Le retour de Batman [RP LIBRE]

Gotham City.
La nuit est tombée. Les lumières se font plus rares, mais demeurent vives.
La population rentre chez elle.
Les rues se vident ; un peu.

La ville reste impressionnante.

Mais dangereuse.

Bien des événements se sont déroulés ces derniers mois – ces dernières années.
La situation s’améliore ; un peu.

Gotham City semble s’apaiser. L’action des justiciers est couronnée d’un succès relatif, mais réel ; la criminalité baisse. La super-criminalité baisse, aussi.
Un peu.

Même si certains veulent poursuivre. Même si certains veulent résister.
En profitant de l’absence de Batman.
Celui dont les fichiers ont été révélés en ligne – celui qui, par sa paranoïa, provoque une réaction gouvernementale sèche.

Certains veulent agir, en son absence, malgré la présence d’autres valeureux justiciers.
Certains, oui.

Jervis Tetch – le Chapelier Fou.
Qui tente de manipuler les foules en bloquant et modifiant le signal de la principale antenne de télévision locale.

Mais Jervis ne parvient pas à ses fins ; il est stoppé.
Vaincu.
Et abandonné aux mains de la police… prévenue par un appel anonyme.

Il n’est pas le seul à tenter, cependant.

Waylon Jones – Killer Croc.
Qui tente de voler une banque en passant par les égouts, prêt à dévorer les gardes qui oseraient se présenter à lui.

Mais Waylon ne parvient pas à ses fins ; il est stoppé.
Vaincu.
Et abandonné, aussi, aux mains de la police… encore prévenue par un appel anonyme.

La soirée se poursuit, avec un autre incident.

Arnold Wesker – le Ventriloque, et Scarface.
Qui veulent faire chanter plusieurs commerçants d’une rue, afin d’obtenir des règlements réguliers ; quel qu’en soit le prix humain.

Mais ni Arnold, ni Scarface ne parviennent à leurs fins ; ils sont stoppés.
Vaincus.
Et abandonnés, enfin, aux mains de la police… toujours prévenue par un appel anonyme.

Trois tentatives avortées, donc. Trois actions criminelles arrêtées.
Trois interventions.

Il en est satisfait.
Il en est content, presque. Il revient. Il est de retour. Il agit ; alors que la ville va mieux grâce aux autres justiciers, ce qu’il apprécie.

Il apprécie, oui.
Il est revenu. Il est de retour ; et ça va.

Mais… c’est agréable, de reprendre pied dans ce quotidien. De se poster à nouveau, sur les toits.
Pour fixer la ville. Pour la surveiller. Pour la garder.

Pour acter ; son retour.

Batman est de retour.
Et Bruce Wayne en vient même à… esquisser l’ombre d’un sourire, alors qu’il dresse le torse et souffle ; de satisfaction.

Ce moment ne dure pas, cependant.
Son visage retrouve un masque de stoïcisme, alors que sa voix s’élève lentement.

« Je sais que tu es là. »

Il reste dos à la personne qui est là ; qu’il a identifiée.
Qui l’a… retrouvé.

« Bonsoir. »

Il est calme, poli.
Pour le moment, encore.

(HJ/ Le sujet est libre à toute personne intéressée. /HJ)

"Oh, mince, je respire vraiment trop fort ?"

La silhouette de Harley Quinn se révéla et s'approcha - timidement - de Batman.

Elle n'était pas armée, ni menaçante et semblait étonnamment calme. Simplement, elle souriait un peu bêtement. Comme une illuminée, comme une groupie qui rencontrerait - enfin - son idole.

"Ou alors tu fais équipe avec l'homme invisible et il reluquait mes fesses depuis tout à l'heure ?"

Harley soupira. Jamais elle ne serait assez silencieuse pour l'homme chauve-souris. Son cœur battait trop vite d'émotion en le voyant !

Elle tendit ses mains en avant :

"J'avoue tout, Batman, punis-moi, j'ai été vilaine"

Elle disait ça sur un ton mélodramatique. Elle faisait sa diva. Elle...

... avait besoin d'attention et de compréhension. Et l'ensemble des hommes de sa vie semblaient n'avoir aucun égard pour elle-même...

... ils lui tapaient dessus et se servaient d'elle comme d'une chose, comme le Joker...

... ils étaient gentils mais très amoureux de leur fiancée, comme Fate Jr...

... ou alors ils étaient comme Batman, impénétrable et mystérieux et... pas intéressés.

Harley soupira. Elle avait du vague-à-l'âme plein le regard. Elle se sentait en harmonie avec cette ville froide, obscure, gothique... et pour son come-back, elle aurait bien voulu que Batman la déride un peu.

Elle se ressaisit et ajouta, interrogative et malicieuse :

"Si je te dis que j'ai caché une bombe sur moi, tu me fais quoi ?"

Une lueur de plaisir masochiste vint traverser le regard dérangé de Harley... une lueur qui disparut et laissa place à la surprise et à l'incompréhension...

... une blague ? Batman était en train de la charrier ?

Son cœur s'envola. Soit elle vivait un fantasme perso et la situation allait vite tourner à l'indécence même, soit elle voyait encore des choses qui n'existaient pas, soit...

Harleen, il l'avait appelé Harleen ?

Et lui, comment elle devait l'appeler, hein ? Il y avait de l'injustice là dans tout cela...

Elle vint s'asseoir à côté de Batman, au bord de l'immeuble, les pieds battant dans le vide. Elle leva les yeux vers le justicier-protecteur de Gotham et...

"Ouais, je voulais devenir une héroïne. Avoir mon gang, tout ça. Faire des trucs pas interdits, au contraire. Et..."

Son regard manqua de s'embuer de larmes. Fate Jr. Ouais, là encore, c'était des souvenirs qui faisaient un peu de mal, alors elle laissa divaguer son regard au loin, vers la ville.

"Ca fait comment d'être le protecteur de tout ce merdier ? De casser la gueule à Double-Face, le ramener à Arkham, pour que demain il recommence encore et encore ? T'as pas l'impression, des fois, d'être pris dans un film dont la bobine aurait pété, condamné à faire les mêmes trucs jusqu'à la fin des temps, jusqu'à ce que la pellicule noircisse, puis brûle, et qu'on soit tous morts ?"

Elle soupira.

"Une vieille connaissance ? Tu nous perçois vraiment comme ça ?"

Nouveau soupir. Nouveau regard au loin.

"Quand tu dis que ça t'as plu... Ca t'as plu, genre "Elle est bien bonne celle-là !" et tu t'es marré avec les Robin de l'année ? Ou ça, t'as plu, genre... ?"

Genre elle laissa le soin à Batman de compléter le blanc.

"Et toi, Batman, tu deviens quoi ? Toi aussi, prisonnier du vieux film ou t'avances dans ton existence ?"

Harleen éclata d'un rire pas si dément que ça, à l'écoute des malheurs de Batman...

Comme elle imaginait derrière le masque du chevalier noir le regard à la fois désapprobateur et constipé de ce dernier, elle tenta de reprendre le contrôle d'elle-même, essuya les larmes au coin de ses yeux et traduisit pour son interlocuteur :

"En fait, si je résume... Tu es IL-LEGAL ? Toi ?"

Manquerait plus que Biquet (paix à son âme s'il en avait une) et elle-même deviennent les protecteurs de Gotham et ça ferait un excellent scénario de science-fiction ("Batman : White Knight", 1-8, DC COMICS, 2017-018).

Elle se gratta la tête de manière peu distinguée et ajouta :

"Je peux faire quelque chose pour toi, du coup ? Si tu veux, t'as qu'à m'arrêter et me livrer à Gordon et dire que c'est tout ma faute à moi ?"

Elle baissa les yeux et regarda le bout de ses croquenots. Puis ceux de Batman. Elle n'avait jamais eu trop l'occasion de regarder ce que Batman portait aux pieds, en fait. Elle avait une théorie sur les gens et les trucs qu'ils portaient aux pieds. Ca voulait dire beaucoup de choses sur eux.

Elle constata avec un certain soulagement - bien que le suspense n'ait été guère important - que Batman ne portait pas de chaussures de femmes.

Elle pensa à son autre théorie sur les sous-vêtements et les gens mais se dit, en même temps, que cela nécessiterait des investigations complémentaires auxquelles : 1) la température ambiante n'était pas propice et 2) le sujet présent (alias Batman) serait certainement réfractaire. Elle abandonna, provisoirement, donc, son errance métaphysico-théorique pour se focaliser à nouveau sur la détresse de Batman :

"Tu sais... Etre illégale, ça n'a jamais été le pire pour moi. J'veux dire le pire... les coups, les humeurs de M'sieur J., les humiliations, se doucher avec 100 aliénées en train de brailler en même temps à Arkham, ne pas pouvoir posséder une barrette ou un chouchou de peur que j'en fasse une arme par destination, tout ça..."

Elle sourit timidement au Batman.

"Tout ça, c'est pas le fait d'être illégale qui me l'a valu. C'est... euh..."

Harley pouffa.

"Bon, OK, c'est un peu ça mais SURTOUT en raison des crimes que je commettais avec Biquet. Et, pour Arkham... euh... le fait que je cause à un castor empaillé ?"

Même si elle n'était pas encore tout à fait convaincue de l'inexistence du Castor. A vrai dire, elle pensait que le Castor existait à un plan supérieur de l'existence et que le fait qu'elle l'entende et pas les autres était un bon signe pour elle...

... Bouddha Harley ?

Le Nirvana était à un pas de botte coquée de là !

"T'es illégal, t'es vraiment libre, voilà. Pas de comptes à rendre, tu fais tes règles et pis voilà. Illégal veut pas dire malhonnête, hein. Alors... tu crois que tu vas pouvoir t'en sortir ?"

Parce que bon, elle allait peut-être lui rappeler qu'elle était psychiatre diplômée (du moins jusqu'à ce qu'on lui enlève sa licence et que l'Association des Psychiatres du coin déclare ne jamais l'avoir connue) et que s'il voulait se suicider, il fallait pas...

Harley regarda fièrement la ville, façon "Gotham City, me voici !" puis demanda à Batou :

"Dis... J'aimerai bosser en équipe. Tu vois, genre pour apprendre la discipline et tout ça et le travail collectif. Jusqu'à présent j'avais mes réticences... Mes précédentes associations - avec Biquet ou avec Waller - s'étant révélées... décevantes. Mais... t'as des conseils à me donner ? Tu crois qu'il y a des gens qui voudraient bien de moi ?"

Elle n'alla pas jusqu'à demander si elle pouvait être Robin. Mais envisagea l'idée rapidement dans sa tête. Mener la vie d'un Robin. Faire de la gym avec Batman. Prendre sa douche avec lui. Faire des jeux de force basque ou de la lutte gréco-romaine. Boire une bière en slip et rigoler des malheurs de Double-Face. Se prendre une tape sur les fesses quand on avait bien travaillé. La vie, la vraie.

"Tu sais si mes copines Catwoman et Ivy sont dans les parages ?"

Harley se recula brusquement, manquant de tomber à la renverse et rampa sur les mains sur quelques mètres...

Batman avait bu ? Ou perdu totalement la raison ? Ou... ?

Le grand âge le rendait sentimental ?

Elle voyait les titres des tabloïds. "Batman bourré ! Il loupe une corniche et s'éclate au sol. L'enquête révèle qu'il portait de la lingerie dégoutante".

Puis, elle plissa les yeux. Les ferma. Ce n'était pas vrai. Il se moquait d'elle. Il...

... avait l'air sérieux. Un peu gêné par la proposition. Mais sérieux. Et. Euh...

"Genre comme un Robin ? J'veux dire..."

Elle secoua la tête. C'était pas possible. Du délire. Du délire de folie de malade de la tête. Il allait finir à Arkham encore plus surement qu'elle.

Elle se pinça très fortement et émit une note suraigüe : elle était dans la vraie vie du vrai monde.

"... c'est moi, Harley Quinn, la petite fiancée du Joker, la timbrée en chef qui a foutu en l'air toute son existence pour se taper un tueur sociopathe et pervers qui prenait un malin plaisir à répandre le mal autour de lui, tu te souviens ?"

Harley se releva. Cette proposition était idiote. Et les restes d'Harleen qui étaient encore en elle voulaient faire une démonstration en plusieurs parties. Sa voix se fit docte et elle se mit à compter sur ses doigts (elle adorait compter sur ses doigts à vrai dire, elle adorait aussi leur donner des p'tits noms et... oh, peu importe, passons...) :

"De un, je suis un peu... étrange et des fois je vois et entends des choses qui n'existent pas, comme des castors empaillés"

Et cela était sa stricte et triste vérité.

"De deux, je suis impulsive et indisciplinée. C'est un miracle que j'ai survécu au Suicide Squad et que mes camarades ne soient pas tous morts. Je fais les choses les plus idiotes qui soient envisageables et je traite mon corps avec mépris et indifférence, à la manière d'un moine bouddhiste masochiste et suicidaire"

Et cela expliquait pas mal de choses quant à sa relation avec le Joker.

"De trois, je parle tout le temps et je suis très, très fatigante. En plus si tu laisses traîner tes affaires, il y a de grandes chances que je te pique le numéro de téléphone de Wonder Woman et que je me mettes à la harceler jusqu'à la fin des temps, à lui voler des fringues [déjà fait] et à me taper un trip malsain de prétendue meilleure copine"

Un autel dédié à la gloire de Wonder Woman, puant le fétichisme adolescent à 1.000 lieues de là, se trouvait d'ailleurs chez elle. CQFD.

"De quatre, tes potes de la Justice League m'accepteront jamais. J'veux dire, quand tu leur diras qu'on est fianc... euh, coéquipiers, ils te diront quoi ? Hein ? EXACTEMENT la même chose que moi !"

C'est vrai ça. Elle même si elle avait fait partie de la Justice League elle aurait pas voulu qu'elle soit la coéquipière de Batman... euh... elle savait même plus ce qu'elle pensait, là. Peu importe.

"De cinq, je mens tout le temps, je suis dépressive, je sais pas ce que je veux, je suis une véritable catastrophe, je m'aime pas et, euh..."

... j'ai plus de doigts à cette fichue main gauche.

Elle s'arrêta, essoufflée d'avoir tant parlé. Elle aura fait tout ce qu'elle aura pu. Elle...

"Euh... comme un Robin, alors ?"

Les yeux gros comme des soucoupes, Harley se disait que - enfin - Noël était arrivé.

Noël sous la forme d'une place auprès du justicier le plus ténébreux et musclé de Gotham. Un type qui dégageait une folle envie d'être arrêtée et tabassée.

D'ailleurs, Batman ne le savait pas mais tous les losers de Gotham, les Riddler, Pingouin et autres Double-Face... adoraient se faire mettre les pinces par Batou !

Le crime à Gotham City, c'était juste un énorme jeu sexuel qui avait souvent mal tourné. Avec des hommes en collants et des femmes à moitié nues. Des chaines et du latex. Des loups et des courses-poursuites dans la nuit. Pour jouer à se faire peur et...

Retour à la réalité, Harley. Il faut te concentrer même si des fois c'est compliqué et que ça fait mal. Ne pas laisser les nuages rouges s'amonceler dans ton esprit. Comme... Comme à chaque fois que tu perds les pédales, en fait.

Elle respira un grand coup. Comme on le lui avait appris quand elle faisait de la gymnastique et qu'il fallait faire un exercice difficile. Genre une pirouette sur la poutre. Visualiser la poutre. La voir comme ayant une certaine largeur, une certaine hauteur, le tout en fonction de la difficulté. Coordonner ses mouvements et...

... se lancer.

"Je le veux. Oui. Je veux, oui"

Le pied avait été posé sur la poutre. Elle était maintenant embarquée. Et même si la poutre était étroite et haute, elle avait envie d'essayer de pirouetter dessus avec Batman.

"Harley Quinn & Batman, le dynamique duo, ça sonne bien non ?" lança-t-elle, mi-apaisée, mi-amusée.

Elle scruta Batman et questionna :

"Tu sais, ça va poser des difficultés ton histoire. Parce que déjà, là, je suis bien. Gentille, voulant faire le bien. Mais que feras-tu si je recommence mes délires ? Hum ?"

Elle se hissa sur la pointe des pieds et leva les bras lentement à la manière d'une créature de la nuit qui voudrait s'envoler et emporter avec elle Batman aux Enfers.

"Tu n'as pas peur de te brûler les ailes à mon contact, Batman ? Ou que je découvres ton identité et tous tes vilains secrets et ton repaire et que je foutes en l'air ta vie ?"

Harley reprit une position normale et poursuivit :

"Tu sais que ma vie est foutue depuis longtemps. Qu'elle sert à rien ni à personne. Et que j'ai pas grand chose à perdre... Combattre le crime à tes côtés, ça peut me remettre sur les rails, me distraire ou m'amuser. Je suis et je demeurerai une grande égoïste... Mais toi, tu fais ça pourquoi ? Hum ? Ta vie a été foutue en l'air comment ? Toi aussi t'as eu une seule très mauvaise journée qui a tout changé ? Ou le goût du travestissement et de l'héroïsme, ça te vient des films ?"

Elle baissa les yeux et conclut :

"En même temps, même si tu te prends pour Robin des Bois ou Dracula, c'est au moins toi... Moi j'ai calibré ma vie pour faire plaisir au Joker, être en quelque sorte lui en femme..."

Copie d'un clown sinistre, il y avait mieux comme trajectoire, en effet.

Nous pouvons aider, oui.

Harley regardait bêtement Batman s'envoler depuis le toit.

Bêtement car... Harley ne vole pas. Si elle est gymnaste, elle ne peut que difficilement pirouetter longtemps dans les airs avant de s'écraser 50 mètres plus bas, à la manière d'une crêpe au jus de haricot rouge... au jus de haricot rouge humain.

Ca lui rappelle, d'ailleurs, la fois où avec Biquet ils avaient voulu démontrer que tout corps projeté depuis un toit finissait toujours pas faire de la peinture abstraite, genre Jackson Pollock, une fois arrivé au sol. C'est géométrique, c'est scientifique, c'est indéniable.

[Et c'est en DVD sous le titre "Harley & Biquet dans Mad Science"]

Elle regarda le vide, Batman progressant vers le sol, rapidement, à la manière du rat volant qu'il avait décidé d'être. Elle regarda le vide et emplit son esprit et ses oreilles du bruit des sirènes. Des pleurs d'enfants. De la détresse des grands. De toute la somme de souffrances qui constituaient la nuit de Gotham City et qui reliaient - malheureusement - les êtres vivants entre eux, unis par la pitié qu'ils pouvaient ressentir les uns pour les autres...

Pas le Joker. Le Joker s'en fichait. Il n'était pas comme... les autres.

L'attraction du vide. L'appel du néant. Sous ses pieds, il y a l'Enfer. Et un seul pas en avant la libérerait à jamais de toute cette crasse, des nuages rouges et du sourire infâme de Biquet...

Elle ne volait pas mais elle avait des jambes. Si Batman pensait la laisser en plan, il se mettait le Batarang dans l'œil ! Sans plus y réfléchir, elle quitta le toit pour reprendre l'escalier de secours et en dévaler - quatre à quatre - les marches. Une fois dans la rue, elle tenta de filer en direction des sirènes et des secours... et de Batman.

Car, me voici !

Elle était dorénavant embarquée.

Essoufflée, les jambes flageolantes, Harley avait pu s'approcher suffisamment de la scène de crime pour s'appuyer contre une bagnole du GCPD criblée de balles.

Les flics à l'intérieur ne bougaient plus. Morts ? Inconscients ? Ou alors ?

Elle passa sa tête à l'intérieur du véhicule. Le passager était dorénavant... dans un monde meilleur. Le conducteur... absent, il avait laissé les clés derrière lui.

Et la mitraille continuait à être crachée depuis la Banque. La radio grésillait gentiment, annonçant que le spectacle était tout simplement offert par Double-Face et les timbrés qui constituaient son gang...

Double-Face. Elle avait de la chance d'être tombée croc-love du Joker et non pas de Dent. Parce que là, plutôt qu'une peau d'albâtre, elle aurait hérité d'un visage à moitié ravagé, ou d'un bras en moins ou...

Ne nous éparpillons pas. Ce qui était cool avec les sociopathes de Gotham c'était qu'ils étaient HORRIBLEMENT prévisibles, Harley y compris.

Qu'il y avait une logique dans leur folie. Ce qui faisait, d'ailleurs, qu'à la fin Batman gagnait toujours.

Batman qui faisait des signes à Harley. A une Harley qui était dans une caisse de flics. Les clés pendouillant sur le contact.

Des clés. Une voiture. Une idée. Stupide. Et suicidaire.

Combien de faces pouvaient-il y avoir à une seule et unique pièce de monnaie ? Pile, je gagne, face tu m'enfaces ?

Elle mit le contact, s'installa derrière le volant, faisant glisser ses fesses le plus au bord du siège possible, histoire de ne pas faire une cible trop évidente. Elle glissa également entre sa ceinture et son mini-short le calibre du flic mort. Elle...

... embraya, passa la première et mit le pied au plancher.

Elle n'y voyait rien, elle contrôlait presque rien, elle...

... se trouvait géniale & folle & furieuse & elle dirigeait la voiture directement vers la devanture de la Banque.

La destination ? Direction la tronche à Double-Face ! Et puis... son esprit binaire allait devoir forcément faire un choix... qui descendre ? Harley et sa voiture filant à toute vitesse ? Ou Batman ?

Quoiqu'il en soit, un choix allait devoir être fait et Harley s'en lavait les mains car de son côté le choix avait été arrêté. Quoiqu'il advienne, quoiqu'il en coute. A la vie, à la mort, vive la mort !

Le choc a été violent, si violent que le cadavre du flic mort est même passé à travers le pare-brise !

Harley, elle, se prend l'airbag en pleine tronche. Et ce qui la sonne légèrement la réveille en même temps : car, ça y est, l'adrénaline prend le dessus et le cœur de la jeune femme bat à 100 à l'heure. Du sang coule sur son visage (le sien) et elle déboucle sa ceinture difficilement. Elle remue les pieds : rien de cassé, tout fonctionne encore.

Dehors, elle n'entend rien, ne voit rien. Ses oreilles bourdonnent et le pare-brise est étoilé, du moins de son côté à elle.

Elle n'arrive pas à se lever tout de suite. Elle ouvre la portière, elle sort du véhicule... en rampant.

5 mecs patibulaires prêts à en découdre avec elle. A mais nues. A lui cogner dessus, à lui mettre une danse à elle qui apparaît devant eux, au sol, comme si elle venait de sortir de sa coquille...

Elle lança, hilare :

"Tout ce beau monde pour moi ? Au moins avec Biquet, il venait me cogner lui-même... Double-Face est fainéant ou bien ?"

Harley partit dans un rire sinistre. Un rire qui ne fut interrompu que par... la vision de Batman. Juste à ses côtés, à elle.

"T'es là, toi ?"

Elle lui sourit et se remit, en grimaçant, sur ses pieds.

Elle cracha un glaviot ensanglanté au sol, espérant ne pas avoir perdu une dent au passage, et banda ses muscles. Elle se mit en garde, à la manière d'une boxeuse. Et toisa les vilains du regard.

"Vous savez la différence entre vous et moi ? C'est que vous vous allez détester chacun des coups que je vais vous mettre. Alors que moi... eh bien, vous pourrez rajouter à votre petit dico des choses amusantes à savoir sur Harley Quinn qu'elle est un peu maso sur les bords..."

Puis constatant qu'elle avait toujours le flingue du flic mort (celui qui était maintenant étalé sur le ciment, après avoir effectué un vol plané à travers le pare-brise) à la ceinture, elle s'en saisit, l'arma et le braqua sur le gang d'idiots.

"Ou alors, vous allez vous laissez faire gentiment pendant que Batman vous mets les pinces ou je joues au tir aux pigeons avec vos têtes d'abrutis..."

Et comme pour montrer qu'elle rigolait pas, elle ajouta :

"Ouais, vous allez vous dire, Batman, il tue pas les vilains. Ouais. Mais moi, j'suis pas Batman, j'suis Ro... Harley Quinn ! Et Harley, elle fait des règles qu'elle est même pas capable de suivre. Qu'elle s'en souvient pas d'ailleurs et qu'elle sait même pas comment elles s'écrivent, les règles. Si ça se trouve, d'ailleurs, Harley, elle va prendre un pied énorme à vous tuer... alors la chatouillez pas, Harley !"

Harley s'approche de Batman, son flingue encore chaud et fumant en main.

"Pardon, Batman, ça a été plus fort que moi... Promis, je le referai pas mais... je voulais absolument voir comment leur tête, elle était faite de l'intérieur et..."

Les deux types dont elle s'était occupée gisaient au sol.

Elle éclata de rire et précisa à l'intention des deux "macchabées" :

"C'est bon, vous pouvez arrêter de retenir votre respiration, j'sais pas si Batou a marché ou pas mais on va dire qu'on est quittes..."

L'un des prétendus mort leva la tête et demanda timidement :

"Ca veut dire qu'on peut partir ?"

Harley secoua la tête et les braqua à nouveau avec son flingue.

"Nan, ou alors seulement si tu veux que je te tires comme un lapin... On est quittes pour les propos salaces et idiots que toi et tes potes avez eu pour ma p'tite personne... Pour le reste c'est..."
Elle leva son arme et en abattit la crosse sur le premier malfrat puis sur le second.

"... bonne nuit, les petits !"

Puis elle se tourna vers Batman...

"Là, tu vas te dire si j'ai fait exprès de tirer à côté ou si je tire comme une fesse et qu'ils ont eu beaucoup de chances de tomber sur une psychopathe maladroite ? Et ce que je vais te raconter te servira à pas grand chose vu que je suis une menteuse pathologique ? Et tu vas devoir me croire sur parole ?"

Elle rangea le flingue dans la ceinture de son mini-short.

"Pour ce que ça vaut, j'ai jamais été une tueuse pure jus. Ca c'est le Joker et... il est plus là..."

Elle baissa la tête, un peu mélancolique des années perdues avec ce fou criminel.

Puis, elle releva son visage et fit un timide sourire à Batman :

"On n'a pas Double-Face qui attend de se faire psychanalyser à coups de poing ?"

Le sourire se fit radieux et Harley entreprit de fredonner une petite chanson qui allait donner naissance à sa future bande-son !

Harvey, du temps où il n'était pas encore Double-Face, était déjà un raseur, pas marrant, tout ça. Terne et casse-pied. Un juriste, quoi. Pire ! Un Procureur. Comme un flic, en somme, mais sans le frisson de pouvoir exploser la gueule à un malfrat avec une matraque...

Elle l'imaginait, en train de jouer aux petits chevaux avec le Commissaire Gordon, dégustant des alcools pour petites mémés en faisant attention à ne pas être trop saouls de peur de faire les fous...

Bon, si elle était parfaitement honnête avec elle-même, elle pourrait admettre qu'avant d'être Harley, Harleen était également... un peu pénible, une insupportable Mademoiselle-je-sais-tout, un vrai rat de bibliothéque, dévorée par une ambition démesurée...

... mais au moins, elle avait ce côté aventureuse, qui avait fini par l'amener là où elle était présentement (après l'Asile, la Prison, les mauvais traitements, etc...). C'est à dire à deux doigts de faire un gros câlin à Batman et que ce dernier l'emmène dans la Batmobile pour...

... euh...

... Comic Code Authority, tout ça ?

Bref, passons.

1) Le moment présent est top. Batman est fier d'elle et sa vie, à elle, est sur le point de changer (et la sienne à lui aussi mais ça il l'ignore)
2) Double-Face et sa bande de tocards arrive, parle du Joker et d'elle même en des termes peu flatteurs...

... niveau mauvais timing, il fait fort !

3) Ils se mettent à tirer comme de gros malades, juste après que Batman se soit - chevaleresquement - mis devant elle (Que c'est mignon, il veut se prendre une balle pour elle, se retrouver paralysé [comme dans l'amusant album photo de M'sieur J. avec la rouquine, là...], pour qu'Harley puisse le dorloter et jouer à l'infirmière).

Quel fâcheux !

Bon, Harley n'étant pas encore à l'épreuve des balles, vient de se jeter au sol. Elle fouille ses poches. Retrouve le flingue mais se sent quand même sous-équipée face au tonnerre de feu qui s'abat sur elle et Batman ; fouille à nouveau ses poches et trouve un papier gras et sale sur lequel elle a dessiné la gueule du castor empaillé et se marre (parce que c'est drôle) ; fouille encore ses poches (parce que c'est peut-être drôle mais c'est pas le moment de rire) et trouve la quasi-totalité de ses économies...

... une pièce. D'un dollar. Avec un côté pile et un côté face. Et... elle a une idée. Idiote. Mais qui s'adresse également à un autre idiot.

Attendant que le déluge de plomb se calme. Elle se redresse légèrement, étant quand même à genoux, les mains en l'air.

"Pouce ! C'est pas du jeu, hé... D'ailleurs t'es qui pour parler de Biquet et de moi, hein ? T'es le nouveau mec à Biquet et t'es jaloux de la relation que j'ai eu avec lui ? Tu te rends compte, quand même, Biquet, ben euh... il est mort. Alors ça fait de toi..."

Elle disait n'importe quoi et s'égarait. Souvent par erreur qu'elle s'égarait. Erreur et insouciance. L'histoire de sa vie en somme.

"Euh... un esthète un peu tordu, mais c'est cool... hein"

Double-Face pouvait voir que dans la paume de la main gauche de Harley, glissée entre deux doigts, il y avait une pièce.

Elle sourit. Elle espérait avoir attiré l'attention du psychopathe.

"T'as envie de jouer, hein ? T'as envie de ça, dis le... D'être meilleur que le Joker, hein ? Le Big Boss... Je te propose un jeu..."

Elle prit la pièce dans sa main.

"Pile, je t'aide à tuer Batman et je deviens ta nouvelle copine à la manière de ce que j'ai été pour Biquet..."

"Face, tu te rends, tes potes partent en taule et toi tu retourne à Arkham..."

Et elle lança la pièce de manière à ce qu'elle retombe dans une flaque de boue, à bonne distance à la fois d'elle et Batman mais également de Double-Face et de son gang.

"Oups" commenta-t-elle de son air le plus stupide qu'elle avait en stock.

Harvey était par terre, le nez éclaté et la gueule en miettes... peut-être qu'un jour à force de se faire cogner par Batman, il finirait par avoir les deux côtés pareils ?

Elle soupira de soulagement quand Batman la félicita pour ce qu'elle avait accompli.

Bon, il l'avait protégée avec sa cape magique. Et elle, elle n'avait eu qu'une idée stupide toute juste bonne normalement à les faire tuer, tous les deux, et qui ne pouvait, en tout état de cause, marcher que sur un crétin fini comme Double-Face.

D'ailleurs, y avait qui de plus bête que Double-Face à Gotham, hein ?

Bon, peut-être elle... en fait.

La différence entre Batman et Biquet : Biquet l'aurait molestée à coups de barre à mine pour avoir tenté une sortie aussi idiote et l'aurait certainement enchaînée dans une pièce sombre et humide jusqu'à ce qu'elle hurle de terreur ou qu'il trouve une façon plus malsaine encore de l'humilier... et elle aurait certainement dit merci.

Batman, lui, il lui disait qu'elle avait bien agi. Ni plus. Ni moins.

Son cœur s'envola dans les airs. Au fur et à mesure que la présence rassurante du Batman l'ancrait un peu plus à la réalité, son cœur devenait celui d'une midinette.

Surtout qu'il la prenait par les sentiments en lui indiquant où elle pourrait trouver une masse artisanale très proche de son fidèle marteau.

Elle gambada joyeusement pour s'en saisir et aller à la manière d'un Guignol peinturluré tapant un Gnafron Gothamite faire sauter quelques dents et envoyer au pays des rêves bleus les sbires et comparses de Double-Face qui, sans leur chef, ne devaient plus trop en mener large...

... et tout ça au nom de la loi !

Droguée à l'adrénaline, frétillante pour le moindre frisson qui puisse permettre à sa carcasse abimée de s'agiter et de poursuivre le combat...

... Harley aimait ça. Péter des nez et se faire casser la gueule. Tourbillonner dans la spirale de l'ultra-violence jusqu'au point de ne plus savoir qui elle était ni ce qu'elle était.

Héroïne ou vilaine ? Dis moi comment tu me préfères et j'agirais en fonction.

Finalement, cette petite virée nocturne avec Batman avait été inspirante. Mettre une rouste à Double-Face d'une manière magistrale, casser des dents et des tronches, le tout pour se faire féliciter par Batman...

... était-elle morte et arrivée - d'une manière un peu surprenante - au Paradis ? Venait-elle à l'inverse des anges trébuchés de se retrouver dans la peau d'une diablesse projetée au septième ciel ?

Elle était à moitié hilare, quand elle en eut terminé avec les potes du Procureur fou. Et en plus, Batman était content. Elle avait gagné au loto.

"Tu sais, Batman, je n'ai fait que mon travail, tout ça, tu vois, en toute modestie... Les pouvoirs, les responsabilités, tout ça..."

Elle était surexcitée, en fait. Elle disait n'importe quoi mais c'était aussi en lien avec son état bio-chimique. Excitée comme elle l'était, il allait lui falloir un peu de temps pour redescendre sur une terre qu'elle avait du mal à garder en visuel.

Quand la Batmobile déboula et que Batman lui proposa d'aller faire soigner ses blessures, timidement, gauchement, comme s'il voulait l'inviter pour un rencard... elle se prit pour Cendrillon invitée au bal...

"Tu es sur ?" lança-t-elle.

Elle regarda un brin timidement le véhicule.

"Tu sais que si je montes là dedans, avec toi, ça va être très très difficile de se débarrasser de moi plus tard, hein ?"

Elle montra les jointures de ses poignées ensanglantées, elle agita ses avant-bras pour montrer les quelques dermabrasions qu'elle avait...

"Le Joker me proposait jamais ça ! En fait, ça le faisait rire..."

Elle se passa la main dans sa crinière décolorée et décoiffée.

"Bon, pour tout te dire, la plupart des blessures que j'avais, c'était lui qui les avait faites... Mais tout ça pour dire..."

Harley plissa les yeux puis observa à nouveau la Batmobile avec envie.

"... je peux aussi rentrer chez moi et mettre du sparadrap, hein"

... ou alors je rentre chez toi et je pars plus jamais...

Batman reste silencieux, face à Harley Quinn – face à ses réactions, ses paroles.
Ses… interrogations.

Il demeure figé, immobile. Telle une statue. Apparemment pris dans ses pensées, dans ses réflexions. Dans ses doutes.
Dans son… hésitation.

Il hésite, oui.
Il a proposé à Harley de l’aider à se soigner – une politesse, un acte légitime vu l’aide qu’elle a apporté et son désir, confirmé aujourd’hui, de s’amender.
Cela lui paraissait… normal. Indiqué. Bienvenu.

Mais il doute, maintenant.

Il doute, car elle-même a exprimé sa surprise, son hésitation. Elle-même sait, sent que cela risque de changer beaucoup, entre eux.
Il n’amène… quasiment jamais personne, dans la Batcave.
Encore plus depuis que Alfred est… depuis qu’il y est seul ; qu’il y vit seul.

Et Harley… Harley n’est pas n’importe qui.
Elle est une ancienne ennemie. Une ancienne alliée du Joker ; une fiancée du Joker.
Un Joker disparu, mort. Un meurtre dont on le juge responsable.

Bruce veut croire en Harley, il veut croire en sa bonne foi, mais… mais.
Mais il y a un doute.
Mais il y a une hésitation.

Suffisamment pour que, jadis, il y a encore peu, Bruce refuse ; se reprenne. Revienne en arrière.
S’enferme dans sa noirceur, et sa solitude.

Des temps paranoïaques. Des temps sûrs.
Des temps… douloureux.

« Cela… t’a peut-être échappé. »

Sa voix rauque et puissante s’élève encore, dans le silence de la banque brisée. Dans l’ambiance étrange qui s’est installée entre eux deux.

« Mais… je ne suis pas le Joker. »

L’ombre d’un sourire glisse lentement sur son visage.

« Quiconque m’appuie, m’aide, me soutient… gagne mon respect ; et mon assistance.
Que cela soit pour un moment difficile – ou des soins à donner. »

La porte supérieure de la Batmobile s’ouvre, à quelques mètres.

« Allons, viens ! »

C’est sûrement une erreur… c’est certainement une erreur.
Et… alors ?

Batman bondit dans la Batmobile, et attend que Harley l’ait suivi pour enclencher le moteur. Pour fermer la porte.
Pour lancer le véhicule.

Bruce a passé des années à éviter les erreurs, à les fuir comme la peste.
Pour quel résultat ?

Gotham City va mieux, il s’est forgé des alliés… qu’il a tous trahis, pour se sécuriser ; pour se protéger.
Bien des proches se sont retournés contre lui, alors qu’il ne savait pas leur faire confiance. Parce qu’il ne savait pas leur faire confiance.

Peut-être que… agir différemment peut aider.
Peut-être que… Harley Quinn peut l’aider, aussi.

Peut-être, surtout, qu’il est temps pour… un nouveau Batman.

H & B [Harley Quinn]

(HJ/ Je me permets d’ouvrir un autre sujet, pour embrayer ailleurs, si ça ne te gêne pas ! /HJ)