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À Kord et à cris

V.S.
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DC : Per Degaton
Localisations : New York
Inventaire : Gants d'Atlas (prêtés par la reine des amazones), décuple la force de leur porteur.
JSA
À Kord et à cris Ven 26 Fév 2021 - 11:24

Les cartons dormaient paisiblement, enroulés confortablement dans leur film plastique, bercés par les couinements des rongeurs en mal de nourriture. Leurs palettes comme unique sommier, ils attendaient calmement l'heure dite où un chariot-élévateur viendrait les déloger. Leurs étiquettes collées négligemment servaient seules de carte d'identité ; code barres et numéro de série, suite de chiffres et de lettres sans aucun sens, qui aurait pu dire ce qui s'y trouvait si ce n'étaient les ouvriers sous-payés qui les classaient, triaient, rangeaient, déplaçaient au gré des optimisations logistiques imposées par la direction ?

L'on chargeait et déchargeait dans d'innombrables plate-formes logistiques des palettes et des palettes de marchandises. Et c'est précisément dans l'un de ses lieux de stockage que se déroulait l'introduction de notre drame. Entre intermittents sous-payés, managers sous pression et camionneur maltraités, l'univers de la grande distribution rappelait à l'individu qui marchait en compagnie du responsable logistique local ses belles années sur Apokolips.


"Bienvenue sur GGTube, la chaîne de stream pour les winner ! Comme on dit, GGTube, GG les gens !"

Costume gris léger, pas de cravate, col ouvert bien entendu, coiffure détendue mais pas trop, lunettes hors de prix sur le nez, montre connectée au poignet. L'envoyé du responsable de GG Média Corp mâchait un chewing-gum "pour arrêter la cigarette vous comprenez ?". Il n'avait jamais fumé, mais cela ouvrait un canal de discussion sur la persévérance et lui donnait un côté humain rassurant. Mains ouvertes, cœur toujours tourné vers son interlocuteur, l'homme parlait bien, il avait appris du meilleur.

Le rituel était toujours le même : petite introduction accrocheuse parfois choquante pour mieux piquer la curiosité. Une fois l'interlocuteur à demander "dites m-en plus", il ne lui restait qu'à ramener la ligne et peser sa prise. Des hommes comme lui, GG Média Corp. en avait des centaines, partout dans le pays et même à l'international bientôt. Ils parlaient beaucoup, promettaient énormément et piégeaient en souriant des hommes et des femmes heureux d'être bernés.


"Aujourd'hui, je vais vous parler d'un truc trop odieux. Vous allez pas en revenir. Mais avant, faut que je vous montre un truc de dingue !"

Ainsi GG Média Corp., par leur biais, avait disséminé ses jolis cartons dans tous les entrepôts logistique, du Pacifique à l'Atlantique, même le Canada avait été inséminé. Autant dire que le jour "J", lors du grand moment, le monde serait littéralement subjugué.

- C'est toujours un plaisir de vous recevoir, salua le directeur de la plate-forme. Que me vaut le plaisir ?

- Vous nous connaissez Bill, toujours à l'affût du scoop, du grandiose, du merveilleux !

L'homme en face avait les yeux qui pétillaient, une telle annonce voulait généralement dire : "Vous allez avoir du boulot et surtout de l'argent".

- Dites m'en plus !


Ouais, vous rêvez pas ! C'est le super casque de réalité augmenté de Kord Indsutries, reçu en A-VANCE ! Avec ça vous pourrez plus vous passez de la réalité augmentée !"

- Vous connaissez Ivy Town Bill ? demanda-t-il avec un grand sourire.

***

Ivy Town avait un virus, une maladie contagieuse qui frappait toute la population : l'innovation. Université à la pointe, laboratoires de haute technologies, entreprises high-tech. Ici, l'on naissait avec un siècle d'avance, toutes les personnes âgées se rencontraient dans des cyber-espaces ou dans des clubs informatique, certains mêmes racontaient leurs vies et leurs expériences dans des fab-lab où la jeunesse s'activait, eux sur un tabouret avec un café, les jeunes penchés sur leurs inventions.

"Bonjour à tous les auditeurs sur GGPod, le Podcast des winner ! Alors aujourd'hui pour notre publication hebdo, on vous a prévu pas mal de news plutôt sympas. Allez, sans détour, on parlera de Starrware Industries mais avant toutes choses, une grande nouvelle pour les gammers : Kord Industries vient de nous sortir un nouveau casque de VR ! "

Les visio-conférences étaient un moment pour que les personnes isolées parlent avec les autres, on ne concevait plus de montres qui ne puissent pas parler avec l'intelliphone que l'on avait dans sa poche. Publicité animée, on parlait même dans l'université de cours avec un hologramme lorsque leur professeur devait faire une conférence à l'autre bout des États-Unis.

Ville connectée, voitures autonomes pour les transports publics, technologie verte, biotechnologie de pointe à l'hôpital, niveau de vie rêvée. Ivy Town était un paradis technologique et à l'inverse de Metropolis, elle n'était pas la ville de demain, elle était demain.

La population était friande de nouveauté, elle aimait la "disruptivité", la presse scientifique se battait avec les éditoriaux politiques des parts de marché, on lisait numérique, on pensait numérique et l'on ne recevait du papier qu'en levant un sourcil interrogateur. La ville rêvée... pour frapper.

"Ici GG Web Radio, la radio web des WINNERS ! Installez-vous bien les gars, laissez vos meufs à la cuisine parce que là, y'a du lourd ! Kord Industries se met enfin au goût du jour avec un méga casque de Réalité Virtuelle ! Réalité Augmentée, bref, ça va faire du bruit, et puis merde les gars, il a de la gueule ce truc !"

Dans cette magnifique ville se trouvait naturellement un bâtiment. Haut, large, impressionnant, bijoux architectural du style building, verre, métal et béton en harmonies. A l'intérieur, l'avenir rayonnait. Ecran à LED à tous les étages ; systèmes de sécurités novateurs ; laboratoires larges, spatieux, parfaitement équipés et salles blanches de précision ; réseau sécurisés et compartimentés ; data-center massif clusterisé.

Kord Industries.

Entreprise tranquille, qui subit les remous de la crise de ce que les médias ont appelé la "Year Of Evil" et l'attaque de Darkseid avec talent et force, grâce à d'excellents gestionnaires certes, mais aussi et surtout grâce au génie de son dirigeant : Théodore Kord. Pas une semaine sans que l'entreprise ne déchaîne les passions avec des prototypes offerts à la population, déploiement des nouvelles technologies fibre ou sans fil, dons aux fab-labs de matériaux, financement locaux et internationaux de programme de recherche. Kord Industries avait une excellente presse.

Mais les choses changeaient.

Depuis que GG Média Corp. avait révélé au monde entier la double vie de Karen Starr alias Kara Zor-L alias Power Girl ; que Starrware Industries avait était laissé par sa dirigeante au profit de ses employés ; que l'héroïne avait prêté serment puis avait été libérée de ses obligations, de noirs nuages s'étaient amoncelés au dessus de l'entreprise.

Ted Kord tenta d'étouffer les affaires, lança maintes manœuvres pour faire taire cette presse à scandale mais GG Média Corp. frappa plus fort en retour. Télévision, revues de presses, radio, web-radio, podcast, chaîne de vidéos en ligne, blog, influenceurs sociaux, tout fut mobilisé. L'hydre médiatique de cette structure toute entière s'était mise en branle. Pour une raison inconnue, la chute de Power Girl était dans leur business plan et quiconque s'y opposait serrait broyé de la même façon.

Scandales financiers sur ses gérants ; rumeurs les plus folles sur des prototypes ; soupçons d'alliance avec Luthor lors de la Year of Evil, voire même Darkseid (comment expliquer que l'entreprise soit toujours debout après tout cela?) ; liaison entre Ted Kord et Karen Starr ; photographies trafiquées ; vidéos manipulées : "Degaton serre la main de Théodore Kord ? Cliquez !" avait fait fureur. Rien n'avait été épargné pour traîné Kord Industries dans la boue.

Après des semaines de ragots et de désinformation, de fake news et de complotisme de bas étage, on avait distribué dans la belle ville d'Ivy Town de beaux cartons. Frappés du logo de Kord Industries, ils invitaient à une nouvelle expérience avec la réalité pour un lancement et une superbe immersion à une date et une heure précises. La petite ville ne parla plus que de cela pendant des jours.

On se demandait partout dans l'entreprise quel service avait pu avoir cette initiative, on parlait d'une lubie du chef qui était visiblement fort pris ces temps-ci. La direction avait confiance en un tel coup de pub mais le service marketing se plaignait de ne pas avoir été mis dans la boucle. Hélas, entre la livraison et le jour "J", personne n'eut le temps de convoquer la presse pour temporiser, d'autant que GG Média Corp. avait soigneusement bouclé tous les journalistes locaux chez eux avec de nombreux accords.

L'effervescence, par contre, fut soigneusement travaillée.

Les gens s'organisèrent, certains prirent des congés et se réunirent en amis pour tester leur casque lors de cette sublime expérience. La maison de retraite en périphérie avait même organisé un repas, histoire de faire cohésion autour de cette invention.

Chez Kord Industries, certains avaient ramené le casque sur le lieu de travail, l'heure était en pleine journée, mais on acceptait volontiers certaines entorses, surtout pour ce genre d'expérimentation sociale. Seule limite, les casques étaient dans les vestiaires hors des zones sensibles.

A l'heure dite, environ 84% de la population locale avait mis son casque et l'avait relié au réseau.

***

A la sécurité du building, on se plaignait. L'un d'eux aurait bien voulu tester le casque, un autre lui demandait d'être professionnel, le dernier demandait à ce qu'il se taise parce que sa GGtubeuse préférée allait tester le casque en direct et qu'il n'entendait rien. Tous se turent alors et suivirent la "review".

Dans tous les casques apparut alors l'image de Théodore Kord. Il parlait de façon avenante et souriante. Tout dégoulinait en lui de confiance, bienveillance et gentillesse.

"
Bonjour chers citoyens !

Je suis Théodore Kord, mais vous pouvez m'appeler Ted.

Vous allez tous participer à l'une des plus exaltantes expérience sociologique du MONDE ! J'ai toute confiance en vous et sais que vous allez être les meilleurs ! Ensemble nous allons faire de ce moment le plus extraordinaire pour Ivy Town.

Oui, Ivy Town.

Le monde dans lequel nous vivons en permanence est un ensemble complexe d'interactions et d'échanges. Et aujourd'hui, vous voilà, tous ! Vous voilà les vecteurs, les noeuds d'un formidable réseau de calcul distribué. Vous êtes, chacun à votre juste place, paré à participer pleinement à une opération distribuée.

Ensemble, nous allons faire une chose magnifique : nous allons, ensemble, justifier.

Oui, vous avez bien entendu. La réalité dans laquelle je vais vous immerger, sera une réalité Juste. Et ensemble, nous allons corriger les imperfections qui la peuplent, nous allons, de façon collaborative faire une monde merveilleux et meilleur. Nous allons prouver que notre imagination collective est à même de générer le meilleur des mondes !

Vous voilà, toutes et tous, les Justificateurs de Demain !
"


Aussitôt, hommes, femmes, enfants se levèrent à l'unisson, casqués et prêts.

Ceux qui observaient de l'extérieur la scène furent surpris. Ceux et celles qui n'étaient pas intéressés certes, mais aussi ceux qui doutaient, ceux trop occupés, ceux qui étaient fatigués, ou ceux qui, tout simplement, devaient travailler, virent collègues, proches, inconnus agir de concert. Certains rirent et applaudirent, d'autres se montraient plus dubitatifs. Quiconque leur parlait n'avait en réponse que le silence et le reflet de leur inquiétude sur la surface immaculée des casque de réalité virtuelle.

"Je sais, l'ivresse est impressionnante n'est-ce pas ? Vous sentez la connexion entre chacun et chacune d'entre nous. Moi aussi. Et moi aussi, comme vous, j'ai un rêve que je vais partager..."

La foule se tourna dans la même direction, comme attirée par le Kord Building. L'essaim cybernétique entendait sa ruche l'appeler.

"Avançons... Soyons les acteurs de demain."

Et chaque homme, chaque femme, chaque enfant connectés d'avancer à l'unisson.

"Ensemble..."

Les portes des maisons, des appartements, des bureaux s'ouvraient pour vomir dans les couloirs, la rue et les jardins une foule. On passait par dessus les palissades, les grillages, on marchait sur les voitures, on avançait. Paisiblement, mais fermement. Les passants souriaient de cet étrange spectacle, comme s'ils observaient une performance collective. Quelques uns se plaignirent du traitement de leur véhicule, mais la police les rassurait, pas de casse, juste un "moment dans la ville".

On filmait avec son intelliphone, on gazouillait, on marquait les réseaux sociaux de cette cocasse marche. #IvyPietine #TousEnsembleVR #KordVousFaitMarcher, etc.

"Voyez la force... voyez votre puissance..."

La sécurité de Kord Industries pesta lorsque des lignes et des lignes de citoyens s'amassèrent devant l'entrée principale. Ils n'étaient au courant de rien. Le garde le plus réactif décrocha son téléphone pour avoir l'assistante du PDG...

"Nous sommes légions."

Les marches du perron furent gravies prestement et la masse pénétra dans le hall.

Un garde s'avança.

- Mesdames et messieurs, ceci est une propriété privée et je vais vous...

"Détruisez..."

Aussitôt la foule devint une horde en délire et plongea sur les gardes, sauta sur les portiques et commença à envahir le bâtiment...

"Justifiez."
Teddy
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À Kord et à cris 386562Rien
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Re: À Kord et à cris Sam 6 Mar 2021 - 13:41

***

« Décrochez bon sang… ! Oui ? Allo ?! Passez moi le PDG... VITE ! »

***

La foule a traversé l’espace public, puis l’entrée pour s’engouffrer rapidement dans le hall. Les gardes et les portiques de sécurité sont piétinés et fracassés, comme de la paille. Les porteurs du casque de VR dernier cri sont devenus des cogneurs extrêmement violents que personne ne semble parvenir à arrêter…

***

« Il n’est pas là ?! Prévenez-le au plus vite, c’est urgent ! »
Il raccroche et peste. Ses gars autour de lui le regardent et attendent les ordres.
Le chef de la sécurité voit à travers les caméras de sécurité un spectacle qu’il a rarement vu dans sa carrière… Et chaques décisions seront lourdes de conséquences, il le sait. Mais pire que de perdre son boulot, s’il ne fait pas vite quelque chose, ils risquent tous de perdre bien plus que ça…

***

Ce matin-là, Ted Kord n’est ni passé par le hall d’entrée ni par une porte secondaire du bâtiment. Il s’est traîné à travers son hangar privé, après être rentré de mission. Il a déposé son spandex, pris une douche, enfilé son costume et sa cravate. Le début de matinée a été difficile et il a bien besoin de repos... Mais il a encore beaucoup à faire, des papiers à signer, des prototypes à faire tester, des personnes à rencontrer… Il ne peut pas mettre en pause cette vie là et il se demande bien souvent s’il ne devrait pas plutôt mettre en pause sa vie de justicier. La Justice League, les Birds of Prey, la Team Atom de temps en temps et les voyages temporels, ça commence à faire beaucoup pour un seul homme. En se regardant dans le miroir, il se moque presque de lui-même alors qu’il se confronte dans les yeux avec son reflet. Tu peux pas t’en empêcher, mec.
C’est bien au-dessus de ses forces de tout arrêter, mais il commence à rencontrer ses limites. Notamment de ne pas être capable de faire attention à tous en même temps. Il le remarque simplement en voyant les messages sur son smartphone et le nombre affolant d’appels manqués … !
Appel réitéré de la part de sa secrétaire Tracy.
Lorsqu’il décroche, les mots de la jeune femme sont désordonnés. Elle panique, n’arrivant pas à expliquer clairement ce qu’il se passe. Mais Ted saisit l’essentiel et il se met à courir vers les couloirs qui l’amènent dans son entreprise.
Kord Industrie est… attaqué ?! Par la foule… ??

***

Armés de matraque, les gardes du hall encore debout tentent avec beaucoup de mal à repousser tous ces gens en plein délire collectif. Certains ont même déjà essayé de retirer les casques, pensant les “libérer” de cette folie. Mais les coups en réponse sont démentiels, presque surhumains. Ils ont l’impression non pas d’avoir affaire avec des civils mais plutôt avec des guerriers sanguinaires écoutant la voix d’un prophète qui leur dictent quoi faire, où aller… Où détruire. Justifier.
Le chef de la sécurité est à l’arrière et essaye de coordonner ses hommes.
L’un d’eux lui rapporte régulièrement la situation, qui dégénère.
Ils n’auront bientôt plus le choix que de sortir les armes à feu…
Mais à ce moment-là, le téléphone cellulaire du chef se met à brailler.

***

Toutes ces informations à prendre en compte rapidement dépassent largement le poids que Ted Kord a pourtant l’habitude de porter sur ses épaules. Depuis qu’il dirige l’entreprise familial seul, la gestion n’a plus de secret pour l’héritier de Thomas Kord. Ce dernier eût dû mal à convaincre son fils unique à prendre le relais, à faire de lui ce pour quoi il est destiné, à lui inculquer les bases pour gérer une entreprise avec fermeté et de manière juste. Parce que Theodore Kord avait à l’époque l’héritage du Blue Beetle à porter, en plus de la veste du futur PDG d’une prestigieuse entreprise. Thomas Kord ignorait ce secret, il savait juste que son fils se laissait souvent déborder par ses projets, ses nombreuses idées, mais surtout par ses rêves… Malgré tout, il a su qu’il pouvait avoir confiance. Que son fils saura gérer… le moment venu.
Eric ? C’est moi, Jim. Il est arrivé, je te le passe tout de suite !

Dans les bureaux d’ordinateurs gérant la sécurité et les caméras de l’entreprise, quelques personnes sont restées à leur poste. Les autres ont reçu l’ordre d’évacuer. Les alarmes de l’entreprise sonnent. Les employés sont en cours d’évacuation, ainsi que toutes les personnes extérieures : étudiants, professeurs, ingénieurs d’autres villes et visiteurs. Les ascenseurs sont bloqués et tous passent par les escaliers pour suivre les directives des agents de sécurité ayant reçus ces nouveaux ordres venus d’en haut. Et dans ces bureaux, il ne reste que ces quelques personnes sur ces ordinateurs, ainsi que Tracy et Ted Kord. Qui essaye tant bien que mal de gérer cette crise…
« Eric, quelle est la situation en bas ?
- Critique, monsieur. Nous ne pouvons plus les contenir. Ils ont déjà progressé au-delà des portiques. Nous procédons à l’évacuation mais nous ne pouvons pas retenir cette foule bien longtemps…
- Ne ne sont que des pauvres gens, vous ne…
- Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, ce ne sont plus des personnes normales et nous devons répondre par la force pour nous en sortir ! »

Ted lève les yeux vers les écrans qui retransmettent les images… Il le voit bien qu’il s’agit d’une attaque, que ses hommes ne vont pas s’en sortir s’il ne leur dit pas de se défendre avec plus de force. Avec les moyens qui s’imposent d’eux-même.
« Ne tirez pas sur ces gens…
- Monsieur ?
- Repliez-vous. Continuez d’évacuer les lieux et bloquez les portes. Appliquez le code rouge.
- A vos ordres. »

Dans la pièce, les employés se tournent vers leur employeur. Cette procédure est enclenchée en cas d’un problème qui menace la sécurité de l'entièreté du bâtiment et des inventions contenues dans ces nombreuses salles… en cas d'incendie, d’une attaque à la bombe, voire d’une menace criminelle à haut niveau de dangerosité. Et Ted sait que c’est exactement ce qui est en train de se produire… Il est attaqué par quelqu’un, qui veut non seulement voir l’entreprise chuter, ses inventions être détruites, mais aussi le secret qu’elle cache.
« Faites fermer les portes coupe-feu et faites éteindre les machineries… Vous fermerez les dernières portes derrière Eric et ses hommes après l’évacuation. Où ça en est ?!
- L’intégralité des étages sont évacués, il reste encore du monde en bas et la foule s'agglutine dans les couloirs… Elle progresse vers de vieux entrepôts.
- Monsieur j’ai réussi à entrer dans le programme des casques VR… Le message incitant les gens à agir vient de … vous ?

Impossible…
Il n’y a qu’une seule personne au monde capable de monter un coup pareil...
« Faites ce qu’il faut pour garder une copie du système et essayez de pirater ce foutue réseau …
- On ne peut pas. Les sécurités sont… bordel je n’ai jamais vu un programme aussi complexe. Il nous faudrait des heures pour y parvenir…”
- On n’a pas le temps ! Sauvegardez les fichiers et les images vidéos et évacuez par les hélicos sur le toit
- B-bien, monsieur !
- A quoi vont nous servir ces fichiers ? »

Pas de réponses… Mais ce silence et ce visage grave, Tracy l’a déjà vue sur son employeur. Pendant que les paparazzi se bousculaient pour avoir des infos croustillantes, lorsque le combat contre Glorious Godfrey a commencé et qu’il a fallu débourser beaucoup d'argent et d’énergie pour lutter contre les campagnes de presses mensongères… Ted Kord avait déjà ce visage là…
Mais elle sent qu’il y a autre chose.
« Tracy tu partiras avec eux… Appelle nos avocats et assureurs. Prends tout ce qu’il te faut pour l’enquête qui s’ouvrira…
- Vous… ?
- J’ai quelque chose à faire. Ces gens ne marchent pas totalement au hasard, je sais ce qu’ils veulent…
- M-monsieur vous ne pouvez pas rester ici !
- Je me débrouillerais. Gardez précieusement ce que nous avons. Ces casques ne sont pas la propriété de Kord Industrie et ce message… n’était pas de moi ! Il faut agir contre eux, avec des preuves, pour nous en sortir… Avant qu’il ne soit trop tard !
- J-je ferais ce qu’il faut, monsieur, mais vous… »

Les autres sont déjà partis. Fidèle à son employeur, Tracy a longuement hésité à les suivre. C’est en restant et en voyant l’étrange bracelet que porte Theodore Kord, qu’elle comprend où il veut en venir… C’est en voyant les hologrammes sophistiqués en sortir, déployant un clavier tactile et diverses images qu’elle saisit ce qu’il lui a caché pendant des années… C’est en reconnaissant l’un des engins en forme de Scarabée qu’elle découvre un autre visage de l’homme qui lui fait face.
Tout devient beaucoup plus clair...
« Mr Kord… Vous êtes… ?
- Plus tard Tracy, je t’expliquerais tout. Là j’ai besoin que tu assures nos arrières… Cette enflure ne va pas s’en sortir. »

Elle acquiesce et se dirige vers les toits au pas de course.
Kord Industrie est bientôt évacuée et des porteurs de casque leur montrant une autre réalité ont même trouvé le moyen de suivre le mouvement… se battant désormais dehors.
Mais beaucoup sont restés pour tout détruire… à la recherche de quelque chose de bien précis.
Ils vont, comme par hasard, dans les couloirs où personne n’a l’habitude d’aller à part Ted Kord.
Et bientôt, ils trouveront les niveaux inférieurs où se cache tout son matériel. Ses costumes, ses ordinateurs, ses aéronefs, ses armes et scarabées mécaniques. Absolument tout.

Les citoyens d’Ivy Town testant ce casque VR ne voient pourtant qu’une formidable aventure, où ils doivent combattre, vivre un rêve collectif, détruire et justifier. Les images ne sont pas toutes réelles, quelques-unes parviennent à montrer une partie de la vérité. Mais c’est si fou, non ?
Pourquoi des Scarabées bleus mécanisés sont dans Kord Industrie pour s’attaquer à leur casque et tenter de les déconnecter de tous les autres ? Pourquoi est-ce qu’ils n’arrivent pas à passer cette porte où se trouve leur objectif juste derrière ?
C’est juste le test d’une réalité virtuelle, non ? Quel est le but de ce jeu s’ils ne parviennent pas à atteindre le but final ?
Ils doivent continuer. Pour détruire. Justifier. Parce qu’on leur demande de le faire…
Alors, s’ils ne peuvent pas passer cette porte, ils trouveront un moyen de la détruire, elle aussi…

Bordel… Qu’est-ce qui a pu m’échapper… ?
Comment j’en suis arrivé là ?
Vieux… tu ne peux pas le laisser gagner. Pas comme ça ! N’abandonne pas !
Bats-toi tant que tu le-


...

À Kord et à cris Rco00516

***

À Kord et à cris Rco01810

***




“Flash Info, en direct à Ivy Town. Nous nous approchons des lieux où un sinistre s’est produit, là au sein de l’entreprise de Kord Industrie !”





À Kord et à cris Rco0410
“Les secours sont arrivés rapidement et ont pris en charge les nombreuses personnes ayant été évacuées. Les casseurs se sont fait appréhender par la police et les casques VR confisqués comme pièce à conviction. On me dit dans l’oreillette qu’une enquête est déjà en cours… Attendez ! J’ai des questions, monsieur l’agent ! …”





À Kord et à cris Journ110
“En direct pour le New time d’Ivy. D’après les autorités, plus de deux-cent personnes sont blessées, dont plusieurs dizaines de cas en état grave. Ils n’ont pas encore déterminé le nombre total de morts, mais on décompte déjà cinq personnes dans les décombres.”





À Kord et à cris Rco00412
“Comme vous le voyez derrière moi, l’édifice impressionnant de KI tient toujours debout, mais les autorités craignent son effondrement. Les pompiers sont les seuls à être autorisés à passer le large périmètre de sécurité installé et à fouiller les décombres pour retrouver une bonne vingtaine de personnes portées disparues dont le PDG de Kord Industrie, Theodore Kord.”





À Kord et à cris Rco00517
“Nous essayons encore de comprendre ce qui a pu se passer. Nos spécialistes sont en train d’étudier le programme des casques pour savoir ce que ces personnes ont vu et entendu pendant toute la période où ils semblaient être… “influencé” par quelque chose. Je ne répondrai pas à plus de questions tant que nous n’en saurons pas davantage. Merci.”





Madame ! S’il vous plaît, vous êtes une des employées de KI ?!

À Kord et à cris Tracy_10
« O-oui
S’il vous plaît madame, quelques questions ! Savez-vous ce qu’il s’est passé ? Des rumeurs disent que c’est votre patron qui a organisé toute cette folie ? Est-ce une expérience qui a mal tourné ?
Mr Kord va-t-il comme tout le monde le pense, se faire accuser pour homicide ?
- Mademoiselle ?

À Kord et à cris August10

Je suis Augustus Freeman, j’ai reçu votre appel. Écartez-vous, cette personne est sous notre protection. Allons dans un endroit plus tranquille, mademoiselle. Par ici…
...
J’ai fait appel à un ami détective, Mr Dibny. Il a déjà réglé des affaires lourdes, pour des personnes à identité secrète…

- J-je...
- Mr Kord n’est pas avec vous ?!
- Il est...
- Bon sang, Ted…
… Pour le moment, restons discrets. Nous allons traiter avec les autorités, ne parlez qu’en ma présence et ne répondez plus à aucune question. »






“Dégagez ces débris là. Attention par la droite.”
“Attendez ! Je vois quelqu’un… !”
“Bon sang, sous les décombres. Aides-moi Charlie.
“Gnnnhn…”
“OK, c’est bon. Je crois que je peux le dégager. Soulevez encore !”
“ … “
“J’ai un pouls. Amenez un brancard vite !”
“Comment il a pu survivre à cette explosion… ?”
“C’est quoi cette ferraille bleu ?”
“Peu importe, Stevie. C’est détruit de toute façon. On a un blessé à évacuer en urgence !”





Breaking News
Les vingt à trente personnes - chiffre encore à déterminer - sont toujours portées disparues et les secouristes mettent tout en œuvre pour déblayer les décombres. Mais la nouvelle de la découverte du corps de Mr Kord fait déjà le tour d’Internet. Il a été pris en charge et évacué par hélicoptère pour être emmené aux urgences d’Ivy Town. Son pronostic vital est engagé et nous n’avons pas eu plus de précision sur son état… Nous tâchons de vous tenir informé des avancements dans les prochaines heures !”

...
...


À Kord et à cris Bbsign27
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JSA
Re: À Kord et à cris Mar 16 Mar 2021 - 13:43

Étrange comme la vie vous offre toujours l'occasion d'améliorer votre définition d'une mauvaise journée. Tout avait commencé nominalement entre une soigneuse lecture de documents juridiques et des reprises de contact avec Paula qui était devenue gérante à temps plein, délaissant malgré elle son emploi initiale de directrice technique. Retrouvailles plutôt tièdes je devais l'admettre. Ce n'était pas facile de digérer que sa cheffe et son comportement étrange venait tout à coup de s'éclairer et de la façon la plus logique (même si pas la plus croyable possible), que l'explication avait déchaîné des manifestations tantôt de soutien, tantôt de haine, que des types taguaient fréquemment des "D" sur la façade du bâtiment ou que les boîtes mails étaient remplis de courriers alternant harcèlement, salutations cordiales et demande d'embauche en pagaïe, certains allant même jusqu'à indiquer que l'ex-PDG les avait sauvés.

Et c'est sans doute ça qui la gênait le plus : le fait que j'étais l'ex-PDG. Je la sentais pleine de reproches. J'étais littéralement partie comme une voleuse (doublée d'une dissimulatrice...). Sitôt ma double identité révélée, j'avais signé un document de renonciation à mes prérogatives, documents qu'elle n'avait d'ailleurs pas transmise au conseil d'Administration de son propre aveux et je m'étais envolée pour la J.S.A. Pour m'offrir le temps de réfléchir à ce que j'allais faire. Je n'en eus guère le loisir puisqu'un refus de servir le gouvernement aurait mené Starrware Industries à la ruine ou à une probable saisine de l'État.

Depuis, je n'étais pas revenue. L'affaire ne s'était pas particulièrement tassée et durant nos quelques échanges téléphoniques, il y avait une résistance, un sentiment de trahison qui ne s'exprimait pas verbalement. Naturellement, le Conseil d'Administration s'inquiétait ; l'action fluctuait ; les employés étaient dans l'expectative et le nombre de démissions était limité. Pour l'instant.

Le message était clair : je devais revenir ou laisser mon poste. Maintenant que le gouvernement avait levé son recrutement intensif et le fichage des justiciers en offrant la possibilité à chacun et chacune de rompre son serment sans préjudice, j'allais devoir sérieusement réfléchir. Qui cependant oserait faire des affaires avec une alien capable d'aller plus vite que le son, d'entendre et de voir à travers des mètres de bétons et de métal ? Bonjour le niveau de confiance.

Nombreux étaient les sous-traitants qui attendaient ma décision pour rompre ou poursuivre leur engagement avec Starrware avait-elle indiqué...

La banque, de son côté, était plus pragmatique, elle avait clairement acté qu'il y aurait une hausse des intérêts si la conduite des affaires de l'entreprise devait être soumise aux aléas de ma double-vie. Sans parler de la ville de New York qui avait réclamé des explications officielles et une prise de position pour lui permettre de réajuster son dispositif de sécurité. L'idée même qu'une justicière puisse avoir pignon sur rue dans la grande pomme effrayait et réjouissait les politiques ; réjouissances pour l'image de marque, inquiétude pour le pot de miel que représenterait me société pour les criminels en tout genre.

D'un autre côté, je pouvais envoyer balader tout cela et recommencer à zéro. Mais j'aimais la gestion, les négociations, j'aimais la technologie, me dire que mes poings seuls n'étaient pas les garants d'un monde meilleur. J'aimais l'idée que je puisse être une "inspirante" image pour des femmes qui luttaient chaque jour avec conviction pour se hisser et se faire une place dans des sociétés qui s'enfonçaient dans un sexisme ordinaire et banalisé, systématisé au point de créer de véritables fractures.

Lorsque je lisais des articles de haine à l'égard de Mosaïc un autre problème se posait. Une alien à la tête d'une entreprise high-tech ? Une "créature d'ailleurs", comme le disaient quelques magazines à sensations, en train de s'intégrer ?

Je me sentais capable d'affronter la tempête et les déchaînements, quitte à devoir m'enfermer d'avantage dans une coquille rigide, mais mon entreprise et mes employés le méritaient-ils ? Devais-je pour ma seule satisfaction les emporter avec moi ? Si tout le monde m'abandonnait, ne...

A un moment, il faut croire aux autres, en leur force, leur faire confiance. Bon sang, Kal déteignait sur moi...

Les gens attendaient ma prise de décision, si l'on oubliait les ronds de cuir de Wall Street, au fond, personne ne m'avait demandé de renoncer, mais au moins, d'être honnête et intègre...

Mais...

Une alerte. A l'autre bout du monde. Inde.

Une affaire de cambriolage d'envergure qui ne me prit pas plus de dix minutes montre en main. Au moins le climat changeait un peu...

C'est alors que ma montre sonna. Encore un...

Et je me souvins à ce moment précis que la super-vitesse me permettait d'être partout et généralement pas là où j'aurais dû être. Et cette mauvaise journée devint parfaitement catastrophique.

Quelque part en Inde, on entendit la détonation caractéristique du mur du son que l'on traversait et j'atteignis Ivy Town alors que tout était déjà terminé.

D'immenses panaches de fumée noircissaient le ciel, à peine dérangés par les lumières des camions de pompiers et des voitures de police. Des ambulances traînaient encore autour des décombres et les civières faisaient la navette. Le siège social de Kord Industries venait d'être durement touché. Les autorités, comme les prétendus coupables, s'interrogeaient et cherchaient à recomposer le déroulement des évènements. La police scientifique et même des fourgons de l'ARGUS étaient déployés dans les rues attenantes au drame. Les journalistes, trop heureux de se reparaître sur le malheur des gens piaillaient et lançaient des questions qui n'obtiendraient jamais de réponse. Volant au dessus de cette scène qui avait le bon goût d'être silencieuse à mon altitude, je fonçai directement vers l'hôpital pour retrouver Théodore que les secours avaient sortis des décombres quelques heures plus tôt.

Dans le hall, les patients et leurs proches regardaient la télévision, pianotaient sur leurs téléphones en quêtes de réponses. L'établissement était rempli du ressac des conversations, même les soignants s'arrêtaient fréquemment pour observer les téléviseurs. Bouleversée, j'entrais dans le hall pour aller demander une information à l'accueil. Les émotions sont rarement bonnes conseillèrent.

- C'est Power Girl ! fit un patient en me montrant du doigt.

Sitôt l'emballement. Des questions, des demandes d'autographes, des questions, encore des questions et des photographies prises depuis les multiples téléphones brandis à bout de bras. Dans ce genre de cas, le mieux est de garder son calme, serrer les dents et éviter de parler au risque de provoquer un embrasement. Des gens bouleversés réclamaient des explications, d'autres me parlaient de leur compte "inta". Dans la foule un type me balança son T-Shirt en demandant un autographe. D'un geste rageur qui fit reculer les plus proches je déchirait le vêtement et le jetai sur le côté. A l'accueil, l'agente m'indiqua qu'elle était "une fan absolue". Elle ne dut pas même noter mon agacement.

- Merci. Théodore Kord, demandai-je sèchement.

Elle m'indiqua un numéro de chambre alors que la foule ne faisait que grossir et que des agents de sécurités demandaient au gens de se disperser. A super-vitesse je quittai les lieux. J'entendais encore les échos des soupirs de déception que mon départ précipité provoquait.

Une fois dans une aile plus calme, je repris une vitesse normale. Mes bottes frappaient contre le sol encore humide du dernier passage des nettoyeuse, j'entendais le bruit distant d'un chariot que l'on poussait, mais rien d'autre. Ici tout était effroyablement calme. Un infirmier apparut au détour de la salle de garde.

- Je peux vous... aider ? demanda-t-il assez surpris visiblement par l'image incongrue que je devais former avec ma cape rouge dans leur hôpital si blanc.

- Théodore Kord.

Il m'indiqua le couloir du fond en répétant le numéro de chambre, incapable qu'il était de pouvoir faire une phrase plus cohérente.

Après le dernier virage je pus facilement reconnaître la chambre de Ted. Facilement identifiable aux deux gardes armés avec le blason de l'ARGUS qui montaient la garde. L'un d'eux me vit et tendit une main, paume vers moi pour mieux me demander de rester à distance. Mon sourcil levé et ma moue qui leur indiquait un "vous êtes sérieux ?" les fit soupirer.

L'un d'eux posa la main sur son talkie et indiqua que "le marteau était arrivé". Charmant. Puis il m'ouvrit la porte.

Sans un mot pour eux j'entrais dans la pièce pour découvrir Ted...

Je tirais une chaise et m'installai à coté de ce lit recouverts de tubulures et de câbles électriques. Une infirmière proche terminait de prendre des relevés dans le plus profond silence. Elle alternait entre ses machines et l'incongruité de me voir, assise, blême comme la mort à observer le visage si paisible de Théodore. Il avait l'air de dormir et les pousse-seringues remplit de morphine devaient assurément l'y aider.

J'enlevai l'un de mes gants et allai chercher l'une de ses mains glaciales recouverte d'ecchymoses.

J'aurais dû être triste, en colère, j'aurais dû hurler. Mais rien ne sortit. J'étais comme vidée. Incapable de la moindre démonstration. Mon cerveau turbinait, ne cherchant pourtant ni le comment, ni le pourquoi. Beetle était là, dans son lit d'hôpital. Je n'éprouvais ni angoisse, ni pitié, ni regret de n'avoir pas été là. Une inspiration difficile me fit prendre cependant conscience que j'avais une boule qui se formait dans la gorge et une larme bien solitaire glissa le long de ma joue pour rejoindre l'encoignure serrée de mes mâchoires.

La soignante quitta la pièce dont la température avait baissé de quelques degrés. Seules les machines faisaient la conversation. Je me terrais dans le silence le plus complet. En comparaison Beetle paraissait plus vivant.

La porte de la chambre s'ouvrit sur un bruit de talons aiguilles.

- Il s'en sortira, commenta la voix d'Amanda Waller avec l'empathie d'un serpent pour une souris.

Elle se posta en arrière, de telle manière que je soit obligée de tourner la tête pour la voir. Je ne lui fis pas ce plaisir. J'entendais le bruit d'une enveloppe dans sa main. Elle n'était décidément pas du genre sentimentale ou à perdre du temps.

- Qu'est-ce que vous savez de tout ça ? demandai-je sans quitter Ted des yeux.

- Assez pour avoir un nom.

Ma main libre se serra.

- L'Albanie, vous vous souvenez ?

- Parce qu'attraper celui qui a fait ça ne vous rendrait pas déjà service ? fis-je entre mes dents serrées.

- Lui, je sais qui il est et ce qu'il fait, répliqua-t-elle.

Ce qui signifiait qu'il restait une menace mineure à ses yeux.

- Vous vous attendiez à tout ça ?

Blanc. Pire qu'un "oui". Je pris une grande inspiration pour éviter de la tabasser, ce qui n'aurait fondamentalement aucune utilité.

- Et vous ignorez tout de ce qui se passe là-bas c'est ça ?

- L'Europe est devenue... complexe d'accès. Récupérez-moi quelqu'un là-bas et je vous offre Glorious Godfrey sur un plateau, lança-t-elle en posant son enveloppe sur une table proche.

- J'y réfléchirais.

- Parfait. Vous voulez un conseil ?

- Non.

Fin de la conversation. Elle finit par sortir. La seule vue de Ted, son état, l'idée même que le gouvernement ait choisi de fermer les yeux, tout cela me révoltait. J'avais envie de tout casser, de jeter cette Waller à travers une vitre, de massacrer les deux gardes, de prendre Ted et l'emmener à la J.S.A... Mais à quoi bon ?

On ne gagne pas en devenant une hors-la-loi, surtout pas face à une Waller, un Godfrey ou le reste de cette société de loups faméliques...

Après plusieurs dizaines de minutes à réfléchir en caressant le front de Théodore, je me décidai à me lever et aller devant une fenêtre.

J'appelais alors Paula. Sa voix était un peu plus chaleureuse, comme si nos récentes prises de contact l'avait, elle aussi, fait réfléchir. Je lui lançais d'une voix caverneuse :

- Il nous faudra une conférence de presse. Je reviens.

Et rien ne m'arrêterait...
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Re: À Kord et à cris Mer 31 Mar 2021 - 12:38

Certaines journées méritent d’être jetées à la poubelle… Si seulement c’était possible.
On attrape tout ce qui vous pourrit la vie et on l’envoie se faire enterrer avec tous les autres déchets.
Mais certains problèmes doivent être affrontés, traités en face à face, parce qu’il ne faut pas fuir ce qui nous ennuie, alors qu’ils peuvent être bien pires si on ne les règle pas dans de brefs délais.
Vous devez vous imaginer que c’est sur ce genre de bonnes pensées que Ted Kord a réagi, au mieux, devant une crise aussi énorme.
Eh bien non… Pas tout à fait.
A vrai dire, rien ne vous prépare à une catastrophe pareille. Ni les années d’expériences, ni les horreurs que vous pouvez rencontrer pendant une carrière de justicier, ni même votre capacité à imaginer le pire pour vous blinder au mieux. Impossible…
Parce qu’il existe toujours bien pire encore. Toutes ces choses auxquelles vous n’avez pas envie de penser…

Mais elles finissent par arriver, un jour ou l’autre…

Ce n’est pas la première fois que Ted passe par la case hôpital. Mais cette fois-ci, il a tout ressenti. La douleur de l’échec, la peur de se faire écraser par les débris, la pensée qu’il va y rester et la souffrance après coup lorsqu’il s’est réveillé alors qu’il était déjà sur le brancard. Il a rarement eu aussi mal… et il ne se savait même pas capable de crier aussi fort.
Les médecins ont bien agi, à commencer par le faire dormir pour qu’il se taise ! Ah ! Blague à part… La douleur physique est une chose, mais parmi ces hurlements, la détresse s’est fait ressentir. Ce poids qui est venu s'ajouter au milieu de tous les futurs soucis qui vont arriver en rang d’oignon… La prise de conscience immédiate de ne pas avoir pu sauver toutes ces personnes.

Ceci dit, il n’a pas encore eu le temps d’attarder ses pensées sur ce fait.

Il a beaucoup dormi. Des jours ? Non… Plutôt des heures durant. Le temps a filé vite alors qu’il était étendu là, dans un lit de l’hôpital central d’Ivy Town. Pendant les rares moments où il a pu se réveiller et prendre conscience de son environnement, il n’a entendu que le bruit des machines surveillant ses constantes et parfois le son lointain d’une voix. Peut-être l’infirmière ou le médecin…
Et au milieu de ce flou, Ted peine vraiment à penser, à remettre ses souvenirs en place… Mais il est soulagé de ne plus avoir mal, au point qu’il se demande de temps à autre s’ils ne l’ont pas mis sur un nuage qui va fuir cette planète…
Drôle de pensée.

Parmi tous ces sons encore lointains, l’un d’eux sort distinctement. Il ne peut pas se tromper. Cette voix-là est unique… Il a pu entendre son timbre pendant des années. Ted peut sentir sa présence, mais il est incapable d’y répondre… Il veut serrer cette main venue chercher le contact et ouvrir même un œil pour signifier qu’il est à peu près conscient. Mais il n’arrive ni à bouger un doigt, ni même à battre un cil…
Il est juste là, plus ou moins, coincé entre un nuage, la douleur tentant de revenir avec ses grands sabots et cette sensation totale d’impuissance. Ce n’est pas juste !

S’il pouvait au moins lui dire un mot…
Mais à défaut de parler, il entend vaguement le début d’une conversation.
Kara échange avec… Une autre personne que Ted n’avait pas du tout envie de “revoir”. Combien de fois il s’est juré de ne plus être dans les affaires d’Amanda Waller… Mais cette dernière doit être dans une situation désavantageuse pour qu’elle se décide à proposer quelque chose à Peegee.
On dit que l’état psychologique d’un patient joue beaucoup sur son état physique… Savoir que Waller possède des informations sur Glorious Godfrey empêche Ted de repartir dans les songes. Cette simple parole lui ronge les sangs, le maintient dans un état de semi-réveil où la rage commence à monter… Mais elle ne ressemble pas encore à grand chose, si ce n’est à l’amertume. C’est avec ce ressentiment que Ted constate que non seulement le Gouvernement sait des choses mais n’a pas agi en conséquence.
S’ils pouvaient tous être jetés… Glorious… Waller… Mamie Goodness… Tous.

C’est juste la première étape. Il n’a pas tout saisi, mais Waller a parlé de l’Albanie. Là-bas, dans un lieu que ses yeux et ses oreilles ne peuvent atteindre à cause de la guerre en Europe. La première étape pour avancer vers Godfrey.
Entre-temps, il va devoir se remettre. Répondre à de nombreuses questions. Téléphoner à Tracy. Faire fonctionner les assurances. Réparer, reconstruire… guérir. Pas complètement… Mais ces crimes ne resteront pas impunis.
Il le jure.

***

« Bonjour. Je viens voir Theodore Kord.
- Chambre 32 au fond du couloir.
- Merci bien, madame. »

L'infirmière a l'accueil lève à peine un regard vers ... ce drôle d'énergumène. Elle se surprend à penser que son accoutrement est étrange, un peu trop clinquant, mais qu'il est plutôt beau garçon. Elle est presque sûre de l'avoir déjà vue quelque part, peut-être à la télévision pour de la pub ou lors d'un reportage sur les super-héros.
Le principal intéressé ne lui laisse pas le temps de le replacer dans ses souvenirs, parce qu'il préfère ne pas traîner ici... Des agents de l'A.R.G.U.S sont encore présents dans l'hôpital. Non pas qu'il les craint, il n'est ni un criminel, ni un super-vilain pardi ! Mais il reste une figure connue, qui plus est vraiment proche de la personne qu'il rend visite. Cette personne qu'il n'a pas pu aider plus tôt... encore une fois. Il n'a pas pu être là pour lui éviter des blessures, la perte d'une partie de ses biens, la destruction des équipements du Blue Beetle... Même si ce dernier finira par découvrir que certaines choses peuvent encore être récupérées, il n'a pas pu lui éviter tout ça...

Esquivant au mieux toutes les personnes dans le couloir, Michael arrive enfin dans la chambre de Ted Kord. Le découvrir à nouveau là, dans un hôpital et dans cet état, met le héros doré en rogne. Encore plus lorsqu'il sait qu'il ne va pas pouvoir l'accompagner dans les épreuves qui les attendent... même si comme d'habitude, il fera au mieux. Le futur est toujours incertain.
« Salut, buddy. »

Booster Gold sourit, un peu gauchement. Ted semble dormir profondément... et c'est mieux ainsi. Il a déjà bien assez de soucis sans qu'il vienne en rajouter une couche. Booster soupire, accablé par la culpabilité.
« Je n'ai pas pu être là... Mais, j'ai récupéré quelque chose pour toi. Je crois bien que ça va te servir ! »

Il dépose un objet dans la main de Ted. Une sorte de bracelet très sophistiqué, surmonté d'un cadran indiquant l'heure... C'est un équipement précieux, renfermant la nano-technologie de Ray Palmer, combiné au savoir faire de Ted Kord et de Scott Free, les deux concepteurs de l'armure Blue Time. Celle qui permet à Ted de faire des voyages temporels. Avec l'alliance de ces trois scientifiques, elle est désormais à la pointe de tout ce qui peut se faire sur Terre. Du moins dans ce siècle-ci.
Ceci dit, Booster Gold est à la fois impressionné de voir une pareille chose exister... et inquiet.
« Vous y êtes allée fort, les gars... Mais j'ai conscience que tu en as besoin. J'espère juste que tu n'oublieras pas qui tu es vraiment... »

Est-ce qu'il doit rester pour lui dire ce qu'il va se passer ? Mettre en péril le futur... encore une fois ? Il ne peut pas le permettre... Même si ça concerne Teddy.

Michael se détourne de son ami, le laissant à cette paix temporaire... avec l'espoir de ne pas commettre encore une grosse erreur.


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