Finders Keepers [Yara Flor]

Gotham, cité du vice, cité du crime.

Gotham, le phare des nuits de la côte Est. Le paradis des criminels.

Gotham, la muse gothique des plus abjects malfaiteurs du continent américain.

La cité du chevalier noir, sa forteresse de la folie. La mégalopole où il gardait des millions de citoyens innocents dans la peur.

La peur de la mort, s'ils croisaient la route des monstres qui nichaient dans cette fange ; la peur du fouet, s'ils s'élevaient contre le soit-disant "protecteur" de cette Gomorrhe contemporaine.

Yara les connaissaient, ces oppresseurs aux mains légères. Leurs traces, on les retrouvaient derrière chacune des arrestations abusives, chacune des exécutions sommaires d'innocents réduits à chaparder pour survivre.
Parce qu'une décision arbitraire d'une institution financière venait couper tout recours à une vie normale.
Parce qu'un juge, la bouche pleine et buvant dur, trouvera chez eux les germes d'un mal que sa "terre des braves" aura fait germer.

Ceux-là, leur jour viendrait... Mais ceux-là n'étaient pas les plus dangereux.

Ceux-là avaient des chiens de garde. Des molosses dressés pour sauter à la gorge de chaque écho de protestation.

Ceux-là finançaient sans poser de questions des gardiens à l'esprit tordu. D'éternels croisés au méthodes violentes et amorales, cachant leurs dérives fascisantes derrière une soi-disant "lutte contre le crime".

Des vigilantes malins plus dangereux encore que ceux qui les finançaient ... Des vigilantes qui sauraient dépasser leurs créditeurs, abusant de leur mansuétude au nom de la Loi et de l'Ordre.

Dans leurs tours d'ivoire, les puissants applaudiraient, alors que les monstres comme la Chauve-Souris écraseraient les rues, les villes, puis les nations. Plus de tranquillité pour eux, toujours plus d'argent, toujours plus d'influence.

L'Europe tremblait déjà sous une ordure équivalente, qui ne souffrait que d'être moins présentable.

Yara n'était pas prête, alors, mais elle voyait les signes, elle ne pouvait les ignorer. La rumeur sur les forums enflaient : le Batman avait changé, le Joker avait été retrouvé mort.

Le Batman, qui jusqu'alors n'avait eu qu'une règle. Le Batman, protecteur bien commode, soudainement plus dur ?

Peut-être n'y était-il pour rien. Peut-être.

Mais s'il n'existait qu'un pourcentage infime pour qu'un justicier mégalomane en possession des ressources infinies d'une mégacorporation s'arroge seul le droit de vie ou de mort sur une population, alors il appartenait à ceux qui étaient en mesure de mettre fin à ses agissements ... de le faire.

Et Yara ne souffrirait pas de voir sa patrie d'adoption sombrer.













Anarky. Terroriste pour les uns, héros du peuple pour les autres.

Une connaissance de longue date de Yara Flor. Une fréquentation qu'elle héritait d'années passées dans les arènes politiques d'internet. Une amitié que des années d'activisme politique contre les gouvernements successifs Luthor, Waller et Wilson n'avait fait que renforcer.

La dernière personne qui aurait dû pouvoir faire appel à une fille du panthéon guarani pour l'aider à propager ses idéaux sur ces terres depuis longtemps athées...

Car ce n'était pas le cas. C'était cette nouvelle Wonder Woman qui était venue vers lui. Cette nouvelle Wonder Woman perchée au sommet d'un gratte-ciel, observant, les nuages menaçant couvrant Gotham comme chaque nuit.

Jerry, lui, n'en menait pas large. Le climat n'était pas à son goût, et la chasse à la chauve-souris non plus... Mais il avait suivi, tremblant et paranoïaque. Victime de l'aura du Batman, comme trop d'innocents dans cette ville.

Au sol, un groupe de jeunes militants remontés étaient aux aguets. Ils avaient vu la lumière dans les cieux, le sceau du shérif de Gotham. Ils avaient entendu son destrier mécanique rugissant, avaient suivi ses trajets, avaient attendus.
Ils avaient été effrayés, comme tous ceux qui se risquaient en dehors des sentiers battus dans cette ville ... Mais ils avaient un objectif, une cause ...

Mais pour l'instant, ce symbole de l'oppression qu'ils s'apprêtaient à détourner ... Il était inaccessible.

Le Batman n'était pas stupide. Un pare-feu se piratait... Un blindage en nanomatériaux et des contremesures électriques à verrouillage manuel ?

Beaucoup plus compliqué.

" Merde ... Y'a pas un seul endroit où se brancher, comment on va l'ouvrir ? " paniqua celui qui devait être le pirate du groupe, derrière son masque en plastique blanc.

Un tour chez le Pingouin aurait pu leur offrir des éléments de réponse, avec probablement une arme extraterrestre. Le genre d'arsenal qu'aucun ennemi du Batman, à part les plus déterminés, n'aurait été en mesure de s'offrir. La Chauve-Souris ne le savait que trop bien.

Mais ce soir, la peur changeait de camp.

Et un choc contre le bitume vint le leur signifier.

Tous se retournèrent, et tous paniquèrent. Le Batman était là ! Ils étaient faits !

" Pas de panique les gars, je suis avec vous. " expliqua calmement la sculpturale amazone tombée des cieux, son armure dorée et sa tenue rouge et encre jurant avec la morosité ambiante comme peu de choses pouvaient semblaient en mesure de le faire, " Laissez-moi m'occuper de ça. "

Et ils s'écartèrent, ne sachant véritablement comment réagir. Ils avaient été prévenus qu'ils recevraient de l'aide... Mais ce n'était pas ce qu'ils avaient envisagé...

Et quand ils virent l'Amazone se diriger vers la Batmobile et planter ses mains dans le blindage apparemment impénétrable du monstre, ils n'en revinrent pas plus.

La forteresse mobile du croisé à la cape se défendit avec violence et hargne, et toute sa superstructure se zébra d'éclairs, comme son assaillante qui se mit bien vite à fumer.

Ce ne fut pas suffisant, et la Batmobile dut abandonner ... En même temps qu'une partie de sa canopée, qui s'ouvrit en geignant.

" Et voilà ... " soupira Yara en se retournant vers les sbires d'Anarky, en semblant s'épousseter, " Allez-y ! On reprend le contrôle ! "

Et ils ne se firent pas prier. Le pirate sauta aux commandes, branchant son appareil à l'infrastructure du véhicule pour le relier directement aux talents de hacker d'Anarky, qui le fit démarrer.

Un premier symbole redonné aux mains de ceux pour qui le destin de Gotham importait.

Mais déjà, Yara avait disparu. En quelques bonds, l'Amazone avait de nouveau rejoint les hauteurs de la cité corrompue.

Du regard, elle suivait le char d'assaut à roues se frayer un chemin dans les rues ...

Car Batman viendrait à coup sûr tenter de reprendre possession de son bien.

Batman, la chauve-souris à laquelle les multiples itérations et les files de sous-fifres donnaient des atours de Démiurge.

Batman, à qui elle apprendrait que les Dieux existaient encore, et qu'ils n'avaient pas tous abandonnés les Hommes ...

" Tiens la route, merde ! "
" Hey, c'est pas facile ! On dirait une putain de brique à réaction ! "

A l'intérieur de la Batmobile, les révolutionnaires du jour paniquaient. La tâche n'était certainement pas aussi aisée que ce à quoi ils s'étaient attendus, même en ayant pu avoir le concours de l'Amazone brésilienne pour ouvrir le monstre de métal.

Et l'apparition d'un hologramme du Chevalier Noir n'arrangeait rien.

" J'suis ... J'suis pas censée être là moi. J'ai partiel demain !.. J'ai pas envie de finir en taule, moi ! " s'affola l'une des voleuses à l'intérieur du spacieux véhicule.
" T'inquiètes, " rétorqua un autre, " Si y'a bien quelqu'un qui va aller en taule, c'est lui ! C'est une violation de la convention de Genève roulante, ce truc ! "

Mais ce n'était que de la poudre aux yeux, car la difficulté à manœuvrer la longue automobile du Chevalier Noir se faisait sentir dans les dégâts de plus en plus conséquents que subissait le mobilier urbain de Gotham.
Et le trafic, également.
Les voleurs de voiture se seraient peut-être amusés d'entendre la fréquence du GCPD s'interroger sur l'alcoolémie du Batman, si la situation ne prêtait pas tant à la terreur.

Du haut de son point d'observation, Yara s'interrogeait elle aussi ... Devait-elle intervenir pour les sauver, et les potentielles victimes qui risquaient de s'accumuler au rythme de chacune des erreurs de conduite du bolide blindé ?

Anarky lui signifie qu'il faudra encore du temps pour qu'il puisse percer les protections informatiques de la Batmobile et accéder à ses bases de données.

Plus de temps qu'il ne sera possible d'en avoir, avec le prédateur de la nuit gothamite aux trousses.

Cela, alors même que les informations n'arrivent en retour, sur les hooligans de la soirée : des activistes anarchistes, des militants antifascistes, des collectionneurs d'arrestations pour possession de drogues illicites, pour défiance ou encore pour occupation illégale de propriété privée...

Mais il en est une qui saura attirer l'attention de Bruce Wayne. Une correspondance à un dossier de l'ARGUS vieux de plusieurs années et venant directement de l'Idaho. Une bien curieuse addition à un équipage de voleurs de voiture idéologues.

Citation :

A.R.G.U.S.
Noster quaerere incipere

Fichier d'Identification - Individu Métahumain à Risque
(Fichier PX-8785-5)

Compte-rendu d'arrestation, 15/09/2015
Boise Police Department

Nom : FLOR, Yara
Sexe : Féminin
Race : Hispanique
Yeux : Marrons
Cheveux : Noirs
Taille : 6' 0"
Poids : 165 lbs


Date et lieu de naissance : 11/04/2000, Boise (ID) (//Note ARGUS. vérification requise)
Nationalité(s) : Américaine, Brésilienne (//Note ARGUS. possible fraude)


Causes de l'Arrestation :
Outrage et Rébellion (flagrant délit //Note ARGUS. condamnation avec sursis)
Dégradation du bien d'autrui (flagrant délit //Note ARGUS. graffitis sur un établissement bancaire)
Coups et blessures aggravés avec armes par destination. (suspicion)
Mise en danger de la vie d'autrui (suspicion)
Possession et usage de technologie extraterrestre prohibée. (suspicion)
(//Note ARGUS. relaxée aux 3 chefs, faute de preuves)

NOTE CONFIDENTIEL DEFENSE : Métahumaine d'origine inconnue. Les enregistrements vidéo montrent des capacités physiques extrêmes lors d'émeutes anti-gouvernementales à Boise (ID) en 2015. L'activité internet et l'empreinte sur les réseaux sociaux montrent une sympathie pour les milieux d'extrême-gauche et les activités anti-gouvernementales.
Mettre en place une surveillance passive.
(//Note ARGUS. surveillance abandonnée en 2017, faute de budget)

Une nouvelle qui survint alors que l'équipage venait de quitter la route, la copilote ayant forcé sur le volant pour esquiver des piétons.

Une embardée qui les vit s'écraser dans un mur de béton trop épais pour laisser la Batmobile le traverser.

Et le véhicule, probablement vexé, refusait de redémarrer.

Un événement fâcheux, alors que la chauve-souris les avaient retrouvés, et que sa voix provenait non plus des hauts-parleurs du blindé, mais des ombres qui l'entourait.
Par ce seul effet théâtral, ce simple quartier déshérité prenait soudain des allures de coupe-gorge meurtrier.

" Oh merde merde merde ... " continua à paniquer l'une des jeunes femmes de l'équipage.

Le pilote, plus entreprenant, lui, sortit un petit revolver, bien décidé à en découdre.

" Tu veux ta caisse ? " cria-t-il à la cantonade, " Alors il faudra me passer sur le corps ! "

Une proposition probablement tentante pour le chevalier noir ... Mais une proposition sur laquelle il n'eût pas le temps d'agir.

Une corde d'or éblouissante vient en effet enserrer le groupe dans son ensemble, d'un angle impossible, avant de les tirer subitement vers le haut, pour les ramener sur le pont duquel ils étaient tombés.

" Fuyez ! " leur intima la nouvelle Wonder Woman, non sans chaparder au passage l'arme de poing qui avait été dégainée, " Je m'occupe de lui ! "

" Mais-... " protesta celui qui avait été armé.

" Pas de "Mais" ! " l'interrompit l'Amazone avec autorité, en broyant l'engin de mort comme si ç'avait été un jouet, " Si vous l'affrontez, vous finirez en prison ou à l'hôpital ! J'ai des pouvoirs et du matériel, je m'en sortirais, allez ! "


N'attendant pas, Yara se jeta dans le sombre gouffre, pour atterrir sur la Batmobile de tout son poids, sans aucune considération sur l'engin qui se plia sensiblement sous le choc.

L'Amazone, son armure dorée tranchant fondamentalement avec les ténèbres dans lesquels se terrait le gardien de Gotham. Par sa seule présence, elle semblait repousser l'obscurité, comme une apparition angélique tombée aux enfers ...

De sa main libre, elle laissa tomber les débris du revolver qu'elle avait détruite, avant de ranger ses Boleadoras à sa ceinture. A l'affût, elle analysait les ombres, cherchant à y déceler un signe de la présence de sa cible.

De sa proie.

Son "lasso" rangé, elle descendit de son promontoire mécanique d'un petit bond.


D'un geste, elle dégaina sa lame et trancha avec facilité dans la carlingue de la Batmobile. Elle suivit ceci d'un coup de pied tout aussi impressionnant qui fit décoller une moitié du véhicule sur une cinquantaine de mètres. Le fragment de carcasse arracha une clôture en tôle, avant de finir sa course en s'encastrant dans une mare de béton qui formait les fondations d'un futur immeuble.

Ailleurs dans Gotham, Anarky s'arrachait les cheveux sur l'interruption soudaine et totale de son opération ... Comme Jerry, de son côté, craignait de voir ce qu'il adviendrait de sa maîtresse et amie ...

Mais Wonder Woman était sur le terrain ... Et chaque arme retirée des mains du Batman était une arme qui ne serait pas utilisée dans sa croisade inique.

" Ça s'arrête ici, Batman. " déclara simplement l'Amazone, guettant les ombres, sensible au moindre mouvement, " Si tu ne veux pas finir comme ta voiture, rentre chez toi et range ton arsenal. Gotham vit dans la peur depuis trop longtemps. C'est fini. "

" Meilleur détective du Monde, hé ? "

La remarque avait fusé, sa langue agissant avant son esprit. Une espèce de mécanisme de défense, pour se convaincre, malgré une pointe de manque d'assurance à peine perceptible, qu'elle était encore aux commandes de la situation.

Il lui avait fallu quelques secondes à peine pour la percer à jour ... Elle, son équipement, sa tenue ... Yara n'avait pas pris soin de cacher sa nature, mais le voir être en mesure de le déterminer aussi vite et avec autant de précision ... Cela faisait son effet.

Et il ne reconnut pas l'Amazone d'Amazonie. La tribu perdue restait donc encore un mystère pour le monde des Hommes, y compris pour ses enquêteurs les plus zélés. En un sens, cela était bon à savoir.

Il était difficile de dire ce à quoi Yara s'était attendue. Elle s'était élancée avec la fougue de la jeunesse dans une arène qu'elle ne connaissait pas, contre un adversaire qui, tout humain qu'il était, s'était tout de même mesuré à toutes les menaces que l'Univers avait jugé utile de lancer sur la Terre.

Et s'il n'avait pas toujours été victorieux, il avait néanmoins toujours réussi à s'en sortir, là où tant d'autres avaient perdu la vie.

Les incultes et les inconscients pensaient qu'il suffisait de ne pas avoir peur pour affronter Batman.

Yara faisait partie d'entre eux.

Et comme eux, elle se trompait. Cela ne suffisait pas.

L'obscurité n'était pas seulement son terrain de jeu, elle était son royaume.

Et quand on était suffisamment rapide pour arrêter une balle au vol, suffisamment forte pour envoyer voler une voiture, se faire surprendre par un "simple" batarang prenait des allures de camouflet.

L'Amazone le remarqua très vite : elle n'était pas prise au sérieux.

Son discours, ce projectile qui lui fit baisser son arme ... C'était presque de la condescendance.

Bien d'autres en auraient pris ombrage, mais si Yara était inexpérimentée, si elle était prompte à l'action, elle était en mesure de se contrôler.
Comme sa prédécesseure, comme Diana, elle serait guerrière, mais elle serait aussi diplomate.

Une diplomate incisive, plus directe et moins prompte aux compromis face à ce que sa sensibilité voyait comme des injustices... mais une diplomate qui révélerait sa valeur bien assez tôt, pour les Dieux comme pour les Hommes.

Et fidèle à cela ... Yara laissa Batman se révéler sans lever son arme, sans esquisser le moindre signe d'agression. En dépit de tous ses a priori. En dépit de tout ce qu'Anarky lui avait dit de la situation de Gotham. En dépit de tout ce que son bon sens voulait lui dicter.

" Je v-... Je te l'ai déjà dit. Tu sembles le voir toi-même. La peur étreint cette ville. Ça dure depuis trop longtemps. " La confrontation était impressionnante, et toute la préparation que Yara s'était faite ne l'empêcha pas de manquer de retourner à un vouvoiement, à de la déférence.

Devant l'icône. Devant celui qui, comme tant d'autres, avait été une idole de jeunesse.

Un symbole d'autojustice violente élevé en exemple. Une brute constamment sur le fil.

Un pion utile, dans le grand équilibre des choses. Un moyen pour ceux qui ne disposaient pas de capacités de se convaincre qu'ils pouvaient encore être totalement au contrôle de leur destinée ... En écrasant tout ceux qui n'étaient pas en accord avec leurs idées.

Une autre voie existait.

Une voie qui ne légitimait pas la violence du fort vers le faible.

" Le Joker est mort, et avec tes dossiers dans la nature ... Tout pointe vers toi ... Abandonne le Batman. Tu veux m'aider ? Rentre chez toi. Je sais pas ... Occupe-toi de ta femme, de tes enfants ... de ta famille ? " continua-t-elle, en essayant de faire appel à ce qu'elle voyait comme de la logique élémentaire.

Yara était encore candide. Le Batman était commandé par Wayne Enterprises. Pour elle, c'était tout juste un porte-flingue intelligent grassement financé.
Ce genre de personne devait bien avoir quelque chose à côté pour se motiver à sortir chaque soir risquer sa vie ?

S'il était simplement psychopathe, il aurait juste tenté de l'attaquer, non ?

" Gotham n'a pas besoin d'avoir un super-policier militarisé qui décide seul de qui a le droit d'errer en liberté ou non. Elle n'a pas besoin qu'une mascotte financée par le conglomérat local lui montre comment se tenir à carreau... Un ty-... Un homme seul ne peut pas sauver toute une ville. Pas comme ça. Pas en jetant des voitures blindés, des avions ou des ... shurikens en formes de chauve-souris sur les problèmes. "

A bien y réfléchir, elle aurait peut-être préféré qu'il l'attaque, car son discours, tout passionné qu'il était ... Il n'était pas préparé. Il n'était pas soupesé.

Sur ce terrain, la seule chose qu'elle avait de son côté, c'était son cœur.

Et on savait ce que les beaux discours sortis du cœur avaient comme effet, sur la réalité.

" Il y a des millions de gens dans les rues de Gotham, merd-... " elle se reprit, comme elle l'avait déjà fait plusieurs fois, " ... Écoute, cette ville a des problèmes de corruption. Elle a des problèmes d'infrastructures. Elle a des problèmes de chômage. Elle a des problèmes de logement. Elle a des problèmes de pauvreté ... Mais tout ça passe derrière la criminalité, et les problèmes de criminalité ... Ils tournent tous autour de toi, et ils monopolisent toute l'attention. Tant que tu seras là, tu seras Gotham, et Gotham restera le cirque de l'Amérique... "

Cela venait du fond du cœur, oui, mais cela était dispersé.

Cela était fragile.

Et cela ne put empêcher Yara de se passer d'elle-même une main sur le visage. Elle était déçue de sa propre prestation, et elle était bien incapable de le cacher.

" Bon ... " continua-t-elle, avec la même honnêteté désarmante, avec le même volontarisme, " Je sais pas ce que tu veux dire avec tes histoires d'autre Terre ou de Multivers ... J'en sais rien, je sais même pas si tu essayes de me jouer des tours ... Mais ... Écoute, tu ne m'as pas l'air d'être aussi fou-furieux que tout le monde le dit ... Je ne suis pas seulement une Amazone, je suis Wonder Woman. J'imagine que tu te doutes de ce que je peux faire, et je n'ai pas l'intention de me tourner les pouces alors que le Monde part en vrille ... Alors pas pitié, raccroche les gants, va dire à Bruce Wayne, ou je ne sais pas qui est ton patron que tu démissionnes. Ton époque est révolue ... "

Et, en cet instant, la guerrière bénie des Dieux pouvait en être certaine : toutes les divinités qui s'étaient penchées sur elle lèveraient des yeux consternés au ciel ... Etait-ce d'ailleurs son lointain aïeul du panthéon olympien qui, au loin, faisait résonner le tonnerre en protestation ? Ou bien le maître des cieux d'Amazonie ?

La fougue de sa jeunesse, avec tout ce que cela comportait d'innocence, d'ignorance et d'inexpérience...

Le discours de Batman était bien plus structuré, bien plus organisé. Il était très bon pour vendre ses idées, sa marque.

Elle écouta, attentive, n'hésitant pas à lever le doigt, à plusieurs reprises.


" Alors oui- ... "

Plusieurs points, en effet, soulevaient son attention.

" Mais- ... "

Sa voix, cependant, n'était pas assez volontaire. Son geste n'était pas assez assuré.

" C'est-à-dire que- ... "

Elle n'était pas Diana, assurément. Elle était plus jeune, et elle avait une tendance nettement plus prononcée à exprimer ses sentiments ... Quand on lui en laissait l'occasion.

Le regard du Batman est pénétrant. Son timbre ne souffre d'aucune contradiction. Ses gestes sont clairs, même si la construction est ambigüe.

Dans cette arène, Yara Flor n'a pas la moindre chance.

Oui, le Batman pouvait se révéler terriblement charismatique, et sa seule présence permettait de comprendre pourquoi il avait tant contribué à cette Ligue des Justiciers d'Amérique qui avait tant de mal à résoudre les problématiques du Monde. Il était également très facile de comprendre qu'il était celui qui donnait les instructions, pas celui qui les recevait. L'homme était sûr de lui, assurément. Yara ne le convaincrait pas.

" Bon. Je vois... " articula l'Amazone alors que le justicier de Gotham se retirait en son royaume, " Comment tu disais déjà ? On est en accord sur un point. Un seul ... "

Mais il serait sûr que Yara ne serait pas convaincue par un agent de l'élite bourgeoise.

" ... " La bouche de Yara attendait le trait d'esprit.


Non, assurément, elle n'était pas taillée pour ce genre de confrontations. Elle n'était pas Diana, c'était sûr. Toute la sagesse supposément conférée par Athéna ne pourrait vous permettre de vous improviser rhétoricienne.

Pas ainsi, du moins.

" ... Qu'on ne bougera pas, quoi. " abandonna-t-elle, finalement, en l'accompagnant d'un mouvement de bras, " ... Parce que le Batsplaining, ça va bien ! J'en ai sué pour obtenir mon titre, alors je vais pas laisser un quadra psychopathe en pyjama blindé me remettre en question ! C'est des affaires d'Amazone, et Diana ne parle certainement pas pour nous toutes. Elle aurait fait quelque chose pour nous, déjà ... Je veux bien être gentille, mais je suis pas débile non plus ! Ça fait dix ans que la ville est censée aller mieux ... et pour l'instant, les seules infrastructures sur lesquelles j'ai vu Bruce Wayne flamber de l'argent, c'est sur les bat-boutiques en duty-free de l'aéroport... J'espère au moins qu'il te refile un pourcentage sur le bat-spray anti-sueur ! "

Non, c'était plié. La passion avait pris le dessus. Ce qu'elle avait perçu comme du bat-paternalisme avait fait son effet : elle était descendue en gamme dans ses attaques. Il ne lui faudrait guère que du concret et plus des paroles pour la convaincre !

Même pour Anarky, encore sur la ligne, c'était pathétique.

Sur ce front là, elle avait perdu.

Alors elle faisait comme toutes les personnes à même de s'expliquer avec les poings, elle soupira, et elle sortit les armes.

" Bon, ça n'ira nulle part. Vous avez le plus gros melon que j'ai jamais vu, et moi j'ai promis à mes camarades de les aider ... " confia-t-elle, en dégainant ses boleadoras pour les faire tournoyer ... Et illuminer de leur aura dorée une partie plus importante des ombres de cette arène gothamite, " ... Alors autant se la mettre tout de suite. On règle ça vite fait, que je puisse aller montrer à Wayne ce que ça fait quand c'est son petit cul de privilégié à lui qui sert de punching ball à la justice de Gotham... "

Manifestement, le temps de la diplomatie était passé, mais l'Amazone avait certainement beaucoup trop de temps à son adversaire pour improviser une réponse.


Et ses capacités surhumaines, dépourvues de la maîtrise de sa sœur de Themyscira, pourraient ne pas suffire ...

Elle s'élance, elle bondit, elle projette ses boleadoras et ... rien.

Il n'est déjà plus là.

Et il continue à la narguer.

Elle est toujours en garde, son arme tournoie toujours.

Et il connaît son identité civile ... Mais ça, c'était à prévoir. Elle n'avait jamais vraiment porté grande attention à la cacher. Peut-être devrait-elle porter des lunettes ?

Toujours était-il qu'il était très, très pénible. Et très, très faux.

" Porra, tu te n'arrêtes jamais de parler, si ? " beugla-t-elle, avant de tenter de lui expédier à nouveau son lasso, " Évidemment que je cherche à me battre. C'est pour ça que je suis là ! Pas parce que j'ai quelque chose à prouver, mais parce que je suis la seule à pouvoir le faire ! Tout ceux qui ont en marre de ta vision étriquée de la justice n'ont pas les moyens de te faire taire. Moi, je peux. "

Elle l'avait manqué, encore ... Mais fit revenir son arme, et continua à la faire tournoyer, de sorte qu'elle soit tout autant une protection qu'une arme.

" Juste parce que je suis jeune, tu réduis ça à une question d'ego ? Tu crois que je fais ça pour gagner de la notoriété et me faire de l'argent ? Tu devrais t'écouter ... Tu es complètement déconnecté de la réalité ! Il y a des gens à Gotham, aux Etats-Unis, et dans le monde entier, qui ne supportent plus de voir les gens comme toi se soustraire à la loi. Tourner en vase clos, à se contenter de frapper des super-vilains au mépris des conséquences, sans jamais de justice pour ceux qui ne peuvent pas se défendre contre la société que vous faites subsister ! "

Ses attaques continuaient, et elles restaient mesurées, par égard pour la survie de son adversaire comme pour les dommages collatéraux ... Mais tôt ou tard, si Batman continuait, si il persistait, si elle ne voyait aucune issue ... Elle pourrait se risquer à commettre l'irréparable.

" Tu connais mon nom, alors tu dois savoir d'où je viens. Depuis que j'ai enfilé ce costume, j'affronte des types comme toi. Les gens qui se protègent derrière leurs soi-disant valeurs morales et l'argent qu'ils jettent aux démunis, tout en les écrasant sous leur botte, en leur rationnant l'eau et l'électricité parce qu'ils n'ont pas les moyen de s'installer là où on pourra leur ponctionner un loyer ! Je les voit débarquer dans la jungle pour la raser au mépris de toute logique, en promettant monts et merveilles alors que la planète se meurt pour leurs profits ! Mais les pauvres gens, là-bas, ils ont au moins l'espoir pour eux, alors qu'ici, à Gotham, à cause de toi, même l'espoir est mort !
Oui, tout se concentre sur toi.
Batman ! Batman ! Batman !
La vérité, c'est que tu ne peux pas supporter l'idée qu'il y ait une alternative ! Tu ne lui appartiens pas, à cette ville, tu la vampirises, tu la phagocytes ! "

Yara, petit à petit, montait dans les tours.

Anarky, lui, se rassurait, car en dépit des contretemps, son plan semblait prendre forme ... Et Yara, malgré ce terrible incident de Batmobile, semblait jouer son rôle ...


Pendant ce temps-là, dans un penthouse du centre-ville :

La porte de l'ascenseur s'ouvrit sur une scène des plus inquiétantes. Parmi les quantités de douilles, les flaques de sang, les impacts innombrables déchirant tableaux et tapisseries aux murs, on pouvait dénombrer plus d'une dizaine de cadavres en costumes, avec des armes automatiques. Sécurité privée, tous. Le rempart derrière lequel nombre des familles les plus riches et les plus influentes de Gotham se réfugiaient pour se prémunir des risques que posaient la super-criminalité à la ville.

Des officiers du SWAT en tenue d'intervention, l'arme à la main, étaient encore à quadriller le secteur, au cas où la menace soit encore présente ... Non sans avoir l'impression tenace qu'ils se débrouilleraient mieux que la poignée d'anciens militaires qui gisaient au sol ...

Mais la situation était critique, car ce penthouse, c'était le penthouse du Maire de Gotham.

" Alors, qu'est-ce qu'on a, Pettit ? " demanda l'enquêteur.


" La question, c'est plutôt c'qu'on a pas, Driver ! " répondit narquoisement le chef d'équipe du SWAT, son fusil en bandoulière.


" 18 morts, tous d'privés et une call-girl. D'cartouches militaires dans tous les sens, 'videmment ... et 'videmment, le Maire a disparu ... "

Le détective Marcus Driver se tourna vers sa partenaire, qui avait déjà pris l'initiative d'inspecter l'un des cadavres de garde et son matériel.

" Évidemment ... " soupira-t-il, " ... On a des nouvelles de Batman, Mac ? "


" Pourquoi c'est à moi qu'on demande ? " s'offusqua la détective de couleur, " J'ai pas sa ligne perso !.. Aux dernières nouvelles, il a dit à Gordon de se préparer à un gros coup. Un genre de mercenaire haut-de-gamme avec une serviette sur la tête, je crois. "

Pettit renifla bruyamment, avant de cracher par terre.

" Foutus terroristes ... " lâcha-t-il.

Marcus Driver en prit ombrage, et l'exprima de manière assez vocale.

" Putain de merde, Bill ! Tu pourrais éviter de saloper ma scène de crime ? "

" Hé, calme-toi, jeunot. " rétorqua le vétéran en bombant le torse, " T'façon, la Chauve-Souris va débarquer d'ici cinq minutes et utiliser t'son bordel pour te sortir la solution d'son cul ... "

Car, après tout, le Batman ne pouvait pas avoir possiblement mieux à faire, alors que la situation semblait aussi fâcheuse ?

Il devient vite évident que Yara ne parviendra pas à convaincre Batman. Il est têtu, borné ... Bien plus qu'elle ne l'est elle-même, d'ailleurs : elle n'a pas encore les années de lutte qui sont les siennes, elle n'a pas l'expérience de ces innombrables joutes oratoires face à des adversaires à la logique inique.

Elle ne pourra pas le neutraliser, non plus.

Ou plutôt, ce serait envisageable ... Mais à quel prix ?

Est-ce qu'elle vaudrait mieux que lui, si elle devait en venir à une brutalité et à une sauvagerie crasse ? Est-ce que Gotham serait mieux lotie, en échangeant un barbare surarmé contre une fille dont la seule légitimité viendrait du fait qu'elle frapperait plus fort et ferait plus de dégâts que lui ?

Elle hésita, oui. Sur elle-même plus que sur le discours que lui livrait le Chevalier Noir, d'ailleurs. Elle hésita suffisamment pour que son fléau soit intercepté, dans un choc terrible. Un choc qui montrait son expérience. Un choc qui montrait qu'il savait à quoi il avait affaire.

Yara, elle, ne parlait plus. Les mots perdaient leur sens. Ils perdaient leur intérêt, comme, elle viendrait à l'apprendre, ils le faisaient avec bien des héros. Ce n'était pas un débat ... Ce ne l'avait jamais été, d'ailleurs, elle s'était trompée là-dessus. Ce n'était même pas un échange. Il ne changerait pas d'opinion, mais il ne parviendrait pas à convaincre Yara.

Il pouvait peut-être "faire la différence", mais il y avait des différences que l'on se garderait bien de subir.

Quand il sortit des ombres, quand il lui sortit ses idées d'ouverture ... de nouvelles voies ... elle avait déjà cessé de se battre.

Il avait prouvé que cela ne servait à rien. Ce serait contre-productif. Pour elle, pour lui ... pour le quartier et pour la ville...

... Mais cela ne suffirait pas à la convaincre.

En le voyant ressurgir des ombres, avec cette conviction crasse, cette suffisance, elle se réfugia d'instinct dans ce laconisme martial hérité de ses aïeules de Themyscira.

Il disait s'ouvrir. Il disait chercher de nouvelles voies, oui.

" Vraiment ? " rétorqua l'Amazone, avec toute l'ironie que pouvait délivrer un sourcil levé couronnant un regard empreint de lassitude.

Ils disaient tous cela.

Et la réponse plus directe, moins sarcastique, elle la lui donna quand elle tira pour récupérer le bolas qu'il avait piégé. Un geste simple qui ne souffrit pas de résistance ; un geste qui n'en aurait pas souffert, même s'il avait tenté de le retenir. Un geste anodin pour elle, une force insurmontable pour lui. Une façon pour Yara de lui montrer, à sa manière, qu'il existerait toujours des choses contre lesquels il ne pourrait rien.
Une démonstration puérile, sûrement ... mais une façon de lui faire ressentir ce qu'elle-même pouvait ressentir à son égard.

Le voir offrir à la nouvelle Wonder Woman une occasion de le suivre dans son labeur sisyphéen, alors, apparaissait comme une chimère.

Qu'elle accepte son offre ou qu'elle le refuse, il n'y aurait aucune différence.

Aucune, sinon celle qu'elle pourrait apporter.

" Soit. " répondit simplement l'Amazone.

Et elle porta sa main à ses lèvres et siffla.


Et, dans un battement d'ailes, un énorme cheval ailé vint se poser dans la ruelle, sa blancheur immaculée contrastant encore un peu plus avec la sombre métropole gothique du Chevalier Noir. Un nouveau morceau de mythe et de divinité jurant avec cette cité depuis longtemps athée.

Elle calma Jerry l'espace d'un instant en lui flattant l'encolure, lui qui n'en menait pas large face au Batman, puis elle prit place sur son dos.

" Tu sais où on va ? " demanda Yara au gardien de Gotham, en lui tendant le bras pour l'aider à monter, par pure politesse.

A ce point, elle n'aurait pas été surprise de le voir dégainer l'un de ses innombrables bat-gadgets... Mais on ne la prendrait pas à saboter une collaboration par mauvaise volonté.

Batman refusa la main tendue, au profit de son propre destrier mécanique.

C'était attendu, au contraire de sa boutade, qui ne manqua pas d'irriter une Amazone qui avait ramené sa main à elle.

" Parabéns. " ironisa-t-elle en lui jetant le regard chargé que seuls les jeunes générations pouvaient faire au premier degré, " J'imagine qu'il y a aussi un bat-recycleur pour transformer le cadmium et l'antimoine qui suinte des panneaux solaires en pet de licorne ? "

Oh, son véhicule était probablement plus éco-responsable qu'un modèle au charbon, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il était au-delà de tout reproche, et surtout pas quand il était à l'initiative de la remarque.

Il démarra en trombe ; elle s'élança dans les cieux.


" Pettit, nom de Dieu, qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? "

Le détective Marcus Driver était fumant, mais il était pieds et poings liés par la situation.

Les renforts arrivaient, mais bloqué avec Mac avec l'étage, il serait compliqué pour les deux policiers de tempérer les ardeurs des commandos urbains. Montoya arrivait sur les lieux, elle aussi, mais Driver doutait que cela ne suffise.

Pettit, lui, venait de défoncer avec une grenade tirée de son fusil. Une invitation à l'action qui fut immédiatement suivie par ses hommes qui rentrèrent dans l'appartement pour en faire sortir les occupants et les aligner, menottés et avec un sac sur la tête, le long d'un mur.

" Faut êt' plus précis, Driver ! " ricana le sergent du SWAT, " Ça, c'la procédure standard pour quand qu'on a des tarés retranchés qu'répondent pas à l'porte. Mais le matériel ? C'est l'programme 1033 : l'armée qui nous refile ses stocks pour qu'on puisse parler d'manière sérieuse à l'racaille. "

" Ce sont des civils, putain ! "

" Yup. " acquiesça Pettit, en rechargeant une grenade pour passer à l'appartement suivant, " Et on a un immeuble bouclé avec des psychopathes planqués d'dans. Alors on fait du porte-à-porte ... T'noteras qu'on est d'pros. On sait qui qu'habite ici ! Dans l'East End, la procédure c'est d'sulfater dès qu'on entre dans une pièce ! "

Marcus Driver vint se masser l'arcade du nez, avec une seule question à l'esprit :

" Bon Dieu, qu'est-ce que fout Batman quand on a besoin de lui ?.. "


La nouvelle Wonder Woman, aux côtés de Batman, observe la scène et écoute son commentaire.

Il expose la situation et termine son exposé en forme de question.

Il y a longtemps qu'elle a coupé le contact avec Anarky, mais elle n'a pas besoin de son analyse pour savoir ce que la Chauve-Souris cherche.

Elle la teste.

Alors elle répond.

" J'ai les mêmes à São Paulo. Des gros bras sans cervelle... Mais la force de frappe ?.. Vous voulez dire que la police de Gotham pourrait affronter directement le SWAT ?.. "

Yara ne put cacher un brin de surprise, qu'elle tourna dans une pique en réponse au Batman. Il le méritait bien, à son avis.

" Pour autant que j'apprécie quand un immeuble rempli de bourgeois se retrouvent confrontés à la réalité, ça rentre aussi dans le grand plan pour Gotham, ça ? "

Elle pencha la tête, jaugeant l'opposition depuis leur recoin. Elle ressemblait beaucoup trop à ce qu'elle combattait en gardant les favelas, là où la Justice et ceux qui l'appliquaient était toute relative.

" Je sais pas comment tu abordes ce genre de situations, mais je sais que c'est le genre de personnes qui ne respectent que les gros flingues. C'est comme ça que ça fonctionne souvent, dans la rue. C'est souvent le bon choix, d'être du côté de celui qui a les plus gros flingues. "

Elle dégaina son épée, avisant la marche à suivre en détaillant les mouvements peu assurés qui étaient ceux des opérateurs du SWAT, sous leurs cagoules, leurs gilets pare-balles et tout leur matériel avancé.

" Elle m'a toujours énervé, cette logique... Et je me suis pris de sacrées douilles, en l'ouvrant trop contre ce genre de personnes. " continua l'Amazone, observant toujours la zone, " Et puis un jour, j'étais dans une manif', j'ai vu ces empaffés taper des amis, et ça m'a frappé : Très souvent, le plus gros flingue, c'est moi. "

Elle se retira de son analyse pour se retourner vers le Batman, et délivrer sa conclusion :

" Tout ça pour dire que je trouverais sûrement pas tes tueurs, mais je peux solutionner ton problème de SWAT rapidement en protégeant les civils ... Et si je détruis leurs armes, ça réglera définitivement le problème de la "force de frappe" ... "

" Aider les gentils idéalistes. Calmer les méchants Rambos. Check. " susurra Yara, pour ne pas laisser échapper leur position, " J'espère que ça va payer, tu me donnes presque espoir en la police. "

Elle lui passa devant après qu'il ait signé ses instructions, avisa un regard à l'opposition, et retourna la tête pour lui répondre.

Mais il s'était déjà volatilisé.

Elle ne put s'empêcher de pester dans un soupir :

" E sério ? "


Plus haut dans l'immeuble, Marcus Driver est affalé contre le rebord de la terrasse du penthouse du Maire. Il a l'arcade en sang : pendant les quelques minutes dont Batman a eu besoin pour rejoindre la scène de crime, le détective eût la riche idée de tenter de s'interposer. Il reçut un coup de crosse pour sa peine.

A posteriori, il ne s'en sortait pas si mal. Il y avait bien des choses qui auraient pu se passer de manière plus affreuse. Pour ce que cela valait, Pettit avait l'air de l'avoir à la bonne...

Mais comme le reste du SWAT, Pettit était hors de contrôle.

" C'est détective, maintenant ... " souffla Driver, après un léger sursaut et un mouvement vers son arme de service. Le Chevalier Noir avait tendance à faire ce genre d'effet, " ... J'ai été promu, pour ce que ça vaut. "

Instinctivement, sa main revint couvrir son œil douloureux. Il se souciait comme d'une guigne que Batman ait été interdit d'exercer : le Chevalier Noir et son sérail en armure avait l'avantage d'être les seules individus en costume qui aidaient activement le GCPD sans qu'il ne soit question de virgules à déplacer dans le budget ou de faveurs à échanger...

" Je vais pas mentir, Batman, on aurait bien besoin d'aide, ouais. On a une boucherie à l'intérieur et le maire s'est fait kidnappé. J'étais venu avec Mac en se disant qu'on pourrait trouver quelque chose, mais elle n'a rien pu en sortir d'exploitable : Le SWAT a débarqué en premier pour "sécuriser" l'endroit, et depuis que l'un de leurs mecs est tombé sur un "suspect en fuite" dans l'escalier, ils ont mis l'immeuble sous cloche. Ils sont hors de contrôle ... Vu où on est, j'en serais presque à me dire qu'ils utilisent ça comme une excuse pour coller un coup de pression à tous les notables qui soutiennent Gordon et les coupes budgétaires du SWAT ... Josie disait que vous étiez sur la piste d'un terroriste avec ... une serviette sur le visage ? Il pourrait être lié à tout ce boxon ? "

C'était réducteur, mais il fallait dire qu'en l'absence de possibilités de faire son travail, la Major Crime Unit piétinait, toute habituée qu'elle était aux affaires hautes en couleur ...

Plus loin, dans le couloir, on pouvait entendre que ça s'activait, et que les commandos du SWAT défilaient dans un concert de bottes. Quelque chose à voir avec un "Code 30" plus bas dans l'immeuble, "Officier nécessitant du soutien en urgence".



Batman souhaitait de la discrétion.

C'était louable. Batman était formé à la discrétion, Batman était équipé pour la discrétion.

Yara, elle, ne faisait pas dans la discrétion.

Yara, elle, avait toujours eu pour habitude de faire ce que Batman se réclamait de faire vis-à-vis des Super-Vilains de Gotham.


" C'est facile quand on a un pauvre gars sans défenses en face, hein ? " questionna gravement l'Amazone, qui se tenait maintenant derrière un membre du SWAT occupé à mener ses exactions. Un de plus.

Il se retourna pour confronter la menace, entendit un grincement métallique, et baissa le regard pour voir une pogne qui venait de broyer le canon de son fusil.

" Je peux comprendre. Pour moi aussi, c'est vraiment trop facile. " continua-t-elle, avant de l'expédier d'une pichenette dans le ventre sur ses collègues, à l'autre bout du couloir.


Les coups de feu commencèrent vite à résonner, mais Yara en avait déjà bien trop l'habitude. Usant de ses capacités surhumaines, elle s'interposait entre les projectiles perdus et les civils pour les bloquer de ses bracelets, avant de les abriter derrière les portes enfoncées.

Usant de ses Boleadoras, elle faisait chuter ou venait percuter avec violence les casques des fous-furieux ivres de pouvoir. De son épée, elle passait au-dessus de chacun d'entre eux, sectionnant en deux leurs armes, quand elles ne les ruinaient pas en les écrasant lourdement de ses bottes.

Ce qui parvenait à l'approcher et tentaient de la frapper, par hasard ou par miracle, avec la crosse de leurs armes ou avec leurs matraques, découvraient avec effroi que leur cible d'apparence nubile était bien plus résistante que leur matériel. Ils reprenaient conscience de la réalité fragile qui constituait leur monde ; que la Gotham du vice n'était finalement qu'une goutte dans un univers bien plus grand où l'autorité conférée par leurs armes et leur violence n'était que peu de chose.

Car Yara, à la manière du Batman, peignait elle aussi une cible sur sa personne. Elle lui avait qu'elle règlerait de manière définitive le problème du SWAT devenu fou dans le bâtiment, et elle s'exécuterait. Chaque balle et chaque coup porté sur elle était une balle ou un coup qui ne semblerait pas un innocent, et elle se savait suffisamment rapide, suffisamment forte et suffisamment résistante pour prévenir les incidents. Ce qui représentait une épreuve titanesque pour un humain était pour elle une nécessité.

Yara n'était pas discrète et Yara avait conscience d'être faillible ... Mais certainement pas physiquement, et certainement pas face à la fébrile menace de vermines de cette trempe : en tant qu'Américaine idéaliste, tout ce que ces individus représentaient la révoltait et la révulsait.

Et, prise dans son combat, la nouvelle Wonder Woman tomba finalement nez-à-nez avec une porteuse de badge dont le manque d'équipement lourd laissait à présager qu'elle faisait partie de ces "gentils" que Batman avait pris soin de lui décrire avec moult détails.

Alors elle arrêta sa lame et vint la replacer dans son dos d'un moulinet sobre mais efficace.

" Batman m'a dit que vous aviez des problèmes pour calmer les excités de la gâchette. " fit l'Amazone en tendant la main, " Alors je suis venue pour donner un coup de main, en venant leur discuter dans un langage qu'ils comprennent... "

Driver lâche un petit rire. Un petit rire qui tourne court. Il a mal, c'est assez difficile à cacher.

" C'est Nightwing, ou le petit Robin teigneux avec une épée, en bas ? " s'enquit-il, avant de se reprendre, " Désolé, c'est pas pro ... On fait juste des paris au bureau avec ... "

Il souffle un bon coup, secoue la tête et se relève pour se diriger vers la porte-fenêtre qui mène à la scène de crime.

" C'est pas mes oignons. " concède-t-il finalement, avant d'écarter les rideaux et d'inviter le Batman à pénétrer à l'intérieur, " Tenez, faites-vous plaisir. On a essayé de la maintenir aussi propre que possible mais ... vous connaissez le SWAT. "


A l'intérieur, un carnage aux proportions dantesques aux preuves abondantes. Trop abondantes, presque : les traces d'ADN sont partout, dans le sang, mais pas seulement. Les armes et les munitions traînent tant sur les cadavres que sur le sol. Les dégâts sont colossaux, de toutes natures, sur toutes les surfaces. Partout, des traces. Partout, des indices potentiellement importants.

Batman, en se présentant, avait indéniablement fait le meilleur choix : c'était bel et bien un travail pour le meilleur détective du Monde, tant il paraissait que la Police ne saurait démêler le vrai du faux...

Pas avant que les conséquences de ce massacre ne deviennent dramatiques !

" Mac. " prononce distinctement le détective dans sa radio, " Notre ... technicien scientifique vient d'arriver, si tu vois ce que je veux dire. La scène de crime est limitée à la MCU uniquement. Tu peux me foutre des scellés sur la porte pour éviter que les bœufs ne viennent cavaler sur nos preuves ? Redirige tous les chieurs vers Bullock ou le Commish', ils sont plus près de la broyeuse, ce sera plus pratique pour réceptionner les plaintes. Merci. "

Une bonne chose de faite. Le Batman devrait être tranquille pour un moment, protégé par la lourdeur bureaucratique que les dirigeants corrompus avaient si longtemps utilisé à leur avantage.

" Oh, Batman, une dernière chose ! " fit Marcus Driver, penché dans l’entrebâillement, un index tendu pour demander une faveur, " Vous pourrez regarder s'il y a de la glace ou un bout de viande congelé dans le frigo quand vous aurez fini ? Je l'aurais bien fait tout seul, mais j'ai pas envie de flinguer vos recherches ... La vache, cette arcade me fait un mal de chien ... "



" Hey, mollo sur le slut-shaming, hermana. J'ai dit que j'étais là pour aider, pas pour corrompre la sexualité de ta fille. "

Point positif, c'était une policière Latino. Yara la créditait instinctivement d'un bonus en légitimité.

Point négatif, elle avait directement tiqué sur "la chair apparente". Pour Yara, c'était signe que ce devait être le genre de Latina à aller à l'église tous les dimanches, à gober les hosties comme des gâteaux apéro, à claquer la bise au prêtre et à aller en confession trois fois par semaine.

Évidemment, Yara Flor ne connaissait pas encore Renée Montoya. Pas plus que Renée Montoya ne connaissait encore Yara Flor. Si c'eût été le cas, la rencontre aurait été beaucoup moins tendue.

D'ici une dizaine d'années, elles se remémoreront la scène autour d'une bouteille d'alcool fort, en essuyant des larmes de rire et en faisant des imitations navrantes l'une de l'autre.

Pour l'instant, elles devraient encore apprendre à se connaître ... et à coopérer.

Yara plus que Renée, d'ailleurs. Montoya était une dure à cuire, une policière chevronnée.

Yara était, à ce stade de son existence, une grosse brutasse anarchiste à la langue bien pendue, avec un léger complexe de supériorité.

Et la policière baisse son arme en haussant les épaules. Yara était de ce genre de personnes capables de vous surprendre, sous la menace d'une arme ... Comme en l'ignorant complètement pour vous toiser avec un air las.

Mais Montoya l'identifia directement comme Wonder Woman. Bingo, le sourire était revenu. Le presqu'espoir en la police aussi.

" Yara Flor. Wonder Woman, divisão Brazil.
Prazer em conhecer. "

Oui, c'était la Yara Flor optimiste qui parlait, celle qui regardait dans les yeux avec un sourire tapageur. Celle qui appuyait un peu trop sur la carte latine pour justifier sa pertinence.
Celle qui faisait baisser le regard des officières de police.

De ça aussi, elles en viendraient à rigoler.

" Ah oui, oui ! " opina-t-elle d'ailleurs, en se tournant vers les corps inconscient en tenues d'intervention qui jonchaient les couloirs, au milieu de leurs armes détruites, " Y'a des nez cassés par-ci, par-là, mais ils devraient s'en sortir avec juste de solides commotions. Vous savez, toutes les Amazones ne sont pas des psychopathes !.. "

C'était une question creuse, et Yara avait encore fait preuve d'amateurisme.

Alors quand elle se fit emmener à une intersection d'où elle pouvait voir un gros moustachu beugler des ordres à ses sbires, qui surveillaient une zone étonnamment chargée en "suspects" innocents, elle comprit la logique de Montoya.

" Je peux ... essayer. "

Qu'est-ce que pouvait bien entendre une déesse sud-américaine par "discrétion" ?..

Eh bien, elle dégaina son épée, dévissa avec attention une bouche d'aération vétuste du plafond, prenant quelques minutes, avant de rattraper la grille pour la poser en douceur, et d'utiliser la grâce et l'agilité innée de son héritage d'Amazone pour bondir tel une gymnaste dans le trou.

Il lui faudrait une dizaine de minutes supplémentaires pour ramper, furtivement, à travers les conduits, sur ce qui la séparait de l'endroit où le braillard moustachu ne cessait de parler. Il s'avérait que ce genre de stratégie n'était pas véritablement adapté au physique prodigieux de Yara, qui dût en plus prendre une infinie précaution à ne pas élargir les conduits.

Pour finalement arriver au-dessus de sa cible, "discrètement" ... Et ne pas voir d'issues.

Montoya aussi probablement pu souligner l'absurdité de son plan, mais la nouvelle Wonder Woman avait vraiment voulu bien faire, pour une fois... Mais allez enseigner la discrétion en zone urbaine à une civilisation de guerrières millénaires aux facultés surhumaines ! Évidemment que Yara allait banquer sur ses connaissances en films d'actions décérébrés !

" Merda. " purent finalement se surprendre à entendre les combattants corrompus, au-dessus de leur tête.

Avant qu'un bras en armure n'émerge du plafond dans un froissement métallique et une pluie de plâtre, puis un corps tout entier, qui vint se saisir de leur véhément leader, pour le soulever d'une seule main serrée autour de son cou.

Une poigne qui ne lui permettait plus d'émettre de sons.

Toutes les armes étaient braquées sur elle, maintenant.

Tout bien considéré, c'était plutôt bon signe.

" Bien. " fit l'Amazone d'une voix forte, en regardant tous ceux qui la menaçaient de leur armes, l'un après l'autre, " Alors comme vous pouvez le voir, j'ai votre chef. Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas exactement le genre de personnes que vous avez l'habitude d'affronter ... Alors, ça vous laisse deux solutions ...

Petit 1 : Vous faites demi-tour et vous rentrez chez vous, sans faire d'histoires, comme votre chef vous le dirait si jamais il était en mesure de parler ... Et s'il avait un peu de jugeote.

Petit 2 : Vous vous dites que vous êtes suffisamment payés pour essayer de me tuer. "

Elle laissa le doute planer quelques instants, rythmé par les couinements étouffés et le balancier des jambes de ce chef vindicatif qui essayait par la même de se libérer en tapant de ses poings rageurs sur le bras inamovible de Yara, qui se contenta de lui lâcher le regard blasé de ces personnes consternées par la bêtise humaine.

" FYI, c'est pas le Petit 2. " reprit-elle, un brin dépitée par l'attentisme, " Sérieusement les gars, quand une Amazone avec une grosse épée magique vous laisse la chance de vous barrer ... Vous vous barrez ! "

Discrétion ... Discrétion ...

« Mmh. »

Un léger souffle s’échappe des lèvres de Batman, alors qu’il pénètre au cœur de la scène de crime.
Sombre.
A l’atmosphère lourde, âpre ; désagréable.
Etouffante.

Son visage se ferme, tandis qu’il s’enfonce au cœur de la zone.

Encore, pense-t-il.
Encore des meurtres. Encore un mystère. Encore des monstres. Encore des ombres.

Encore l’obscurité – toujours les ténèbres. Celles de la ville. Les siennes.
Toutes.

« Quinze minutes. »

Il s’accroupit devant les premières marques de sang, et plissent les yeux devant les premiers éléments – les premiers échantillons.
Les premières pistes.
Ses premières pistes.


« Je veux quinze minutes – seul.
Et vous aurez ce que vous voulez… ce dont vous avez besoin, pour résoudre cette affaire. Et ainsi l’emporter sur ces… excités du SWAT. »

Une déclaration arrogante, suffisante ; mais justifiée par son expérience, et son talent.
Il est Batman, après tout.

« Oh, et au fait. »

Sans regarder en arrière, Bruce récupère un élément dans sa ceinture – et l’envoie vers son interlocuteur.
Une crème apaisante, sans marque. Révolutionnaire dans l’effet.

« Une application. Effet sous quatre-vingt secondes.
Gardez-le.
Pour la… collaboration. »

Il souffle, et se met au travail – plonge directement dans la scène de crime. Les indices.
Les morts.

Gotham.


(HJ/ Je te laisse révéler les découvertes, si ça te va ! /HJ)


Plus bas.
Les agents du SWAT sont nerveux – enfin, ceux qui sont encore debout.
Ils ne sont pas nombreux.
Mais ceux qui le sont… sont très nerveux, aussi.

Ils visent. Ils la visent.
Elle.
Celle qui a osé s’en prendre à eux. Celle qui a osé les agresser. Celle qui ose s’en prendre au chef.

Elle.
La sal… elle. Certains essayent de ne rien dire, de ne pas jurer. Ils essayent.
Ça ne fonctionne pas vraiment.

« Mmh. »

Un léger souffle accompagne un petit sourire, sur le visage de Renée Montoya, un peu plus loin.
Elle range son arme, en fixant la scène.

Elle sourit, oui – parce qu’elle sait.
Elle sait ce qu’il va se passer.

Ces types sont dangereux… parce que ce sont des bourrins. Des tarés. Des cowboys.
Ils valorisent la force.
Ils ne pensent qu’à ça… ils ne veulent que ça.
Et la force – la force dépasse même leur misogynie, leur haine de la femme.

Elle sourit, parce qu’elle sait très bien que Yara Flor, cette gamine sexy à la langue bien pendue, à l’accent traînant et à l’arrogance suffisante pour se faire appeler Wonder Woman… oui, cette gamine-là a gagné.
Déjà.

« Assez, les gars. »

Une autre voix résonne, alors qu’une forme émerge lentement du groupe de survivants.

« On… a compris. On a compris, ouais.
Justice League, hein ?
On… ne va pas s’opposer à vous. On a mandat pour arrêter Batman, mais… Justice League ? Nan. On n’y va pas.
Ça ne va pas le faire. »

Il lève ses mains, et ses camarades baissent leurs armes.

« On… on n’a pas le droit de partir, mais… mais on pourrait… »

« Oh, je suis sûre qu’on peut trouver beaucoup de bonnes choses à faire faire à ces beaux hommes, si musclés et forts.
Non ? »

Renée Montoya apparaît soudain, toute souriante ; et proche de Yara, aussi.

« Après tout, vous êtes au service du public, non ? Et le public ici a bien souffert ce soir… ce serait peut-être l’occasion de les aider, non ? Mmh ? »

Elle retient un ricanement de plaisir et de victoire, puis adresse un clin d’œil à Yara.
Merci, dit-elle ainsi, et… pas mal.
Pas mal, comme début.

La Wonder Woman brésilienne avait déjà lâché le bonhomme, qui l'avait abreuvé d'injures et tenté de se montrer intimidant. Mais il tentait la revanche contre une femme d'une tête et demi de plus que lui sur qui sa carrure ne marchait pas, au contraire de sa moustache qui annihilait toute velléité de crédibilité. Alors elle avait fait le coup de pression à l'envers, utilisant sa carrure pour le bloquer contre le mur et lui demander s'il avait un problème.

Il avait marmonné des injures xénophobes, racistes, misogynes et homophobes, mais il avait tracé sa route sur les instructions de Montoya. Comme tout le monde, au demeurant.

" Wow. " ne put s'empêcher de remarquer l'Amazone, croisant les bras en venant se poser à côté de l'officière de police locale, " Juste wow ... Legal ! Je pensais pas que ça marcherait !.. "


Elle ne se référait par seulement à cela, elle se référait à toute la scène, et aux conseils de la policière. Yara n'aurait certainement jamais pensé qu'elle pourrait retourner l'intégralité d'un bataillon de brutes épaisses en tapant juste le plus gros... Pas à Gotham, du moins. Gotham avait cette image de forteresse imprenable, où même le citoyen le plus basique avait un mental plus solide que bien des super-héros ... Après tout, il le fallait bien, pour vivre dans une ville où les attaques au gaz hilarant et les accidents routiers avec des voitures blindées étaient assez courants pour apparaître sur les polices d'assurance, non ?

" Je suis même pas dans la Justice League ! " confia-t-elle à voix basse en se penchant à côté de Montoya, comme si elle venait de faire une bêtise.

Pour une guerrière aux attributs surhumains qui venait de participer au désamorçage d'une situation dramatique, Yara détonait lourdement par son insouciance et sa bonhomie solaire, et indéniablement communicative. Elle ne tenait plus en place, oscillant d'avant en arrière sur ses talons, comme un gigantesque lapin Duracell carburant à la justice urbaine !

" N'empêche que je commence à comprendre tous ces trucs sur les "héros du quotidien" ... " philosopha-t-elle gauchement, " T'as un mérite de dingue, hermana... Entre devoir se coltiner esses idiotas et les leçons de morale de Batman ... Moi, à devoir me taper ça ... "

Pour illustrer son propos, elle vint porter sa main à sa tempe en forme de pistolet, et faire semblant de se faire sauter le cerveau, avec une grimace adaptée.

Un geste assez maladroit, tout bien considéré, vu la brutalité du contexte auquel les forces de l'ordre de Gotham étaient confrontées ... Mais toute Wonder Woman qu'elle était, Yara Flor était encore à la peine pour engager avec ses contemporains un dialogue raisonné : c'était encore une jeune femme qui n'avait pas encore songé à remettre en question ses propres codes ...


Marcus Driver réceptionna le réceptacle que lui avait lancé le Batman et passa quelque secondes à l'observer. Ça, ça allait faire jaser au bureau.

" Merci bien ! Fallait pas vous donner autant de mal ... " remercia le détective, avant de secouer le flacon et de s'en pulvériser sur l'arcade, " ... vous aurez vos quinze minutes. "

Il se dirigea vers la porte, en empoignant sa radio.

" Bon les gars, la scène de crime est fermée pour les quinze prochaines minutes ... " lança-t-il avec autorité sur le réseau, " ... Des trucs de scientifiques avec de la chimie et des radiations, j'imagine ... J'en sais rien, mais personne ne rentre. Pas envie d'avoir à remplir des formulaires d'accident de travail parce que vous avez chopé un cancer en voulant être curieux ! "

Et ainsi donc, il laisse le Batman à son ouvrage.

Et celui-ci s'élance, reconstruisant mentalement la scène, avec l'aide de son outillage électronique et de ses talents d'investigation.

Le massacre est évident, et il paraît absurde, insensé ... Mais il suit une méthode et un cheminement. Une méthode particulière, acrobatique, démontrant une maîtrise certaine du combat à mains nues et des arts martiaux.

Les armes utilisées sont toutes présentes sur place : les douilles éparpillées partout montrent que les gardes présents sur place ne lésinaient pas sur les moyens, avec des munitions exotiques très chères, capables de perforer la plupart des protections individuelles.

La garde privée, un équipement hors-de-prix : le maire savait qu'il allait être pris pour cible.

Mais par qui, et pourquoi ?

Le Grifter, déjà présent à Gotham, semble une piste tentante ... Mais ça ne tient pas : l'assaillant était trop agile pour le style de l'ancien militaire, et l'assaillant n'a pas suivi le protocole militaire qui n'a jamais vraiment quitté l'ancien commando. Trop de sauvagerie, trop de brutalité ... et le Grifter n'aurait probablement pas massacré une escort-girl innocente, pas en s'acharnant sur elle à l'arme blanche.

Et les rares traces de pas laissées au sol par ce qui ne pouvait être que l'assaillant sont légères et plus petites que celles des gardes. L'assaillant était très probablement une femme.

D'autres noms de tueurs à gages à même de mener une telle opération fleurissent dans l'esprit du Chevalier Noir : Cheshire ? Non, ça ne colle pas, aucune trace de ses poisons caractéristiques. Shiva ? Pas assez précis. Deathstroke pourrait être adepte de ce genre de méthodes, mais sa fille n'opère pas ainsi.

David Cain, également, semble être une piste : l'efficacité, l'absence de témoins et la destruction méthodique des preuves de son passage ... Mais il aurait surgi sur le radar de Batman, s'il avait préparé quelque chose. Il était trop méthodique pour échapper à la vigilance du Croisé à la Cape, il aurait commis une erreur.

Et surtout, il n'aurait jamais été pris à utiliser, même en solution de repli, les munitions soviétiques de surplus dont quelques douilles traînent à côté de la porte : la seule arme qui n'est plus sur la scène du crime est celle de l'assaillante, qui utilisait les mêmes armes que les gangsters à la petite semaine que le Pingouin inonde de ses vieux stocks.

Et c'est sous un meuble, à côté de l'une de ces vieilles douilles russes, que Batman trouve la pièce manquante du puzzle. Un petit portefeuille avec une photo, un badge et une carte :

" Cassandra Cain, Agent Spécial, A.R.G.U.S. "

Tous les prélèvements concordent : Cassandra, Orphan, l'ancienne Batgirl, a bien tenue ce portefeuille. Elle est bien entrée dans ce penthouse, et elle serait l'une des rares personnes à même de mener une telle opération par elle-même.

Oui, Cassandra Cain a tué, de nouveau. Elle est devenue ce pourquoi son père l'avait formé...

... Ou du moins, c'était ce qu'un enquêteur moins informé que Batman aurait pu penser.

Car Batman savait, par le biais d'Oracle, que Cassandra Cain avait une sœur jumelle. Une sœur jumelle tout aussi efficace, disposant de toutes les prédispositions de Cassandra, à l'exception de ses scrupules : Marque.

Ce qui était bien plus intriguant, c'était la carte, qui indiquait un entrepôt sur les docks, sous lequel Anarky avait souvent eu pour habitude de réunir ses ouailles.

L'attaque sur la Batmobile, le combat contre l'Amazone, l'enlèvement ... Tout semblait lié... A l'exception de ce massacre : Si Anarky avait bel et bien commandité cet enlèvement, il n'avait pas pour habitude d'orchestrer de tels massacres...

Et si son contact avec Yara Flor pouvait s'expliquer ... Comment avait-il pu rentrer en contact et convaincre la soeur de Cassandra Cain de rentrer dans ses machinations ?.. Avait-il pour ambition d'exécuter le Maire ?

(HJ/ Supers éléments pour l’enquête, merci. /HJ)

« Mmh. »

Un léger souffle s’échappe des lèvres de Batman, alors qu’il se redresse lentement – après avoir relevé les indices. Après avoir récupéré les éléments.
Après avoir compris ; au moins un peu.

Son regard continue de glisser autour de lui, sur cette pièce qu’il vient d’analyser de fond en comble… mais qu’il fixe, encore.
Au cas où.
Dans le doute.
Pour ne pas oublier quelque chose. Pour ne pas passer à côté de quelque chose.

Pour tout savoir – pour agir, vraiment.

« Driver. »

Sa voix s’élève, soudain plus sèche ; plus dure.
Pas agressive.
Mais déterminée et directe.

« C’est à vous. »

Il se détourne, rapidement, et sa longue cape claque derrière lui.

« Alertez vos collègues, la nuit va être agitée. »

Ses pupilles blanches croisent à peine le regard de Marcus, resté en retrait ; comme convenu.
Comme ordonné.

« Je suis en chasse. »

Et, sans attendre… il bondit. Il saute. Il se projette.
Dans les escaliers.

Batman descend.
Rapidement – parce qu’il est pressé. Et inquiet.


Un constat d’inquiétude, qui va empirer malgré les avancées et réussites de Yara Flor et de Renée Montoya.

L’agente du GCPD esquisse un léger sourire, mais attend quelques instants pour répondre lentement à l’Amazone.

« Que tontos.
Il était évident qu’ils se soumettraient devant la force – mais c’est bien que ça se termine comme ça.
On va pouvoir avancer – même si tu n’es pas Justice League, ça fait le job. »

Renée s’avance dans les couloirs, alors que les agents du SWAT viennent aider les habitants ; enfin.

« Après… après, on fait c’qu’on peut, hein. C’est une p’tite victoire, et je suis contente que tu sois là. Pour une fois qu’une super-héroïne se pointe, hein !
Mais… t’as quand même pas froid avec tellement peu de tissus, nina ? »

Montoya essaye d’adopter un ton maternaliste – elle essaye de s’en convaincre, surtout.
Car il faut admettre que le physique a des atouts physiques forts, importants, qui ne la laissent pas indifférente.
Même si Renée essaye d’évacuer ça rapidement.

« Maintenant, on va peut-être pouvoir enqu… »

Elle se stoppe, cependant, en passant un couloir – et en entrevoyant quelque chose, dans l’ombre.
Quelqu’un.
Derrière un locataire, qui erre dans les couloirs.

« NON ! »

Renée s’avance, se projette – mais il est trop tard.
La lame pénètre la victime.
L’homme tombe.
L’homme meurt, dans un râle silencieux.

« Santa mierda ! »

Montoya grimace, en sortant son arme et en se crispant.

« C’est… une tueuse ! Une putain de tu… »

« Tueuse, oui. Putain… non. »

La femme sombre répond avec un sourire mauvais, en se plaçant à quelques mètres de Renée et Yara.
Les lames levées et ensanglantées.

« Maintenant… vous m’avez vue. Il le saura.
C’est ce que je voulais.
Adieu. »

Et, sans attendre, elle s’enfonce dans les ombres – alors que, au loin, des bruits sourds se font entendre.
Batman arrive…

[HRP : De rien, my pleasure ! ]

" Mmh ? "

C'est au tour de Driver de marmonner, en passant la tête dans l'embrasure d'une porte. Le spray magique de la chauve-souris a fait son office, et il a déjà meilleure mine, bien que les séquelles de sa blessure soient toujours là, sanglantes.

Il prend tout juste le temps de le prévenir, en croisant son regard.

Mais Marcus Driver, détective au GCPD, comprend vite. Au contact du Batman, il a acquis ce sixième sens tout particulier propre aux gardiens de la paix gothamite :

La nuit allait être agitée.

Et au Chevalier Noir, il offre un hochement de tête compréhensif en attrapant sa radio.

" Central, Détective Driver. " appelle-t-il, comme son protocole le lui dictait.

" Ici Central, parlez, Driver. "

" On a un Code Violet confirmé ici, envoyez-moi tout le monde. " expliqua calmement le détective en se massant l'arcade du nez.

" C-code violet ? " hésite l'opérateur radio du central, reconnaissant le code baptisé après la couleur du costume du Joker, " Qu'est-ce que vous voulez dire, "tout le monde" ? "

Marcus Driver se crispe en amenant la radio devant sa bouche, trop conscient de ce que le Batman lui avait dit pour s’embarrasser de courtoisie :

" J'AI DIT TOUT LE MOOOOOOOOOONDEEEEE ! "


Yara était toujours aussi heureuse de son coup d'éclat, rayonnante de la satisfaction d'avoir amélioré, au moins pour un soir, le quotidien des habitants de Gotham.

" Oh, arrêtes, tu vas me faire rougir ! Il faut bien que quelqu'un se sorte les doigts, personne a l'air de se rendre compte que Gotham est dans une merde noire !.. " déclare-t-elle, avant de prendre un air faussement détaché pour adresser la remontrance de la policière :


Il fallait dire qu'il ne manquait pas d'allure, le blouson en cuir de Montoya !

Mais le repos fut de courte durée, car déjà, le carnage reprenait.

Une assassine était sortie des ombres, pour mettre fin à une vie innocente.

Parfaitement gratuitement.

Et elle les regardent, comme si l'acte qu'elle venait de commettre était une habitude. Comme elle aurait regardé ses voisines avant de sortir ses poubelles, ou en rentrant chez elle avec les courses.

Renée avait raison. C'était une tueuse, et pas seulement une putain de tueuse. Une putain de tueuse psychopathe.

Et la tueuse parle, elle les nargue. C'en est déjà trop.

" Foda-se ! " s'exclame-t-elle sans chercher une réponse plus convenable.

Yara s'élance en direction de la meurtrière, avec un boum sonore qui fit voler les cheveux et les pans du manteau de Montoya ; avec l'intention claire et concrète de mettre cette tueuse hors d'état de nuire de manière définitive.

Elle entame la dernière partie de sa course la jambe levée, pour infliger un coup de pied colossal...


... Et manquer sa cible.

Un petit cri de surprise s'échappe de la bouche de la Wonder Woman brésilienne, pas tant à cause de l'impact qui se répercuta dans tout l'immeuble qu'à cause de ce monstre à visage humain... Cette folle à lier, qui venait d'esquiver un coup qui aurait dû être impossible à esquiver.

Le temps de ressortir des décombres, elle s'était déjà volatilisée dans les ombres.

Cela ne laissait qu'une piste : c'était une métahumaine !

" Caralho ! " pesta la jeune femme, avant de retourner aux côtés de Renée Montoya et du Batman, qui surgissait à nouveau des ombres.

" Je réparerais ! " lâcha hâtivement Yara, extrêmement remontée autant par le meurtre qu'elle venait d'observer que par sa propre incapacité à arrêter la criminelle, " Je crois qu'on a retrouvé ta tueuse. Une tarée en rouge et noire avec des grosses dagues ! La filha da puta est super rapide ... J'ai été à ça de l'arrêter !.. "

" Puta que pariu ! " objecta Yara, qui n'appréciait véritablement pas qu'on lui dise qu'une situation était hors de son contrôle, " Elle maîtrisait la situation ? Avec tout l'arsenal qui se balade dans le bâtiment ? Avec toi dedans, avec moi ?.. "

La réapparition soudaine de Batman n'avait pas aidé. De tous les moments où il avait surgi, il avait choisi l'exact moment où la tueuse s'était volatilisée. C'était peut-être le hasard, mais il était de notoriété publique que le Chevalier Noir ne comptait pas sur la chance.

Ou alors, il le cachait très bien.

" Tu sais ce qu'elle a dit ? " continua-t-elle à asséner, en agitant le bras agressivement sans montrer de signe de s'arrêter, " Elle a dit que maintenant qu'on l'avait vue, il le saura ! Elle faisait ça pour ta pomme ! "

Mais cela resta lettre morte, pour le moment du moins.

Batman n'avait pas pour habitude d'être contredit ou remis en question. Il le montrait une fois de plus.

Il écarta Montoya.

Yara, qui n'appréciait pas vraiment les officiers de police en temps normal, trouvait que c'était une erreur. Elle l'aurait gardé.

A vrai dire, elle avait plus de confiance et de sympathie envers cette policière qu'à l'égard du protecteur de Gotham. Elle voyait plus d'héroïsme et de courage dans sa démarche que dans le peu qu'elle avait vu du véritable mode d'action du Chevalier Noir.
Oui. Elle ferait probablement une meilleure héroïne que ce bonhomme.

Dommage qu'elle abandonne aussi facilement face à lui.

Tout ça pour l'écarter, et plus facilement revenir à sa collègue d'un soir, qui avait pour elle d'être une Amazone. Ce devait aider. C'était probablement pour ça qu'il la gardait à portée de main.


L'impression d'être utilisée n'était pas loin, et lui pesait sur la conscience. Heureusement pour cette coopération naissante, être témoin de la sauvagerie de Gotham suffisait à motiver Yara : Batman utilisait ses muscles, Wonder Woman utiliserait son cerveau. Un simple échange de bons procédés, à défaut d'une alliance durable.

" Attendez, tu as écouté ce que j'ai dit ? Elle faisait ça pour attirer... " insista-t-elle, avant de s'interrompre en constatant l'impressionnant et détaillé pedigree holographique de la psychopathe, " ... Porra ... comment c'est possible ? Il y a une erreur, là-dedans, elle est définitivement pas humaine ! On peut pas ... Attends, et elle a une sœur jumelle qui s'appelle Wayne ? LE Wayne ? Puta que ... Il est au courant au moins ?!.. C'est pas après lui qu'elle en a ? "

Probablement pour la focaliser, Batman continua, en recadrant la problématique avec une question simple.

Mais une question à laquelle Yara Flor peinerait à répondre :

" Des idées ? Je pourrais te sortir une liste longue comme le bras de Dieux qui sont remontés contre les Humains en général, mais aucun qui ait quelque chose contre Gotham en particulier, et encore qui soient prêts à embaucher des super-ninjas pour kidnapper un Maire... La seule personne suffisamment sérieuse que je connaisse à Gotham pour faire ça, c'est Anarky. C'est avec lui qui a formulé l'idée contre la Batmobile et contre toi, et j'ai clairement plus de sympathie pour lui que pour toi...

... Et puis, c'est clairement pas son genre, ce genre de trucs. On s'est entendu clairement là-dessus. Pas de cadavres ... "