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« Lettre Anonyme »

Joseph Wilson
Staff
Joseph Wilson
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DC : Slade Wilson | Kent Nelson
Situation : Suite à son procès, Joseph n'a pas pu être déclaré coupable des accusations qu'on lui portait. Il est placé sous la tutelle mystique de Zaren Zara (Nick Necro). Il suit des spécialiste pour espérer se débarrasser du démon qui le possède toujours.
Localisations : Maison des Mystères / Justice Academy
Inventaire : • Combinaison IKON
• Téléphone High-Tech de Kord Industries
Justice Academy
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« Lettre Anonyme » 386562Rien
« Lettre Anonyme » Lun 1 Juin 2020 - 22:49

« Lettre anonyme »

[ SOLO ]



_____Après l’attaque de San Francisco, je n’attendais ni la grâce ni le pardon. Je ne sais pas ce qu’on attend vraiment des autres après avoir pris conscience du danger que l’on représente. C’est une question que peu de personne peuvent se poser dans leur vie. Moi, c’est la deuxième fois que je me pose cette question. Je sais que ce n’est pas la première fois. Je me souviens. J’ai donné les premiers coups de pelle pour creuser ma tombe. J’ai perdu le contrôle, encore une fois. J’ai menacé la vie de mes amis et celle d’innocents pour finalement perdre la confiance aveugle de tout le monde.
Lorsque j’ai ouvert les yeux, ils n’avaient pas besoin de prononcer le moindre discours. Je comprenais, je savais, au moment même où mes jambes se sont dérobées, au moment où j’ai baissé ma garde. Ils disent que ce n’est pas ma faute, que je ne suis pas responsable, que je suis pure, innocent, la gentillesse incarnée. Je les laisse parler mais au fond de moi, j’entends un disque rayé. Il fut un temps, ces paroles avaient du sens pour moi, maintenant tout sonne faux. Mes pupilles étaient ouvertes mais mon esprit ne s’était pas réveillé. Je subissais, j’essayais de comprendre, à quelle sauce j’allais être mangé. Si je n’étais pas derrière les barreaux, à mon réveil, ce n’était pas par générosité ou par compassion. J’ai été sauvé, j’étais entouré. Je sais parfaitement ce que je représente pour eux et je ne leur en voudrais jamais pour cela. Parce qu’au moment où j’ai ouvert les yeux, j’ai su qu’il était toujours là.

Malade, le mot qu’ils avaient employé pour justifier mes actes. Je suis malade, je dois être excusé. Un jour à peine après mon réveil, des types sont venu me présenter un compromis. Compromis, c’est le mot qu’ils utilisaient pour parler de ses médicaments qu’ils ont posé brutalement sur ma table de nuit. Je n’ai jamais quitté des yeux cette boîte en plastique, je les ai laissé parler dans le vide. Je n’ai pas besoin de belles paroles pour comprendre dans quelle tentative de manipulation ils essayaient de m’embarquer Je les entendais, essayer de me caresser dans le sens du poil de me faire avaler la pilule, de paraître humain et compatissant. Je n’encourrais pas de sentences tant que je prenais ce traitement.
Alors, pendant un bref instant, j’ai fermé les yeux mais j’entendais encore leurs paroles résonner au fond de mon esprit las. C’était comme demander à un enfant s’il souhaitait sortir avec un manteau vert ou un manteau orange, l’illusion d’avoir le choix. La sentence est la même mais, l’espace d’un moment, j’ai cru que je pouvais être maître de ma vie, de mon destin. L’atterrissage est rude. Je m’abstiens de tout commentaire. Je tente de garder cette réputation d’ange que l’on me forge.

Réussir à se défendre contre les mauvaises pensées, serrer les dents, serrer les poings, les cogner, les fusiller, leur rentrer dedans.

Rien de tout ça, je ne fais rien, je n’ai rien à dire. Je ne peux pas flancher. Juste avant de quitter la pièce, ils ont déposé deux nouvelles boites sur ma table de nuit. Je lève le regard vers eux pour la première fois, je n’aurais probablement pas dû. Je ne me souviens pas de leurs apparences, je n’y avais prêté nullement attention. L’un d’eux s’adresse à moi, j’ai relevé les yeux. Un seul détail m’avait interpellé. J’ai remarqué ce rictus sur ses lèvres, me murmurant que les petits bonus offert par la maison calmerait pour les effets secondaires du puissant neuroleptique. Je ne suis pas surpris. Je les laisse sortir avec l’idée qu’il était en train de prendre un malin plaisir à m’imaginer m’arracher le visage à chaque comprimé qui descendrait au fond de ma gorge.
Je ne savais pas si c’était une forme de sadisme de leur part, un leurre, une solution à tous mes problèmes ou un début de cancer, comme si je n’étais pas assez bouffé de l’intérieur. Je décernais aucune bienveillance vis-à-vis de mon pharmacien. C’était comme donner du cyanure à une personne qu’on ne peut pas euthanasier. C’est la solution de secours pour un plan déjà complètement foireux de base.

Réussir à reprendre sa respiration, serrer les poings, serrer les dents, agripper le flacon, avaler une, deux, trois comprimés, les broyer, fermer les yeux, les insulter, se détester, pester.

C’est un traitement pour schizophrène. Je le sais, je me suis renseigné immédiatement. Cette voix dans ma tête, cette esprit qui parasite mon corps, je sais qu’elle existe. Elle me la prouvé plus d’une fois. Peu importe ces origines, son nom, j’entends sa voix, cette petite voix dans ta tête qui te guide indépendamment de ta volonté. Même un puissant magicien n’était pas parvenu à la faire taire, comment un comprimé pouvait prévoir le contraire ? Elle est là, elle se paye ma tête, elle s’amuse. Ils ont gagné, ces personnes, aussi malsaine soit-elle, étaient parvenu à me mettre dans la tête que je suis malade.

Le premier jour, un comprimé d’anxiolytique, deux comprimés d’oxycodone, deux cent milligrammes d’antipsychotique, j’ai senti comme une délivrance. Pour la première fois depuis plusieurs mois, j’ai entendu un doux silence. La voix avait disparu, le démon était silencieux, inexpressif. J’ai pensé à une mauvaise blague, de la fourberie de sa part. Je sais, par expérience, à quel point cette individu, quelle qu’elle soit réellement, pouvait se jouer de moi. Ce monde n’est qu’un grand bac à sable, pour lui mais pour la première fois, je ne l’entends plus.

Le quatrième jour, nous sommes à cinq doses d’anxiolytiques, cinq comprimés d’oxycodone, six cent cinquante milligrammes de flupentixol. J’ai commencé à ressentir davantage les effets secondaires commençait à remplacer cette petite voix dans ma tête. C’est un autre maux qui était en train de me bouffer tranquillement. Je dormais, beaucoup. Je ne pensais pas que l’ont pourrait faire pire que cette âme corrompue coincé dans mon esprit. J’entrais doucement dans un état léthargique. Je commençais à devenir que l’ombre de moi-même. Depuis ma résurrection, nous sommes deux à partager ce corps. Maintenant, il n’y avait plus personne.

Le sixième jour, je suis à sept doses de diazepam, quelques comprimés d’oxycodone. Je crois que j’ai réduis ma consommation pour éviter la dépendance. Je ne sais plus si c’est moi ou quelqu’un qui m’a poussé à réduire les doses… cent gramme d’antipsychotique. Mes pouvoirs ont commencé à me rendre fou. Les passants qui croisaient mon regard voyait leur intimité se briser. Leurs pensées n’étaient plus un secret pour moi. C’était gênant, horrible, je n’avais pas besoin de savoir ça, de connaître les paroles les plus sombres de l’humain, ses remarques, ses fantasmes, ses opinions douteux. Je ne voulais pas vivre ça, je ne voulais plus entendre ça.
Depuis l’enfance, je savais que j’avais un don. J’ai appris, par mes propres moyens, à gérer mes projections astrales, passer de corps en corps sans que ma mère et mon frère ne se doute de quoi que ce soit. C’est un retour à la case départ, mais je ne devais pas baisser les bras.

Le septième jour, je suis à huit, neuf, peut-être dix dose de diazepam, huit doses de puissant anti-douleurs, cent dix grammes d’antipsychotique et une bonne quantité de dextroamphétamine. Je me retrouve en plein duel de regard avec le clébar de l’immeuble. Il a le regard vide, la langue pendante, il doit plus être intrigué par ce qu’il allait manger à quatre heures qu’à la couleur radioactive de mes yeux. Il était assis, il penchait de temps en temps la tête sur le côté. Au moins, j’étais certain de ne pas être capable de lire dans ses pensées, même maladroitement. Honnêtement, je ne sais même pas si cette bête à la moindre pensée qui lui traverse l’esprit. Je me sers de lui, j’essaye de me rééduquer, de le posséder d’un simple contact visuel. Je rêve de ma vie d’avant, celle où je n’avais pas à me soucier de mes capacités, de ma santé mentale et de mon traitement autodestructeur. J’essaye, mais mon corps et mon esprit sont trop fatigués pour contrôler quoi que ce soit. Un contact visuel s’effectue, mais rien ne se produit. Je n’arrive à rien, même avec un esprit aussi faible que celui d’un chiot.

Huit, neuf, dix, onze, douze. Treize, vingt-cinq jours sont passés, peut-être plus. Je suis à… vingt, quinze… merde, je crois que j’ai oublié. Mon état comateux ne me permet pas de garder mes repères temporels. Mes mouvements sont mécaniques, à peine humain. Lorsque j’arrive à reprendre connaissance, j’essaye de m’occuper l’esprit, de sortir un peu. J’ai essayé, plus d’une fois, d’accepter mon sort et de passer au-dessus de ce traitement douloureux. Je sais que je ne pourrais pas trouver un autre compromis pour me sortir de là, pas tant que ce démon restera dans ma tête.

Vingt-septième jour, mon moment de lucidité du jour a été d’emprunter quelques plantes magiques dans la réserve de Jaime pendant son absence. Je crois qu’il est parti en voyage temporel, quelque chose dans ce genre. J’espère qu’il ne m’en voudra pas pour ce petit emprunt. Je lui en parlerai. Il faut que je lui parle...
Je l’ai fumé sur mon balcon, la tête basse. Je sais qu’il n’y a rien de sain à mélanger la drogue douce et mon traitement mais je n’ai plus l’esprit aussi lucide qu’avant.
Pendant ce moment de détente, une partie de moi était en train que songer à mon avenir lointain. Lorsqu’on a posé cette boîte en plastique sur ma table de nuit, je n’ai pas pensé à quel moment on viendrait me rendre visite pour me dire que le traitement est fini, que tout est arrangé ou qu’ils comprendront que le mal est tout autre, que je ne suis pas fou, ni atteint de schizophrénie. Le mal est ailleurs, mais pour les autorités, il est nécessaire de maîtriser la menace plutôt que de la soigner. Je suis rentré dans leur jeu en pensant naïvement qu’ils étaient en train de m’offrir une porte de sortie à mon calvaire.

J’avais tort.

Vingt-neuvième jour, le vent caresse mes cheveux et le bout de mes pieds est suspendu dans le vide. Quand je monte aussi haut, mon armure ikon n’est jamais loin. Je n’ai jamais eu le vertige grâce à elle et je n’ai pas peur de sauter. Aujourd’hui, je ne l’ai pas avec moi, mes poings sont serrés et mon regard fixe le vide sous mes pieds. J’ai pris deux cachets d’oxycodone, une bonne dose de dextroamphétamine. Je ne voulais plus réfléchir, ma situation me paraissait soudainement évidente.
J’ai causé beaucoup de tort et j’en causerais encore. Le gentil Joseph est nocif. J’aurais beau lutter pour maintenir cette fausse réputation auprès de mes amis, je sais que je n’y parviendrais plus. La pitié des autres me fait culpabiliser, être un fardeau léthargique me rend malade, mes médicaments me pourrissent la vie et cette voix dans ma tête est un cancer pour moi comme pour les autres.

J’ai fermé les yeux, j’ai pris une grande inspiration. Maintenant, je ne sais plus si je suis lucide ou non, mais je sais comment sortir de mon calvaire. J’ai patienté quelques secondes, avant de faire un premier pas vers le vide.
J’ai entendu une voix, en plein élan. Mon sang n’a fait qu’un tour, mes yeux se sont ouverts et je me suis arrêté en plein élan. J’ai entendu mon nom. Quelqu’un était derrière moi. J’ai reconnu la voix d’Edwine. Je me suis arrêté, pendant plusieurs secondes, j’ai serré le poing. J’ai laissé parler mon subconscient. J’ai reculé d’un pas et je suis descendu du rebord.

Putain. Qu’est-ce que je dois faire maintenant si même la mort n’est pas une solution. ?

J’ai reculé, sans réellement comprendre la nature de mes actes et leurs conséquences, mais je n’ai pas quitté l’horizon des yeux. J’ai senti mes yeux s’humidifier, mes nerfs se relâcher et mes larmes coulées.


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