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Where's my love? | Ft. John

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Where's my love? | Ft. John Dim 29 Mar 2020 - 4:28


Where's my love?
John & Zatanna
I got a fear, oh in my blood. She was carried up into the clouds, high above. If you're there I bleed the same. If you're scared I'm on my way. Did you run away? Did you run away? I don't need to know. If you ran away, if you ran away, come back home. Just come home

Toscane, Italie, 11h13.

Il fallait trouver la faille.

Elle atterrit là, elle ne sait pas où exactement. Ses jambes manquent de ployer, mais elle tient bon. Lorsque ses yeux s'ouvrent, ils lui brûlent atrocement. Elle veut hurler, mais sa voix est trop faible. Elle ne parvient qu'à geindre si bas qu'elle ne s'entend même pas. Elle a l'impression que sa tête va exploser, mais sent l'air sur sa peau. De l'air chaud. De l'air.

Il y a toujours une faille. Dans chaque sortilège, chaque illusion a son défaut. Elle n'aurait jamais dû l'oublier.

Elle finit par ouvrir les yeux mais sa vision est brouillée. Elle distingue quelques contours, ce qui ressemble à une route, une route déserte. Le soleil lui frappe la nuque alors qu'elle titube sur quelque mètres, qu'elle prend appui sur ce qui lui tombe sous la main. Un arbre. Elle ressent sa force, son écorce sous ses doigts.

Et ça ? Illusion ou réalité ? Combien de temps est-elle restée là-bas ? Que Faust lui a-t-il pris ? A-t-elle au moins réussi à lui échapper ? Qu'a-t-il fait ?

Ça semble réel, mais là-bas aussi c'était le cas. La mort paraissait réelle. L'asphyxie aussi. 176 fois, elle a compté. Ce n'est peut-être qu'une torture de plus, qu'un stratagème sadique de plus pour la faire souffrir. Elle rouvre les yeux, elle reconnait l'endroit. C'est une route, qui mène à une plage. Elle y allait avec son père, elle la reconnait.

Non. Non, non, non. Ce n'est pas réel, ce n'est pas réel. C'est Faust. Elle n'a pas réussi, elle va y retourner. Il va la renvoyer. Il ne faut pas qu'elle espère, il ne faut pas qu'elle y croit.

Ses jambes cèdent brutalement et sa voix se libère. Elle hurle de douleur et mord la poussière, littéralement. Le soleil tape toujours durement, le soleil de la Toscane. Elle se souvient de ses vacances en Toscane. Quand son père et elle partaient faire des châteaux de sable. C'était agréable d'oublier la magie quelques instants, et de profiter du bruit des vagues. Elles chantent pour toi, qu'il disait. Elles veulent t'impressionner.

Elle voulait le rejoindre.

Elle se disait que ce n'était pas si terrible, finalement. Elle voulait s'éteindre ici et ne plus revenir. C'était trop douloureux, de connaitre la mort encore et encore. Elle en avait assez. Elle voulait s'en aller. Faire comme les vagues, s'échouer sur la grève. Ça, c'était jusqu'à ce qu'elle sente une présence près d'elle. Sa présence. Elle le savait, elle le reconnaîtrait entre mille.

Ce n'était pas une illusion. Personne ne pouvait mimer John Constantine.

- John.

Ça se voulait fier, ça se voulait grand, ça se voulait Zatanna Zatara et ce n'était rien de plus qu'un foutu sanglot. Un énième appel à l'aide, un geignement d'animal blessé.

- Pas besoin d'aide...

Qu'elle dit, à moitié morte. Elle le dit, s'en rend compte. Sa voix est revenue. Elle en pleurerait presque si elle n'était pas aussi fatiguée. Si sa tête n'était pas aussi lourde. Si le goût du sang n'inondait pas ses sens.

- Va-t'en.


Elle ne veut pas qu'il la voit comme ça, elle aurait tant aimé que personne ne la voit comme ça. Surtout pas lui, non. Elle lutte encore quelques instants, elle se concentre sur la lumière et sur la peur d'y retourner. Cette peur qui lui tord l'estomac. Encore un moment, une minute, une petite seconde.

Et puis c'est terminé.
Plus rien que le noir.
Le vide.
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John Constantine
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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
Shadowpact
Re: Where's my love? | Ft. John Mar 31 Mar 2020 - 15:16




Le soleil brillait haut dans le ciel, profitant seul d’une étendue bleu saphir sans fin. Il tombait en rayons lumineux sur la Toscane, rehaussant les couleurs vives des buissons feuillus bordant la route, les silhouettes des arbres, dessinant avec précisions les fines ombres qu’ils projetaient sur le sol, avant de se perdre dans le turquoise scintillant de la mer. L’air, quoique chaud, apportait occasionnellement des effluves marines, murmurant à qui voulait bien l’entendre qu’il fallait quitter le pays broussailleux et les routes poussiéreuse pour le sable doré et les vagues fraîches de la plage italienne. Constantine réajusta ses lunettes de soleil. Il avait abandonné son trench-coat et sa cravate au profit d’une chemise aux manches remontées et ouverte. A l’instant, il n’aurait pas été tout à fait contre piquer une tête dans l’eau froide – quitte à ne jamais en ressortir.

Cela faisait du sens qu’elle reprenne pied ici. Dans un lieu reculé mais lumineux. Dans un lieu lié à son enfance, où il ne se sentait pas à l’aise le moins du monde.
Peut-être qu’il pourrait lui faire croire qu’il avait simplement deviné où elle apparaîtrait.

Il n’y eut pas de bruits avant-coureurs. A quelques pas devant lui, l’air se mit à gonfler, bulle de réalité boursoufflée à l’ombre d’un long cyprès tendu vers le ciel, puis se déchira avec un crissement désagréable. Une silhouette se découpa soudain dans l’ombre de l’arbre, hagarde : elle semblait perdue, hésitante – brisée, à des niveaux beaucoup plus profonds que ceux de la blessure physique. Constantine fit un pas lorsqu’elle chancela, par réflexe, mais s’immobilisa net au son de sa voix. Son visage se ferma, et il baissa le bras. Quelque part, très loin, un peu sous son poumon gauche, quelque chose se serra douloureusement. « Va-t'en. » Les minuscules cailloux de la route crissèrent sous la semelle de ses chaussures lorsqu’il s’avança à nouveau. Derrière lui, l’air se mit à onduler et une curieuse odeur d’encens se mêla aux parfums du midi italien.

- Promis, je m’en irai bientôt, murmura-t-il avec une pointe de tristesse dans la voix.

Il l’a rattrapa juste avant qu’elle ne s’écroule complètement. Avec une délicatesse rare, il observa son visage inconscient. A travers les verres teintés en bleu de ses lunettes, John Constantine l’observa un court instant, sans rien dire. Et, le temps d’un battement de coeur, un éclat d’honnête culpabilité brilla dans ses prunelles, dérobé à la vue de tous. Il se leva, portant la magicienne dans ses bras. Au-dessus du sol, l’air se déforma, dansa au son d’un musique que personne n’aurait pu entendre. Prit la consistance du bois, du métal et du verre. Se couvrit d’un toit de tuile et d’une tour dardant un télescope vers le ciel sans nuage de l’Italie. Le Britannique quitta la poussière de la route pour grimper d’un pas vif sur le perron de vieux bois de la Maison des Mystères. Il en poussa la porte d’un coup d’épaule, Zatanna serrée contre lui.

***


Lorsqu’elle se réveilla, le soleil, drapé de pourpre, s’enfonçait lentement dans la mer, dardant sa lumière mourante sur son visage à travers de hautes fenêtres. ZatanNa était allongée dans un lit deux places confortables, bordé d’étagères chargées de livres. La pièce s’étendait sur la gauche, vers une cuisine et un pseudo salon. La décoration de l’appartement avait quelque chose de passé – peut-être dans les moulures de bois au plafond ou autour des fenêtres, ou à cause des vieilles ampoules jaunes qui éclairaient la pièce d’une lueur vaguement orangée.
La Maison des Mystères était une vieille bâtisse évoquant un manoir arraché à l’époque victorienne, mais les appartements de Constantine évoquait bien plus facilement le film noir que la famille Adams.

Le magicien était assis à une fenêtre ouverte, profitant des derniers rayons de soleil une cigarette perchée au coin de ses lèvres. Il mit quelques secondes à remarquer le mouvement dans la périphérie de son champ de vision. Ses lunettes étaient posées sur un bureau, un peu plus loin. Il lui jeta un regard et un léger sourire pointa le bout de son nez au coin de ses lèvres.

- Hey.

Ses yeux bleus étaient perçants, inquisiteurs. Il ne la fixa pas longtemps – juste assez pour se faire une idée rapide de son état. Il écrasa son mégot sur le rebord de fenêtre. D’ici à ce qu’il en referme le battant, la trace de brûlure aurait disparu. Il descendit au sol, mais après un instant de réflexion laissa la fenêtre ouverte. Une fine brise chaude souffla doucement dans la pièce.
Le magicien ne dit rien, mais se glissa vers la cuisine. L’instant d’après, les flammes de la gazinière ronflèrent légèrement et le bruit léger d’une poêle que l’on pose sur des plaques de cuisson annonça triomphalement l’arrivée d’un déjeuner. Constantine n’avait jamais été un excellent cuisinier, mais il avait quelques recettes potables dans sa manche. Il tira des œufs d’un placard, qui frémirent au contact de la surface chaude. Lentement, une odeur de nourriture se mit à flotter dans l’air.
Le magicien voulait laisser un peu de temps et d’intimité à Zatanna : si son appartement tenait en une seule pièce toute en longueur et haute de plafond, son lit était poussé dans un renfoncement du mur – donnant une forme de L inversé à la pièce. Il ne pouvait pas la voir, et elle ne pouvait pas le voir non plus.

Une fois n’était pas coutume, le magicien était particulièrement silencieux. Oh il n’avait pas effacé son sourire malicieux ou la lueur à demi-moqueuse qui brillait dans ses yeux, mais quelque chose – dans sa gestuelle, dans son ton, même dans ses regards – le rendait plus calme, plus prévenant peut-être. Ce n’était peut-être qu’une impression, et ce ne serait probablement pas suffisant, mais le Britannique semblait vouloir ménager la magicienne. Il ne fallait pas être devin pour remarquer qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme.

Il revint quelques minutes plus tard avec un plateau de bois. Une omelette dont s’élevait une odeur discrète d’oignon et de champignon y trônait sur une assiette, flanquée d’un moulin à poivre, d’une salière et d’un petit bout de pain. Contre toutes attentes, entre deux tasses de thé fumantes et un verre d’eau, une part de tarte aux fruits rouges avait été déposée sur une assiette à dessert de bien meilleure qualité que la vaisselle de Constantine. Il posa le plateau juste à côté d’elle, prit sa tasse, et se laissa tomber dans un vieux fauteuil usé devant le lit.

- Il me restait une part de tarte au frigo, apparemment. ajouta-t-il d’un ton léger, comme si elle se réveillait tranquillement après une bonne nuit de sommeil.

Ils savaient tous les deux que ça n’était pas le cas, mais de toute évidence Constantine ne voulait pas la brusquer à quoi que ce soit. A vrai dire, il brillait par son attention – malgré son air insouciant et tranquille.
Ce qui, soyons honnête, était franchement suspicieux.
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Re: Where's my love? | Ft. John Dim 5 Avr 2020 - 19:18


Where's my love?
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Il lui semblait qu'elle avait dormi au moins dix mille ans.

Elle mit du temps à ouvrir les yeux. Ses paupières étaient infiniment lourdes, et elle avait peur. Peur de découvrir que tout ça n'était qu'une machination de plus, peur de retrouver l'enfer qu'elle avait quitté. Zatanna savait parfaitement où elle se trouvait, elle connaissait l'odeur qu'elle respirait, elle connaissait la rugosité des draps sous ses doigts, cette foutue maison incontrôlable. Alors elle ne chercha pas, pas longtemps. Il n'y avait aucun moyen de savoir si ce qu'elle vivait était réel, mais elle était d'avis que Faust n'était pas capable de mimer une réalité qu'il ne connaissait pas avec une telle fidélité. Non, elle s'était échappée. Elle devait y croire, elle devait le savoir.

Mais comment ?

Les yeux toujours fermés, Zee fronça les sourcils en essayant de se remémorer les détails de sa fuite, de raccorder ses souvenirs, de leur trouver un sens. Elle n'y parvenait pas. Sa mémoire était morcelée, fragmentée, brisée. Elle savait comment il avait enfermé son esprit, mais elle ignorait comment il avait retenu son enveloppe corporelle, comment il l'avait utilisé. Faust était un voleur en plus d'un enfoiré. Un voleur d'âme. Rien que le fait qu'il ait pu envisager de lui prendre la sienne la terrifiait, la fit violemment frémir. Pour oublier, elle fit rapidement le bilan sur son état physique et en conclut qu'elle n'était pas trop cassée. Elle avait maigri, son corps était ankylosé, blessé à certains endroits, brûlé quelques fois. Ces blessures n'étaient pas graves, pas importantes, superficielles. Elles n'étaient que les restes de son stupide combat avec le sorcier, les derniers vestiges de sa stupidité. Elle réveilla peu à peu ses extrémités avant de commencer à bouger plus librement, parvint même à se redresser un peu, la nuque chargée et le cœur battant. Elle ouvrit des yeux paniqués sur un environnement qu'elle connaissait, parce qu'elle s'attendait à devoir se battre. Elle s'attendait à devoir fuir, encore, parce que ça ne pouvait pas être fini. Ça durait depuis trop longtemps pour que ce soit enfin terminé.

- Constantine.


Sa voix ne ressemblait à rien, elle n'osait même pas imaginer quelle tête elle devait avoir. Le myocarde ralentit instantanément pour prendre un rythme plus calme, moins anxieux, moins pressé quand elle entendit la sienne. Tout allait bien, tout irait bien maintenant, n'est-ce pas ? Le magicien quitta la pièce en laissant la fenêtre ouverte, fenêtre que Zee avisa un instant. Elle aussi elle paraissait réelle, l'air qui s'en échappait aussi. Elle fit de son mieux pour réguler sa respiration, tout était terminé. Elle n'y croyait pas, mais elle se le répétait. Elle ne voulait pas qu'il parte, mais elle ne l'en empêcha pas. Après tout, elle avait besoin d'être seule, de se confronter aux ombres qui la terrifiait. Elle en voyait partout, avait l'impression d'être observée, d'être différente. Elle n'osait pas prononcer la moindre incantation, elle savait que quelque chose avait changé, elle le sentait. L'énergie qui fusait dans ses veines s'était dissipée, elle le savait. Elle ne voulait pas en avoir la confirmation, pas tout de suite, ça la tuerait. John s'était caché dans sa cuisine et elle ne put s'empêcher de se demander comment. Comment avait-il fait pour la trouver. Peut-être savait-il déjà tout, ça ne l'aurait pas étonnée. La brune se laissa choir contre l'oreiller et enfouit sa tête dedans. Si seulement elle pouvait devenir transparente, là, maintenant. Si seulement elle avait assez de force pour s'en aller sur une plage des Caraïbes et s'enterrer dans le sable chaud. Si seulement...

Mais c'est que ça sentait bon.

Suffisamment bon pour que Zee trouve l'immense force de se redresser un peu pour humer l'odeur qui s'échappait de la cuisine. Elle ne se souvenait pas des talents de cuisinier de John, autrement elle en aurait abusé plus souvent. Ça l'intriguait tellement qu'elle en oublia l'espace d'une seconde tout le reste. Ça ne dura pas, et ça lui revenait violemment à la figure. L'anglais déposa un plateau près d'elle, un plateau fort bien garni et curieusement alléchant. Ça lui en aurait mis l'eau à la bouche si seulement elle n'avait pas la gorge si sèche et le ventre aussi noué. Zee en resta pantoise, n'osant ni remercier ni émettre un quelconque commentaire. L'atmosphère était lourde, chargée en non-dits et en tant de choses qui ne lui évoquaient rien de bon. La magicienne déchue se saisit du verre d'eau qu'elle but à petites gorgées et qui lui semblait être le meilleur des nectars. Elle ferma les yeux un moment pour apprécier cette sensation qu'elle n'avait plus connu depuis trop longtemps et en ressortit suffisamment ragaillardie pour enfin dire quelque chose.

- Eh bien, tu m'avais caché tes talents culinaires. Abandonne la magie John, je crois que tu as trouvé ta véritable vocation.


Ah, comme il était plus simple de faire comme si tout allait bien et de se cacher derrière de stupides traits d'humour enfantins. Elle reposa le verre d'une main tremblante et se saisit des couverts. Elle n'avait aucune envie de manger, mais elle lui devait bien ça.

- Merci. Merci beaucoup.

Apparemment, elle ne croyait pas en la possibilité que cette part de tarte traînait dans le frigo. Elle le remerciait timidement, sans le regarder, ça ne lui ressemblait presque pas. Elle le remerciait pour l'omelette, et puis pour le reste. Elle ne le formulerait pas, mais il le savait. Concentrée sur sa pitance, la magicienne goûta silencieusement un bout de ce que John avait préparé. C'était bon, contre toutes attentes. Passé le choc de sentir de nouveau des aliments dans sa bouche, elle y retourna avec plaisir, lui adressant un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait. Un mélange de "depuis quand tu sais faire ça toi ?" et de "mais c'est super bon" qui donnait un curieux ensemble. Elle finit par reposer les couverts sur le côté de l'assiette, décidée à briser la glace une bonne fois pour toutes.

- John, s'il te plait...


Elle déglutit, incertaine. Elle ne voulait pas paraître ingrate, ou méchante, ou le blesser. Elle voyait bien tous les efforts qu'il faisait pour la ménager, mais elle n'en voulait pas.

- Ne me regarde pas comme ça.


Elle se fit plus sûre d'elle, en dardant sur lui des yeux dans lesquels ne sommeillaient aucune colère, pas même la rancœur habituelle qu'il pouvait y trouver. Elle était sincèrement heureuse de le voir. Reconnaissante de l'avoir auprès d'elle. Sa présence chassait les ombres. Elle se pencha doucement vers lui, manqua de grimacer en lui murmurant comme un secret :

- Je ne veux pas de ta pitié, il n'y a rien de pire que ta pitié, love.

Elle lui pique son surnom, rien que pour lui prouver qu'elle n'a en rien perdu de son mordant. Elle n'attendit pas plus longtemps pour reprendre place, son dos confortablement soutenu par l'oreiller. Elle ne voulait pas qu'il la traite différemment à cause de ce qu'il lui était arrivé, elle voulait qu'il lui pose les questions qu'il avait, elle voulait qu'il agisse comme avant, comme si elle n'était pas... diminuée. Ce qu'elle était, sans pour autant vouloir l'admettre. Elle repartit à la conquête du plateau repas comme si de rien n'était, comme si elle ne venait pas de le gifler verbalement.

- Par contre, je n'ai rien contre les omelettes, ou les parts de tarte. Absolument rien.

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Re: Where's my love? | Ft. John Sam 11 Avr 2020 - 12:58





- Eh bien, tu m'avais caché tes talents culinaires. Abandonne la magie John, je crois que tu as trouvé ta véritable vocation.


Constantine avait posé sa tasse sur une petite table à côté de son fauteuil, et farfouillait dans les poches de son trench-coat jeté sur l’accoudoir de son siège. Il lui lança un regard vaguement malicieux, avant de hausser innocemment les épaules après le regard (agréablement) surpris que lui lança la magicienne, une fois qu’elle eu goûté son omelette. Il finit par tirer d’une poche intérieur une petite flasque métallique dont il dévissa le bouchon pour en verser une partie du contenu dans sa propre tasse.
Le magicien n’était pas un bon cuisinier et n’avait certainement pas de part de tarte innocemment oubliée dans son frigo. Ça n’était du moins pas le cas hier, ou alors il perdait sérieusement la tête et ça commençait à devenir un problème à considérer. De son point de vue, Zee avait juste eu de la chance qu’il ne foire pas sa recette cette fois – et s’était vue adresser un petit miracle personnelle à travers la part de tarte magiquement apparue dans le réfrigérateur. Il prit une gorgée de thé.

La Maison avait toujours eu un faible pour Zatanna, après tout.

- Si jamais le thé n’est pas assez fort, fit-il en levant la flasque dans sa direction.

D’un tir calculé, il jeta le récipient de métal sur les draps de la jeune femme, à portée de main. Il ignorait si elle comptait le prendre – il était peut-être un peu tôt. Mais un peu de gin mélangé à du thé noir, du miel et un peu de citron avait sauvé plus de soirées que Constantine ne daignait apprendre à compter.

- John, s'il te plait...

- Hmm ?

Il releva les yeux, plantant son regard dans le sien.

- Ne me regarde pas comme ça. Je ne veux pas de ta pitié, il n'y a rien de pire que ta pitié, love.

Constantine marqua un temps d’arrêt. Entre deux battements de cœurs, la remarque de la jeune femme vint frapper simple et fort. John n’avait jamais été très porté sur les gestes d’affections honnêtes : certes, il pouvait être charmant, mais toujours dans une logique de séduction. De jeu, distant et amusant. Jamais quand ses propres sentiments étaient en jeu, jamais quand faire quelque chose de mal pouvait avoir plus de conséquences que ce qu’il n’aimerait affronter.
Il se reprit particulièrement vite, et l’ombre d’un sourire plana sur ses lèvres.

- C’est trop bête. Moi qui avait prévu un bain moussant avec des épices, des perles, des lueurs féeriques et des shots de joie liquide. Va falloir se contenter de la tarte. ajouta-t-il d’un ton ouvertement moqueur.

Il n’en montra pas grand-chose de plus, calfeutrant ses réactions avec une efficacité presque monstrueuse. Son visage était tranquille, son regard inchangé. Pourtant, quelque part, quelque chose avait pris racine. Il prit une gorgée de thé.

- Je suis à court d’oeufs et de tarte. Envie d’aller faire une promenade?

Il pouvait sortir, marcher sur le bord de mer de Toscane aux premières heures de la nuit. Ou ils pouvaient se promener dans les multiples corridors et les salles fantastiques de la Maison des Mystères : Constantine était à peu près certain qu’il y avait une piscine, une réplique de la forêt amazonienne, un dopplegänger de l’Antarctique et un fond marin où l’air est respirable, quelque part. Il avait progressivement travaillé sur son titre de propriétaire de l’endroit – assez pour leur assurer une ballade plus protégée que dans de véritables royaumes magiques.
S’y ajoutait du reste le biais cognitif qui ferait probablement de l’intérieur de la Maison un endroit apparemment plus protégé que l’extérieur, aux yeux de Zatanna.

Il prenait soin d’elle, c’était évident. De là à supposer qu’il agissait par pitié, il y avait tout un monde. Il se mit à parler de quelques banalités, ensuite – majoritairement sur le devenir de la communauté occulte, mêlée à quelques blagues ici et là, sur plusieurs visages connus, cherchant innocemment à lui arracher un sourire. Tout, tant qu’on ne parlait pas de Faust et de son emprisonnement. Il espérait fortement qu’elle se concentrait là-dessus et qu’il s’en tire sans qu’elle ne pose de question.

Il avala une nouvelle gorgée de thé, maintenant un visage impeccable et une façade tout à fait irréprochable. Il avait quelques idées en tête – la première étant le festival des élémentaires de flamme de Prague, qui promettait beaucoup de danse, de lumière et d’alcool – mais il n’osait pas trop les proposer. Malgré toute sa bonne volonté, Constantine n’avait pas la moindre idée de comment traiter le problème de Zee sans l’adresser directement.
Si il avait suivit ses habitudes – si ça avait été n’importe qui d’autre – il l’aurait assise pour en parler, aussi honnêtement et froidement que nécessaire. Mais, pour une raison qu’il ne souhaitait pas évoquer, il préférait éviter le sujet – de peur peut-être que sa culpabilité pointe le bout de son nez dans ses yeux. Seulement, il ne savait pas trop quoi faire pour ne pas trop la brusquer, ou réprimer son possible traumatisme, ou pour éviter de la mettre dans une situation de malaise trop marqué.
Il avançait complètement à l’aveugle, sur un fil assez fin (mais après tout, il avait un don pour s’autoflageller indirectement. Autant faire le prince charmant et agir selon ses envies, alors.
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Re: Where's my love? | Ft. John Sam 18 Avr 2020 - 2:50


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Bon, elle avait vexé Constantine. Premier objectif de la journée rempli.

Elle n'était pas dupe, et elle le connaissait suffisamment bien pour savoir que sa parade moqueuse n'était rien de plus qu'un brillant camouflage de ses véritables émotions. Il avait toujours su faire ça avec talent. C'est lui qui devrait être la star de l'illusionnisme, au fond. Zee se saisit de la flasque que John lui avait balancé en soupirant. Bien, autant noyer son chagrin et le fait qu'elle était visiblement incapable de communiquer dans l'alcool.

- Merci.


C'était peut-être tout ce qu'il fallait dire, finalement. Peut-être qu'elle avait simplement perdu l'habitude qu'on s'occupe d'elle et qu'elle prenait pour de la pitié quelque chose qui n'en était pas ? Qu'elle avait trop couru après Bruce Wayne pour l'empêcher de se lancer une énième fois dans un plan suicidaire, qu'elle s'était trop occupée de sauver les autres, trop focalisée sur le mal et avait perdu l'habitude qu'on s'assoit simplement en face d'elle et qu'on attende qu'elle ait terminée de manger son omelette. Peut-être. Pourtant, l'insidieuse idée que John agisse par pitié ne parvenait pas à la laisser tranquille. Après tout, elle était dans un sale état. Elle avait malgré elle l'impression d'être l'ex un peu boulet dont il fallait s'occuper par devoir plus que par envie. Impression parfaitement injustifiée, certes, mais n'était-ce pas le propre des impressions ? Elle remua un peu le contenu de la flasque avant d'en boire une gorgée. Parfait, ça résoudrait la majorité de ses soucis.

- Quelle idiote, j'aurais mieux fait de me taire.


L'ensemble eut au moins le mérite de la faire sourire à défaut de lui faire oublier tout ce qu'elle craignait. Zatanna réfléchissait trop, et elle le savait. Alors quand il lui proposa d'aller se promener, elle ne cogita pas longtemps. Elle n'était pas sûre de pouvoir tenir debout, mais c'était l'occasion de vérifier. Un rapide coup d’œil sous la couette l'informa que ses vêtements avaient mal subis la captivité eux aussi. Elle soupira en traînant sa carcasse, surprise de voir qu'elle avait visiblement assez de force pour bouger. Non sans grimacer, elle fut sur pieds relativement rapidement, plus rapidement qu'elle ne l'aurait été sans la présence de John dans le coin. Elle prit d'ailleurs ce dernier par les épaules et le fit doucement pivoter vers la porte, avant de claquer un rapide baiser sur sa joue pour excuser son incompréhensible pudeur. C'est pas comme si elle avait encore des choses à lui cacher, mais elle tenait à faire son adolescente effarouchée. Elle ouvrit la commode en face du lit, persuadée d'y trouver quelque chose pour remplacer les fringues à moitié cramées qu'elle portait. Elle y trouva quelques uns de ses t-shirt, une longue robe fluide et même ce qui ressemblait à un de ses uniformes.

La maison avait peut-être un faible pour elle, en effet

Zee laissa de côté les paillettes et les strass pour la robe plus confortable qu'elle enfila aussi rapidement qu'elle le pouvait. D'ordinaire, elle se serait contentée de marmonner trois mots à l'envers pour se changer. Mais elle savait, elle savait que la magie ne lui répondrait pas. Elle en était tant persuadée qu'elle préféra ne pas essayer, ne pas risquer d'échouer devant lui. Elle ne voulait pas lui donner l'impression d'être diminuée, bêtement. Elle ne voulait pas qu'il sache à quel point elle était blessée, même si elle avait vaguement conscience que ce devait d'ors et déjà être le cas. Sa fierté finirait sûrement par la tuer un jour.

- Suis prête. Et je te suis, où tu veux. Promis, je ne râlerai pas. Même si tu décides de nous terrer dans un bar miteux. Ou si ta maison nous engloutit.

Elle passa son bras sous le sien, l'écoutant déblatérer des banalités et tenter de la faire sourire. Elle y participait de temps en temps, distraitement. Elle avait pris la décision d'arrêter de réfléchir bêtement et de simplement profiter du moment. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait bien faire qu'il agisse par pitié ? Et même si tout ça n'était qu'un rêve, qu'un rêve cruel avant de replonger en enfer, quelle importance ? C'était le moment pour oublier, ne serait-ce qu'un instant, qu'elle avait fait une erreur terrible et que leur relation était usée jusqu'à la moelle. Alors elle se laissa bercer par le moment, par ses conneries et par ce sentiment qu'il était probablement le seul à lui procurer. Elle lui poserait ses questions plus tard, ils régleraient leurs comptes plus tard.

- Tu ne m'as jamais raconté comment tu l'avais obtenu d'ailleurs, cette maison.


Ou peut-être bien que si, mais qu'elle avait elle aussi choisi que raconter des banalités était la meilleure option. Ou qu'elle avait envie de l'entendre une fois encore. Et ça marchait, ça marchait un peu. Dans l'instant, dans la chaleur quasi surnaturelle qu'il dégageait, dans sa façon de bouger, peut-être qu'elle ne souffrait plus autant.
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Shadowpact
Re: Where's my love? | Ft. John Jeu 30 Avr 2020 - 18:37




Le ciel avait abandonné tous ses nuages pour se décorer seulement du firmament. Les étoiles brillaient doucement, au milieu de leur draperie couleur minuit, dessinant avec attention symboles et constellations autour de la lune. Leur lueur argentée scintillait dans les flots sombres de la Méditerranée, qui auraient pu paraître effrayants sans les broderies stellaire qui semblait briller dans ses profondeurs.
La plage se découpait en un large croissant pâle, longeant la pierre blanche des côtes. Au delà, une forêt sombre de pins dévorait la terre de Toscane, ajoutant discrètement son parfum à celui de la mer. Deux silhouettes jetais leurs ombres effilées sur le sol, avancement doucement sur le sable encore un peu chaud, chaussures à la main. Ils avaient descendu un vieil escalier de pierre blanche, reliant une vieille villa de pierre et de bois qui n’était pas là hier au bord de l’eau.

- Tu aurais dû voir la tête d’Occult. Rien que l’idée d’avoir perdu la Maison des Mystères aux cartes doit encore lui filer des ulcères.

Constantine souriait légèrement. Main dans la poche, accroché au bras de Zee, l’air marin qui se glissait dans ses cheveux lui semblait la plus belle chose du monde. Juste après la magicienne, s’entend.

- Quoique j’ai cru comprendre qu’il avait réussi à mettre la main sur la Maison des Secrets, ensuite, donc j’imagine que ça doit aider à faire passer la pillule.

C’était… rare. De se sentir aussi détendu. Aussi léger, comme si le monde se résumait à cette plage – à ces yeux bleus, dont il sentait le regard, et ces cheveux qui dansaient dans l’air de la nuit. Comme si l’univers n’était pas une gigantesque bombe à retardement continuellement balancée entre des entités cosmiques aussi folles que destructrices, prête à exploser à la moindre seconde.
Comme si Zatanna et lui ne s’était pas mutuellement rongés jusqu’à la moelle et que leur relation n’était pas qu’un souvenir vaporeux et lointain, auquel il s’accrochait de toutes ses forces sans rien pouvoir y changer.
Malgré ça, pourtant, ils se promenaient sur le bord d’une plage en Italie, très loin de leurs soucis et de leurs problèmes habituels. Ils ne portaient même pas leurs costumes d'usage – pas le moindre haut-de-forme ou trench-coat à l’horizon. Juste un petit moment bienheureux qu’il ne voulait qu’étendre, étendre et étendre encore jusqu’à ce que les étoiles tombent du ciel et que la mer les engloutisse.

Le magicien obliqua un peu à gauche, jusqu’à sentir l’eau fraîche passer sur ses pieds. Il resta silencieux encore un moment, observant distraitement le paysage. Il mourrait d’envie de laisser sa tête s’appuyer sur celle de Zee, mais pour une raison qui échappait de peu sa compréhension, il n’osait pas vraiment. Il l’avait sentie s’appuyer un peu contre lui, lorsqu’ils avaient commencé à marcher, et avait fait son possible pour l’aider le plus discrètement possible (ou alors en s’auto-désignant comme son  « chevalier servant personnel, alors arrête de te plaindre »).

- Tu as d’excellents goûts en plage, mine de rien, ajouta-t-il au bout d’un temps.

Un petit sourire dansait dans l’ombre de ses yeux. L’air était tranquille, à part peut-être les quelques bruits normaux d’une forêt endormie et d’une plage tranquille. Le magicien marchait, une main dans la poche, l’autre relativement proche de celle de Zee.

- Le ciel, le sable encore un peu chaud, l’air tiède, le parfum de campagne…

Il se tourna un peu, accompagnant ses mots de son regard. Il finit par la regarder elle, droit dans les yeux, et marqua un petit temps d’arrêt. Un léger sourire étira ses lèvres entrouvertes. Lentement, il lui prit les mains.

- L’eau, aussi.

Le monde bascula tout entier quand Constantine fit volontairement chavirer la jeune femme, juste assez pour que ses longs cheveux trempes un peu dans l’eau, retenant sa chute à la manière d'un danseur minutieux. Son sourire semblait bien installé, désormais, tandis qu’il l’observait avec attention – scrutant son regard, ses expressions.
Observant son monde de ses yeux bleus glacés qui ne voulaient rien voir d’autre.
Il s’humecta un petit peu les lèvres, l'air un peu fier de sa bêtise. Autour d’eux, l’air chaud de la Toscane vint caresser leur peau.

- Magiquement l'eau est régulièrement associée à la purification et la guérison, je me trompe ? Intéressée par un bain de nuit, à défaut de pouvoir profiter de mon bain aux épices, perles et lueurs féériques ?
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Re: Where's my love? | Ft. John Dim 17 Mai 2020 - 3:56


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L'air chaud de la Toscane lui semblait être profondément réparateur. D'ici, elle pouvait presque flairer l'odeur d'un plat de spaghetti, presque entendre les sons d'une guitare sèche et les rires de ceux qui dansaient au rythme que l'instrument leur dictait. Elle pouvait presque sentir le regard bienveillant de son père et l’apercevoir sur la plage. Presque.

- J'en doute un peu.

Elle n'écoutait qu'à moitié en vérité. C'était le son de sa voix qui l'intéressait, pas tellement ses mots. Elle ferma les yeux un instant, redoutant l'instant où elle devrait les rouvrir. Elle avait encore peur de se retrouver là-bas, éternellement coincée au même endroit. Elle avait peur que tout ça ne soit qu'un rêve mais était décidée à en profiter. Ses douleurs physiques avaient presque toutes disparues au contact du magicien et du sable italien. Elle se sentait chez elle ici. En Italie, ou peut-être avec lui. Peu importe. Elle n'osa d'ailleurs pas lui rétorquer que c'était en vérité son père qui avait d'excellents goûts en matière de plage, puisqu'il s'agissait de celle de son enfance. Elle ne voulait gâcher ce moment pour rien au monde, elle ne voulait pas rajouter ce poids sur les épaules du magicien alors qu'il semblait l'avoir ôté pour un moment.

- C'est un bel endroit, oui.

Elle se faisait un peu laconique, un peu évaporée. C'était l'effet qu'avait cette soirée sur elle, il lui semblait qu'elle contenait davantage de magie qu'il y en avait en elle actuellement. Ça comblait le vide qu'elle ressentait, au moins un peu. Ça faisait renaître quelques étoiles dans ses yeux alors qu'elle contemplait les vagues qui s'échouaient là, sans cesse, encore et encore. John s'arrêta soudainement pour lui prendre les mains et déclamer ce qui ressemblait à... de la poésie peut-être ? Elle en sourit, amusée sans réellement comprendre pourquoi.

- Eh bien, l'Italie t'inspire-t-elle au point que tu...

Et hop, elle voyait le monde sous un nouvel angle. Littéralement. Un angle pour le moins inattendu si bien qu'elle ne put s'empêcher de jurer.

- Espèce de...


Elle ne poursuivit pas, bien trop amusée pour émettre n'importe quelle comparaison peu flatteuse. La brune se redressa comme elle put, une idée absolument diabolique en tête. Ses deux mains se joignirent derrière la nuque de Constantine alors qu'elle lui chuchotait à l'oreille quelques mots. L'odeur de la cigarette lui parvint, ainsi que celle de la poussière de vieux livres magiques, sûrement. Elle était un peu addict à cette odeur, c'était un de ses problèmes.

- Saif noitnetta, li ecnemmoc à riovuelp.


Elle ne s'était pas imaginée une seule seconde que son incantation échouerait, peut-être était-ce pour cette raison qu'elle avait brillamment fonctionné. En effet, une petite bulle d'eau se forma juste au dessus de la tête de l'anglais. Elle céda. Elle s'en doutait. Peu importe les dégâts que son emprisonnement avait bien pu avoir sur sa psyché, les sorts élémentaires étaient bien trop simples pour lui résister. Fière de son petit tour de magie, Zee s'éloigna de quelques pas, craignant les répercussions de son geste. Elle le regretta, le contact du magicien lui manqua atrocement. Le sourire qu'elle avait pourtant jusqu'aux oreilles n'était pas décidé à se laisser mourir.

- Le dernier à l'eau est une poule mouillée.

Autant se jeter d'elle-même dans la gueule du loup, pas vrai ? Et puis après tout, la purification et la guérison ne pouvait pas lui faire de mal. C'est donc sur ce trait d'esprit juste un peu puéril qu'elle se mit à courir vers la mer.
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Re: Where's my love? | Ft. John Jeu 21 Mai 2020 - 14:38




La trombe d’eau jaillit du néant, un peu au-dessus de sa tête, pour se déverser en une gerbe froide sur ses épaules et son dos. La réaction de Zatanna était un peu attendue, et son visage se fendit d’un large sourire hilare, encadré par des mèches blondes soudainement collée à son front. Il se passa une main dans les cheveux, réarrangeant ses cheveux courts par automatisme plus que par coquetterie. Le magicien avait l’air fin, trempé jusqu’aux os, sa chemise blanche plaquée contre son torse – pourtant rien ne semblait pouvoir démonter l’éclat de rire qui s’était logé dans les plis de ses lèvres. Il ne se le fit pas dire deux fois et parti à toute vitesse vers l’océan, soulevant de hautes éclaboussures sur son chemin.

John n’avait jamais été un coureur olympique, ni un sprinteur incroyable, m ais certains contextes pouvaient l’amener à courir plus vite que prévu.

Loin au-dessus d’eux, les étoiles brillaient silencieusement, baignant leur course de leur lumière froide. Quelque part, très loin dans sa tête, le Britannique savait qu’il n’aurait probablement pas dû se laisser aller lors de cette soirée – qu’il y avait trop de choses à regretter, trop de blessures infligées et de manipulations si douloureuse pour la jeune femme pour qu’il n’ait aucun droit à profiter de cette soirée. Mais elle semblait heureuse, là, à courir vers l’eau scintillante sur une plage loin du monde magique et torturé dans lequel ils évoluaient presque depuis le berceau : il n’avait pas le courage de briser le charme. Pas tout de suite.
Et si il était honnête cinq minutes, il n’avait pas non plus le courage d’assumer les conséquences de ses choix et de tirer une croix sur un moment de paix avec Zatanna.

Ses doutes étaient résolument présents, confortablement installés dans un recoin de son cerveau : peut-être fondraient-ils sur le magicien le lendemain, ou le jour d’après. Pour l’instant, le parfum de la nuit et le rire de Zee les gardaient claquemurés loin de sa conscience.

Difficile de dire si John trébucha ou se laissa tomber. Peu importait, à vrai dire : plusieurs gouttelettes, projetées par sa course, annoncèrent son arrivée en éclaboussant le dos et les cheveux de la jeune femme. Puis, soudainement, ses mains se refermèrent autour de sa taille. L’instant d’après, l’eau de la Méditerranée les engloutissait avec un « plouf » sonore.
Qu’il soit tombé et ait essayé de se rattraper ou qu’il l’ait volontairement jeté dans l’eau ne faisait aucune différence. John les fit légèrement tourner dans la chute, assez pour tomber sur le dos, Zatanna contre lui.

Ils émergèrent quelques secondes plus tard, complètement trempés. Un large sourire s’était installé sur le visage du magicien, tendu d’une oreille à l’autre comme une banderole blanche.

- Gagné.

Elle était magnifique. Pas seulement parce que ses yeux reflétaient la lumière argentée de la lune, ni parce que ses longs cheveux noirs encadraient délicatement son visage même après qu’elle ait été jeté à la mer : parce que son visage était détendu, son sourire sans effort. Elle était belle d’être elle même, l’air heureuse, débarrassée de tous les problèmes et angoisses qui se glissent dans les traits d’une expression.
L’eau émit un léger bruit lorsqu’il se rapprocha doucement. Ses yeux bleus étaient presque noirs, dans la nuit, et brillaient d’une lueur particulièrement.

- J’y gagne quelque chose ?

Il lui prit les mains, sans la quitter des yeux, et se rapprocha encore un peu plus. Ils n’étaient pas très loin de la rive, mais assez pour avoir de l’eau jusqu’aux épaules. Il sentait son corps près du sien, mais ne s’approcha pas trop. Un peu à côté, plutôt que directement en face d’elle, John pencha la tête et se rapprocha de son oreille.

- Saif noitnetta, li ecnemmoc à riovuelp.

Du plat de la main, il lança la première offensive d’une bataille d’eau, répliquant ensuite coup sur coup. Ils avaient l’air d’enfants, l’un comme l’autre, lancés dans un duel d’éclaboussures sous la planète d’argent. Ils en avaient peut-être besoin. Il n’y avait toujours personne sur la plage, seulement eux deux, dans l’eau, comme si ils pouvaient être plus mouillés qu’en tombant dans les vagues la première fois.
Le duel fut savamment mené et rencontra une résistance acharnée. Constantine finirait probablement par craquer, soit en s’avouant vaincu pour mieux relancer l’attaque, soit en essayant carrément de couler la jeune femme – jamais violemment ni très longtemps, mais un peu quand même. Il pouvait bien s’autoriser ça : il n’était pas le moins du monde au niveau de sa magie élémentaire, quand bien même il moulinerait dans l’eau fraîche de toutes ses forces.

Quand l’ombre de la guerre des gouttelettes passa enfin, le magicien se laissa aller sur le dos, observant les étoiles. Il ne les regarda pas longtemps : elles n’avaient qu’un charme relatif, distant. Bien en deçà de celui qu’il pouvait toucher sans complètement tendre le bras.
Il lança un regard en biais à Zatanna – et tout remords coula définitivement pour la soirée à la seconde où il croisa ses yeux.

- Verdict ? La guérison par l’eau, ça marche ?
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Re: Where's my love? | Ft. John Dim 31 Mai 2020 - 3:11


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Gagné ? Et comment ça, gagné ?

- Tu as triché ! On ne peut pas gagner en trichant !

Qu'elle répliquait, faussement fâchée, grandement amusée. Zee était complètement trempée depuis que le magicien avait usé d'une de ses fourberies, de la racine des cheveux jusque dans les tréfonds de son âme. Et c'était agréable à un point qu'elle n'aurait pu imaginé. L'eau lavait tout. Nettoyait ses appréhensions, les emmenait au loin. Absolvait ses péchés, ses peines, ses ratés. Elle l’électrifiait de la tête aux pieds, la faisait se sentir vivante, vraiment vivante. Ou peut-être que ça, c'était lui. Il avait toujours eu cet effet sur elle de toute façon, il lui avait toujours donné l'impression qu'il n'y avait qu'eux, qu'elle et un monde entier à découvrir. Toutes les erreurs qu'ils avaient pu faire, tout ce qu'ils avaient pu subir et se faire subir n'avait alors plus d'importance dans les moments comme ceux là, ces moments de pure euphorie où elle se trouvait bien malgré elle avide de son contact.

- Si tu avais gagné de façon honnête, peut-être. Mais comme ce n'est pas le cas...

Et lui la fuyait, ou la faisait languir, ou était trop fier pour s'avouer vaincu le premier, un des trois. Elle se moquait de savoir lequel, son souffle était simplement suspendu dans l'air depuis qu'il s'était rapproché, là aussi trop indirectement. Son sourire lui avait manqué, son vrai sourire. Celui avec les fossettes. Elle vouait un véritable culte à ces fossettes, un culte secret bien entendu. Elle y crut quand il se pencha, et en fut d'autant plus surprise.

- Espèce de...


Décidément. Peut-être que la troisième serait la bonne. Quoi qu'il en soit, la magicienne ne se laissa pas décontenancer, bien au contraire. Elle se battit comme une lionne et ce jusqu'à la fin. Elle ne se souvenait plus très bien de comment tout cela s'était terminé, elle conclut simplement qu'elle avait gagné et cette conclusion lui allait parfaitement. Ils finirent échoués sur la berge et aurait donné n'importe quoi à cet instant pour arrêter le temps. La question de John eut le mérite de secouer ses dernières neurones actives, alors qu'elle n'était plus que chaleur et sentiments. Par tous les dieux, un jour cet accent la tuerait pour de bon.

- Hum, je ne sais pas.

Elle tourna la tête et croisa ses yeux, elle resta comme ça un instant, à l'observer. Comme pour ancrer dans sa mémoire la manière dont ses yeux brillaient ou peut-être la façon dont l'eau mouillait ses cheveux. Peu importe, elle ne s'en lasserait probablement jamais. Zee fit l'effort surhumain de se déplacer vers lui, anéantissant l'espace qui les séparait. Elle posa son menton sur ses mains, elles mêmes croisées sur le torse du magicien, non loin de son cœur. La chaleur qu'il dégageait influençait nettement ses pensées. Elle avait pourtant envie de lui demander, lui demander s'il y croyait vraiment. S'il savait qu'eux deux, ça ne pourrait jamais marcher. Que tout ce qu'ils vivaient n'était qu'éphémère et qu'elle se demandait encore si les moments de bonheur valait toute la peine qu'ils s'infligeaient en s'acharnant à retourner vers l'autre. Elle se demandait si le voir partir une énième fois lui ferait plus mal que de le voir avec quelqu'un d'autre, pour de bon. Elle ne parvenait pas à trouver la réponse.

- Qu'en penses-tu ?

Puisque qu'après tout, elle n'était pas la seule à avoir des plaies à guérir. Et malgré tout ça, malgré ses doutes, il y avait cet égoïsme qui la poussait à se dire qu'elle avait mérité cette parenthèse. Qu'elle avait trop souffert pour dédaigner ce qu'on lui offrait là, maintenant. Qu'elle réglerait bien ses problèmes plus tard.

- Pour ma part, ça ne vaut pas une omelette, un thé bien chaud, l'accent anglais et puis peut-être...


Alors elle céda piteusement, vint doucement goûter l'eau de mer sur sa mâchoire, puis sur ses lèvres. Elle ne s'embêta pas à demander la permission, elle considérait un peu bêtement qu'un corps qu'elle avait tant aimé à tant de reprises était un corps qui lui appartenait un peu. Certains gestes paraissaient alors purement naturels, c'était comme retrouver un peu de soi.

- Toi, éventuellement.

Elle se nicha là où ses mains étaient posées un peu auparavant, sur le tissu blanc et tout aussi détrempé qu'eux.

- Mais vraiment en tout dernier, en complément.

Elle le charriait, mais c'était nécessaire. La tête de John Constantine n'avait pas besoin d'être davantage gonflée, mais c'était sa manière de lui dire qu'elle le remerciait. D'être là, et pour l'instant elle se moquait bien de savoir pourquoi.
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Re: Where's my love? | Ft. John Sam 25 Juil 2020 - 17:29




La fumée dansait silencieusement à la surface du liquide cuivré, ondulant en spirales éphémères. Les stores des hautes fenêtres laissaient pleuvoir des rayons dorés dans la pièce, répandant lentement la lumière de Toscane dans la Maison des Mystères. La cuisine n’était pas bien grande : haute de plafond, rectangulaire, elle ne payait pas de mine. Un mur tout entier n’était qu’une succession de hautes fenêtres par lesquelles entrait la lumière ; tous les nécessaires à cuisine avaient été poussés contre le mur d’en face ; au centre, une solide table de bois carrées trônait fièrement, flanquée de quatre chaises. Constantine y était attablé, la tête appuyée sur sa main droite, en plein duel de regard avec un mug « Best Dad in da world » que quelqu’un avait rayé à coup de peinture pour en faire « Best Uncle in da World ». Il portait une robe de chambre rouge sombre, un peu élimée, suffisamment entrouverte pour laisser entrevoir les tatouages dans une langue qui n’avait rien d’humaine qui courraient à la surface de sa peau.
Très franchement, il avait une sale tête.

Ses traits étaient tirés, comme si il avait mal dormi. Ses yeux bleus étaient fixés sur sa tasse d’Earl Grey sans la voir, perdu dans les quelques souvenirs qui tournaient en boucle dans sa tête. Il voyait la lune argentée plutôt que le soleil. Il se souvenait de la course. De l’eau froide. Des deux étoiles qui le regardaient, au fond de deux yeux dans lesquels il aurait pu se perdre pendant des années. Il se souvenait aussi du goût de ses lèvres, un peu salé.
Et il se souvenait de l’après.

Le grille-pain émit un petit « Ding ! » et fit sauter en l’air deux tartines, tirant violemment le Britannique de sa rêverie. Il se leva, toujours dans sa tête, et tira un pot de confiture d’une étagère, prit les deux tartines dorées et les ramena à table. Il se massa un peu les tempes. En soit, ça n’était pas si grave. C’était normal. Ça arrivait, non ? Il jeta un œil à la porte coulissante, pour l’instant fermée, qui séparait la cuisine de la chambre où Zee dormait encore.
Si. C’était grave, à la réflexion.

Morose, il prit une cuillère de confiture et l’étala lentement sur la tranche de pain grillée. La magicienne avait traversé des mois franchement affreux qui l’avaient laissée effondrée, brisée à des niveaux que Constantine avait peur de comprendre. Et lui, il s’était glissé dans ses bras à la première occasion. Il prit un croc de tartine et la fit descendre avec une forgée de thé. Leur goût effleura à peine son esprit.

Comment savait-il où elle arriverait en échappant à Faust ? Comment savait-il quand elle y arriverait ?

Parce qu’il savait précisément où elle avait été enfermée. Il l'avait su quelques jours à peine après sa disparition, et il aurait probablement pu la sauver. Ça n’aurait pas été si dur – et les magiciens prompts à aider Zatanna n’étaient pas rares, dans le monde de l’occulte.

Evidemment, John n'avait ni choisi la façon la plus héroïque de traiter la question ni la plus simple.
Récemment Faust avait été catapulté en haut de sa liste de surveillance. Il avait mis la main sur une puissance qui dépassait largement ce que Constantine connaissait de son arsenal. Félix n’était pas véritablement une menace, d’ordinaire, précisément parce qu’il lui manquait la puissance de feu que nécessiterait sa technique pour devenir un vrai danger. Après son alliance avec Luthor, néanmoins, il avait mis la main sur une source de pouvoir que Constantine n’arrivait pas à définir, et qu’il ne voulait pas laisser entre ses mains. Lorsqu’il avait kidnappé Zatanna, il avait offert une solution au thaumaturge.

Il lui suffisait d’utiliser Zee comme « taupe ». Constantine s’était allié avec un cercle de devins (tout en prenant de lourdes précautions pour que Mme Xanadu n’en n’entende jamais parler), et avait utilisé leurs pouvoirs pour étudier les énergies de Faust à travers sa prisonnière. Il avait beaucoup hésité, mais il s’était convaincu que Zatanna tiendrait le coup – et qu’il la tirerait du traquenard à la seconde où ce serait trop pour elle.
Nouveau regard à la porte coulissante. De toute évidence, il s’était enfoncé le doigt dans l’oeil jusqu’au coude et au-delà. Il ne l’avait jamais vu si bas – et il avait causé la mort de son père, c’était dire.

Il prit une bouchée de tartine, coincé dans une spirale de souvenirs. On aurait pu croire qu’il aurait fini par en avoir l’habitude, au bout d’un moment : profiter de la faiblesse de chacun pour se trouver des amants, faire confiance à d’autres pour prendre les coups pendant qu’il manigançait dans l’ombre. Il fonctionnait comme ça, consciemment ou non – et pourtant, il le vivait toujours aussi mal.

Le magicien se leva, récupérant dans le même mouvement un paquet de cigarette et un briquet bic en plastique qui traînaient sur la table. Son petit-déjeuner n’était pas encore fini, à peine entamé, mais il ne tenait plus. Il ouvrit la fenêtre, marqua un temps d’arrêt ( « Et puis merde ») puis enjamba le rebords, les jambes pendues dans le vide. Le soleil caressait agréablement sa peau, et la mer azur s’étendait sous ses yeux à perte de vue. La Maison était perchée sur la côte, dominant l’horizon bleuté. Un parfum de fleurs et d’été flottait dans l’air, agréable et délicat. Constantine n’en n’avait rien à cirer : à l’instant, tout ce qu’il voulait, c’était un profond shot de nicotine.
Le briquet cliqueta, puis cracha une flamme orangée. Le magicien embrasa sa cigarette avec des gestes nerveux, en tira une longue bouffée et fit disparaît son briquet dans une poche de sa robe de chambre. L’odeur forte du tabac et la sensation de la fumée dans ses poumons le calma un peu. Il y avait cru, pourtant. Il s’était laissé aller par la soirée, s’était laissé prendre par les étoiles, la mer et le rire de Zatanna. Il était convaincu qu’elle aussi, et c’était probablement le pire constat auquel il puisse arriver.

Sa peau. Ses longs cheveux. Ses baisers légers, salés. Le contact des draps au rythme battant de la nuit, le regard lointain et argentin de la nuit. Leurs parfums mêlés, leurs soupirs.
Nouvelle bouffée de tabac, plus brutale que les précédentes pour essayer de noyer ses souvenirs. Il n'en tira qu'une toux sèche due à un nuage inspiré de travers.

Ils entretenaient cette flamme d’amour depuis longtemps, de l’incendie à la quasi extinction. Pourtant plus Constantine avançait, plus il lui semblait que leur feu était mort depuis longtemps et qu’ils se complaisaient dans un gigantesque cendrier.
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Re: Where's my love? | Ft. John Mer 12 Aoû 2020 - 23:46


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Ce réveil était semblable au précédent de bien des manières. Comme avant, elle mit du temps à réaliser où elle se trouvait. Comme avant, elle s'en rendit compte en flairant l'odeur de tabac sur les draps. Comme avant, elle avait peur d'ouvrir les yeux. Elle était seule dans ce lit, seule ici, c'était quelque chose qu'elle n'avait pas de mal à comprendre. C'était souvent le cas après une nuit avec Constantine, mais c'était différent cette fois. La tête bien ancrée au milieu de l'oreiller, elle se demandait si le mauvais pressentiment qu'elle avait était simplement un relent de ses mois de détention ou quelque chose de réel, quelque chose de palpable qu'elle pouvait presque sentir en tendant les doigts, ici même dans cette pièce. Zee soupira, longtemps. Elle aurait dû le savoir que c'était une mauvaise idée. Elle aurait dû partir quand elle s'était réveillée la première fois. Mais c'était simple, si simple de retrouver les bras d'un amour passé, traîné dans la boue et malgré tout désiré. Si simple.

En traînant sa carcasse hors du lit, elle sentit le froid l'enserrer, ses griffes se planter dans sa chair déjà meurtrie. Ce n'était pas les relents de son emprisonnement. Elle en avait la certitude désormais. Ça puait la culpabilité, elle détestait ça. Inconsciemment, elle savait ce que ça signifiait. Elle eut un instant l'envie immature de se cacher sous les draps et de profiter encore un peu, encore quelques instants de la chaleur de leur nuit. Au lieu de ça, elle se leva et enfila une chemise qui traînait dans le coin, qui ne sentait pas trop les regrets et les rancœurs mais encore un peu le sel et la poussière d'étoiles. Elle s'en enveloppa en se disant que peut-être, elle parviendrait à l'amener jusqu'à lui.

Grossière et méprisable erreur.

Il n'était pas là, pas dans la cuisine, ou du moins elle ne le voyait pas. Zee remarqua le début de petit-déjeuner abandonné, elle soupira. Même la lumière qui lui parvenait avait un goût de désolé, un goût de déjà-fait, un goût d'au revoir précipité. L'italienne observa la scène la mort dans l'âme, en sachant très bien ce qu'elle avait à faire. Elle n'en avait aucune envie. Aucune. Elle savait très bien que la chute était toujours violente et le sol sur lequel elle ne manquerait pas de s'écraser d'une dureté folle. Souvent, elle arrivait même à se demander si ça en valait vraiment la peine. Toute cette déception pour un moment d'insouciance, pour retrouver son odeur et le contact de sa peau. Un pas de plus et il était là, au bord de la fenêtre. La tronche qu'il tirait ne la rassura pas, bien au contraire.

- C'était si nul que ça ?

Elle se permit l'humour, parce qu'elle savait très bien qu'après ça, elle n'aurait plus envie de rire de quoi que ce soit. Encore moins avec lui, encore moins de ce qu'ils avaient fait. La magicienne laissa son dos reposer contre le mur non loin de lui, observant son profil avec sévérité. Elle croisa les bras, les traits tirés de l'anglais ne lui laissaient présager rien de bon. Elle connaissait ce regard fuyant, elle connaissait cette culpabilité dévorante par cœur. Il lui semblait qu'elle était l'essence même de leur relation, lui pour tout ce qu'il avait bien pu faire, elle pour continuer à l'aimer malgré tout.

- Qu'est-ce que tu as fait, encore ?

La question était volontairement dure, volontairement cruelle, rappelant les erreurs déjà commises parce qu'elle sentait jusque dans ses os qu'elle allait souffrir de ses nouvelles erreurs. Alors elle commençait déjà à lui faire payer, avant même de savoir, avant même de vouloir détruire cette maison et son occupant en un vulgaire tas de cendres, ce à quoi ressemblait définitivement le lien qui les unissait.
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Inventaire : Un paquet de cigarette, un briquet, un trousseau de clef, de la poudre aux yeux, un couteau suisse et de multiples craies.

Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
Shadowpact
Re: Where's my love? | Ft. John Mar 18 Aoû 2020 - 19:24




- Tu sais très bien que c’était tout le contraire.

John souriait. Et avec ce sourire, il en disait plus qu’avec tous les mots qui lui venaient à l’esprit : c’était une lueur d’amusement mêlé d’envie, une étincelle qui menaçait de devenir brasier. Son ton évoquait la nuit passée, les draps chauds qui collent un peu à la peau, les caresses qui l'effleurent et les mots murmurés ou gémit au creux de l'obscurité. Dans ses yeux bleus, on voyait presque l’envie de recommencer, ici et maintenant, sur la table de la cuisine si il fallait.

- J’espère, du moins.

Il n’y avait pas de doute dans sa voix, bien au contraire. Il avait une idée assez précise de comment la nuit s’était passée, pour elle comme pour lui. Il ne s’en vantait pas, ne paraissait pas particulièrement fier de lui ou outrageusement lourd. Mais son sourire un peu froid tout juste esquissé sur ses lèvres était une savante dose de charme servie dès le matin. Il passa une jambe à l’intérieur de la pièce, à califourchon sur le rebord de la fenêtre et appuya son dos contre le chambranle de l’ouverture.

Il avait entendu Zee se lever, et l’avait sentie arriver avant qu’elle ne parle – ce qui lui avait laissé le temps de monter une façade à peu près crédible. Son visage s’était calmé en clin d’oeil, sa posture s’était détendue, sa cigarette s’était consumée moins vite. Ses gestes étaient posés, son visage tranquille : pourtant, intérieurement, il faisait tout ce qu’il pouvait pour enterrer les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête depuis qu’il s’était levé. C’était des problèmes pour plus tard. Il ne pouvait pas – ne devait pas – y accorder d’attention pour l’instant. Il fallait faire diversion. Détourner le problème. Il fit un geste avec sa cigarette vers la table de la cuisine.

- J’ai commencé le petit-déj’ sans toi. Le temps que mon gentleman intérieur se réveille, je me suis dit que j’allais t’attendre.

Il leva le bâton de tabac rougeoyant.

- Je me suis rabattu sur ce que je fais de mieux le temps que tu te lève, princesse, ajouta-t-il, légèrement moqueur.

Il prit une bouffée de tabac puis écrasa son mégot sur le rebord de bois. Il sauta au sol, mais laissa la fenêtre ouverte. Le magicien traversa la pièce, attrapa une tasse propre dans un placard, la bouilloire cuivrée encore chaude qui traînait sur la gazinière et posa le tout sur la table.

- Si tu préfères autre chose j’ai de quoi faire du café. Bien dormi ?

Il poussa une petite assiette de tartines grillées dans sa direction, suivi du pot de confiture et d’une petite cuillère, avant de retourner au comptoir de la cuisine. Le magicien s’affairait l’air de rien, préparant des toasts, considérant sérieusement l’idée de faire des œufs au plat. A un moment, il se tourna vers Zee avec un air interrogateur, deux œufs blancs dans la main droite tendus vers elle.

Il s’impressionnait tout seul. Les mots sortaient de sa bouche sans qu’il n’y pense réellement, ses gestes lui semblaient naturels. Même son occasionnel rire, un peu sec, ne semblait joué pour rien au monde. John avait l’impression d’être un spectateur de sa propre tête : il agissait pas automatisme sans trop réfléchir. Le mensonge lui était venu spontanément, naturellement, et étouffait avec une précision chirurgicale doute et angoisse. Il ne se débarrassait pas de sa peur, de son dégoût et de sa honte : c’étaient seulement des sensations distantes, émoussées, floues. Elles reviendraient sûrement quand il serait seul, mais pour l’instant il ne l’était pas.

La vaisselle tintait doucement contre le plateau de la table, et l’odeur du pain grillé et du thé flottait dans l’air. Sans vraiment s’arrêter, il prit un croc dans sa tartine qu’il fit descendre avec deux gorgée de thé. John ouvrit un placard en hauteur et se mit à en farfouiller les étagères à la recherche de fruits potentiellement frais.

- Tu peux aussi prendre une douche avant de manger. Je t’y rejoindrais peut-être, si j’ai le droit.

Du fin fond d’une corbeille abandonnée dans un placard, il tira deux pêches plates qui avaient miraculeusement survécu à un séjour dans sa cuisine. Il les posa triomphalement devant Zee, à côté d’un couteau pour les éplucher.

Tout irait bien. Tout allait bien. Il ne devait penser à rien d’autres et peut-être (peut-être) parviendrait-il à convaincre la magicienne de son cœur que tout allait vraiment bien. Il n’y croyait pas trop, mais il était connu pour ses miracles.
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Re: Where's my love? | Ft. John Lun 24 Aoû 2020 - 4:41


Where's my love?
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I got a fear, oh in my blood. She was carried up into the clouds, high above. If you're there I bleed the same. If you're scared I'm on my way. Did you run away? Did you run away? I don't need to know. If you ran away, if you ran away, come back home. Just come home

Ce sourire là, elle l'aurait volontiers effacé s'il ne lui plaisait pas autant. Zee l'observa un instant après qu'il ait répondu, qu'il lui ai menti ou du moins elle en avait l'impression. Elle observa son profil, il n'était plus le même que celui qu'elle avait entraperçu il y a quelques secondes. Le profil grave, le profil tourmenté, le profil qu'elle n'aimait pas. Celui-ci non plus, elle ne l'aimait pas beaucoup. Elle avait toujours la même impression, la même sensation terrible qui lui collait à la peau. Mais les souvenirs de leur nuit qu'il lui remettait sous le nez réussirent à lui arracher un sourire complice alors qu'elle acquiesça lentement.

- Tu fais bien d'espérer.

Et elle, est-ce qu'elle avait raison de le faire ? De continuer à y croire quand tout, absolument tout lui hurlait de fuir, de s'éloigner au plus vite. Est-ce qu'elle avait raison de continuer à espérer que tout ça ne soit que le fruit de son imagination, qu'elle avait simplement encore peur d'y retourner, là-bas. Que rien, rien n'avait changé. La lueur qu'elle nota dans les yeux du britannique fit naître un frisson de la base de sa colonne vertébrale jusqu'à sa nuque, elle était fortement tentée d'oublier ses doutes pour céder à ça. À ce frisson, indescriptible.

- Hum.

Et pourtant, elle avait la ferme conviction que les ombres au tableau n'étaient pas liées à un petit déjeuner pris en avance. Elle avait l'impression d'être au théâtre et d'observer de loin la représentation de ce qui semblait être un très joli mensonge. Elle resta volontairement silencieuse alors que John s'agitait pour lui expliquer la situation, lui proposer du thé, des œufs, des fruits, du café. Elle avait l'impression d'évoluer dans le brouillard, le même qui l'entourait pendant sa captivité. Elle ne le voyait pas vraiment, restait songeuse, indécise. Zee croisa les bras et les frictionna légèrement, comme pour se réchauffer ou se donner du courage.

- John.


Elle finit par lever les yeux vers lui, toujours près de la fenêtre, toujours à distance, toujours indécise. Et puis elle le regarda vraiment. Elle plongea ses yeux dans les siens, plus foncés. Elle essaya de comprendre, de se rassurer. Elle se remémora leurs derniers moments, ses doigts sur sa peau et les siens dans ses cheveux. Elle ne pouvait rien faire, si ce n'est être honnête.

- J'ai un mauvais pressentiment.


C'était un fait. Elle ne disait pas ça pour être rassurée, cajolée, quand bien même la chaleur de son magicien lui manquait. C'était un fait, enveloppé dans l'honnêteté qui la caractérisait toujours. Elle s'avança finalement vers lui, les mains toujours croisées sur elle, protectrices.

- Je veux juste que tu saches que...


Elle s'approcha encore un peu, finit devant lui et reprit une posture plus naturelle. Elle passa seulement ses mains de chaque côtés de son visage, son pouce caressant distraitement sa joue.

- Que tu peux tout me dire. Vraiment.


Que je te pardonnerai toujours, elle aurait pu rajouter. Parce qu'elle avait déjà pardonné le pire à ses yeux. La mort de son père dont le magicien était en partie responsable serait à jamais une blessure qui ne pouvait cicatriser, mais elle lui avait pardonné. Elle ne lui en voulait plus, plus à lui. Elle relâcha sa prise, et s'intéressa à la table dressée derrière elle, toujours anxieuse mais soulagée à l'idée d'avoir été franche avec lui, de ne pas lui avoir caché son ressenti. Elle attrapa une des pêches miraculées et mordit dedans en prenant appui sur le rebord de la table, toujours face à Constantine.

- Et si je me fais des idées, alors la douche me parait être une merveilleuse option.

La brune haussa les sourcils une fois en souriant, définitivement joueuse. Elle voulait y croire, à ces quelques jours de paix. Une partie d'elle souhaitait simplement l'entendre rire aux éclats en écoutant ses soupçons, lui dire qu'il n'y avait rien, rien qu'eux pour une fois. Elle voulait y croire, oui. Et se devait d'être honnête.
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John Constantine
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Re: Where's my love? | Ft. John Mar 15 Sep 2020 - 17:33




John marqua un temps d’arrêt. Il l’écouta parler sans un mot, attentif. Lorsque les mains de la jeune femme touchèrent son visage, quelque part très loin son cœur se fendilla sur toute sa longueur d’un coup sec. Son visage n'en montra pas la moindre trace : un léger sourire fleuri sur ses lèvres et son regard s’adoucit. Il ne semblait ni rieur, ni triste. Seulement touché.

- Zee.

Il la dévisagea encore un court instant avec ce même sourire, cette bouffée d’affection pure qui se lisait sur son visage comme dans sa gestuelle toute entière. La lumière de Toscane, éclairant la pièce de ses rayons, lui donnait un air plus détendu et plus heureux qu’il n’aurait pu espérer, le baignant d'une auréole dorée. Le Britannique fit deux pas, et avec une douceur infinie déposa un baiser sur le front de la magicienne. Les mains posées sur ses épaules, il noua son regard avec le sien. Ses yeux clairs brillaient d’années d’amour, plus ou moins montrées, plus ou moins assumées. C’était un trésor de cristal, finement ciselé par les ans, caché au fond de ses pupilles, qui ne demandait qu’à sortir.

- Je vais bien. Promis.

C’était un mensonge éhonté, bien sûr. Dans l’air de la cuisine, sa voix sonnait douce, tranquille et assurée, drapée d’honnêteté comme rarement. Dans ses oreilles, c’étaient des mots creux, d’une hypocrisie sans limites qui lui brûlaient les lèvres.
Il aurait voulu tout lui dire. S’écrouler, là, maintenant, éclater sa façade pour lui demander pardon, pardon pour tout. Sa culpabilité était un raz-de-marrée cloisonné derrière un mur, un ouragan dans un flacon : si sa digue ou si le verre rompait, John serait submergé. Pourtant, chacun des mensonges qui passaient ses lèvres ne faisaient que renforcer ce qui retenait ses confessions.

C’était plus simple de mentir. C’était toujours plus simple que d’essayer d’ouvrir son cœur.

Il lui semblait que c’était trop tard pour faire marche arrière. Il avait une chance, si infime, de préserver ce moment si parfait, de ne pas le ruiner du tout. Si il parvenait à maintenir sa façade, à mentir correctement, Zatanna ne saurait rien de ce qu'il avait fait - et il finirait probablement par l’oublier aussi. Il ne pouvait tout simplement pas lui faire l'affront de tout lui dire: être honnête aurait été une redescente trop brutale à leur nuit passée et un coup trop violent à tous les deux. Il n’avait pas la force de faire ce que d’autres appelait la bonne chose. Il n'avait pas le courage d'être honnête.

Tout le monde lui disait qu’il valait mieux s’exprimer, que tout était mieux une fois qu’on vidait sa tête : et pourtant, c’était lorsque les gens apprennent les horreurs qu’ils y réagissent, qu’ils s’offusquent ou prennent peur. C’était si simple de simplement cacher ses erreurs, de poser une couverture opaque dessus pour que plus personne n’y voit rien.

Il eut un petit sourire complice, puis lui indiqua une porte dans un coin de la cuisine.

- Tu connais le chemin, pas besoin de te montrer.

John s’attarda encore un peu, l’air de s’assurer que la jeune femme soit correctement rassurée, puis se retourna, récupéra sa tasse de thé et en avala une gorgée avec un clin d’oeil.

***

La Maison des Mystères n’avait jamais été qu’un bâtiment. C’était bien plus – un réseau complexe de bois sinueux, de pièces larges de plusieurs années de larges, de couloirs à 5 angles, d'étoiles perpétuellement en train de mourir, de grottes sculptées, de montagnes perdues dans les nuages, d’histoire sans débuts et de fables sans milieu. Elle prenait racine dans le Rêve, à la lisière de l’entendement humain, poussant à travers les mondes, étendant ses branches où bon lui semblait, touchant des terres arides comme le fond sablonneux d’un océan. John ne vivait, ne comprenait ou ne contrôlait qu’une infime fraction de l’être sans mesure qu’était la Maison. Et elle était consciente. D’une façon que John n’avait jamais entièrement appréhendé, malgré ses essais: la Maison ne parlait pas, n’agissait pas réellement mais il se passait des choses, à l’intérieur de ses halls et de ses chambres, qui semblaient répondre directement d’une volonté discrète et omniprésente.

John avait mis un temps avant de le remarquer, mais il sentait les humeurs de la Maison. Ses avis. La chance qu’elle versait discrètement sur le présent (comme la part de tarte miraculée de son frigo, ou sa cuisine étonnement pas moyenne), s’immisçant très, très discrètement dans son quotidien. Il savait que la Maison l’aimait bien, comme il savait qu’elle avait quelques favoris parmi ses invités: Zatanna en était un excellent exemple. Quelque part, il était convaincu que si la Maison pouvait avoir un crush, la façon dont elle considérait Zee en était probablement ce qui s’en rapprochait le plus.
Et, malgré les incroyables capacités de menteur de John, la Maison n’approuvait pas son raisonnement. Peut-être qu’il aurait effectivement pu camoufler les zones d’ombres et dissimuler la vérité à la magicienne, mais – pour qui pour quoi – la Maison estimait que Zatanna avait traversé suffisamment d’horreur pour avoir le droit à un peu de vérité. Si elle devait chercher du réconfort chez quelqu’un, ça ne devait pas être dans les bras de John. Ce n’était pas de lui dont elle avait besoin – pas cette fois.

Alors, la Maison prit mit une idée dans ses murs.

Cette idée glissa le long d’un courant d’eau claire avant de se jeter du haut d’une cascade au bord d’une planète plate. Elle tomba le long d’un rayon de soleil, descendit du ciel sur le dos d’un éclair. Elle s’insinua dans un gigantesque ravin incrusté d’os noirs, coula le long d’une vallée où un troupeau de centaures se reposaient à l’ombre. Elle se glissa dans un détour du cours d’eau, traversa une citerne métallique à la vitesse d’un battement de cœur et se jeta dans un tuyau. Elle couru, de haut en bas et de bas en haut, derrière une épaisse couche de peinture blanche.
Puis elle se laissa délicatement porter par un jet d’eau chaude, dans une salle de bain propre et occupée.

L’idée coula dans de longs cheveux noirs, dansa avec des bulles de savon, couru le long d’une peau claire. Et, tranquillement, elle se fit une place dans la tête de Zee.

« Il sait. »

Comment aurait-il pu être là à temps, autrement ? Pourquoi son air prévenant, sa douceur dans tout, comme si elle menaçait de se briser au moindre geste brusque ?

« Il sait. »


Cela expliquait sa mine coupable. Ses légères réticences de la soirée, qui transparaissaient maintenant à travers la brume euphorique qui les avait saisi tous les deux.

« Il sait. »

Il avait fait le petit-déjeuner, bon sang. Deux fois. Il n’était pas aussi sarcastique, aussi moqueur que d’ordinaire. Il n’avait pas posé une seule question – peut-être qu’il ne voulait pas la brusquer, mais c’était suspect, tout de même, non ?

« Il sait. Forcément. »

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Re: Where's my love? | Ft. John Ven 9 Oct 2020 - 2:52


Where's my love?
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I got a fear, oh in my blood. She was carried up into the clouds, high above. If you're there I bleed the same. If you're scared I'm on my way. Did you run away? Did you run away? I don't need to know. If you ran away, if you ran away, come back home. Just come home

Il va bien. C'est ce qu'il lui dit, ce qu'il lui assure, ce qu'il lui ment en la regardant droit dans les yeux. Alors Zee, elle le croit. Elle abandonne très vite l'idée de lui tirer les vers du nez parce qu'elle n'en a aucune envie. Parce que la simplicité qu'il lui offre, cette étonnante et douce complicité lui va. Elle ne demande rien de plus, rien de moins. Alors elle le croit et file sous la douche l'esprit serein. Elle fait taire ses craintes, les endort à grands coups sur la tête. Les ombres se sont atténuées depuis qu'elle est ici, celles qui se trouvent dans sa tête. La présence de Faust se fait de plus en plus lointaine, elle lui colle bien moins à la peau, elle n'entend plus sa voix. Zee, elle ne veut plus se battre. Plus pour le moment, plus pour dans longtemps.

Elle soupire quand le premier jet d'eau chaude coule le long de sa peau, c'est définitivement très agréable. Elle pense à toutes sortes de choses un peu bêtes, à la façon dont les bulles se forment entre ses doigts, à la construction si particulière de cette maison tout aussi étrange, aux présences magiques qu'elle ressent et elle ne pense qu'à ça. Qu'à des choses sans importance, des choses presque ridicules. Ça aussi, ça lui fait du bien. Et puis sans trop savoir pourquoi, elle repense à tout ça. À la façon dont il l'a retrouvé, à sa prévenance qu'elle a pris pour de la pitié. À ce matin si particulier où elle a fleuré les affres de la culpabilité. Merde, quelque chose cloche. Merde, comment expliquer que personne ne l'a cherché. Merde, elle s'est fait doublement piégée. Merde, merde, merde.

Elle resta un instant les yeux dans le vague, perdus sur un bout de carrelage alors que l'eau continuait de laver. Si seulement elle avait pu emporter tout ce qu'elle ne voulait pas. Tout ce qu'elle ressentait à ce moment là, ce mélange de tristesse, de colère, de haine et de culpabilité. Ce "de toute façon, tu aurais dû y être préparée" qui se cachait là, vraiment pas loin. Alors Zee fondit en larmes, pauvrement, piteusement. Elle se laissa aller ici parce qu'elle ne le pourrait plus une fois sortie, parce que ça ne se verrait plus une fois sortie, parce que c'était maintenant ou jamais. Quand elle coupe l'eau, c'est fini. Elle s'enveloppe dans une serviette et rejoint la chambre sans un mot, sans même lui adresser un regard. Elle ramasse sa robe, s'en habille, essore sa crinière et elle envisage sérieusement de partir comme ça. De quitter cette foutue maison sans un cri, sans un mot, sans une assiette brisée. Au fond, elle se dit que ça lui ferait encore plus mal. Mais ce n'est pas elle, ça ne lui ressemble pas. Alors elle se plante devant ce putain de John Enfoiré Constantine et elle le regarde, longtemps. Trop.

- Tu savais.

Bien sûr qu'il savait et bien sûr qu'il n'est pas venu. Elle peut comprendre pourquoi, au fond. Mais le fait est que Zatanna ne pense pas aussi froidement, qu'elle ferait tomber montagnes et cités, enverrait tout valser pour sauver ceux qui ont de la valeur à ses yeux. Alors elle en conclut qu'elle n'en a pas pour John.

- Tu savais et t'as rien fait. T'as pas bougé un putain de petit doigt.

Ses poings sont serrés, sa voix n'est plus maitrisée. Une assiette posée sur le plan de travaille tremble légèrement, Zatanna ne s'en aperçoit même pas. C'est pourtant la preuve irréfutable que la magie continue d'émaner d'elle à grande échelle.

- Ne m'adresse plus la parole. Jamais. Si c'est possible, évite de penser à moi.

Elle s'active, rassemble les quelques affaires qu'elle avait sur elle en arrivant ici et fait de son mieux pour se souvenir du chemin qu'ils avaient emprunté avant leur promenade, pour sortir de la maison. C'est peut-être ce souvenir en particulier qui lui fait monter la moutarde au nez, qui la pousse à se retourner une dernière fois vers lui.

- Tu sais, le pire dans tout ça c'est que moi, je n'aurais pas hésité. Peu importe les circonstances, je serais venue te chercher.


C'est avec le cœur un peu écorché, qui saigne à chaque battement qu'elle le fixe avec une colère qui vient surtout du fait qu'elle se sent profondément trahie. Elle ne lui tient pas rigueur de leur soirée, de leur nuit, mais de lui avoir menti. Elle abomine les mensonges et John Constantine ne semble être que ça.

- Alors maintenant va bien proprement, soigneusement, te faire foutre. Constantine.

Et elle claque la porte.
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Re: Where's my love? | Ft. John

Where's my love? | Ft. John
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