[Lady of the Lake] Mimirsbrunn [PV. Klarion]

Spoiler:

Le monde est composé d'étranges phénomène. L'univers aussi, certes … mais la Terre est particulièrement belle. Ce ciel bleu. Cet air chantant. Une étrange magie danse dans ce monde. Certains aiment l'appeler la Vie. Mais ils ont torts. Car la vie n'est qu'un fragment de tout ceci, une conséquence – une conséquence qui, ironiquement, ne semble en produire aucune. Sauf ici. Et c'est cette unique magique qui semble parcourir cette terre, ce ciel. L'idée que tout semble possible. Que l'ordre établi n'est qu'une frontière, une limite, à surpasser.
Car ce monde semble en avoir vécu, de nombreuses frontières. Il semble avoir vu, de ses yeux invisibles, ces murs imprenables. Ces forteresses insaisissable.

Et c'est ce qu'il aime, dans ce monde. Cette façon qu'il a de survivre. De savoir exploiter son atout. Son joker. D'attraper la bonne occasion. Le Kairos … Peut-être est-ce juste ceci, cette unique magie. Cette capacité aux peuples de la Terre de réussir à attraper la bonne occasion. Par des alliances. Par des paroles.

Et c'est ce qu'il aime, dans ce monde. Dans ce monde capable de faire tomber … Darkseid. Dans ce monde capable d'attirer … l'Horreur Incarnée. Dans ce monde dans lequel il aime se promener. Jouer. Même si ces jeux sont parfois les drames des autres. N'est-ce pas cela l'équilibre ?!

Et n'est-ce pas cela le Chaos, finalement ? D'être capable de s'opposer à l'ordre normal des choses.

Peut-être est-ce pour cela qu'il aime, à l'heure actuelle, observer cet ermite, sur son promontoire rocheux. Installé lui-même sur un autre perchoir de roche, sa silhouette invisible se mélangeant aux mouvements des vents de la région. Il l'observe, cet homme perdu dans ces horizons nordiques. Qui observe ce territoire. Ce paysage. Il l'observe, contempler. Il l'observe, se redresser. Il l'observe, oui, attraper son trident.
Ses sourcils se lèvent. Son regard luit doucement. C'est donc bien lui. Qu'il est en train d'observer. Céder à la colère. Fracasser … Et se calmer, avant l'acte réel. Pourtant, il le voyait réellement. Il l'imaginait bien. Ce perchoir se briser sous la colère du Roi Atlante. Sous cette impulsion qui caractérisait Poséidon. Qui caractérisait ses colères, capable de faire se soulever la terre. L'Ébranleur de Sol … Aurait-il voulu porter ce nom, lui aussi ?

Oui, il observait bien cette scène. Il la voyait bien se dessiner devant ses yeux.
Car finalement, tout n'est qu'une histoire de voir.
C'est ce qu'il l'a mené ici. Il a vu. Quelque chose. Pour voir, de nouvelles choses.

Le jeune homme se redresse. « Teekl. » Le familier ouvre un œil, allongé à côté de son ami de toujours. Elle se redresse, elle aussi. Elle s'étire. Avant de regarder Klarion Bleak, Witch-Boy de son état. Et leurs formes éthérées s'effacent. Pour mieux réapparaître, derrière l'homme ? La féline se serait alors installée alors sur le sol. Ils auraient simplement discutés. Trouver un probable sujet de discussion.

Vraiment ? Faire aussi simple ? Eh bien … Oui. Du moins, à quelques détails prêts.

Car la première chose qui apparaît n'est guère un Witch-Boy … Mais des runes. Gravées sur des morceaux de bois. Elles tombent, dans le dos de l'homme. Avant de léviter, doucement. De danser. D'approcher. De former un cercle, autour de lui. Le Roi Perdu. Le Roi Esseulé. Et bientôt, une voix résonne, de ces différents objets. Ou peut-être est-ce des gravures elles-mêmes. Sont-ce ces encoches, stylisées, précises, qui viennent à chanter dans les oreilles de l'Atlante ces quelques mots … ?

Si du haut d'un arbre
Je vois un pendu se balancer
Ainsi j'écris et colorie les runes
Car dorénavant il passe
Et me parle.

Non, bien entendu. Il n'y a aucun pendu en ces lieux. Mais bien Arthur Curry … et la silhouette de Klarion Bleak qui semble s'extraire des runes, pour léviter, dans le vide, face à lui. Les mains dans les poches de son manteau. Le vent soufflant dans la capuche du même vêtement. L'homme pourrait voir une peau ordinaire, pâle. Loin de tout acte magique monumental,- ou de tout souhait d'en imposer plus qu'il ne le doit –, le jeune homme préfère garder cette vision particulière. Mélange d'humanité et de magie. « Selon certains, le Pendu est une Arcane représentant l'engagement, le don et le contrôle de soi. Le sacrifice. Alors … » Il s'efface, à nouveau. Il apparaît derrière lui, simplement. Sa rousse féline se pose tranquillement au sol, observant elle aussi le Pendu. « Qu'avez-vous à me dire, Monsieur le Pendu ? »

Ses lèvres s'étirent en un sourire. Voilà, le dialogue est lancé.
Car oui. Il veut savoir. Ce que cet homme a à lui dire. Savoir pourquoi il est là. Savoir pourquoi il pose les yeux sur lui ...

Aquaman.

« L'a-t-elle déjà été ? » Il bascule sur ses pieds. Il s'immobilise, s'appuyant sur ses talons. Et le jeune homme regarde un instant le ciel nordique, sans nuage. Cette question mérite une certaine réflexion, tout de même. Les années passent et cette phrase semble être ce qui revient, le plus. Une vieille mélodie, dont les notes se répètent sans cesse. En boucle. Alors, oui, il s'est habitué à celle-ci et s'y amuse. Comme souvent. Comme toujours, même. Après tout, lorsque le Temps n'est plus un soucis … il faut bien trouver de quoi s'amuser.

Une petite étincelle de Chaos dans cette monotonie ambiante. N'est-ce pas là ce que tout le monde recherche ? Et en particulier cet homme, qui s'est enfermé. Qui s'est cloisonné. Confiné. Avec lui-même. Oui, il l'imagine bien. Prendre sa retraite. Dans une petite clairière, près d'un ruisseau. Les tocards aiment prendre leur retraite près d'un cour d'eau. Pour la soif. Mais de là à dire que le Roi Atlante est un tocard … La réflexion se pose.
Un sourire. Car il se pose la question, tout de même. Si l'homme face à lui est bien un tocard, ou non. Il aurait tendance à croire que non.

Lorsqu'il l'observe, à nouveau. De son œil gauche, unique perle sombre ouverte en cet instant. Car il regarde cet homme. Ce visage. Autant abattu par les années de lutte qu'animé de détermination. L'émulation. Elle est là. Mais elle vacille. La lumière est encore faible.
Lorsqu'il l'entend, transformer la mélodie. Quelque chose de nouveau. Quelque chose d'original. Et il l'écoute, de ses deux tympans, certes. Mais aussi à travers chaque pores de son esprit. Car l'homme face à lui ne lui parle pas qu'avec sa voix. Mais avec cette détermination. Et cette émulation. Autant capable du plus fort espoir … que de la plus profonde détresse.

Son œil se ferme. À nouveau. Alors que la voix de l'Atlante s'est éteinte. Toujours appuyé sur ses talons, il accompagne, quelques instants, ce silence. Ses lèvres s'étirent. Un doux sourire. Qui bien vite s'accompagne d'un rire enfantin. « Je sais beaucoup de choses, Mon Roi … » Klarion Bleak reprend une position normale. Il avance de quelques pas. Alors qu'il ouvre les bras, lentement.

Alors que sa peau devient bleue. Révélant une nature inconnue. Une nature non-humaine. Celle d'un voyageur.

« Je sais par exemple que les rochers de ce lieu sont toujours imbibés du sang des sacrifiés. Je sais que de sept mariages peut naître la fin de toute chose autour de ces falaises. » Histoire et légende. Il sait. Oui. Le miaulement de son familier résonne alors un instant, alors que la rousse féline lèche sa patte. « Je sais, aussi, qu'il n'y a que deux choses qu'un homme peut chercher en ces lieux. Le frisson de la découverte. Et celui du voyage. » Il tend alors sa main, paume ouverte. Vers l'homme. Avant de s'incliner. « Il se trouve que je connais les deux. Et que je sais où vous souhaitez aller. » Il ne peut mentir. Et c'est bien la seule chose qui l'a guidé jusqu'ici.

Pourquoi un Atlante veut découvrir la porte menant aux autres mondes de l'Yggdrasil ?
Pourquoi un Atlante veut s'enfoncer si loin dans la réalité elle-même qu'il pourrait ne pas revenir de ce voyage ?

Ces questions l'intéressent. Autant que ce voyage. Qu'il n'a jamais effectué. Pas encore, du moins. Oh, il a déjà voyagé. Il a déjà dansé sur les branches monstrueuses de cette réalité. Mais jamais plus que de raisons. Car il se cache dans l'ombre du Frêne des vérités dangereuses. La Fin du Monde, entre autre. Enfin, ils ont tous un peu la leur, mais qu'importe. Ce n'est jamais bon d'aller trop loin et de finir par trouver la porte menant au Royaume de Surt.

« Mais êtes-vous prêt pour un tel voyage … ? » Il avance. Tout comme le chat, qui vient bondir pour rejoindre ses épaules. Il arrive, à côté de l'Atlante, impressionnant. Il lève les yeux. Si le jeune homme ne semble pas être – en cet instant – figé dans une jeunesse pré-adolescente, il reste une silhouette fine. Fragile. Et petite, comparée à celle du Roi. Il se penche, alors, en avant. « Faire le grand saut demande … du courage, certes. Mais aussi un peu de folie. » Klarion tourne sa tête vers lui.

Et l'invite. D'un mouvement de main. À le faire.
Le grand saut. Sauf que l'eau, lentement, semble s'assombrir. Il est haut, pourtant. Il est si haut. Plus de 600 mètres. Et pourtant, il peut sûrement le sentir. S'il saute trop à gauche. Trop à droite. Il s'écrasera. Contre quelque chose. Contre les frontières. Du monde. De Midgar.

Ou peut-être ne l'imagine-t-il pas. Alors que la magie de Klarion fait déjà son office.

« Soyez fou et je le serai avec vous. » Où est le petit diable ?

« Alors ça … Permettez moi de vous dire … que c'était extrêmement prévisible. Monseigneur. » Il a le temps de lancer ces quelques mots, alors que le jeune homme – du moins d'apparence – ressent son corps quitter la stabilité du promontoire rocheux. Un sourire se pose sur ses lèvre, devant cet instant, ce morceau d'éternité. Car c'est ce que cela c'est. Cette sensation de chute. Que vous ne pouvez narrer que lorsque vous la vivez, réellement. Cette sensation. D'absence de contrôle. De sentir chaque partie de votre corps rechercher la stabilité du sol. Le palpitant qui s'excite. Le cerveau qui calcule. Mais qui n'en a pas le temps. Car la chute est inéluctable. Qu'elle doit se produire. Pour lui.

Alors, dans cet instant d'éternité, Teekl semble avoir le temps de s'effacer, extraite de cette réalité par la magie étrange du Witch-Boy.
Alors, dans cet instant d'éternité, Klarion tourne sur l'un de ses pieds. Pour entamer la véritable chute face à Arthur. Un clin d’œil enfantin. « Espérons que je ne me brise pas la nuque. » Et il tombe. Simplement. Pour sourire un peu plus, alors que l'homme semble finalement faire de même.

L'air est frais. En ce fragment d'éternité, l'air est frais. Et circule. Vite. Il vient caresser de sa célérité la peau de Klarion Bleak. Qui lentement devient bleue. Il tend doucement ses mains. Quelques cicatrices venant accompagner les marques sombres, les tatouages ou peintures mystiques. Une vibration, vient les accompagner. L'un et l'autre. « Lève tes yeux. Et tu verras le Cosmos. » Les doigts bougent, en quelques signes. Alors que les marques semblent se mouvoir légèrement. Et les mots résonnent, semblent-ils, directement dans les esprits. Clairs. Comme si la chute ou le vent ne pouvaient les déformer. « Si tu ne peux lever la tête, alors observe son reflet. Et contemple ... car le Cosmos est là. » Ils approchent de la surface de l'eau. Qui s'ouvre à lui, lorsque son corps vient briser sa structure calme.

Pour faire de même avec Sa Majesté Arthur Curry. Qui s'enfonce dans l'eau. Sans la sentir. Sans ressentir son humidité caractéristique. Car l'eau n'est guère de l'eau. Mais juste de la magie. Un portail, dans lequel il a plongé, sans le voir réellement. En le comprenant, peut-être. En l'acceptant tel quel. Sûrement.
Mais la chute continue. Un instant. Avant qu'il ne ressente ses pieds sur le sol. Comme s'il n'avait jamais chuté. Comme s'il était toujours sur ce promontoire rocheux.

Et pourtant il n'y est pas. Le paysage Scandinave laisse place au cosmos, en effet. À des étoiles. À des mouvements stellaires, imperceptibles. À ce qui compose le silence de ces espace infini. Et Klarion Bleak est face à lui, dont la couleur saphir semble continuer de caresser sa peau. Il est au cœur d'un carrefour. Et il ouvre les bras. « Un peu de folie. » Et des routes, il y en a. Plusieurs. Car en y regardant bien, ce cosmos n'est que fait de cela. Des enchevêtrements de routes. Toutes accompagnées de panneaux. Une lanterne éclairant ceux-ci.

Certaines routes sont dallées.
D'autres plus anciennes, semblent être devenus des sentiers, dont les ronces cherchent à rappeler certains danger. Des panneaux ont été brisés. Par la rage, ou par autre chose. Bestial. Certaines routes ne sont pas nommées. Tendant à sombrer dans l'oublie. Sans y parvenir réellement : elles restes des sentiers, qu'il pourrait emprunter.

Des noms. Plein de noms. Certains qu'il connaît. D'autres noms. Des lieux mythiques. Mais aussi des lieux de curiosité. Tant qu'il peut y ouvrir une route, autant y aller.
Un jour, ou l'autre, il finit par y aller.
Par vouloir y aller. Car c'est toujours mieux que là-bas.

« Quatre routes. » Une première menant à Atlantis. Une deuxième menant dans le paysage qu'ils viennent de quitter. Une menant « près d'un ami », tel est le titre du panneau. Et la dernière. Tout simplement nommé Yggdrasil. « Faites votre choix. » La première épreuve.

Le Choix.
Qui changera sa vie.
Car voilà où il se trouve : le lieu où les choix se font.

Klarion Bleak, Agent du Choix.

Il ne répond pas. Pourtant, il pourrait. Ce n'est guère un geste de main qui viendrait déranger sa capacité à ergoter sur un tel sujet. Non. Il ne répond pas, pour autre chose. Il pourrait. Mais il préfère le silence. L'éloquence de la réflexion, de la concentration. L'éloquence de l'opposition entre raison, émotions et devoir. Une opposition, un conflit de principes, de valeurs, mais aussi d'envie. Et le Chaos s'en nourris, de cela. Le sien, en tout cas. Celui qui palpite dans son torse. Dans son crâne. Vivement. Lentement. Silencieusement. Bruyamment.

Bien entendu, Klarion Bleak a ses préférences. Le Savoir Atlante. Le Savoir Asgardien. Les profondeurs du plus grand territoire de ce monde, là où la vie scientifique est née. Les profondeurs du Frêne Légendaire, véritable arborescence sur laquelle les mondes reposent. Le dilemme semble impossible. Et pourtant.
Les deux. Avoir les deux est possible. En cet instant. Un voyage aux côtés de l'ancien monarque des terres abyssales. Là où le monde est religieusement, divinement, né – selon un panthéon, en tout cas.

Et c'est le choix que le héros désabusé, l'aventurier, décide de faire. Et de tourner ses yeux vers Klarion Bleak. Dont les mains sont dans son dos. Qui semble calme. En cet instant. Alors que la capuche est de nouveau sur sa tête. Quelques mouvements de ces phénomènes stellaires semblent éloigner toute luminosité de son visage, pendant un instant. Et il sent, l'obscurité de son regard, pointé dans sa direction. « Je ferai plus que cela … »

Il avance. Les mains dans son dos. Il passe à côté de l'Ancien Monarque. « Je vous guiderai. À nouveau. » Les quelques mots semblent rapidement s'envoler. Alors qu'il commence à avancer. Sur ce sentier. Celui menant à Une Naissance. « Mais n'oubliez pas que tout à un prix, Aquaman. » Il avance. Encore. Tout a un prix, oui. Surtout en certains lieux. Surtout face à certains êtres. Il avance, donc. Avec lui. Alors qu'un craquement commence à résonner.
Le bruit du verre. Qui se fissure. Ou peut-être celui, plus rude, de la pierre ? Vétuste, incapable de tenir face à une pression supplémentaire. Ou est-ce le bois qui, finalement, vient à se briser ? Trop haut. Trop lourd. Pour son propre poids. Quelque se brise, oui. Mais ce n'est ni le verre. Ni la pierre. Ni le bois. Mais bien le sol. Les étoiles. L'espace. Qui éclate. Autour d'eux. Pour les laisser avancer dans le vide.

Non. Pas complètement. Car les morceaux se rassemblent. Ici et là. Sous leurs pieds. Pour former un sentier, qui accompagne les pensées et la détermination du héros … Arthur Curry. Jusqu'à ce que la magie fasse totalement son office.

Ils marchent. Sur quelque chose. Qui surplombe l'inconnu. Le vide. Un froid vient jusqu'à eux. Un souffle immortel. « Il ne devrait plus être très loin, selon mes connaissances de l'environnement. » Il tourne les yeux, vers la gauche. Pour observer cet infini. « Même le Chaos ne peut briser certaines règles … Et malgré la réputation très violente des peuples Vikings, leurs dieux sont … procéduriers. D'autres, très malins. Et qu'importe mes routes, nous arriverons toujours ici … » Il ouvre ses bras. Alors que l'ombre quitte leurs pieds. Pour dévoiler …

Un pont de lumière. Un pont mythique. Un pont iridescent. « Le Bïfrost. » Le pont qui mène dans le royaume des dieux. Bien plus vaste qu'une simple ville. Bien plus sauvage qu'une simple cité.

Asgard, la première étape.

Tout a toujours un prix.

C'est bien sur ces mots que commence réellement ce voyage. Alors qu'ils avancent sur les couleurs suspendues à travers le vide. Alors que les yeux du Witch-Boy profitent de certains spectres colorés qu'il n'a encore eu jamais la chance d’apercevoir. Car peu sont nombreux d'être en capacité de voir les lueurs de l'arc-en-ciel des Dieux Asgardiens. Elles sont différentes. Pour un œil qui sait comprendre. Qui sait regarder. Elles sont différentes.
Et elles accompagnent des paysages qui s'extirpent du vide. D'antiques tableaux et vestiges, toujours debout, fiers. Vigies d'un ensemble de monde à part, mythique …

Asgard. La terre des dieux, qui se dressent au-delà du sauvage. Un lieu dans lequel se perdre. Un lieu dans lequel vivre quelques aventures. N'est-ce pas une réalité qui d'ailleurs se réalise pour eux, dès les premiers pas dans l'obscure environnement de la forêt. Et ses sens s'éveillent. Derrière les bêtises. Derrière la chasse à la pomme sacrée. Il goûte. Les fruits de cette forêt. Il boit, dans une fausse noyade, les humeurs de cette terre. Il observe, alors que son regard croise la mère agacée d'une famille de grizzli, la bestialité des habitants de ce monde.

Il touche. L'écorce. Lorsqu'il tombe. Lorsqu'il ralenti la progression. Avec ses pitreries. Avec ses rêveries, aussi. Car en ces lieux. Quelque chose attire ses oreilles. Une chanson. Le bruissement du vent entre les feuilles. Et il comprend quelque chose. Il ne serait pas surpris. Oui. Pas surpris que ce monde soit finalement au bord de l'agonie. Mais il ne lui dit pas. Alors qu'ils avancent. Alors qu'ils s'arrêtent, parfois, pour manger. Qu'il vérifie que rien n'ira altérer le jugement, la pensée, la force, du héros. Car lui-même semble ne pas être certain de pouvoir utiliser la grande partie de ses capacités.
Les frontières se sont refermées. Pour le moment. Et ce frisson qu'il a ressenti, à cet instant a été le déclencheur de Klarion le Bouffon. Qui n'aime pas être pris au piège sans comprendre réellement pourquoi.

Ni par qui.

Pourtant, cela ne l'a pas empêché, un jour, de s'attarder sur autre chose que ce monde. « Pour toi, qu'est-ce que le Chaos ? » Une question simple. Qui a donné place à une réponse aussi directe. Lex Luthor. Ce qui lui a arraché un rire. « Et si tu croyais qu'il pouvait être autre chose ? » Et c'est ainsi que pendant une nuit entière, sans que le sommeil ne semble ne les avoir gagné – et sans qu'il n'ait été demandé –, Klarion Bleak a parlé de ce qu'il connaît. Introduire la magie par le Chaos n'était peut-être pas la bonne idée.

Mais la magie possède des notions de croire. D'imaginer.
Et les gens imaginent le pire selon leur propre point de vue.
Apprendre à imaginer. Pour apprendre à se laisser bercer par cette imagination.

Des discussions. Majoritairement.
Une ou deux nuits. À l'aider à ressentir ce potentiel qu'il a en lui.
Klarion Bleak professeur. Mais qui mieux que lui peut parler d'imaginaire et de magie ?

Jusqu'à ce qu'ils traversent enfin les frontières de cette forêt. Et bientôt les doigts charnues de ces bois anciens finissent par les lâcher. Arrachant un dernier coup d’œil derrière lui, Klarion fronce légèrement les sourcils. Il aurait presque entendu … une respiration. Alors qu'ils passaient proche de l'ultime cours d'eau. Une respiration profonde. Tel le sommeil d'une bête.

Un léger sourire. Continue de dormir.
Je n'aimerai pas devoir gérer deux hostilités de chaque côté.

Teekl elle, s'accroche légèrement plus. À ce son qu'elle a entendu par leurs esprits liés et par ses propres sens développés. Elle n'aime guère l'endroit. Elle n'a guère appréciée cette aventure. Attentive. Elle a laissé faire. Car il fallait vérifier – bien qu'elle le trouvait parfois stupide de vérifier avec une telle nonchalance. Mais elle s'est habituée.

Et les voilà face au domaine des dieux. Puissantes murailles. Hautes tours. Impressionnante œuvre d'art architecturale. Intense. Violente, tant par cette intensité que par l'imagination des guerres que l'on peut attribuer aux dieux nordiques. Mais violente, aussi … par son silence.

Alors que l'ancien Roi parle, le jeune homme avance, de quelques pas. Il observe. « Teekl ? » Il tourne un œil la tête de son familier. Qui ouvre ses yeux. Qui saute de son perchoir, alors que celui-ci glisse les mains dans les poches de son manteau. Un silence. Alors qu'il ferme les yeux. Et que Teekl prend congé. Elle explore. Pour chercher quelque chose. Et ses yeux sont ceux de Klarion lorsqu'elle vient les poser sur un ruisseau. Elle le suit des yeux. Elle avance un peu.

Arthur ne verra pas. Les rues. Désertes. Les ruelles en manque d'activité. Ces veinules séculaires qui n'attendent que de ressentir la présence de leurs anciens habitants. La haute et toute puissante cité des dieux. Cette vigie qui est capable de voir chaque mondes bercés par les branches d'Yggdrasil.

Oh. Oui. Il pourra observer la plus haute tour. Là où l'Ancien se dressait. Et malgré tout sens évolué, même Superman n'y verrait qu'une seule chose. Le vide. La cité des dieux semble morte.

Et pourtant. Il ressent. Parfois. Un mouvement. Sur la droite. Sur la gauche. Derrière. Rien de réellement hostiles … mais rien de réellement rassurant. Car ce qui n'a guère de visage. Car ce qui n'a guère de réalité. N'est finalement qu'un fragment d'une essence. Perdue. Oubliée. Et c'est au milieu de ces souvenirs qu'ils se trouvent.

Le ruisseau fini par rejoindre une rivière, que le familier remonte. Avant de s'arrêter. Simplement. Car le lit de la rivière grandit, certes. Mais il s'enferme aussi, à l'intérieur d'un corridor autant naturel qu'ouvragé. Et là, un frisson lui traverse l'échine.
Et là, le lien – plus puissant – s'efface. « Quelle ville charmante, n'est-ce pas ? » Un sourire. Amusé. Une lueur dans son regard. Étrange. Ce n'est pas la première qu'il voyage dans ce genre de souvenirs, semble-t-il. « Par ici. » Il avance, alors. Pour suivre le parcours. Pour rechercher le clapotis du ruisseau. « Beaucoup d'eau pour un peuple qui préfère l'alcool. » Un petit rire. Alors qu'il saute pour rejoindre les hauteurs d'une terrasse. Qu'il reprend son chemin, en guidant l'ancien Roi.

« En quoi crois-tu, Aquaman ? » La question semble venir de nulle part. Et pourtant. Elle a un sens. Alors qu'ils arrivent à la rivière. Ils remontent. Pour arriver aux côtés du Familier. Qui vient se lover entre ses bras. Serait-ce une forme de peur ? Pourtant, face à eux, il n'y a rien.
Et pourtant, Klarion regarde l'ancien roi. « Je crois en des mondes qui sont parfois étranges. Qui peuvent ressentir des besoins étranges. Qui peuvent avoir des réactions étranges. En des mondes qui te poussent à faire des choix. »

Ses lèvres viennent déposer un baiser contre le front de Teekl. La rassurer. « Ils marchent. Nous avons marchés à côté d'eux. Ils nous ignoraient. Ou plutôt. Nous regardaient. Plus nous nous sommes avancés, plus ils se sont arrêtés. » Son sourire semble froid. Ses yeux perdus face au corridor. « J'ose imaginer que tu as senti au moins leur présence … Mais ressentir ne suffit pas … »

Une branche s'élève alors. Animée par une magie qu'il a déjà vu à l’œuvre. Celle de Klarion Bleak. Et alors qu'elle approche … une lame, sans forme. Sans couleur. Sans existence. Vient la pourfendre. « Quelque chose est arrivé à ce monde. Et les dieux anciens ne sont plus les fragments de ce qu'ils étaient. Du moins, certains, j'ose espérer … » Son sourire s'étire.

Mais ce n'est pas une réelle confiance.
Plus un sourire intrigué.
Celui du Chaos qui voit jusqu'où est allé son propre choix.

« Ou peut-être est-ce là le moyen qu'ils ont eu de se protéger ? Enfin. Tu devras te battre seul. Je ne pourrais guère t'aider. » Par choix ? Non. Car Aquaman voit Klarion Bleak s'élever. Les symboles sur ses mains s'activant alors, tandis que quelques mots glissent hors de ses lèvres. Un frisson parcours Teekl. Et elle a possiblement raison d'avoir peur. Car alors que cet étrange rituel commence à se réaliser …

Arthur Curry voit. Dans la ville. Les silhouettes. Les fragments des protégés des dieux, de certains dieux. Qui tournent leurs visages sans traits vers eux. Qui fixent. Sans voir. Le silence devient murmures. Les murmures antiques. D'une ville qui continue d'exister, mais dans un autre plan. Prisonnière ou protégée, qu'importe … Car il Le voit aussi.

Un dieu.
Un Gardien.

Dans ce corridor. Une armure blanche, oui. Mais ternie. Par des cendres noires. Une lance, oui. Puissante. Elle aussi accompagnée de ces braises noires. Un cor. Qui vient rejoindre son visage et sans trait. Et un son funeste. Heimdall ne se trouve normalement guère en ces lieux. Mais aujourd'hui, ce n'est pas l'entrée d'Asgard qu'il protège. Mais celui d'une source. Et alors que son crâne se voit recouvert de ce métal d'ivoire et de braise …

Le Gardien se met en garde.
Et le peuple fixe.
Ils ne sourcillent pas.
Les Ténèbres d'un peuple glorieux fixent l'ancien roi. Contre le dieu.