis, il se tourna vers ses collègues et tous se mirent sortir leur attirail... Des sortes de pistolets bizarrement formés ainsi que des sortes d'émetteurs qu'ils pointaient dans toutes les directions. Ils semblaient chercher quelque chose. Et commençaient à donner l'impression qu'ils l'avaient repéré.

Code:

Scott, je crois qu'ils ont trouvé quelque chose d'important concernant l'essence de Danny.

Un Supprimeur a parlé ; il a confirmé ce que les autres ont senti.
Il est ici.
Danny The Street est ici.

 « Oui. »

Un autre prend la parole.

 « Son essence est ici. »

Il regarde les autres, qui hochent la tête.

 « Il ne doit pas sortir. »

 « En effet. »

Le premier Supprimeur s'active.
Il pose sa valise sur une table, à l'intérieur de la boutique du barbier ; il l'ouvre.
Et en sort... quelque chose.


Une sorte d'engin ; une sorte d'appareil, qui s'active rapidement.
Qui empêche... Danny The Street de s'enfuir, en fait.

Et ça se voit directement – parce que la coccinelle Beast Boy découvre une nouveauté, dans la boutique ; un élément, qui vient d'apparaître.
Une sorte de bouton.
Un appel à l'aide ; de Danny The Street.
Qui n'arrive pas à transférer sa conscience ailleurs – dont l'essence est entièrement bloquée dans cette boutique, avec les Supprimeurs.

 « Bien. »

Le deuxième Supprimeur plonge sa main dans une poche, et la ressort.
Avec quelque chose, aussi.

 « Procédons. »

Il s'avance vers un mur – et pose quelque chose, dessus ; directement contre le mur.
Contre l'essence de Danny The Street.
Une arme ; une sorte d'arme.
Une sorte d'engin terrible, abominable – qui fait trembler Danny ; littéralement.
Les murs tremblent.

 « La cible veut s'enfuir. »

 « Je me lance. »

Le deuxième Supprimeur appuie sur la gâchette – et les murs tremblent encore plus.
Le papier peint, la décoration se transforment entièrement.
Et actent les douleurs, les puissantes souffrances que subit actuellement Danny The Street.
Dont l'essence est directement aspirée par l'âme du Supprimeur, comme la Boîte-Adolescente en informe Beast Boy. Qui n'a toujours aucune réponse de Mister Miracle... et se retrouve seul à devoir gérer cette horreur !

Les Supprimeurs avaient détectés la présence de Danny The Street, enfin surtout de son essence puisque physiquement la Rue les entouraient. Mais ils avaient également ressenti la présence d'une autre personne. D'une autre créature qui blessait trop la Normalité pour que sa présence puisse être tolérée. Ils s'en étaient doutés après tout, le lien de ce héros avec l'équipe de monstres était connu de tous et trop puissant pour qu'il en soit autrement. Mais chaque chose en son temps.
Pour l'instant il y avait autre chose à faire.

Garfield ne comprend pas dans un premier temps à quoi servait l'objet que les Supprimeurs venait de sortir... Mais il comprit très vite que c'était très dangereux et qu'une intervention risquait d'être nécessaire. Son instinct de petite coccinelle le lui hurlait et le bouton rouge qui apparu dans la boutique le lui confirma. Danny était piégé ! Danny allait avoir besoin d'aide, tout de suite. Déjà, les Men In Blacks sortaient un autre outil... Une sorte de pistolet qui devait tirer autre chose que des balles. Beast Boy senti son petit corps trembler d'appréhension et de peur. Pour Danny surtout.
La Rue risquait le pire... A cause de lui...

-Non...

Heureusement, il était de trop petite taille pour être entendu par des humains normaux... Qui continuèrent leur oeuvre terrifiante. Et déjà les premiers coups furent portés, provoquant la souffrance de Danny... Même si à part des destructions, il n'y eut aucun autre signe physique. Pas de cris ni de gémissements... Mais Garfield pouvait sentir toute l'horreur et la souffrance de son ami qui n'avait voulu que l'aider. Danny risquait maintenant de mourir à cause de lui... Il ne pouvait pas l'accepter.

-Danny...

Mister Miracle ne répond pas, ne donne aucun signe de vie... Comme ça pouvait parfois lui arriver. Le Neo-Dieu devait être en train de préparer l'un de ses tours de magie dont il avait le secret, malheureusement le temps pressait et Beast Boy ne pouvait pas se permettre d'attendre. Pas alors que son ami étrange risquait de se faire tuer. Alors la petite coccinelle alla se poser derrière une chaise et son corps se mua en adorable créature aux longues oreilles qui s'agitaient. Son petit corps frémissait à la fois de peur pour l'entité et d'appréhension pour ce qu'il allait faire, avant que sa petite bouche ne s'ouvre dévoilant ses dents pointues...


... Tandis qu'un cri strident résonna dans toute la boutique prenant les Supprimeurs et Danny par surprise. Profitant de cet instant de répit, Garfield bondit sous la forme d'un renard et se jeta les babines ouvertes sur le Supprimeur qui tenait son étrange pistolet pour lui mordre férocement la main. L'arme tomba au sol, et l'animal émeraude s'en empara avant de déguerpir à travers les rayons.

-Qu'est-ce...

-Beast Boy. Un enfant vert capable de se transformer en animaux et intimement lié à la Doom Patrol. Je vous l'avais dit qu'il devait être derrière l'apparition étrange de cette rue.

-Il est fou de croire qu'il peut s'opposer à nous.

-Les monstres sont dotés du sens de la famille. Ça va nous servir.

Et l'un des hommes en noir se précipita à la suite du renard qui s'était transformé en souris après avoir dissimulé la dangereuse arme dans une ouverture créée par Danny qui l'avait aussitôt fait disparaître. Mais alors qu'il tentait de se cacher, il fut atteint par un tir qui lui fit reprendre une apparence humaine. Beaucoup moins verte. Plus rose et avec des cheveux blonds...
Pour le coup, Garfield fut choqué au point qu'il ne savait plus quoi faire... Ses pouvoirs, il ne les sentaient plus ! Ils avaient disparus !

-N'ai crainte, ce rayon contenait des particules bloquant temporairement l'effet de la Sakutia sur toi. Suffisamment longtemps pour en finir avec cette Rue et... Te ramener auprès de ta famille.

La dernière phrase sonnait horriblement cruellement dans la bouche d'un ennemi. Mais Garfield ne réagit pas... Il se sentait... Aussi mal que lorsqu'on lui avait pris sa Boite-Adolescente. Ces Supprimeurs venaient de lui voler une partie de son âme. Une part de son identité. Celle qui lui avait permit de survivre toutes ces années... Et qui constituait en fait quasiment son être actuel.

-Bon, il ne réagit pas... Emmenons le.

Mais alors qu'ils allaient s'emparer du jeune garçon, une violente onde de choc les balaya comme des fétus de pailles tandis que des arcs électriques courraient sur le sol en leur direction. La Boite-Adolescente avait senti la détresse de son porteur et son incapacité à se défendre, alors elle prenait le relais. Brutalement, sans laisser la moindre chance à ses ennemis de lui échapper.

C'est terrible.
Ce que subit Danny The Street. Ce que font les Supprimeurs.
Ce que vit Beast Boy.

C'est terrible.
La rue vivante est torturée, massacrée ; elle souffre, elle hurle. Dans son langage.

C'est terrible.
Les Supprimeurs n'expriment aucune émotion, ils s'activent ; ils agissent. Sans humanité.

C'est terrible.
Garfield Logan est au sol ; incapable de changer. Incapable de se transformer.
Bloqué.

Les Supprimeurs s'approchent. Les Supprimeurs veulent s'emparer de lui, l'emmener.
Leur venue est terrible. Leur avancée est brutale.
Ils sont là. Ils vont réussir. Ils vont récupérer l'essence de Danny The Street... et Garfield.

Mais.

Mais Danny The Street se bat, encore ; Danny The Street s'acharne.
Il se force.
Et il parvient... à ouvrir. A s'ouvrir.
A ouvrir un mur de la boutique du barbier – vers l'extérieur.


Les Supprimeurs en sont surpris ; choqués.
Ils s'arrêtent. Ils hésitent.
Et quelqu'un en profite, alors.

 « Vous... osez. »

Une voix se fait entendre.
Une forme approche, depuis l'extérieur.

 « Vous torturez Danny. Vous vous en prenez à Garfield – et vous le mutilez. »

Scott Free apparaît ; et il voit.
La souffrance de Danny. La situation de Garfield, confirmée par les Boîtes.
Les Supprimeurs.

Il voit, oui. Il comprend.
… et il serre les poings. Il prend une grande inspiration.
Et il change.


Son costume apparaît.
Son allure change ; sa combinaison se dessine. Et cela ne s'arrête pas là.

 « Garfield... ferme les yeux. »

Mister Miracle plonge la main dans son dos – et en sort une épée.
Une épée de Néo-Dieu.


Et il se lance, alors ; vers les Supprimeurs.
Pour frapper leurs armes – pour les détruire, en un coup. Pour les faire partir.
Ou les anéantir !

Garfield était tétanisé, réellement. Tout son corps semblait s'être paralysé depuis qu'il avait compris que ses pouvoirs avaient disparus. Il était redevenu aussi faible que lorsqu'il avait trois ans. Ces dons qui l'avaient de si nombreuses fois protégé, permit de survivre face au pire s'étaient volatilisés. Purement et simplement. Il n'était plus rien, et cette constatation le blessait tellement qu'elle le coupait du monde extérieur. Il ne pouvait plus rien faire. Il ne pouvait plus espérer protéger Danny, ni sauver la Doom Patrol. Et ces hommes continuaient leurs horreurs, sans se préoccuper de la souffrance qu'ils répandaient autour d'eux. Ils continuaient leur terrible ouvrage, prêt à écraser deux êtres qui ne leur avaient pourtant rien fait et ne désiraient que continuer de vivre.

-Non...

Mais en voulant anéantir des monstres, ils se comportaient comme des êtres inhumains, des barbares qui écrasaient tout ce qui pouvait être bon et pur dans un lieu qu'ils considéraient comme impur. Ils n'avaient que faire de la douleur qu'ils provoquaient, pour eux, leur cause était juste. Noble. Ils étaient les gardiens d'une certaine pureté. Les protecteurs d'une tradition, d'un savoir-vivre... Mais en se comportant ainsi, en torturant et détruisant tout ce qui ne leur convenait pas, ne devenaient-ils pas ce qu'ils pensaient chasser ? Des monstres ?

-Arrêtez.

Voyant que son porteur était incapable de se défendre, la Boite-Adolescente avait prit le relais... Et se faisant, elle tentait de combler ce vide que les pouvoirs de Beast Boy avait laissé dans son cœur. Elle s'insérait à leur place, comme si elle voulait combler entièrement le néant qui leur avait succédé. Mais elle ne le pouvait pas, pas totalement. Toutefois, cet acte renforça la fusion entre les deux êtres. Une fusion déjà puissante, qui se renforça encore. Récemment, elle avait été modifiée par Lonar pour pouvoir mieux protéger Garfield. Il était temps de montrer de quoi elle était capable.

-Ça suffit !

Mister Miracle était arrivé, et si Garfield était effectivement soulagé de voir son ami dans la place, il n'arrivait pas à se résoudre à fermer les yeux comme Scott le lui demandait. Il se sentait toujours dévasté, perdu, mais la Boite-Adolescente le soutenait. Lui transmettait une part de sa volonté, et surtout de son côté implacable. Ainsi, Garfield ne ferma pas les yeux, mais se releva plutôt... Une lueur froide dans le regard. Une lueur qui ne venait pas réellement de lui, mais de l'espèce de fusion qui était en train de s'opérer pour compenser la perte terrible de ses pouvoirs. Et si ça aidait Garfield à se relever, pas sûr que le résultat soit du goût de tous.

-Vous n'avez pas le droit de faire ça. De faire tout ça. De capturer et de maltraiter ceux que vous considérez comme des déchets. En faisant ça, vous ne valez pas mieux que les monsters que vous prétendez combattre.

Pas au goût des Men In Black qui voyait le jeune garçon avancer vers eux, alors que des sièges venaient se mettre dans le passage de Scott pour le ralentir. Sans lui faire mal. Des arcs électriques dansaient aux côtés du jeune garçon blond qu'ils avaient pourtant cru inoffensif maintenant qu'il était privé de ses pouvoirs. Il ne leur avait pas paru aussi dangereux depuis qu'il ne les avait plus.

-Où sont-ils ? Où sont que vous avez enlevé ? Répondez !

Au niveau de l'entrée, un panneau clignotant affichait un point d'exclamation. Danny était surpris par l'explosion de fureur que manifestait le polymorphe. La Rue ne comprenait pas. Et cette incompréhension aida Garfield à reprendre le dessus. Un peu. Mais il n'osait pas se détacher plus que ça de la Boite-Adolescente. Parce qu'il y avait un gouffre profond d'incertitude là-bas. Et il ne se sentait pas capable de l'affronter. Pas maintenant. Pas comme ça.

-Où est-ce qu'ils sont ?

La voix du jaune homme était redevenue normale, mais les arcs de cercle continuaient à crépiter autour de lui. Et la Boite-Adolescente préparait une onde de choc puissante et brutale si jamais les Hommes en Noir osaient se montrer menaçant envers son jeune protégé à la peau désormais blanche.

Mister Miracle fonce vers les Supprimeurs ; avec son épée de Néo-Dieu.
Il coupe leurs armes.
Il brise leurs artefacts. Il les empêche de s'en prendre à Danny The Street. Et il se prépare à les attaquer directement, à les anéantir eux-mêmes.
Mais...

 « Ho. »

… il n'en fait rien.

 « Hooo. »

Il ne fait rien, en fait.
Et pour cause.

Garfield Logan agit.
Garfield Logan agit à sa place – et via la Boîte-Adolescente. Qui met toute sa puissance à disposition du jeune homme... dont la rage et la colère libèrent les sentiments.
Et l'envie d'en découdre avec les Supprimeurs.

 « Hey. »

Scott Free baisse l'épée.

 « Garfield. »

Il s'approche.

 « Mon ami. »

Il s'approche du jeune homme ; de son ami, oui.
De son meilleur ami.

 « Calme... toi. »

Il s'arrête devant lui.

 « Calme-toi. »

Le Néo-Dieu est à côté de lui ; il pose une main sur l'épaule du jeune homme.
Alors que, en face, les Supprimeurs ne bougent pas.
Mais ils savent. Ils savent que l'équilibre du moment a changé.
Ils savent... qu'ils doivent partir.

 « La Boîte-Adolescente est pleine de puissance – mais elle n'a pas le recul de la Boîte-Mère. Elle... se donne trop. »

Il grimace.

 « La puissance... va te dévorer, Garfield, si tu ne t'arrêtes pas. »

Il souffle, et renforce sa main sur son épaule.

 « Ta... famille ne voudrait pas cela pour toi. Ils... »

 « … découvriront ce que tu as fait. Lors de notre prochaine séance d'interrogatoire. »

Un Supprimeur parle – et recule ; vers une porte.
Une porte qui n'était pas là.
Une porte que même Danny The Street est surpris de découvrir... dans un mur.


Une porte que les Supprimeurs viennent de faire apparaître, avec leur technologie étrange. Et dans laquelle ils se précipitent.

 « Non ! »

Mister Miracle court, aussi ; car il comprend.
Les Supprimeurs fuient.
Et il court derrière eux... pour les empêcher de disparaître, en emportant un peu de Danny et la seule piste pour retrouver la Doom Patrol !

Être séparé de ses pouvoirs, c'est comme être séparé d'une partie de son âme, d'une partie qui l'avait au fond toujours rassuré. Presque soutenu même. Sans ses pouvoirs, il n'aurait jamais pu survivre dans tous les combats qu'il avait livré, ni à ses années de solitudes, ni aux tentatives de meurtres de l'avocat véreux de ses parents et du sorcier africain... En fait, il serait mort dans la cascade avec ses parents. Depuis le décès de Mark et Mari Logan, son pouvoir de métamorphe l'avait aidé à survivre et lui avait permit de subsister... Au contraire des autres membres de la Doom Patrol qui subissaient plus qu'autre chose, il n'avait jamais eut l'envie d'être séparé d'eux.
Parce que ça faisait peur.

-Où sont-ils ? Où est la Doom Patrol ?

La Boite-Adolescente est déjà prête à déchaîner une nouvelle fois toute sa fureur et sa puissance alors que Mister Miracle s'approche pour interpeller le jeune héros. Pour lui parler et tenter de le ramener au calme en lui conseillant de ne pas laisser la Boite-Adolescente user autant de ses pouvoirs. La puissance le détruirait. Mais Garfield ne comprenait pas ce que ça voulait dire. Tout ce qu'il voulait, c'était trouver les membres de la Doom Patrol. Il voulait savoir s'ils allaient bien. Il voulait juste les retrouver.

-Non ! Danny !

Une ouverture s'était formée, laissant une porte de sortie aux assaillants. Spontanément, il avait rejeté la faute sur la pauvre Rue vivante, mais à bien y réfléchir elle n'était peut-être pas en cause. Ils avaient capturés une partie de son essence et pouvaient donc sans doute l'utiliser. Il fallait les rattraper avant qu'ils ne s'enfuient ! Garfield se précipita donc à la suite de son ami au-delà de la porte que les Supprimeurs avaient créée à l'aide de leur technologie.
Mais les Supprimeurs étaient déjà loin, trop loin pour que les petites jambes humaine du polymorphe puisse les rattraper. Et il ne pouvait plus se transformer en créature pour améliorer ses capacités. Sentant sa détresse, la Boite-Adolescente arracha toutes les enseignes, tous les panneaux, tout ce qui traînait dehors et pouvait être arraché sans faire de mal à Danny pour les balancer sur les Supprimeurs. Ces derniers durent donc faire face à une marée d'objets en tout genre fonçant droit sur eux.
Encore fallait-il que ça suffise pour les arrêter...

La Boîte-Adolescente se déchaîne ; hélas.
Car s'il est légitime et bien qu'elle utilise sa puissance pour tenter d'empêcher les Supprimeurs de s'enfuir... elle le fait sans penser aux conséquences. Sans penser aux autres.
Sans penser à Danny The Street ; qui souffre.

 « Non. »

Scott Free grimace, en voyant cela. En voyant les dégâts causés par la fusion mentale de son ami et de la machine – et la colère, au fond, qui habite Garfield Logan.
Il comprend cela. Il connaît cela.
Mais... il ne peut pas le tolérer.

 « Assez. »

Les murs de la boutique de barbier se crispent ; s'effondrent.
S'évaporent.
Parce que Danny souffre. Parce que Danny tombe. Parce que Danny ne va pas tenir.

 « Assez ! »

Les Supprimeurs sont touchés, blessés ; mais avancent.
Pour rentrer dans leur fameuse porte.
Mais... plus lentement que prévu ; trop lentement.
Suffisamment lentement pour permettre à... Mister Miracle d'activer ses Aéro-Disques, et filer vers la porte – avec Beast Boy.

 « Viens ! »

Tous deux volent, se précipitent ; et passent directement dans la porte blanche.
Dans... le vortex.

Où ils sont accueillis par un flash lumineux, aveuglant ; blanc.
Blanc désagréable.
Même si cela ne dure pas. Même s'ils parviennent finalement... ailleurs.


Un couloir ; un couloir sombre.
Dans lequel l'étonnant duo s'arrête, sans en savoir plus.

 « Mmh. »

Un léger souffle s'échappe des lèvres du Néo-Dieu, qui tient toujours son épée.

 « Tu... vas bien ? »

Il se tourne vers Garfield Logan, et esquisse un sourire gêné.

 « Nous... devrions parler. Vérifier ta Boîte-Adolescente. Cela ne peut p... »

Une porte s'ouvre, cependant ; une des portes sombres s'ouvre.
Et ils voient, alors.
Scott et Garfield voient où ils se trouvent – au cœur de l'antre des Supprimeurs.


Dans l'enfer de la bureaucratie.
A l'intérieur du Bureau de la Normalité !

La Boite-Adolescent agit, mais fait souffrir Danny en se déchaînant sans le vouloir, et surtout sans y penser. Garfield était plus ou moins conscient, mais finit par apercevoir les signes de souffrances que manifestait la pauvre Rue vivante qui payait bien cher l'aide qu'elle avait voulu apporter. D'abord les Supprimeurs lui volait une part d'elle-même, et maintenant une Boite extraterrestre utilisait toutes les parties de lui qu'elle pouvait pour combattre leurs ennemis. Heureusement qu'elle avait encore assez d'emprise sur sa puissance pour ne pas balancer des bouts de murs, de toits ou de routes.
Même si ça n'empêchait pas l'effondrement d'une boutique.

-Non, Danny !

Garfield savait ce que ça voulait dire, la Rue peinait à maintenir ses constructions en place et en état. Et les Supprimeurs fuyaient toujours, même si moins rapidement grâce aux assauts de la Boite-Adolescente, toujours folle furieuse. Scott a le temps d'enclencher ses aeros-diques et de les emmener Garfield et lui à la poursuite des Supprimeurs. Beast Boy s'accroche à Mister Miracle et gémit lorsque le flash blanc survient. Cette lumière était insupportable... Mais heureusement passagère, puisqu'ils finissent par arriver dans un couloir plus sombre. Plus inquiétant aussi.

-On est où... ?

Il ne le savait pas, et il sentait la Boite-Adolescente trembler contre lui, comme si elle était en train de se remettre de la véritable bouffée de rage qui s'était emparée d'elle depuis que les envoyés du Bureau de la Normalité s'étaient emparés du pouvoir du jeune garçon. La place béante que leur disparition avait laissé était encore là, même si le choc était passé à présent. L'esprit du polymorphe commençait à assimiler peu à peu ce qu'il s'était passé... Et bien entendu Scott veut parler des précédents événements. Du déchaînement de violence qui avait poussé Danny à être blessé. Alors que le pauvre ne souhaité qu'aider... Garfield en était désolé.

-Je crois qu'elle a réagit ainsi parce que je ne réagissais plus. Elle a... Prit les devants...

Garfield était resté tétanisé par la perte de son pouvoir et les Supprimeurs étaient venus, très rapidement. Échaudée par tout ce que son porteur avait dû subir précédemment, elle s'était aussitôt mise en action pour éviter que Beast Boy ne souffre encore plus... Même si ça c'était malheureusement fait au détriment de Danny. La Boite ne comprenait pas réellement. Elle avait pourtant fait au mieux pour ne pas blesser grièvement leur allié.

-J'aurais dû l'en empêcher.

Non.

Alors que Garfield allait répondre à la réplique de la Boite lorsqu'il aperçu les centaines de bureaux qui s'alignaient les uns à côté des autres, et il comprend également leur situation. Il tire le bras de Mister Miracle pour le faire reculer. Comme s'il craignait que quelqu'un ne le voit. Il est vrai que rien qu'à cause de son costume en rouge jaune et vert, le Neo-Dieu attirerait automatiquement la situation si jamais l'un des bureaucrates venaient à lever le nez de son travail.

-Si y a une bureaucratie en Enfer, tu crois qu'elle ressemblerait à celle-là ?

Il parlait à voix plus basse que précédemment, et tentait de mettre un peu d'humour dans sa voix... Mais le cœur n'y était pas. Ils étaient au sein du Bureau de la Normalité. Dans le cauchemars de tout ce qui était anormal, la Doom Patrol en tête de liste. Il renifla pour essayer de repérer une odeur... Mais se rappela soudainement qu'il n'était plus capable de détecter les odeurs des gens. On lui avait volé ses pouvoirs, et ils étaient dans des lieux les plus dangereux pour lui.
C'était mal partie.

Une grimace glisse sur le visage de Mister Miracle, alors qu'il recule quand Beast Boy le pousse à agir ainsi, par prudence.

 « Oui. »

Il hoche lentement la tête.

 « Je... pense que nous sommes proches de l'enfer pour certaines personnes. »

Sa voix est baisse, un mince filet de voix.

 « Les aventuriers, les explorateurs... ceux qui ont la bougeotte. Ça doit être vraiment infernal, ça. »

Un petit sourire passe sur ses lèvres.

 « Comme nous, donc. »

Scott Free s'accroupit, et pose ses deux mains sur les épaules du jeune homme.

 « Hey. Garfield ; calme-toi. »

Il hoche lentement la tête, et son sourire devient doux et tendre.

 « La Boîte-Adolescente a été dangereuse – mais elle n'a fait que suivre tes sentiments ; ta colère. Qui était légitime.
Qui demeure légitime.
Tu ne peux pas t'en vouloir d'éprouver des choses – ou d'être en colère. Tu peux t'en vouloir de ne pas t'arrêter quand il le fallait... et tu t'es arrêté, là. Tu t'es arrêté.
Tu as fait ce qu'il fallait. »

Il souffle légèrement, puis tourne la tête.

 « Mais... nous allons devoir bouger. Je doute que nous puissions rester ainsi longtemps. »

Le Néo-Dieu se redresse, et garde sa main sur son épaule.

 « Viens ; nous sommes dans le Bureau. La Doom Patrol aussi.
C'est ce que nous voulions. Nous sommes là où ils sont.
C'est une réussite, non ? »

Il lui adresse un clin d'oeil complice.

 « Allons-y ! »

Et il se lance, alors.
L'artiste de l'évasion attire Beast Boy à lui, et file dans le couloir sombre ; mais cela ne dure pas.

La lumière y arrive.
Car une porte noire s'ouvre, encore – et le duo y voit quelque chose ; le duo voit quelque chose.
A l'intérieur.

 « Ho. »

Scott Free s'arrête ; et grimace.
En découvrant l'intérieur, oui. En découvrant ce qu'il y a derrière la porte.


Une salle.
Une salle immense. Une salle terrible. Une salle mystérieuse. Une salle défiant la logique.
Une salle... d'emprisonnement.

Où deux corps sont figés dans les airs, dans l'espace ; des détenus dans des positions terribles.
Des détenus que les deux nouveaux venus connaissent, en fait.
Des détenus... qu'ils sont venus chercher, au fond. Des détenus qu'ils reconnaissent comme Elasti-Girl et Negative-Man – une partie de la famille de Garfield Logan.
Et emprisonnés dans les cieux, juste devant eux !

Ils étaient en Enfer donc, d'une certaine manière, et pour une certaine catégorie de personnes dont ils faisaient partie. Non pas parce qu'ils étaient deux anomalies ambulantes, plus tellement pour Garfield en ce moment, mais aussi parce qu'ils n'étaient pas du genre à se plaire dans des tâches administratives. Trop ennuyeux, barbant... Ils finiraient par mourir d'ennuie. Beast Boy eut un petit rire en se disant que Scott et lui fuiraient sans doute après 5 minutes passées ici. Mais pour l'instant, ils devaient surtout rester discrets pour ne pas se faire remarquer.

Scott tente de rassurer Garfield, comme souvent, comme toujours à chaque fois que le polymorphe panique, pense qu'il a fait quelque chose de mal. Et il se sent réellement fautif d'avoir laissé la Boite-Adolescente agir comme elle l'a fait, et ne pas avoir cherché à l'empêcher d'utiliser les composants de Danny pour se battre. Heureusement, le combat avait cessé suffisamment tôt pour que la Rue n'en ai pas trop de séquelles. Avec de la chance, il allait déjà mieux maintenant qu'ils étaient partis.
Et oui, ils s'étaient stoppés à temps. Avant que les dégâts ne soient trop graves.

-Oui... Tu as raison. Ils ne doivent plus être loin. Il faut qu'on les retrouve.

La Doom Patrol était forcément retenue prisonnière quelque part dans le Bureau, incapables de bouger ou de se sauver tous seuls. Garfield ne savait pas comment ils réagiraient s'ils les retrouvaient avant qu'il ne récupère ses pouvoirs. Il ne l'avait jamais vu sans sa couleur verte, puisqu'il n'existe aucune photo de Garfield enfant avant son accident.
Bah... Ils étaient sa famille et savaient ce que ça faisait d'être rejeté. Alors il n'y avait rien à craindre.

-On va les retrouver, et tout ira mieux.

En se déplaçant dans le QG du Bureau de la Normalité, le duo finit par arriver dans une pièce immense et inquiétante... Où flottaient deux corps. Deux corps biens reconnaissables puisque ce n'était autre que Rita et Larry ! Tous deux pendus comme des pantins, maintenus dans les airs par des fils invisibles. Une spectacle terrible à voir.

-Il faut les faire descendre.

Répondant à son désir, la Boite-Adolescente s'activa, scanna la pièce pour essayer de trouver les mécanismes qui maintenaient les deux membres de la Doom Patrol ainsi. Pendant ce temps, Garfield observait les deux corps inanimés. Ils avaient l'air d'être vivants, et ne portaient aucune marque de blessures. De blessures physiques en tout cas. Ils étaient juste... Inconscients pour l'instant.

Mister Miracle reste interdit devant un tel spectacle, pendant quelques instants.
Stupéfait, oui. Choqué. Bloqué.
Enervé, rapidement.

« Humf. »

Un lourd soupir s’échappe de ses lèvres, alors que ses poings se serrent ; alors que son cœur accélère, soudain.
Sous la colère. Sous l’émotion qui l’emporte, tandis qu’il découvre deux membres de la Doom Patrol flottant loin au-dessus du sol – deux proches, en fait.
Deux amis.
Deux personnes chères à son cœur… et surtout à celui de Garfield Logan, son cher ami.

Qui veut les faire descendre.
Bien sûr.

« Oui. »

L’artiste de l’évasion pose une main amicale, rassurante sur l’épaule du jeune homme.

« Nous allons le faire. »

Un sourire timide glisse sur son visage.

« Nous en avons trouvés deux ; nous allons les libérer. Et passer aux autres. »

Il hoche lentement la tête.

« Et tout va s’arrang… »

« Nope. »

Une voix froide et sèche vient soudain interrompre la réplique de Scott Free.

« Rien n’va s’arranger. Surtout pas si vous les détachez, là. »

Une forme émerge lentement des ténèbres, s’approche du duo. Entouré d’un nuage de fumée.
Un homme ; un homme, oui. A l’air étrange, sombre. Malsain, clairement.

« C’est un piège. Quand même, ça s’voit. Nan ? »

L’homme s’avance, et exhale brutalement beaucoup de fumée vers Garfield et son ami.

« Hrm. »

Un léger grognement s’échappe de sa gorge, alors que le Néo-Dieu repousse la fumée de la main.

« Je vais être clair.
Les derniers Supprimeurs que nous avons croisés, nous les avons attaqués et faits fuir. Je vous déconseille de suivre leur exemple. »

« Et j’vais être clair aussi – j’suis pas l’un d’entre eux. »

Un sourire mauvais passe sur le visage de l’inconnu.

« J’suis Willoughby Kipling. Enquêteur de l’étrange.
J’traîne là pour faire péter l’Bureau d’la Normalité.
Et… j’crois qu’ça peut vous plaire ça, nan ? »

Il glousse ; alors qu’un autre bruit attire l’attention générale, ailleurs.
Un râle.
Un râle de douleur – venant d’Elasti-Girl, au-dessus d’eux. Qui semble se réveiller… et surtout souffrir !

Le traitement infligé à Rita et Larry était horrible à voir. Les deux héros étaient pendus au-dessus du sol, telles deux marionnettes attendant que des mains viennent jouer avec les fils invisibles qui les retenaient. Pourtant l'instant ils étaient inanimés, et c'était peut-être le mieux, même si cette vision brisait le cœur. La Boite-Adolescente continue de s'activer pour identifier les mécanismes qui maintenaient les deux en hauteur et pouvoir les faire redescendre doucement, sans les blesser. Mister Miracle est prêt à agir aussi pour sauver les deux membres de la Doom Patrol avant de s'occuper des autres... Cliff, Tom et le Chef. Qu'est-ce qui leur avait été fait?
Garfield avait peur de l'imaginer.

-Tu crois que les autres sont ensemble ?

Mais la discussion s'arrête là lorsqu'un individu étrange, très inquiétant se présente devant eux. Un type que Garfield avait déjà croisé il y a quelques années... Il venait à peine d'arriver dans la Doom Patrol. L'homme l'avait tellement effrayé qu'il s'était transformé en petit singe avant de se réfugier sous l'éternel manteau d'aviateur de Larry pour ne plus voir ce type entouré de fumée qui puait l'alcool dans les 20 kilomètres à la ronde. Rita était parvenue à le faire sortir de sa cachette et l'avait envoyé dans sa chambre. Apparemment après, ils avaient effectués une mission, mais il n'avait jamais eut de détails. Quoiqu'il en soit, Beast Boy n'avait pas regretté de ne pas revoir ce type... Et il n'aurait pas regretté ne pas le revoir aussi aujourd'hui.

-On peut pas les laisser comme ça. Il faut qu'on les libère et qu'on sauve les autres.

Il ne voulait pas laisser Rita et Larry dans cette position, et le râle de souffrance d'Elasti-Girl le convainquit dans sa démarche. Les deux prisonniers devaient être libérés au plus vite, car la position dans laquelle ils se trouvaient les faisaient réellement souffrir. Le mage étrange et malsain s'approcha de Beast Boy qui recula un peu plus vers Mister Miracle.

-Tu m'rappelles quelqu'un toi. Une créature que la Doom Patrol a recueilli il y a quelques années. Sauf que l'enfant était plus vert que toi. J'ai vu un autre adolescent vert plus loin, je pensais que c'était lui.

Dans son dos, Garfield sent la Boite-Adolescente s'activer et réagir à la peur que ressentait l'adolescent. Elle était déjà prête à passer à l'action, mais Beast Boy lui demanda de rester calme pour l'instant. Ce type n'était pas rassurant, mais il était un allié de la Doom Patrol. Ils se toléraient s'ils ne s'acceptaient pas... C'était un petit gage de confiance qu'on pouvait lui accorder.
Mais vraiment, il n'aimait pas ce type.

-Et les laisser là-haut ça t'aiderait à ton plan ?

« Pas sur l’principe. »

Un sourire ironique et suffisant glisse sur le visage de Willhoughby Kipling, alors qu’il s’approche encore de Garfield Logan ; encore trop.
Trop près.

« Mais si vous faites l’bordel, ça va faire v’nir les Supprimeurs ; et c’est pas l’pied pour mon plan. Faut quand même pas d’voir s’échapper, alors qu’on n’a même pas encore comm… »

« Pardon. »

Une voix plus directe se fait entendre, que le ton froid et lénifiant du nouveau venu.
Une main puissante se pose, soudain, sur l’épaule du beau parleur.

« Mais… »

« S’évader ne sera jamais un problème pour nous.
Pas quand je suis là. »

Un sourire sûr glisse sur le visage de Scott Free ; qui n’est pas arrogant, là.
Il énonce uniquement un fait – une évidence.
Il est le meilleur pour ça. Il est le plus fort pour ça. Il est le plus grand.
Il est Mister Miracle.

« Hrm. Si vous l’dites, mais… »

« Cependant. »

Ses paupières se plissent, son regard se fait plus dur.

« Garfield et moi n’aurons aucune difficulté à nous échapper.
Mais.
Il n’est encore rien acté pour vous. »

Il hoche lentement la tête ; la remarque est claire.
La menace limpide.

« Il est inadmissible de les laisser là-haut ; que cela gêne votre plan ou non.
Je refuse de voir des prisonniers sans agir – encore plus des proches.
Encore plus s’ils souffrent. »

« Ouais… »

Kipling se détourne, et occupe son regard ailleurs.

« Dites-le-lui, alors. »

Son doigt frêle se dresse, et vise une direction, plus loin ; l’entrée opposée de la pièce.
Où il y a quelqu’un.
Où il y a… quelque chose. Qui lève une arme, vers eux.


Un robot.
Une créature mécanique, qui les vise – et tire. Et tire une puissante rafale d’énergie.

« Non ! »

Mister Miracle bondit, par instinct ; il est lourdement touché par le tir, et s’écroule.
Le robot enchaîne, alors.
Le robot se projette en avant, transforme son arme pour en refaire un bras – et fonce.

Vers Kipling.
Vers Garfield, aussi.


Ce même Garfield qui peut se rendre compte que, si le robot paraît récent et agressif, le design lui est familier ; l’allure est connue.
Il ressemble à Robotman.
Un Robotman moderne et violent – mais un Robotman quand même, et qui se projette pour lui nuire !

Si Garfield connaissait John Constantine, il pourrait penser que Wilhoubgy Kipling lui ressemblait... En pire. Mais le jeune garçon n'avait pas cette référence et ne pouvait que trouver cet homme désagréable et presque mauvais. Même s'il était un allié de la Doom Patrol et même s'il n'avait jamais vraiment rien fait pour leur nuire. Il ne l'aimait pas. Et le fait qu'il veuille laisser Rita et Larry là où ils sont n'arrangeait pas les choses. Le polymorphe ne pouvait pas admettre cette idée.

-Si vous étiez dans cette position vous seriez bien content qu'on vous libère.[/b

Même s'il ne lui plait pas et qu'il en a un peu peur, Garfield brave le regard du magicien sentant l'alcool et le tabac Qui met son plan devant le bien-être d'Elasti-Girl et Negative-Man. Il sourit face à l'assurance de Mister Miracle dont les capacités et la technologie géniale de New-God les avaient plusieurs tirés de mauvaises situations Avec son meilleur ami, il ne craignait rien, pas même alors qu'il était sans ses pouvoirs et toujours perturbé par cela. Si Scott était là, tout irait bien.
Mais si Mister Miracle n'est plus là ?
[b]
-Hein ?

Une ombre menaçante est visible un peu plus haut. Une ombre que le jeune homme reconnait bien entendu, même s'il n'ose pas y croire. Parce que c'était impossible. Pas lui, il ne pouvait pas s'être allié au Bureau de la Normalité ! Et pourtant, Clifford Steel tire dans leur direction à l'aide d'un canon. Garfield pousse un cri de surprise alors que Mister Miracle s'effondre. Touché par un tir. Beast Boy se précipite à ses côtés alors que sa Boite-Adolescente lui signale que la Boite-Mère est déjà entrée en action et s'occupe des blessures

-Cliff ! Arrête !

Mais Robotman ne s'arrête pas, bien au contraire. Le robot fonce à présent vers eux à une vitesse stupéfiante. Beast Boy a juste le temps de se rouler par terre pour l'éviter, mais son corps est moins agile qu'auparavant et il met donc davantage de temps à se relever. Temps que le robot met à profit pour recommencer à charger dans sa direction. Mais la Boite-Adolescente le repousse brutalement, tandis que Beast Boy comprend. Ce n'est pas Cliff, pas réellement. Ça ne peut pas être lui.

-Ils doivent le contrôler à distance !

La Boite-Adolescente approuva. Mais ça n'arrangeait pas les choses. Garfield lui demanda de modifier la gravité autour de Robotman pour le maintenir au sol, sans blesser la carcasse. Même s'il était contrôlé, ça restait l'un de ses tontons de la Doom Patrol. Le robot immobilisé, la Boite-Adolescente commença à l'analyser pour trouver les programmes qui permettaient à leurs ennemis de manipuler le robot à distance et de l'en libérer si c'était possible.

Mister Miracle est inconscient ; hélas.
Encore, aussi.

L’artiste de l’évasion semble avoir la désagréable habitude de s’enfoncer régulièrement dans l’immobilité, quand il mène des aventures avec Beast Boy.
Essentiellement parce qu’il se jette au-devant du danger, pour protéger son ami ; ce qui est noble.

Mais quand même.
Le Néo-Dieu abandonne ainsi le jeune homme face à Kipling… et surtout une version silencieuse mais terrible de Robotman !

« Hrm. »

Un grognement s’échappe de la gorge de l’enquêteur occulte, alors qu’il recule tandis que la créature androïde s’approche, et se pose devant eux.
Le robot est menaçant ; et silencieux, toujours.

« J’pense qu’tu te trompes, p’tit. »

Kipling se tourne vers Garfield, et esquisse un sourire en coin.

« J’crois qu’y a pas ton pote, là. »

L’autre Robotman lève ses bras, qui se transforment en canons.

« J’crois qu’c’est… juste une foutue machine. »

Il dit vrai.
Même si la Boîte-Adolescente fait comprendre qu’elle ne l’aime pas, et qu’elle n’apprécie guère ; mais Kipling a raison.
Elle ne détecte rien, dans le corps robotique.
Aucun cœur. Aucun esprit. Aucune âme.
Rien.

C’est une machine.
Une machine contrôlée à distance. Une machine animée par une autre volonté.
Une arme.
Qui libère son énergie sur eux… violemment.

« Hey ! »

Kipling bondit, pour éviter le tir.
Tandis que les deux bras-canons libèrent des puissantes énergies – vers Kipling, donc, dont une partie du manteau est brûlée ; et vers Garfield.
Sa Boîte-Adolescente essaye de l’aider pour accélérer ses réflexes, mais ce sera difficile. D’autant qu’elle lui propose de tenter de parasiter le signal de l’autre Robotman, pour le stopper. Mais ça impliquera qu’elle ne fasse que cela… et qu’elle laisse donc le jeune Héros seul et sans pouvoir face à une telle menace !

Encore une fois, encore une fois Mister Miracle est tombé. Oh, il allait bien finir par se relever comme à chaque fois, grâce à se Boite-Mère. Mais ça commençait à devenir répétitif et ce n'était pas forcément de bonne augure... Surtout maintenant que Garfield ne disposait plus de ses pouvoirs de polymorphe. Il était un jeune adolescent perdu face à un mage pas sympathique. Et une version moderne et agressive de Robotman. Ou pas, selon Kipling et la Boite-Adolescente. Ce serait uniquement un robot, une machine ressemblant étrangement à Robotman mais pas lui... Garfield en doutait vraiment, parce qu'il ressemblait réellement à Cliff. Mais Cliff avait une âme, malgré que la seule composante organique de son corps soit le cerveau de ce dernier. Hors s'il y avait pas d'âmes...
C'est que le Bureau de la Normalité s'était servi de Clifford pour créer une machine dangereuse et puissante... Ce qui était dans leur manière de faire...

-Olalah... Mais qu'est-ce qu'ils ont fait de Cliff ?

Garfield était inquiet, parce que la situation était terrible. Ils avaient retrouvé Rita et Larry, mais il ne savait pas comment les libérer et maintenant un clone de Robotman s'en prenait au groupe. A cause d'une volonté extérieure qui le manipulait. Beast Boy n'aimait vraiment pas ça et il recule lorsque la machine infernale s'en prend une nouvelle fois à eux. Si ce n'était pas Clifford Steele, et même pas un être capable de ressentir, alors ils n'avaient plus vraiment de raison de se retenir. Si ?

-D'accord... On essaie.

Garfield n'est vraiment pas sûr de ce qu'il faisait, mais il donna l'autorisation à la Boite-Adolescente pour qu'elle fasse ce qu'elle voulait faire. Parasiter le signal pour mettre le robot hors-circuit, bien que ça risque d'alerter ceux qui le manipule à distance. Et que ça demande au jeune garçon de rester sans défense face à un robot déchaîné. La Boite entra aussitôt en actions, abandonnant donc temporairement son porteur. Ce dernier fonçait d'ailleurs vers le polymorphe qui s'adressa au mage qui se trouvait toujours avec lui.

-Vous pouvez essayer de faire quelque chose ?

Avec une roulade, le jeune homme parvint à esquiver une nouvelle fois le corps robotique mais plusieurs tirs commencèrent à fondre sur lui, à la suite. L'adolescent parvint à en esquiver quelques uns du mieux qu'il pu, mais le dernier fini par l'atteindre à la jambe. L'enfant s'effondre sur le sol, tandis que du liquide rouge s'écoulait de sa blessure.

-Argh...

Le robot s'apprêtait à tirer une nouvelle fois lorsqu'un amas brun visqueux tomba purement et simplement du plafond, s'interposant entre les deux humains et la machine. Un moment Garfield cligna les yeux sans comprendre, avant de regarder vers le haut... Rita n'était plus là. Seul Negative-Man était encore suspendu à des fils invisibles.

Willougby Kippling grimace, alors que Garfield Logan s’adresse à lui – et attend quelque chose de lui, surtout.

« Heu. »

Il fronce les sourcils, en reculant alors que l’autre Robotman tire.
Il recule, encore et encore.
Même s’il demeure protégé dans un coin de cette étrange salle, toujours aussi mystérieuse.

« J’veux… j’veux bien faire beaucoup, p’tit gars. Mais j’me sens pas d’taille face à une foutue machine d’guerre. »

Le Britannique n’est pas lâche, cependant ; ni aveugle.
Il voit le jeune Héros subir un tir direct, qui le touche et le blesse. Il voit le sang. Il voit la douleur, sur le visage juvénile.
Et il agit.

« HEY ! »

Kippling agit, en sortant de sa cachette. En sortant, pour lever les bras et hurler.

« HEY ! FACE DE MICRO-ONDE ! »

L’autre Robotman arrête de tirer, son attention occupée par un tel rebondissement.
Cela ne dure qu’un instant.
Un instant d’hésitation. Un instant de flottement. Un instant, oui.

Juste un instant.

Mais un instant durant lequel une masse difforme et horrible s’écroule du plafond… et commence à bouger, en fait.
La masse s’écrase entre l’autre Robotman et Garfield – et bouge.
Et se projette, en fait.
Vers l’autre Robotman. Avec fougue, force et même férocité.


L’autre Robotman récupère un pan du sol métallique pour se défendre – mais l’amas terrible continue d’avancer ; de forcer.
Et pour cause.

C’est Rita Farr, Elasti-Girl.
Même si Beast Boy risque d’avoir du mal à l’accepter, il s’agit bien de sa mère adoptive. Dont les pouvoirs sont perturbés, et la transforment ainsi.
Elle ne se contrôle. Mais.
Mais elle demeure sa mère. Mais elle l’aime. Mais elle veut se battre pour lui.
Mais elle peut tuer, pour lui.

L’autre Robotman est perturbé – et bientôt brisé, en fait.
La masse difforme finit par écraser sa défense, et briser sa résistance ; elle s’écroule sur lui, et l’écrase.
L’anéantit, en fait.

Ho, la force seule de Rita n’a pas suffi – la Boîte-Adolescente a fait céder la résistance robotique. Mais l’effet est réussi.
L’autre Robotman est détruit.
Même si, hélas, le danger n’est pas écarté.

Car une porte s’ouvre, plus loin ; une autre porte.
Une silhouette apparaît.
Une silhouette féminine, qui approche et se crispe.
Et libère son énergie – son essence. Sa menace. Sa force.
Son esprit.
Son esprit… négatif !

Garfield ne comprenait pas ce qui effrayait Kipling dans ce robot agressif. Il avait des pouvoirs magiques, il pouvait bien faire quelque chose pour empêcher ce truc de métal de s'en prendre à eux non ? Les mages n'avaient pas de grands pouvoirs ? Il était sûr que Khalid ou Zatanna auraient très bien pu régler le problème, eux. Mais il n'avait pas eut le temps de faire part de ses remarques, puisque le robot l'avait prit pour cible. Et il était aussi parvenu à le toucher, le bloquant au sol. Et c'est ce qui provoqua la réaction du magicien qui prit aussitôt le relais et s'adresse au robot-Robotman... Le temps pour une chose horrible et informe de s'effondrer du plafond entre la boite de conserve et sa cible.

-C'est... C'est...

Garfield n'en croit pas ses yeux... Il a bien vu que Rita n'était plus accrochée au plafond, mais ne parvient pas à faire le lien entre la chose visqueuse et brune et l'ancienne star des années 50. Comment Rita pouvait-elle être devenue ainsi ? Et pourtant... L'énorme masse s'attaqua directement au robot qui venait de l'attaquer, comme pour le protéger. Un geste d'affection et de protection maternelle que seule une mère pouvait effectuer... Et qui confirma plus que toute autre explication le lien entre Rita et la masse boueuse qui s'en prenait à présent au robot. La créature métallique lutte de toutes ses forces, mais fini par s'effondrer sous les coups de la chose. Garfield s'en approcha doucement.

-Ma' ?

Se reconnaissant, Rita se retourna et s'avança en se traînant maladroitement vers le sol. La Boite-Adolescente qui avait fini son travail et s'occupait à présent de soigner Garfield l'informa qu'il s'agissait bien d'Elasti-Girl dont la structure moléculaire avait été perturbée à cause de ce qu'elle avait subit. La transformant en ce qu'ils voyaient à présent. Mais c'était bien elle, et elle pourrait un jour reprendre sa véritable forme.

-Ma' ? Est-ce que ça va ?

Mais alors que Garfield s'était approché de ce qu'était devenu Elasti-Girl, une porte s'ouvrit, laissant passer une version féminine de Negative-Man, aussi agressive que la version moderne de Robotman. L'énergie négative de cette nouvelle arrivée fonça vers Rita et la propulsa sur le sol, la maintenant contre terre. Une voix se fit alors entendre.

-Paix.


-Papy ! Euh... Chef !

-Garfield Logan. Heureux de voir que tu vas bien, même si tu ne sembles toujours pas décidé à écouter les conseils que l'on te donne. Que t'avions-nous dit à propos du Bureau ?

-Mais... Ils avaient capturés tout le monde. Je ne pouvais pas les laisser là. T'as vu ce qu'ils ont fait à Rita et Larry ?!

L'homme en fauteuil roulant eut un soupir las, presque épuisé. Lui aussi avait peut-être été capturé par le Bureau de la Normalité, bien que son anormalité à lui ne soit pas si anormale que ça.

-Oui. J'ai vu. J'ai aussi vu ce qu'ils ont fait à Clifford Steele et Tom Mackie. Mais nous pouvons les aider. Avant cela, tu dois récupérer tes pouvoirs. Si tu veux les protéger, tu dois redevenir le garçon capable de se transformer en animal. Tu dois bien avoir des apparences capable de t'aider à vaincre le Bureau dans ton répertoire.

Les paroles de Niles Caulder étaient pleines de sagesse et de vérité... En tout cas aux yeux du jeune garçon. Même si le Chef avait un côté dirigiste et sévère, Garfield l'appréciait comme un membre de sa famille. Il lui faisait confiance, comme il faisait confiance en chacun des membres de la Doom Patrol.

-Mais Ma'? Et Larry ? Et...

-Chaque chose en son temps. Tu ne pourras pas les aider tel que tu es ainsi. Ne t'en fais pas. Negative-Woman ne fera aucun mal à nos alliés.

Niles fit signe à Garfield de le suivre dans la pièce, alors que Negative-Woman en bougeait pas. Son énergie négative était rentrée en elle, libérant ainsi Elasti-Girl. Le jeune garçon hésitait toujours... Il faisait confiance au Chef, mais craignait de laisser ses proches seuls.

Un silence terrible s’installe, alors que le jeune Héros a découvert l’étonnant Niles Caulder – et commence à le suivre, vers l’étrange pièce qu’il désigne.
Mais une voix se fait entendre, soudain.

« Tes pouvoirs ont disparu face aux Supprimeurs, Garfield. »

Une voix forte. Une voix puissante.

« Alors qu’ils sont si complexes que les plus grands esprits de ce monde ne savent les décoder. Les Supprimeurs ont su les couper. »

Un ton direct. Un ton intense.

« Niles Caulder te propose une solution pour les retrouver, alors que la Boîte-Adolescente n’y parvient pas.
La Boîte-Adolescente. Pinacle de la technologie des Néo-Dieux. »

Une forme s’élève, derrière Garfield.

« Un autre Robotman a attaqué. Un autre esprit négatif a attaqué.
Et bloque Elasti-Girl, ta mère. »

Une silhouette se redresse.

« Et Niles Caulder, en chaise roulante, erre et s’aventure au cœur du Bureau de la Normalité, sans être empêché par les Supprimeurs, si nombreux. »

Un homme se positionne.

« Et commande à ce second esprit négatif. »

Il lève une main, et quelque chose apparaît, alors ; quelque chose qui avait disparu, et revient.

« Etonnant. Non ? »

Une épée ; une épée apparaît dans sa main. Dans la main du Néo-Dieu.
Mister Miracle récupère sa lame, et son costume. Juste en face de Niles Caulder.

« J’exige des explications. J’exige des réponses.
J’exige de comprendre.
Et j’exige que Garfield Logan reste près de moi – tant que toute la vérité n’est pas faite ici ! »

La position est claire ; la menace aussi.
Scott Free refuse de fuir cette situation terrible. Et Niles Caulder n’échappera pas à ses questions.
Et encore moins à son courroux, si les réponses lui déplaisent !

Garfield s'apprête à suivre Niles oui, un de ses mentors, un des membres de sa famille. Même si ce qu'il lui propose est risqué, abandonner Scott, Rita, Larry et Kipling pendant quelques minutes était réellement dangereux. Il y avait le risque que le Bureau finisse par les repérer et par s'occuper d'eux. Ainsi, il fallait faire vite. Alors, Beast Boy suit d'instinct le Chef, en espérant que cela ne prenne pas longtemps, afin qu'ils puissent revenir au plus vite auprès des autres. Il ne se questionne pas non... Mais d'autres le font à sa place. A commencer par Mister Miracle qui était parvenu à se relever, enfin. Et Scott remet en doute les intentions du Chef, qui prétend être capable de réparer le tort fait à Garfield. De lui rendre ses pouvoirs. Ce que le polymorphe souhaitait plus que tout.
Il se sentait trop perdu, faible et inutile sans.

-Hrm... Loin de moi l'envie de nier les capacités extraordinaires des Neos-Dieux et de leurs Boites, après tout vos pairs et vous en ont déjà donné moult exemples. Surtout vous, Mister Miracle, à chaque fois que vous êtes venus en aide à la Doom Patrol. Mais j'ai pu observer et étudier le jeune Logan pendant des années et j'ai vu ses pouvoirs progresser. Je ne prétend pas savoir tout ce dont il est capable, il est un cas unique en son genre. Mais je pense en avoir une idée suffisamment claire pour

Niles Caulder était impressionné, même s'il ne le montrait pas, par la prestance de Mister Miracle et le danger qu'il fait planer sur sa personne. Même Garfield ne bougeait plus, surtout à cause des accusations plus ou moins voilées de son ami. Qui mettait en lumière certaines incohérences et zones d'ombres. Comment le Chef pouvait être là, libre comme l'air, alors que tous les autres étaient prisonniers ? Son infirmité physique n'expliquait pas tout.

-Pourquoi est-ce que tu peux aller où tu veux dans le Bureau ? Et pourquoi il existe des versions maléfiques de Larry et Cliff ?

Le Chef soupira, visiblement gêné par cette question à laquelle il n'aurait pas aimé répondre. En fait, l'intervention de Mister Miracle elle-même l'ennuyait. Il avait un objectif précis qu'ils ne pouvaient pas révéler, car il savait qu'aucun membre de la Doom Patrol n'accepterait. Et qu'il risquait de perdre leur confiance. Il en avait besoin, il avait besoin qu'ils continuent à lui être attaché.

-Je suis... Parvenu à établir une certaine relation de confiance entre le Bureau et moi. Suffisamment pour qu'ils me laissent aller où je le désire. Ce qui me permet de mettre en place une manière de libérer l'équipe.

-Et le robot ? Et la femme négative ?

-Ils font partis de ce que j'ai dû laisser faire... Pour gagner la confiance de ces monstres.

C'était dit... Les versions agressives de Robotman et Negative-Man existaient au moins en partie à cause de Niles Caulder. Derrière Beast Boy et Mister Miracle, la chose qui était à présent Rita commença à remuer. S'éveillant peu à peu et entendant la discussion autour d'elle. Ce qu'il se disait, et surtout ce que disait

-Je n'oeuvre que pour le bien de la Doom Patrol, je désire qu'ils progressent. Qu'ils deviennent plus forts afin de ne plus se retrouver dans une pareille situation. La Doom Patrol devrait être en mesure de se défendre face à ce genre de menaces. Face à toutes les menaces. Ils ne peuvent plus rester aussi faibles qu'ils ne le sont.

-La Doom Patrol n'est pas faible !

-Elle n'est pas non plus suffisamment puissante pour empêcher qu'un jeune de 16 ans doivent venir les secourir... Et perdre ses merveilleuses capacités dans la foulée. Le fait qu'ils aient été pris par surprise n'excuse rien.