Dancing bad (Kara)

Elle a dit oui !
…
Non, pas oui de cette manière… Karen met plus les formes. Disons plutôt qu’elle a accepté de refaire une sortie : un autre restaurant avec un cinéma cette fois-ci ? Elle ne lui a pas précisé si elle souhaitait avoir d’autres personnes pour participer… Et disons que c'est un détail qui est resté un moment collé dans le crâne de Ted, comme un mollusque sur son rocher… Et j’en ai pas mal des mollusques…
Mais qu’est-ce que... Il secoue la tête. Hallucinant... Comment il fait pour dériver à ce point ? Il faut dire que ce qu'il est en train de faire n'est pas très passionnant... Mais là...
Café. Il manque de café, c’est ça ! Exactement… A force d’avoir le nez dans les papiers, il devient fou… Fou de fatigue… Est-ce que ça se dit ?

Ted est préoccupé aussi… Par plein de choses en même temps. Il pense trop et il finit par dériver ... Son travail mais aussi les à côtés dans sa vie héroïque. Blue Beetle va-t-il vraiment intégrer les Outsiders… ? Oliver Queen a su trouver les mots et … Ted s’est convaincu lui-même qu’il peut apporter bien plus que de la logistique à l’équipe. Cependant, après coup… Peut-il vraiment le faire ? Pourquoi il propose toujours des choses avant d'y réfléchir ? ...

Alors qu’il regarde le café couler dans sa tasse, il lâche un long soupire. C’est quand même bizarre que peu de temps après qu’il est discuté avec Oliver, le jeune Joey Wilson lui envoie un mot… Il sait très bien qui est son père. Oh ça oui... Alors lorsque le fils est venu lui demander un service qui concerne la réparation d’une armure qui est… très particulière, cela laisse des soupçons et met le doute… La crainte même. En étudiant sa composition et tout particulièrement le système “Mère” de l'armure, il a compris pas mal de chose et surtout ce qu’il peut “potentiellement” en faire. Mais cela reste encore de la théorie…
Ce qui est théorie et idée est réalisable, non ?

Il est long à couler ce café…
Ted n’est pas patient aujourd'hui. Il a dû mal à se concentrer sur son boulot, alors qu'il pense aussi à... au message de Karen qui n’arrive pas…
Il lui a envoyé un mot, lui disant qu’il est revenu, qu’il va bien, que ce qu’il a vécu avec les autres à travers le Temps, l’Espace et le désordre qui est né et qu’ils ont remis en place était FOU. Vraiment fou ! Ted a précisé derrière qu’il a hâte de pouvoir la revoir et lui en parler.

“Pourquoi pas aujourd’hui, si tu as un peu de temps ?”
…
…
Elle est sans doute occupée.
…
Ted saisit son café et profite de l’odeur, à défaut de pouvoir le boire tout de suite.
*Biip bip bip Biip bip*
… A défaut de pouvoir le boire, tout court…
« Ivy Town est une ville sans problèmes… »
*Biip bip bip*
« Presque… sans problèmes… »
*Biip bip bip Biiip *

Nouveau message à Kara : “Cambriolage au centre d'Ivy… Je ne serais pas long.”
Ted Kord pose son café et prévient sa secrétaire qu’il s’absente. C’est vraiment pas le jour pour le titiller… Son idée, ce n'est pas livrer bataille au milieu des rues. Il manque plus que ça tient ... qu'il se mette à discuter avec Karen, tranquillement, pendant qu'ils tapent sur des malfrats...
Hmm... Ceci dit...
Bon ! … On arrête d'imaginer des trucs, le crime n’attend pas ! Allons lui botter les fesses !

Quel entrain ! Grande motivation ! Belle allégresse !
En vrai, il est très content de pouvoir mettre le nez dehors. Par contre il est beaucoup moins joyeux en voyant le bazar qu’ils ont mis … C’est un peu la panique et les mecs sont suffisamment bien organisés pour échapper aux forces de l’ordre. C’est le moment d’agir !
Le Bug survole le périmètre et poursuit les braqueurs de banque. Ces dernières lèvent la tête vers le justicier, qui descend à leur rencontre.

PAF

Ouch, il a dû le sentir passer ce coup de pied…
Le gaillard suivant ne fait pas long feu non plus… Mais les cinq autres qui tombent sur Blue Beetle tous en même temps, c’est déjà plus compliqué à gérer. Cependant, le héros n’a pas dit son dernier mot. Il réussit à se débarrasser de la première vague. Quelques autres s’approchent et ils sortent les couteaux
« Ah ... On a déjà fini de s'amuser ? ... »

Il remarque le reste du groupe de truands s'échapper avec l'argent.
Je donnerais n’importe quoi pour être rapide là…
Pas le temps de rêvasser ! Un droite au premier qui vient alors qu’il a tenté son coup de couteau. Les autres foncent et semblent déterminés à le couper en rondelles... Il prie intérieurement qu'un petit miracle se produit.

J'étais mal.

- On va vraiment avoir un soucis sur le ravitaillement à ce niveau, on a dû couper notre filière d'approvisionnement d'Espagne, commenta Tracy en cherchant dans ses mails les traces d'une récente discussion, sinon il y avait un risque de voir le marché américain se couper.

- Je comprends Tracy, on a d'autres pistes... je n'ai trouvé qu'un prestataire au Mexique et je refuse de travailler avec eux. Pas depuis qu'ils font bosser des enfants, soupirai-je en me passant une main sur le visage. On a quelque chose en Australie ou au Japon ?

- Je vais voir, mais ça risque de se ressentir sur le prix du produit. Au Canada il n'y a rien... Kord Industries pourra nous dépanner un temps, mais va falloir que l'on trouve notre propre filière d'approvisionnement...

Ted... Je regarde mon portable, dessus s'affiche son message. Un simple message. Il est revenu, tout va bien. Et il veut que l'on se voit. Je sens le regard de Tracy qui se fronce. Elle n'est pas en colère, je la sens plutôt inquiète. C'est un peu son boulot d'être inquiète et le mien d'être rassurante et de foncer. Mais je n'en ai pas trop le goût. Je suis travaillée par les articles de journaux que je dévore chaque jour.

Le monde s'effondre. Totalement. Depuis quelques semaines déjà l'Europe est tombée entre les mains d'une dictature tentaculaire, les informations qui nous parviennent sont fragmentaires et... et je n'arrive pas à me décider pour y aller afin de faire l'état des lieux ; le Mexique s'enfonce dans l'ignominie et la pression de Luthor sur notre réalité se fait chaque jour plus pressante. Les médias rapportent les victoires et les retours des justiciers, mais les résultats peinent à se faire sentir. Starrware Industries subit certes ce contre-coup, l'entreprise me permet de sentir la tension qui anime mes collaborateurs et mes employés. Ca va mal.

Personne ne sait quoi faire, comment prendre le problème, alors chacun se retrousse les manches à son niveau et... et advienne que pourra. Mais aucun d'eux ne peut aller plus vite qu'une balle, aucun d'eux ne peut défoncer un mur, vivre dans l'espace ou carboniser d'un regard... Moi je peux mais je me sens impuissante. L'Europe a voté, tragiquement. Le Mexique est toujours dirigé en apparence par un gouvernement fou... Si j'interviens, vaudrais-je plus qu'un Savage ou un Degaton qui prend le pouvoir par la force ? On ne sait pas où se trouve Luthor... Comment le mettre au tapis dans ces conditions ?

Mon pouce passe sur l'écran de mon intelliphone.

"Pourquoi pas aujourd'hui, si tu as un peu de temps." me répète-t-il.

- Karen ? me reprit Tracy, de sa voix de mère de famille soucieuse. On explore la piste Australie/Japon ?

- On fait comme ça, répondis-je un peu distraite. On a rien en Afrique ou en Amérique du Sud ? On doit encore avoir une piste au Brésil je crois. Je regarderai...

- Tu vas surtout te reposer, lâcha-t-elle brutalement.

Il y eut un silence, le conseil était abrupte, prononcé sans malveillance ni colère, mais fermeté ; le genre de ton que je ne lui connaissais pas vraiment. Je la regardai étonnée.

- Tu fais peur à voir Karen, fais un break, je gère le problème.

Et sans plus un mot, juste un petit sourire qui adoucissait l'ordre qu'elle venait de me donner, elle sortit avec le dossier sous le bras. Cette femme était une perle.

Mon téléphone vibre.

"Cambriolage au centre d'Ivy. Je ne serais pas long."

Moi non plus.


Ma cape rouge joue dans le vent comme si elle n'avait pas senti sa caresse depuis des années. Je traverse un nuage cotonneux, sentant la fraicheur de son eau recouvrir mon visage. J'adore cette sensation, cette brumisation toute naturelle qui vient chasser les pensées noires et nettoyer la mélancolie. J'en ressors, un sourire radieux aux lèvres. En décollant j'avais laissé mes problèmes au sol.

Le monde défilant sous moi comme un kaléidoscope de formes et de couleurs me soulage de ses problèmes. L'air siffle doucement à mes oreilles. Je sens mon costume se plaquer contre mon corps et m'épouser complètement en une caresse unanime. J'accélère, poing en avant, grisée par cette sensation.

Soudain, Ivy Town. Je décélère, distingue nettement le "Scarabée Magique" de Ted vers le centre-ville. Ma vision et mon ouïe précèdent ma présence. Ted, entouré de cinq criminels armés. Il en envoie un au tapis d'une belle droite que Grant aurait commenté d'un hochement de tête approbateur.

Hélas, ses quatre autres adversaires se sentent pousser des ailes. Le "petit miracle" venait d'arriver.

Le premier voit soudainement une forme rouge s'enrouler sur son visage et son torse. Ses pieds quittent le sol alors que le tissu se tend. Il tournoie comme un boulet au bout de sa chaîne et vient percuter avec puissance l'un de ses "collègues". Le troisième comprend à peine ce qui se passe que mon avant bras s'abat directement sur son plexus-solaire. Il ne reprendra son souffle que dans deux minutes - ce qui était une éternité quant vous étiez au sol à gigoter comme une carpe pour essayer d'avoir un peu d'air.

Le quatrième plongea son couteau vers Blue Beetle.

Ma main s'interpose. La lame se fend et vole en éclat devant les yeux médusés du voleur qui blêmit. Je me tourne vers Ted pour voir s'il va bien. Prise dans l'excitation de l'action, je lui envois un clin d'œil. Le voleur s'apprête à s'enfuir mais ma gifle est plus rapide que lui. Il fait une jolie toupie et embrasse le sol après son troisième tour.

J'expire brièvement dans la satisfaction du devoir accompli.

Ted semble aller bien.

- J'ai un peu de temps, lui lançai-je en réponse à son SMS.

Puis j'en vins à le prendre dans mes bras, soulagée de le savoir vivant, heureuse qu'il soit revenu entier de son périple. Le sentir respirer, là tout de suite, repoussait toute mon appréhension.

- Mais j'aurais préféré que tu passes en personne, lui reprochai-je doucement, sans être réellement fâchée.

Il restait des bandits à rattraper, mais, au milieu des cinq comateux dont un qui gémissait, je n'avais pas envie de brader ce moment.

J'étais bien.

Tu as pris trop tes aises, mon p’tit Beetle.
Y a pas pire idée que de se jeter dans la mêlée comme un guerrier qui a soif de combat… Mais il est si content de pouvoir écraser son poing contre un visage de voleur. Cela offre de belles perspectives à la justice, qui oscille cruellement ces jours-ci… Tremblante et apeurée face aux monstruosités qui sévissent partout dans le monde et même… au delà de toutes les pensées possibles. Le Multivers, sans rire ? Il a beaucoup de mal à le croire…

Il a prié au miracle. Quelque part, c’est con parce qu’il n’y croit pas. S’il est dans le pétrin, c’est entièrement de sa faute et il sait que les miracles arrivent rarement à …
…
Il n’a rien dit. Les miracles existent.
Celui-ci a un visage souriant, des cheveux blonds, un regard amical, une longue cape rouge. Pas de symbole mais elle n’en a pas besoin, elle est déjà un symbole à elle toute seule. Power Girl ! « Kara ! »
Qu’est-ce qu’il se disait déjà ? Ah oui ! Les miracles c’est bien, surtout lorsqu’ils arrivent pile au moment le plus critique. Ted regarde la démonstration de force de Karen et il grimace aux coups qu’elle met à ces … pauvres bonhommes. Il a mal pour eux. L’avant dernier est encore en train de se tortiller, tandis que le quatrième se prend une baffe qui a dû lui donner les étoiles plein les yeux. En tout cas, du côté de Blue Beetle, ce sont plutôt des étoiles d’admirations et il… Il est vraiment heureux de la revoir !

Depuis son retour, Ted a senti un poids. Chaque heure dans une journée, où il n’a pas pu reprendre contact, fût comme une déchirure toujours plus grande. Son retour dans ce monde, qui n’a pas connu une fin atroce ouf, a été troublé par bien d’autres événements … Tout s’est enchaîné vite. L’attaque sur Londres des Deathbringer. La montée au pouvoir de Degaton. La disparition de Rip Hunter…
Mais maintenant, ça va. Tout va bien. Il se sent vraiment… mieux. Et… C’est étrange de se dire qu’il a bien cru qu’il ne pourrait jamais retrouver ces bras qui le serrent, cette présence rassurante et emprunt d’une certaine douceur à son égard. Il a eu … très peur… Celui de ne jamais revenir. Il profite de cet instant et il percute seulement après qu’elle l’est lâché combien elle lui a manqué.
…
Blue Beetle sourit face au petit reproche et finit par grimacer, un toc d’excuse. « J’aurais dû… »
Il se détend un peu. L’adrénaline n’est pas redescendu, le boulot n’est pas terminé. Mais il se sent déjà beaucoup plus en sécurité avec Kara à ses côtés.
« J’ai essayé, mais tout le monde a choisi ce moment précis pour venir nous casser les pieds... »

Il fixe les voleurs qui prennent la fuite. Ils ont largement le temps… En vérité, peu importe la distance qu’ils mettent, Power Girl ne va pas se fatiguer en les rattrapant. Et Ted sera juste derrière, avec un bon temps de retard. Ce dernier vient gratter sa joue, d’un air un peu absent, avant de lancer vers Kara un regard complice.
« On les laisse croire qu’ils vont s’en tirer ? »
Il rit doucement et reprend, comme s’ils sont tous les deux en pleine balade.
« Je suis revenu, avec tout le monde. C’était assez dingue et je ne sais pas trop par quoi commencer… Tout était spectaculaire et par moment j’ai même cru que mes yeux me trompaient … Après qu'on est retrouvé Booster - Il va bien ! - On a atterri dans un endroit arrêté dans le Temps, une New York futuriste qui a subi l’absence de l’homme… La nature avait repris ses droits. Et… Et après c’était cataclysmique. Tout est partie en vrille ! »

Ted semble réfléchir, tenter de se remémorer les détails. Il faut dire qu’à ce moment-là, il était à moitié conscient…
« La personne qui a manigancé tout ce plan faramineux se nomme Epoch. Il prétendait être le Seigneur du Temps ... » Peut-être que Kara a déjà entendu parlé de lui… Il n’ose pas imaginer ce qui arriverait si Epoch collabore un jour avec Degaton, Chronos ou un de ces voyages temporels effrayants… « Il a fait tout ce plan pour nous amener dans ce Timepoint, pour déchirer la structure du Temps et s’emparer de son Essence. J’ai bien cru qu’on allait y passer… Tu avais des failles qui s’ouvraient, le ciel qui se confondait avec la terre, tout commençait à disparaître … Un cauchemar. On a croisé le chemin de Dan… Dan Garrett. »

Elle le connaît, peut-être pas en personne… Il a fait partie de la JSA mais de ce qu’il a cru comprendre pas très longtemps… Il est parti trop tôt.
« Il nous a aidé. Puisque le Temps était fracassé, il avait des souvenirs de moi alors qu’il ne m’avait pas encore rencontré. C’était assez… étrange. »

Ted baisse un peu le regard. Il peine à se défaire du pincement au coeur en se souvenant des adieux qu’ils ont dû se faire… à nouveau.
« Après, lorsque nous avons anéanti les plans d’Epoch… Nous avons pu me “remplacer”, combler le trou dans le temps qu’il a causé en m’y arrachant. Un autre moi est mort à ma place... »

Le terme exact c’est : Nous avons sacrifié un clone qui me ressemble pour que je puisse vivre… Mais ça aussi il a encore dû mal à l’encaisser, tellement il… se sent… C’était une situation bizarre…
« Tout va bien... » Ted finit par secouer la tête, chassant ses songes. « Après la vie a repris son cours ! A chaque fois que j’essayais de t’envoyer un message ou de passer te voir, c’était le passage d’une fin du monde ou la menace d’un fou à lier ... »
Il rit un peu nerveusement… Quelque part, on sent qu’il n’a pas vraiment pu se poser depuis son retour…
« Londres, tu es au courant ? L’attaque des Deathbringers, une armée d’hommes volants très énervés qui ont voulu kidnapper un grand nombre de civils. On s’est cru dans un film des années 90. » Avec Ralph, ils ont tout de même pris le temps de faire un petit jeu… Quitte à être proche de mourir, autant partir avec un bon souvenir. Mais fort heureusement, la bataille s’est conclue sur leur victoire ! « Oh et puis… Per Degaton qui s’y met maintenant … Comme si nos sociétés n’avaient pas suffisamment de souci, il faut qu’un fasciste décide de remonter les idées de la Seconde Guerre pour mettre le boxon. » Ted commence à marcher vers les voleurs, qui arrivent bientôt tout au bout de la rue. « Et… Lex Luthor. Comment louper cette espèce de mégalomane qui adore avoir un public large ? Voir sa sale tête sur mes écrans de surveillance a failli me donner la gerbe... » Blue Beetle rit à nouveau et finit par sourire vers elle. Malgré les situations, tous aussi dramatiques que troublants, il ne peut pas s’empêcher de se dire que… que ça ira… « J’ai hâte de voir s’il fera longtemps le malin devant les Héros de cette Terre... » … Parce qu’il a foi. En eux. la JLA, la JSA, All-Star et Outsiders…

Tiens d’ailleurs, en parlant d’eux… « T’es au courant pour les autres, d’ailleurs ? J’veux dire… Les All-Star ? C’est… C’est assez énorme ce qu’ils préparent pour s’opposer au … “Chancelier” » Punaise, comment ça vous arrache la langue de prononcer ce “nom” lorsqu’on sait qui le porte. « Green Arrow m’a contacté... »

Ted lui fait signe de le suivre. Parce qu’il va commencer à courir. C’est qu’ils ont pris une sacrée avance et ils ont même accéléré. Quelle mouche est venue les piquer pendant qu’ils causent ?!
« Il m’a demandé de l’aide. Un soutien logistique principalement… Je crois qu’il n’osait pas m’en demander plus et … J’ai voulu donner … plus. Je… J’ai dit que je l’aiderais même pour des missions. »

Elle va comprendre où il veut en venir. Blue Beetle est un ancien membre de la Justice League International. Il en a vue des pays, des vilains à ne plus être capable de les dénombrer. Alors, oui, il a une boule au ventre à l’idée de refaire des missions, de partir en Europe en terrain ennemi. Il a été blessé, un nombre incalculable de fois, durant sa carrière. Il a même été plongé dans le coma… deux fois ! A ce moment-là, l’esprit du héros n’est pas parti… Mais… Depuis il s’est fait tuer par Maxwell Lord. Personne ne lui en aurait voulu de raccrocher définitivement…
Mais le crime ne se repose jamais.
Et il aurait eu l’impression de les abandonner en ces temps de crises… Ô combien nombreuses...
« Et toi... Comment ça va ? »

Est-ce qu'elle a pu trouver des indices sur son état, entre toutes ces catastrophes et les futurs problèmes qui leurs arrivent dessus ? ...

Ted choisit finalement de s'expliquer, mais il maîtrisait sa vie aussi bien que tous les justiciers. Notre devoir, nos obligations, nos pouvoirs dirigeaient l'essentiel de nos agendas. Les criminels s'enfuirent. En tout cas, essayèrent, c'est tout de même fou qu'ils insistent. Blue Beetle m'adresse un regard de fieffé garnement.

- Ca leur fera une bonne leçon, affirmai-je en hochant la tête.

Puis, tranquillement, nous remontâmes la rue comme Théodore ses souvenirs. Il me conta le chaos de son opération de sauvetage, comment il parvint à récupérer Booster - une bonne nouvelle malgré les plaisanteries que je pouvais lancer à son égard. Je l'écoutai, essayant de mettre des images à ses descriptions rapides. Il parlait comme tout lui revenait. Cela me faisait plaisir de l'entendre me raconter son périple avec tant de spontanéité.

Il me parla d'Epoch. Je fis une moue pour indiquer que le nom ne me disait rien. Pas un ennemi de la J.S.A. ou alors trop récent pour moi. Pas de souvenir dans la JLE non plus. Les projets de fous furieux qui jouaient avec le temps comme dans un bac à sable me donnaient le vertige et mal au crâne. Déchirer l'espace temps ? Pourquoi faire ? Prouver que c'était le sale gosse ultime de la Terre ? Prendre son Essence ? Et en faire quoi ensuite ? Mystère.

Je haussai les sourcils de surprise en entendant le nom de Dan Garett, je l'avais croisé dans la J.S.A. mais peu, c'était l'un des portraits qui ornaient la salle qu'époussetait "Ma" Hunkel en soupirant. Ce souvenir paraissait le toucher personnellement, quant à la résolution de l'affaire, je pouvais sentir que ça le perturbait, c'était moins passionné, moins imagé, plus direct. En bonne pratiquante je savais reconnaitre une fuite dans la conversation.

Il me fallait lui redonner un peu de baume au coeur, nous "poursuivions" des brigands, il ne devait pas se laisser abattre.

- Je ne te crois pas Ted, fis-je en le défiant du regard, ça ne tient pas la route.

Une petite seconde ou deux.

- Tu es irremplaçable.

Un petit clin d'oeil pour le faire sourire et je lui donnai un tape dans le bras le plus proche pour le reconnecter à la réalité. Je n'avais pas plus délicat réconfort en stock.

Ted s'épuise, se fatigue, se laisse emporter par les tourments de sa double-vie. Lui qui devait me tenir informé dès son retour n'avait pas pu tenir parole. Malgré lui, à cause d'une vaillance et d'un courage que certains devraient lui envier. Je ne réponds d'abord rien et continue de l'écouter, regardant de temps à autre les voleurs qui essaient de gérer leur repsiration. Les habitants d'Ivy Town nous observent, un peu surpris, marcher calmement dans cette situation. Certains enfants nous montrent du doigt en souriant.

Puis Londres. L'Europe. Luthor.

- Je n'ai pas pu aider à Londres, mais j'ai vu oui.

Non ma grande, tu étais clouée sous la douche à espérer qu'une voix se taise... T'as tout découvert ensuite.

Quant à Degaton ou Luthor, ils allaient tomber. C'était une certitude. Qui pourrait les laisser là ? Ils tomberaient, j'en étais sûr. Le monde ne les accepterait jamais. L'un parce que d'un autre temps, l'autre parce que devenu trop inhumain...

- Il aura bien quelques phrases clichées en poche, commentai-je. Luthor fait partie de ses vilains qui aiment s'entendre parler. Je rêverais de l'affronter alors qu'il se tape une angine carabinée.

Puis je ris à l'idée. C'était stupide mais rigolo.

Je tournai la tête lorsqu'il parla des All-Star et de la guerre - n'ayons pas peur des mots - qui se préparait. Par contre, là, j'étais au courant. J'avais entendu l'appel d'Atom. Mais je n'avais pas été contactée. D'un autre côté mes rapports avec Green Arrow n'étaient pas forcément au beau fixe. De fil en aiguille les explications de Ted convergent vers un point précis : il allait se lancer dans le conflit comme n'importe quel combattant.

Je le regarde alors avec sérieux, mais nous devons accélérer pour rattraper notre racaille qui se sent pousser des ailes. D'une foulée légère j'accompagne son début de course.

- Je ne savais pas pour Green Arrow, quant aux All-Stars, déclarai-je, je ne suis pas sûre que se soit la place d'une alien...

Que diraient les gouvernements ? Si je participais à une telle opération, à une telle guerre sans un aval solide, n'allais-je pas donner crédit aux thèses de ce promeneur de "D" ambulants ? N'était-ce pas me transformer en une force de frappe que l'Humanité ne devait justement pas voir à l'oeuvre ? Tolérée en justicière/policer/pompier, mais en soldat ? En force de résistance ?

- ... ou d'un scarabée.

Théodore venait de prouver que face à cinq voleurs pris de court il risquait sa peau, alors face à des armées et des fanatiques, que pouvait-il espérer ? Ce n'était pas une critique de ma part, c'était un génie, un inventeur, il avait en son temps mené de grands combats. C'était cependant il y a un certains temps. Sa foulée prouvait qu'il méritait encore de faire un peu d'exercice. Il allait devoir s'entraîner s'il voulait mettre les pieds en Europe.

- De mon côté, sinon, ça va, répondis-je pour ne pas me perdre dans les méandres de mes réflexions stériles.

La foulée ne me fatiguait pas le moins du monde. Peut-être devrais-je aller au devant avec Blue Beetle en super-vitesse ?

- J'ai rencontré Circé et Arès en rêve avec la J.S.A. Puis le Dream est venu nous sauver après que cette sorcière m'ait transformée en colombe. Une rencontre... fascinante. Nous avons aussi dû affronter au passage nos peurs, des serpents géants et... on a sacrifié un souvenir heureux. Hélas, le Dieu de la Guerre est en liberté... Et il a de quoi faire avec l'Europe.

Nos courageux cambrioleurs tournaient à un angle. J'utilisais ma vue à rayon-X pour suivre leurs mouvements.

- Je pense contacter J'onn pour... mon "problème". Sinon, l'entreprise tourne même si la situation du monde reste problématique...

Et c'était sans doute tout. Rien de plus, pas autant d'intervention ou de souvenirs mémorables. Je vivais à un rythme bien différent du sien, un comble lorsque l'on connaissait mes capacités.

- Bon, c'est pas tout ça, mais je pense qu'ils sont bien rincés.

Mes pieds quittèrent le sol alors qu'une petite fille poussait un grand "ohhhh". Je saisis Ted par le dessous des épaules et l'emportai avec moi dans les airs pour un petit "saut". Nous passâmes par dessus un immeuble et pûmes observer les voyous se démener pour aller vers un troquet. Sans doute espéraient-ils prendre des otages.

- Accroche-toi.

Je passai en super-vitesse et atteignis le sol. J'y déposai soigneusement Blue Beetle alors que nos cibles s'arrêtaient maladroitement dans leur course. Ils soufflaient comme des boeufs, certains étaient rouge vif. Deux se percutèrent.

Mes bras se croisèrent sous ma poitrine. L'un d'eux déglutis, sans doute pas à cause de mes biceps.

- A genoux, les mains sur la tête, leur intimai-je.

Des sirènes de police pouvaient maintenant s'entendre au niveau du Bug de Ted. Les forces de l'ordre avaient un léger temps de retard.

Les criminels paraissaient indécis. Je m'avançai à super-vitesse vers l'un d'eux. Pour lui c'était comme si je m'étais téléporté. Il n'était pas bien grand le bougre et paraissait éprouver des difficultés à choisir où son regard devait se poser.

- A. Genoux, insistai-je avec une voix plus dure.

Soudainement, une camionnette déboula à pleine vitesse. Ses portières affichaient de grands dessins d'instrument de musique. Elle fonça directement vers Blue Beetle.

Je tournai la tête pour voir ce qui se passait. Quatre bandits me sautèrent dessus, le dernier plonge sur un trottoir pour échapper à la bagarre.

Ils sont débiles ou quoi ? L'un d'eux prend ma cape et essaie de la mettre devant mes yeux. Mais... vision rayon-X gars.

Le plus téméraire se prend un coup de tête bien mérité. Je sens et entends son nez éclater sous l'impact. Le type va pleurer pendant une bonne vingtaine de minutes. Le deuxième, paniqué, essaie de me ceinturer. Il force, mais je ne bouge pas d'un iota.

L'un d'eux me donne un coin de poing. J'entends ses phalanges se transformer en puzzle pour chirurgien narcoleptique. Il se laisse tomber au sol sous la douleur. Le troisième allait faire de même mais s'arrête dans son élan. Il parait hésiter et reste comme un idiot dans mon allonge. Deux de ses dents volent en même temps que lui alors que mon poing termine sa course.

Je baisse ensuite lentement la tête vers celui qui me tient toujours par la taille, le regard qui disait clairement "tu as fait une grosse bêtise". Il lève brièvement un faciès larmoyant vers moi et je sens ses bras trembler.

Ma main l'attrape par le dos et le soulève. Il pousse un petit cri et des "pitiépitiépitiépitiépitiépitiépitiépitié" alors que je le porte jusqu'à mes yeux.

- On t'a jamais dit de respecter les distances sociales ? lui demandai-je, un peu cruelle.

J'arme mon bras libre. Le type ferme les yeux. Il ne les rouvrira que sept heures plus tard, menotté à un lit d'hôpital.

Je me tourne alors pour voir si Ted s'en sort bien de son côté.

Le nom d'Epoch ne semble pas lui parler… C’est assez troublant… Ted espère avoir quelques informations, peut-être qu’en fouillant dans les archives de la JSA ou de Batman, il en apprendra plus. Peut-être voir Scott, qui le connaissait, semble-t-il… Blue Beetle préfère se préparer au pire. Toujours. Parce qu’un bonhomme comme ça, capable d’arriver de n’importe où, n’importe quand, avec pareilles capacités à engendrer des engins technologiquement trop avancés même pour lui… On est jamais assez prudent. Il a été capable d’être tout proche de s'approprier l’Essence du Temps (pour peu que ça veuille dire quelque chose…), alors revenir sur Terre pour se venger ? C’est totalement dans ses cordes à ce malade.

Dan Garrett est déjà un nom qui lui parle mieux. Les souvenirs que Ted garde de ces instants passés aux côtés de cet homme légendaire sont précieux. Il n’est pas donné à tous les héros de pouvoir revoir leurs mentors ou leurs prédécesseurs qui ont porté le costume et/ou le nom héroïque avant eux. Il sait combien… il a eu de la chance de pouvoir lui parler, même s’il… aurait voulu, sans doute très égoïstement, discuter plus longtemps en sa compagnie. Mais ils sont revenus de cet Enfer temporel et il n’y a pas meilleur cadeau que la seconde chance qu’ils lui ont offerte… « Hu ? » Elle ne le croit pas… ? De ? « Irremplaçable… ? » Une tape sur son bras accompagne ces mots… Il est touché. « Hé… Je… » Des mots, une phrase… Tu peux le faire ! « En faite, tu serais surprise de voir les trucs de dingue que l’on peut faire avec un peu d’ADN et une technologie très avancée, comme celle d’Apokolips... »

Ce doit être sa façon de lui dire merci. On peut être quasi sûr qu’un jour, il va prendre des chemins moins compliqués pour dire des choses simples !

La complicité de Karen le ramène dans la réalité… Au fur et à mesure qu’il a raconté ce qu’il a vécu, elle lui répond et ils ont entamé la course poursuite. Parce qu’il ne faut pas faire croire longtemps à des voleurs qu’ils vont vraiment s’en sortir… C’est trop cruel. Même les gens autour d’eux se sont demandés s’ils ne doivent pas faire quelque chose à leur place…
« Luthor risque de tomber de très haut… Non, il “va” tomber de très haut… Parce que la Justice League l’arrêtera ! »

Il y croit. Dur comme fer. Il imagine mal, déjà, les grands héros de la JSA laisser faire Per Degaton, alors Luthor encore moins … Il connaît bien les héros de la Justice League aussi, que ce soit l’ancienne ou l’actuelle. Tous sont des héros de talents, des bonnes personnes, des symboles qui portent les espoirs du monde. Le retour de certains a fait beaucoup de bien à la communauté héroïque. Les choses bougent et avancent. Les initiatives sont prises et elles sont grandes, prometteuses. L’année sombre qu’ils ont subi va-t-elle enfin prendre fin ?
Ted accompagne le rire de Karen avec un sourire amusé. « Une angine c’est le pire qui puisse lui arriver ? »
Il n’ose pas imaginer dans quel état il va se retrouver… s’ils réussissent à l’arrêter.

Une atmosphère différente s’installe lorsque Ted lui a parlé des All-Star. Il a tourné la tête vers elle… Ils se regardent, avec la même gravité que lorsqu'on commence à parler de ces choses très difficiles. La guerre, une des plaies du monde…
« Tu as autant ta place dans les All-Star que n’importe quels héros, Kara… »
Alien ou pas… Elle a combattu pour ce pays, pour ce monde. Qui l’a adopté. Tout comme Superman.
« Que diraient les membres de la JSA, s’ils entendent tes mots ? »
Aujourd’hui, leur pays est-il encore rempli de préjugés et de règles absurdes ? Il s’agit d’arrêter que le pire arrive… Empêcher Per Degaton de mener sa campagne en Europe. La totale domination de l’Ancien Monde… Ils sont tout aussi concernés, même si cela se passe à l’autre bout de l’océan. Ce sont leurs voisins… Et si un jour ça leur arrive, les héros européens ne feront-ils pas de même pour les aider ?
« Ou d’un scarabée ? » Il répète ces mots… Et ils les repassent en boucle dans son esprit. Il est vrai qu’il n’est pas encore complètement au top des capacités qu’il a eu… à ses débuts. Il ne pense pas pouvoir tous les récupérer… Blue Beetle grimace un léger sourire. « On verra bien ce que je peux apporter ! »

Ted est partagé entre l’admiration et la jalousie, tant Karen semble si à l’aise dans cette course… Il se demande ce que cela peut faire de posséder des capacités au dessus - plutôt vraiment au delà des capacités humaines. « Tu as rencontré… Arès ? » Il a froncé les sourcils au nom de Circé… Il n’a pas souvenir de qui ça peut bien être… Par contre Arès. On parle bien du … dieu ? Le némésis de Wonder Woman ? « Qui ça ? Dream … ? » Dit comme ça, il a l’impression qu’elle lui parle d’une entité qui dépasse l’entendement … « Tu es devenue une colombe ? … » Il essaie de l’imaginer… Une colombe avec une cape rouge… « Ton histoire est aussi folle que la mienne. » C’est assez drôle d’ailleurs… que la Science et la Magie soient capable d’être à la fois si éloignées et si proches dans les explications, les actions et leurs conséquences… Mais l’esprit de l’inventeur n’arrive pas à s’empêcher de carburer pour trouver des explications plus tangibles que : “Silence, c’est magique.”
« Un Dieu de la Guerre ouais… Il sera probablement content, en effet, vue la situation... »
Qu’est-ce qu’ils attendent pour aller chercher Athéna ? Quitte à faire revenir des dieux, autant prendre celle qui incarne une guerrière, plus portée sur la Justice, non ?

Mince, à force de parler, ils perdent de vue les voleurs… Ted accélère la course. Il continue d’écouter Kara et les solutions qui s’offrent à elle. Concernant les voix... « J’Onn … Oui ! Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ! » Le Martian Manhunter possède des capacités hors du commun, basées sur l’esprit et la lecture des pensées… « Il peut sans doute t’aider ! J’espère qu’il n’est pas trop occupé… Il est resté longtemps absent. » Comme… pas mal de grands héros, en fin de compte. Mais depuis les récents événements, la plupart refont surface, certains revenus de leurs périples, d’autres arrivés dont ne sait où, mais qu’est-ce qu’on s’en fiche. Au final, tout ce qui importe, c’est qu’ils soient présents, en bonne forme et prêts à affronter ce qui va leur tomber dessus dans un avenir proche… trop près à son goût… « Haha ! Oui… Ne faisons pas attendre plus longtemps ces canailles ! »
Tout sourire aux lèvres, de celui qui est prêt à l’action, Blue Beetle se…
…
fait transporter par Power Girl. « Ooooh ! » A défaut de réussir à mettre autre chose sur les émotions qui le traversent. Un mélange entre “Hey, je sais marcher !” et “Punaise génial, on vole !”. Dans les deux cas… il se serait senti comme un gosse, s’il s’était exprimé dans ces termes.
Super-vitesse à l’appuie (ça retourne un peu l’estomac mais rien de méchant), l’atterrissage est beaucoup plus doux et attentif que ce qu’il fait lui-même lorsqu’il descend avec la corde du Bug. Nous sommes devant les cambrioleurs qui observent surtout Power Girl. Elle est impressionnante, vrai ! Ils hésitent mais Karen ne leur laisse pas beaucoup de choix en vérité… Ted se retourne en entendant le son grinçant de pneus qui font un dérapage et le véhicule tente de le faucher. Avec agilité, il effectue une pirouette pour se dégager du passage.

Pendant que Kara s’occupe des voleurs, le justicier en bleu déboule face à la portière de cette étrange camionnette. Elle est probablement là pour récupérer les autres gars, mais les symboles sur cette carrosserie ne lui disent rien du tout. Ce qui l’inquiète… Ted est normalement au courant de tout, particulièrement dans sa ville !
Le conducteur essaie de lui mettre brusquement la porte en plein visage. Il rate. Sa seconde action consiste à sortir un flingue. Il n’a pas le temps de s’en servir parce que Blue Beetle lui fait une prise. Attrapant un bras, il fait passer l’homme par dessus ses épaules et l’envoie rouler plus loin sur le sol. Il se rue ensuite sur lui pour le lui attraper de nouveau, l’immobilisant. L’homme gémit et tente vainement de se libérer de la prise.
« J’ai des questions. »
“Rien à foutre !”
« Bien dommage, mais tu vas y répondre ! »
“Manges tes cadavres, l’insecte !”

C’est franchement pas très sympa…
Ted tire sur le bras et appuie son pied dans le dos du gars pour le faire geindre un coup.
« Tu bosses pour qui ? »
“Vas te faire ……”
« Tu es sûr ? »
“M...merde… chier… Il… J’dirais que dalle… ! Sinon, il va nous le faire payer !”
« Qui ça, il ? »

L’homme ne répond pas… Son comportement est différent. Il donne l’impression d’avoir réellement… peur ? Quel genre de vilain a pu débarquer ici et provoquer autant le boxon, effrayant ses collaborateurs ? Ted est parti pour lui demander le nom de cette personne mais quelque chose l’arrête…
Un son.
Il entend quelque chose d’étrange… Quelque chose qui arrive à passer par dessus les sirènes de polices et même par dessus les coups de poings de Power Girl… Et en entendant ce son là, Blue Beetle ne se rend même pas compte… qu’il a lâché le cambrioleur.

Ce que j'apprécie chez Ted, c'est qu'il n'est pas câblé comme les autres. Il arrive toujours à me surprendre. Discuter avec lui ne fait jamais tomber dans la routine ou l'ennui. Le suivre n'est pas toujours aisé, mais c'est ce qui fait aussi le seul de la communication. Alors que je lui adresse un compliment à ma façon, il répond par des considérations scientifiques qui paraissent totalement hors de propos. La technologie d'Apokolips, de l'ADN ? Je n'osais imaginer le résultat, encore moins entre ses mains.

- Tu t'es fait un Ted-Darkseid pour punir Epoch ? J'imagine le mélange, continuai-je en souriant.

Nous filons un peu notre bonne humeur sur Luthor... Comme s'il y avait de quoi rire. Le type déclenchait une vague de panique sur Terre dans laquelle toute la lie de l'Humanité se ruait et nous plaisantions dans le rues d'Ivy Town. Légèreté ? Inconscience ? Irresponsabilité ? Peut-être aussi de la lassitude qui s'était par trop accumulée. Toujours être sur les nerfs ou les dents, à la recherche de quelque chose : qui avait permis la chute de l'Olympe ? Où se cachait le chauve mégalomane ? Combien avait-il d'agents ? C'était usant, fatiguant, éreintant. Parfois, ça faisait du bien, ça nous permettait de nous relâcher.

- Il sera heureux d'avoir une angine, il aura au moins une indication pour lui dire qu'il sent de nouveau sa gorge.

Nous rions. Pour un temps du moins.

- Tu sais bien que c'est plus compliqué Blue Beetle, rétorquai-je, moins souriante, à Ted alors que nous parlons des All-Star. ça va plus loin que la J.S.A.

" L'Humanité est déboussolée, perdue, paniquée. Un continent entier s'est jeté dans les bras d'un dictateur, des cellules dormantes de ses troupes ont été découvertes par Sandman et d'autres ; Luthor se transforme en monstre ; des démons surgissent par des brèches dans la réalité ; la population a découvert l'existence du Multivers et il n'y a pas un mois sans qu'une menace en surgisse.

" Les États, les Nations sont dépassés, les gouvernements paniquent. Ils cherchent en eux des réponses pour trouver leur place. Toi, Green Arrow, Atom... vous êtes humains, natifs de cette planète. Vous donnez à ce combat une portée que je ne peux pas apporter.

Je fis une pause.

- Quelle serait la leçon de la victoire si j'intervenais ?

Qu'une alien avait été nécessaire (une fois encore) ; qu'une kryptonienne se permet de venir faire la loi sur Terre ? Degaton était un spectre qui étendait son ombre sur la J.S.A. depuis les débuts, mais là il avait choisi de ne pas nous frapper, il avait fait plus sournois en pliant un continent en violant la démocratie. Mais son règne, aussi terrible soit-il ne serait pas aussi terrible que sa défaite si nous choisissions le mauvais angle d'attaque. Tout dictateur qu'il était, il martelait un message simple. Aussi simple et dévastateur que celui de Luthor : L'Humanité est en péril face un univers dangereux et monstrueux. Rejet et xénophobie appliqués à l'échelle interstellaire. Il donnait le vertige à ses troupes, à ses victimes, il nourrissait leur haine et leur ressentiment.

D'un autre côté, l'Humanité était démunie. Avais-je le droit de l'abandonner pour ce genre de considérations ? Avais-je le droit de laisser ce monstre marteler ses immondices aux populations fragilisées et apeurées ? Devais-je devenir un symbole de liberté pour eux ?

Ted paraissait ne pas hésiter. Je respectai cet engagement, pour être sans doute aussi tête de mule de mon côté lorsque j'avais arrêté une décision.

- Ton aide sera inestimable, lâchai-je, mais hors de question que je te laisse y aller sans entrainement ou préparation. Ce n'est pas une simple guérilla urbaine ou un cambriolage dont nous parlons.

Et s'il acceptait mon aide, il allait en baver, j'avais assimilé la méthode Ted Grant. La Guerre n'offre pas de seconde chance.

Puis nous enchaînâmes sur mon rêve partagé avec la J.S.A.

- Arès lui-même, mais genre fâché et près à prendre le contrôle de l'Olympe. En vain, je te rassure. Quant à Dream, c'est une sorte de... d'entité cosmique qui gère un royaume où les rêves s'interconnectent et se croisent. C'est lui qui accueille Sandman par exemple. Ouais... une histoire de dingue.

Et tout s'accélère.

Alors que j'ai quatre comateux autour de moi, Ted gère comme un grand. Je suis, je dois l'admettre, rassurée de le voir encore en forme pour affronter sans sourciller des types avec des armes à feu. Je croise les bras, profitant à mon tour du spectacle. Lorsque le "dialogue" s'engage entre lui et Blue Beetle, je me rapproche doucement.

Je me penche près de Ted pour m'adresser au criminel.

- Si j'étais toi, je parlerais, là tu vas te faire démettre l'épaule.

Soudainement, quelque chose envahit la rue. Les sons s'estompent pour ne plus laisser de place qu'à... une mélodie ? Un rythme...

Les portières de la camionnettes claquent. Puis une voix, pas encore chantée, mais harmonieuse et céleste à mes oreilles.

- Qu'ouïs-je ? Qu'entends-je ?
La voix d'un archange ?
Accompagnée sans fart
D'un bel affreux cafard ?


Redingotte violette sur un polymorphe esthète. Cheveux roux sous chapeau rond et lunettes au diapason. Chaussures bicolores et rire sonore ; guitare à la main voici qu'arrive le vilain. Ainsi le mystère s'effiloche, car sur lui, partout et en tout symbole : des croches. Ainsi se présentait le nouveau Maitre d'Orchestre de la cité : Music Meister.



Sourire satisfait de voir ainsi les justiciers faits. Il ne put s'empêcher de badiner.

- Vous désiriez mon nom, acceptez mon renom !

Il plaqua un accord que les hauts-parleurs de son véhicule répercutèrent dans la rue. Tous les civils aux terrasses des café se levèrent, les serveurs et les boutiquiers sortirent. Il prit une grande inspiration alors que l'un de ses hommes demandait pitié.

Nouvel accord et la musique était enfin lancée. La population se mit à danser autour des deux justiciers. Les bandits encore conscient se joignirent aux festivités.

Et Music Meister chanta...

- J'adore ça !

Vous me vouliez et bien me voilà !
Ville que j'arpente, aux rues si charmantes,
Entends la voix de ton maitre,
Dont les chants secouent tout ton être !

Divin esthète, brillant exégète,
Mon verbe est votre ordre,
J'entends vos volontés se tordre !

Vos yeux sont amours,
Et vos esprits de velours.

Car je suis ?



La population se stoppa et leva les bras vers le ciel en secouant les mains. J'étais tétanisée, abasourdie, envoûtée par la musique. TOut devenait plus coloré, chatoyant, heureux. Autour de nous, la population chanta à s'en rompre la voix.

"Music Meister est le meilleur !
Roi des voleurs.
Le plus grand chanteur !
Sublime cambrioleur !
Music Meister !
"

- J'adore ça ! Vous me vouliez et bien me voilà !

Le criminel dansait comme un beau diable sans faire une seule fausse note. Il tournait autour de nous. Je ne pouvais m'empêcher de le regarder et de l'écouter. C'était si beau et plaisant.


"Je chante et je ris, je vois et je vole,
Bijoux et lingots seront mon magot !
Mille cabrioles et cent pas dansés
Pour les aigrefins que vous devenez
La morale se tord comme un roseau !
Oyez ! Les civils cambriollent !


Et tous chantèrent... ma voix faisant partie du lot.

"Music Meister est le meilleur !
Roi des voleurs !
Le plus grand chanteur !
Sublime cambrioleur !
Music Meister !
"

Alors que la population se lançait dans toutes les boutiques pour apporter à leur nouveau seigneur harmonique des cadeaux et des présents, il fit un pas glissé devant Ted et moi.

Quant à vous les tourtereaux,
Vous êtes l'exemple qu'il me faut !
D'abord les festivités,
Puis ensuite filons au banquet,
Il y a tant de banques à braquer !


Puis éclatant de rire, il joua une nouvelle musique et ma main rejoignit celle de Ted...

Justement… Et si le monde a besoin de toi ?
Il n’a pas le temps d’argumenter, mais Ted veut vivement que sa pensée soit dite à Karen Starr. L’Humanité est en effet au bord de la panique générale, déjà bien dans le floue et perdue avec toutes les menaces qui lui tombent dessus… L’année a été terrible, autant pour eux que pour leurs Héros qui ont subi beaucoup de pressions voir bien pire. Lex Luthor, cet hypocrite qui veut mettre en avant l’humanité mais qui se transforme peu à peu en monstre pour imposer sa voie. Alors des personnes comme Power Girl, Superman et tous les autres “non-terriens” sont des symboles d’espoirs. De Libertés. De Justices. Tout aussi bien que les héros qu’elle vient de citer, en le comptant dedans… Blue Beetle a beaucoup de choses à répondre aux mots de Kara mais il n’a eu le temps que de murmurer : « Tu es plus humaine que certains... »
Il suffit de voir ce qu’est devenu Luthor…
Alors oui, en plus de la J.S.A., Power Girl a tout à fait sa place parmi les All-Star. Quand à Blue Beetle, son style et son talent conviennent peut-être mieux aux équipes des Outsiders.

Il a entendu les paroles de Kara alors que la poursuite des brigands c’est accélérée. S’il rougit un peu de honte car elle souligne qu’il va devoir s’entraîner avant de partir en Europe, il garde dans un coin de sa tête qu’Arès est belle et bien de retour… et qu’il existe des entités cosmiques et un Royaume des rêves… C’est assez… dingue à imaginer, ouais.
Mais il revient vite à la réalité alors que le bougre refuse de parler et de donner des réponses à ses questions…
Ceci dit, il n’en a pas le temps…
Parce que tout change. Même le rythme. Le son n’est plus pareil. Et quelqu’un prend la parole. Chante !
C’est une histoire chantée, mené par le chef d’Orchestre Music Meister. D’où il sort ?! C’est une question que l’on ne se pose plus. Parce que la musique entrainante pousse les héros à danser sans retenu !

"Car le voilà oui, c’est le grand Meister, roi des voleurs !
Tous se lève et prenne le pas, pour l’acclamer.
Le prodigieux maître arnaqueur !
Dont la musique est ardemment désirée,
Entraînante et pratiquée, sans sentiment d’excès !
Parce qu’il s’agit là de l’envoûtement du Music Meister,
Le plus fort de tous les cambrioleurs !"

... Je...
Ted s’est mis à chanter avec les civils et Kara. Au début, il a voulu lutter, son esprit étant totalement en désaccord avec ce qu’il se passe… Mais il a eu… envie de chanter et de danser… Non, attends… Non, il ne veut pas obéir à…
“Music Meister,
Le sublime maître chanteur !
Le prodigieux danseur !
Chantons, dansons, offrons le meilleur,
A notre chef, Music Meister !”
L-lutte… Résistes … !

Il ne peut pas. Blue Beetle est prisonnier de son corps qui bouge en rythme. Power Girl est coincée, elle aussi. Leurs mains se croisent et s’enlacent… Le vilain, au rire enchanté, s’approche d’eux et joue une nouvelle mélodie à la guitare.
- Vous me voulez et je vous satisfais ! Et nous allons bien nous amuser !

Il commence doucement un air en solo, tout en esquissant un fin sourire. Le musicien au haut chapeau fait un tour d’horizon. Quelqu’un lui apporte un violon et il attend. Un air de piano est joué, alors que Ted et Kara se regardent. Music Meister fixe quelques personnes, qui obéissent à ce nouvel instinct. Ils vont chercher dans la camionnette violons et violoncelles. L’air démarre, plus dansant… Alors que le très talentueux Meister commence à chanter le El Tango de Roxanne*. Les Héros se mettent à danser, sans aucun faux pas.


Sensualité et romantisme.
Beauté et amour.
Mais c’est une mise en scène pour commettre le crime. Car le maître musicien fait ouvrir les portes d’une banque, où les deux justiciers vont danser au centre du hall. Blue Beetle continue le pas de danse et se met même à chanter avec le Meister, la réplique venant comme s’il l’a connaissait depuis longtemps. Et entre deux pas rythmé, Ted appuie sur une commande à son bras. Il fait lâcher ses petits drones, des scarabées qui vont détruire les verrous des coffres, tandis que les civils ramassent le butin. La musique s’accélère, tous se mettent à chanter en chœur. Le couple se rapproche davantage pour exécuter les derniers pas. Ted peut sentir le souffle de Kara…
Vérité et Liberté. L’expression des émotions. Juste le temps d’un Tango.
L...li...berté…
Le final est beau. Le crime est parfait.
Ghnn…
Les deux justiciers subissent et se regardent dans les yeux…
Nnn…
- Bravo, mes chers petits oiseaux !
Vous étiez de toute beauté.
Il est temps de passer à l’étape suivante,
Qui consiste à aller piller les autres banques !

Un éclat de rire. Un nouvel air musical arrivent aux oreilles de l’assemblée, qui sont obligés d’obéir aux demandes de cet halluciné.
Nnn...non...faut… Oreilles… mes… oreillettes… Dieu...
Il arrive à avoir des pensées lucides… Mais Ted ne peut juste pas bouger comme il le souhaite. Comment faire dans ce cas ? Peut-il espérer réussir à résister suffisamment longtemps pour activer ses oreillettes ? Cela va le rendre hermétique et donc temporairement sourd… Mais c’est le seul moyen d’arrêter ce charme avant que le Music Meister ne finisse son crime infâme !




* Ewan McGregor, Jose Feliciano, Jacek Koman et Richard Roxburgh dans le film Moulin Rouge ! en 2001, dans une version tango.

Spoiler:

La chorégraphie nous emporte. Music Meister s'oublie dans l'interprétation magistrale de son tango et la rue, envoûtée se lance toute entière dans cette étrange farandole. Ted plaque son bras contre le mien et je sens sa main à la poigne plus affirmée glisser contre mon flanc. Nous tournoyons au centre du hall d'une banque alors que la musique nous enveloppe. Je n'ai pas la robe qui conviendrait à cette danse, ma cape ondoie pour donner le change. Ma main la saisit, tantôt avec douceur et grâce, tantôt avec fermeté et assurance, donnant à certains mouvements de jambes et de bras une intensité nouvelle.

Les sens à fleur de peau, le tissu est une caresse qui défie celle des gestes de mon partenaire dans un duel à ce qui m'arrachera le plus doux frisson. Ses mains capturent mes poignets avec grâce délicate et remontent mes propres doigts le long de mon ventre, parcourant les muscles qui se bandent sous l'effort de notre danse. Bientôt ma nuque frissonne du souffle de Ted qui m'embrase l'oreille et s'écoule lentement jusqu'à la naissance de ma mâchoire.

Nous nous écartons soudainement. Lui derrière moi, je suis ses mouvements sans même le regarder. La musique forme notre univers.

Il me faut pourtant résister...

Mais l'harmonie est totale, la synchronisation parfaite. J'entends à peine les drones de Blue Beetle éventrer les premiers coffres. Je suis tout à son bras qui vient me chercher et me conduire. D'un geste de matadore, il me rappel à lui. Je me cabre, le dos caler sur son avant-bras. Le plafond voltige en même temps que mon visage aux pupilles dilatées. Mes cheveux font un arc gracieux. Mon costume se tend sous cette impulsion et la pression du torse de Ted à la fois chaude et puissante m'invite à me redresser. Sa main vient se plaquer contre ma gorge, comme pour m'empêcher de partir tout à fait. Sa chaleur rend ma respiration plus palpable encore.

Music... meister... va... souffrir...

Nous nous rejoignons ensuite dans ce balais entêtant. Le décors virevolte tandis que nos jambes s'accompagnent, se croisent et se décroisent. Je sens de temps à autre son genoux caresser mes cuisses. Mon corps contre le sien, il ne me dirige qu'avec de subtiles variations de son torse. Nos mains sont alanguies l'une sur l'autre et nous ne pouvons détacher notre regard.

Je... non... ce... n'est...

Soudainement, ma jambe vient contre son torse avec une agilité horriblement érotique. Je sens sa main aller de ma cuisse nue vers ma botte et me rejeter. Ma cape fait une arabesque dans ce nouveau mouvement virevoltant qui nous emporte. Je le suis au gré de cette partition sensuelle qui se joue hors de nous et nous entraîne toute entière.

Music Meister chante, accompagné de Ted. Tout ceci est faux...

Des gardes veulent intervenir mais sont happés par le virtuose qui éclate de rire au milieu de son interprétation.

Je me retrouve face à Ted qui laisse s'exprimer son corps. Nouvel échange de pas synchronisés. De ma cape, je reflète une lumière rougeoyante autour de nous. Ma tête se meut d'un seul coup. Je regarde une lourde porte blindée toujours fermée. Deux rayons rouges viennent l'éventrer sous les applaudissements des esclavages du maestro.

La main de Blue Beetle vient se glisser dans mes cheveux et nous revoici parti dans un tête-à-tête que la musique rend plus vif. L'accélération nous emporte, les notes nous plaquent l'un contre l'autre. La voix rauque guide nos pas tandis que nos corps en plein effort se suivent et épousent leurs ondoiements.

Ce... ce n'est pas moi... ça...

Je sens la jambe de Ted infléchir la mienne dans un élancement langoureux, son genoux calé dans le creux du mien. Mon corps suit alors que mon esprit cherche un sens. Mais le sentir, tout contre moi, agir de concert avec lui, laisser... quelque chose se libérer entre nous... me l'interdit.

Music Meister ne se contentait pas de chanter et de faire danser les gens... Alors que Ted me maintient contre lui, dans une traversée du hall en pas amoureux, je comprends qu'il y a autre chose de plus viscérale et de beaucoup plus vicieux. Je n'ai hélas pas le temps de profiter de cette courte réflexion que le sol se dérobe sous mes pas, Blue Beetle m'emportant dans un balais aérien...

Alors que les billets et les lingots passaient de mains en mains, jouant avec la lumière en rythme, les luminaires s'estompaient dans d'hypnotiques vibrions. Mes cheveux suivaient avec du retard mon corps tournoyant sous les mains assurées de mon partenaire. Lorsque mes pieds touchèrent de nouveau Terre, je me sentis plus vivante que jamais. Le monde en cadence, chantait et dansait comme s'il n'y avait plus de lendemain.

Notre danse devenait corps-à-corps, nos bras, nos jambes et nos mains ne s'effleuraient plus guère mais se cherchaient, s'affrontaient, se mouvant sans limite les uns contre les autres.

Et l'accord final flotta dans les airs tandis que mes lèvres éprouvaient la respiration haletante de Théodore. Je lus à la fois désir et résistance en lui, désespérant de ma posture cambrée de reprendre un jour le contrôle de mon être.

Puis Meister reprit la parole.

Une voix de miel au service d'une morale de fiel. Égoïste et cruel, avide et capricieux. Le génie du mal en rime fit craquer ses cervicales. Ses airs et sa musique semblaient tenir dans le temps, comme dans une inertie harmonieuse détestable. Je devais tenter quelque chose... mes pensées s'éclaircissaient rapidement, mais Beetle paraissait encore sous le choc.

Il fallait que j'intervienne, mais je n'avais pas une voix assez forte pour contrer le maître de la musique. Mes jambes refusaient encore de bouger. Mais mes mains, elles, bougèrent. Désolé Ted, tu vas avoir des acouphènes. Dis-toi que c'est pour la bonne cause...

- Je te fais confiance, soupira-je doucement.

Mes deux mains frappèrent l'une contre l'autre. Classique mais efficace. L'onde choc frappa directement Ted qui vola plus loin. La dépression allait sans doute le rendre sourd une bonne dizaine de minutes. Quant aux autres ils étaient trop loin pour que cette petite frappe leur face du tort à ce niveau.

Le chapeau de Music Meister s'envola avec sa perruque et sa redingote s'ouvrit. A terre, il commença à avoir un peu peur mais mes jambes étaient encore bloquées. Mon regard était devenu tout sauf amical.

- Suffit ! Cessez ceci ! siffla-t-il.

Mes yeux se mirent à rougeoyer et je tentais de le toucher au jambe. Mais il se montra plutôt agile.

- Ah, point de percussion !
Ce n'est pas dans le ton !
Tu te crois maligne ! Joli merle cogneur
Je vais donc te faire gazouiller dans l'heure !


Et sans autre instrument, il se mit à siffler.



Siffler... siffler...

Et le monde de taper dans ses mains, mon visage de s'adoucir et mes pieds de quitter le sol. Music Meister me faisait rentrer de nouveau dans la danse.

Il prit alors le temps de reprendre sa guitare. Soudainement, les sirènes de police... Le moment pour lui de passer au tempo presto...

"
Allons bel oiseau au plumage délicat,
Va donc libérer un passage pour moi !

Dehors la police,
Sur qui si facilement tu glisses.
Que les sirènes s'évanouissent,
Va comme un éclair, qu'on en finisse !
"


Il déroulait sa musique comme un beau diable, passant du tango au hard rock.

Avant même que je comprenne, j'étais dehors, une voiture des forces de l'ordre au dessus de la tête. Les policiers étaient inquiet. Je lisais dans leur regard peur et angoisse. Un jour comme un autre... tu parles d'une poisse.

Mes jambes battaient la mesure tandis que Meister me suivait. Bientôt les policiers balancèrent leurs tête de haut en bas, laissant leurs casquettes tomber au sol. Certains lâchèrent leurs armes et se mirent à jouer les métalleux en tirant la langue.


"
Music Meister !
Chante à tout heure !
Un vrai destructeur, sacré performeur !
Vos oreilles sont votre malheur
Tant qu'elles entendent Music Meister !

Allez mon ange, allons tout dévaster !
Il y a d'autres banques à piller !
"


Sa première camionnette, pleine de trésors s'en alla alors. Il me tendit la main et je la pris. Nous fîmes un pas de danse et je m'envolais en l'emportant. Il ne chantait plus mais savait que son petit rythme serait encore gravé quelques minutes dans mon esprit.

Nous approchâmes de la banque centrale d'Ivy Town...

Je l'y déposai. Les forces de police était sur le pied de guerre. Je les entendais déglutir lorsqu'ils me virent arriver. Ils portaient tous des casques anti-bruit normalement réservés à leurs entraînements de tirs. La réputation de Music Meister le devançait.

Meister claque des doigt une fois... puis deux...

Un... Deux...

Un... Deux... Trois !



Mes poings se ferment alors que mon coeur accélère. Les forces de l'ordre se crispent, voyant que j'avance. Mon visage se fronce, le rythme, les paroles font de moi une simple marionnette.

"Antisocial tu perds ton sang froid..."*

Un policier reste figé, la bouche demi ouverte alors que la voiture qui lui servait de barricade est projetée au loin. Je lis dans ses yeux de l'incompréhension, de la peur, mais aussi autre chose... Je suis face à lui, les bras encore levés de mon effort et je vois une tragique étincelle dans le fond de sa pupille. Ce n'en est pas une d'émerveillement, mais d'effroi face à une nature largement supérieure à lui. Il est dans le vertige de sa petitesse...

[rigth]"Tu voudrais donner des yeux à la Justice !"*[/right]

Cette même petitesse que je lis dans sur les visages des victimes qui ont émaillé mon passé. Ses collègues cherchent à se réorganiser sans pouvoir s'entendre parfaitement.

Je tourne mon visage alors que la musique continue mais... quelque chose n'y est plus.

Music Meister chante toujours sans une seule fausse note. Pourtant, face à cet homme qui vient de se laisser tomber en arrière, cherchant à se protéger derrière un bras aussi frêle que le reste de sa personne, je n'avance plus.

Le criminel qui pensait avoir toutes les cartes en main chercha à augmenter le volume de sa prestation. J'utilisais alors ma super-vitesse pour essayer de penser plus vite que la musique...

C'était l'heure du deuxième round...

* Parole de la chanson Antisocial de Trust.

Non. Je n’ai pas fait tout ça ! C’est impossible !
Il n’a pas pu… Danser, chanter avec autant de perfection ? C’est onirique. Ils ne l’ont pas vraiment… fait ? Tout c’est produit dans leurs têtes...
Beau. Parfait. Intime. Ils se sont exprimés comme jamais. Manipulés par le Music Meister, certes… Mais en fin de compte, n’est-ce pas un désir bien caché qui vient d’être révélé au grand jour ?
Ils ont dansé. Tous les deux. Juste Kara et Ted. Music Meister est un tordu et il s’est servi d’eux pour commettre ce vol de lingots. Une danse parfaite dans un univers tout en romantisme et en intensité, qui a couvert ce cambriolage chanté. Ils sont encore prisonniers, invités à continuer, alors que les civils obéissent aussi à ce fieffé taré. L’argent est déplacée, probablement dans la camionnette qu’ils ont vu. Mais… Il… ne… peut… toujours pas… BOUGER !

Est-ce un désir qu’ils ont nié, pendant tout ce temps ? …
Ils voient, entendent, absolument tout. Ils sont conscients de ce qu’ils leurs arrivent… Par moment, Blue Beetle croise le regard de Power Girl. Tout comme lui, elle veut lutter. Après que les scarabées mécaniques ont fait sauter les verrous, ils ont tournoyé autour d’eux pour accompagner la beauté du moment (Ils n’ont jamais été programmé pour faire ça !!! (??) ). Un accord grave accompagne une vision aux rayons X, qui abat une porte réputée impénétrable … Ils sont forcés à être des braqueurs, par le chant envoûtant du Meister.
Le tango les rapproche et à aucun moment Ted aurait eu l’idée d’avoir autant de … proximité avec Kara. A aucun moment ? N-non… Pas aussi soudainement… Pas comme ça. J..Ja..Jamais ? En faite… il ne sait pas …
La musique reprend un rythme plus puissant, qui les pousse vers l’avant. Elle les enjoint à continuer. Et l’esprit du Blue Beetle divague alors, oubliant pourquoi il fait tout ça, ni ce qui l’a amené jusqu’ici. Ne sont-ils pas en train de voler une banque ? Il… ne sait plus.
Confus, Ted enchaîne et accompagne Kara jusqu’au final. Et lorsque les dernières notes sont jouées, il a l’impression de redevenir un peu lui-même. Il se sent gêné… d’avoir fait tout ça… J’ai… Je lui ai… ? Et après j’ai … ?! J-j’ai vraiment … ?!

C’est clairement la panique dans sa tête mais son corps n’obéit pas du tout, malgré leurs désirs ardents de retrouver leurs libertés. Music Meister ne semble pas en avoir terminé avec eux. Il se prépare pour son prochain coup, pour la prochaine danse… Faut… je… que je … Ghnnn !
Il n’y arrive pas. Il est incapable de bouger… Mais Ted remarque un changement chez Kara. Elle peut… ? Elle peut bouger ?!
Blue Beetle entend le murmure.
...
Puis un choc sonore. Power Girl vient de frapper dans ses mains avec la puissance d’une kryptonienne. Autant vous dire vraiment très fort.
Ted est propulsé à plusieurs dizaine de mètres avant de s’écraser sur le sol. Il perd un peu le fil, à moitié assommé. Un sifflement persistant traverse ses oreilles et lui vrille le crâne…
Puis, il l’entend de moins en moins…
Un second sifflement parvient encore à passer à travers le bourdonnement incessant … Il ne parvient pas à déterminer s’il est chantant ou non… Tout lui semble lointain… de plus en plus.
…



A l’extérieur, les autorités s’organisent. Ils sont équipés et sont prêts à accueillir le vilain qui sème le chaos depuis tout à l’heure. Mais ils n’ont pas prévu de se battre contre une héroïne, encore moins Power Girl ! Ils savent qu’ils n’ont aucune chance et les nombreux civils, qui dansent et chantent, protègent le Music Meister. La situation est très délicate…
Mais peut-être que tout n’est pas perdu ?
Power Girl semble opposer une résistance au maître des rimes. Et cela ne lui plait pas du tout.
- Allons bel oiseau drapé,
Personne, que dis-je, rien,
Ne peut résister à la mélopée,
Du plus Grand et Beau des vilains !

La musique change et semble plus triste. Dramatique. Mais pas moins efficace ! Les civils se précipitent vers Karen et les policiers… qui se sentent totalement impuissants ! Toutes ces personnes se mettent à chanter… en latin !
D’autres rejoignent la musique du Maître de la musique ! Ils forment un orchestre, en position devant la banque centrale d’Ivy Town...
- O fortuna
Lei è mia !

Ô Fortune, elle est à lui, au Grand Maestro !



…
…
Blue Beetle rouvre les yeux. Il a l’impression que sa tête est passé sous un train… Sauf qu’il ne saisit ni le “tchutchu” ni le son des roues le long des rails. Tout lui semble affreusement… silencieux.
Je… j’entends plus rien… … ?!
Ted a le réflexe d’amener une main vers son oreille, planqué sous sa cagoule bleu. Il ne peut donc pas l’atteindre, alors qu’il tapote dessus, répétant le geste sur la seconde oreille… Il pose un regard perdu sur ses mains et il se met à claquer des doigts. Rien du tout…
Se redressant en s’aidant du meuble, qui a amorti sa chute ( 1 point pour Beetle, 0 pour le mobilier … ), il fait un tour d’horizon rapidement. Totalement désorienté, il cherche Kara des yeux… Rassemblant les éléments dans son cerveau...
Pourquoi je suis devenu sourd ? …
Ah oui ! Kara. Music Meister. Oh… OH ! Oh merde ?!
Il percute enfin ! Et c’est la panique ! Le justicier ne trouve ni Kara, ni ce satané chanteur, ni les civils qui ont porté l’argent volé !
Où… Où sont-ils passés ?! J’ai … Je ne me suis pas rendu compte où il sont partis ni depuis combien de temps… J’espère qu’il n’est pas trop tard !
Rapidement, Blue Beetle se relève et se met à courir. Ne pas entendre ses pas, ni l’environnement lorsqu’il sort de la banque le perturbe beaucoup. Heureusement, il va pouvoir se servir du Bug, qu’il appelle en appuyant sur un bouton de son avant-bras. La corde avec la barre en fer arrive et il sursaute. Pu- !!! Je… Je l’ai pas entendu arriv… Évidemment, imbécile…
Il s’est pris une sacrée onde dans les oreilles. Mais ils n’ont pas eu beaucoup d’autres choix. C’est le moment ou jamais de s’occuper du Meister avant qu’il n’aille trop loin. Karen compte sur moi !
Il s’accroche à la barre et se fait hisser. A l’intérieur de son aéronef, il regarde partout. Ted voit bien tout ce qui s’y passe et comprend, sur du par coeur, ce que les éléments lui indiquent. Beaucoup de signaux clignotants, des alertes, des images qui lui montrent ce qui se passe un peu plus loin dans le centre-ville. Il ne peut plus entendre mais il a d’autres sens.
Il conduit son vaisseau jusqu’à la foule. Il reconnaît les forces de l’ordre d’Ivy Town, ainsi que Karen et plus loin le Music Meister. Le nombre de civils pris dans ses filets à quadruplé depuis tout à l’heure… Ils sont à nouveau en pleine “représentation musicale”... Bénédiction… Je peux encore faire quelque chose !
Blue Beetle grimace et positionne le Bug en face des civils… Il actionne les puissants éclairages, pour les perturber, juste quelques secondes, car il ne peut pas faire la manoeuvre longtemps. Mais cela lui laisse largement la possibilité de descendre en rappel et d’aller mettre un sacré coup de pied à cet enflure de Music Meister.
« Ça suffit ! »

Il a hurlé à gorge déployée et c’est à peine si ses propres oreilles l'ont perçu. Le Maestro quand à lui tire la tronche, autant pour la douleur de cette arrivée brutale que par cette voix au volume si élevée !
- Oh je vois, vilain petit cloporte.
Tu as pris un sacré coup de porte !
Mais tes poings de justicier,
N'atteindront plus le Maître vénéré !

Il lève ses bras et fait des signes… Des hommes arrivent. Ceux-là ne sont pas contrôlés, d’ailleurs il sont parfaitement bien équipés pour contrer les effets de leur maître… Mais aussi pour se battre… Ces brutes épaisses s’attaquent aux policiers, les empêchant d’intervenir, tandis que d’autres saisissent Blue Beetle. Ce dernier se débat et envoie des sacrés coups, se défendant comme un diable ! Il est un défi de taille, malgré leur nombre… Les derniers mercenaires s’approchent de Power Girl avec plus de prudence.
Music Master s’écarte du combat et reprend son chant, mais il semble reconsidérer son plan d’action… et il entrevoit la possibilité de prendre la poudre d'escampette, tant qu’il le peut encore ! Avec tous ses lingots d’ors !

Ô fortuna...

Mes poings se crispent tandis que la musique cherche à prendre le dessus. Dire que la situation est sous contrôle m'obligerait à admettre qu'elle l'était, mais sous celui du nouveau criminel d'Ivy Town. La police est dépassée, la population du mauvais côté et mon corps se dispute les commandes avec mon esprit. Qu'il soit maudit. Dur de s'imaginer combattre à super-vitesse sans savoir si je finirais par frapper un agent de l'ordre ou un danseur improvisé. Le chanteur aura son chapeau au déjeuné...

Mon esprit tente d'aller plus vite que la musique. Difficile de combattre les harmoniques. Tout ceci est épuisant, surtout après les derniers traitements. La sourde appréhension de devoir parler un jour à Ted de notre dernière danse ne nourrit aucune indifférence... Concentre-toi !

Je dois gager un peu de temps. Je souffle vers la foule qui est renversée façon jeu de quilles par grand vent. Normalement ça ne devrait pas faire de blessé. Soudainement, l'une de mes jambes part en arrière et m'oblige à une volte artistique des plus réussies. La police me regarde avec inquiétude. A raison, je sens la musique nourrir mes passions. Mes yeux rougeoient... et se calment.

Je tourne de nouveau la tête vers le Maitre d'Orchestre qui continue sa litanie. La population se relève et je décolle du sol pendant qu'une de mes mains attrape ma cape pour lui donner une prestance toute tragique. Foutue musique...

Music Meister soudain vole à son tour, à ma grande surprise. Ted ! Dont l'arrivée tonitruante me laisse penser que j'ai sans doute un peu forcée sur l'onde sonique, il ne parle pas, il hurle. J'espère ne pas lui avoir crevé les tympans.

La fin de la musique du criminel offre assez de temps à mes pensées pour se réaligner avec mon corps.

Pas le moment de se laisser aller. La foule est hélas quatre fois plus dense et des criminels se mélangent à elle pour nous affronter. Ted est agressé et une bande de crétins ose s'approcher de moi. Ils sont armés, une balle perdue reste une menace pour les civils.

Pas le temps de parler, l'olibrius en violet se relève pour continuer de beugler. Je lui ferait couiner son dernier accord... sécuriser la foule, la police et ensuite s'occuper du maître chanteur.

A super-vitesse me voici devant le premier criminel. Il blêmit comme de juste alors que ma main vient chercher son col. Un accord m'atteint, je tremble, ma prise semble se relâcher. L'un d'eux vient par derrière et tente de me tirer dessus mais la balle ricoche. De ma main libre j'attrape le projectile alors qu'il manque de rejoindre la foule.

La musique m'envahit. Je sens à nouveau tout s'embrouiller. Hors de question de jouer une nouvelle carioca. Je décide de laisser couler un peu la musique. Je soulève le premier gus qui couine comme un rat piégé sous un rocking-chair et d'un mouvement gracieux l'envoie sur le deuxième courageux imbécile. D'un geste rythmé j'attrape les deux armes qui glissèrent de leurs mains et les broie. Un type prend un otage pour essayer de m'arrêter, il lui plaque son arme contre une tempe. Toutefois, l'otage est revêche, il chante et danse en coeur avec les autres, autant dire qu'il n'est pas facile à garder en main et le criminel se montre de plus en plus nerveux.

Il sent alors de l'air dans son dos recouvert de sueur froide tandis que je m'immobilise derrière lui. Il regarde son arme et mes doigts sont déjà plongés dans le métal du canon.

Je lui lance alors un vers en latin et il profite de l'ouverture pour s'enfuir. Hélas pour lui mes bras vont le chercher comme si j'allais entamer un pas de danse avec lui. Je lis dans son regard de l'incompréhension et de la peur.

La police se retranche de plus en plus vers la banque alors que la foule s'avance dangereusement vers elle.

Music Meister sent que la situation lui échappe totalement, à son esprit la fuite présente désormais de trop nombreux agréments. Sa camionnette débarque alors, prête à faucher le fruit de sa nouvelle rapine, mais le conducteur se montre interdit de découvrir Blue Beetle et moi-même en ordre de bataille... enfin, plus ou moins en ordre.

Mon adversaire tente de s'enfuir mais ses bras sont fermement tenus par mes mains qui se serrent de plus en plus fortement. Nous grimaçons, lui de douleur, moi pour essayer de penser à autre chose qu'à cette musique qui tente de me faire chanter. Soudainement, j'ai une ouverture. Ma tête et mon buste plonge vers l'avant. Mon "accompagnateur" doit avoir l'impression d'avoir foncé la tête la première contre un mur lorsque mon front attient le sien. Il ne se relèvera pas de suite. Un autre criminel décide de tenter sa chance avec l'un de ses collègues. L'un d'eux tire sur ma cape, l'autre essaie de me faire une balayette.

Je soulève une jambe pour éviter le tibia, un main sur le fermoire de ma cape qui se tend. J'abat mon pied sur le second impudent qui voit sa jambe faire un angle improbable dans un hurlement que je ne connais que trop bien. Le cri surpasse la musique et le chant, ce qui est une excellente chose. Pour moi.

Je décide de me soulever de terre, emportant un gesticulant agresseur qui ne parvient pas crier et d'un geste sec je tire ma cape. Le bougre tombe d'au moins cinq bons mètres.

Des coups de feu retentissent. La police doit répliquer face aux criminels armés qui les agressent.

Super-vitesse. J'en percute deux. D'un souffle j'en balaie un autre. Un coup de fusil à pompe déchire une partie de ma cape et me fait reculer. J'attrape une portière de voiture que j'arrache et lui envoie en réponse. Carrossier ou chirurgien, il aura le choix. Les deux derniers tireurs cherchent à s'enfuir alors que la foule continue à son rythme à avancer en dansant. Je vais dans le ciel et les attrappe par le dos. Il se plaignent mais se taisent lorsque je attache à un réverbère. De là ils feront moins de dégâts.

Je regarde aux alentours, la foule commence à s'arrêter en douceur, les plus proches de la façade de la banque se demandent ce qu'ils font là.

Music Mesiter semble avoir pris la poudre d'escampette. J'aimerais aller à sa poursuite, mais Ted est encore encerclé et certains fuyards qui auraient dû s'accouper de moi s'emblent s'être rabbatu vers lui. La lâcheté pour étendard, ils semblent plus vaillants, mais ils ne savent pas encore ce qui les attend.

L'un d'eux met en joue Ted alors qu'il combat leurs collègues acharnés. Le pleutre se surprend à être par terre, à se tenir une main où son index paraît brisé. Son ami proche a été promptement assomé avec l'arme que je venais d'arracher.

Blue Beetle semble gérer ses ennuis, je balaie rapidement la ville pour essayer de trouver trace de Music Meister mais rien...

Il n’entend toujours pas, hormis un léger bourdonnement. Quel chanceux… Parce qu’il suffit à couvrir les chants de tous ces civils qui s’amassent. La situation est dangereuse, parce qu’aucun d’entre eux ne semblent vouloir dégager du passage. La police attend de pouvoir agir pour faire une évacuation, tandis qu’ils se défendent contre les hommes lourdement armés de Music Meister. Ce dernier semble être déterminé à tirer les rideaux sur cette scène et partir en coulisse… avec l’or.

Blue Beetle est comme un animal en cage, sauvage et prêt à en découdre. Sauf que les barreaux sont représentés par les gaillards, dont la plupart font deux fois son poids. Ils approchent, avec la ferme intention de lui décrocher la mâchoire, de lui attraper les bras pour ensuite l’asséner de coups ou encore lui choper les jambes pour le faire tomber et signer son arrêt de mort. Mais ils font face à un acrobate accompli… qui a défaut de les entendre les garde tous dans son champ de vision. Le héros en bleu est concentré… Maintenant qu’il a tous ses moyens, il ne va pas se gêner pour se frayer un chemin et attraper le col de ce maudit chanteur !

Le premier homme de main tente une droite, habilement esquivé. Beetle rispote en lui chopant le bras et en lui tordant avec une prise. Il s’étale sur le sol dans un grognement de douleur. Les deux suivants sont moins farouches et armés de matraque. L’un ne s’est pas attendu à la souplesse du héros dont le pied décolle pour atterrir sous le menton. Il va être sonné pendant de longues minutes. Le second frappe… dans le vide ?! Le justicier a grimpé sur lui pour passer dans son dos… Il ne sent plus le sol sous ses pieds et le rencontre avec sa tête, l’assommant direct.
Ils perdent patience devant cet homme qui a la bougeotte. Deux flingues sont pointés vers lui… Ça se corse … Momentanément à l’arrêt, alors qu’il lève les mains devant les deux qui sont prêts à le plomber pour avoir leur récompense dans la soirée, Ted voit Kara se battre. Elle gère, protégeant les civils et les policiers d’un éventuel accident, vite arrivé dans ce genre d’affrontement. Mais elle n’est pas encore totalement maîtresse de ses mouvements… Il faut que je me sorte de cette situation pour aller l’aider !
Blue Beetle jette son attention aux deux malfrats. Ces derniers se regardent et se comprennent.

Alors qu’ils s’apprêtent à tirer, ils se font agresser par des petits scarabées mécaniques. Discrètement, le héros a appuyé sur une commande, planqué dans sa ceinture, appelant ainsi ses petits camarades robotiques. Ted gère le dernier homme qui l’attaque en traître par derrière. Un coup porté dans l’estomac, très douloureux mais pas mortel. Il tombe à ses pieds.
Beetle entend un cri au milieu de son bourdonnement incessant. Ce qui le surprend… Il commence à entendre de nouveau… Damn…
Il s’est tourné vers Karen, qui se débarrasse de ses adversaires avec aisance. Les coups de feu parviennent aux oreilles du héros, qui se met accroupi et se protège. Il regarde autour de lui pour comprendre ce qu’il se passe, lui qui a cette impression désagréable de louper la moitié des informations avec un sens en moins …
La police commence à échanger des tirs avec les suivants de Music Meister. Ted arrive à suivre ce qu’il se passe, notamment quelques actions de Karen qui fonce à super-vitesse. Blue Beetle décide de gérer la foule, au cas où elle décide de rentrer dans la mêlé … Il s’apprête à donner des nouveaux ordres à ses drones … mais il s’arrête. Il se rend compte que les civils ont cessé de chanter et semble aussi perdu que vous et moi après un réveil brutal.
Sans qu’il est le temps de tenter quelque chose, Ted est de nouveau encerclé par des criminels. Foutez moi… la… paix !
Prise de karaté. Deux coups de poings et un coup de pied après un saut vers eux. Le dernier a le droit à un coup de tête. Tous chancellent sauf un autre qui arrive à toucher Blue Beetle avec le manche de son fusil derrière la tête. Ghnnn !
Il voit quelques étoiles mais lutte pour se dégager du passage alors que l’homme s’est positionné pour tirer. Il reçoit une décharge d’un drone et pousse un hurlement avant de tomber. Beetle se relève et n’a pas vue le dernier qui l’a déjà en joue. Crack. Un doigt brisé… Un son que Beetle a pu distinguer. Il semble avoir retrouvé l’audition.
« Kara… ? »

Elle vient de lui sauver la vie, à nouveau. Ted s’est tourné vers elle et acquiesce pour la remercier… Mais Power Girl est déjà à la recherche du Music Meister. Comme on peut s’y attendre, le vilain s’est volatilisé.
Les derniers hommes de mains sont gérés par la police, la foule est évacué et certaines voitures des autorités sont partis à la poursuite de la camionnette mais avec un train de retard… Blue Beetle envoie ses drones pour quadriller les alentours et chercher le fuyard. Malheureusement, n’ayant pas eu le temps de poser des mouchards, il ne risque pas de le retrouver tout de suite…
… Ce qui le met en rogne.
« Fait chier… »
Il serre les poings. Les deux héros ont pu retrouver leur liberté de penser et de mouvement, mais ils n’ont pas pu stopper les méfaits du Music Meister. Beetle s’approche de Power Girl, quelque peu… hésitant. Il n’a pas oublié ce qu’ils ont “fait” et il ne risque pas de l’oublier de sitôt.
Le moment, même s’il s’est produit contre leur gré, fût tout simplement… magnifique. Ne la fixe pas comme ça, mec… Qu’est-ce qui te passe par la tête ?!
Ted rougit.
« Euh… Tu… hmm… Est-ce que… ça va ? »
Elle va aller bien mieux quand nous mettrons la main sur ce foutue chef d’orchestre en manque d’oseille…
« Je… Nous … » Respire… « Nous allons le retrouver. Et quand ça sera fait… On tombera sur lui, en étant préparé, cette fois. J’ai peut-être une idée pour… éviter de... » … de nous mettre à danser comme deux amoureux qui exécutent la dernière danse… Oh merde, on a vraiment fait ça ?! « … de subir ce sort. »

A défaut de pouvoir expliquer autrement comme il fait pour dissuader les autres de faire ce qu’il veut avec des chants et de la musique. Ted croise le regard de Kara et il finit par légèrement sourire. Le genre de trait qui se veut rassurant, qui se veut déterminé même si l’esprit n’y est pas tout à fait. Parce qu’il pense à autre chose… qui le taquine, qui l’incite à se poser certaines questions…
Mais la parole ne suit pas derrière. Il se sent comme un con.
« Je… » Dis quelque chose… « On se… rappelle ? » Rah… ! « Oui… ! On se tient au courant. Je vais passer la nuit à le poursuivre cet enflure. »

Blue Beetle appuie sur un bouton de son avant bras. Il envoie un signal à son Bug qui vient le chercher. Il grimpe dedans et prend les commandes. Ce qu’il dit il le fait, capable d’être appliqué et acharné lorsqu’il s’agit de fouiller pour avoir des informations et retrouver quelqu’un. D’abord il va le chercher et ensuite il va suivre les pistes pour remonter jusqu’au Music Meister. Et au moment venu, il va avoir droit à une belle surprise.
Ted Kord est doué dans beaucoup de domaine… Mais moins dans le relationnel. Tout particulièrement lorsqu’il… commence à … ressentir quelque chose…
Pourquoi je ne lui ai rien dit ?
Beetle se tape la tête contre son tableau de bord.
T’es trop con, mec…