The Last Goodbye of Ray Palmer and Jessica Cruz

La vidéo prit fin sur un visage, coupé en plein milieu de son action, légèrement tendu vers l’avant – vers la caméra. Vers son audience. Et pendant quelques secondes, voilà la seule chose qui emplit la salle. Ray Palmer, tourné vers ses amis et ses proches, Ray Palmer, penché vers eux, comme pour recevoir le murmure secret d’un ami, ou pour se confier lui-même. Juste… Ray Palmer, dans toute son essence. Il occupait la salle comme s’il était réellement là, au centre de ce cercle de gens si précieux.

C’était, après tout, Ray Palmer. Ne l’oublions pas.

Juste quelques secondes à peine où le monde semblait en suspens, ou la révélation parcourut la salle tel un courant d’électricité, avant que la vidéo ne se remette d’elle-même en route. L’image était différente, cependant. Ray avait disparu, et si le cadre était le même, ce n’était de toute évidence pas lui qui avait de nouveau pressé le bouton enregistrement, mais la jeune femme qui occupait désormais toute l’image.


Jessica Cruz. Difficile de connaître Ray Palmer sans la connaître, elle. Difficile de la connaître elle sans connaître Ray Palmer, d’ailleurs. Mais cette histoire, ici… ils la connaissaient tous.

« Uhm, » dit-elle, l’air de toute évidence mal à l’aise.

Son regard se détourna de la caméra pour se tourner vers sa droite, comme pour s’assurer de quelque chose, vérifier quelque chose. L’inconfort s’effaça de ses iris et elle sourit, franchement et largement avant de se retourner vers la caméra. C’est avec cette même expression sur le visage qu’elle reprit la parole.

« Je vais avec lui, » dit-elle simplement.

D’un ton croulant d’évidence. Le choix n’en avait pas été un, à vrai dire. Mais elle ne le dit pas. Elle ne parla pas d’au revoir non plus. Cette réunion, elle le savait, était pour les alliés de Ray, pour ses amis et pour tout ce qu’il avait construit sur ce monde. Elle, elle avait déjà fait sa part. Sarah, sa sœur, et Simon Baz, son coéquipier, manquaient à l’appel, d’ailleurs. Ils savaient déjà, et accepter cette vérité brute que Jessica venait de lâcher n’avait pas été facile pour eux. Ca ne l’était toujours pas, d’ailleurs. Ils lui en voudraient longtemps. Mais… elle n’arrivait pas à s’en soucier. Pas à l’aube de cette toute nouvelle vie qui lui laissait un arrière-goût des plus étranges.

Tout ira bien avait-elle pensé à ce moment de l’enregistrement, quelques heures plus tôt. Le regard rivé sur l’objectif, elle avait imaginé les visages familiers l’observer, comme ils auraient alors observé Ray pendant son message. Elle sourit un peu plus, seule trace physique de cette certitude qu’elle ressentait, puis tendit le bras et coupa l’enregistrement.

Et maintenant, des heures plus tard, elle le pensait toujours. C’était… presque surnaturel d’être aussi sûre de quelque chose alors qu’elle avait passé tant de temps dans sa vie à avoir peur, à craindre tout ce qui pourrait mal aller. Mais pourtant, elle voyait le moment du grand départ s’approcher sans frissonner, sans regrets, sans questions.

A part peut-être le fait de ne pas être aussi douée avec les mots que Ray, de ne pas avoir pu dire à tous ces gens combien elle était reconnaissante et redevable. Tout ce qu’ils représentaient, elle avait essayé de le représenter, elle aussi. Dans l’obscurité, ils avaient été des guides, des lumières lointaines à suivre. Et elle était Green Lantern. Elle s’y connaissait en lueur dans les ténèbres. Elle espérait que le regard qu’elle avait posé sur la caméra plus tôt dans la journée suffirait à leur faire comprendre. Autrefois, elle n’avait été que Jessica Cruz. Tout ce qu’elle avait vécu à leurs côtés, au sein de cette communauté avait fait d’elle… une héroïne. Ce genre de dette ne se paie jamais. Elle portait dans son cœur toutes leurs empreintes, et elle le ferait à vie.

Avec plaisir.

Jessica trouva les yeux de Ray, et elle vit dans ces derniers l’écho de ce qu’elle-même ressentait. Le trop plein d’émotions, la gratitude, l’amour, surtout, mais aussi… la certitude qu’ils faisaient le bon choix. Que ça irait. Qu’ils iraient bien.

Il tendit la main et elle l’attrapa sans hésiter pour ensuite la serrer avec force entre ses doigts. Sa remarque la fit sourire un peu plus, et elle enchaîna, sur le même ton taquin.

« Un peu de poussière d’atmosphère, on y croit, et hop. » Elle sourit avec douceur. « On s’envole. »

Ils s’avancèrent alors d’un même pas, parfaitement à l’unisson.
Ensemble. Et, ils venaient de le prouver, jusqu’au bout.
Et même pour ce qui viendrait après.