« La promesse d’une vie » ft. Ray Palmer

_____Deathstroke était mort il y a plus de cinq mois maintenant. La rumeur s’était répandue, Degaton avait mis fin à ces jours juste après avoir découvert que le vieil homme travaillait également avec le gouvernement américain. Il avait déjà fait fuiter de nombreuses informations concernant le régime européen et sa trahison ne pouvait pas rester impuni. Contrairement à la rumeur, le mercenaire n’était pas mort. Son ancien supérieur hiérarchique et leader de l’Europe avait trouvé un châtiment bien plus sadique qu’un repos éternel.
Slade n’en parlait pas, même à son plus vieil ami. Lorsqu’il avait remis les pieds dans son pays, il avait gardé le silence. Plus tard, il expliquera que Degaton l’avait privé d’une partie de ses dons et probablement la plus importante. Passé la cinquantaine, un homme normalement constitué ne pouvait pas faire ce que le plus grand assassin du monde pouvait faire. Les courbatures, les os brisés, les blessures par balles, tout ne cicatrisaient pas aussi vite qu’avant.

Au lieu de trouver une solution pour espérer retrouver son don perdu, Slade s’était doucement plongé dans l’alcool, s’écartant de la civilisation pour venir se morfondre dans l’un de ses nombreux refuges perdus. Il s’était perdu, pendant de nombreux mois, au cœur d’une des forêts du Montana. Les quelques personnes qu’il pouvait croiser dans les petits villages aux alentours étaient, heureusement bien incapable de faire le rapprochement entre cet ermite et le célèbre mercenaire disparu.
Wintergreen était probablement le seul à savoir où se cachait son vieil ami. De nombreuses fois, il avait tenté de le ramener sur le bon chemin en essayant de le raisonner, plus d’une fois. Malheureusement, il n’avait pas oublié que Slade Wilson était une tête de mule et l’alcool le rendait encore plus infecte que d’habitude. Malgré son comportement parfois insupportable, Wintergreen continuait à rendre visite à son vieil ami en tentant, une énième fois de lui faire entendre raison. Un beau jour, il finit par demander à Slade s’il ne connaissait pas quelqu’un qui pourrait lui donner un coup de main, tenter de le soigner ou essayer de compenser la perte. Pendant un instant, le vieil homme s’était arrêté de boire, décollant ses lèvres d’une énième bouteille de whisky du jour pour se perdre dans ses pensées. Oui, il connaissait bien quelqu’un qui pourrait lui venir en aide, quelqu’un qui lui devait la vie.

Ivy Town, la dernière fois qu’il y avait mis les pieds, il avait essayé de tuer l’homme dont il allait demander l’aide, une situation ironique que Slade préférait ignorer. Ce petit voyage lui avait permit de décuver un peu. Wintergreen été plutôt fier d’avoir réveiller son vieil ami, en espérant que ce dernier ne ferait pas de conneries et ne replongerait pas juste après ce petit effort. Slade n’avait pas besoin de faire beaucoup de recherche pour trouver son homme. Il continuait d’enseigner à Ivy University, facilitant le travail de l’ancien mercenaire. Ça en devenait beaucoup trop facile, n’est-ce pas ?
Un individu avait remarqué la présence d’un intrus se baladant, d’un pas actif, dans les couloirs de l’université. Il avait tenté de l’aborder une première fois en lui demandant de s’arrêter. Slade s’était contenté de l’ignorer, mais l’homme se montrait bien insistant, craignant que le vieil homme soit une menace.

« Monsieur, monsieur ! Vous n’avez rien à faire ici. » rétorqua ce dernier en bloquant le passage au mercenaire qui faisait probablement deux fois sa taille et le double de sa masse musculaire. « Vous aviez rendez-vous ? »

« Je n’ai pas de temps à perdre avec de la paperasse. » grogna froidement Slade en guise de réponse avant de tenter de faire un pas sur le côté pour esquiver l’obstacle humain.

« Je suis désolé, vous ne pouvez pas aller plus loin. » Il se montrait particulièrement insistant et s’était placé de nouveau juste devant lui. « Veuillez faire demi-tour, je vous prie. »

« Vous cherchez les emmerdes ou quoi ? » Slade avait très peu de patience, il serrait les poings pour éviter de cogner l’individu mais il avait déjà perdu son calme. « J’AI BESOIN DE PARLER A RAY PALMER. »

_____Slade n’avait fait preuve d’aucune délicatesse avec le gardien des lieux. Le vieil homme n’avait jamais eu un comportement très agréable mais aujourd’hui c’était encore pire. Il était habité par une constante colère et il était à deux doigts d’enfoncer son poing sur le visage de ce pauvre homme pour lui faire comprendre qu’il ne craignait rien ni personne. Heureusement pour cet étranger, son ange gardien était arrivé à temps. L’ancien mercenaire avait redressé la tête pour observer celui qu’il cherchait, une bonne nouvelle donc. Pourtant, le visage du vieil homme resta crispé.

« Malheureusement pour toi, je suis difficile à tuer. » rétorqua froidement Slade, sans laisser passer une once de sympathie ou d’ironie dans le timbre de sa voix.

Ray lui demanda de le suivre et Slade le suivit juste derrière lui. Le professeur ne craignait pas de tourner le dos d’un vieil ennemi. Beaucoup l’aurait pris pour un inconscient, un fou. Si l’ancien mercenaire était là pour l’achever, il aurait fait preuve de beaucoup plus de discrétion, il n’aurait rien vu venir. Si le vieux Wilson cherchait à jouer les morts, ce n’est pas pour reprendre du service de sitôt. Il avait laissé la rumeur se répandre pour pouvoir se morfondre dans sa maladie et ce qu’on pouvait qualifier de désespoir.
Il avait gardé le silence pendant une partie du trajet avant que Ray ne décide de chasser ce silence pesant par une petite remarque désagréable mais véridique, concernant la sale tête de Slade Wilson. Le visage pâle, une barbe mal rasée, des vêtements froissés, presque négligé. Il n’était pas sous son meilleur jour et c’était plus que remarquable.

« Une longue histoire mais je ne suis pas pour parler de la pluie et du beau temps, je suis venu pour solliciter tes compétences. »

Slade avait beaucoup de mal à avouer qu’il était au bord du gouffre. Comment expliquer à quelqu’un qui l’avait fauté et que beaucoup de monde avait payé, dont une personne à laquelle il tenait plus qu’on ne pouvait le croire. En plus de cela, le cadeau souvenir de Degaton continuait de le ronger de l’intérieur. Des mots difficiles à dire pour le vieil homme mais tôt ou tard, il devra expliquer ce qu’il s’était passé il y a plusieurs mois. Le simple fait d’y penser le crispait déjà. Une chose si simple à faire pour certain pouvait être un véritable défi pour le vieil assassin.
Alors, pour éviter de raconter toute cette triste histoire, le mercenaire s’était contenté de retrousser les manches de sa chemise pour montrer de petites blessures en pleine cicatrisation. Des entailles aux bras plus ou moins profondes, des phalanges abîmées, des traces de lutte datant de plusieurs jours. La régénération de Slade Wilson lui permettait de cicatriser très vite, assez pour ne pas avoir ce genre de marque sur le corps.

« Je suis malade, Palmer. Mon corps ne se régénère plus. Je sollicite ton aide pour régler cette histoire et, s’il te vient l’idée de sortir une blague sur mon âge avancée, sache que j’ai gardé ma force physique et que je ne suis pas d’humeur à ce type de blague. Je veux du concret. »

_____Slade faisait preuve d’un culot immense, se rendre au travail de son ennemi pour plus ou moins lui ordonner de lui venir en aide. Rajouter à cela cet air sérieux et fermé qu’il n’avait pas lâché depuis son arrivée à Ivy Town. S’il avait fait tout ce chemin, ce n’était pas pour plaisanter. Pendant que Ray était en train de guider le visiteur imprévu dans les couloirs de l’université, Slade avait glissé sa main dans sa veste pour en sortir une petite gourde. Dans cette dernière, une bonne dose de whisky, une réserve pour préserver son alcoolisme. Il dévissa le bouchon pour prendre deux bonnes gorgées sans faire preuve d’une grande discrétion.

Malgré son caractère bien trempé, l’ancien mercenaire avait expliqué la situation à son allié d’un jour. Il s’était simplement contenté de faire un bref résumé de ce qui l’avait emmené jusqu’ici. Malheureusement, il était difficile de détruire la carapace que s’était forgé Slade Wilson en devenant Deathstroke. Il avait fait beaucoup d’erreur en portant ce masque, des erreurs que Ray lui avait répétées, juste après la réponse de Slade. Il avait fait beaucoup de mal à ce professeur, tuant Ryan Choi. Ce qu’il éprouvait lorsque Ray avait ressorti les vieux dossiers ? Impossible à déterminer derrière cette puissante façade.
Le professeur avait toutes les raisons du monde de refuser. Le simple fait d’avoir simplement sauver sa vie, une fois, n’effaçait pas les nombreuses erreurs qu’avait commis Slade tout au long de sa carrière. Il aurait très bien pu comprendre le refus de cet homme mais aurait-il fait tout ce chemin en sachant qu’il y avait une forte probabilité qu’il refuse ?

Le cœur de Ray était trop bon pour Slade Wilson. Ce dernier était resté muet, laissant son ami en pleine réflexion jusqu’à ce qu’il cède. Il continuait de suivre le professeur jusqu’à une porte, dissimulée dans la pénombre, à l’abris des regards. Derrière cette porte, un laboratoire de dernière génération. L’ancien mercenaire avait à peine eu le temps d’observer les alentours qu’on lui ordonnait déjà de s’installer sur le lit au milieu de la salle pour se préparer à subir quelques examens médicaux.
Pendant que le vieil homme était en train de se dévêtir en commençant par le haut, ce dernier repensait au discours de Ray. Il s’était arrêté quelques secondes sur la partie où Deathstroke avait travaillé pour un régime fasciste. Il était resté muet pour laisser son interlocuteur réfléchir, il ne s’était pas défendu mais dans sa tête, la discussion n’était pas close.

« Je suis beaucoup de chose, Palmer, mais pas un fasciste. » affirma l’ancien mercenaire désormais dépourvu de t-shirt. « J’ai travaillé pour Degaton parce que j’étais le seul profil susceptible de gagner sa confiance. Je n’avais aucune envie d’accepter son offre au début. Nous avons accordé une alliance avec notre ancien Président. Je servais d’agent double et j’ai été démasqué. J’ai payé le prix fort en épargnant la vie de quelqu’un. Ne commence pas à jouer les psychologues, je vais très bien. Je veux que juste que tu me soignes. »

Ray avait plus ou moins réussit à soutirer quelques informations supplémentaires. La carapace de Slade était épaisse et il n’avait nullement envie de parler de ses sentiments, de ce qu’il avait ressenti lorsque Degaton l’avait de beaucoup de chose, plus que ce qu’il ne veut en dire. Toutefois, le professeur était parvenu à créer quelques failles dans la carapace psychologique de Slade. Peut-être qu’en insistant davantage, il pourrait obtenir plus de la part d’un vieil homme brisé, seulement animé par une colère qu’il pointait sur Degaton mais aussi sur lui-même. Machinalement, Slade s’installa sur le lit au milieu de la pièce et observa le plafond qui semblait le pousser à interrompre ce lourd silence.

« Degaton m’avait convoqué pour une de ses réceptions à la con. Il avait convaincu un double de mon passé de m’empoissonner, sans qu’il n’en sache quoi que se soit. Il n’a pas souhaité me tuer, il a décidé de me faire plus de mal en me privant de mes pouvoirs... » sa phrase n’était pas terminée mais sa voix s’était immédiatement crispée, semblant vouloir l’arrêter avant qu’il n’en dise trop et il n’en rajoutera pas plus.

_____L’ancien mercenaire s’était installé sur la machine sans trop poser de question sur cette dernière. Elle permettait probablement de réaliser diverses analyses. Ray avait visé juste, Slade Wilson n’aurait jamais sollicité son aide s’il se portait aussi bien qu’il le disait. Ce dernier s’était contenté de grogner en guise de réponse, un grognement inaudible à la distance où se trouvait le professeur en train de régler les différents appareils présents dans la pièce.
Même après avoir expliqué à Ray les vraies raisons qui l’avaient poussé à rejoindre les rangs de Degaton, ce dernier semblait encore avoir des difficultés à le croire. Est-ce que Slade pouvait le blâmer pour ça ? Pas vraiment. Deathstroke était un manipulateur et le mensonge faisait partie de ces glorieuses compétences. Il pouvait très bien avoir inventer toute cette histoire pour assurer à Ray Palmer que l’aider était la meilleure chose à faire. Il aurait très bien pu le faire mais le cœur n’y était pas.

En essayant de repenser au scénario de Slade, Ray avait fini par se perdre dans ces pensées pour finalement partir sur un débat presque philosophique qui intrigua l’ancien mercenaire. A ce moment-là, il avait légèrement redressé sa nuque pour venir observer le professeur en train de se perdre dans ses paroles. Le vieil homme fronça légèrement les sourcils en laissant son interlocuteur parler jusqu’à ce qu’il se rende lui-même compte qu’il venait de divaguer. Il s’excusa presque de cette déconcentration alors que Slade était resté muet

« T’es sûr que ça va ? Parce que là, c’est peut-être toi qui as besoin d’aller consulter un psychologue. » Il haussa les épaules à son tour. « Ne compte pas sur moi pour perdre mon temps à écouter les malheurs de ta misérable existence. » marmonna-t-il.

Ce comportement presque désagréable faisait partie de la carapace de Deathstroke. Il ne mesurait jamais ces paroles et ces dernières étaient loin de refléter ce qu’il pouvait ressentir au fond de lui. Pourtant, il finit par comprendre, assez tard, qu’il avait prononcé des mots trop durs. Malgré leur passif, cet homme avait accepté de lui venir en aide et il le traitait presque comme un chien. Si Slade ne voulait pas se faire renvoyer à coup de pied au cul, il devait se forcer à faire quelques efforts en commençant par mesurer ces paroles qui ne sont pas les siennes. Il avala une bouffée d’air avant de chercher un moyen de changer de sujet.

« Ce que je t’ai dit à la prison, ce n’étaient pas des paroles en l’air. Je pensais être prêt à devenir une autre personne. Travailler pour Degaton en tant qu’agent infiltré devait faire partie de cette pseudo rédemption que l’on m’a imposée. J’ai tout foutu en l’air, mon arrogance a tout détruit et j’en paye le prix, maintenant. » Il tenta de se redresser pour essayer de croiser le regard de Ray mais la machine était déjà en route, le forçant à rester tranquille pour ne pas se prendre une aiguille dans son dernier œil valide. « Si j’avais réellement voulu bosser pour ce type, tu penses vraiment que j’aurais laissé mon fils entre ces mains ? » Il marqua un temps de pause, presque hésitant de l’admettre à voix haute. « J’ai tout fait foirer et j’ai entrainé ce gamin dans ma chute. J’ai détruit sa vie. »

Ce n’était plus la carapace de l’ancien soldat qui parlait mais bien Slade Wilson, père de famille, en colère envers les personnes qui lui avaient causé du tort mais aussi envers lui-même. Au fond de lui, il sait qu’il est tristement responsable de ce qui lui était arrivé mais c’était une chose qu’il refusait d’admettre jusqu’à maintenant, au fond du gouffre.

« Ma régénération me rendait insensible à certains poisons. Le poison se trouvait dans un verre que j’ai bu. Je ressens toute la douleur, les courbatures de mes muscles fragilisés, la moindre petite entaille. J’ai l’impression d’avoir pris quarante ans de plus en quelques jours. Mes blessures cicatrisent mal, le moindre mouvement me fait souffrir. » Il laissa la machine réaliser ces nombreux prélèvements, même si le manque de délicatesse de cette dernière l’agaçait. « T'as peut-être raison. Peut-être que quelqu'un a décidé que je ferais tout foiré, quoi que j'entreprenne. C'est ce qu'il veut que je sois. » marmonna Slade.

_____Le mercenaire essayait de faire bonne figure, droit comme un « i », allongé sur le matelas peu confortable de cette machine réalisant diverse prélèvement plus ou moins agréable à supporter. Slade serrait les dents, essayant de retenir cette pulsion agressive qui l’animait. S’il ne faisait pas preuve d’un minimum de self control, il aurait déjà explosé les bras robotiques de cette machine avant même qu’elle est eue le temps de quoi que se soit. En retirant la régénération du meilleur des assassins, la personne qui était parvenu à faire ça avait toucher ce qui rendait Deathstroke si invulnérable. Se voir retirer un tel don était une punition bien plus douloureuse que la mort.

« Je vois ce que tu veux dire. » retorqua Slade en pleine réflexion, son œil se baladait dans tous les sens pour surveiller les nombreux bras qui étaient en train de l’ausculter. « Et je ne laisserais pas cela impuni. » grommela-t-il.

Il ne pouvait pas dire que le priver de cette régénération ne s’était pas montré efficace. Slade s’était complètement métamorphosé, passant d’un guerrier féroce au code moral sans faille à un homme brisé qui se terre loin de la civilisation pour se faire oublier et s’oublier lui-même à coup de boisson alcoolisé. Le vieil homme avait fait exactement ce qu’on attendait de lui et il ne s’était rendu compte de rien, du moins jusqu’à aujourd’hui.
Doucement, il s’était redressé, focalisé sur les premières explications que pouvaient lui donner Ray Palmer. Ce poison continuait à le consumer, même au bout de plusieurs mois. Il était voué à se multiplier sans fin pour combattre à jamais l’organisme de Slade, le rendre faible et vulnérable. Si Wintergreen s’était trouvé à Ivy Town, il aurait surement rajouté une mauvaise blague suggérant le début d’arthrose de Deathstroke pour justifier le mal qu’il pouvait ressentir. Pas sûr que cette blague aurait été apprécié par le principal concerné.

Pendant que le vieil homme était en train de se revêtir, le professeur émit une hypothèse au sujet du créateur de ce poison, presque personnalisé. Après s’être habillé, il avait laissé quelques secondes de silence pour s’accorder un temps de réflexion. Deathstroke avait beaucoup d’ennemi et son identité secrète n’était plus d’actualités. Il pouvait accuser beaucoup de monde, mais il n’avait de preuve pour aucun d’entre eux.

« J’ignore où est-ce qu’il a pu trouver tout ça. » affirma Slade avant de détourner le regard vers le professeur. « Mais je sais que c’est lui, Degaton, qui m’a fait ça. Il était là, en face de moi. Il me narguait pendant que je… »

La dernière question que lui avait posé Ray l’avait coupé en plein élan. Il baissa doucement son œil. Bien sûr, il savait ce qu’il avait fait mais c’était encore difficile pour lui de l’admettre, de mettre des mots sur des actes qui le dégoutait au plus haut point. Il prit une grande inspiration avant de trouver ces mots.

« Je savais ce qu’il lui était arrivé. Degaton a soutiré les informations de la dernière personne qui a croisé le chemin de mon fils, un magicien, un homme que je lui avais personnellement livré. J’aurais pu épargner cet homme mais j’avais des comptes à rendre et une confiance à gagner. Degaton ne s’est pas privé pour se vanter de sa victoire. Je savais qu’il était en danger. » Un ange passa. « Et je n’ai rien fait. » Il croisa les bras. « J’ai tout foiré avec mon premier né, j’ai handicapé le second. A la mort de Grant, j’ai tout fait pour que Rose ne suive pas le même chemin que moi, je me suis éloigné de mon fils. J’espérais qu’en faisait cela, je les protégerais de mon ombre, tous les deux. » Il reprit son souffle, ces mots sont lourds à porter. « Chaque décision que j’entreprends pour mes proches est voué à faire plus de mal qu’autre chose. Voilà ce qu’il se passe, Palmer. Je suis une calamité et je refusais de l’admettre. » Sa gourde était déjà entre ces mains, le bouchon ouvert, prêt à se noyer dans un breuvage alcoolisé. « …jusqu’à maintenant. » dit-il avant de terminer la bouteille.

_____Il est rare d’entendre Deathstroke prononcés des mots aussi juste et humain. Pour Ray, cette scène était irréelle, il n’avait jamais entendu Slade Wilson parler, la vraie personne, celle qui ne se cachait pas derrière un masque bicolore. L’alcool qu’il ingurgitait régulièrement aidait à détruire cette carapace qui avait forgé sa réputation de meilleur assassin du monde. Après la question de Ray, encore troublé par ce qu’il venait d’entendre, Slade se tourna machinalement vers lui avec un air presque blasé par la réaction de son partenaire.

Après s’être excusé d’avoir divaguer, le mercenaire détourna de nouveau le regard pour observer au loin, sa mixture magique toujours entre les mains. Il tenta d’en avaler une nouvelle gorgée, en oubliant qu’il en avait déjà vider le contenu. Il avait mis quelques secondes avant de comprendre cela et de laisser échapper un grognement de rage, une grimace. D’habitude, c’était plutôt Wintergreen qui s’amusait à jouer les intermédiaires, à interpréter les paroles parfois trop crues, de Slade Wilson. Aujourd’hui, il n’était pas là pour jouer les traducteurs et l’ancien soldat devait alors faire quelques efforts pour paraître moins rigide qu’il le fait paraître.

« Joseph est en sécurité. » affirma Joseph. « J’ignore où il se trouve mais il est ici, aux Etats-Unis. Je sais qu’il a des amis qui veille sur lui. Tant que Waller ne met pas la main sur lui, je préfère m’éloigner de lui, pour sa propre sécurité. » Il se tourna vers Palmer. « Si tu croises son chemin, j’aimerais avoir des nouvelles. »

Mais avant de penser à tout cela, il devait d’abord s’occuper de lui et de ce mal qui continuait de le ronger. Slade laissa le professeur commencer à émettre quelques hypothèses concernant l’empoisonneur qu’avait engagé le leader de l’Europe pour arriver à ses fins. Pour comprendre qui avait pu commettre cet acte. Le professeur lui proposait de remonter aux origines de ses pouvoirs, à l’époque où Slade Wilson était un jeune marié, lorsque Grant n’était encore qu’un nourrisson. Un souvenir lointain qui réveillait chez Slade, un sentiment de nostalgie. Il aurait probablement remué ciel et terre pour faire machine arrière, pour reproduire les mêmes erreurs, il le sait. En quelques secondes, l’ancien mercenaire s’était déjà perdu dans le vide, en pleine réflexion.

« J’étais un simple soldat à l’époque, pourtant pas l’un des meilleurs. J’ai accepté de faire partie des quelques cobayes pour un test, un sérum censé booster les capacités physiques d’un soldat. Nous étions sept à participer et j’ai été le seul survivant. Le sérum n’a pas eu les effets souhaités par les scientifiques. Ils ont très vite abandonné leur projet et ils m’ont laissé crever. » Un ange passa. « J’ai appris plus tard que ce sérum avait réveillé mon métagène ou je ne sais quoi. Ce sérum n’a fait que réveiller ces nombreux dons. »

Bien évidemment, si un sérum avait été capable de réveiller son métagène et ses nombreux dons, il était probablement possible de les endormir de nouveau. Pour l’heure, cela ne semblait pas être le cas. Le parasite qui forçait le pouvoir régénérateur de Slade à se battre indéfiniment. Après quelques secondes de silence, à se remémorer des souvenirs lointains, un détail attira son attention.

« Quand je suis devenu Deathstroke, Wintergreen m’a mis en contact avec quelqu’un qui est devenu le médecin traitement de la famille. Arthur Villain travaillait pour la société d’Adeline, il possède de nombreuses données concernant ma santé, mon organisme. Il s’est occupé de mes enfants, de Joseph quand ces pouvoirs se sont manifestés, de Rose aussi. Il possède de nombreuses données sur ma famille. » Un ange passa, la fureur commençait à gronder et les conclusions de Slade sont soudaines et surement trop hâtives. « Putain, je vais lui faire la peau à ce connard. »

_____Le sang de Slade n’avait fait qu’un tour. Les seules personnes qui avaient accès à autant de connaissances concernant les origines des pouvoirs de Deathstroke et leur fonctionnement. Un seul nom avait retenu l’attention du vieil homme provoquant une soudaine rage. Cette dernière avait probablement chassé les quelques pensées humaines qu’il pouvait encore avoir. Lorsque Ray avait suggéré l’idée d’un deuxième coupable, le cerveau de Slade n’avait plus qu’un seul objectif, trouver un nom.
Arthur Villain, il n’avait pas besoin de chercher davantage de preuves pour trouver un coupable. Il était devenu son médecin traitant, celui qui réparait les plaies les plus graves, celle qui ne se régénère pas aussi vite. Son casier judiciaire n’était pas clean non plus, selon les rumeurs. Slade n’avait que faire de l’histoire de son médecin, tant que ce dernier s’avait recoudre et stériliser une plaie. Il ne savait quelles auraient été les raisons qui auraient poussé Arthur à vendre ses informations et ses compétences au plus offrant. En agissant ainsi, il savait qu’il risquerait de s’attirer les foudres de Slade et personne n’avait envie d’avoir cet homme enragé sur le dos.

« Arthur Villain, son nom est français, imprononçable. » commenta Slade avant de lever les yeux vers Ray qui avait sèchement répondu aux marmonnements du vieil homme jurant qu’il étriperait cet homme. « Ou pas ? J’aurais toutes les raisons du monde d’étriper ce bon à rien. »

Slade avait rapidement oublié que son accusation envers Arthur n’était fondée que sur des coïncidences et des suppositions. Pendant que Ray perdait son temps à se moquer de ce nom de famille imprononçable pour des anglophones, l’ancien soldat était déjà en train de remuer sa mémoire pour retrouver cet individu. Qu’avait-il pu bien pu faire après le décès de son ex-femme, Adeline ? Il s’était perdu dans ses pensées, le regard plongé dans un vide profond avant d’être interrompu par son partenaire qui lui posait une question hors-sujet et cinématographique.

« Tu me prends pour un vieil con, Ray ? » Il haussa les épaules. « Bien sûr que je connais. Ce film est surcoté. »

Le professeur finit par faire comprendre à Slade qu’il ne devait pas laisser sa colère l’emporter une énième fois. Il tenait au moins à l’interroger avant que le vieil homme ne fasse parler sa rage. Pour retrouver leur principal succès, Ray disposait de ressources et d’alliés beaucoup plus importants que Slade à présent. Malheureusement, il finit par poser la question qui fâche, concernant les anciens adversaires de Deathstroke, les Titans. Cette histoire avec cette équipe de jeunes héros datait et même si le mercenaire affirmait avoir changer, les vieilles rancunes pouvaient ressurgir.
Il avait fait un trait, il y a des années, à cette vieille vengeance. Détruire la vie de ces gens ne lui aurait pas rendu ce qu’on lui avait pris.

« Si tu essayes de me demander ce que j’en pense de travailler avec Cyborg, je te répondrais que tant que j’ai des réponses à mes questions, cela ne m’importe peu. » Il glissa son dernier œil valide vers Ray. « Je doute que ça soit le cas pour lui, les rancœurs ont la vie dure. Tu peux toujours lui faire croire que c’est pour Jericho, que tu as besoin de ces informations. »

Ray Palmer semblait avoir quelques plans pour les jeunes héros, une chose qui aurait déplu à Slade, à une époque. Faire partie de cette équipe de jeune Titans, avait couté la vie à Joseph Wilson. Maintenant, il avait grandi et prouver plus d’une fois qu’il était plus courageux et fort qu’il n’y paraissait. Même si Slade gardait un œil paternel sur lui, il ne l’empêchera pas de suivre sa propre voie

« Si tu cherches à prendre contact avec Joseph, tu peux te tourner vers Ted Kord. Je sais que Joey lui a rendu visite et qu’il lui a confié un téléphone dernier cri pour communiquer. Peut-être que ce cher Ted sera plus généreux avec toi et que tu réussiras à obtenir son numéro de téléphone. » Il leva les épaules, comme si le fait d’être éloigner de ses enfants ne lui faisaient rien, bien au contraire. « Sort toi l’idée de la tête de former une équipe de jeunes héros où je me mettrais en travers de ta route. » lança-t-il froidement, probablement un sarcasme, une blague de Slade Wilson à l’humour douteuse.

_____La mauvaise blague du mercenaire était très mal passé et il ne pouvait pas blâmer Ray pour l’avoir mal pris. Son ton était glacial et distant, loin de ce qu’on pouvait attendre chez quelqu’un qui s’apprêtait à faire une mauvaise blague. L’ancien mercenaire laissa son partenaire exprimé sa colère sans intervenir. Il s’était assis sur la table qui l’avait précédemment ausculté, les bras croisés. Le vieil homme s’était laissé quelques secondes de silence avant de reprendre.

« Rassure-toi Palmer, je n’ai pas l’intention de te mettre des bâtons dans les roues, ni de te tuer. J’ai passé l’âge de courir derrière des groupes de jeunes héros. C’était probablement la plaisanterie de trop. » Rétorqua-t-il sans exprimer la moindre émotion suscitant le regret, seulement une voix calme, presque blasé. « Traquer des gamins ne m’a jamais rendu ce que j’ai perdu. Je ne vais pas perdre mon temps à courir derrière les équipes que tu formes, surtout si mon temps est précieux »

Les rancœurs inutiles appartiennent à une époque révolue, aux yeux de Slade Wilson. Loin de lui l’idée de détruire tout ce que Ray Palmer entreprenait, surtout si ce dernier arrivait à le guérir du mal qui le ronge. Il n’aurait aucune raison justifiée de s’en prendre à lui et de lui mettre des bâtons dans les roues. Le professeur avait raison sur toute la ligne, il n’était plus le puissant guerrier qui lui avait forgé sa réputation mondiale.
Malheureusement pour le mercenaire, Ray avait été beaucoup plus rapide que prévue pour récupérer les nouvelles coordonnées de son fils, Joseph. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il aille aussi loin et qu’il cherche à mettre en contact le père et le fils aussi rapidement. Slade se lève d’un bond, son dernier œil valide fusillait le regard du professeur qui laissait échapper un sourire presque amusé, fier de sa mauvaise blague.

« Quoi ? Attends, qu’est-ce que tu fais ? » grogna Slade avant d’avancer, d’un pas si énergique qu’on pourrait penser qu’il était sur le point d’envoyer tout le poids de son corps dans l’abdomen de Ray pour se venger. « Arrête ça, ce n’est PAS LE MOMENT. » ordonna-t-il.

Mais il était trop tard. Ray avait déjà été démarrer la communication et activer le haut-parleur. Une chose est certaine, Slade n’était pas prêt pour revenir vers son fils, pas après tout le mal qu’il avait fait en le laissant entre les mains de Degaton. Il ne voulait pas imaginer les sévices et les traitements qu’on lui avait fait subir. Il n’avait pas encore trouvé les mots pour essayer de se justifier.

« Allo ? » La voix de Joseph Wilson, une voix artificielle capable de retranscrire ses pensées grâce à la technologie de Kord, celle qu’il aurait eu si son père ne s’était pas aussi borné. « Il y a quelqu’un ? »

Slade ne parvenait pas à dire un mot. En quelques secondes, Ray Palmer était parvenu à rendre le père de famille complètement muet. Pourtant, ce dernier ne manquait pas de toujours fusiller le professeur du regard avec des gestes, lui ordonnant de raccrocher au nez de Joseph. Malheureusement, il n’en fera probablement rien et le jeune homme a seulement le droit à un bruit de fond en guise de réponse.

« C’est moi, Joseph, c’est ton père. » un reflex paternel, plus qu’une envie de répondre à cette conversation téléphonique. Suite à cette réponse, c’est au tour de Joseph d’installer un silence presque malaisant avant de reprendre.

« Il n’y a pas de Joseph, ici. Qui que vous soyez, il y a erreur sur la personne. » mentait-il sèchement. La technologie qu’on lui avait donnée lui permettait de changer de voix autant qu’il le souhaitait. Il était facile pour lui, de se faire passer pour quelqu’un d’autre derrière le téléphone. Encore quelques secondes et il raccrochera au nez de Slade qui n’attendait probablement que ça.

_____La conversation était glacial et elle aurait pu s’écourter radicalement si Ray n’était pas intervenu. Slade ne s’était pas interposé au rejet de son fils, il était justifié. Joey aurait pu raccrocher, mais il fut pris de court par le professeur qui avait rapidement attiré l’attention du jeune homme en lançant des informations importantes. C’est probablement ces informations qui avaient permis aux deux hommes de garder le contact avec Joseph. Après cette série de nom de code que seul les membres des Titan, et peut-être certains de leurs ennemis, pouvaient comprendre, Joey était resté muet.

« Je… je… » il semblait avoir perdu sa voix sèche et froide pour se retrouver complètement perdu. Ce n’était pas son père qu’il venait d’avoir au bout du fil. Que faisait cet homme en compagnie du plus grand assassin du monde. « Je ne sais pas quoi dire. »

Il avait laissé Ray s’expliquer et prendre le dessus de la conversation. De son côté, légèrement écarté de la discussion, Slade Wilson s’était éloigné de son partenaire pour retourner s’installer sur son tabouret improvisé, les bras croisés. En plus de jouer les médecins, il semblerait que l’ancien héros est une soudaine envie de jouer les assistants sociaux, essayant de réconcilier le père et le fils d’une situation très particulière. Malheureusement, il allait rapidement se rendre compte que la situation était beaucoup plus compliquée qu’elle n’y paraissait.

« Ma mémoire est encore faillible, mais je vous connais Monsieur Palmer. » la voix synthétique de Joseph, mais réaliste, était revenu à la normale. Cette voix se voulait beaucoup plus calme et agréable avec le professeur derrière le téléphone. « Ravi d’entendre que vous allez bien et que vous semblez bien accompagné en plus de cela. » une petite once de moquerie, presque amicale à travers ces dernières paroles. « C’est gentil de votre part de vous inquiétez de la situation familiale foireuse des Wilson. Il ne vous a surement pas raconté toute l’histoire et je n’ai pas envie de laver mon linge sale en public. » Un ange passa. « Il ne s’est pourtant pas inquiéter quand il m’a laissé crever là-bas. »

« Ce n’est pas ce qu’il s’est passé, Joey. » Slade avait décidé d’intervenir pour tenter d’expliquer la situation. « Ne sois pas stupide et réfléchit cinq minutes. Tu crois que je suis assez fou pour t’avoir volontairement laissé avec ces chiens ? On m’a forcé à battre en retraite. »

« C’est bon, je les connais tes excuses. Si tu savais vraiment ce que j’ai vécu là-bas, tu ne serais pas resté à te morfondre sur ton triste sort. » la colère commençait à prendre le dessus sur le jeune garçon.

« Bon sang, arrête de faire le bébé cinq minutes Joseph et écoute-moi. Degaton t’a manipulé. Il s’est vengé de ma trahison sur toi, j’en ai conscience et je ne laisserais pas cela impuni. »

« Qu’est ce que tu vas faire ? Tuer tout ce que tu croises sur ton chemin ? Et tu crois que ça va réparer tout le mal ? Non, ce n’est pas aussi simple. Tu n’as pas vraiment changé. Tu fais juste cela pour caresser Ray dans le sens du poil, pour qu’il te soigne. Mais moi, je te connais, Papa. »

« Non, tu ne comprends pas. T’es aussi borné que ta mère. Où es-tu ? Je viens te che… »

« Je suis en sureté, inutile de menacer Ray pour le forcer à localiser cet appel, il ne me trouvera pas. Merci de t’inquiéter de cela, bien tard, Papa. » rétorqua sèchement le jeune homme. « Je suis désolé, Professeur Palmer, vous avez besoin que je vous sauve des griffes de mon père ou vous souhaitez me demander autre chose ? »

_____La famille était encore loin de l’entente. Entre la colère de Joseph Wilson et les paroles crus, presque dégradante de son père, les deux hommes ne parvenaient pas à trouver un terrain d’entente. Slade jouait les pères protecteurs, cherchant à savoir où se trouvait son fils, sans avoir le droit à une réponse convenable. Le jeune héros était resté fermé avec lui, malgré la présence de Palmer.
Finalement, le professeur avait opté pour une autre solution pour tenter de briser la glace entre le père et le fils. Il finit par lui raconter une histoire, son histoire de famille pour essayer de calmer cette colère que Joseph pouvait avoir envers son paternel, même si elle était justifiée. Ce dernier semblait tout de même attentif à l’histoire touchante de Ray. Même Slade Wilson, le solide gaillard que personne ne pouvait briser psychologiquement, semblait également très attentif.

Les deux hommes ont laissé Ray raconter son histoire, sans chercher à l’interrompre. Slade n’a jamais été proche de son géniteur. Il avait fui le domicile familial très jeune en rejoignant l’armée après avoir menti sur son âge. Il n’avait jamais recherché à reprendre contact avec ses parents. Sa mère était décédée lorsqu’il n’était qu’un enfant et son père n’a jamais été tendre avec lui. C’est probablement l’une des raisons qui faisait de Slade Wilson, un homme glacial envers ses enfants. Il n’avait jamais su comment leur montrer son affection envers ses enfants. Malheureusement, il est peut-être un peu tard pour tout rattraper.

« Ton histoire est touchante, Ray. » démarra le jeune homme pour casser ce silence qui commençait à légèrement peser. « Honnêtement, je ne sais vraiment pas ce qui peut te pousser à accorder autant de temps à mon père. Je sais qu’il t’a fait énormément de mal et… je n’ai pas l’impression qu’il mérite tout ça. » Joey laissa échapper un soupir audible. « Toutefois, il reste mon père, je ne peux pas le renier, même si je le voulais. Je suis probablement trop bon trop cons mais, je serais toujours là pour lui. Je suis juste… je suis toujours en colère contre lui, pour le mal qu’on m’a fait et pour ce que j’ai enduré. C’est encore trop frais, tu peux le comprendre, Ray… »

Le petit discours de Joseph semblait avoir touché le cœur de pierre de son paternel. Derrière ce visage glacial et fermé, se trouvait un homme avec des émotions, un homme qui était fier de son fils, de ce qu’il était devenu. Il ne lui ressemblait pas, il ne ressemblait pas à Grant non plus, il était différent. Il ne s’attendait pas à des excuses, se serait trop facile et il ne les méritait pas vraiment. Sous son dernier œil valide, le professeur pouvait voir une triste expression sur celui-ci.

« Je… je ne peux pas lui donner mes coordonnées. Ce n’est pas contre lui mais… J’ai peur que cela se retourne contre lui. Tu sais, Papa a beaucoup d’ennemis et… j’en côtoie pas mal en ce moment. »

« Qui ? Où est-ce que tu te caches, Joseph ? » c’est son instinct paternel qui parlait et qui décida d’interrompre le jeune homme. Cette question, demandée pour la seconde fois, semblait le torturer. Le fait d’apprendre que Joey était peut-être entre de mauvaises mains le rendait malade.

« Arrête de jouer les protecteurs deux minutes. » la voix de Joey semblait presque blasée, à croire que son père ne voulait pas l’écouter. « Je t’ai dit que j’allais bien. Je suis assez grand pour savoir qui je dois côtoyer ou non. Personne ne me fera pas de mal ici. Je suis à l’abris et loin des autorités. C’est tout ce que tu dois savoir, Papa. »

« Soit » souffla Slade. Il n’en tirera pas plus mais il espérait bien savoir, d’une autre manière, bien moins éthique mais nécessaire. « J’accepte ton choix. » mentit l’ancien mercenaire.

_____Malgré la micro évolution positive de la relation père/fils des Wilson, Joey s’était fermé à un possible contact. Pour une raison complètement obscure, il avait interdit à Ray de donner ces coordonnées à Slade. Ce dernier voulait comprendre ce qu’il pouvait bien se passer, même si Joseph avait affirmé plusieurs fois ne pas être en danger, le vieil homme était persuadé du contraire. Par reflex, il jeta un coup d’œil en direction de Ray qui semblait essayé de camoufler cette tristesse sur son visage. Malheureusement, l’ancien militaire l’avait remarqué. Son œil ne se détachait pas du professeur. Il n’avait pas besoin de chercher plus loin pour comprendre d’où venait cette tristesse et il n’aura pas le temps d’en parler.
En effet, lorsque Ray avait affirmé à son fils cadet qu’il ne lui transmettrait pas ces coordonnées, Slade fut envahit par une colère soudaine, presque incontrôlable. Pour éviter de s’emporter et prendre sur lui, il avait serré les poings, manquant de déformer le métal de la machine qui l’avait précédemment analysé avec sa force surhumaine qu’il n’avait pas perdu.

« Bien sûr Ray. Si tu as besoin de quoi que se soit, tu peux me joindre quand tu veux. N’hésite pas à m’appeler si tu te lasses de ton tortionnaire ! » lança Joey avec humour, des paroles qui ne faisait qu’accroître la colère de son père.

Inconsciemment, en voulant canaliser cette colère, Slade était en train de fusiller Ray Palmer du regard. Il semblait soudainement éprouver de la rancœur envers lui. Ce dernier avait réussi à garder les coordonnées de son fils et les gardait égoïstement pour lui. Pour le vieil homme, c’était comme lui arracher son enfant. C’était lui qui aurait dû avoir cela, revoir son fils, communiquer avec lui, lui faire comprendre qu’il n’avait jamais voulu que Degaton lui mette la main dessus et qu’il lui ferait payer, tôt ou tard. Il n’était pas aussi naïf pour croire que Joseph allait lui sauter dans les bras, mais il espérait ne pas voir Ray obtenir ce privilège qu’il n’avait pas obtenu.

Lorsque Ray clôtura l’appel, Slade prit conscience que son regard mauvais était beaucoup plus intense que prévu. Il ferma les yeux pour essayer de chasser cette mauvaise pensée, maintenant que Joseph avait raccroché. Il se redressa doucement pour se rapprocher de Palmer. Malgré la rancœur disparue, l’ancien mercenaire avait toujours un mauvais pressentiment.

« Peu importe, j’ai besoin que tu localises cet appel. Tu as bien des gadgets pour faire cela, même après avoir raccroché, n’est-ce pas ? » rétorqua le mercenaire, inventant une technologie qui n’existait probablement pas par déni. « Je veux savoir avec qui il se trouve, si cette personne est fiable. Tu ne sais pas combien d’ennemis sont capables d’approcher mes enfants pour me nuire. » Il semblait déterminer. « J’ai besoin de savoir. »

Ray tenait à changer de discussion et se concentrer sur la vraie raison de la venue de Slade, ce mal qui le rongeait de l’intérieur et qui allait peut-être lui être fatal. Il n’avait pas forcement tort et le vieil homme n’avait pas cherché à insister davantage sur le mystère autour de Jericho. Peut-être à contre-cœur, il accepta de se concentrer sur le vif du sujet et de revenir sur Arthur Villain.

« Cyborg ne t’a pas relancé là-dessus ? Ok, ça fait peut-être vingt minutes que tu l’as sollicité mais… c’est une machine, il devrait le localiser vite, nan ? » Il haussa les épaules. « Ce que je compte faire avec lui ? Lui faire cracher le morceau, d’une manière ou d’une autre. Si j’apprends qu’il est lié de près ou de loin à cet empoisonnement, cela veut dire qu’il a balancé des infos sur mes enfants aussi. Je ne peux pas laisser passer cela, Palmer. » Il croisa les bras, son œil semblait rempli de détermination. Même si Slade était sincère dans sa volonté de devenir un homme meilleur, sa rancœur était plus grande. « Je ne t’empêcherais pas d’emboiter mon pas mais, si mes théories s’avéraient vrais, je t’interdis de te mettre en travers de ma route. J’ai besoin qu’il palie pour ce qu’il a fait » Il redressa la tête. « C’est à prendre ou à laisser. » il marqua un temps de pause. « Joseph a pu savoir où est parti Arthur à la mort de sa mère mais je ne veux pas le mettre dans la confidence. Il n'a pas besoin de savoir que son médecin est un vendu. »