L'Himalaya n'est pas juste un nom. En népalais, cela désigne littéralement la demeure des neiges ; et pour cause. Cet ensemble de chaînes de montagnes s'étire sur plus de 2.400 kilomètres de long, et large de 250 à 400 kilomètres. L'Himalaya sépare le sous-continent indien et le plateau tibétain. L'Himalaya abrite 10 des 14 sommets qui dépassent plus de 8.000 mètres d'altitude, dont le Mont Everest ; toujours le plus grand, le plus terrible.
L'Himalaya est source de mythes, de légendes. De secrets. Plus ou moins anciens. Plus ou moins enfouis. Plus ou moins dangereux.
Beaucoup de temples ont été forgés, bâtis au cœur de l'Himalaya ; beaucoup sont accessibles des touristes, des grimpeurs ou des personnes pieuses. Mais pas tous.
Certains temples sont interdits. Certains temples restent secrets. Certains temples sont dangereux.
Comme celui-ci. Comme ce temple ; construit il y a des décennies, des siècles même. Par quelques hommes acharnés et dévoués. A une philosophie. A un dogme. A une mystique particulière. A la Ligue des Ombres.
Mais l'Histoire est joueuse, même avec des organisations aussi puissantes et terribles que la Ligue. Les victoires sont formidables ; les défaites terribles. Les abandons lourds.
Ce temple est abandonné, en effet. Plus personne n'y vit. Plus personne n'y réside. Plus personne ne s'y entraîne. Plus personne n'y rôde. Ou presque.
Quelques bruits se font entendre, en effet. Quelques bruits hantent ce temple abandonné, oublié. Quelques bruits l'animent. Quelque chose s'y passe.
Dans les profondeurs. Dans les souterrains. Dans les arcanes de ce temple, où bien des vies ont été brisées ; où l'enfer s'est ouvert, bien trop souvent.
Un rite est lancé. Un rite ancien. Un rite oublié. Un rite dangereux. Un rite païen.
Un homme s'en occupe ; un homme attend que cela se passe. Un homme patiente pour que l'invocation fonctionne. Pour que la divinité oubliée qu'il appelle ainsi... lui réponde.
Il attend. Dans l'ombre.
Calme. Silencieux. Figé. Crispé, au fond. Mais immobile. Son esprit en feu ; son corps encore troublant, troublé. Il ne sait pas ce qu'il se passe. Il ne sait plus ce qu'il est. Il doit savoir. Il se lance, alors. Il lance son sortilège ; il lance son invocation, pour faire venir une divinité dangereuse... mais qui connaît les vérités. Il l'appelle, alors.
Il menace l'équilibre du monde pour obtenir la connaissance. Rien de neuf, donc. Même si tout semble nouveau, pour lui. Autant cette invocation... que le principe même de vivre, pour celui qui découvre une existence nouvelle – et dans laquelle ni Bruce Wayne, ni Batman ne semblent avoir leurs places !
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Re: Alive [Zatanna] Dim 16 Fév 2020 - 20:55
AliveBruce & Zatanna Pourquoi la mort te fait peur ? J'entends les sauts de ton cœur à travers les océans. Tu sais que toi et moi, elle ne nous aura pas. On ira sous l'océan, au creux d'un saule pleureur. On s'est rencontrés bien avant, les nuits d'été, les secrets troublants. Avant ça je te connaissais nos âmes se parlaient à deux mille ans dans une langue que personne ne comprend.
Avant, elle le forçait à jouer avec elle à cache-cache. Avant.
Sa joue heurta durement le sol. Le corps contusionné, fatigué, ankylosé, elle figea sa main sur la dalle froide et elle appuyait. Longtemps, parce qu'elle voulait le réveiller. Le réveiller, ce foutu corps usé et ces foutus pouvoirs qui n'étaient pas censés pouvoir le quitter. Elle appuyait pour sentir le sang circuler, lui rappeler qu'elle n'avait pas le droit d'abandonner tant qu'il continuait de lui répondre. Tant qu'elle continuait d'en sentir l'afflux dans ses veines. Tant qu'elle n'était pas réduite à rien, à rien qu'une enveloppe toute vide vouée à servir de bouffe pour asticots. Le froid la maintenait éveillée, et elle parvint à se relever. Elle ne marchait qu'à la douleur, depuis des jours déjà. Des mois peut-être. Cette douleur qui voulait pas la lâcher, la sensation d'avoir été diminuée, privée d'une partie de son âme.
On lui avait dit, Bruce Wayne est mort. Elle n'avait pas voulu le croire.
Elle pensait fermement, sûrement naïvement, que son âme était liée à la sienne. Que le jour où il s'éteindrait, elle le saurait. Et elle refusait de le croire. Elle refusait de l'accepter. Tant qu'elle n'aurait pas son cadavre sous les yeux, elle refusait de l'accepter. Alors elle a réveillé de vieilles forces, elle a réchauffé une magie peut-être épuisée elle aussi, trop souvent utilisée. Elle a décidé de tirer sur la corde une fois de plus, parce qu'il fallait retrouver Bruce Wayne.
Evuorter Ecurb Enyaw.
Elle l'a dit une bonne vingtaine de fois, a atterri dans des endroits tous plus incongrus les uns que les autres, dans des dimensions dont elle ignorait l’existence, en a retourné chaque recoin, chaque meuble, chaque minuscule caillou. Elle l'a appelé partout, elle a ignoré la douleur qui résonnait dans tout son être, et ça n'a rien donné. Rien.
Il n'était nulle part.
- Bruce ?
Elle s'était relevée, une fois de plus. Le bruit de ses aiguilles se répercutait sur les parois de ce qui semblait être une grotte alors que ses jambes se faisaient flageolantes. Elle les força à avancer, à tenir encore un peu malgré la fatigue. Sa voix aussi était fragile, elle la maudissait. Elle maudissait ce corps faible et incapable de retrouver son ami.
- Bruce ? Où es-tu ?
Parce qu'il était forcément là. S'il n'était pas là, si elle s'était trompée une fois de plus, si sa magie ne le trouvait pas, alors peut-être que jamais elle ne le trouverait. Peut-être qu'il n'y avait rien à trouver.
Non. Elle le refusait. Elle refusait qu'il soit mort sans elle. Elle refusait d'avoir raté ça aussi. Elle niait tout en bloc.
- Bruce...
Et il était là.
- Bruce !
Et la douleur, la fatigue, tout ça s'évanouissait. Il était là, ça ne pouvait être que lui. Elle l'avait trouvé, elle avait réussi, elle le savait. Elle courrait dans cet endroit étrange, qu'elle ne connaissait pas, qui dégageait quelque chose de mystique, la faisait frissonner. Elle n'avait pas le temps d'essayer de comprendre, pas le temps d'analyser quoi que ce soit, de trouver des réponses. Elle s'en moquait, des réponses. Elle manqua de trébucher dans les escaliers, dans la précipitation, et puis finalement elle parvint jusqu'à lui.
Elle avait réussi.
Comme ce jour d'été, au beau milieu d'un énième jeu d'enfants, elle lui avait pris la main. - Je t'ai trouvé. Qu'elle lui avait dit. Je t'ai trouvé, je ne te lâcherai plus. Tu seras mon ami. Le seul que j'ai jamais eu, dans cette jolie tour dans laquelle j'ai grandi. Seule. Tu seras mon ami, tu seras mon frère. Je ne te lâcherai plus.
Et c'est ce qu'elle fit pourtant, après s'être cramponnée à lui quelques minutes, quelques secondes, ou peut-être une heure. Elle avait perdu la notion du temps depuis un moment. Lui aussi il avait changé. Il dégageait la même chose que cet endroit. Il semblait vide, il semblait froid. Ça ne la dérangeait pas. Elle aussi avait changé, elle savait qu'il pourrait émerger. Elle savait qu'il en avait la force, peu importe le temps que ça prendrait.
Il était vivant.
- Espèce d'imbécile. Foutu Bruce Wayne.
Elle le lâcha, et recula de quelques pas, les yeux un peu mouillés. Elle le contempla un instant, à moitié furieuse, à moitié heureuse.
- On peut savoir qu'est-ce que tu fiches ici ?! Tout le monde pleure là haut. Tout le monde croit que t'es mort. Idiot.
Et puis finalement, elle le prit à nouveau dans ses bras, en serrant fort. Elle ne retrouvait pas son odeur, ce n'était pas grave.
- J'ai cru que t'étais mort.
Et il l'était peut-être, peut-être un peu au fond. Elle ne se faisait pas de souci pourtant.
Elle l'a retrouvé, oui. Mais... qui a-t-elle retrouvé, en fait ?
La question est terrible, mais logique ; légitime. Naturelle, vu ce qu'il se passe. Vu l'attitude de l'homme sur lequel Zatanna Zatara a bondi, lâché, puis repris dans ses bras crispés par la nervosité et la tendresse.
Rien. Rien, en fait ; il ne fait rien.
Il ne bouge pas. Il ne réagit pas. Il ne change même pas de respiration. Il... ne fait rien. Il reste de marbre ; figé, bloqué. Comme une statue. Comme... un robot.
« Zatanna. »
Il parle, cependant. D'une voix froide. D'un ton sec. En détachant chaque syllabe.
« Zatanna. Zatara. »
En énonçant les sons sans une once d'émotion.
« Fille de Sindella et Giovanni Zatara. Cousine de Zachary Zatara. »
Il ne bouge pas, toujours ; il reste bloqué, complètement.
« Prestidigitatrice professionnelle, en public. Magicienne véritable et Héroïne, en privé. »
Il fait un pas en arrière.
« Tu valorises tes origines italiennes ; tu les utilises pour justifier tes emportements, tes colères. Tu espères que cela te permet de racheter le pardon de tes proches, quand ta fierté t'empêche de le leur demander. »
Un regard froid et terrible se pose dans les beaux yeux de la jeune femme.
« Tu... connais Bruce Wayne depuis longtemps ; tu l'aimes. Comme un frère. Tu l'as cherché dans le monde entier. Tu as refusé de croire à sa mort. Tu crois avoir trouvé de quoi avoir raison, ici. »
Il prend une grande inspiration.
« Mais... tu as tort. »
Ses poings se serrent, par instinct. Par réflexe.
« Bruce Wayne est mort. »
Un crépitement étrange se fait entendre ; comme des bûches qui s'effondrent, dans une cheminée. Il détourne le regard. Le pose sur le rite magique, enclenché il y a peu ; et encore en cours.
« Bruce Wayne est mort. »
Il se répète. Il fait un pas de côté ; et se révèle dans la lumière, en fait. N'est plus une ombre. Se laisse voir. Tel qu'il est ; tel qu'il existe, depuis... ce qui est arrivé. Ce qui lui est arrivé. Ailleurs. Dans cette antre sombre et terrible, de laquelle il a pu s'enfuir ; même s'il a l'impression de s'y trouver, encore.
« J'ai... ses souvenirs. Tout. »
Il souffle, lourdement.
« Je sais qu'il est Batman. Je sais qu'il est père et mentor de Richard Grayson, Barbara Gordon, Jason Todd, Timothy Drake, Cassandra Cain, Stephanie Brown, Luke Fox ; et quelques autres. Je sais qu'il est père de Damian Wayne. Je sais qu'il a aimé bien des femmes, mais que Selina Kyle a toujours été unique en son cœur. Je sais les sentiments qu'il noue pour... toi. »
Ses paupières se plissent, légèrement.
« Je sais qu'il t'aime ; comme un frère. Je sais qu'il t'admire. Je sais qu'il t'estime. Je sais qu'il ne te comprend pas toujours – mais qu'il t'accepte, comme tu es. Je sais qu'il ne se considère pas aussi bon, aussi courageux, aussi fort que toi. Je sais qu'il veut te protéger, mais qu'il sait que tu ne le laisseras pas faire ; je sais qu'il aime ça, chez toi. Je sais qu'il t'aime, Zatanna Zatara. Je sais tout de Bruce Wayne. »
Il détourne le regard, encore.
« Mais... »
Il soupire, et ferme les yeux.
« … je ne ressens rien de tout cela. »
Il hausse les épaules.
« Je sais. Je sais que ce corps est celui de Bruce Wayne. Je sais que ces pensées sont celles de Bruce Wayne. Je sais que... je suis Bruce Wayne. J'ai... tout pour l'être. Mais. Mais je ne ressens rien de lui ; je ne ressens rien de ce qu'il est, de ce qu'il voulait. Je vis. Mais... »
Il rouvre des yeux froids.
« Bruce Wayne est mort. Je vis. Mais... je ne suis pas Bruce Wayne. »
Il fige son regard sur Zatanna.
« J'ignore qui je suis ; ce que je suis. Et ceci... »
Il désigne de l'index le rite.
« … doit me renseigner. Quel qu'en soit le prix. »
Qui est lourd, dangereux ; Zatanna le sait. Bruce aussi, et c'est pour cela qu'il ne l'aurait jamais fait. Cet... homme aussi le sait. Mais il s'en fiche.
« Tu n'aurais pas dû venir. Et tu devrais partir. »
Il se détourne d'elle, alors ; il la quitte. Il s'avance vers le rite. Sans un regard en arrière. Sans une hésitation. Sans un remords, et encore moins un regret. Il s'avance vers le rite, et ne la regarde pas ; même si elle peut voir ses yeux, au passage.
Ces yeux froids. Ces yeux sombres. Ces yeux... sans âme, remarque-t-elle ; sans âme. Zatanna Zatara peut sentir que cela va au-delà de l'expression ; sans âme, oui. Comme si... le corps de Bruce Wayne ne possédait pas l'âme de son ami !
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Re: Alive [Zatanna] Dim 1 Mar 2020 - 3:30
AliveBruce & Zatanna Pourquoi la mort te fait peur ? J'entends les sauts de ton cœur à travers les océans. Tu sais que toi et moi, elle ne nous aura pas. On ira sous l'océan, au creux d'un saule pleureur. On s'est rencontrés bien avant, les nuits d'été, les secrets troublants. Avant ça je te connaissais nos âmes se parlaient à deux mille ans dans une langue que personne ne comprend.
Elle n'y comprenait plus rien, cette pauvre Zatanna.
Elle le laissa débiter des âneries pendant trop longtemps, le regard embué et la mâchoire crispée. Il lui raconta posséder les souvenirs de Bruce Wayne mais s'en trouver étranger. Des conneries. Il disait la connaitre, savoir comment elle se comportait et comment elle comptait aux yeux de Bruce. Comment ils comptaient tous aux yeux de Bruce. Des conneries. Il lui disait que son ami était mort. Que son ami, était mort. Qu'il ne restait plus que cette coquille vide sans âme à ramasser. Qu'elle avait cherché pour rien. Des conneries, putain. Elle lui attrapa le bras fermement avant qu'il ne déserte pour effectuer son rite païen de ses deux couilles qu'elle n'avait pas. Elle le maintint là, ici, avec elle. Elle refusait de le lâcher et de permettre qu'il arrive quoi que ce soit à cet homme, peu importe qui il se disait être. Elle ne manquait pas de force pour quelqu'un qui agonisait quelques minutes plus tôt.
- Si tu bouges, je te réduis en cendres. C'est compris ? Si tu fous ne serait-ce qu'un pas dans ce putain de cercle, je te crame. Et crois-moi, mes origines italiennes n'y seront pour rien.
La mâchoire toujours crispée, elle attendit de retrouver un semblant de calme avant de reprendre la parole. Les rouages de son cerveau tournaient si rapidement qu'elle en perdait le fil.
- J'ignore ce qu'il t'es arrivé, ce qu'ils t'ont fait et même si je crois en avoir une idée... sache que rien, rien ne peut anéantir l'homme que tu es. Je ne sais pas non plus quelle vérité tu penses trouver en sautant à pieds joints dans un art que tu ne maîtrises pas, mais ce n'est pas la bonne.
Elle serra son bras, s'en empara et le força à prend le sien de son autre main. De nouveau, sa poigne se referma, tressauta un peu, ivre de colère.
- Ça. Ça, c'est réel. Ça c'est la vérité. Ce sont tes proches qui pleurent là-haut. Ce sont tes amis qui souffrent. C'est un bout de Selina qui meurt. Tu ne ressens rien, hein ? Alors va les voir. Va les voir et dis leur que Bruce Wayne est mort et qu'il ne reste que toi.
Elle le lâcha sans pour autant s'éloigner, prête à utiliser ce qui lui reste de force pour l'envoyer valser d'un mur à l'autre de cette putain de grotte s'il le fallait.
- J'ai traversé le monde pour te retrouver. J'ai écumé les endroits les plus sombres de l'univers pour te ramener à la maison. Et tu oses me dire que je n'aurais pas dû venir ? Alors laisse moi te confier quelque chose que tu ignores : je n'échouerai pas. Pas cette fois.
Elle fit un pas en arrière, puis deux. Son visage était constellé d'émotions contradictoires, sa bouche se tordit en un rictus acide. Elle avait l'impression d'avoir mordu dans un citron. Son regard se faisait davantage plus paniqué, plus effrayé, déterminé. Elle ne renoncerait pas, jamais. Ce serait simplement plus compliqué que prévu. :copyright: 2981 12289 0
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Re: Alive [Zatanna] Lun 2 Mar 2020 - 10:06
Il ne bouge pas. Il ne réagit pas là. Il reste là. Figé.
Comme une statue. Comme une entité, bloquée entre deux mouvements. Comme une chose. Qui ne bouge que quand on la touche – que quand Zatanna Zatara s’empare de son bras, et serre ; serre fort.
Pour l’empêcher de partir. Pour le forcer à rester là. Pour le forcer à revenir. Pour le ramener. A elle. Pour le ramener à elle – et pour le sentir. Enfin.
La Magicienne le lâche, cependant ; elle finit par le lâcher. Elle finit par reculer. Elle finit par le lâcher, par relâcher la pression. Par se relâcher. Par laisser la pression monter ; par laisser la panique glisser dans son cœur, et s’emparer lentement des commandes.
Tout peut exploser, là. Tout peut exploser… s’il continue à s’enfoncer dans cette optique, dans cette méthode. Dans ce rejet, dans ce refus. Dans cette étrangeté. Dans cette anormalité. Dans cette inhumanité.
Sa bouche s’ouvre, finalement. Son crâne s’anime. Ses lèvres s’activent. Il parle.
« Mais. »
D’une voix froide. D’un ton terrible.
« Tu as déjà… »
Nulle étincelle ne brille dans ses yeux. Nulle expression n’apparaît sur son visage.
« … échoué. »
Le phénomène se poursuit ; il n’y a rien, dans ses yeux, miroirs de l’âme. Rien. Pas de sentiment. Pas d’émotion. Rien. Qu’un énoncé froid et sec, comme un coup de trique.
« Bruce Wayne est mort. »
La réplique est terrible. Elle résonne dans cette cave sombre et oubliée, entre l’humidité et les toiles d’araignée. Les mots y résonnent. Comme dans les cœurs des deux qui se font face, là.
« Je comprends ton trouble. Je comprends ton émotion. Je comprends ton deuil. Tu as perdu ton ami d’enfance. Tu as perdu ton proche. Tu as perdu Bruce Wayne. »
Il continue. D’une voix lente, froide ; sans aucune humanité.
« Mais tu dis vrai. Tu ignores ce qui est arrivé ; je l’ignore aussi, même si les souvenirs de Bruce Wayne me donnent des pistes. Des évidences. Des évidences qui peuvent toucher ceux qui l’ont connu ; ceux qui l’aiment. Je le sais. C’est pour cela que je ne souhaite pas les voir. Pour ne pas les perturber. Pour ne pas leur donner un espoir qui peut être faux. J’ignore tout, Zatanna Zatara. J’ignore tout de ce que je suis. Tu l’as dit. Tu as traversé le monde pour le retrouver – mais tu m’as trouvé, moi. »
Il souffle, lourdement.
« Je ne sais pas qui je suis, Zatanna Zatara. »
Il détourne les yeux, lentement.
« Ce que je suis. »
Son regard glisse doucement vers le rituel ; vers la flamme mystique, qui s’allume. Qui s’intensifie. Au point de devenir aveuglant, presque.
« Tu… »
Il inspire, lourdement ; douloureusement.
« Tu peux m’aider. Si tu le souhaites. »
Il la regarde, du coin de l’œil.
« Les souvenirs de Bruce Wayne me confirment ton expertise et ton talent en la matière. Tu l’as régulièrement accompagné dans des enquêtes. Ton intervention est légitime. »
C’est froid. Son discours est froid. Son attitude est froide. Son essence est froide. Froid, oui. Comme un cadavre, animé par une volonté extérieure ; étrangère. Inhumaine.
« Je dois savoir ce que je suis. »
Il s’avance, alors. Il s’avance vers le rituel. Il s’avance vers le feu magique. Il s’avance. Vers la vérité. Qu’il espère définitive ; qu’il espère totale. Qu’il espère réelle. Enfin.
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Re: Alive [Zatanna] Dim 22 Mar 2020 - 19:07
AliveBruce & Zatanna Pourquoi la mort te fait peur ? J'entends les sauts de ton cœur à travers les océans. Tu sais que toi et moi, elle ne nous aura pas. On ira sous l'océan, au creux d'un saule pleureur. On s'est rencontrés bien avant, les nuits d'été, les secrets troublants. Avant ça je te connaissais nos âmes se parlaient à deux mille ans dans une langue que personne ne comprend.
Échouer.
Échouer, ça l'avait toujours terrifié. Échouer c'était avouer qu'elle n'était pas capable, que l'impossible existait, que ses capacités aussi extraordinaires soient-elles ne suffisaient pas toujours. Que certaines choses restaient hors de sa portée, qu'elle ne contrôlait pas tout comme elle l'aurait aimé.
Elle ne voulait pas échouer.
Ses parents n'échouaient pas, jamais. Ni l'un ni l'autre. Ses ancêtres n'échouaient pas, jamais. Ils étaient des penseurs, des génies, des magiciens de légende. Ils n'échouaient pas. Leur mort n'a rien effacé de leur triomphe, elle l'a immortalisé. Gravé dans le marbre, inscrit sur le mur des héros que personne n'oublie, dont rien ne vient entaché le mythe. Et elle, descendante de ces brillantes figures du passé, héritière de tout ce qu'ils ont pu laissé, au sang chargé d'énergie magique... elle, elle ne pouvait pas sauver son meilleur ami ? Elle, elle devait accepter, une fois de plus, qu'elle avait échoué ? Qu'elle était incapable de protéger ceux qu'elle aimait, que son ami avait été tué sans même qu'elle ne puisse lui dire un dernier mot ? Elle devait accepter ça ?
- Non.
Des larmes brûlantes perlent sur ses joues, chargées de déception, de dégoût de soi, d'impuissance. Elles s'écrasent sur la pierre froide.
- Tu ne comprends rien.
D'un geste, elle le fait léviter, le prend à la gorge. L'air se plie à sa volonté, l'un des seul à continuer de remplir ses obligations au pouvoir Zatara censé inonder ses veines de sa puissance. Elle le contraint à la soumission, l'étouffe de son harassante tyrannie.
- J'en ai assez de me battre. J'en ai assez de perdre ceux que j'aime. Tu me dois de revenir, Bruce. Tu me le dois, parce que moi j'ai toujours été là.
Toujours, jusqu'à ce qu'elle décide de se venger en solitaire, jusqu'à ce qu'elle soit retenue captive, jusqu'à ce qu'elle manque tant de la vie de son ami, jusqu'à ce qu'il meurt sans elle. C'était égoïste, cette croisade. Elle savait que le goût ferreux d'abandon la crèverait si elle ne pouvait pas être témoin de son dernier souffle. Elle se savait incapable de vivre comme ça.
- Je suis...
Fatiguée. Épuisée. Terrassée. Vaincue. Désolée. Les larmes coulaient toujours quand elle comprit ce qu'elle était en train de faire. Son emprise se relâcha, elle reposa l'homme à terre, au milieu du cercle au feu soufflé. Une plainte s'échappa des tréfonds de son être. Quelque chose d'étranglé, un bruit d'échoué.
- Pardon.
Elle le regarde un moment, en réalisant ce qu'elle a failli faire. Elle le regarde un moment, pour ancrer cette image dans son esprit au cas où tout ça tournerait mal. Et puis elle réalise qu'il n'y a plus rien à ancrer. Plus rien qu'une enveloppe qu'elle connait déjà par cœur, dont l'âme s'est échappée.
Ni quand la Magicienne, à qui il offre un terrible camouflet en refusant sa demande et en décidant de rejoindre le cercle enflammé et l’étrange rituel, parle. Ni quand elle refuse verbalement son souhait. Ni quand elle refuse physiquement qu’il poursuive, en contrôlant l’air et en l’amenant à elle.
Il ne bouge pas. Jamais. A aucun moment.
D’abord, parce qu’il ne le peut pas ; ne le peut plus. Parce qu’elle le bloque. Parce que Zatanna Zatara utilise ses formidables capacités magiques pour maîtriser l’Air, et l’amener à elle ; le ramener à elle, sèchement.
Il ne bouge pas, alors. Il ne bouge plus. Il reste figé. Tant son corps que son cœur.
Cela ne dure pas. Elle finit par le relâcher. Au cœur du cercle. A l’intérieur de ces flammes éteintes, qu’elle rallume. Parce qu’elle a perdu.
Parce que Zatanna Zatara a échoué. Parce qu’elle sent le goût âpre et désagréable de la défaite. Parce qu’elle subit le poids de la déception, de cette charge terrible qu’elle s’impose. Comme héritière des Zatara. Comme amie de Bruce Wayne. Comme Héroïne. Même si elle refuse ce terme. Bien qu’elle aspire, secrètement, à en être digne ; à ses yeux. Enfin.
Elle cède, cependant. La Magicienne cède. La Magicienne le laisse. La Magicienne rallume les flammes. La Magicienne attend. La suite du rituel. L’engagement des sortilèges dangereux. Le risque ; le danger. La Mort. Les Morts. Les leurs.
Zatanna Zatara cède. Elle s’écroule. Elle a perdu. Elle a échoué. Elle ne cesse de se le rappeler ; de s’en vouloir. De se maudire. Elle. A. Echoué.
Mais.
Mais rien ne vient, en fait.
Mais rien ne s’enclenche. Mais les flammes sont allumées, et rien ne vient. Rien ne se passe. Ni sortilège. Ni danger. Ni risque. Rien. Et pour cause.
Il ne bouge pas. Il ne bouge toujours pas.
Il la fixe.
« … »
Il ouvre la bouche, mais rien ne sort. Nul son. Nul souffle. Rien. Mais… il se passe quelque chose. Mais il lui arrive quelque chose.
Dans son esprit.
Dans son cerveau, fracturé par les événements, hanté par les chocs. Par la lutte. Par la douleur. Il s’y passe quelque chose. Quelque chose y apparaît, en fait. Quelque chose bondit devant ses pensées. Quelque chose d’immense. Quelque chose d’intense. Quelque chose de puissant.
Un souvenir.
Un flash ; du passé. Une évocation ancienne. Un moment rappelé par cet instant qu’il vit. Qu’ils vivent. Le passé, oui. Le passé commun. Avec elle. Zatanna Zatara. Ils étaient jeunes. Ils étaient adolescents. Ils étaient fougueux. Ils étaient pleins de jeunesse et de rage. Il s’était laissé aller. Il s’était donné le droit de profiter, une après-midi ; de faire une bêtise. Il avait subtilisé quelque chose. Un bijou. Un collier. Un collier un peu nul, un peu naze disait-il ; un collier de faible valeur marchande. Il l’avait subtilisé. Pour voir s’il pouvait ; pour voir s’il y arrivait. Elle a vu la disparition. Elle n’a pas compris. Elle a explosé en larmes. Il a vu. Il s’en est voulu. Il a rendu. Elle a explosé. Elle a mobilisé une puissance terrible, venue de ses tripes ; du fond de son âme. Elle l’a pris, comme maintenant. Elle a mobilisé l’Air, elle l’a retenu ; elle a hurlé. Sa douleur. Sa déception. Sa rage. Sa peur. Sa colère. Sa souffrance. Elle s’est expliquée, ensuite. Le collier appartenait à sa mère ; elle y tenait. Il a compris. Il s’est excusé. Il a juré, alors, de ne plus jamais faire cela. Pas à elle. Il s’est juré de ne plus rien lui prendre – parce que la vie, déjà, lui avait trop pris. Comme à lui. Il s’est juré de ne plus la faire souffrir. Il s’est juré…
« Z… »
… de ne plus jamais la faire pleurer.
« Z… Zee… ? »
Il parle. D’une voix faible. D’une voix perdue. D’une voix empruntée. Il parle. A genoux. Il se retrouve à genoux, sans savoir comment. En face d’elle. Il parle. Et fixe un regard dévasté sur elle. Les mains levées, comme s’il ne savait pas quoi en faire ; comme s’il ne savait pas à qui elles sont.
Mais il sait, au fond. Enfin. Il commence à savoir. Il commence à se souvenir.
Sans les flammes. Sans le sortilège. Sans les risques. Sans le danger. Sans le rituel. Il commence. A se souvenir. Qui il est. Grâce à elle. Avec elle.
Zatanna Zatara. Sa meilleure amie. Celle qu’il a juré de ne plus faire pleurer. Enfin. Celle que Bruce Wayne a juré de ne pas faire pleurer. Et… il sait que c’est son serment ; que c’est son engagement. Parce qu’il ne supporte pas de la voir, ainsi. Parce qu’il n’accepte pas d’en être responsable.
Zatana Zatara. Sa meilleure amie, oui. La meilleure amie de Bruce Wayne. Et celle qui, sans flamme ni sortilège, commence à ramener un peu de lumière dans cette cave oubliée… et dans le cœur tourmenté de l’homme perdu devant elle. Qu’elle ramène lentement à lui, par ces larmes au goût inacceptable.
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Re: Alive [Zatanna] Sam 28 Mar 2020 - 20:18
AliveBruce & Zatanna Pourquoi la mort te fait peur ? J'entends les sauts de ton cœur à travers les océans. Tu sais que toi et moi, elle ne nous aura pas. On ira sous l'océan, au creux d'un saule pleureur. On s'est rencontrés bien avant, les nuits d'été, les secrets troublants. Avant ça je te connaissais nos âmes se parlaient à deux mille ans dans une langue que personne ne comprend.
Tout était perdu. Elle avait fait le deuil de l'espoir qu'elle continuait d'entretenir jusque là. Elle s'était résignée, vraiment. Elle ignorait quel était le but de ce rituel, mais elle avait compris que son meilleur ami ne se trouvait plus dans ce corps. Qu'importe, alors ? Il pouvait bien faire ce qu'il voulait, cet inconnu. Elle avait échoué, Bruce Wayne était mort. Ce n'était pas sa faute à lui, à cet inconnu. Il n'y pouvait rien, c'était comme ça. On lui avait pris et elle devrait faire comme les autres : accepter. Accepter et se relever, encore et encore. Se relever alors qu'il ne lui restait presque rien, se relever alors qu'elle n'en avait pas la moindre envie. C'était fini, elle l'avait accepté.
Et c'est pour ça qu'elle s'apprêtait à tourner les talons. À le laisser seul. Elle aurait dit ne pas l'avoir trouvé, elle se serait excusé d'avoir cherché. Elle devait laisser cet homme déterminer qui il était, le combattrait si c'était nécessaire, l'aiderait s'il le voulait. Mais pour le moment, elle n'avait pas à être ici. Elle n'avait pas à s'insinuer dans sa vie alors qu'il ne la connaissait pas. Qu'ils ne se connaissaient pas. Alors elle ramassa sa fierté brisée par terre, les quelques morceaux de son cœur qu'il restait encore et elle partit.
Jusqu'à ce que...
- Bruce ?
Elle se tourne, elle observe. Il était toujours là, il n'avait pas bougé. Il était toujours dans le cercle où elle l'avait abandonné. Mais son regard avait changé. Elle l'aurait juré, il avait changé. Ce n'était peut-être qu'une seconde, peut-être qu'un bref moment qu'on lui accordait sans trop qu'elle sache pourquoi. Une dernière chance de s'expliquer ? De dire adieu ? Peut-être, mais c'était surtout la preuve qu'il était toujours là. Quelque part. Au fond. Elle retrouvait dans ce regard un peu de l'adolescent qui aimait bien lui parler des étoiles. Alors elle se rapproche, Zee. Elle fait un pas, et puis deux, et puis elle entre dans le cercle, lui prend les mains.
- Oui. Oui, c'est toi.
Malgré la froideur alarmante, malgré tout ce qu'elle a pu entendre, ça doit être lui. Elle a eu tort de perdre espoir, elle aurait dû le savoir.
- Viens, rentrons à la maison. S'il te plait. Sortons d'ici.
Elle le pousse un peu hors du cercle, fait un pas vers l'extérieur, force un peu. Elle n'a jamais été très patiente Zee, c'est un de ses nombreux défauts. Elle s'en voulait de le presser, mais voilà, elle voulait s'emparer de ce moment de lucidité. S'en emparer, et l'utiliser pour le faire revenir. Maintenant qu'elle avait la preuve qu'il était bien là, enfoui, elle voulait lui faire quitter cette grotte.
Il sort. Il sort du cercle. Il sort du rituel, qui s'évapore de lui-même. Il la suit. Il la laisse faire. Et il la suit.
Sans rien dire. Sans un mot. Le regard fixé sur elle. Les sens entièrement tournés vers elle. Elle, oui. Zatanna. Zatara.
Amie d'enfance de Bruce Wayne. Camarade d'adolescence. Héroïne. Compagne de soirées difficiles. Confidente. Amie, oui. Meilleure amie de Bruce Wayne. Indubitablement.
Sa... meilleure amie. En fait.
« Hrm. »
Il grogne. Comme avant. Non plus étrangement, bizarrement ; mais comme avant. Comme Bruce le faisait. Comme Bruce... le fait.
« Je... »
Il est sorti. Il est sorti du rituel. Il est sorti du cercle. Il la regarde. Il plonge ses yeux dans les siens ; il cherche, encore. Il se cherche. Mais. Il avance.
« Oui. »
Il acquiesce, lentement.
« Oui. »
Il se répète, doucement.
« Je... crois. »
Il tremble.
« Je... ne sais plus. »
Il s'empare des mains de Zatanna, qui serrent ses doigts. Il fait de même.
« Je... ne sais pas. La vérité. Et... et si j'ai... une âme. »
Il frissonne; elle sait pourquoi. Elle a reconnu l'uniforme. Elle a reconnu l'allure. Elle a senti les résidus d'énergie autour de lui. Un Puits de Lazare. Il est revenu via un Puits de Lazare ; de Ra's al Ghul. Dont on ne sort jamais indemne. Dont beaucoup émergent... sans âme.
« Je ne... sais plus. Tout. »
Il tremble, encore.
« Mais. Je sais. »
Son visage s'anime, enfin. Ses lèvres tremblent.
« Toi. »
Sa bouche forme quelque chose.
« Tu. »
Ses mains montent, pour se poser sur les épaules de la Magicienne.
« Tu.. m'as... »
Il souffle, lourdement.
« … ramené. »
Il sourit, alors. Un sourire timide. Un sourire gêné. Un sourire maladroit. Un... vrai sourire. De Bruce Wayne. Reconnaissant. Soulagé. Toujours troublé. Toujours hanté. Mais... qui se souvient. Qui a des souvenirs. Et qui sait. Que ce sont ses souvenirs. Que ce sont ses pensées. Que c'est l'esprit de Bruce Wayne. Et, donc, le sien.
« Mer... ci. Et... »
Il prend une grande inspiration, et grimace. Gêné, encore. Mais déterminé. Hélas.
« … pardon. »
Sa main monte sur la nuque de Zatanna, et appuie sur une zone nerveuse spéciale ; la Magicienne ne peut rien faire. Elle s'enfonce dans l'inconscience.
Pour se réveiller. Bien plus tard. Devant la grotte. Seule. Abandonnée. Délaissée. Sans aucune trace de Bruce. Ou presque.
Un bouquet de fleurs est posé devant elle. Quelques mots sont inscrits sur un papier. Merci. Même s'il n'avait rien demandé. Mais merci. Magicienne incontrôlable. A bientôt. La prochaine tournée est pour lui.
Quelques mots, donc. Quelques simples. Quelques mots sincères. Quelques mots gênés. Quelques mots d'amitié. Quelques mots d'amour. De Bruce envers Zatanna ; d'ami à ami. D'une âme perdue... qui l'est moins, grâce à elle. Qui ne l'est plus.
Même si le chemin est encore long. Même s'il y a de l'ouvrage sur sa route. Qu'il connaît, maintenant. Grâce à elle. Enfin.
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Re: Alive [Zatanna]
Alive [Zatanna]
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