[5ML] "Nashton & Blake, private investigators"

Sa main passa sur la large cicatrice qui courrait le long de sa nuque jusqu’au sommet de son crâne. Elle était encore visible malgré sa toison rousse qui reprenait lentement mais surement sa place. Il rajusta son chapeau. Ses yeux se posent sur les adhésifs, fraichement posé contre la porte de son bureau. Enfin. Leurs bureaux. « Nashton & Blake, private investigators ». Elle l’avait convaincu de récupérer ce nom. Ce nom qu’il avait abandonné en épousant sa nature de génie criminel. Ce nom qu’il portait quand il était encore salarié à Wayne entreprise. Ce nom, héritage dans un homme stupide et violent, disparu depuis maintenant bien longtemps. Cet héritable douloureux, elle l’avait convaincu dans faire quelque chose de beau. Quelque chose de grand. C’était bien ce qu’il comptait faire avec son associé, sa partenaire, son amie. Ça n’avait pas été facile de suivre le chemin de la rédemption, mais en suivant les pas de Zinda, il marchait de plus en plus vite bien que toujours boiteux. Il avait rencontré bien des imbéciles. Enfin, des gens. Elle l’avait poussé aux rencontres et bien qu’il ne les comprenait pas d’avantage qu’auparavant, il avait accepté de s’ouvrir. Il avait accepté de laisser chacun d’entre eux l’approcher, de plus ou moins prêt de limites sociales qu’il s’était fixé. Il avait aidé, autant que possible et sa passion pour les mystères et les énigmes avaient changé. Elle n’avait pas disparu mais la manière dont il l’appréhendait depuis tout ce temps, c’était adapté au nouvel homme qu’il essayait de devenir. Il aimait les mystères et chacun des individus qui se présentaient à lui, en était un, plus ou moins difficile, plus ou moins accessible. Devenir

Il essayait d’être admirer pour ses compétences. Non pas en l’imposant et en s’isolant de ceux qu’il qualifierait comme stupide, même encore maintenant, mais en s’efforçant de le mériter. Il voulait cette rédemption. Ils avaient aidé les pauvres, les miséreux, les malheureux et ceux qui faisaient semblant de ne pas l’être. Cela ne l’avait pas empêché de demander à Zinda de l’aide, une compréhension, et il espérait qu’elle soit assez patiente pour accepter qu’un homme comme lui ne pouvait s’améliorer en un jour. L’ombre de l’homme-mystère planait toujours derrière lui.

Alors qu’il sortait ses premières affaires, par ordre d’importance, il observa Zinda et Black Canary s’échanger de l’affection après avoir terminé d’amener les derniers cartons. Les deux justicières semblaient très proches et il pouvait sentir à la manière dont l’héroïne l’observait, une certaine méfiance. La même méfiance qu’il lisait dans les yeux de chacun des Gothamiens depuis qu’il était de retour auprès de la ville prédatrice.

- Au plaisir de faire ton travail à ta place, Canary. Fit-il en guise d’au revoir sans plus la regarder.

Il n’en restait pas moins lui-même. La porte claqua et les deux partenaires furent enfin seul. Le Sphinx observa une nouvelle fois son nouveau cabinet. Il avait perdu beaucoup d’argent dans la fabrication d’une salle de soin de son repère et dans la recherche d’un remède. Le reste de ses économies lui avaient permis de d’acheter l’appartement avec Zinda. Il avait vraiment le sentiment de recommencer à zéro. Il s’était trouver un appartement non loin de là et avait transférer la plupart de ses affaires. Le reste dormirait à jamais dans son vieux QG, pour de bonnes ou de funestes raisons.

- Elle ne m’aime pas.

Il sortit quelques casses têtes de sa confection qu’il posa sur une première étagère. Ils possédaient certains depuis qu’il était en âge de comprendre les probabilités et la soudure, là où d’autres apprenait l’art des colliers de nouille.

- Je dois dire que je n’ai jamais vraiment tenté de me faire apprécier par cette fausse blonde. Qui elle croit tromper, le professeur Bedlam ?

Évidemment, Edward était assez attentif pour avoir remarquer ce détail.

Quand il fut certains que chacun de ses casse-têtes étaient rangés de façon chronologique, il se tourna complètement vers la désormais civile, Zinda. Il avait conscience que la situation actuelle lui avait demandé un gros sacrifice. Elle avait dû ranger la cape (enfin, la casquette) pour pouvoir suivre ses convictions. Zinda n’avait jamais été une grande amoureuse de la politique de toute façon. Pour Edward, la question avait été vite réglé. Il n’était pas un héros, plus un criminel depuis qu’Oswald, ancien maire et grand ami en prison, avait lavé son casier. Ça faisait déjà quelques temps qu’il était considéré comme un civil, à surveiller tout du moins. Il se déplaça jusqu’à elle et s’assit dans le grand fauteuil qui serait désormais le leur. Le peu de carton qu’il avait ouvert, et même pas terminé de déballé, l’avait déjà fatigué. Il resta assis un instant pour se remettre. Heureusement, la médecine de ce Peter Cross faisait des merveilles. Elle l’aidait à tenir le coup, pour le temps qu’il lui resterait. Il posa sa canne sur le bureau et croisa les bras. Il regarda fixement la porte, comme s’il s’attendait à ce qu’elle s’ouvre d’un instant à l’autre pour dévoiler une pauvre âme en peine qui aurait perdu mari, femme, enfant, chaton, héritage, ou pire, le bon sens. C’était évidant, il était aussi excité que nerveux. Il se l’était juré. Il achèverait le plus d’affaire possible, jusqu’à son lit de mort, de la plus stupide à la plus incroyable. Il résoudrait tous les mystères qu’on lui donnerait et ça commençait maintenant.

- Je préfère en être sûr, est-ce que les détectives privés ont aussi droit à leurs donuts ?

Il se tourna vers elle avec un petit sourire malin.

Edward manqua de répliquer avec orgueil qu’il serait facile pour lui de découvrir la véritable identité de cette Black Canary. Zinda avait cependant toujours les mots, pour le faire penser à quelque chose de plus profond, plus grand. Elle avait cette intelligence sociale, celle dont il était complètement dépourvu. Il avait toujours pensé que la solitude était quelque chose qui lui convenait complètement, que les gens ne le comprendraient pas mais il avait aujourd’hui suffisamment de recul pour saisir ce que ses psychiatres avaient tant de fois essayé de lui faire comprendre à l’Aasile d’Arkham. Il avait besoin du monde, tout autant qu’il voulait que le monde ait besoin de lui. Black Canary avait préféré l’hommage à la sécurité d’un masque. Il ne savait pas s’il devait ranger cette action dans N pour Naïve idiotie ou F pour Franche stupidité. Enfin, les ennemis qui devaient être les siens ne devaient pas être bien intelligents pour ne pas découvrir ce qui se cache une mâchoire brièvement symétrique. Quant à elle, quel genre de volonté pouvait la pousser à rendre hommage à une personne dix fois décomposé ? Ou plutôt, quel genre d’individu pouvait pousser quelqu’un à prendre son nom, son look, ses principes ? Combien de héros avait pris ce chemin là car guider par quelqu’un de surement plus grand qu’eux ? Batman aussi, peut-être ?

Il accepta volontiers la proposition de la jeune femme et retourna dans de plus vastes pensées tandis qu’elle listait leurs premiers mails. Le sourire d’Edward ne fut que s’élargir à mesure qu’elle parlait. Il s’était attendu à des messages de menace ou d’insulte. Après tout, c’était ce qu’ils avaient reçu à peine leur ligne téléphonique active. Ou alors elle prenait soin de les éviter, qu’importe. L’hésitation, ou plutôt la surprise de Zinda, transforma cette figure de satisfaction en une grimace interrogative. Il n’aurait jamais imaginé recevoir une invitation de son ami, en tout cas, aussi rapidement.

- Oswald est déjà sorti ?

Il plaça sa main sous son menton. Ce n’était pas la première fois que le Pingouin se sortait d’affaire. Il avait l’argent, les alliés, les pions et surtout, la ruse. Une qualité indéniable chez Oswald Cobblepot et apprécié par l’Homme-mystère. Il s’était passé bien des choses depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vu, pas seulement pour lui personnellement mais également Gotham et le monde, mais ça, Edward n’en avait que faire. Son meilleur et pendant longtemps unique ami voulait le voir et il n’aurait refusé pour rien au monde. Il devait le remercier pour la clef usb, et entendre ce que son ami avait à lui dire. Ils avaient besoin de se retrouver. Son regard dévia un instant sur les petits yeux attentifs de Zinda. Le jour où elle lui avait donné cette clef USB, un jour bien sombre malgré l’espoir fou que représentait ce petit objet, il lui avait évidemment demandé comment Oswald et elle en était venu à se rencontrer pour qu’il la charge du rôle de messager et puis finalement, petit à petit, à mesure que leur relation à tous les deux s’agrandissaient, ils s’étaient confié l’un à l’autre. C’était comme ça, qu’il avait su ce qu’Oswald lui avait fait. Comment il l’avait laissé presque morte, il y a longtemps de cela. Son regard glisse sur la poitrine de Zinda et il y devine la cicatrice fait par un des parapluies affutés du mafieux. La sienne le chatouilla. Il ne pouvait en vouloir à Oswald pour cela. Cela n’aurait pas été logique. Au fond de lui, il savait qu’il aurait pu être cet ennemi qui l’aurait laissé pour mort, dans un de ses casse-têtes où elle n’aurait eu, sans nul doute, aucune chance. Cette pensée le couvrait d’une honte qu’il ravalait difficilement. Aujourd’hui, il était Edward Nashton, le plus grande détective du monde (n’en déplaise à la chauve-souris) et quand il mourrait, c’était lui que sa fille, Zinda et bien d’autre, rendraient hommage. Il était prêt à tout pour ça. Gotham était au cœur de jeu de pouvoir perpétuel et Oswald était un très bon joueur. Il ne serait pas une menace pour son ami.

« Tu seras prêt à tout, lorsque tu accepteras que chacun d'entre eux aura une raison supplémentaire de te détruire... Et non pas parce que tu auras survécu... »

La voix doucereuse de Crane, tout contre son oreille, le fit se relever d’un geste sec. Il ramassa sa canne. Il rajusta ses boutons de manchette alors qu’il chassait ses pensées paranoïaques.

- Vogue Gotham n’est pas très loin de l’Iceberg Lounge. Nous pourrons nous y rendre directement dès que j’aurai vu Oswald. Ça tombe bien, j’ai deux mots à dire au directeur Miller. Ses journalistes m’avaient fait un article scandaleux quand j’ai commencé mes premiers cambriolages. Le lycra était complètement tendance à l’époque, demander à Catwoman, fit-il sur un ton encore mi amusé, mi agacé. Je m’en souviens très exactement, ils m’appelaient « Quizmaster », « The Questionmark » ou encore « Puzzleman ». Ah. C’était vraiment le pire celui-là.

Il poursuivit alors qu’il récupéra un carnet vierge à l’intérieur d’un carton ainsi qu’un stylo qu’il enfouit dans une large poche de son pantalon. Il releva ses lunettes du bout des doigts et finalement, lâcha ce qu’il avait sur le bout de la langue.

- Je ne te demanderai pas de m’accompagner voir Oswald. Il ne s’en prendra pas à mon business, mais je comprendrais si tu préfères enquêter en m’attendant.

Il rajoute :

- Quand je parle de mon business, je parle de..

"De toi."

- Du notre. Je n'oublie pas le "Blake" de notre "Nashton and Blake". Il faut bien un Watson à Sherlock.

Il esquisse un sourire.

Depuis combien de temps était-il perdu dans ses pensées ? Depuis qu’il avait pris la décision d’aller à l’Iceberg Lounge ? Depuis qu’il était monté dans le véhicule ? Depuis qu’il était face au bâtiment lumineux et bondé ? Il n’entendit pas la première question de Zinda. Ses yeux continuaient à observer la foule prête à fêter le grand retour du grand oiseau de Gotham City. Dans une vie parallèle, ils auraient pris une maison de campagne et les deux amis seraient restés ensemble, jusqu’à la fin. Sauf que ni Edward ni Oswald n’étaient ainsi. Ils ne se laissaient pas aller à la facilité, car jamais rien n’avait été facile pour eux. Jamais.

Oswald devenait maire. Edward l’aidait.
Edward recherchait un remède. Oswald l’aidait.
Parce c’est ce qu’ils faisaient.

- Ed ?

Comme sortie d’un songe, il se tourna vers Zinda. Il y avait tellement de sincérité dans les yeux de la jeune femme, d’inquiétude. Il lui offrit son sourire le plus fier, le plus arrogant.

- Je suis toujours détendu. Est-ce que j’ai l’air inquiet ?

Il lui souhaita bonne chance et la regarda partir tandis que le véhicule grondait dans l’obscurité. Elle s'en sortirait le temps qu'il la rejoigne. Il ne comptait pas s'attarder.

Il rajusta son chapeau et dans un souffle pénétra dans le repère du Pingouin. Évidemment, on le laissa rentrer immédiatement. Il était tellement reconnaissable dans son beau costume vert, son chapeau melon et sa canne doré en forme de point d’interrogation. Il déambula entre les tables. L’odeur du poisson et d’alcool lui monta au nez. Il récupéra le mouchoir plié soigneusement dans la poche de son costume qu’il posa brièvement sur son visage. C’était une ambiance qu’il lui semblait bien lointaine et pourtant, combien de fois y avait-il gouté avec excès que ce soit à la Boite de Pandore ou à l’Iceberg ? Un flot de souvenir remonta doucement. Sa mémoire rouillée s’ouvrit pour laisser échapper quelques phrases, quelques sensations, quelques doux moments et même d’autres, plus piquants. Son corps le conduisit naturellement là où se trouvait toujours Oswald dans ce genre de soirée : en pleine lumière. Les retrouvailles ne se firent pas attendre et Edward se laissa aller volontiers à une accolade qui dura longtemps. Il se recula avec son éternel sourire.

- Comme Sisyphe, fit-il dans son mystère habituel.

Au ton qu’il employait et au regard qu’il lui lançait, Oswald devait comprendre qu’il n’avait aucune envie de parler de ceci devant une foule de regards et d’oreilles indiscrètes.

- Heureux de te revoir, Ozzie. Tu aurais pu directement m’appeler, au lieu d’un mail aussi formel à mon nouveau bureau. Quand es-tu sortie ?

Pas besoin de lui demander comment. Le sphinx avait déjà la réponse à cette question. Il posa une main sur son épaule et l’invita à marcher un peu plus loin. Il glissa sa canne sous son coude et s’appuya contre son ami tout en l’écoutant d’une oreille attentive. Il imaginait bien Oswald prêt à lui poser des tonnes de questions sur son état, mais une autre question titillait l’esprit du rouquin. Qui avait soufflé à l’oreille de l’oiseau qu’Edward et Zinda avaient fait équipe ? Et surtout, quand pensait-il ?

- Merci pour la clef. Je ne l’ai pas encore mis à profit, comme tu t’en doutes. Ce n’est pas une porte que l'on ouvre en un tour de main mais.. sache que ça ne sera pas oublié.


Sa main serra un peu plus fort son épaule, comme pour lui transmettre ce que les mots ne suffisaient pas. Il la relâcha pour s'appuyer de nouveau sur sa canne. Il voulait paraitre le plus digne possible.

Edward se saisit d’une coupe par politesse. Du moins, c’est ce qu’il s’était dit. L’alcool était déconseillé dans son état mais Oswald avait raison, c’était une belle occasion ce soir. Il l’apporta à ses lèvres et en prit une brève gorgée et profita de son amertume fruité. Une boisson de qualité sans nul doute et qui trouvait tout à fait sa place au Iceberg Loung. « Ne tarde pas trop ». C’était drôle comme les êtres à qui il accordait une certaine importance avaient un avis différent sur la question. Une chatte lui demandait d’attendre, un oiseau d’agir. Il n’y avait que Zinda qui n’avait rien exigé. Zinda était le présent. Elle lui permettait de voir autre chose que son passé entaché qui le faisait honte et ce futur sombre qui l’effrayait. Elle l’avait obligé par sa force mentale à prévoir des projets, et à construire quelque chose, à tenter d’être « dans le droit chemin » peu importe l’issu au bout de ce dernier. Etait-ce une façon de se voiler la face ?

- Ce n’est pas une question d’argent, Ozzie. J’ai bien gagné assez d’argent en misant sur la bourse.

Il l’avait surtout piraté et désormais, entre le cout exorbitant de l’infirmerie i-Tech dans son ancien QG, l’appartement qu’il avait acheté il y a quelques mois ainsi que sa part dans leur boite de détective privé à Zinda et lui-même, il n’avait plus grand-chose.

- Je pourrais très bien recommencer si je le voulais., fit-il plein d'orgueil.

Il releva les yeux vers lui. « Jouer les détectives ». Un jeu, temporaire, futile, devait-il penser. Edward s’était déjà beaucoup amusé dans le passé. Il avait piégé la ville dans des yeux mortels. Il avait parié sur l’intelligence de ses victimes dans des labyrinthes, des casses têtes et même des plateaux d’échec où ses victimes étaient les simples pions. Il n’y avait pas d’adversaire. Il n’y avait que des pions.

- Et puis, c’est grâce à toi. C’était ton idée, de me faire entrer dans le GCPD, et pas seulement pour te permettre une crédibilité politique. Tu m’y as placé parce que tu savais que ça me plairait de me jouer d’eux, de « jouer les détectives » ou les espions. […] Je regrette que ça ne t’ai pas permis d’échapper à la prison. Au final, ça m’a bien plus servis à moi, qu’à toi.

Il avala une brève gorgée de champagne avant de dépose la coupe entre les doigts d’une jolie serveuse qui passait par là. Elle s’en saisit sans un mot. Est-ce que c’était comme ça qu’Oswald les aimait ? Il pensa à Catwoman, à Zinda, à Echo et Query, le genre de femme au fort tempérament. De mauvaises langues pourraient penser qu’il pouvait compenser son manque d’expérience avec la gente féminine en s’en entourant dans une sphère plus « professionnel », où il pouvait avoir ce rôle d’homme intelligent et indispensable. Il n’était plus ce genre d’homme et c’était en partie pour ça que ses deux femmes de mains n’étaient plus à ses côtés. Quand il avait cessé de les payer, elles étaient naturellement parties.

- Tellement d’incompétents, fit-il d’une voix trainante. Sans Batman, sans tous ces abrutis masqués, ils ne sont rien. Voilà pourquoi nous ne perdions jamais complètement. Ils trichent, sans cesse.

Auparavant, cette idée l’aurait poussé à briser tout ce qui lui tomberait sous la main, à hurler et de cette haine, il aurait créé le pire pour les contraindre au jeu selon ses règles. Pourtant, il continue :

- Nous, nous recommencions. Cette routine, cette inéluctabilité, où peut-être est-ce moi qui ai changé, murmura-t-il.

Il se penche brusquement vers lui comme s’il venait de se rendre compte de la présence de son ami de toujours.

- Devenir détective privé, ça ne m’est pas venu soudainement lorsque j’ai été « remercié » par Gordon. De même, que je ne suis pas devenu l’Homme-mystère quand Wayne m’a viré.

Il y avait encore une vieille colère au fond de sa voix qu’il calma assez vite. C’était il y a une éternité, quasiment une autre vie.

- Tu ne t’es jamais demandé ce qui aurait pu se passer si nous avions fait d’autres choix ? Si nos pas nous avaient conduits dans une autre direction ? Moi si, continuellement.

L’aveu était douloureux mais surtout, il reposait sur quelque chose d’encore plus douloureux et même dangereux. Edward avait compris qu’un jour, si jamais il survivait à tout ça, leur route pouvait être amené à se croiser et peut-être même en tant qu’adversaire, ce qu’Edward ne souhaitait pas.

- J’ai l’esprit plus ouvert, dernièrement, ajouta-t-il dans un rictus.

Sa main, consciemment ou non, vient caresser la large cicatrice derrière sa tête.