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« Rest in hell » ft. John Constantine

Joseph Wilson
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Joseph Wilson
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DC : Slade Wilson | Kent Nelson
Situation : Suite à son procès, Joseph n'a pas pu être déclaré coupable des accusations qu'on lui portait. Il est placé sous la tutelle mystique de Zaren Zara (Nick Necro). Il suit des spécialiste pour espérer se débarrasser du démon qui le possède toujours.
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Justice Academy
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« Rest in hell » ft. John Constantine 386562Rien
« Rest in hell » ft. John Constantine Mer 2 Déc 2020 - 14:57

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____ Les jours s’enchaînaient et se ressemblaient. Je cours, je fuis en ignorant mes limites. J’ai cavalé pendant des semaines pour éviter que les autorités me retrouvent. J’ai vécu dans la rue, en usant de stratégie pour survivre. J’ai volé l’argent des malfrats, j’ai dormi dans des squats de drogués. J’avais commencé à me recréer des habitudes, des réflexes, à m’inventer un quotidien en priant secrètement que tout cela soit temporaire et se termine bientôt. L’idée de servir d’arme pour le gouvernement américain, d’être à nouveau enfermé ou plongé dans un profond coma me motivaient à vivre cette vie de misérable. Certains diront qu’il m’en fallait peu pour vivre dans ces conditions, je leur dirais que vivre entre les mains d’Anton Arcane pendant plusieurs mois vous marque à jamais.

Amy avait une autre manière de voir les choses, mais je passais mon temps à l’ignorer. Ce n’est pas toujours simple d’ignorer une voix que l’on ne peut taire mais je commençais à prendre l’habitude de cette présence. A force de vivre dans l’insécurité, nous avions commencé à trouver un terrain d’entente ou ce qui semblait en être un. La nuit, l’entité me protégeait des mauvaises personnes. L’œil vif d’Amy me permettait d’éviter de me faire agresser quand je baissais la garde. Il était devenu une espèce d’ange gardien, même s’il détestait cette appellation. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, je n’ai pas oublié qui il était, tout le mal qu’il m’avait fait à moi et à mes amis. Toutefois, le fait que nous soyons liés par un seul corps le poussait à avoir un objectif commun avec moi, celui de nous protéger d’un avenir incertain entre les mains du gouvernement américain.

Tout a été chamboulé un soir hivernal. Je m’étais réfugié dans un entrepôt abandonné en compagnie de quelques mendiants, un ou deux camés et un passant ivre qui avait décidé de faire sa nuit dans ce taudis, incapable de se lever. Je me suis réchauffé auprès du feu qui avait été installé au centre de l’abris de fortune. Mes mains étaient gelées par le froid glacial qui régnait cette nuit-là. Je les avais rapprochées du feu, laissant les flammes effleurer mon épiderme. Mon regard se promenait en direction de mes colocataires d’un soir, deux autres hommes avaient eu la même idée que moi. Je les observais, l’un d’eux avait le visage dissimulé sous la capuche de sa veste, impossible à discerner. Quelque chose cloche. Lui aussi l’avait senti. C’est la première fois que je le ressentais cette nervosité chez Amy. Il ne craignait rien, ni personne. Les humains n’étaient que des insectes à ses yeux, il prenait peut-être un peu trop la confiance avec mes pouvoirs. Il se disait capable de me protéger et j’essayais de le croire.
Cette fois, c’était différent et j’allais vite comprendre pourquoi. Lorsque j’ai ressenti l’agitation de mon entité, une main s’est emparée de mon poignet droit, le rapprochant dangereusement du feu. Sa force était telle que même avec ma carrure, je ne pouvais pas me délivrer. J’écarquillais les yeux, pris par surprise, j’essayais de me débattre en vain alors que les flammes venaient à caresser sadiquement la peau de sa main, puis la mienne. J’ai redressé vivement la tête pour apercevoir le coupable, l’homme encapuchonné qui, hormis son bras, demeurait immobile. J’avais beau me débattre pour le forcer à me lâcher, il ne bougeait pas, même pas lorsque sa chair commençait à rougir et former des cloques à cause de la chaleur. Il semblait insensible à la douleur, mais moi, j’ai mal.

« Je t'invoque Amy, pillier des enfers, maître des légions, craint par beaucoup dans l'au-delà mais maintenant si faible. Te voilà prit au piège dans un corps de chair et de sang. Cela en valait-il la peine de descendre aussi bas ? Pensais-tu pouvoir te cacher encore longtemps ? »

Ses paroles ne me rassuraient pas et confirmaient ce qu’Amy craignait le plus. Le simple fait que son anonymat soit corrompu allait attirer ces ennemis, attirés par la gloire et la haine. Je continuais de me débattre, même si je savais que je m’épuisais en vain. Ma peau commençait à brûler à son tour, je voulais crier de douleur, mon visage était défiguré par la terreur. La tête de l’homme s’était redressée, laissant apercevoir des orbites vides à la place des yeux. Du sang séché avaient teinté ses joues creusés et meurtries par le froid et la misère. JOSEPH. J’étais tellement terrorisé par la vision d’horreur qui était en face de moi que je n’avais pas entendu Amy m’alerter et hurler, à plein poumons de le laisser intervenir. Il tendait la main vers moi et la situation était si effrayante pour moi que je ne me suis pas permis de repousser sa proposition. Le sclère de mes yeux s’est assombris, Amy est arrivé, retournant la situation.

A force égale, mon agresseur n’avait aucune chance. L’entité plia soudainement mon bras, forçant celui qui refusait de me lâcher à plonger le haut de son corps dans les flammes. Ce dernier semblait insensible toujours insensible à la douleur. Il ne sentait pas non plus l’odeur nauséabond de sa chair en train de brûler. Son collègue, à ma gauche et les autres colocataires ne semblaient pas réagir à l’agression qui était en train de se dérouler devant eux. Ils baissaient les yeux, pivotaient leur tête dans une direction opposée en pensant que cela serait suffisant pour qu’on ignore leur existence. Ils devaient voir tellement d’horreur dehors que cette agression ne semblait, à leur yeux, qu’une petite anecdote de leur quotidien qu’ils préféraient oublier.
Amy ne s’était pas contenté que de cela. Il trainait l’individu sur quelques mètres alors que ce dernier refusait catégoriquement de me lâcher le poignet, au risque de couper la circulation de mon sang. Il enroula mon bras autour de sa gorge et commença à faire pression sur cette dernière. Doucement, le démon commençait à asphyxier le mendiant. Ce dernier ne semblait pas défigurer par la peur, ni par l’étouffement, au contraire, il riait aux éclats.

« Me détruire n’est pas aussi aisé que certains le pensent, dans l’au-delà. Sont-ils tous aussi cupide et stupide que d’habitude là-bas ? Où sont-ils ? Où sont mes légions ? Ont-elles prêté allégeance à un autre ? »

« Ils ont subit le même sort. Leur fidélité peut être qualifiée d'honorable dans le monde des hommes, ce n'est que de la faiblesse, une preuve de stupidité. Tu n'as plus rien, si ce n'est ce morceau de viande qui te sert d'hôte. »

« Tu es venu me narguer ? Observer ma déchéance en attendant ton tour ? »

«Un avertissement. Si je suis parvenu à te retrouver, d'autres le pourront. Tu n'as pas fait preuves d'une grande discrétion ces derniers mois. »

« Retourne d’où tu viens. » ordonna Amy avant de briser la nuque du mendiant, d’un coup sec, privant son collègue d’un hôte vivant à posséder, le poussant à regagner le monde des ténèbres.

Ces paroles ne semblaient pas l’avoir rassuré, en plus d’avoir assassiner un pauvre mendiant sans défense devant de nombreux témoins qui répondirent simplement en écarquillant les yeux. Il venait de rajouter une couche supplémentaire à mon dossier de criminel, je le hais. Ma conscience aussi, prenait un coup. Il s’était justifié en m’affirmant que le mendiant possédé, avait été condamné à la seconde même où une personne avait enfermé ce démon en lui. Il s’appelait Ileson, c’était un espion à la solde d’un autre démon dont Amy préférait taire le nom. Je n’ai pas posé plus de questions et je ne m’étais pas interposé davantage car il semblait très inquiet de la situation. Je pouvais craindre le gouvernement américain mais l’enfer et ses habitants ne me rassuraient pas non plus. Si Amy les craignait, je n’imagine pas ce qu’il pourrait m’arriver s’ils nous retrouvaient.
Peu après cet évènement troublant, l’entité n’a pas cherché plus loin et il a quitté l’entrepôt sans chercher à obtenir mon consentement. J’aurais pu reprendre le contrôle de mon corps à ce moment-là, lorsqu’Amy a cessé de réfléchir. La scène m’avait tellement effrayé, que je préférais lui laisser l’opportunité de nous sauver la vie, à tout les deux. Face à l’inconnu, il est difficile de se rendre utile et les mystères de mon entité ne m’aidaient pas à comprendre la nature de la menace et leurs objectifs. J’ai essayé de l’interpeller, à de nombreuses reprises. Il faut qu’on parle. Il ne me répondait pas. Pourquoi perdrait-il son temps à me raconter ce qu’il se passe alors qu’il m’avait caché son identité pendant des mois ? J’ai pris sur moi et je l’ai laissé faire.

Il a marché pendant des heures dans un froid glacial. La ville commençait doucement à sombrer dans l’obscurité la plus totale et le poison de cette cité commençait lentement à sortir de son terrier. Les femmes de joies, les trafiquants de drogues, d’organes à la porte de sortie des boîtes de nuit, à la recherche de leurs prochaines proies. Amy cherchait à quitter la ville au plus vite. Au milieu de nulle part, il estimait que nous avions beaucoup plus de chance de nous en tirer. Cependant, il oubliait un détail important, mon corps n’était pas infatigable. Je n’avais pas mangé de la journée, je voulais profiter de cette soirée pour me reposer un peu et me nourrir. Je commençais à ressentir ce manque d’énergie, un manque dont Amy était insensible. Je ne peux pas tenir toute la soirée comme ça. Il continue de marcher au pas de course, ignorant mes signaux d’alerte. Si on ne s’arrête pas, ce n’est pas eux qui nous tueront. Bon sang, il allait finir par me tuer si on ne s’arrêtait pas. La méthode douce ne fonctionnait jamais avec lui, je suis passé à la vitesse supérieure. Si ce n’est pas toi qui t’arrête, c’est moi qui le ferais. As-tu envie de me confier ta vie ? Je l’ai fait réagir. Il s’est arrêté en plein élan, le visage défiguré par la colère, comme s’il venait de se faire engueuler par un gamin capricieux qui ne comprenait pas à quel point notre situation était critique. Il s’était arrêté net dans son élan, observant rapidement les alentours avant de me répondre. Très bien. La menace s’était avéré efficace, Amy avait tourné les talons pour chercher un endroit où je pourrais me reposer.

Il s’était arrêté à un motel miteux, je me contenterais de ça. Il était tard mais il y avait toujours quelqu’un à la réception pour nous accueillir de la manière la plus aimable qui soit. Amy avait glissé ma main dans la poche de mon pantalon pour en sortir toute la réserve d’argent qu’il nous restait. Il avait probablement déposé le triple de la somme demandée pour une chambre dans ce bâtiment. Le réceptionniste m’avait observé avec de grands yeux, me pensant ivre. Il avait bien évidemment remarqué le sclère de mes yeux noircit, pensant que je m’étais fait agresser. Il m’a demandé si tout allait bien, Amy a simplement hocher la tête avant de taper nerveusement du poing sur la table pour avoir la clé de ma chambre.
Après avoir obtenu ce qu’il voulait, le démon s’était dirigé vers la chambre en question, refermant la porte à clé derrière lui juste avant de me donner le signal. J’ai fermé les yeux et lorsqu’ils s’étaient rouverts, j’avais repris le contrôle d’un corps meurtri et fatigué. Je sentais de nouveau la chaleur désagréable de ma main brûlée. L’endroit était aussi miteux que ce que j’avais imaginé. La porte entre la chambre et la salle de bain tombait en lambeau suite à une bagarre, de la moisissure au plafond, un parquet grinçant, une tapisserie décollée beaucoup trop vieille et je commençais à avoir des doutes sur la propreté des draps. Ça fera l’affaire.

Avant de me laisser tranquille, Amy m’avait demandé de jeter un coup d’œil dans mon sac à dos. Ce dernier contenait quelques provisions ainsi qu’une couverture et des vêtements de rechange à peu près propre. Hier, il m’avait demandé d’acheter des craies, je n’avais pas compris pourquoi mais j’ai fini par céder. Instinctivement, je soupçonnais que quelque chose de mauvais allait m’arriver si je refusais de suivre les conseils d’Amy et j’avais assez d’ennuie comme ça.
Une fois avoir perdu le contrôle, il s’était décidé à s’ouvrir un peu, m’expliquant qu’il avait beaucoup d’ennemi. A partir du moment où son nom à commencer à circuler, les ennuies avaient déjà commencé. Ce n’était qu’une question de jours avant que d’autres démons ne cherchent à nous nuire et malheureusement, je me retrouvais impliqué dans cette querelle. Maintenant que j’ai rassasié ta curiosité, j’ai besoin de tes services. Il n’avait fait que confirmer des hypothèses et des déductions que je m’étais faite, rien de nouveaux à me mettre sous la dent mais j’étais beaucoup trop fatigué pour poser davantage de question et insister. Comme il me l’avait demandé, j’ai attrapé les craie pour venir tracer sur le parquet, à proximité des fenêtres et de la porte d’entrée d’étrange symboles qu’il me montrait. J’avais besoin de beaucoup de concentration pour voir ce qu’il me demandait de dessiner. Mes talents d’artiste me permettait de les recopier à la perfection.

Bien, cela les ralentira et te protégera. Je chassais la poussière de craie qui s’était collée sur la peau de ma main meurtrie. Je te laisse quatre heures, il ne faut pas qu’on traîne. Quatre heures ? C’était peu mais cela me permettant de souffler un peu. J’ai hoché doucement la tête, comme s’il pouvait voir ma réponse. J’ai profité de la première demi-heure pour manger un paquet de gâteau apéritif et soigner ma brûlure. Ma régénération me permettait de me débarrasser de cette blessure rapidement, mais je devais faire en sorte qu’elle ne s’infecte pas pour pouvoir m’en débarrasser le plus vite possible. J’avais une trousse de premier secours dans mon sac, je m’en suis servi pour recouvrir mon poignet d’un épais bandage juste après une bonne douche. Il n’y avait pas d’eau chaude, je ne suis pas surpris mais c’était tout de même agréable. Lorsque je me suis enfin installé sur le lit, il ne me restait que trois heures.

Je me suis allongé sur le lit, sans chercher à retirer les draps. Lorsque j’ai fermé les yeux, je me suis endormi en quelques secondes, plongé dans un profond sommeil. Je pensais que les protections d’Amy me suffiraient pour me protéger de mes ennemis, j’avais tort. Nous ne nous étions pas préparés à toutes les éventualités. Sous mes pieds, le sang s’est mis à couler, le réceptionniste venait de se faire exploser la cervelle. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de se mouvoir et de s’approcher du comptoir où se tenait une forme imposante et inhumaine. Il posa ses deux mains sur ce dernier, le regard perdu, un filet de bave s’échappait de ses lèvres, maintenu artificiellement en vie par une force supérieure.

« ɛʟʟɛ ɛֆȶ ɨƈɨ, ƈօʍʍɛ ƈօռʋɛռʊɛ. » l’homme aux nombreuses petites cornes sur le haut de son crâne avait parlé, saisissait à une main la nuque du pauvre homme, du moins ce qu’il en restait avant de le laisser s’écrouler sous ses pieds. L’entité qui se tenait en face de lui se contenta de sourire en guise de réponse. « ʝ'ǟɨ ʀɛʍքʟɨȶ ʍǟ քǟʀȶ ɖʊ ʍǟʀƈɦɛ. »

« Tu espérais que cela soit aussi simple ? » Il s’interrompit et se mit à rire. « Tu n'as pas fini de lécher des culs pour espérer, de nouveau avoir ta place parmis nous. » Il passa sa langue sous ces dents acérées et pointues, similaire aux dents d’un requin. « On y va. »

Un autre avait trouvé une faille dans les protections d’Amy. Toutes les ouvertures étaient condamnées, aucun démon ne pouvait entrer, sauf dans une pièce. Sous la forme d’un mamba noir, il s’était faufilé dans les tuyaux d’évacuation de l’évier pour rejoindre ma salle de bain. L’obscurité de la pièce ne semblait pas le déranger. La porte grande ouverte, il pouvait constater de ses propres yeux, les nombreux symboles dessinés sur le plancher et les murs. Même s’il était incapable de les effacer de son propre chef, il ne semblait pas plus inquiété que cela. Après avoir repris une force à moitié humaine, il avait condamnée l’évier, laissant les valves d’eau qu’il avait précédemment ouvert se remplir jusqu’à inonder la salle de bain.
Ce n’est pas le vacarme de l’eau qui s’écoulait dans une cuve pleine qui allait me réveiller, ni le vieux parquet qui craquait lorsqu’il se rapprochait dangereusement de moi. Au grincement de la porte de la salle de bain, mon corps s’est mécaniquement mit à bouger pour changer de position avec une certaine lenteur et quiétude. Plongé dans les bras de Morphée, je n’arrivais pas à détecter la menace qui s’était rapproché de moi. Au bout de quelques secondes, je sentis l’air se rarifier, ma respiration s’accélérer pour tenter d’avaler le peu d’oxygène qu’il restait dans cette chambre. Paniqué, mon corps m’a tiré de mon sommeil, j’ai ouvert doucement les paupières pour apercevoir cette vision d’horreur. Un homme à moitié nu, la peau écailleuse, des yeux de reptile, le bas du visage défiguré et allongé. Son œil et son sourire malsain ne se détachait pas de mon visage. J’ai écarquillé les yeux et je me suis levé d’un bond.

« Jҽ ρҽɳʂαιʂ ƈҽƚƚҽ ƚâƈԋҽ Ⴆҽαυƈσυρ ρʅυʂ ԃιϝϝιƈιʅҽ. Qυҽ ƚυ ҽʂ ԃéƈҽʋαɳƚҽ, Aɱყ. » Sa voix sonnait comme un sifflement étouffé. Je passais ma main sur ma gorge, je n’arrivais plus à respirer le moindre atome d’oxygène. « Tυ ҽʂ ԃҽʂƈҽɳԃυ ʂι Ⴆαʂ ρσυɾ ҽʂρéɾҽɾ ʂυɾʋιʋɾҽ ҽƚ ƈҽʅα ɳҽ ƚ'αυɾαʂ ραʂ ʂυϝϝιƚ. Qυҽʅʅҽ ƚɾιʂƚҽ ϝιɳ. »

J’ai besoin d’air, j’ai besoin d’air. Respire, respire, inhale, ne panique pas. Pourquoi je n’arrive pas à respirer ? Pourquoi ai-je la sensation de me noyer ? Respire, Joseph, inspire, expire. Cogne-le, frappe-le, défends toi ! Mes coups ne semblaient que l’effleurer, je suis impuissant et cela semble l’amuser. Il me saisit par la gorge pour que j’arrête de me débattre et pour me forcer à le regarder droit dans les yeux. Il semblait attendre quelque chose de moi, ou plutôt quelqu’un.

« Où ƚҽ ƈαƈԋҽʂ-ƚυ ? »

L’eau commençait à se répandre sous les pieds du lit, la poussière de craie qui s’était incrusté sur le parquet était en train de se dissoudre. Doucement, elle effaçait les symboles que j’avais tracé, nous rendant encore plus vulnérable qu’à présent. Avais-je besoin de l’être encore plus alors que je sentais mon dernier souffle arrivé ? J’ai essayé d’appeler Amy, mais je n’ai eu le droit qu’à son silence.
La porte d’entrée s’est retrouvée fracassé par un coup de pied bien placé. Le verrou ne résistait pas à la puissance d’un démon. Une bourrasque d’air glacial avait envahi la pièce et j’ai pu inhaler bruyamment une grande quantité d’air, soulagé. Un individu cornu, au visage laid et repoussant, aux jambes désarticulées, probablement un être venu tout droit des enfers était entré dans la pièce. Il semblait déstabiliser le reptile continuant de me saisir par la gorge.

« Essayerais-tu de me doubler ? » Un sourire malsain accentuait la laideur de son visage. « En voilà des manières... Lâches notre invité. » Le démon hésita quelques secondes avant de me relâcher. Celui qui semblait en effrayé plus d’un se retourna vers son partenaire qui avait fait profil bas pendant tout ce temps. « A qui d'autres as-tu fais part de ta découverte ? »

« ǟ զʊɨ ʋɛʊȶ ɮɨɛռ ʟ'ɛռȶɛռɖʀɛ » Un sourire malicieux illumina son visage « ʟɛ ȶʀǟʋǟɨʟ ɖօɨȶ êȶʀɛ ʄǟɨȶ, ʟ'ǟʊȶɛʊʀ ռ'ǟ ɢʊɛʀɛ ɖ'ɨʍքօʀȶǟռƈɛ ǟʊӼ ʏɛʊӼ ɖʊ ʍǟɨȶʀɛ, ֆɛʊʟ ʟɛ ʀɛֆʊʟȶǟȶ ƈօʍքȶɛ, ռ'ɛֆȶ-ƈɛ քǟֆ ?»

Les paroles de son allié semblaient avoir agacé le plus féroce des trois. Moi ? J’étais cerné, la porte de sortie était condamnée. J’étais encore exténué, trop faible pour utiliser mes pouvoirs à long terme et Amy ne semblait pas vouloir saluer ces anciens collègues. Il maintenait ce silence glacial dont j’avais tant rêvé. Je me retrouvais le cul coincé dans mon lit, attendant de savoir ce qu’ils allaient faire de moi. Je ne pouvais pas les laisser faire sans me battre, non ? Pourquoi est-ce que je restais immobile comme un con ?

« Eƚ ʅ'ԋυɱαιɳ ? Iʅ ɳҽ ϝαιƚ ραʂ ραɾƚιҽ ԃҽ ʅα ɱιʂʂισɳ »

« Tu espères pouvoirs récupérer les restes ? Comme c'est pathétique. »Il pivota sa tête vers moi, j’ai retenu ma respiration quelques instants. « Ce n'est qu'un dommage collatéral et il est à moi. » Il s’est approché de moi. J’ai paniqué et je lui ai explosé mon poing en plein visage. Une caresse à ces yeux, de l’acier trempé pour moi, je me suis probablement détruit une ou deux phalanges. J’ai essayé de masquer ma douleur, il s’est mis à rire. « Le gamin a des crocs... moi aussi. Allons Amy, tu ne vas quand même pas laisser ce morceau de chair te défendre, cela ne te sauvera pas. Montre-toi ! »

Mais même les menaces de ses anciens collègues ne suffisaient pas à Amy pour le faire sortir. J’étais son bouclier humain, la seule chose qui le séparait d’eux. Il comptait bien m’utiliser jusqu’à mon dernier souffle, espérant que ma mort leur suffira. Alors, la seule réponse que reçue cette bête, c’est mon regard terrifié. Au bout de quelques secondes, il perdit patience. Sous le point de faire appel à ses instinct violents, il fut arrêté en plein élan par un quatrième individu, comme si trois d’entre eux ne me suffisait pas. Il fallait qu’un quatrième s’invite. Ce dernier semblait différent des autres. Il avait une forme humaine, la carrure d’un homme avec le visage complètement ensanglanté, mutilé, comme s’il revenait d’une bataille sanglante, le regard vide et le visage défiguré par la colère. Il était équipé d’un long manteau sombre, le visage légèrement dissimulé par le col de ce dernier complètement ensanglantée. Des morceaux de chair se décollait, son œil droit était crevé et c’était récent. Je me demandais comment pouvait-il encore tenir debout avec autant de blessures ?

« Tu ne devrais pas être là ! » l’homme l’ignora et se contenta de le repousser violemment, l’obligeant à s’éloigner de moi.

A ce moment-là, je ne savais pas encore si je devais être soulagé d’avoir échappé au pire ou pétrifié par la peur. J’ai doucement redressé ma colonne vertébrale, observant les alentours. Le démon qui semblait avoir créer cette zizanie en vendant l’information à qui voulait bien l’entendre était resté à l’écart, admirant la scène de loin avec une certaine satisfaction dans le regard. Le deuxième qui m’avait agressé en premier faisait également profil bas, probablement en dessous de la chaîne alimentaire. Le troisième était agacé. Le nouveau venu ne me lâchait pas du regard et me sauta à la gorge, collant ma colonne vertébrale contre le matelas du lit. Sa force est humaine, j’ai essayé de me débattre, plantant ses ongles dans sa chair, sans résultat.

« Tu es aussi désespéré pour te cacher derrière ce morceau de viande ? » Un message télépathique ? Comment faisait-il cela ? Le démon qui se trouvait à l’intérieur de ce pauvre homme semblait incapable de communiquer avec ces cordes vocales, mais j’étais capable de lire ses pensées, effrayant. « Même pas un homme, un infirme ? Fait face à ton destin et je t’épargnais peut-être le pire. Viens à moi pour que je puisse voir de mes propres yeux ta vie lentement s’évaporer sous mes coups. » Amy continuait à se cacher jusqu’au bout, un lâche comme je n’en ai jamais vu auparavant. Ne supportant pas de me faire traiter de moitié d’homme, je me suis permis de lui cracher à la gueule, une erreur. « Petit insolent. »

« Tu penses que je vais te laisser nous refiler les os du maigrichon ? Je l'ai vu en premier, il est à moi ! »





Dernière édition par Joey Wilson le Jeu 22 Avr 2021 - 4:45, édité 1 fois
John Constantine
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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
Shadowpact
Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Jeu 10 Déc 2020 - 11:21





L’agent d’entretien renifla et se gratta le crâne sous sa casquette. Il se tenait dans l’encadrement de la porte d’un motel miteux, sorte de gros bâtiment grossier encadrant un parking presque vide et montant sur un étage. Le hall d’entrée préparait très bien au reste du trou à rat qu’était le motel. Il passa son regard sur le comptoir en faux-bois, sale et abîmé : derrière, un poste de télé encore allumé passait en fond sonore les émissions spécialement recalées au milieu de la nuit, pour s’assurer d’avoir le moins d’audience possible. Tout était baigné dans la lumière froide et blanchâtre des néons nus du plafond : Le papier peint des murs avait depuis longtemps perdu couleurs et dessins floraux, encadrant la pièce dans son étreinte fade et informe. Même le lino semblait de mauvaise qualité. La seule touche de couleur restait le grand néon rosâtre accroché au-dessus de la porte vitrée, qui annonçait que le bâtiment était ouvert « 7/7, 24/24 ». Quelqu’un avait visiblement essayé de remettre un peu de vie dans le hall livide : on avait poussé une haute plante en pot dans un coin, et posé une petite hawaïenne sur ressort qui agitait sa jupe de feuilles en plastique et un panneau « Bienvenue » avec l’énergie d’un pendu poussé doucement par le vent.

Lui portait un pantalon gris bleu et une chemise de même couleur, ouverte sur deux boutons qui découvraient un t-shirt blanc. Un petit badge en plastique, affichant son visage souriant et le nom « Jérémy McLarron», était accroché à sa poche de poitrine. Il ferma la porte derrière lui et s’adossa dessus, poussant un soupir fatigué.

Le mur derrière le comptoir était tâché de sang. On aurait dit une ombre poisseuse, étendue dans toutes les directions, comme une parodie d’auréole autour du fauteuil du réceptionniste. Sous la lumière des néons, l’hémoglobine paraissait presque noire : elle tachait aussi le dossier du fauteuil, formait une flaque en dessous, et traçait de longs traits chaotiques a travers toute la pièce pour rejoindre le cadavre qui pourrissait lentement sous le radiateur à côté de la porte. Le réceptionniste n’était pas tombé tout à fait face contre terre : sa tête, légèrement tournée, laissait apparaître son œil vitreux et sa mâchoire ouverte, décalée lors de sa chute.
L’agent d’entretien l’enjamba avec précaution, contourna le bureau, farfouilla un instant parmi les clefs et les papiers, puis pris la direction des étages. A aucun moment n’avait-il eut l’air paniqué, choqué, dérangé ou même simplement inquiété par le fait que l’homme du comptoir s’était visiblement tiré une balle en pleine tête avant de se traîner, sans raison, jusqu’à l’entrée.

Il grimpa l’escalier quatre à quatre, dans un silence complet. Le motel était en U : chaque couloir donnait d’un côté sur les chambres, de l’autre sur une longue série de fenêtres ouvertes sur le parking. Ainsi, même si les lumières du couloir étaient éteintes, la lune l'éclairait doucement lorsqu’elle n’était pas cachée derrière un nuage – et sinon, les lumières de la cour s’en chargeaient. En haut de la cage d’escalier, il s’arrêta devant un local, le déverrouilla avec une clef tirée du fin-fond de sa poche, et en tira un large chariot de ménage. A le regarder, tout semblait normal : ses gestes étaient détendus, rodés par l’habitude. Il se tenait légèrement voûté, poussant son kit à ménage à travers les couloirs comme l’aurait fait n’importe quel homme de ménage emplie d’habitudes au cours d’une nuit de travail comme les autres. Il referma le local et poussa son chariot le long du motel, dans un silence complet : la moquette du sol étouffait le moindre bruit qu’il aurait pu faire. Il passa devant de multiples chambres vides et quelques unes occupées, sans jamais s’arrêter – de toutes évidences, il savait où il allait. Il s’arrêta un peu avant la porte numéro 17, laissée grande ouverte. Il abandonna son chariot en amont et se glissa lentement le long du mur, l’oreille tendu.

« Tu penses que je vais te laisser nous refiler les os du maigrichon ? Je l'ai vu en premier, il est à moi ! »

Il y eut un bruit sourd, comme si quelque chose avait lourdement percuté le mur. L’homme de ménage se pencha un tout petit peu pour jeter un œil dans la pièce. Une silhouette à la peau tailladée se releva lentement, s’appuyant sur le plâtre fissuré du mur contre lequel il venait d’être projeté. Il se déplia progressivement jusqu'à se trouver nez à nez avec un visage grimaçant. Ils se tinrent là silencieusement un instant, puis l’humain scarifié tourna la tête vers un autre démon, le fixant sans un mot.
L’homme de ménage recula et s’adossa contre les vieilles briques du couloir, réfléchissant. Il ne remarqua l’eau que du coin de l’oeil, lorsque la lumière de la lune daigna se refléter dedans. Il tourna la tête : le sol de la chambre était couvert d’une pellicule d’eau pure, qui se déversait depuis la salle de bain. Tout le monde semblait tremper dedans, mais personne ne semblait vraiment en tenir compte – la pièce était tellement inondée que la moquette du couloir commençait lentement mais sûrement à boire l’eau plus ou moins clair qui arrivait jusqu’à elle. Il jeta un nouveau regard à l’intérieur, et remarqua les symboles tracés contre les murs. L’intérêt de l’eau au sol s’expliquait tout seul.

L’agent d’entretien, toujours aussi silencieusement, retourna à son chariot et attrapa une bouteille en plastique, étiquetée des couleurs bariolées propres aux produits ménagers. Il prit aussi un balais-brosse et tira un rosaire de bois de la poche de son pantalon. Le contact des billes de bois était étrange : il sentait quelque chose frémir sous sa peau et ses gestes devenir un peu gourd, mais il n’en teint pas vraiment compte. Il enroula le rosaire autour de sa paume droite et saisit le balais avec, brosse vers le plafond ; dans sa main gauche, il tenait la gâchette du produit anti-tâches.
Toujours aussi silencieusement, il revint à la porte. Après avoir vérifié que tout le monde était bien au sol, il se pencha et visa la jonction entre la moquette humide et l’eau courante. Trois pschiit plus tard, une mousse blanche s’amassait sur le pas de la porte. Il y planta le bout de son balais, ferma les yeux et marmonna une poignée de mots aux sons précipités et secs.

L’eau s’embrasa comme une traînée d’huile. Il y eut un flash, et une vague de flammes couleur d’ivoire jaillit de la base du balais et remonta la chambre toute entière dans un rugissement vengeur. Les quatre démons laissèrent échapper un cri de surprise, qui se mua rapidement en cri de douleur. Le feu impossible les prit par les jambes et les enveloppa complètement. Ils s'agitèrent un peu, mais tout sembla relativement rapide: les flammes les relâchèrent assez vite et se dissipèrent dans l'air. Quatre corps parfaitement humain (à l’exception d’un seul, consciencieusement lacéré) tombèrent au sol dans un petit bruit d’eau.

L’agent d’entretien jeta son balais avec une grimace douloureuse et se dépêcha de se débarrasser du rosaire : les billes de bois avaient laissé une marque rouge vif sur sa peau, comme si il avait serré une chaîne de fer chauffée à blanc. Il secoua un peu sa main endolori, puis récupéra son balais et alla chercher son chariot. Lorsqu’il entra dans la chambre, il était assis dessus et le poussait en avant en s’appuyant sur son balais à brosse, évitant soigneusement de toucher le sol avec ses propres pieds.
Il se hissa jusqu’au lit, à peu près, avant de lever un peu sa casquette dans une parodie tout à fait grotesque de gondolier – révélant dans le même mouvement des cheveux blonds, un sourire froid et rieur, et deux yeux bleus aciers.

- Bonsoir Joey, fit Constantine avec un sourire. Comment va ?
Joseph Wilson
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« Rest in hell » ft. John Constantine 386562Rien
Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Dim 13 Déc 2020 - 10:34

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____C’était un cauchemar, j’allais me réveiller, n’est-ce pas ? Pétrifié par la terreur, j’avais essayé de me débattre, à de nombreuses reprises, sans succès. Face à quatre démons, qu’aurais-je pu faire ? J’étais leur chose et ils se battaient presque pour avoir le droit de ronger mes os. Complètement dépassé et impuissant, j’ai essayé d’appeler Amy, de l’inviter à prendre possession de mon corps pour essayer de nous sauver, comme il l’avait fait en début de soirée. Malheureusement, je n’obtenais qu’un silence glacial en guise de réponse, comme s’il n’avait jamais existé. Dans un élan de courage, j’ai même eu la stupide idée de cracher à la gueule du démon au visage lacéré. Au moment où sa colère était sous le point de s’abattre sur moi, son collègue est intervenu pour exprimer son mécontentement.
Ils se battaient pour avoir ma peau, à croire qu’Amy n’avait pas beaucoup d’’alliés en enfer. D’un geste, il saisit l’homme au visage lacéré pour le renvoyer contre le mur le plus proche et l’éloigner de moi. Mon souffle se coupa au moment de l’impact, surpris par la force surhumaine de ces êtres. Pourquoi étais-je étonné sachant qu’Amy était capable de me causer de nombreuses blessures lorsqu’il prenait possession de mon corps. Peut-être parce que je ne l’avais jamais vraiment vu à l’œuvre jusqu’à maintenant.

« Je te ferais découvrir les joies des enfers avant de te tuer lentement, petit insecte… »

« Tυ ρʅαιʂαɳƚҽʂ ? C'ҽʂƚ ɱσι ϙυι ʅ'αι ʋυ ҽɳ ρɾҽɱιҽɾ. Iʅ ҽʂƚ à ɱσι ! »

Après m’être libéré de l’emprise du dernier démon qui était entré dans ma chambre, j’ai reculé davantage jusqu’à ce que ma colonne vertébrale se colle contre les barreaux du lit. Si j’essayais de fuir, je savais que l’un d’eux me rattraperait beaucoup trop facilement. Il fallait que je trouve une autre issue. Machinalement, mon regard s’était tourné vers la fenêtre de ma chambre. Je pouvais l’ouvrir en quelques secondes et tenter de me jeter dans le vide, généré un bouclier pour amortir ma chute et piquer le plus gros sprint de ma vie. Malheureusement, je risquerais bien de m’évanouir après avoir utiliser mes pouvoirs. Le démon, qui s’était tenu à l’écart de cette bataille d’égo durant tout ce temps, s’était approché pour venir faire obstacle entre moi et la seule issue sortie possible, la fenêtre

« ȶʊ ʋɛʊӼ քǟʀȶɨʀ, ɦɛɨռ ? ǟʟʟօռֆ, ȶʊ ɛֆ քօʊʀȶǟռȶ ɖ'ʊռɛ ֆɨ ǟɢʀéǟɮʟɛ ƈօʍքǟɢռɨɛ զʊ'օռ ɛֆȶ քʀêȶ à ֆɛ ɮǟȶȶʀɛ քօʊʀ ȶօɨ. ɖéȶɛռɖ-ȶօɨ ʊռ քɛʊ » Son sourire m’écœurait.

C’est alors que des flammes se sont éveillés et ont commencé à se répandre sur l’eau, provoquant les hurlements des quatre démons. L’un d’eux, l’homme à la peau de reptile s’est jeté sur moi pour m’attraper la cheville et tenter de m’emporter, avec lui, dans les flammes couleur ivoire. Sa force était telle qu’il avait manqué de réussir sa dernière action. J’ai glissé, sur une cinquantaine de centimètres, juste avant d’avoir le réflexe d’écraser la semelle de ma botte sur son visage pour le forcer à me lâcher.
Tétanisé par les hurlements, j’ai posé la paume de mes mains sur mes oreilles pour essayer d’atténuer ce bruit qui m’était insupportable jusqu’au silence réconfortant. Pendant quelques secondes, j’ai cru que j’étais sauvé, que tout ceci était derrière moi, jusqu’à ce que cet homme entre dans la chambre et se rapproche dangereusement de moi. Nerveusement, j’ai reculé, de peur qu’il soit aussi possédé par un démon qui voulait ma peau et celui d’Amy. Ce visage m’était familier mais mon esprit était encore embrumé par les récents évènements. Le simple fait qu’il connaisse mon prénom suffisait à faire glacer mon sang.

MAIS T’ES PAS MORT ESPECE DE CONNARD ?! A peine ses ennemis éradiqués, Amy était revenu d’entre les morts pour se permettre un petit commentaire. Lui qui avait fait la sourde oreille quand je le suppliais de me venir en aide. Il m’avait abandonné en espérant que les démons préfèrent s’occuper de moi plutôt que de son cas. Pourquoi étais-je surpris ? Après tout, c’est un démon, une sale race, un connard. Déjà, JE NE SUIS PAS MORT et c’est PAS GRACE A TOI. Maintenant, tu vas BIEN FERMER TA GUEULE, je veux plus t’entendre pendant les HUIT PROCHAINES HEURES. Jusqu’à preuve du contraire, je suis encore maître de mon propre corps et tu n’es qu’un parasite de merde. J’étais en colère envers Amy et j’avais mes raisons. A ce moment-là, je n’avais pas compris que les paroles du démon ne me concernaient pas, un bête quiproquo mais ma colère était, elle, justifiée. Après avoir recadrer mon parasite, je me suis tourné vers l’homme en question.

« Qui êtes-vous ? » ai-je signé avec un mélange de colère et d’inquiétude dans mon visage. J’avais encore du mal à avaler les commentaires et le comportement d’Amy. J’ai eu le temps de reprendre mon souffle.

« Un soir d'été à San Francisco, avec une planche de Ouija et quelques bières... ? »

Mécaniquement, mon cerveau a commencé à remettre les morceaux dans l’ordre. Cet homme, je le connaissais, je l’avais déjà rencontré. Dans une détresse absolue, j’avais obtenu son numéro de téléphone et je lui avais demandé son aide pour me débarrasser d’Amy. C’était à l’époque où j’étais logé dans le quartier générale de la Young Justice, quand je ne connaissais pas vraiment le pourquoi du comment Amy se trouvait là. J’avais un retour amer de cette rencontre, accentuant ma colère.

« Toi ? John Constantine, c'est ça ? Tu m'as abandonné ce soir-là. » C’était clairement le mot. J’ignorais toujours ce qu’il avait dit à Amy ce jour-là, des choses qui ne me plairait pas.

« Débattable »
Il observa sa montre, les cadavres de ces quatre pauvres hommes sous nos pieds et l’air ambiant autour de nous. « J'ai dû échapper au machin qui se cache dans ta tête. Vous êtes une exception, il me fallait du temps pour trouver une solution - et j'ai été empêché de revenir vers toi avec une véritable réponse. »

« Vraiment ? C'est ça ton excuse ? Tu veux que je te croie ? J'espère au moins que tu l'as, cette véritable réponse. » Mon regard était froid, presque sarcastique. Bizarrement, je ne m’attendais pas à ce qu’il l’est, cette vérité sur ce qu’il se passe avec Amy.

« Non. A ce stade, tu es à moitié démon, Joey. Ça ne m'empêche pas d'être venu pour sauver tes miches, alors si tu pouvais te manier et sortir, on aura tout le temps d'en reparler autour d'une bière - plus tard, quand on n'aura plus 4 démons au cul »

J’avais hésité quelques secondes pour peser le pour et le contre de cette histoire. Bien sûr, j’étais plus effrayé par la présence de quatre démons qui voulaient ma peau que de John Constantine. Avais-je eu tort de penser cela ? Je ne sais pas. J’avais baissé les yeux vers l’eau qui venait, il y a quelques minutes, de cramer les démons en question. Je jetais un regard interrogatif sur John, espérant que l’eau ne me brûlerait pas à mon tour. J’ai posé le premier pied sur le parquet en fermant les yeux, rien ne s’est produit. J’ai posé le second pour me rapprocher de John, rien ne s’était produit. Tu ne peux pas lui faire confiance.

« Tu la payes » avais-je répondu en guise de réponse positive à son aide.

« Comme si tu pouvais t'acheter un cure dent »

J’aurais peut-être apprécié son humour si je n’étais pas envahi par une colère noire et une mauvaise humeur. Mes affaires étaient trempées, il n’y avait plus rien à sauver, je les ai laissé derrière moi. La moquette humide du couloir rendait mes pas lourds et je me suis contenté de lui répondre par un simple doigt d’honneur. Même s’il semblait bien connaître le langage des signes, celui-là était universel. J’ai essayé d’accélérer le pas pour ne pas ralentir John mais j’étais épuisé. Si je comprenais bien, il n’avait pas réussi à tuer les quatre démons.
En effet, ces derniers étaient à la recherche, active d’autres corps humains à posséder pour essayer de nous rattraper. Il n’y avait que très peu de client dans ce motel mais deux démons étaient parvenus à trouver leur hôte. Le démon au visage lacéré avait trouvé un hôte plutôt baraqué qu’il avait extirpé de son sommeil. Il avait défoncé la porte de sa chambre, à quelques mètres juste derrière nous, avec tout son poids pour courir vers nous. Je me suis mis à courir pour éviter qu’il nous rattrape mais il avait des jambes beaucoup plus robustes que les miennes, à l’heure actuelle. Rapidement, notre route est coupé par une deuxième personne, une femme en nuisette, le nez en sang mais un visage sadique dont le regard ne pouvait pas se détacher du mien.

« Oh mais que vois-je ? Une âme qui joue les Chevaliers Blancs ? Qui que tu sois, tu as eu la mauvaise idée de t'en prendre à plus fort que toi. Laisse nous ton copain et je t'épargnerais peut-être... C'est un bon deal, non ? Dépêche toi, j'ignore si j'arriverais à convaincre mon collègue derrière toi. » Une voix rieuse et provocatrice, comme si le démon était certain qu'il avait la situation sous contrôle.

HRP:






Dernière édition par Joey Wilson le Jeu 22 Avr 2021 - 4:46, édité 1 fois
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Ven 1 Jan 2021 - 14:39





La porte se fendit par le milieu du premier coup. Au second, la première moitié du battant valdingua à travers le couloir tandis que la seconde se retrouvait à pendouiller piteusement sur ses gonds. Une silhouette trapue s’avança dans le couloir et leva la tête, comme pour humer l’air ambiant. En quelques battements de coeur à peine, elle tourna la tête vers eux. Son regard croisa celui de John.

- Merde !

Le démon renifla et se lança à leurs trousses. Les deux blondinets se précipitèrent dans la direction opposée. Un peu plus loin, il y eut un petit déclic mécanique et une femme en nuisette sortit à son tour dans le couloir. Elle avançait tranquillement, comme en terrain tout à fait conquis. Elle s’appuya contre la porte en la fermant, et tourna vers eux un sourire si terriblement large qu’il en avait l’air douloureux. Sa bouche semblait étirée jusqu’au seuil de la rupture, mais elle ne semblait pas gênée outre mesure.
Au loin, le tonnerre gronda.

- Merde merde merde merde...

« Oh mais que vois-je ? Une âme qui joue les Chevaliers Blancs ? »

John déglutit et jeta un regard en arrière. Ils ne pouvaient pas continuer, ni reculer. Il n’avait qu’un bien maigre avantage, c’était son anonymat : son nom et son visage étaient cachés par quelques formules bien choisies qui empêcheraient les démons de le reconnaître. Autant dire que ça ne sauvait pas sa peau plus que ça. Intérieurement, il essaye d’estimer la hauteur de la fenêtre.
Il ne pleuvait pas, mais le son d’un éclair rugit dans le lointain.

« Qui que tu sois, tu as eu la mauvaise idée de t'en prendre à plus fort que toi. Laisse nous ton copain et je t'épargnerais peut-être... C'est un bon deal, non ? »

- Je… Je...

Il ralentit. Il tournait la tête dans tous les sens, cherchant désespéramment une sortie de secours comme un animal prit au piège. Il avait besoin de temps. Il fallait qu’il réfléchisse. Les deux se rapprochaient vite. Il fallait trouver une solution.
Vite. Très vite. Réfléchis réfléchis réfléchis réfléchis !

« Dépêche toi, j'ignore si j'arriverais à convaincre mon collègue derrière toi. »

Le magicien s’arrêta, dos à la fenêtre et jeta un énième regard derrière lui. Il semblait réfléchir. Mais surtout, lorsqu’il tourna la tête, un rayon de la lune captura une étincelle de peur bien visible dans le creux de ses yeux – que Joey ne pouvait pas manquer à moins de regarder littéralement dans la direction opposée.

- Je… je pensais avoir plus de temps. Je pensais nous avoir gagné plus de temps. Je pensais... je... murmura-t-il, livide, les yeux écarquillés.

Sa voix s’éteignit piteusement. Il balaya le couloir des yeux, cherchant une issue qui n’existait visiblement pas. Devant eux, la femme en nuisette avançait d’un pas tranquille ; derrière, le gros lourdaud avançait toujours vite, mais semblait avoir ralenti lorsqu’il avait vu l’autre démon. Son pas s’était fait plus souple, mais aussi plus méfiant. Il flairait les problèmes – mais n’avait pas entendu ce que proposait l’autre rejeton de la Fosse.
John respirait plus vite, alternant nerveusement entre les deux démons qui se rapprochaient. Il leva les yeux vers Joey. Le magicien semblait proprement effrayé, et sans qu’il prononce un mot, son visage semblait suffisamment implorant pour crier « Pardon ». « Pardon, je suis désolé, je n’ai pas le choix, je suis si désolé... » Il ferma les yeux, déglutit… et baissa la tête.

- C’est… c’est d’accord. Marché conclu, lâcha-t-il du bout des lèvres au moment où le démon qui les suivait arrivait à portée d’oreille.

« - Aaaaaaaah. C’est le meilleur choix que tu puisse faire. »

Le sourire – aussi impossible que cela paraisse – semblait s’accentuer encore un peu. John, lui, fuyait le regard de Joey, absorbé dans la contemplation de ses chaussures. La femme en nuisette s’approcha, et lui releva le menton du bout des doigts pour le regarder dans les yeux.

« - Ta petite tentative n’aura rendu la chose que plus sympathique, pour être honnête. Merci pour ce petit divertissement. »

John déglutit et fuit son regard. Le démon se détourna et lança un regard bref vers le possédé qui les avait rattrapé.

« - Débarrasse nous de cet amateur. »

Le grand costaud ne réagit pas. A vrai dire, il ne semblait même pas avoir remarqué que Constantine était là. Il fit un pas vers la femme en nuisette et posa une large main sur son épaule pour la forcer à le regarder dans les yeux.

« Quel marché ? »

« - Qu’est-ce que tu racontes ? »

« Quel marché ? »

« - De quoi est-ce que tu parles, espèce de boucher sans cervelle ? »

« Quel marché ? »

« - Rien qui te concerne. Occupe toi de lui, qu’on se tire d’ici avant que les autres n’arrivent. »

Une lueur passa dans les yeux noirs du colosse – une lueur dangereuse, de celles qui flairent les arnaques et promettent beaucoup de souffrances si elles devaient en être la cible. John, lui, ne pouvait rien entendre à la conversation télépathique entre les deux démons. Il se tenait en retrait, tête baissé et yeux clos, marmonnant quelque chose de long et de répétitif sur un ton tremblant, oscillant d’avant en arrière sur ses talons. La femme en nuisette finit par s’arracher au regard du colosse pour se tourner vers lui. Son sourire avait un peu fané. Elle l’attrapa par la gorge et le souleva du sol comme si il ne pesait rien.

« - Qui prie-tu, petit homme mort ? »

- Ce ne sont pas des prières.

Constantine lui rendit son regard, et dans l’ombre de la lune, ses yeux semblaient coupés dans le même noir que celui qui entoure les étoiles. Il lui adressa un demi-sourire polaire, comme si toute sa panique s’était envolée d’un coup.

- C’est une bombe, lâcha-t-il d’un ton tranquille et un poil moqueur.

Il leva la main droite, et son rosaire se déroula doucement, faisant danser la petite croix de bois qui y était pendue dans la lumière du néon qui passait par la fenêtre. L’objet pulsait de magie sacrée, comme un coeur battant. Les yeux de la femme en chemise de nuit s’écarquillèrent d’un coup. Constantine plaqua brutalement la croix sur le bras qui le portait, arrachant un cri douloureux au démon, qui le lâcha et recula en titubant. Constantine retomba sur ses pieds et continua à marmonner.

- Gallos gallinaceos in inferno tua mom sugit ...

Sa voix était grave et rocailleuse, roulant dans le couloir. L’éclairage électrique à l’extérieur grésilla, et le tonnerre gronda au loin à nouveau – plus près, cette fois. Constantine leva les deux mains vers le plafond en signe de prière, paupières closes, visage fermé. Les yeux écarquillés par le sortilège en construction, les deux possédés se jetèrent vers la première esquisse de sanctuaire qui s’offraient à eux. Les chambres ne les protègeraient pas de ce qu'ils avaient déjà vu l'agent d'entretien faire – aussi choisirent-ils de se jeter par la fenêtre.

- Jem legato allacrem eorum !

Le verre explosa du premier coup. Les deux corps tombèrent lourdement au sol: la première craquela le béton du parking, le second enfonça le plafond d’une voiture. John monta graduellement la voix, jusqu’à tonner ses formules latines.

- Sane coleus es !

Constantine rouvrit les yeux et jeta son rosaire par la fenêtre, avant de faire volte-face, d’attrapper Joey par le bras et de s’enfuir en courant sans attendre. L’objet de bois atterit sur le toit de la voiture défoncée, rebondit avec un petit bruit, et tomba sans plus d’effet sur le bitume.
Il ne se passa rien de plus.

La femme en nuisette, prostrée derrière une voiture, releva lentement la tête. Elle observa l’objet de bois avec un regard vide, cligna des yeux, puis leva la tête et laissa échapper un sifflement de rage. Suivie de près par le colosse, elle se précipita vers l’escalier le plus proche – celui de l’entrée. John et Joey, eux, courraient dans la direction opposée – celle de l’escalier de service, très loin de l’entrée.

Il n'avait lancé aucun sortilège. Au mieux, il avait gonflé un peu l'aura sacré du rosaire et profité des grésillements du néon de mauvaise qualité et du roulement de tonnerre pour ajouter un peu de panache à sa tentative d'esbroufe, mais c'était à peu près tout.
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Sam 9 Jan 2021 - 16:09

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____Mon cerveau avait mécaniquement décidé de suivre mon sauveur, par instinct de survie. Ce monde de démon m’était complètement étranger, je me rattachais alors à la seule personne qui semblait avoir un minimum de compétence dans le domaine. Même s’il n’était pas parvenu à faire ces preuves la première fois que je l’avais appelé, je ne pouvais compter que sur lui pour me sortir de là. Pourtant, au fond de moi, je pouvais ressentir une désagréable sensation lorsque j’ai croisé son regard. Mes émotions étaient mélangées à ceux d’Amy mais je parvenais à faire la différence, parfois. J’ai eu une étrange sensation, celle que quelque chose d’illogique se tenait en face de moi, sans comprendre pourquoi je ressentais cela.
Malheureusement, je n’aurais pas le temps de me poser ce genre de question. Dans notre fuite, nous avons été rattrapés trop vite par deux démons. J’ai reculé d’un pas, sentant la peur me traverser. Mécaniquement, je m’étais tourné vers John en espérant qu’il trouverait une solution à notre problème. Je ne l’ai pas senti aussi confiant que la première fois et mes craintes se sont confirmés. Il avait accepté le marché pour épargner sa vie et son regard désolé s’était tourné vers moi. J’ai froncé les sourcils en reculant d’un pas et en secouant la tête. Non, c’est impossible, il ne peut pas me livrer comme ça en pâture.

Je t’ai dit que nous ne pouvions pas nous fier à cet homme, encore moins à un mort-vivant. Je sentis le bout de mes doigts tremblés de nouveau. J’étais de nouveau seul, livré à moi-même et je devais faire face au pire. Je ne peux pas non plus compter sur toi. J’ai jeté un coup d’œil derrière moi, apercevant le tas de muscles se rapprocher de nous, pour finalement s’intéresser au deuxième démon. Libère-moi. Face à deux démons, Amy se sentait probablement pousser des ailes. Il était ma seule chance de m’en sortir désormais.

Au moment où j’ai fermé les yeux, à deux doigts de laisser ma place, j’ai entendu comme un murmure, des paroles inaudibles mais familières. Doucement, j’ai redressé la tête pour comprendre que le sorcier avait une idée derrière la tête. Qu’est-ce que tu fais ? Libère-moi !! Je lui accorde ma confiance, parce qu’au fond de moi, je sais qu’il n’a pas fait tout ce chemin pour rien. Ces mots, quelque soient leur signification semblait faire réagir les deux démons.
Je n’ai pas eu le temps de réagir, le sorcier m’avait agrippé le bras pour m’entrainer avec lui dans une autre direction. Complètement dépassé par ce qui venait de se passer, je me suis laissé guider par John. Il n’avait pas besoin de me tenir le bras bien longtemps pour que je lui emboite le pas. Je n’avais aucune envie de finir entre les mains de ces créatures, quelles qu’elles soient.

John nous avait sortit du bâtiment par une des issues de secours complètement opposés à l’entrée principale. L’air frais et glacial de la nuit me frappa violemment au visage, me ramenant à la réalité. J’ai pu reprendre mon souffle contrairement au sorcier qui avait fait quelques pas de plus pour nous chercher un taxi et nous éloigner le plus possible de ces démons. Epuisé par toute cette action, je me suis permis de laisser John passer devant pour reprendre mon souffle. Les quelques minutes de sommeil que l’on m’avait accordé ne suffiront pas pour soigner mon esprit fatigué.

Je me suis laissé entrainer par John jusqu’à l’arrière d’un taxi, en sa compagnie. Je ne savais pas trop où il m’emmenait. Tant qu’il me guidait loin de ces monstres, je me laisserais faire, je crois qu’à ce moment-là, j’étais beaucoup trop fatigué pour réfléchir. Pendant le voyage, je suis resté muet, probablement encore sous le choc de ce qui venait de m’arriver. Je me retenais, au moins, de m’endormir sur son épaule. Je n’avais pas oublié, en plus de cela, mon statut de fugitif. Par parano, je jetais des coups d’œil sur le rétroviseur pour surveiller le comportement du chauffeur, par peur qu’il m’est reconnu. Heureusement, ce n’était pas le cas, du moins c’est ce que j’en avais déduit.
Mon sauveur m’avait conduit jusqu’à un bar, comme il l’avait convenu avant de se faire interrompre par quelques démons. Je suis sortie du taxi avec un peu de difficultés. Mon corps courbaturé me faisait souffrir et la fatigue amplifiait le tout. J’ai jeté un dernier regard en direction de John avant de m’éloigner de la voiture.

« Amusez-vous bien les tourtereaux. Ne faites pas de bêtises. » rétorqua le chauffeur en s’adressant à nous. Je me suis vivement retourné vers lui avec un visage défiguré par l’incompréhension. Est-ce qu’il venait de parler de nous, là ? Je l’ai presque fusillé du regard et quelque chose a attiré mon regard sur cet homme. Est-ce des yeux de serpent que je venais d’apercevoir ?

Je n’avais pas eu le temps de répondre à ma dernière question. Il avait quitté les lieux, nous laissant seul. John m’avait invité à rejoindre le bar pour me payer une pinte de bière. Bon sang, au fond de ma cellule, j’en avais rêvé plusieurs fois. J’avais l’impression d’être un chien découvrant pour la première fois, sa gamelle remplie de nourriture. Cela me réchauffait le cœur et je n’ai pas pu attendre une seconde de plus pour vider ma pinte.

« Merci. » c’était peu, mais cela suffisait à me redonner un peu de moral. « Tu m’as probablement sauvé la vie, la mienne et celle du démon qui m’habite. » signais-je calmement avant d’hausser les épaules. « Je ne sais pas vraiment ce que tu sais de lui, mais… je suis capable de ressentir ces émotions, et il n’a pas l’air de t’apprécier plus que cela. Il me dit que tu ne devrais pas être là, que tu es… mort ? »

Lorsque j’ai prononcé ma dernière phrase, mon regard s’est progressivement détourné de John pour se perdre dans le vide. Lorsque j’essayais de comprendre pourquoi Amy pensait que le sorcier était mort, j’ai eu le droit à des flashs, des souvenirs qui n’étaient pas les miens et pourtant, c’était bien moi. Je vois du sang, des hommes de Degaton, des héros. La douleur de ces souvenirs me provoquait une migraine soudaine qui me déstabilisa. Je me suis arrêté en pleine discussion avec lui pour attraper mon crâne, pris d’une violente douleur et tenter de l’apaiser. Cette souffrance disparue au moment où j’ai cessé d’essayer de me souvenir ce qu’il s’était passé en Europe. Ces souvenirs ne sont pas les tiens Joseph. Ta psyché est encore fragile, cesse de torturer ton esprit sauf si tu souhaites nous tuer.

« Tu es… mort ? » répétais-je, légèrement hébété par les quelques scènes que je venais de voir. Même si je ne comprenais pas encore leur sens, j’ai préféré changer de conversation plutôt que de réveiller de nouvelles migraines. « Il s’appelle Amy mais il a de nombreux noms, je ne les connais pas tous. Il dit être l’un des Présidents des enfers. Jusqu’à maintenant, j’ignorais qu’il avait autant d’ennemis et qu’ils seraient prêt à venir ici pour… nous tuer. » J’ai redressé les yeux vers lui. « Tu connais ces créatures ? Tu... Tu pourrais nous séparer ? Une piste ? »





Dernière édition par Joey Wilson le Jeu 22 Avr 2021 - 4:48, édité 2 fois
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Shadowpact
Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Dim 14 Fév 2021 - 9:49





Une vive lumière, tranchant des heures et des heures (ou peut-être juste des minutes) d’obscurité. La morsure du fer sur ses poignets, et celle, moins poétique, d’une chose dans le creux de son cou, où pulse une de ses artères. Des tourbillons de fumée grise, des cris, son cœur qui battait à cent à l’heure en déversant son précieux liquide rouge sur le sol. Et puis, le noir complet, et la voix qui était venue avec.

- Oui.

John répondit du tac-au-tac, plantant son regard dans celui de Joey. Son visage était froid, sans expression. Sa voix, détachée et claire. Il ressemblait à un véritable masque figé, avec ses yeux perçants et ses traits immobiles : rien ne semblait indiquer une quelconque émotion ou réaction, alors qu’il parlait de sa propre mort. Le magicien était toujours assis de la même façon, sa main, sur sa pinte de bière à demi-vide, n’avait pas bougé. Et pourtant, il y avait une tension presque palpable dans cette immobilité, dans ses yeux du bleu d’un ciel d’hiver qui décortiquaient Joey, qui perçaient sa peau, sa chair et ses os pour aller jusqu’à fixer la chose qui se terrait en lui. Constantine les observait avec un air de curiosité glaciale, comme pour voir jusqu’où ils s’avanceraient dans cette pente si clairement définie comme interdite de passage.

« Il s’appelle Amy mais il a de nombreux noms, je ne les connais pas tous. Il dit être l’un des Présidents des enfers. Jusqu’à maintenant, j’ignorais qu’il avait autant d’ennemis et qu’ils seraient prêt à venir ici pour… nous tuer. »

Il y eut un court moment de silence. Constantine n’avait pas réagit ni tiqué le moins du monde. C’était à peine si il avait cligné des yeux. Il porta sa bière à ses lèvres, puis la reposa toujours sans rien dire.

« Tu connais ces créatures ? Tu... Tu pourrais nous séparer ? Une piste ? »

Le Britannique se passa la langue sur les lèvres, et baissa un court instant les yeux. Il sembla chercher ses mots, mais il ne les chercha pas longtemps.

« Je connais quelques uns des démons qui te poursuivent. Ton démon les connaît tous. »

Constantine lâcha sa bière et jeta un coup d’oeil rapide à l’horloge murale, dans un coin du dinner un peu miteux où ils s’étaient installés. Puis il joignit ses doigts, appuya ses lèvres dessus, et se pencha un peu en avant. Son regard retrouva celui de Joey.

« Je ne peux pas vous séparer. J’ai fais mes recherches, Joey. Tu n’es pas un cas de possession classique : vois le comme un parasite, lié à toi de manière quasi-symbiotique. Tenter de vous séparer serait du suicide, et bien au-delà des compétences de tous les gens que je connais, même les meilleurs. Les seuls qui pourraient s’y risquer ne maîtrisent pas assez leurs compétences pour que ça soit suffisamment sans risque. Je ne peux pas t’en débarrasser. Je suis désolé. »

Un nouveau silence. Histoire de laisser l’information s’imprégner, de le laisser réaliser qu’il ne pouvait pas se libérer de la chose qui rôdait dans sa tête. Pas tout de suite, du moins.

« Note quand même que c’est la même chose pour lui : il est lié à toi, qu’il le veuille ou non. Ta vie vaut la sienne. Et ça te donne un avantage – le même que celui qu’il utilise jusque là. »

La pièce était presque vide : seul quelques silhouettes passagères, faisant une pause en bord de route le temps de se soulager, d’acheter un des paquets de gâteaux qui trônaient fièrement sous la lumière des néons ou de prendre un café bien serré pour tenir encore au volant du camion jusqu’au matin, et un serveur, grand, maigre, aux traits vaguement latino et aux yeux cernés, leurs tenaient compagnie. La nuit était bien avancée, et une fine pluie commençait tranquillement à tapoter la large fenêtre à côté de laquelle ils étaient attablés. L’endroit était miteux, mais tranquille : le reste de l’aire d’autoroute aurait pu être peuplé de spectre qu’il n’aurait pas semblé moins vide. Constantine leur avait dégotté la planque leur offrant le plus d’intimité qui soit pour la nuit : un dinner miteux en bord de route, à 3h20 du matin.
Il n’y avait que lui qui avait l’air vraiment là – lui, et ses yeux bleus où dansaient un feu glacé.

 « Je peux t’offrir un abris. Une planque, loin de ceux qui te traquent pour les crimes que tu n’as pas commis, le temps de te remettre sur pied. Je peux t’apprendre à vivre avec ton démon, voir à le dompter. Je sais que ça paraît difficile à concevoir, vu ce que tu as traversé, mais t’es un psychique, Joey. Il n’y a pas de raison qui justifie qu’il soit le seul aux commandes. Pas dans ta tête, en tous cas. »

Quelque chose changeait. Dans son ton, sa voix, même dans le coin de ses yeux. Constantine avait gardé une voix relativement calme et posée, cherchant à s’exprimer de manière neutre. Mais quelque chose s’était immiscé dans ses mots : une impression discrète que sa voix allait se rompre, l’idée tenace qu’il retenait ses émotions. Le magicien était stoïque, froid, inexpressif au possible. Et pourtant, il y avait une forme de douceur dans sa voix, et une légère tristesse dans ses yeux.
Il semblait compatir.

Pire.
Il semblait honnêtement compatir.
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Dim 28 Fév 2021 - 13:03

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____Mes doigts glissaient sur le morceau de verre sculpté qui contenait ma boisson alcoolisée. Cette extrémité de mon corps tremblait légèrement. J’ai vu cette expression froide de mon interlocuteur après ma question suggérant son décès. L’interrogation pouvait être surprenante, mais ayant déjà traversé la mort, cela n’avait rien d’étonnant pour moi. Ce sujet était encore tabou, je me suis contenté d’acquiescer de la tête pour confirmer que j’avais enregistré sa réponse et que je ne comptais pas creuser davantage sur la question.
J’ai doucement esquivé le sujet pour en revenir vers la source de notre première rencontre, mon parasite, Amy de son vrai nom. Les quelques informations que j’avais pu trouver à son égard était très vague. A l’époque, j’étais complètement désespéré et je m’étais tourné vers John pour essayer de mettre les choses au clair. Les mois ont passé et, maintenant qu’il se trouvait en face de moi, je pouvais enfin avoir la réponse à la question la plus importe.

Je savais que la réponse n’allait pas me plaire, mais je me pensais prêt à affronter cette fatalité. Pourtant, après avoir entendu une partie de sa réponse, j’ai été anéanti. Ma tête s’est baissée, la paume de mes mains s’est sur le haut de mon visage. A travers ses gestes, j’exprimais toute ma détresse, celle de me savoir condamné à vivre avec l’une des pires créations de l’Univers. J’ai fermé doucement les yeux pour entendre cette voix résonner de nouveau dans ma tête. Pathétique. Il continuera à me hanter, à me rabaisser plus bas que terre, en espérant qu’un jour, je cèderai. Tu l’entends ? Tu es foutu, Joseph Wilson. Son sort ne le soucis guère, tant qu’il peut me faire comprendre que sa présence est un poison.
Pendant quelques secondes, j’ai été envahi par de multiples émotions. J’ai été en colère contre Amy, contre John, puis contre moi avant d’être envahi par le désespoir que pouvait procurer les provocations de cette créature. Tu m’entends quand je te parle ? Ses paroles retentissait en même temps que celles de John qui tentait de s’excuser. J’arrivais à peine à distinguer ces deux voix, trop occuper à retenir ses larmes qui remontaient. Non, ce n’était pas le moment de montrer à quel point j’étais largué et que je ne comprenais même pas ce qui était en train de m’arriver. Ces voix qui hantaient mon esprit, elles étaient en train de me rendre dingue, à un point où John pu sentir la table tremblée, j’étais en train de perdre le contrôle de mes pouvoirs psychiques. Elle se mit à trembler, de plus en plus fort. Tu es à moi, JOSEPH.

ARRETE. FERME TA GUEULE.


Mes mains se sont brutalement heurtées au bois de la table, paume droite devant pour stopper ce tremblement de terre. Mon visage était défiguré par toutes les émotions qui venaient de me traverser, mes yeux étaient devenus rouge de colère. Mécaniquement, ma tête a pivoté en direction de John, simple témoin, puis vers le propriétaire des lieux qui me jetaient un regard malveillant, pensant que notre discussion allait mal finir. Je m’excuse d’un simple geste de la main avant de me tourner de nouveau vers John.

« Désolé j’ai… j’ai perdu le contrôle. » j’ai attrapé mécaniquement ma pinte pour en vider le peu qu’il restait à une vitesse record juste avant de reprendre mon souffle. « Je ne t’en veux pas. Je… je comprends. Je… »

J’ai pourtant tant de choses à lui dire, lui expliquer tout ce qui allait de travers chez moi, espérant qu’il pourrait être une solution pour résoudre quelques maux, à défaut de retirer la tumeur principale. Mais je suis resté, muet, désorienté quand il m’a proposé une alternative, un toit. Etait-il réellement capable de me trouver une planque capable de me protéger de Waller et des créatures surnaturelles qui me poursuivaient ? Est-ce qu’il voulait réellement mon bien ? Bon sang, j’ai l’impression que dès qu’on me tend la main, c’est dans le seul but de me nuire.

« J’ai… J’ai besoin d’un autre verre, je crois. » Je ne pouvais pas refuser une telle offre après ce qu’il m’était arrivé et je ne comptais pas la décliner. Seulement, j’avais tellement de chose qui me traversait l’esprit, je n’arrivais pas à avoir les idées claires. « Il s’est passé… tellement de chose bizarre chez moi depuis… depuis… » Je n’arrivais même plus à signer. « Depuis que j’ai rencontré cet homme, Arcane. Il… tout est de travers. J’ai perdu une partie de mes souvenirs, là-bas. Je… tu penses pouvoirs me donner quelques réponses ? Je… et d’ailleurs, qui sont ces créatures ? Enfin, lesquels connais-tu ? Jusqu’où iront-ils ? »

Je commençais à ressentir une boule au ventre, comme si quelque chose n’allait pas, une sensation qui ne venait pas de moi, mais de quelqu’un d’autre. J’ai ressenti une sorte de nervosité, du stress. C’était Amy, il semblait avoir discerner une chose qui nous semblait complètement invisible. L’un d’eux nous surveille.





Dernière édition par Joey Wilson le Jeu 22 Avr 2021 - 4:50, édité 1 fois
John Constantine
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Jeu 18 Mar 2021 - 12:59




John resta parfaitement immobile. Son corps ne semblait pas particulièrement tendu, et il ne retira pas ses coudes de la table ; même son visage ne semblait pas spécialement soucieux. Pourtant, un observateur attentif pouvait remarquer quelques signes qui en disaient long : ses yeux étaient presque fixes, rivés sur le visage de Joey, comme dans une attente tendue et sérieuse de ce qui devait advenir. Ils firent un bref détour quand la table se mit à trembler, et ne cillèrent pas lorsque le jeune homme frappa à pleine main dessus. Il se contenta de le regarder fixement, et encore un peu même après que le possédé ait repris ses esprits. Quand il sembla juger que Joey était dans un état convenable, il cligna des yeux.
John lui adressa un demi-sourire un peu acide, puis finit sa bière d’un trait.

- On parlera d’Arcane une fois qu’on sera en sécurité, si tu veux bien.

Le verre claqua sur la table lorsqu’il le reposa. Le magicien se laissa aller contre la banquette où il était assis et jeta un regard rapide autour de lui, avec un petit claquement de lèvres pensif. A nouveau, il ne semblait pas spécialement stressé, profitant tranquillement d’une pinte au milieu de la nuit (une situation tout à fait banale et normale, après tout). Il regarda, à travers une large fenêtre-vitrine, un duo solitaire de phares de voiture traverser la nuit comme un éclair blanc. L'air de rien, il tira son paquet de cigarettes de sa poche, et en vérifia le contenu. Malgré son attitude pensive, Constantine n’était pas vraiment du genre rêveur : si il regardait par la fenêtre ou autour de lui, c’était pour s’assurer qu’il n’y ait personne et qui leur restait encore du temps.
Il jeta un œil à Joey. Le jeune homme jeta une oeillade sur la côté, et sa main se crispa sur son verre vide. Hm. Peut-être pas beaucoup non plus. Le Britannique se leva et récupéra leurs deux verres d’une main.

- Je me charge de la rincette.

L’endroit était tout en longueur. Constantine avait choisi la place dos à la porte des WC, face à Joey et la porte d’entrée. Celle-ci se découpait dans le mur tout à l'opposé de la pièce, près du comptoir. Lorsque le magicien passa près de son compagnon pour aller rapporter leur vaisselle, il lui posa la main un bref instant sur l’épaule.

- Préviens-moi si ils s’approchent trop, d’accord ?

De toute évidence, la phrase murmurée ne s’adressait pas au jeune Wilson. Constantine ne pouvait pas ressentir leur présence, mais il les attendait de pied ferme. Lorsque Joey avait commencé à démontrer les signes un peu nerveux de quelqu’un qui se sent traqué, le calcul n’avait pas été bien compliqué à faire. Pas plus que celui qui indiquait qui, de Joey ou de son passager clandestin, ressentait la présence de leurs poursuivants.

Le magicien remonta tranquillement la pièce, posa les verres avec un claquement sonore sur le comptoir et tira un billet de sa poche.
Lorsqu’il revint, il portait un plateau avec trois shooter de vodka qu’il posa devant Joey. Il reprit sa place, et entreprit de tirer son paquet de Silk Cut.

-Bois. On a pas beaucoup plus de temps.

Il percha une cigarette au coin de ses lèvres et farfouilla dans sa tenue d'homme de mégane à la recherche de son briquet. Il finit par le trouver dans une poche intérieur. Tout en parlant, il s’évertua à en allumer le bout, crachotant une flammèche orangée derrière sa main repliée, indiquant les verres un par un du regard ou du menton.

- Le premier est pour accepter mon aide, le second pour la mettre en place.

Il laissa échapper un nuage de fumée, qui se délita dans l’air. Du bout de la cigarette coincée entre son majeur et son index, le magicien pointa le troisième shooter.

- Et celui-là, c’est pour être sûr que ça tienne.

Constantine jeta un coup d’oeil par la fenêtre, puis regarda Joey. Il laissa échapper une nouvelle volute de fumée dans l’air et lui adressa un sourire. Ses dents découvertes semblèrent plus blanches, plus carnassières. Une lumière du plafond miroita dans ses pupilles dilatées, d’un noir de jais qui en sembla presque liquide.

- Après ça, je te conseille vivement de filer dans les WC et de profiter du spectacle par le hublot. Je m’occupe du reste.
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Lun 5 Avr 2021 - 13:09

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____Les secondes ont défilé mais cette étrange sensation qui me broyait l’estomac ne s’était pas évaporer. Elle était en train de me rendre complètement paranoïaque, jusqu’à m’inviter à détacher mon regard de John pour surveiller mes arrières. Je ne suis pas un empathe, mais j’étais pourtant persuadé que ce sentiment n’était pas le mien. C’étaient les émotions d’Amy. A force de le côtoyer, j’ai appris à faire la différence entre mes émotions et les siens. C’est comme ça que nous apprenons à nous cerner. Amy se sentait épié, il pouvait presque ressentir la présence de ses anciens congénères non loin de nous.
John avait bien remarqué ce changement de comportement, ce regard qui se défile pour chercher la moindre trace de vie suspecte. Pendant quelques instants, je suis redevenu nerveux, mes doigts se sont crispés sur le verre et j’ai eu du mal à m’en détacher lorsque mon interlocuteur a cherché à le prendre pour les ramener à son propriétaire. J’ai simplement hoché la tête pour répondre aux quelques paroles de John. Arcane, j’en avais que de vagues souvenirs et j’ignorais si c’était une bonne chose ou non. J’ai peur de ne pas lui être d’une grande aide à ce sujet, que cela aurait plus l’effet d’un couteau qu’on fait danser sur une plaie ouverte, pour lui comme pour moi.

Lorsque le magicien a commencé à s’éloigner de moi, j’ai profité de ces quelques secondes de solitudes pour tenter de contrôler la nervosité d’Amy qui était en train de m’envahir. Ces émotions sont des poisons, si je me laisse submerger, je ne serais plus que l’ombre de moi-même. J’emmêlais mes doigts entres eux, je cherchais à contrôler ma respiration, devenu instable. J’ai repris le dessus, en me persuadant que j’étais en sécurité avec lui, avec John. Je ne sais pas si c’était le cas mais, j’avais réussi à me convaincre, du moins pour les prochaines minutes.
Tu ne sais vraiment pas dans quoi tu t’es embarqué avec celui-là. Tu es d’une grande naïveté Joseph Wilson. La réputation de John n’était plus à refaire apparemment. Cette voix, j’ai pris pour habitude de l’ignorer, de ne pas la laisser m’influencer dans mes choix. Était-ce seulement la bonne décision ? J’accordais à un parfait inconnu une confiance aveugle, un homme qui m’était apparu, dans un timing quasi trop parfait, pour me sauver la peau.

Les questions défilaient dans ma tête, plus ou moins influencé par la méfiance d’Amy. J’avais beau faire tous les efforts du monde pour l’ignorer, le démon parvenait à mettre le doigt sur mes doutes, mes craintes, remuant le couteau dans la plaie pour arriver à ses fins. Lorsque John a posé les deux verres sur notre table, j’ai laissé échapper un petit sursaut, comme si je ne m’attendais pas à ce qu’il revienne vers moi. Je n’ai pas redressé les yeux sur lui, j’étais focalisé sur le contenu de ces deux shots. De la vodka après ce qu’il s’était passé ? Est-ce qu’il ne se foutrait pas un peu de ma gueule ? J’ai froncé les sourcils, légèrement irrité par le manque de cohérence de cet homme.

« T’es sérieux ? Mec je… Je ne suis pas d’humeur à me bourrer la gueule, vraiment. » signais-je sans comprendre pourquoi il fallait obligatoirement que je finisse ivre pour accepter son aide. « A quoi tu joues, là ? »

Je n’avais probablement pas assez de temps pour lui poser davantage de question. Je ressentais toujours cette nervosité qui me broyait les tripes. Le fait d’avoir plusieurs créatures des enfers aux trousses pouvaient me pousser à lui confier ma vie, mais pas jusqu’à accepter de me rendre vulnérable en me bourrant la gueule. Le simple fait que je déclare mes soupçons à son égard suscitait la satisfaction d’Amy. Finalement, il y a peut-être quelque chose dans cette boîte crânienne. Tu es mal placé pour me dire à qui je dois accorder ma confiance. J’ai entendu de nombreuses et tristes histoires à son sujet. Je te les aurais bien racontés si tu daignais m’accorder autant d’attention. John Constantine n’est pas revenu d’entre les morts pour sauver ton petit cul. Il a quelque chose derrière la tête et tu es la clé de sa quête.

Mécaniquement, mon regard s’est refroidi, mes bras se sont croisés et mon corps montrait tous les indices d’une fermeture d’esprit à l’égard de John. Oui, j’avais prêté attention aux vigilances du démon, prenant en compte tout ce qu’il me disait, mensonge ou non. Je sais aussi que quelques heures auparavant, ce même démon m’avait laissé entre les mains de ces congénères alors que John Constantine ne m’avait pas abandonné. Est-ce qu’il te fait peur ? Tu crains de perdre le peu d’influence que tu peux avoir sur moi ? Ça t’arrange bien que le monde soit contre moi. Tu peux jouer les pseudos ange-gardien. Pour qui est-ce que tu te prends ? La voix d’Amy semblait beaucoup plus agacé, il semblait presque énervé, avais-je toucher un point sensible ? Notre petite conversation en interne laissait le pauvre John à l’écart. Il n’avait eu le droit qu’à un lourd silence en guise de réponse, les trois shots de vodka toujours présent, juste en face de moi. Je n’ai pas oublié tout le mal que tu m’as fait, à moi comme aux autres. Je ne compte pas apprendre à vivre avec toi, je veux que tu disparaisses. Il m’aidera, tu le sais et cela te frustre. Tu ne peux pas me mentir, je sais ce que tu ressens. Oh non, sale gamin arrogant, tu n’en sais absolument rien.

Doucement, mes yeux se sont baissés sur les shots. Je ne savais pas ce qu’il avait derrière la tête, mais j’étais assez désespéré pour me jeter dans ses bras. Je n’avais pas honte de l’admettre. John n’a pas l’air d’être tout rose, il n’avait pas la prétention de se revendiquer comme un héros venant sauver la veuve et l’orphelin mais je voyais chez lui, une porte de sortie à mon mal-être, peut-être une chance de revivre une vie normale.
J’ai fait le vide dans mon esprit, avalant une grande bouffée d’oxygène avant d’attraper le premier shot et d’en avaler le contenu d’une seule gorgée. L’alcool n’avait pas eu le temps de me brûler l’œsophage que j’ai attrapé le second shot pour reproduire la même action. Qu’est-ce que tu fais ? J’ai levé mon regard vers John, un air plutôt déterminé, confirmant ma réponse si les deux shots de vodka n’avait pas suffit à le convaincre. Mon geste, probablement celui de trop, avait suffit à énerver Amy. QU’EST-CE QUE TU AS FAIS ? Eh bien, j’ai choisis mon ange gardien. J’étais d’humeur taquin. Le voir s’énerver sans qu’il puisse faire quoi que se soit pour empêcher cela me faisait jubiler. J’ai eu tort d’être aussi naïf. Non, je ne te laisserai pas faire ça !

J’ai senti une contraction au niveau de mes poumons, comme un poing que l’ont venait d’écraser sur ma cage thoracique, assez douloureuse pour me plier en deux sur ma chaise. Mes yeux se sont écarquillés et ma gorge à commencer à se nouer. J’ai légèrement entre-ouvert mes lèvres pour essayer d’avaler un peu plus d’air, lentement pour ne pas réveiller la douleur. A chaque gorgée, j’ai ressenti une gêne s’accroitre et par un reflex humain, j’ai tenté de la chasser avec une quinte de toux et quelques raclements de gorge. Sans que je ne comprenne pourquoi, la toux s’est aggravée et ma trachée semblait s’obstruer. J’ai commencé à poser mes mains sur mon cou, en pensant qu’une force invisible cherchait à m’étrangler mais ce n’était pas le cas. Je ne parvenais pas à arrêter cette violente toux qui m’empêchait de reprendre mon souffle. Une sensation, celle de mon corps qui cherchait à recracher ce que j’avais ingurgité, comme un poison. J’aurais pu accuser John de m’avoir empoisonné mais je savais, au fond de moi, que c’était encore un de ses mauvais tours. STOP. Arrête ! Je peux plus respirer, tu vas nous tuer ! Aucune réponse. S’il te plait, ARRÊTE CA.

Malgré mes tentatives, je n’arrivais pas à faire entendre raison à cet abruti. Il semblait assez désespéré, prêt à risquer sa vie éternelle pour me pousser à faire demi-tour, à rompre le pseudo contrat que j’avais passer avec John. Mes mains collées par instinct de survie sur ma gorge ne semblaient pas prêtes à signer. L’expression de mes yeux apeurés semblaient suffisante pour montrer à John l’état de détresse dans lequel je me trouvais. J’avais l’intime conviction qu’il allait le faire, il allait nous tuer si je ne recrachais pas ce que je venais de prendre. Tu es déjà mort, Joseph. Tu nous as fait perdre du temps en laissant ce charlatan te séduire. Tu aurais pu nous faire gagner du temps, fuir loin d’eux avant qu’il ne soit trop tard. Mais maintenant, ils savent où on est. Ils sont proches. John a rempli sa part, il t’a gardé au chaud en attendant leur retour. Tu as pris la pire des décisions en refusant mon aide.

Il ment, hein ? Bien sûr qu'il ment... N'est-ce pas ?




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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Dim 25 Avr 2021 - 9:40





Constantine ne touchait plus la table. Il s’était laissé allé en arrière sur le dossier de la banquette, une cigarette au coin des lèvres. Le magicien restait tout à fait silencieux, observant d’un œil attentif les moindres tressautements du visage qui lui faisait face : il n’avait pas besoin d’être télépathe ou devin pour comprendre que le démon s’était réveillé, et qu’il tempêtait de toutes ses forces. Visiblement, la présence du Britannique le dérangeait. Nouvelle inspiration de cigarette, nouveau nuage de fumée lâché vers le plafond sans détourner les yeux. C’était bien fait pour son cul.

Puis, toujours sans que Constantine ne soit intégré à la conversation, Joey se pencha en avant et finit les trois shots quasiment en un clin d’oeil. Le magicien haussa un sourcil amusé et vaguement admiratif. Le jeune homme ne sentirait, étonnamment, pas spécialement les effets de l’ivresse qui aurait dû suivre la vodka bon marché qu’il venait d’engloutir, mais il ne le savait pas encore – et autant de zèle pour boire des shots offerts par un quasi-inconnu méritait tout les applaudissements doucement moqueurs du monde. Si c’était le signe de quelque chose, c’était probablement celui du niveau de désespoir dans lequel il était.
Visiblement, son parasite était dans le même état. Il y eut un raclement de gorge. Puis un autre. Le raclement de gorge devint toux, et Joey écarquilla les yeux de panique, porta une main à son torse. Il se mit à cracher de plus en plus gravement. Derrière lui, les deux autres clients de l’enseigne marquèrent un temps d’arrêt dans leur conversation, avant de reprendre d’un ton un peu moins assuré. La bouche du jeune homme s’ouvrait et se fermait sans trouver l’air qu’elle cherchait, et il porta rapidement ses mains à sa gorge, jetant des regards effrayés vers le Britannique.

Constantine ne semblait pas paniqué plus qu’autre chose. Sa cigarette rougeoya un moment, suspendue au bord de ses lèvres, puis il jeta un regard par la fenêtre, comme si il surveillait quelque chose sur le parking vide. Il ne détourna pas les yeux lorsqu’il parla.

- Avnas. Couché.

Les noms, dans les milieux occultes, ont des propriétés étranges et des pouvoirs particuliers. Quelque part, dans la tête de Joey, il y eut un frisson, comme un hoquet de surprise qui n’aurait été prononcé par aucune bouche ni aucune gorge, et la douleur sembla faiblir un court instant. Le magicien tourna la tête et planta ses yeux bleus droit dans ceux de Joey. L’ombre d’un rictus moqueur effleura ses lèvres.

- Tu connais son nom. Il est dans ta tête – ton chez-toi, ton royaume, Joey. Tu n’as pas à te laisser avoir ou à te laisser dominer. Sa réaction, ça, là ? » fit-il en pointant le jeune homme de sa cigarette,  « C’est parce qu’il a peur de toi, et qu’il sait que le mensonge qu’il te rabâche depuis des mois, celui selon lequel il est plus fort que toi, il sait que c’est un mensonge qui être en train de flirter avec sa date de péremption. Et il se chie dessus à cause de ça.

Constantine se pencha en avant, coudes sur la table. Un sourire étira ses lèvres fines, et il semblait particulièrement difficile de savoir si il souriait à Joey ou à Avnas.

- Ne l’écoute pas. Repousse le dans le trou d’où il est sorti.

Sa voix était grave, chaude, rendue un peu rauque par la cigarette et l’alcool. Les murmures du Britanniques vibraient dans l’air, effaçant presque tout ce qu’il y avait autour d’eux. Ce qui se jouait se jouait seulement entre Joey, Avnas, et la voix de John. Il y eut un temps de silence et de tension, puis le camps des vainqueurs fut brutalement désigné.

Subitement, ce fut le silence dans la tête de Joey. Comme une vague de non-bruit et de calme, déferlant dans sa tête, sa gorge et ses membres : sa douleur avait disparu, et le démon qui grondait sous son crâne n’était trouvable nul part. Le monde revient autour de lui, et plus loin le serveur, dont la mine s’était assombrie à l’idée de devoir expliquer un autre mort dans le dinner à son responsable, s’était détendu. Avnas n’était pas parti, mais il avait été vaincu : et, quelque part loin dans la tête de Joey, il pestait probablement de toutes ses forces contre la muselière qu’on venait de lui passer – quoiqu’il ne sache pas si c’était Joey ou Constantine qui venait de le congédier comme un simple clébard.
John dévisagea le jeune homme, comprenant en décalage (puisqu’il ne se basait que sur les réactions physiques du possédé) que la voix dans sa tête avait été domptée. Il se laissa aller de nouveau contre le dossier, un sourire vaguement moqueur aux lèvres. Pourtant, quelque chose accrocha son regard – un miroitement dans la vitre ou une silhouette dans les ombres, personne n’aurait pu le dire : le parking, qu’on voyait à travers la vitrine, était définitivement vide. Ses yeux revinrent sur Joey.

-  Tiens. fit-il en lui tendant sa cigarette. Je vais m’en fumer une autre dehors. Attends moi là le temps de te remettre de tes émotions.

Sans atteindre son approbation, le magicien se leva, contourna la table et se dirigea tranquillement vers la porte de sortie. Ce qui, franchement, était suffisamment étrange pour être suspect : le dinner miteux dans lequel ils s’étaient arrêtés puaient la clope jusque dans les verres « propres » qu’on leur tendait – et le serveur émacié derrière le comptoir se moquait comme d’un guigne qu’on fume à l’intérieur ou à l’extérieur. Pourtant, Constantine sortit.

L’air de la nuit lui picota le visage. L’obscurité était humide, tranchée par un néon rosâtre en forme de donut suspendu au-dessus de la porte vitrée ; comparé à l’atmosphère chaude et un peu collante de l’intérieur, l’extérieur semblait tissé de gouttelettes d’eau froide. Constantine s’écarta un peu de la porte pour aller s’asseoir sur un banc en béton gris, à côté duquel quelqu’un avait posé un haut pot, dans lequel des mégots accumulés depuis des années formaient une flaque d’orange et de cendres. Le magicien, toujours dans sa tenue d’agent d’entretien, tira une cigarette de son paquet de carton.

En face de lui, l’obscurité du parking bougea, comme un drap de velours ondulant. Constantine ne s’arrêta pas pour autant, tout en gestes rendus mécaniques par l’habitude. Il n’y avait aucun bruit ni aucune étoile. Seulement une petite lueur orangée, qui tremblaient entre ses mains alors qu’il allumait son briquet. L’obscurité bougea à nouveau, et on aurait presque put discerner trois silhouettes immobiles, au loin. Le magicien releva la tête et plissa les yeux.

« Il est où ? »

Constantine tourna la tête sur la droite, sursautant brusquement. Une femme en nuisette se tenait juste à côté de lui, le fixant de ses yeux noisettes. Un battement de cœur plus tard, un homme trapu et musclé l’avait rejoint sur la gauche du magicien. Un autre battement de cœur, et les deux autres démons – l’un à travers les yeux d’un chauffeur de taxi dont le badge indiquait « Térence McKenzie », l’autre à travers le corps et la voix du serveur émacié du dinner.
Le magicien marqua un temps d’arrêt. Pour eux, il n’était toujours pas Constantine, seulement un emmerdeur en tenue d’homme de ménage. Il se laissa en arrière.

- Je sais où il est. Et c’est un savoir que je suis prêt à marchander.

Sa cigarette rougeoya un bref instant, juste assez pour laissez apparaître le sourire qui commençait à faire son chemin dans ses yeux bleus et froids, à défaut de fleurir sur ses lèvres.

- Seriez-vous intéressés ?


Dernière édition par John Constantine le Dim 2 Mai 2021 - 12:37, édité 1 fois
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Ven 30 Avr 2021 - 12:15

« Rest in hell »

ft. John Constantine






_____ Ma respiration devenait de plus en plus difficile et un léger brouillard commençait à obstruer ma vision. Vivre à deux dans le même corps n’a rien de plaisant. Lorsque l’un n’est pas d’accord, il le fait payer à l’autre. Amy n’était pas réellement capable de couper mes voies respiratoires mais je me suis laissé emporter par les évènements. Les émotions ont pris le dessus sur ma raison et ma fatigue n’arrangeait pas grand-chose. Mon regard s’est immédiatement tourné vers lui, John. On dit qu’il avait l’habitude de cohabiter avec ce genre de créature, je n’imaginais pas à quel point c’était le cas.
Ce dernier n’était pas réellement paniqué, même pas un minimum surpris par ce dont il était témoin. Ses yeux sont restés fixé sur le monde extérieur à travers la baie vitrée pendant de longues secondes. Je soupçonnais presque un manque d’intérêt à mon égard. Je crois que j’aurais pu lui hurler dessus à plein poumons si j’en avais eu les moyens, au moins pour attirer son attention défaillante.

Deux mots de sa part et mon sang s’est glacé en moins de temps qu’il n’en faut. En une fraction de secondes, tous mes muscles se sont crispés, mon instinct de survie à cesser de se débattre et pendant quelques instants, je n’ai pas ressenti ce besoin d’oxygène pour vivre. Les paroles de John ont l’air de m’avoir complètement ensorcelé. L’espace d’un instant, j’ai eu l’impression que le temps s’était arrêté, qu’il n’y avait plus que lui, ces mots et moi. Je buvais ces paroles, elles me berçaient et provoquait chez moi, une sensation de bien-être que je n’avais pas connu depuis très longtemps. Hypnotiser par ces vibrations attrayantes, je savourais chaque seconde du silence olympien que l’on m’offrait. Mes paupières ont commencé à devenir lourdes, je n’ai pas cherché à lutter contre elles. Elles sont tombées, l’espace de quelques instants, quelques secondes ? minutes ? Peu importe, le temps s’est figé.

Tu pensais pouvoir m’impressionner ? Je l’entends. Il est là. Il semblait s’adresser à quelqu’un d’autres, John ? Sa voix reflétait son agacement mais le magicien du dimanche ne pouvait pas l’entendre. Ces aboiements sont insupportables, des interférences à cette épisode de bien-être qui était en train de m’envahir. Il est toujours là, je peux ressentir sa colère, sa frustration, tous ce qui fait de lui un être immatériel indépendant de ma volonté. Certains jours, je ne savais même pas reconnaître mes propres émotions.
Plongé dans un état second, j’ai senti mon corps répondre mécaniquement aux conseils de John. Ma tête commençait à se balancer de gauche à droite, comme emporté par le rythme d’une agréable musique. Quelques secondes se sont écoulées, puis plus rien. Mes pupilles se sont redressés et mes poumons se sont contractés sans brutalité pour. Lentement, mes muscles se sont relâchés, mes mains entourant ma gorge se sont décollées pour se laisser retomber sur le bas de mon corps. Tout va bien maintenant.

Je ne sais pas si c’était moi, John ou Amy lui-même mais, pour la première fois depuis un long moment, je savourais ce silence interne. C’était comme si, en un simple claquement de doigt, tous mes problèmes se sont envolés. J’ai redressé la tête vers John, doutant qu’il n’est fait que me murmurer des encouragements à l’oreille. Sa nonchalance me faisait comprendre que cela n’avait pas réellement d’importance.

« Merci. » Je crois qu’il n’y avait pas besoin d’en dire plus. Sans lui, je serais probablement déjà mort ou pire.

Un peu trop d’émotions pour cette nuit, je restais un peu troublé contrairement à mon voisin qui semblait dans son élément naturel. La routine pour lui, je présume ? Après ce qui venait de m’arriver, je ne savais plus quoi dire. Mes yeux ont commencé à se balader de gauche à droite, explorant les alentours. J’étais un peu méfiant, comme si je m’attendais à ce que, ce petit havre de paix, ne soit qu’un rêve. Amy va débarquer et tout détruire sur son chemin, n’est-ce pas ? Non, toujours rien, seulement un bruit ambiant, la vaisselle qui s’entrechoque, les murmures des quelques clients derrière moi et la petite musique en fond. Mécaniquement, mon regard s’est tourné vers John. Pourquoi était-il si fasciné par cette fenêtre ? Quelqu’un nous observe ? Il a soudainement besoin de prendre l’air. Je ne suis pas stupide, quelque chose cloche.

« Tu es sûr ? » J’ai tout juste eu le temps de signer ces trois mots. Je crois que je n’ai pas eu le cran de lui demander quel était le problème. Ces créatures, elles m’ont foutu les jetons. Je n’ai pas envie de les croiser. Lui, il sait les gérer n’est-ce pas ? J’essayais de m’autopersuader, ce n’est pas très efficace.

Tout ce qu’il m’a légué avant de tourner les talons c’était sa clope déjà entamée. J’ai une préférence pour les plantes un peu moins cancéreuse mais pour ce soir, je ne vais pas faire la fine bouche. J’ai récupéré le morceau encore fumant du bout de mes doigts avant de les poser entre mes lèvres. La première bouffée me rappelait cette fois, quand j’ai voulu impressionner les amis de Grant. Mes parents fumaient, mon frère s’y était mis dès l’adolescent pour avoir l’air cool. Moi, le petit dernier de la famille, du haut de mes dix ans, j’ai voulu suivre ces traces. J’ai frimé, je lui ai dit que je ne tousserais même pas, que j’étais fort, plus fort que lui. En vrai, je cherchais plus à attirer son attention qu’à jouer les sales gosses frimeurs. J’ai aspiré une grande quantité d’un mélange foireux de tabac et de goudron pour vomir mes poumons quelques secondes plus tard. Grant s’est bien moqué de moi, ces amis, un peu moins. Je crois qu’ils ont vraiment cru que j’allais recracher mes boyaux.

Mes pensées nostalgiques se sont envolées après quelques bouffées de tabac supplémentaires. Je me suis recroquevillé sur le fauteuil, étalant mes jambes sur ce dernier. Le propriétaire n’avait pas l’air d’être très dérangé par la fumée, les autres clients non plus. Je sentais leur regard méprisant se planter sur ma nuque, je faisais semblant de ne pas les avoir remarqués. A mon tour, mes yeux sont restés fixés par la fenêtre. J’observais une silhouette, surement celle de John, assis sur un banc. La pénombre ne me facilitait pas la tâche mais je pouvais reconnaître ce petit point rouge qui s’allumait de temps à autre. Quelques secondes plus tard, une silhouette se rapprocha. Impossible pour moi de l’identifier avec aussi peu de lumière et un champ de vision réduit. Bon sang, qu’est ce qui se passe ?

************************

Les ombres ont commencé à apparaître autour de John Constantine, des silhouettes familières. La première, une femme en petite tenue de nuit, couverte de sang avait fait sursauter le sorcier. A quelques pas du banc en béton, le chauffeur du taxi que le british avait emprunté quelques minutes auparavant. Il n’avait probablement pas bougé depuis qu’il avait déposé ces deux derniers clients. Il avait abandonné sa voiture, la portière grande ouverte et les clés sur le contact, comme s’il ne semblait pas comprendre la logique de ce monde cruel. Une dernière forme s’était détachée de la pénombre mais elle était bien plus discrète que les deux autres, difficile à décrire d’aussi loin, même pour John.
La demoiselle était la plus proche de l’anglais et la première à lui poser la question. La chasse au démon égaré était ouverte et la récompense devait être bien juteuse pour attirer autant de monde. La réponse ne semblait pas réellement plaire, le chantage encore moins.

« Tu penses être en mesure de négocier quoi que ce soit ici ? » Elle laissa échapper un rire à vous glacer le sang sur place. « J’ignore si c’est du courage ou de la stupidité. Tu oublies que tu te dresses face à plus grand que toi ? » L’idée du marché ne semblait pas vraiment l’intéresser. « J’ai une bien meilleure idée derrière la tête. Ta misérable existence contre la sienne ? Cela me semble équitable. »

Il pensait avoir l’avantage sur l’être humain qui se tenait entre lui et sa proie. Pour lui, ce n’était qu’une brindille d’herbe qu’il pouvait briser en deux en un claquement de doigt. Les deux autres étaient bien moins bavard. Le chauffeur de taxi s’était finalement approché. Une étrange vibration émanait de son corps dans un champ assez réduit. Autour de lui, l’oxygène venait à manquer et lorsqu’il fut trop près de John, le bout fumant de sa cigarette s’étouffa en moins de quelques secondes. Reprendre son souffle était difficile, un changement d’attitude désagréable, mais pas au point de suffoquer. Lui, semblait avoir un autre avis à ce sujet.

« Tυ ρҽɳʂҽʂ ρσυʋσιɾ ɳҽɠσƈιҽɾ ? L'ҽɳϝαɳƚ ɳ'ҽʂƚ ραʂ ʅσιɳ, ʝҽ ʅҽ ʂαιʂ, ʝҽ ʋσυʂ αι ʋυ. Tυ ҽʂ υɳ ριҽƚɾҽ ɳҽɠσƈιαƚҽυɾ. » Il faisait face à la pauvre femme, prêt à faire opposition. Ils ne sont pas encore prêts à s’unir pour récupérer leur cible. Chacun pour soi et la récompense n’en saura que plus belle. « Tυ ɳ'ҽʂ ɠυҽɾҽ ҽɳ ρσʂιƚισɳ ԃҽ ɳσυʂ ιɱρσʂҽɾ ƚҽʂ ƈαρɾιƈҽʂ. »

« ʝɛ ʋɛʊӼ ɛռȶɛռɖʀɛ ƈɛ զʊɛ ʟɛ ɢʀɨռɢǟʟɛȶ քʀօքօֆɛ » le serveur du dinner juste derrière eux, incitait ces collègues à suivre la démarche de John, un comportement plutôt suspect mais qui ne semblait pas perturber les deux possédés pour l’instant. « ʝɛ ֆʊɨֆ ƈʊʀɨɛʊӼ ɖɛ ֆǟʋօɨʀ ƈɛ զʊ'ʊռɛ ǟʍɛ ƈօռɖǟʍռɛɛ ǟ ʟǟ ɖǟʍռǟȶɨօռ ɛȶɛʀռɛʟʟɛ քɛʊȶ ɮɨɛռ ʀɛƈʟǟʍɛʀ, ռ'ɛռ ɖɛքʟǟɨֆɛ ǟ ƈɛʀȶǟɨռ. »

« Iɳυƚιʅҽ. Iʅ ҽʂƚ ρɾσƈԋҽ, ʝҽ ʅҽ ʂαιʂ. J’αι ʋυ ʅҽ ɠαɱιɳ. Iʅ ɳҽ ρҽυƚ ραʂ αʋσιɾ ϝιʅҽɾ. » Il pointa du doigt le serveur du dinner, rester à l’écart, les bras croisés. « Tυ ʅ'αʂ ʋυ. » Ce dernier se contenta d’hausser les épaules, un léger sourire moqueur se dessina sur son visage.

« Notre ami empeste la magie. Si elle gravitait autour de nous, je la sentirais. La sens-tu ? Non. Reste à ta place, immonde reptile puant. » Il se retourna vers le serveur. « Et toi ? Que caches-tu derrière ce sourire ? »

« ʋօʊֆ ʋօɨʀ ʋօʊֆ ɮǟȶȶʀɛ քօʊʀ ʊռ ɛȶʀɛ զʊɨ ռ'ɛֆȶ քʟʊֆ ɖɛ ƈɛ ʍօռɖɛ ʍ'ǟʍʊֆɛ. »

L’impatience de la jeune femme commençait à se faire ressentir. La pseudo collaboration entre les trois démons ne tenaient qu’à un fil. La moindre étincelle suffisait pour tout faire flamber dans un gigantesque incendie. La fiabilité du serveur était trop faible et suscitait l’agacement de la femme en petite tenue. Sous une crise de colère soudaine, sa main transperça de part en part la gorge du pauvre homme qui n’était pas parvenu à esquiver cette attaque. Une rivière de sang tâcha son tablier, ses yeux s’écarquillèrent, ses lèvres s’écartèrent pour espérer d’avaler un peu d’air. L’agresseur laissa sa main dans la bouillit de chair et de sang jusqu’à ce que les jambes de sa victime se dérobe et s’écrase sur le sol. Un acte qui ne semblait pas avoir surpris ni déstabiliser le chauffeur.

« J’aurais dû savoir que tu n’étais pas fiable à la minute où ta langue a fourché, Ascaroth. Je m’occuperai de ton cas en revenant… » cracha-t-elle avant de reporter son attention sur John ; retirant son bras. Ses ongles ensanglantés se plantèrent dans la gorge de John. « Parle et ton vœu sera peut-être exaucé ou tu finiras comme notre ami derrière moi. Ne me fait pas perdre mon temps, comme tu le vois, je suis très irritable en ce moment. »

« Oυ ҽʂƚ-ιʅ ? » Les pupilles perçante du chauffeur s’était planté plus loin, fixant le dinner et un visiteur qui franchissait la porte d’entrée. Une odeur familière semblait avoir attiré son attention.

« Quoi ? Qu’est ce que tu racontes ? »

« Nσυʂ ҽƚισɳʂ ϙυαƚɾҽ ԃαɳʂ ʅα ƈԋαɱႦɾҽ. Oυ ҽʂƚ ʅҽ ԃҽɾɳιҽɾ ? »

Car il a senti son odeur magique et putride du visiteur qui était entré dans le dinner. Un homme, plutôt grand vêtu d’un long manteau sombre, le visage dissimulé derrière le col de son vêtement. Calibraxis n’avait que faire des promesses, du chantage et des marchés foireux. La cible ne pouvait pas être bien loin et juste derrière le banc où se trouvait John, il y avait une cachette idéale. Même si les démons semblaient incapables de détecter la présence du démon, son instinct lui suggérait d’entrer dans le dinner.

************************

J’ai observé la scène du coin de l’œil. John semblait avoir monopolisé l’attention des intrus. J’ai vite compris qu’il s’agissait de nos vieux amis. Je ne dois pas paniquer, il sait ce qu’il fait n’est-ce pas ? En essayant de distinguer les silhouettes à travers la baie vitrée, un détail m’a surpris. Ils étaient quatre à m’avoir dans le collimateur, non ? Quelqu’un manquait à l’appel. Il est avec moi ? Il m’espionne depuis tout ce temps, attendant que je sois seul pour intervenir ? Non, je serais déjà mort si c’était le cas. J’ai essayé de garder mon calme, la clope était d’une grande aide mais en me laissant emporter par la nervosité, je n’allais pas tarder à fumer le filtre.
J’ai décollé ma colonne vertébrale pour écraser le mégot dans le cendrier. Une légère fumée s’en échappait, mes pupilles se sont redressés vers la fenêtre et une ombre approchante de la lumière des néons extérieurs attira mon attention. Son visage était maculé de sang, griffé de toute part, je distinguerais presque des morsures au niveau de ses lèvres. Est-ce qu’il a essayé de se les bouffer ? Je crois que je n’ai pas eu besoin d’en voir plus pour me lever de mon siège et disparaître.

Lorsque l’individu est entré dans le diner, pas un rat. J’avais réussi à m’éclipser à temps, assez pour ne pas laisser de trace et faire croire que je n’avais jamais mis les pieds ici. En vrai ? Je me suis caché dans les chiottes pour homme, une porte au fond à gauche du dinner, dissimulé par le comptoir. Un petit hublot me permettait d’observer le démon, figé au milieu du restaurant. Seule sa tête pivotait pour parcourir les alentours à la recherche du moindre signe de vie. Il avait l’air d’avoir beaucoup plus de difficultés à me trouver qu’au motel, une bonne chose. Lorsque je fus certains qu’il ne m’avait pas repéré, j’ai reculé du hublot pour ne pas griller ma couverture. J’ai commencé à analyser les différentes sorties possibles, les hautes fenêtres ouvertes, plus longue que large, sont mes principales candidates pour cette mission d’exfiltration.

Il y avait aussi une autre solution, mes pouvoirs. J’ai tendance à les oublier mais elles sont toujours là. Elles peuvent probablement faire face à ce type de menace, mais elles sont très énergivores. C’est ce qu’il me manque, de l’énergie. Honnêtement, je ne savais pas par quel moyen j’arriverais encore à tenir debout. Je pense que j’avais encore la force de créer une onde assez puissante pour envoyer valser un adversaire sur quelques mètres, un bouclier qui me protégerait peut-être trente secondes, rien de concluant.

Au moment où je tentais d’élaborer un plan potable pour fuir, j’ai entendu des bruits de pas se rapprocher de ma cachette. Mon rythme cardiaque est instable, je ne dois pas perdre mon calme. Je suis resté au fond de la pièce, mes yeux fixés sur la seule porte en face de moi, prêt à intervenir. Je ne sais pas où je trouverai l’énergie pour utiliser mes pouvoirs mais je n’ai pas d’autres choix. Je dois la trouver, c'est une question de vie ou de mort.



John Constantine
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Depuis récemment, une seringue de sang infusée de magie démoniaque très fortement semblable à celle Trigon.
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Dim 2 Mai 2021 - 12:41





« Quoi ? Qu’est ce que tu racontes ? »

L’étau sur sa gorge se desserra. Constantine, jusque là porté à bout de bras au dessus du bitume, retomba lourdement sur le sol, genoux à terre. Il se courba en deux et toussa violemment.

« Nσυʂ ҽƚισɳʂ ϙυαƚɾҽ ԃαɳʂ ʅα ƈԋαɱႦɾҽ. Oυ ҽʂƚ ʅҽ ԃҽɾɳιҽɾ ? »

« Quel petit salopard de merde ! » lâcha la possédée en virevoltant, fouillant le dinner des yeux.

- Regardez-vous, bordel...

Le démon en nuisette lui coula un regard en biais, et ses prunelles noisettes semblèrent prendre feu un très bref instant. Constantine, qui jusque là se massait la gorge et parlait d’une voix rauque, lui tira la langue. Elle fit un pas, et il se redressa un peu : il était assis sur le sol, dos contre le banc, son regard planté dans les yeux de la possédée.

- Réfléchis deux secondes avant de me butter, connard. Je sais où est Joey. Vous pouvez le sentir, vous ?

La possédée s’arrêta net. Elle fixa Constantine un temps, sans rien dire. Le Britannique remarqua tout de même la contraction du muscle de sa mâchoire, et celle de ses poings.

«J’αι ʋυ ʅҽ ɠαɱιɳ. Iʅ ҽʂƚ... »

Le deuxième démon se tut. Il leva la tête, et sembla renifler l’air frais de la nuit, une fois à droite, puis une fois à gauche. Il se pencha pour regarder à l’intérieur du dinner, puis ouvrit la bouche lentement pour dire quelque chose. Constantine fut plus rapide.

- C’est moi qui l’ai caché. Vous ne pouvez pas le sentir. Il pourrait probablement passer sous votre nez ou dans votre anus que vous ne le sentiriez même pas. Avnas est libre et loin de vous.

Les yeux du chauffeur de taxi s’écarquillèrent, et il continua à regarder Constantine fixement. La femme réagit plus vite. Elle se détendit comme un serpent, attrapa le magicien par le col de sa chemise et le plaqua violemment contre la porte du dinner. Lorsqu'elle parla, ce fut sur un ton sec, empli d'une rage meurtrière tout juste contenue.

« Si c’est vraiment le cas, petit malin, tu vas en chier. J’ai passé une journée merdique, et tu es l’enfoiré de merde qui a niqué mes plans. Annule ton sort. Annule le, ou je t’émascule avec ton putain d’intestin grêle. »

Constantine ne répondit que par un large sourire glacial. Pour eux, il était toujours caché : il n’était qu’un misérable agent d’entretien sans nom ni importance. Il avait perdu sa cigarette, mais il semblait presque aussi à l’aise que d’ordinaire. Ses traits émacies se dessinaient étrangement dans la lumière crue du néon posé au-dessus de la porte.

- Je te l’ai dit, ducon, je suis là pour un marché. Je n’ai rien à foutre d’Avnas. En ce qui me concerne, vous pouvez l’avoir quand vous voulez et en faire ce que vous voulez : rendez-moi un service, et je vous le livre.

« Et l’humain ? T’en as rien à foutre de l’humain ? »

- Il est moins important que ce que je veux que vous fassiez.

Le visage de la femme s’éclaira d’un sourire sans joie, qui exhibait ses dents un peu jaune plus qu’une quelconque réaction amusée.

« Ah. Donc tu as besoin de nous. »

- Je vous ai à ma botte, surtout. Je suis la seule personne à pouvoir vous mener à Avnas. Buttez moi, torturez moi si ça vous chante : ça vous demandera plus d’effort que de me rendre un service.

Les deux démons restèrent silencieux un moment. Ils ne se regardaient pas : à la place, ils fixaient le visage du Britannique, comme si ils pouvaient déceler la moindre duperie sur son visage.

« … Et comment savoir si tu tiendras ta part du marché ? »

- C’est pas un accord à l’amiable, tête de gland. C’est un contrat magique : je m’engage à vous livrer Avnas et son hôte une fois que vous aurez mené à bien une seule et unique tâche à mon compte.

Nouveau silence. Cette fois-ci pourtant, ses interlocuteurs semblaient moins examiner chaque recoin du visage de Constantine que songer très sérieusement à sa proposition, la tournant dans tous les sens pour en chercher la moindre imperfection.

- A prendre ou a laisser. Idéalement avant que votre pote ne revienne furax parce qu’il ne trouve pas l’humain qu’il cherche et qu’il se décide à m’arracher la gorge pour évacuer ma frustration.
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Lun 10 Mai 2021 - 17:05

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____John Constantine ne faiblissait pas. La petite scène auquel il venait d’assister, la rivière de sang qui commençait à se répandre sous les semelles de ses chaussures crottées, ne l’avait pas détourné de son objectif. Il a un marché, une proposition pseudo alléchante à leur proposer en échange d’Amy et de son hôte. Une alternative alléchante mais loin des intentions des créatures démoniaques. Certains préférait jouer cavalier seul, entrer dans le dinner en espérant y trouver leur proie. D’autres laissaient leur différent de côté pour atteindre leur objectif commun, une trêve superflue qui se déchirera dès que l’occasion se présentera.
La jeune femme en nuisette râla de frustration en voyant l’un de ces rivaux rentrer dans le dinner. Sa curiosité le piqua, l’agent d’entretien cherchait peut-être à les tromper. Après tout, ce n’était qu’un gamin, un humain qui n’avait pas la moindre d’idée de ce qui était en train de lui arriver. Si le témoignage de son collègue était exact, il ne devrait pas être bien loin. Peut-il seulement se fier à eux ? Non. Il ne prendra pas le risque de perdre sa cible pour s’engager sur une piste qui ne mènera probablement à rien. Il préférait jouer avec sa proie.

Le serpent tenta se laisser parler son flair, sans succès, provoquant l’agacement de la demoiselle en petite tenue. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque John avoua qu’il avait utilisé un de ses tours de passe-passe pour cacher le démon. Les paroles ont fusé, la tension est montée, à chaque seconde, la jeune femme semblait être contrôlé par une pulsion meurtrière qu’elle essayait de contenir. Une simple mauvaise parole aurait suffi pour qu’elle s’abandonne à ses pulsions et brise le petit cou fragile de John.

« Tu t’engages ? Tu t’engages, hein ? Un moins que rien, réduit à lécher le sol pour survivre nous propose un marché et se croit malin ? » elle laissa échapper un rire théâtrale, exagérément aigu, capable d’endommager les tympans les plus sensibles. « Alors engageons-nous. Je m’engage à faire de tes derniers instants un enfer Je t’arracherais les os un par un en commençant par tes orteils. Je boirais ta moelle épinière, je laisserais mes chiens bouffer tes bourses jusqu’à ce que tu me craches la position de cette petite salope ! » Elle reprit sa respiration. « Ma solution est peut-être lente et risqué, comme tu as pu le dire, mais elle n’en sera que plus satisfaisante pour moi. Tu t’es vraiment cru malin avec ton marché de merde ? »

« Tɾσρ ɾιʂϙυҽ. Aʋɳαʂ ҽʂƚ ʅα ρɾισɾιƚҽ ҽƚ ƚυ ɳ’ҽʂ ραʂ ʅҽ ʂҽυʅ à ƈσυɾιɾ ԃҽɾɾιèɾҽ ʂσɳ ƈυʅ. Tυ ƈɾσιʂ ιɱρɾҽʂʂισɳɳҽɾ ϙυι ʂσυʂ ƚσɳ αρραɾҽɳƈҽ ԃҽ ʋιҽιʅʅҽ ρυƚҽ ? » Il se rapprocha davantage pour faire face à son collègue. « Lαιʂʂҽ ƈҽƚ ԋσɱɱҽ ʋҽɳԃɾҽ ʂσɳ âɱҽ, ɳσυʂ ҽɳʋιʂαɠҽɾσɳʂ ʅα ʂυιƚҽ ԃҽ ƈҽƚƚҽ ԋιʂƚσιɾҽ ʝυʂƚҽ αρɾèʂ. »

La jeune femme abandonna sa victime pour se retourner quelques secondes sur son collègue d’un jour. Ses paroles agressives semblaient l’avoir surpris, comme si elle pensait que ce dernier était bien trop soumis pour oser s’interposer face à un exécuteur. Lui, un être insignifiant, essayant de remplir cette tâche bien trop grande pour sa piètre personne en espérant se forger une meilleure réputation.

« Tu espères peut-être avoir une once d’autorité sur moi ? » se moqua-t-elle avant de glisser ces pupilles jusqu’au diner. Celui faisait un moment que le troisième démon fouillait la zone. Avait-il trouvé la cible ? Les yeux de la jeune femme fixèrent pendant quelques secondes le pauvre John, cherchant la moindre occasion de discerner de la peur, mais rien. « Vas donc vérifier si ce crétin n’a pas réussi à nous doubler ! » Elle reporta son attention sur John. « Eh bien, c’est ton jour de chance, je t’accorde le droit de nous dire ce que tu souhaites mais… » son index se colla au centre des lèvres de John, manquant de faire tomber sa cigarette. « … attention à toi, cela ne veut pas dire que tu as la vie sauve. »

Sa tête se redressa pour finalement apercevoir l’homme aux habits ensanglantée ressortir les mains vides. Les dires de l’agent d’entretien se sont avérés être vrai. Désormais, il ne pouvait compter que sur ce marché foireux. Cette situation ne faisait que renforcer la colère de la jeune femme, sans compter celle du chauffeur. Le troisième, revenu bredouille, avait les yeux rivés sur l’arrière du crâne de John. Il était resté immobile, bloquant l’issue principale. Quelques secondes ont passé et une force invisible semblait le contrarier, mais quoi ?

« Pαɾʅҽ ҽƚ ʋιƚҽ ! »

************************


Ma respiration s’est bloquée, la porte s’est ouverte et une main ensanglantée retenait cette dernière. Il était trop tard pour envisager la fuite, étais-je simplement de taille à affronter un type pareil ? Mon cerveau était déjà en train de bouillonner à l’intérieur de ma boîte crânienne. J’étais incapable de savoir si j’allais m’en sortir ou pas, mais à ce moment-là, j’avais peut-être une idée. Elle pouvait s’avérer dangereuse, mais je n’avais pas vraiment le choix.
Dès qu’il est entré dans la pièce, nos regards se sont croisés pendant quelques secondes. C’était le moment, pour moi, d’entrer dans l’esprit du pauvre homme que cette créature contrôlait. Un léger voile blanc s’était dessiné sur mes yeux et mon corps s’est retrouvé inanimé, dépourvu d’âme.

Au moment où je suis parvenu à rentrer dans sa tête, le temps s’est ralentit. J’ai senti la présence de l’hôte principal avant de sentir son parasite. Dans les premières secondes, j’ai senti sa puissance m’écraser de tout son poids, j’ai lutté. Je n’étais que de passage, je n’avais besoin que de quelques secondes pour accomplir mes méfaits. Manipuler les esprits des humains, c’est comme faire du vélo, une fois qu’on est en selle, on se souvient de tout. A ce moment-là, j’ai laissé mes émotions de côté pour laisser place à mon esprit calculateur, essayant de corrompre l’esprit de ce pauvre homme. Quelques instants me suffisent pour rendre ce dernier incapable de me voir. Au fond de moi, j’espérais bien que ce démon, parasitant l’âme de ce malheureux, allait également être impacté.
Je l’ai entendu, j’ai entendu cet homme, il sentait ma présence. Je l’entendais souffrir, me supplier de l’épargner. Mon cœur s’est serré, je ne pouvais pas faire ça. Même si j’avais essayé, je n’aurais pas pu l’aider. Son état était bien trop grave pour que je puisse faire quoi que se soit et je devais, pour une fois, penser à moi.

Une fois avoir rempli mon objectif, je suis immédiatement revenu à la case départ. Les murmures et supplices du pauvre homme continuaient à me manquer. Dès que ma forme astrale a reprit le contrôle de mon corps, j’ai senti ce dernier se vider de mes dernières forces. Mes jambes se sont dérobées, j’ai posé ma main contre le mur le plus proche pour éviter de tomber à genoux sur ces pies. Lorsque j’ai redressé doucement la tête, mon sang s’est glacé. Cet homme habillé par le sang m’effrayait. Lorsque j’ai essayé de croiser, de nouveau, son regard, mes lèvres ont tremblé. J’espérais, du plus profond que moi, que mon plan avait fonctionné.

Peu confiant, j’ai reculé de quelques pas en sentant mes forces m’abandonner peu à peu. Son regard parcourait les environs sans parvenir à me viser dans le blanc de yeux. Pourtant, il semblait intimement persuader que je n’étais pas loin, jusqu’à fouiller chaque recoin, chaque porte de toilette en pensant que je m’étais caché derrière. Pendant tout ce temps, j’ai retenu ma respiration, je suis resté immobile pour faire le moins de bruit possible. Mais plus la distance entre nous diminuaient, plus je doutais en mes capacités de télépathe sur ce coup.

« Je peux vous aider ? » Un deuxième homme est entré à son tour dans la pièce, bloquant l’issue et interpellant le démon. Sa voix est douce, remplis de bienveillance. « Vous avez perdu quelque chose ? Vous semblez... troublé. »

La présence de cet inconnu semblait déranger le possédé. Son regard le poignardait, ses dents se sont resserrées, laissant échapper un grognement à peine audible. Quelque chose chez cet homme l’avait perturbé dans sa recherche. Il balayait de nouveau les alentours, en pensant que j’allais soudainement apparaître. Mon petit tour de passe-passe avait fonctionné, mais n’allait pas durer bien longtemps. C’était comme si, au fond de lui, cet étranger savait que le démon devait partir avant que le pire n’arrive.
Il a hésité, pendant quelques secondes avant de quitter la pièce, repartant bredouille. Par politesse, l’étranger se décala pour lui permettre de quitter le dinner sans le bousculer. C’était un homme plutôt grand, habillé de manière élégante, comme s’il venait de sortir d’un dîner réserver à une certaine élite. Son visage était tout aussi gracieux, pas un pic de cheveux qui dépassait, des yeux à la couleur du ciel. J’aurais peut-être pu tomber sous son charme si je ne sentais pas l’alcool et la fatigue me monter à la tête.

« Tu t’es caché pendant des mois dans le corps d’un innocent revenu d’entre les morts et tu brises cette couverture en moins de temps qu’il n’en faut. Bon sang, qu’as-tu derrière la tête ? » Il semblait s’adresser à quelqu’un d’autres, j’étais incapable de m’identifier à ces paroles. Me voir froncer les sourcils l’intriguaient. « Qu’est ce q…? »

Mes jambes se sont dérobées de nouveau, j’ai posé un genou à terre. J’avais utilisé mes dernières forces pour me protéger de ce démon qui n’avait pas réussit à me trouver. L’inconnu s’est jeté héroïquement sur moi pour retenir ma chute. Je ne sais pas trop ce qu’il avait derrière la tête, étais-ce une connaissance de John. J’ai rassemblé mes dernières forces pour tenter de signer quelques mots.

« Tu es un ami de Jo… ? »
signais-je avec difficulté.

« Un ami de qui ? Qui est avec toi ? »



John Constantine
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Ven 11 Juin 2021 - 15:30





La porte se ferma discrètement, et l’air frais de l’extérieur, piqueté de gouttelettes brumeuses, fut soudainement remplacé par une bouffée de chaleur rehaussé de café, d’après rasage de mauvaise qualité et d’une pointe citronnée de produit ménager. Le diner était presque vide, désormais, et aucun des deux pauvres hères qui hantaient encore l’endroit ne sembla remarquer que John venait de rentrer à l’intérieur – pas plus qu’ils ne semblaient avoir remarqué que le jeune homme qui tenait le comptoir gisait égorgé en travers de la porte, à l’extérieur.

Constantine se laissa aller contre la porte, les yeux fermés. Il était en un seul morceau, c’était déjà un bon début. Joseph était en vie ; c’était encore mieux. Les démons avaient mordu à l’hameçon, et c’était exactement ce qu’il avait espéré. Il se passa la main sur le visage. Une bière, et ils pourraient tous les deux rentrer s’écraser sur un canapé un peu plus confortable que la banquette maigrichonne sur lequel ils avaient posé leur cul jusque là. Ouais. Une bière.
… Peut-être deux.

Quelqu’un se tenait à côté de Joseph. Constantine s’immobilisa net, au milieu de l’allée centrale, et se détendit dans la seconde en réalisant que si il avait été avec les autres affreux, il n’aurait pas pû voir le jeune muet. Ou du moins, si ça avait été le cas, le jeune Wilson ne serait pas en vie, en train de roupiller comme un bienheureux adossé à la vitre.
Le Britannique fit un autre pas. Le nouveau venu ne réagit pas, et en vérité attendit patiemment que John s’assoit en face de lui. Il ne fallut pas plus de temps pour que les neurones du magicien réagissent, et qu’il percute en face de qui il était assis.

- Je peux vous aider ?

Des yeux couleur de ciel d’été lui rendirent un regard rieur.

« Constantine. C’est une surprise inattendue. »

Le magicien retint un grincement de dents sonore. Il aurait dû se douter qu’un fichu Ange finirait par mettre son nez dans cette histoire – après tout, Avnas était un démon lâché bride sur le cou sur Terre, ce n’était pas un problème que pour les Enfers.

- Pareil. La Cité d’Argent a plutôt tendance à rester discrète, quand ce genre de chose arrive – et Joey ici présent étant sodomite, ça m’étonne que vous vous sentiez spécialement concerné par son sort.

Constantine ne cachait en aucun cas son agressivité. Il avait eu une rancoeur personnelle contre les Anges : d’abord parce qu’il trouvait stupide de donner tout jugement et tout pouvoir sur l’humanité à un groupe d’emplumé qui n’avait que des concepts très restreints de ce à quoi pouvait bien correspondre la vie sur terre, et surtout parce qu’ils étaient passé maîtres dans l’art de l’attentisme. Ils intervenaient parfois, pour le fun, mais restaient généralement partisans d’une position de retrait, d’où ils pourraient convenablement observer l’attitude de l’humanité face aux hordes de démons qui se glissaient jusqu’à la surface.

« Je ne suis pas spécialement là pour Joey. Je cherchais Avnas – il s’est juste évanoui dans mes bras, et je ne pouvais pas décemment le laisser dans le sol des toilettes. »

Le sortilège du Britannique n’avait pas d’effet face à l’Ange. D’une part parce qu’il était plus dur de mentir à un envoyé de la Cité d’Argent, et de l’autre parce que John tentait plutôt à se cacher des Enfers. Il supposait déjà que les Cieux savaient à propos de sa résurrection, mais il savait aussi qu’ils n’en piperaient pas un mot – ils s’assieraient seulement sur un nuage confortable pour juger la suite des évènements.

- Oh, parce que vous vous intéressez aux humains, maintenant ? Le Très-Haut s’est mis à un changement de politique depuis qu’il a remarqué qu’il fallait des aliens et des fantômes celtes pour sauver le cul du quidam moyen, ou vos voies sont encore foutrement impénétrables?

Un minuscule nuage passa dans les iris célestes. L’Ange sourit légèrement et s’apprêta à dire quelque chose, puis s’immobilisa net. Ses yeux se perdirent un peu dans le vague, il pencha la tête un moment. Constantine ne bougea pas – pas plus que quand le regard de son interlocuteur revint vivement se planter dans le sien.

« Tu sens le démon, John. Plus que d’habitude. Qu’est-ce que tu... »

- Tu viens de mettre les pieds là où tu n’as pas envie d’être, Yeiael.

L’autre fut coupé court, surpris d’entendre son propre nom. Constantine avait fait ses recherches sur Avnas avant de venir, et n’avait pas mis tellement de temps à additionner deux et deux pour comprendre plus précisément à qui il parlait.
Le magicien se pencha un peu plus en avant, et la lumière des plafonniers dessina des ombres étranges sur son visage. Il semblait plus inquiétant qu’il n’avait jamais parut l’être, jusque là, et à juste titre : pour quelqu’un comme l’être céleste à qui il s’adressait, John était drapé de l’énergie si caractéristique de ceux qui viennent tout juste de signer un pacte démoniaque.

- Tu ferais aussi bien de te tirer, petit Ange. Histoire de respecter notre libre-arbitre auquel vous tenez tant, et de sauver un peu le joli minois que tu promènes là où il ne devrait jamais traîner.
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Mar 22 Juin 2021 - 11:42

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____Je n’avais plus assez d’énergie pour répondre. Ma vision s’était embrumée et très vite, j’ai sombré dans l’inconscience. Mes paupières se sont mécaniquement renfermées, me laissant dans les bras d’un parfait inconnu que je n’avais pas réussi à identifier. Au début, j’ai pensé à un ami de John mais les traits de son visage m’ont paru flou, ces cheveux blonds avaient peut-être été la ressemblance de trop. Malheureusement, je n’aurais pas le temps d’éclairer davantage mon esprit. A ce moment-là, mon destin n’était plus entre mes mains.
Heureusement pour moi, le parfait inconnu avait guidé mon corps endormi jusqu’à l’extérieur des vestiaires pour me ramener sur la banquette où, il y a quelques minutes, je m’étais avachis après avoir vécu l’enfer. Sans chercher à me réveiller de mon sommeil éternel, l’inconnu m’y avait délicatement posé. Mécaniquement, mon être avait cherché une position confortable pour pouvoir récupérer un maximum d’énergie en un temps record.

Pendant les premières minutes de sommeil, je dormais comme un bébé, je vivais ma meilleure vie alors que je venais probablement d’échapper au pire. Mon sauveur s’était installé juste à côté de moi, gardant une distance raisonnable pour ne pas empiéter sur mon espace vitale. Il n’avait même pas pris la peine de prendre un verre pour patienter. Il semblait être un homme occupé, comme si ses heures étaient comptées et pourtant, il n’avait pas bougé de son siège, attendant patiemment. De temps en temps, je pouvais inconsciemment sentir son regard veiller sur mon corps inerte, pour vérifier que tout se passait bien ou peut-être pour autre chose. Qu’attendait-il de plus de moi ?

« Je sais que tu n’es pas loin » Son regard s’est tourné vers mon corps endormi. Il semblait s’adresser à quelqu’un d’autre. « Je sais ce que tu as fait. Tu n’oses même pas daigner me saluer ? » Il attendait Amy, il avait sans doute beaucoup de chose à lui dire mais ce dernier, malgré les portes grandes ouvertes que je lui avais laissé, ne semblait pas vouloir répondre aux attentes de l’étranger. « Un acte rempli de lâcheté, tu n’as donc pas évolué depuis cette dernière décennie. Suis-je déçu ? Pas vraiment, je ne m’attendais à rien venant de ta part, Amy. » Il haussa doucement les épaules. « En tout cas, tu mets l’ambiance autour de toi. »

L’odeur putride de John finit par chatouiller les narines de l’étranger. Il redressa sa tête pour observer le magicien s’installer juste en face de lui. Ils ont échangé quelques mots, comme deux individus qui s’étaient côtoyé pendant une grande partie de leur existence. Pourtant, c’était la première fois qu’il se croisait. Chacun connaissait l’identité de l’autre et chacun essayait de chasser l’autre pour récupérer son trophée. C’était moi le trophée, hein ? Peu importe, mon esprit est en paix pour cette nuit, du moins c’est ce que je pensais.
Très vite, mon esprit a commencé à sombrer et mon corps s’agiter. Depuis mon retour au pays, mes rêves sont agités et ne m’offraient que quelques minutes de répit avant de devenir des putains de cauchemars. Mon corps a commencé à s’agiter, attirant mécaniquement son attention sur moi. Il sait déjà qui est responsable de mes maux mais n’a l’air que d’un simple spectateur à ce triste spectacle. Pour oublier sa culpabilité, il préféra répondre aux provocations de John sans croiser son regard.

« Je n’ai pas mis les pieds ici pour l’humain, effectivement. Je suis là pour veiller sur une anomalie, notre ami commun mais pour votre compagnon, je suggérerais qu’il se repent de ces péchés. Notre Seigneur est bon, il lui pardonnera ces fautes » Il pencha légèrement la tête vers John, comme s’il cherchait à le provoquer. « Je pourrais te retourner le conseil, mais ton âme est déjà souillée et empeste la défaite. »

L’odeur démoniaque de John semblait avoir remit en question les objectifs de l’ange. De plus, la situation d’Amy ne l’enchantait guère et inconsciemment, il se sentait impuissant face à deux âmes indissociables, face au magicien qui se mettait en travers de sa route. Doucement, il se leva de la banquette sur lequel j’étais affalé, les muscles crispés par une peur incompréhensible.

« J’ignore ce que attends d’Amy et de cet pauvre âme mais je ne te quitterais pas des yeux, John Constantine. » Il se rapprocha de ce dernier. « Il se réveillera, je m’en suis assuré. » Il tourna les talons. « Nos chemins se croiseront, tôt ou tard. »

Un simple détournement de regard et l’ange disparu du champ de vision de John. Lorsqu’il s’évapora, mes paupières ont commencé à s’agiter, mon visage était défiguré par la peur. Mes cauchemars devenaient de plus en plus intenses mais au milieu du sang et de l’horreur de mon imagination, une petite voix jaillit de mon esprit. Réveille-toi, Joseph Wilson, tu es guéris. Mes pupilles se sont dévoilées en une fraction de secondes. Le réveil était soudain mais mon corps semblait avoir récupéré entièrement l’énergie qu’il avait perdu. Était-ce encore un coup de passe-passe de John ou le fruit de mon imagination. Après quelques minutes de sommeil, c’était comme si je venais de quitter les enfers pour revenir dans le monde réel sans en avoir conscience. Mon regard s’est baladé dans chaque angle jusqu’à rester figé sur John.

« C’est toi ? » signais-je dans l’incompréhension, comme si le rail de coke que je venais de prendre était en train de montrer tous ces bienfaits. « Qu’est ce qui s’est passé ? » J’essayais de me remémorer les dernières scènes dont je me souvenais juste avant de perdre mes esprits mais mes souvenirs et mes cauchemars se mélangeaient dans mon esprit. « Quelqu’un, il y avait quelqu’un dans le dinner ! J’ai cru qu’il allait me tuer. »



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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Sam 3 Juil 2021 - 8:15





John regarda Joey avec un air étrange – il semblait fatigué, très las, et en besoin intense de s’écraser dans son canapé pour se noyer dans l’alcool. Il ne sembla même pas vraiment voir le jeune homme signer : il contemplait autre chose, comme si il hésitait. Entre quelles options ? C’était une excellente question, dont lui même n’avait pas la réponse.

- C’est plutôt tout le contraire, il t’a remis sur pied en une petite sieste.

Il regarda le jeune homme se réveillait, comme si la fatigue des dernières semaines n’était qu’un mauvais souvenir. Ça ne durerait probablement pas, mais ça valait le coup d’oeil : Joey avait dormi six minutes au mieux, mais il semblait en pleine forme. Ses yeux étaient redevenus vifs, ses gestes semblaient assurés – même son teint était moins blafard.
John se passa la langue sur les dents, jetant un œil aux alentours. Soudainement, le dinner semblait bien calme et vide.

- C’était un Ange, qui passait voir où en était Avnas.

En parlant, il planta son regard dans celui de Joey, ne s’adressant de toute évidence à seulement à lui. Le démon n’avait pas fait d’apparence, ni n’avait semblé réagir depuis que son hôte l’avait mentalement bâillonné, mais John était prêt à parier qu’il n’avait pas manqué une miette de ce qui s’était passé.
Nouveau regard aux alentours.

- Bon. C’était fun, mais si on décalait à endroit un peu plus sûr ?

Les démons n’étaient plus dans le coin. Invoquer la Maison alors qu’ils les suivaient aurait rendu les choses plus compliquées. Une fois dedans, ils auraient été particulièrement difficiles à retrouver, mais leurs poursuivants auraient pu les intercepter avant. Et, de toutes façons, John ne voulait pas les semer trop. Il tenait au marché qu’ils avaient passé, après tout.
Il se leva et s’étira un coup.

- Viens. Je vais te montrer ta nouvelle super planque.

Dehors, l’air était frais, un peu piquant. Le cadavre qui entravait la porte jusque là avait disparu, emporté par une magie angélique qui n’était pas si lointaine. Et, chose plus étrange, une maison de bois avait surgit de nulle part au beau milieu du parking vide. Elle aurait pu se déguiser, mais il semblait plus facile de faire entrer Joey dans une maison magique qui se téléportait que dans une roulotte un peu miteuse, qui aurait été un déguisement approprié : ça vendait mieux l’idée d’une planque un peu sûre.
John grimpa les trois marches du porche, tira une vieille clef de sa poche et ouvrit la porte avant de s’écarter pour laisser le jeune homme passer en premier. Des petites lumières, vaguement dorées, éclairaient doucement l’intérieur au-delà.

- Bienvenue chez toi.

Le magicien s’attarda un bref instant sur le pas de la porte. Il jeta un regard à la nuit sombre, piqué par quelque chose qui hérissait les poils de sa nuque. Le parking vide et béant, percé seulement par la lumière brute du dinner, lui rendit son regard en silence. Constantine ne resta pas longtemps dehors : ce n’était sûrement rien.
A sa décharge, il avait plusieurs raisons d’être un peu à cran.

***

L’air de la nuit dansait. Dans le ciel, des nuages couleur d’encre passaient devant les étoiles, poussés par un vent froid qui ne soufflait que très haut, faisant clignoter les astres. La lune n’était visible nulle part. Il n’y avait pas d’oiseau, pas d’avions – et, à une certaine hauteur, pas de satellites non plus.
Yeialel filait dans le firmament, passant à un endroit où le monde n’avait pas de haut ni de bas, seulement un lac couleur de nuit piqueté d’étincelles d’argents vascillantes. Il n’avait pas tout à fait quitté le monde, mais n’y était plus vraiment. Il volait selon une route qui n’existait pas et que lui seul pouvait suivre, entouré par un vent qui n’était ni physique, ni naturel.
Il y eut une bourrasque. Puis une autre. Puis une troisième.

Puis Yeialel avança moins vite. Un large pan d’étoiles disparu, avalé par un nuage, et il ralentit encore, un peu désorienté. Lorsqu’il vit que les étoiles ne réapparaissaient pas, il reprit son chemin – cette fois en allant plus vite.
Autour de lui, l’ombre grandissait et le vent soufflait plus fort. Encore un peu plus fort, jusqu’à murmurer son nom. L’ange avança plus vite, encore plus vite, filant de toutes ses forces sur sa route sans début ni fin ni carte ni panneau.

Puis une voix, froide, étrangère, souffla en même temps que le vent.

« Alors, mon ange, on fourre son nez dans les affaires des autres ? »
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Re: « Rest in hell » ft. John Constantine Mer 21 Juil 2021 - 17:28

« Rest in hell »

ft. John Constantine



_____Ce rail de coke se montrait cruellement efficace. Toutes les conséquences des nuits blanches à répétition, d’un pouvoir très énergivore s’étaient évaporées en un battement de paupière. Pendant un bref instant, j’ai presque cru que John était parvenu à détacher le démon qui hantait mon esprit. C’était trop beau pour être vrai, n’est-ce pas ? Je pouvais la sentir, cette présence infecte qui me hantait jour et nuit et qui venait de parasiter cet épisode de bien-être qui venait de m’envahir.
Pour me réveiller complètement, je me suis permis d’étirer les muscles de mes bras et de mes épaules après avoir été plus ou moins rassuré par les paroles de John. Je me souviens pourtant, il y avait deux personnes au moment où je suis allé me réfugier dans les sanitaires. L’ange avait peut-être une dent contre Amy mais en son absence, il semblait avoir veillé sur moi. J’ai envie de croire en cette hypothèse. Actuellement, les personnes qui me veulent du bien se comptait sur les doigts d’une main et je ne savais pas encore si je devais inclure John dans le lot.

« Où est-ce qu’il est passé ? » J’ai jeté un coup d’œil derrière moi, là où se tenait fièrement la porte des toilettes, fermée. « Il m’a sauvé la vie…Il y en avait un autre, un démon. Il aurait pu me tuer mais il est intervenu. » Au bon endroit, au bon moment, trop gros pour être une simple coïncidence. « C’est toi qui l’as appelé ? »

Je les ai remarqués, les pupilles fuyantes de John qui se promenaient un peu partout. Je crois que, lui aussi, n’avait pas toutes les réponses à ces questions. Pour ce soir, j’allais annuler mon interrogatoire pour ce soir et accorder une confiance aveugle au maître des arts obscurs qui semblait avoir passer une soirée comme les autres d’après ces dernières paroles. Fun ? Est-ce qu’il se foutrait pas un peu de ma gueule ?

« Fun ? Vraiment ? Je sais que pour toi, être poursuivi et traquet par des démons, tu appelles ça un jeudi, mais moi je n’appelle pas cela du FUN. » Mon visage s’était refroidi, comme si mon inconscient venait de renvoyer la faute de cette mauvaise soirée sur John. Mes pupilles ont transpercé les siennes, une connexion mentale s’est établit et une voix d’homme résonnait dans sa boite crânienne « Je t’en foutrais du fun. »

La télépathie n’était pas mon fort. Je pouvais offrir quelques effets secondaires involontaires, maux de tête, nausée, un petit cadeau empoisonné de quelques secondes que je venais d’offrir à John. Ma mauvaise soirée et mon impulsivité avaient trouvé une victime, presque innocente. Malheureusement, m’en prendre à la seule personne, encore présente, qui venait de me tendre la main n’était pas la meilleure des idées. J’ai mis plusieurs secondes avant de regretter mon acte et j’ai signé faiblement mes excuses, en espérant que sur un malentendu, il soit épargné des nombreux effets secondaires de mon incompétence psychique.

« Tu es certains que c’est sûr dehors ? Je veux dire, tu n’habites pas la porte d’à côté, je... »

Je lui avais emboité le pas, mais je ne m’attendais pas à voir planter en plein milieu d’une parking une maison qui manquait de frôler la rue voisine. Le monde mystique me réservait pas mal de surprise, c’était fascinant et effrayant en même temps. Lorsque j’ai compris que c’était la nouvelle super planque que m’avait vendu John, j’ai mis plusieurs secondes à digérer l’information. Effectivement, je crois que personne, même pas Papa n’irait me chercher dans ce genre de maison. L’aspect rassurant de cette planque me permit de franchir les quelques marches qui me séparaient de la porte d’entrée et de répondre favorablement à l’invitation de John en entrant dans l’antre mystique.

Comme refuge, je ne pouvais pas trouver plus confortable. La décoration était bien moins moderne que mes anciennes planques, mais je ne suis pas un difficile. John jouait les guides touristiques, il devrait se reconvertir. J’ai été presque touché lorsqu’il m’a laissé le choix de ma chambre. Le choix s’est arrêté sur la taille des fenêtres. J’ai conscience que je passerais une partie de mon existence dans cette maison, le temps que ma situation change et que je trouve une solution pour Amy, autant profité de la potentielle meilleure vue à chaque déplacement. Lorsque j’ai découvert la chambre de mon futur colocataire, une petite voix dans ma tête s’est demandé s’il ne m’avait pas ramené chez lui pour lui servir d’aide-ménagère. Je crois qu’il aura besoin de quelques piqûres de rappel concernant certaines règles de vie. Malgré ces quelques détails, entre ses quatre murs, je me sentais en sécurité et j’étais certains, ou presque, de ne faire de mal à personne et je ne pouvais dire qu’une chose au propriétaire.

« Merci. »

************************


Difficile pour Yeialel de tirer les vers du nez de son opposé. La tâche s’était davantage compliqué lorsque ce dernier s’était dissimulé dans le corps d’un être humain. Les deux âmes n’en font qu’une et transgresse les lois de cette réalité. Les règles empêchant l’ange d’intervenir directement dans un éventuel sauvetage, sans compter John Constantine qui avait prit un malin plaisir à lui barrer la route, comme s’il avait quelque chose derrière la tête. Il n’avait jamais réellement rencontré cet homme mais sa réputation dépassait les limites du monde humain. Jusqu’à trouver une solution, il était condamné à n’être qu’un simple spectateur.
Evidemment, l’être céleste n’est pas le seul à graviter autour de l’âme combinée. L’air devenait soudainement irrespirable, une odeur putride attira mécaniquement l’attention de l’ange accéléra la cadence jusqu’à s’arrêter net en prenant conscience que la fuite n’était malheureusement pas la solution.

« « Les âmes malades sont aussi mes affaires. » affirma Yeialel. « « Mais il semblerait que cette âme a choisit un autre ange gardien. J’ai entendu dire qu’il avait une fâcheuse tendance à vous mettre des bâtons dans les roues. » Ses doigts dansèrent pour générer une arme. « « Quelqu’un essaye de se mettre en travers des règles, toujours le même nom et vous préférez vous acharnez sur moi ? Soit. Venez, je vous attends. »



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