[5ML] « Corruption Mentale » ft. Per Degaton

_____J’ai ouvert les yeux en sentant tout mon corps courbaturé après une lutte violente. Tout s’était enchainé tellement vite, on ne m’avait pas donné le temps de reprendre mon souffle. A ce moment-là, je n’avais pas encore compris dans quel enfer j’ai atterri. J’ai enchainé les séances d’électrochoc, les drogues hallucinogènes, les propagandes, tout ce qu’il fallait pour retourner un esprit et me griller les neurones. Je n’avais que très peu de moment de répit qu’on m’accordait uniquement lorsque mon corps répondait par de dangereuses crises. En plus de subir de la violence psychologique et physique, on avait, inconsciemment ou non, stopper mon traitement neuroleptique qui m’était devenu indispensable pour vivre. Tout mon corps tremblait, mes muscles se contractaient, je perdais complètement le contrôle sur mes émotions et sur mon corps. S’ils cherchaient à me briser, ils étaient sur la bonne voie.
Les séances de torture me provoquaient des migraines si intense que je ne pouvais plus tenir sur mes jambes sans souffrir. Mes gestes étaient lents pour limiter mes maux. Les jours suivant, j’ai commencé à entendre des voix, étrangères, inhumaines, la douce voix d’une femme faisant l’éloge du régime de Degaton et parfois celle de mes tortionnaires se mêlaient à ce brouhaha incompréhensif et insupportable. Dans ces moments de détresse absolue, j’ai eu le droit à un ange gardien rongé par la culpabilité qui essayait d’apaiser mes maux. Elle m’apportait ce qu’on refusait de me donner, des antidouleurs. Ils ne supprimaient pas tous les effets secondaires mais ils m’aidaient à tenir le coup un peu plus longtemps.

En perdant rapidement toute notion du temps, incapable de communiquer, même avec mes tortionnaires, j’ai essayé plusieurs fois d’appeler cet être qui était coincé dans mon esprit, sans succès. Il avait essayé de nombreuses fois de prendre le contrôle de mon corps et, depuis mon violent sevrage, il n’avait jamais cherché à faire quoi que ce soit. Il était resté à l’écart, tout au fond de ma psyché, attendant que les choses se calment. Je l’ai appelé, je l’ai même supplié plus d’une fois pour qu’il m’aide à trouver une solution, sans succès. Je ne pouvais pas rester plus longtemps ici.
Il limitait nos échanges, il jouait les lâches, comme s’il craignait quelque chose. J’ai essayé plusieurs fois de lui faire cracher le morceau, de comprendre ce qui l’effrayait autant. Il avait sa petite fierté, il était resté muet, à chaque fois. J’ai compris, bien trop tard, que c’était Anton Arcane, l’homme qui supervisait mes séances de torture, qui l’impressionnait autant.

Au bout de la troisième semaine, mes tortionnaires sont passés par la magie pour tenter de prendre le contrôle totale de ma psyché. La douleur était intense, provoqué par la résistance du démon qui, même sous la pression, préférait rester bien planqué au fond de mon esprit plutôt que d’apparaître. Mon organisme commençait à être prit de spasme incontrôlable, retenu par les sangles qui commençait à ronger ma chair. Il était tellement sollicité qu’au bout de plusieurs minutes de lutte, mon cœur a fini par lâcher.
En plein arrêt cardiaque, je me suis retrouvé face au démon, incapable de comprendre ce qu’il venait de m’arriver. J’étais écroulé au sol, épuisé, commençant doucement à disparaître. En fond sonore, un brouhaha de panique, hurlant qu’on était en train de me perdre et qu’il fallait prévenir Anton. J’ai vu le parasite se rapprocher de moi. Il se cachait sous une apparence qui n’était pas la sienne mais son visage semblait, pour la première fois, décomposé par la stupeur. Il savait que s’il n’intervenait pas maintenant, mon corps ne tiendrait plus longtemps et qu’on finirait tous les deux par mourir sous les coups. Il détourna son regard pour marcher, d’un pas déterminé vers la lumière.



Au premier battement de mon cœur, il avait redressé ma colonne vertébrale d’un coup comme un reflex mécanique brisant les sangles qui me maintenait prisonnier. Il était resté immobile quelques secondes, le temps que les hommes qui ont essayé de me réanimer prennent le risque de se rapprocher de moi. Ils avaient immédiatement remarqué le sclère de mes yeux noircit par le présence du démon lui-même.
A ce moment-là, il était trop tard pour eux. Les drogues hallucinogènes et les effets secondaires des expériences que je subissais et qui m’empêchaient d’utiliser mes pouvoirs n’avaient aucun effet sur lui. Très vite, il prit le contrôle de l’esprit du premier homme. Doucement, un sourire malsain se dessinait sur mon visage alors qu’il était en train de forcer ce dernier à se rentrer un scalpel dans l’œil. Mon visage était tellement proche du sien qu’il se prit une giclée de sang.

« On s’amuse beaucoup plus maintenant, vous ne trouvez pas ? » Une question rhétorique provenant d’une voix inhumaine sortie d’outre-tombe malgré mes cordes vocales sectionnées. C’était la première fois qu’il entendait une voix sortir de ce corps.

Le second a tenté de venir en aide à son collègue mais il eut subitement envie de s’en prendre à lui. Il plaqua son ami contre le sol et roua son visage de coup jusqu’à obtenir une bouillie de chair et de cervelle mélangées entre elles. Le démon profita de cette monstrueuse diversion pour sortir de la salle d’intervention d’un pas tranquille. Très vite, les hurlements en alertèrent d’autres qui n’allaient pas tarder à satisfaire l’appel du sang du parasite.
Son chemin est jonché de cadavre. Un assortiment d’hémoglobine et de chair inanimée qu’il écrasait sous ses pieds, poussant chaque homme de Degaton à s’entre-tuer de la façon la plus violente qui soit. Inutile pour lui de se salir les mains lorsque l’on dispose d’un pouvoir si puissant, mon pouvoir. De temps en temps, il se permettait une petite exception à la règle pour venir écraser la face d’un soldat contre un mur pour laisser la semelle de mes chaussures se noyer dans le sang. Je n’ai jamais voulu cela, je n’ai pas voulu que ça se passe comme cela. La morale de ces hommes est peut-être douteuse, ils m’avaient fait tellement de mal, je ne voulais pas m’abaisser à leur soif de sang.

On aurait pu fuir, mais pour aller où ? En Europe, nous n’avions aucune chance de nous en sortir. Nous serions rapidement traqués et prit au piège. On peut retourner le cerveau de beaucoup de monde mais on ne peut pas traverser tout un océan pour rentrer chez nous. Si cette pulsion meurtrière n’avait pas freiné le démon, on aurait pu au moins réussir à quitter le bâtiment dans lequel nous étions séquestré. Malheureusement, le chemin de cadavre et les hurlements avaient permis au renfort de nous encercler, Anton n’était pas loin.
Après ? C’est le trou noir, nos souvenirs sont complètement flous, je sais simplement que c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Lorsque j’ai retrouvé mes esprits, je n’avais plus l’impression d’être maître de quoi que ce soit. Le général de Degaton avait accès à tout, une simple phrase suffisait pour que le démon prenne le dessus sur moi. Petit à petit, j’ai commencé à me vider de toute vie, le parfait petit soldat docile, prêt à l’emploi. C’est là que j’ai trouvé les véritables raisons de ma captivité, toute ses séances de tortures mentale et physique.

De nous deux, il était celui qui maîtrisait le mieux mes pouvoirs. Il était puissant, infatigable, il pouvait pousser n’importe qui à faire n’importe quoi, sa puissance démoniaque lui donnait un grand avantage. Malheureusement pour le régime, il n’obéissait qu’à la menace et encore. Il ne semblait pas supporter l’autorité d’Anton Arcane et même s’il le craignait, dès qu’il avait une ouverture, il tentait de doubler nos tortionnaires. Malheureusement, au bout de plusieurs mois de captivité, nous n’avions plus de secret pour eux, ou presque.
De mon côté ? J’ai lâché un démon en essayant de me protéger j’ai provoqué un véritable massacre. Cette idée n’avait pas quitté mon esprit depuis tout ce temps, additionné cela avec quelques séances supplémentaire d’électrochoc et vous obtenez un légume. Alice a tenté de me soigner, plus d’une fois, toujours dans le dos de Degaton et de ses disciples. Malheureusement, elle n’avait fait qu’empirer la situation et intensifier le traumatisme. Pour réparer ses bêtises, elle s’était servie de ses pouvoirs pour m’enfermer dans un monde parfait au plus profond de ma psyché, pour m’apaiser, pour me faire oublier, chaque jour, tout le mal qu’on me forçait à faire. En restant bloqué au fond de ma psyché, c’était mon démon qui prenait le dessus sur mon corps, celui qui se chargeait d’exécuter les ordres avec cette même réticence.



J’ai retourné de beaucoup de gens, j’ai fait des choses qui vous rendraient malade et qui me rendront malade. Le parasite ? Il ne ressentait rien, je parie qu’il a fait bien pire dans sa carrière de démon, quel qu’elle soit. Je ne voyais pas le bout du tunnel, malgré ses multiples tentatives de fugue, Anton arrivait toujours à le rattraper.
Aujourd’hui, on était en déplacement direction la Russie. Le démon et sa cour attendait patiemment l'arrivée d'un autorité supérieure. Il n’avait pas quitté du regard la petite escorte surveillant ces faits et gestes. Le collier inhibiteur activé l’empêchait de leur retourner le cerveau, de les pousser à s’entre-tuer comme il l’avait fait avec leurs collègues. Il ne se serait pas retenu. Dans les moments de calme comme celui-ci, il analysait les individus qui gravitaient autour de lui, le terrain, tout ce qui pouvait être nécessaire pour planifier une énième évasion. Pour le moment, il cherchait la personne qui contrôlait à distance le bijou de technologie qui bloquait mes pouvoirs. Il était parfaitement conscient qu’il ne pouvait aller nulle part sans neutraliser cette personne.

Alors il observait et le sclère sombre de mes yeux pouvaient en intimider certains. Coupler au sourire malsain et sadique du démon, on ne pouvait être que mal à l’aise. Il avait choisi sa cible et il ne l’avait pas lâché du regard pendant les cinq dernières minutes. Il avait commencé à créer un léger malaise chez le soldat de Degaton qui essayait de le fuir du regard. Les secondes paraissaient des heures et le silencieux malaise commençait à devenir contagieux.

« Arrête ça. » ordonna froidement son collègue qui avait rassemblé tout son courage pour enchainer ces deux mots en gardant un minimum de crédibilité pour se faire obéir. Il pivota brutalement ma tête, manquant encore une fois de me briser la nuque.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je t’intimide ? Je t’effraie ? Il n’y a pas de raison » Il marqua un temps de pause pour reporter son attention sur sa première victime. « Tu te poses pas mal de question, hein ? Est-ce que je suis en train de te manipuler ? Est-ce que c’est vraiment efficace ? Est-ce qu’il n’est pas en train de me retourner la cervelle au milieu de ces douces paroles ? Soudainement, tu vas crever subitement d'envie d'arracher les globes oculaires de ton pote avant qu'il ne t'arrache la gorge… BOUH. » Il haussa la voix d’un coup, provoquant un vif sursaut de la part de deux d’entres eux qui se retrouvèrent à pointer leur arme blanche sur eux. Le démon s’amusait, il laissa échapper un rire. « Vous jouez les durs, mais vous êtes à deux doigts de vous pissez dessus. Comme c’est amusant… »

_____Amy, c’était l’un de ses nombreux noms qu’on lui donnait. Amy, Avnas, Auns, Hanar, Hanni, quelle importance ? Le simple fait qu’un homme comme Anton Arcane connaisse son identité suffisait à l’énerver. Je pouvais la ressentir, cette colère qui me broyait l’estomac. Il n’y avait probablement rien de plus précieux pour un démon, coincé dans le monde des hommes, que son anonymat. Ce n’était qu’une déduction. Pendant ma captivité, Alice avait réussi à tenir le démon par les burnes en menaçant de dévoiler son existence. Grâce à ce petit chantage, elle le forçait à prendre mes médicaments, à me protéger, à la laisser rentrer dans ma psyché pour la façonner. Difficile pour Amy de cacher son identité plus longtemps sous la main d’Anton.
A chaque fois qu’il entendait son nom sortir de sa bouche, mes yeux reflétaient, l’espace d’un instant, toute la rage qu’il pouvait ressentir envers Arcane. Pour calmer ses nerfs, il aimait torturer les hommes qui était supposé le surveiller, l’empêcher de trouver une faille, quelque chose qui aurait pu nous aider à quitter le régime. Il avait réussi à en énerver un qui était à deux doigts de nous sauter dessus. Il se plia de douleur sous la volonté d’Arcane.

Amy n’avait pas réagi, penchant légèrement la tête sur le côté, intrigué par ce symbole sur son cou qui s’était mis à luire. Toujours ce petit rictus de colère sur mon visage dès que notre bourreau prononçait son nom. La folie meurtrière d’Amy concernant cet homme était si forte qu’elle me retournait l’estomac. Il lui ordonna de rester calme et mon parasite lui aurait bien rit au nez si ça ne tenait qu’à lui. Pour une fois, le démon se contenta de rester muet. Quand on nous sortait de notre cellule, ce n’était pas seulement pour nous dégourdir les jambes. Il se tourna quelques secondes sur le nain qui l’accompagnait et qui semblait me contempler comme de la marchandise de luxe.

« Qu’est-ce qu’il a ? Pourquoi il matte le petit ? » La voix d’Amy, une voix exagérément grave, surhumaine, sortant de ma gorge, accompagné d’un écho et d’une voix féminine en arrière-plan quand on tendait bien l’oreille. « Tu t’es cru dans une maison close ? »

Un des gardes posa la main sur mon buste, un simple avertissement pour Amy qui dévisagea ce dernier. Il ne ressentait peut-être pas ma douleur physique mais Anton connaissait bien des techniques pour faire souffrir un démon. Pour cette fois, le parasite n’aura besoin que d’un geste pour se calmer. Il avait laissé les deux hommes parler. Plus il récoltera d’informations et plus il sera susceptible de nous trouver une issue de secours, surtout en territoire ennemis. Je sais que je compte un peu trop sur lui pour me tirer de cette histoire, mais pour une fois, nous sommes dans le même bateau. Au gloussement de notre supposé tuteur, un sourire malsain défigura mon visage, celui d’Amy qui semblait s’amuser lorsque Simon suggéra à Anton que nous avions intérêt à rester calme. Le démon secoua doucement mais brutalement ma tête, manquant de me briser la nuque.

« Oh vieux débris. Je vais faire de ta vie un enf… »


J’ai été réveillé pour supporter le trajet. On ne m’avait pas vraiment extirpé de mon monde parfait pour mon charme, mon côté bavard ou pour ma bonne compagnie, certainement pas. J’étais le plus calme des deux, celui qui avait l’air mort à l’intérieur. Doux comme un agneau, mes gestes étaient mécaniques, me mouvements lents et douloureux, presque tremblotant. Les semaines de tortures avaient porté leurs fruits, dans mon cas, sans compter les pouvoirs d’Alice qui me faisait croire que le monde dans lequel j’étais plongé n’était qu’un simple cauchemar. Dans quelques heureux, j’irais rejoindre mon petit monde parfait, au fin fond de ma psyché et Amy devra gérer le reste.
Trois gardes m’encerclaient pour m’installer dans le train. J’avais beau être inoffensif, ils avaient ordre de ne pas baisser leur garde. On connaissait tous la fourberie que pouvait avoir un démon pour essayer d’enfumer le monde qui l’entoure. Une simple main sur mon épaule suffisait pour m’orienter et me guider à ma place attitrée. J’étais installé côté fenêtre, juste en face du dit tuteur. Un soldat s’était installé à côté de moi, histoire de refermer le piège et m’empêcher de partir.

Mes yeux radioactifs observaient le paysage qui défilaient. Mécaniquement, je jetais un coup d’œil apeuré sur le nain. Je ne suis pas resté longtemps éveillé. On me réveillait seulement dans deux situations. La première et la plus récurrente : Quand Amy devient incontrôlable et tente encore de faire couler le sang des hommes du régime avec mes mains ou quand il tente de fuguer. La deuxième raison était plus en lien avec ma santé. Ce démon affaiblissait mon corps, puisait dans mon énergie vitale pour utiliser mon pouvoir. Il n’avait pas besoin de dormir, ni prendre de repas. Lorsqu’il prenait le dessus, il puisait beaucoup trop d’énergie et n’autorisait pas mon corps à se reposer.
Alors, c’est pour cela qu’au bout de dix minutes à peine, mes paupières commencèrent mécaniquement à se fermer. Mon front se colla contre la baie vitrée et je n’ai pas tardé à m’endormir pour laisser à mon corps, quelques heures de repos. Quant à moi, je pouvais revenir à la réalité, dans le monde parfait que m’avait construite Alice, à l’abris des remords et des regrets.

Toutefois, cela n’empêchait pas Amy de reprendre le dessus. Lorsque Simon s’était permit de changer d’activité pour m’observer, il le sentit rapidement. Le démon jouait de plus en plus les protecteurs avec moi. Pour lui, c’était comme défendre son territoire. Je lui appartenais et personne, à part lui, ne devais m’importuner. Entre les mains de Degaton, je trouvais cela amusant mais je craignais que cela empire si, un jour, je venais à sortir de cet enfer.
J’ouvris soudainement les paupières. Le sclère de mes yeux s’était noircit, Amy s’était réveillé. Il redressa ma colonne vertébrale et pivota ma tête vers le nain. Il ne supportait pas ce regard malsain sur son visage.

« Oh. Vieux pervers, tu veux un coup d’main peut-être ?! »

« Hey ! Qu’est-ce que tu fous là ?! » rétorqua le soldat assis juste à côté de moi, surpris qu’Amy est reprit le dessus si soudainement.

Amy disparu, le garde n’aura pas le temps de faire quoi que se soit contre mon démon. Une violente secousse nous secoua tous excepté Simon. Les hurlements me réveillèrent d’un bon. Pétrifié par ce son horrifique, je me collai contre mon siège et plaqua la paume de mes mains contre mes tympans pour me protéger, complètement traumatisé par ce que j’étais en train de vivre. Je n’allais faire qu’aggraver mon cas en relevant la tête pour observer cette créature effrayante. Ressentant ma peur, Amy reprit le dessus sur mon corps et attrapa violemment Simon par la gorge, remplis par une colère noire.

« C’est quoi ce bordel ?! » Amy tenta de se calmer, surtout lorsque les canons se pointèrent sur moi. « Donnez-moi accès à mes pouvoirs où je vous jure que je vous laisse vous faire canarder par vos copains les russes du poste frontalier. Un pervers de moins sur cette Terre. »

Amy savait parfaitement que l’un d’entres eux détenaient la télécommande qui contrôlait le collier métallique que j’avais autour du cou. C’était lui qui empêchait Amy de forcer tous le régime à s’entre-tuer. J’aurais presque aimé qu’il puisse le faire, cela aurait sauver tellement de vies. Lorsque mes pouvoirs psychiques seront libérés, Amy aura beaucoup plus de chances de nous faire évader de cette mission.

« Je les veux MAINTENANT. » hurla Amy.

_____Ce n’était pas la première fois qu’on nous embarquait en pleine mission. Nous étions toujours les derniers au courant, pour éviter un énième plan d’évasion de la part d’Amy, je suppose ? Cela avait le don de le mettre en rogne. Qu’est ce qui ne le mettait pas déjà en rogne ? Lui qui avait l’habitude d’avoir des légions à ces pieds, se retrouve contraint d’obéir à des êtres misérables qui n’avaient pas le quart de sa puissance quand il était encore démon. Mon corps humain ne lui permettait pas d’utiliser ses pouvoirs, sa puissance démoniaque risquait de me rompre les os à chaque mouvement alors, il se contenait plus ou moins pour ne pas m’abîmer.
Le train fut de nouveau secoué et contrairement à tous les autres, Amy et ses réflexes surhumains ne bougèrent pas d’un cheveux, saisissant toujours le nabot entre ses mains, remplit d’une colère noire. Ce dernier avait, lui aussi, ces petits tours de passe-passe. Il se liquéfia, provoquant une grimace de dégout sur mes lèvres. Mes doigts étaient recouverts d’un liquide noirâtre affreux. Le démon le chasse d’un revers des mains avant de le voir réapparaître beaucoup plus loin, à l’abris du champ d’attaque d’Amy.

« On sait tous les deux que vous servir du zombi qu’est cet être humain ne serait pas dans vos intérêts. » rétorqua le démon en parlant de moi.

Aussitôt, trois autres soldats sont arrivés dans mon dos. Ils ont fait comprendre à Amy que son comportement ne serait pas toléré. Il sentit mon collier s’activer mais il était le seul à ressentir cette violente douleur qui traversait tout mon corps. Mon visage était défiguré par cette même souffrance, un genou à terre. Lorsqu’il redressa mes yeux, il aperçut ce nain et son attitude insolente. Au moins, il avait la réponse à l’une de ces questions. Non, ce n’était pas ce sale nain de jardin qui avait accès au contrôle du collier inhibiteur. C’était un autre homme et il n’avait plus qu’à deviner le reste.
Un genou à terre, volant à plusieurs mètres au-dessus du sol, le parasite observa quelques secondes la catastrophe que les hommes d’Arcane et son régime ont provoqué. Il n’était pas particulièrement sensible à tout ce qui venait de se passer, tous ces innocents qui venaient d’être tué. Cette démonstration de force lui faisait juste comprendre qu’il allait devoir user de son intelligence pour sortir de là et non de sa force brute.

On l’autorisa à doucement se redresser lorsque le nabot lui offrait les dernières instructions de dernières minutes concernant notre rôle dans cette mission. Pas le temps d’une énième insulte, il se retrouva emporté dans une chute libre. Les ténèbres l’envahissaient pour le protéger de l’impact de la chute mais dès qu’il sentit le collier se désactiver, il activa un bouclier psychique sous ses pieds pour nous protéger davantage de cette chute. Les semelles de mes bottes retombèrent doucement sur le sol, en plein milieu du poste frontière. A peine atterrit, nous avions déjà le droit à un accueil digne des plus grands artistes. Les projecteurs étaient braqués sur nous, et les canons de leurs armes aussi. Je les entendais hurler sans oser me tirer dessus dans un premier temps. Un simple geste de la part du démon et il se retrouva cribler de balle.
Le bouclier psychique qu’il avait généré nous protégeait sans soucis des balles qui fusaient, prêt à nous réduire en passoire. Mécaniquement, il observait les alentours, comptant le nombre de soldats qui l’encerclaient et ceux qui se tenaient à l’écart. Il utilisa mon pouvoir sur le premier homme, celui qui se trouvait près de moi. Ils sont tes ennemis, tue-les, c’est ce que lui a ordonné Amy, retournant le cerveau du soldat pour lui faire dévier le canon de son arme. Contre toute attente de la part de ses collègues, il changea de camp et commença à tirer. Les russes commencèrent à paniquer et par un reflex de survie, ils tuèrent leur collègue devenu fou.

Très vite, c’est un de ses voisins qui fut, à son tour, atteint d’une folie meurtrière. Il en tua deux, juste avant de se faire tuer. Amy fut rapidement lassé de forcer ses ennemis à s’entre-tuer. C’était la solution de facilité n’est-ce pas ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’objectif d’Amy n’était pas celui du régime. Lui ? Il voulait se barrer d’ici, par tous les moyens. Pour cela, il devait déjà trouver un moyen de se débarrasser du collier.
Il poussa un cri de rage, désactivant son bouclier psychique dans un violent onde de choc qui déséquilibra tout le monde dans un rayon d’une cinquantaine de mètre. Il profita de ce moment de répit où tout le monde s’était retrouvé étourdi pour en massacrer quelques-uns de mes propres mains. Certains attaquèrent à mains nues leur voisin. Au milieu de ce bordel, quatre hommes, sur la trentaine présente, étaient restés immobiles, au sol pendant qu’Amy se promenaient dans cette zizanie, l’air invulnérable, pour se rapprocher d’eux.

Ils avaient été choisis pour devenir son issue de secours. Amy avait redressé les yeux au ciel pour vérifier qu’on ne l’observait pas et, d’un simple contact visuel, il donna quelques instructions à chacun d’entres eux. Le premier devait tuer notre garde du corps, le second devait tuer l’un des soldat déguisé en civil qu’Amy avait jugé suspect. Le troisième devait nous protéger et le quatrième devait tuer Simon, dans d’atroce souffrance. Quand est-il du cinquième ? Le démon lui a brisé la nuque, simple couverture pour ne pas attirer les soupçons.
Ce n’est pas la première fois qu’Amy essayait de doubler le régime et cela ne sera peut-être pas sa dernière tentative. Au fond de moi, j’espérais que cela se termine. On aurait beaucoup plus de chance de s’enfuir et de rentrer à la maison en territoire ennemi. Pour garantir notre sécurité, il avait continué de frapper nos agents infiltrés, jusqu’à éclatés le nez du numéro trois. Il sera un peu sonné, mais pas incapable d’effectuer sa mission. Il baissa les yeux pour ramasser un fusil d’assaut.

« J’aurais pu tous vous sauver… » murmura Amy. « Votre mort ne m’apportera rien… hormis la satisfaction d’imaginer que vous êtes ces crétins de fasciste et qu’une fois que je vous aurais tous réduit en charpie, tout sera différent. » Il marqua un temps de réflexion où il regarda dans le vide. « Ouais, je vais faire ça. »

Un sourire malsain dessinait son visage. Mes yeux radioactifs cherchaient déjà la première victime. Je ne pouvais rien faire pour contrôler les pulsions meurtrières d’Amy et j’aurais tout fait pour que mes mains ne soient pas recouvertes de sang. Il attrapa l’épaule du premier pour venir le rouer de coup jusqu’à ce que tout son visage soit recouvert d’hémoglobine. Il fut pris d’une rage tellement folle qu’il arracha l’oreille d’un pauvre russe avec mes dents.

Un coup de feu retentit dans mon dos. Amy redressa la tête, manquant de nouveau de me briser le cou et se retourna vivement. Un soldat avait été oublié dans l’usine de la manipulation mentale. J’ignore si c’était volontaire ou non de la part du démon mais lorsqu’il fit face au soldat, ce dernier paniqua, lâcha son arme et s’enfuit en courant. Bien, il ramènera probablement du renfort, de quoi mettre des bâtons dans les roues des hommes de Degaton.
Une fois le massacre terminé, mon parasite avait ordonné à deux de ses agents de se faire passer pour morts, les trois autres étaient alignés, juste devant lui, le visage vidé de toutes émotions, manipulés. Les pions étaient en place, il n’avait pus qu’à attendre le retour du tuteur. Une fois avoir reprit un semblant de calme, le bas de mon visage recouvert du sang de l’ennemi, mon uniforme également et je ne parle pas non plus de l’état de mes bras, Amy prit une grande inspiration et un sourire malsain se formait.

Il avait besoin de plus de temps pour se rendre compte que le dernier coup de feu m’avait touché. Du sang, pas celui de mes ennemis, le mien, s’écoulait au niveau de ma clavicule. La balle était passé à travers de mon épaule droite. Amy, ne subissait aucune conséquence de cette blessure, ni de fatigue dû à la perte de sang, ni de ressentit sur la douleur physique. Malheureusement, s’il continuait à ne pas faire attention, il risquait de nous tuer. Il effleura du bout des doigts la blessure pour examiner les dégâts.

« Mission accompli mais je crois que j’ai abîmé le petit. » marmonna le démon en examinant la blessure. Il m’avait fait pire, je survivrais, je commence à avoir l’habitude, vous savez.

_____Amy avait tenté de fuir plus d’une fois. C’était sa seule source de motivation. S’il obéissait à nos geôliers, c’était simplement parce qu’il avait une autre idée derrière la tête, un énième plan d’évasion, une énième opportunité de nourrir ces pulsions meurtrières, de nourrir cette partie de lui. Incapable de ressentir la douleur physique et malgré avoir vécu dans un corps humain pendant plus de dix mois, Amy avait encore beaucoup de mal à faire attention à moi. Ma capacité de régénération, un don de mon père, me permettait de me remettre des nombreuses fractures, hématomes, blessures qu’il me provoquait. Sa force démoniaque, supérieure à celle d’un être humain n’était pas adapté à lui.

Il était puissant, capable de contrôler des pouvoirs qui ne lui appartenait pas, mieux que moi, mais il n’est pas un grand combattant au corps à corps. Il est plus habitué à donner des ordres qu’à les exécuter, ce n’était pas non plus un homme de terrain. Alors, il n’était pas rare qu’il soit déconcentré et que ce manque d’attention cause d’autres dégâts. Cette balle qui avait traversé mon corps n’allait pas ralentir Amy, si on n’oubliait pas de stopper l’hémorragie. Tout ce que trouvait à faire le démon après avoir remarqué cette blessure, c’était d’observer le sang couler, sans réagir, intrigué
Bien évidemment, la remarque de Simon concernant ma blessure réveilla la haine et la rage qui sommeillait en lui. Il redressa sa tête en oubliant pas ce regard condescendant et méprisant qu’il avait à l’égard des complices de Degaton et d’Arcane.

« Estimez-vous heureux qu’elle n’est pas atterrie entre tes deux yeux. » rétorqua Amy, même s’il ne le pensait pas vraiment, ça aurait été une mort beaucoup trop facile pour ce nabot.

Ce même nain a soudainement un mouvement de recul quelques secondes à peine après les réponses insultantes du démon. Il avait probablement senti la fourberie du démon. Arcane lui avait sûrement répété à quel point leur jouet n’était pas dressé et qu’il chercherait, à tout moment, à retrouver sa liberté perdue. Les dernières paroles de Simon ont confirmé les craintes d’Amy. Très bien, le démon était déjà las de cette petite comédie. Doucement, un sourire malsain commençait à se dessiner sur mon visage. Il baissa doucement la tête pour tenter de cacher cette émotion qui était trop forte pour être dissimuler.

« Tuez-les. » un ordre des mots simples qui réveillèrent l’esprit des soldats qu’il avait corrompu. Il était temps de profiter de la baisse de concentration chez certains soldats pour les éliminer un par un.

Le but ? Supprimer la personne qui contrôlait le collier inhibiteur de pouvoir. Elle était là, parmi ces hommes. Amy avait de nombreuses hypothèses mais il n’avait pas encore la réponse à cette question. Si on lui avait donné l’occasion de l’avoir, leur chance de survie aurait drastiquement diminuer.
Il ne cherchait pas à épargner qui que se soit, seule sa pulsion meurtrière était en train de s’exprimer. Deux soldats russes se sont jetés sur leur cible. L’un d’eux s’était permis d’enfoncer ces pousses dans les orbites oculaires d’un agent de Degaton qui se mit à hurler de douleur, une douce musique qui ne faisait que nourrir les pulsions d’Amy. Mes yeux sont remplis d’une rage intense et d’un simple mouvement de bras, il profita de ce moment de surprise pour envoyer une onde psychique directement sur Simon pour lui faire perdre l’équilibre et l’éloigner de ses potentiels garde du corps. De toute manière, ces derniers sont occupés avec les autres. Les tirs fusaient, et l’un des soldats, comme convenu, nous protégeaient des autres soldats. Le dernier soldat russe corrompu, qui avait ordre de tuer Simon était resté derrière Amy, attendant probablement son accord pour venir tirer cette fameuse balle dans la tête de Simon. Il forma autour de lui, un bouclier psychique pour me protéger d’éventuelle balle perdue. Je pense qu’il avait retenu la leçon, une balle de plus risquait de nous affaiblir tous les deux.

« Vos intérêts ne sont pas les miens et votre première erreur a été de croire que je servirais vos intérêts. » Il écrasa la semelle de sa botte sur le ventre de Simon. « Je suis certains que nos amis les russes vont adorer ce qu’ils vont cueillir dans quelques minutes. » Il appuie davantage. « Je suis assez efficace à ton goût ? » se moqua-t-il.

_____Le demon avait corrompu de nombreux adversaire pour en faire ses marionnettes, de la chair à canon. Il avait pris un énorme risque, tout en sachant bien qu’il ne s’était toujours pas débarrassé du collier. Il avait pensé qu’en semant la zizanie dans les troupes, il parviendrait à trouver l’homme qui contrôlait cette technologie. Malheureusement, sa rancœur avait parlé et lui avait fait perdre un temps précieux. Il avait sadiquement joué avec le nain qui nous servait de tuteur jusqu’au moment fatidique.
Le collier s’activa, provoquant une vive douleur pour Amy. Il attrapa ce dernier à deux mains pour tenter de soulager ma gorge qui semblait le faire souffrir. En essayant de stopper la douleur, il recula de quelques pas, libérant Simon. Le démon serra les dents, de colère et de frustration, poussant un cri de douleur qui se transforma en haine lorsque le nain assassinat son dernier pantin. Amy a jeté son regard sur Simon au moment où ce dernier sortit une sarbacane de sa veste.

Lorsque j’ai ouvert mes paupières, j’ai ressenti un sentiment de bien-être. Après plusieurs mois à vivre dans de mauvaises conditions physiques et morales, ce sommeil, même artificiel, m’accordait un peu de répit. Pendant quelques secondes, j’ai pensé que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve, que je n’avais jamais quitté ma chambre à San Francisco, que tout allait bien. Une fois mes paupières ouvertes, je suis resté immobile quelques instants. Ma vision était encore trouble mais le luxe et le confort de cette chambre d’hôtel me réconfortait dans cette idée, tout cela n’était pas réelle. Cette idée finit par s’évaporer lorsque j’ai entendu la voix de Simon. C’était la première fois que je l’entendais mais cela ne l’avait pas empêché de me glacer le sang. J’ai redressé le haut de mon corps en une fraction de seconde, le visage terrifié. Je ne pouvais plus détacher mon regard de Simon. Ce dernier semblait bien plus intéressé par son bouquin que par ma présence.
Il y avait pourtant beaucoup de chose qui aurait pu me pousser à détacher le regard : la collation que l’on m’avait apportée et son accompagnement, une nuée de mouche au bourdonnement bruyant qui se régalaient. Même si le jus de fruit sur la table de chevet semblait avoir été épargnée par le troupeau d’insecte, je n’étais pas confiant. Je me suis contenté de secouer la tête pour exprimer timidement mon refus. J’étais affamé et assoiffé mais je n’étais pas assez fou pour accorder la moindre confiance à mes tortionnaires, eux qui s’amusaient à empoisonner mes plateaux repas pour torturer Amy.

Si la voix de Simon m’avait glacé le sang et terrifié, je ne vous dis pas l’affolement que j’ai ressenti lorsque j’ai entendu la voix d’Arcane résonné dans la chambre. Je ne savais même pourquoi on m’avait emmené là, pourquoi avais-je le droit à autant de luxe. Est-ce qu’on était toujours dans le bâtiment qui me servait de prison ? Non, d’après la voix qui me terrorisait. Par reflex, j’avais plié mes jambes contre moi, reculant sur le matelas du lit. C’était par instinct de survie plus qu’un mouvement volontaire et lucide, cet homme m’avait traumatisé et ce visage malsain dessiné par une nué de mouche ne pouvait qu’accroître ce traumatisme.

Amy avait essayé de nous libérer, son plan a échoué. Pour le punir, on m’avait réveillé, frustrant le démon. Anton était en train de m’expliquer pourquoi on m’avait emmené ici. Machinalement, mon regard se tourna vers les deux dossiers qui étaient présent, juste à côté du jus de fruits. J’ai secoué ma tête négativement à de nombreuses reprises. J’ai compris ce qu’il essayait de me dire et l’idée m’effrayait. Je ne voulais faire de mal à personne, je ne suis pas cet homme. Bon sang, qu’est ce qu’il est en train de me faire devenir. C’était un véritable cauchemar, j’étais suis en train de devenir un monstre.
Instinctivement, je ne faisais qu’hocher négativement la tête tout en me recroquevillant. J’étais perdu, j’étais persuadé que tout ceci n’était qu’un rêve. Je ne pouvais pas faire une chose pareille, pousser quelqu’un meurtre ? Je ne suis pas mon père, je ne suis pas un mercenaire. La peur me poussait à me plier à sa volonté mais j’étais conscient d’être incapable de faire une chose pareille. Amy ? Ce n’est pas la même chose, il n’est pas moi. Il obéit pour survivre, moi j’aurais préféré mourir, si seulement j’avais conscience que tout cela était réel. Des larmes se sont échappés de mes yeux, j’ai continué à refuser cette mission en sachant parfaitement qu’elle allait me forger une réputation d’assassin. Lorsque la nuée d’insectes se dissipa, j’ai eu un élan de courage pour me redresser et observer Simon.

« Je ne peux pas faire ça. » signais-je avec un visage défigurer par la peur et la colère, des pommettes encore humides. « Je ne peux pas, j’ai besoin de lui. »

Quand je parlais de lui, je parlais bien évidemment d’Amy. Je me cachais derrière lui, c’était la seule chose que j’avais trouvé pendant ma captivité pour me protéger. Il n’avait pas peur de faire le sale boulot. Je ne pouvais pas prendre cette décision, je ne voulais pas laver le cerveau de quelqu’un d’autres.

« Je ne peux pas faire du mal à ces gens… Je préférerais me faire tuer par ces gens... » Amy n’était pas de cet avis, il était prêt à coopérer jusqu’à tenter une énième évasion. « Je ne peux pas… J'ai pas faim. »

_____Malgré les menaces, les mois de torture et de séquestrations, j’avais prit le risque de refuser la mission qu’on m’avait imposé. Persuadé que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, je prenais le risque de leur tenir tête, tous autant qu’ils sont. Lorsque j’ai refusé, le nain s’était retourné vers moi et me fusillait du regard. J’ai senti mon cœur frappé violemment ma poitrine de terreur, comme pour me punir de mon affront. Mon regard pétrifié par la peur lorsque les ombres derrière lui se sont intensifiés. Il m’accusait d’être responsable de mon triste sort, que ma carrière de jeune héros avec les Titans avait attiré les convoitises. Enfant, maman m’avait interdit d’utiliser mes pouvoirs, craignant que cela attire les mauvaises personnes. Elle m’a appris à me battre, mais face à ces psychopathes, mes techniques de combat ne suffisaient pas. Je ne regrettais rien.

Il s’est rapproché de moi et m’a frappé une première fois. Je savais que le coup allait arriver mais je n’ai rien fait pour l’en empêcher. Ma tête a violemment heurté l’oreiller. Ma bouche s’est ouverte d’un coup, je voulais hurler de terreur. J’ai essayé de me débattre, je voulais lui donner des coups de pied. Ce n’était qu’un vieux nabot, je faisais pratiquement trois fois sa taille, pourquoi étais-je incapable de me battre ?
Un filet de sang s’échappait de ma narine gauche. Je n’avais pas osé redresser ma tête. Il me hurlait des ordres sifflant dans mes oreilles mais je n’entendais rien. Mécaniquement, j’ai pivoté ma tête vers le jus de fruit qui était à portée de bras, le liquide tremblait sous les cris de Simon. Il était trop près de moi, j’étais pétrifié et j’ai eu un reflex mécanique, quelques secondes avant qu’Arcane ne décide de réveiller Amy. J’ai attrapé le verre de jus de fruit pour l’éclater sur le visage de son agresseur, lui renvoyant l’ascenseur avant de disparaître.

Amy se réveilla soudainement, le sclère de mes yeux se noircit et mon visage fut défigurer par une importante rage. Le démon n’avait pas été témoin de mon refus et de toute la scène mais il ressentait mes émotions, ma peur. Il n’avait pas besoin de réfléchir trop longtemps pour comprendre que le régime avait usé de menace et bien plus pour essayer de me convaincre de me plier à leur volonté. Mes yeux radioactifs ont fixé Simon, puis vers la canne. Il avait immédiatement compris qu’il m’avait frappé et que je m’étais défendu tant bien que mal

« NE LE TOUCHE PLUS. » rétorqua froidement Amy avant de se tourner vers la nuée de mouche dont le vrombissement sonnait comme une voix familière. « Toi… »

Je ne sais pas pourquoi il s’était soudainement mit à jouer mon ange gardien, je préférais ne pas savoir. Anton rappela au démon que s’il tentait une nouvelle fois de les doubler, les conséquences seront terribles. Cette fois, il semblerait que le message soit passé. Pour nous protéger, Amy décida de se plier à la volonté d’Arcane pour nous protéger l’espace de quelques heures et, probablement, de trouver une autre issue de secours. Quoi qu’il arrive, il ne cessera pas de penser à un moyen de quitter cet endroit. Il quitta le lit en se rapprochant de l’incarnation d’Anton.

« Garde ce pervers à l’écart et peut-être que tu auras ce que tu veux. » rétorqua froidement Amy avant de laisser échapper un crachat qu’il envoya sur le groupe d’insecte, un petit élan de rébellion dans une acceptation de soumission.

Amy avait attrapé les deux dossiers qui trainait sur la table de chevet. Il avait enjambé les nombreux débris étalés sur le sol de la chambre d’hôtel luxueuse pour prendre la place du fauteuil dans lequel s’était installé Simon juste avant d’en venir en main. Il avait jeté le livre de ce dernier par terre par dédain et par provocation. Il prit quelques minutes pour consulter les deux dossiers.

« Vous me demandez de laver le cerveau d’une femme pour tuer un type, Volatov ? Hmmm. L’idéal serait de retrouver cette femme. Des bras en plus pour remonter jusqu’à Volatov ne sera pas de refus. » il observa Simon, toujours avec mépris. « Surtout si je dois t'avoir sur le dos pendant toute la mission. T'as rien de mieux à faire ? » Amy était remonté, il mourrait d’envie de frapper cet homme. « Trouvons cette femme. »

HRP:

_____La colère d’Amy n’était pas redescendu. Lui qui se permettait rarement de retenir ces coups n’avaient pas d’autre choix que de courber l’échine. Les bains d’eau bénite en guise de punition, il préférait l’éviter pendant encore quelques heures. Pour autant, sa tentative de fuite ne sera probablement pas pardonnée aussi rapidement et nous en payeront tous les deux les conséquences. Le démon s’était permit de provoquer sa baby-sitter pour compenser cette frustration et cette rage qu’il devait contenir.

« Je ne te garanti pas sa survie à la fin de ce voyage. » marmonna le démon en jetant du coin de l’œil, un regard mauvais sur Simon. Il avait une apparence si fragile, comment pouvait-il avoir des difficultés à le tuer ? Avec ces pensées, il ne faisait qu’accroitre sa frustration et diminuer ses chances de pouvoir contenir tout cela. « J’aurais tué pour voir le petit t’éclater ce verre en plein visage. »

Un silence s’était installé pendant que Simon s’était hâté pour lancer ses recherches et retrouver la femme qui faisait partie de la mission d’Amy. Nerveusement, ce dernier grattait le collier avec mes ongles le collier qui nous maintenait sous contrôle. Ce petit bout de métal était capable de générer autant de colère chez un être de l’au-delà. Il faisait les cent pas, cherchant derrière tout ça, une nouvelle idée pour nous sortir de là.
Lorsque Simon tendit le morceau de papier à Amy, ce dernier ne fit preuve d’aucune délicatesse pour le récupérer, d’un geste net et brutal. Il manqua d’en arracher un morceau. Son regard ne manqua pas, de nouveau, de fusilier celui de Simon avant qu’il ne tourne les talons pour se mettre au boulot. La tenue que je portais, à l’effigie de Degaton, ne me permettait pas d’être d’une grande discrétion. Toujours agacé, Amy s’empara d’un long manteau pour essayer de camoufler cet uniforme et ce collier suspect avec le col de ce dernier.

« La prochaine fois que vous m’envoyer dans une mission d’infiltration, faites-en sorte de donner au petit une vraie tenue. Putain, vous pensez que ça va finir comment dans cet accoutrement ? » pesta le démon avant de claquer la porte derrière lui, juste sous le nez de Simon, histoire de le provoquer davantage.

Pendant le voyage, Amy essaya une énième fois, avec sa puissance démoniaque, d’arracher ce collier autour de mon cou. Il n’était pas impossible que ce dernier soit d’ôter d’autre fonctionnalité qu’on nous aurait caché, comme nous localiser, tel un animal pucé. Même sa force, capable de me provoquer de multiples hématomes et fracture étaient incapable d’en venir à bout. Pour le moment, il devait faire profil bas, suivre leurs instructions jusqu’à trouver une nouvelle faille pour nous sortir de là. Même si Amy avait courbé l’échine, l’espace d’un instant, il avait toujours cette évasion en tête. Il ne semblait pas craindre les conséquences de ses actes, la douleur était réelle mais il était difficile de briser un démon. Il semblait indomptable et c’est moi qui en payerai les conséquences s’il échoue une nouvelle fois.
Installé sur une table complètement opposée à la scène, il analysait cette dernière silencieusement. Cet homme avait attiré son attention, est-ce qu’il travaillait avec notre cible ? Fort probable mais Amy n’était sûr de rien. Il laissa l’enfant partir, se retenant de lui faire un croche patte et d’éclater la semelle de mes bottes sur sa tête pour faire ressortir toute la colère qu’il éprouvait envers nos geôliers. Contre tout attente, il s’était retenu, surement pour passer ses nerfs sur une autre victime, l’homme au chapeau haut-de-forme peut-être ?

« Si un crétin m’entend… » murmura Amy. « Je vais avoir besoin de mes pouvoirs. » Un ange passa, il se rapprocha de l’homme avec un whisky entre les mains, insensible aux effets de l’alcool, cela ne le ralentira pas dans sa tâche. « Un enfant insouciant, hein ? Aussi insouciant que de penser que votre présence n’attirerait pas l’attention, par ici. » La voix du démon était loin d’être naturel, le sclère de mes yeux encore moins. Sa présence n’avait rien de rassurant, tout comme ses paroles. Il s’était installé à côté de l’homme avec un léger sourire sur mon visage.

_____J’ignorais ce qu’Amy avait derrière la tête en s’installant à côté de ce dandy. Il espérait peut-être obtenir des informations sur l’emplacement de la cible et peut-être plus. Je savais qu’il avait toujours une idée derrière la tête, celle de nous sortir de là. Était-il en train de se créer des alliés temporaires. La haine qu’il éprouvait envers nos geôliers étaient si forte qu’il était prêt à tout pour arriver à ses fins. Le risque de souffrir une énième fois ne semblait pas être un problème pour Amy, même si Anton connaissait beaucoup plus de chose que moi sur lui : son nom, ses faiblesses et bien plus encore.

« Pour ce que ça me peut me faire. » marmonna Amy en jetant un rapide coup d’œil sur une silhouette enfantine au loin. Les démons ont-ils vécu une enfance ? Amy se rattachait probablement à mes souvenirs d’enfance pour se donner une idée de ce que cela pouvait être. Je n’étais pas vraiment le meilleur des exemples.

Il avait légèrement rapproché les deux extrémités du manteau pour tenter de cacher l’uniforme, d’une grande discrétion, que Degaton nous avait offert. Malheureusement, il semblerait que la cible d’Amy l’est déjà remarqué. Le démon se contenta de lever les épaules avant que l’individu ne prononce mon nom. Amy fronça les sourcils d’un air légèrement surpris mais pas plus que cela. Ce n’est pas improbable qu’on est entendu parler de mes prouesses de manipulation mentale dans les rangs de Degaton, une horrible réputation.

« Vous connaissez son nom ? » Amy laissa échapper un soupir. « C’était déjà assez pervers sans que cette phrase ne sorte de votre bouche. » grogna Amy lorsque Shade se mit à parler de Simon Culp, sa nounou. « N’en rajoutez pas plus. »

Bien évidemment, nous étions surveillés et observés, n’est-ce pas ? Le démon détourna légèrement mes yeux derrière lui et tendit l’oreille. Un bourdonnement, lui aussi avait entendu ce son familier qui me crispaient les tympans. Le démon se releva d’un bon et entendit un petit cliquetis provenant du collier. Il semblerait qu’une âme charitable est offert à Amy, le droit d’utiliser mes pouvoirs.
Quelques secondes après cette bonne nouvelle, le démon se retrouva avec une arme entre les mains, lancé par le dandy qui semblait avoir décidé de faire d’Avnas, un potentiel allié. J’ignore si c’était de la folie ou une bonne déduction de la part de cet homme. Simon avait fait son apparition, Amy s’était machinalement penché en arrière, se déséquilibrant pour esquiver les attaques de sa nounou, qui ne lui était pas directement destiné. Il se retrouva par terre, observant la scène en ne sachant pas encore dans quel camp il pourrait se trouver. Beaucoup aurais suggérer à cette créature inhumaine de ne pas se chercher, à nouveau, les foudres d’Anton. Malheureusement, Amy n’écoutait que son égo qui avait été meurtri par ces hommes.

« Oui, j’ai une mission à remplir. » rétorqua-t-il. « J’aurais juste aimé faire cela plus lentement. »

Il orienta l’arme en direction de Simon et tira deux ou trois fois sans chercher à réfléchir davantage. Son acte pouvait s’avérer surprenant, mais il ne laissera pas le temps à ses deux hommes de comprendre ce qu’il avait derrière la tête. Mécaniquement, ma tête pivota vers le dandy et nos regards se sont croisés. Amy est entrée dans l’esprit de The Shade, il lâcha l’arme qu’il tenait entre les mains pour se rapprocher

« Vous avez tirez et tuer Simon Culp. » une voix qui résonnait dans l’esprit du dandy et qui tentait de lui laver le cerveau en modifiant la réalité, en lui persuadant qu’il était un meurtrier. « Maintenant, j’aimerais savoir où se trouve votre amie, Katarina Svel. » un dernier ordre. « Je pourrais rendre les choses encore plus douloureux si tu tarde de trop… »

Amy se sait toujours piéger d'Arcane. Même s'il se débarrasse de notre nounou, il ne pourra se débarrasser de nos chaines qu'en attirant Anton jusqu'à nous, une grosse prise de risque mais qui nous offrait une opportunité de nous enfuir et de nous faire retirer ce collier.

HRP:

_____Je ne sais pas vraiment quelle idée avait traversé celui qui contrôlait actuellement mon corps, mais je pouvais ressentir qu’il était animé par une certaine détermination. Une fois qu’on nous avait accordé nos pouvoirs, Amy pouvait laisser libre cours à son imagination. Très vite, il trouvera probablement mille et un plan pour nous faire sortir d’ici. Lequel se montrera efficace, cette fois ? Face à la menace qui pesait sur nos épaules, nous ne pouvons pas nous en sortir seul.
Pendant un instant, j’ai eu l’impression qu’il voyait en cet homme, ce Shade, une opportunité pour nous de sortir de ce cauchemar. Il s’était servi de sa haine qu’il vouait à Simon Culp pour lui faire porter le chapeau. Maintenant qu’il avait tiré sur notre baby-sitter, il ne pouvait plus reculer. Il pouvait faire croire à sa victime qu’il était responsable de cet acte mais il ne pourrait pas convaincre aussi facilement. Pour dissimuler les soupçons, Amy avait décidé de continuer la mission qu’on lui avait imposé, jusqu’à ce qu’il trouve une ouverture beaucoup plus sûre.

Malgré le contrôle mental qu’il exerçait sur Shade, ce dernier ne semblait pas complètement sensible à l’influence d’Amy. Son sourire mauvais, ces petites mimiques semblaient des indices, laissés volontairement à son propriétaire, faisait comprendre au démon qu’il n’avait pas le contrôle total sur lui. Ce dernier serra mes poings mais il n’aura pas le temps de faire quoi que se soit de plus.
Shade lui avait facilité la tâche en le conduisant directement vers notre cible. J’aurais probablement eu la nausée avec cette téléportation soudaine mais Amy, lui, ne ressentait rien de tout cela. Même si son contrôle mental ne fonctionnait qu’à moitié, il avait eu ce qu’il voulait. Il observa très rapidement la scène avant que je ne ressente cet inconfort qui le dominait. Même si on pouvait penser que nous étions loin de toute influence néfaste, loin d’Anton et de son pantin Simon, Amy se sentait toujours surveillé. Il pivota légèrement sa tête en entendant le bourdonnement de ses immondes insectes. Après l’inconfort, Amy ressentait une profonde frustration, celle de sentir chacun de ses mouvements épiés par le propriétaire du collier.

« C’est pas vrai… » marmonna-t-il avant de se tourner vers la jeune femme qui était en train de rentrer dans le taxi. Il se tourna mécaniquement vers Shade et croisa son regard pour réessayer un contrôle mental. « Suis-moi, Protège ma personne et empêche quiconque de m’approcher ou de me nuire. » un ordre télépathique, impossible à entendre pour un insecte. « Surtout de ceux-là. Anton Arcane ne doit pas s’approcher. »

Amy se rapprocha du taxi dans lequel s’était installé sa cible. Il s’était placé juste devant la voiture pour éviter que cette dernière ne s’enfuie. Le chauffeur ne s’était pas retenu pour nous insulter de tout les noms, chose qui ne semblait pas atteindre le démon. Son regard croisa celui du chauffeur et notre âme entra dans le corps de ce pauvre homme. Ce dernier se calma mécaniquement et reposa son postérieur sur le siège du conducteur. Une fois avoir reprit le contrôle de mon corps, Amy s’est rapprochée de la voiture pour ouvrir la portière juste à côté de la cliente. Il s’était installé juste à côté d’elle pendant que le chauffeur semblait atteint d’une immobilisation soudaine et d’un calme olympien.

« Madame Katarina Svel, c’est bien cela ? » Amy laissa échapper un sourire malsain. « Nous avons des tas de choses à nous dire. » Il se tourna vers le chauffeur. « Roulez. » ordonna-t-il

Avant qu’elle ne tente quoi que ce soit, le démon avait déjà prit le contrôle du corps de la jeune femme et le pauvre homme avait déjà démarrer son véhicule. Amy avait déjà le contrôle de l’esprit de Katarina et pendant le voyage, il cherchait à la remodeler, à changer ses ambitions pour la pousser à tuer la cible principale, comme l’avait ordonné Anton Arcane. Lorsque ce dernier sera trop occupé à surveiller que sa mission est bien remplie, là nous pourrons tenter de fuir, encore une fois.
Juste avant le lieu de rendez-vous, Amy a demandé au chauffeur de s’arrêter, à quelques centaines de mètres. Il était sorti de la voiture, pour éviter les soupçons. Une dernière fois, il se tourna vers sa cible lobotomisée.

« Faites ce que vous avez à faire. Tachez de ne pas tout faire foirer ou je pourrais vous rendre suffisamment folle pour que vous passiez le reste de vos jours dans un asile. » grogna Amy. Il était prêt du but, il ne voulait pas qu’un grain de sable foute en l’air un plan qui pourrait tout foutre en l’air.

_____Amy maniait mes pouvoirs comme s’il était né avec. Il manipulait la psyché d’un être humain avec une facilité déconcertante. Moi qui étais pourtant né avec ses facultés, je ne lui arrivais pas à la cheville. Lorsque je suis revenu à la vie, mes pouvoirs s’étaient amplifiés et j’avais complètement perdu le contrôle. J’ignorais d’où venait ce changement si soudain de mes capacités psychiques Est-ce ma résurrection ? Mon amnésie ou cette créature doté d’une conscience malsaine ? Je n’ai jamais su.
Le démon n’avait eu besoin que de quelques secondes pour manipuler mentalement cette pauvre femme. Pendant tout ce temps, les deux individus étaient restés figés, les yeux dans les yeux jusqu’à ce qu’Amy parvienne à obtenir ce qu’il voulait d’elle. Elle avait été programmée pour tuer la cible et ne se posera aucune question au moment de sortir son arme pour lui ôter la vie.

Une fois qu’il avait réalisé sa petite lobotomie, il était sorti de la voiture sans montrer la moindre compassion à l’égard de cette pauvre femme. Il avait claqué la portière d’un geste brusque et avait reculé de quelques pas avant d’observer la voiture filée vers sa destinée. Maintenant qu’il avait répondu aux exigences de notre geôlier, il devait nous trouver une issue de sortie. Je ne voulais pas retourner entre leurs mains pour qu’on nous pousse à commettre une énième horreur, Amy non plus.
Tout aurait pu bien se passer, Amy aurait pu trouver un moyen de retirer ce collier et nous aurait délivrer de ses chaines. Malheureusement, cela allait être plus difficile que prévu. Au moment où le démon était sous le point de faire demi-tour, il sentit le canon d’une arme se coller à ma colonne vertébrale. Bien évidemment, il ne semblait pas vraiment effrayé par la menace. Insensible aux attaques physiques, il était plus effrayé par une bouteille d’eau bénite que par une arme à feu. Pourtant, l’un pouvait entrainer notre mort, le deuxième était source de douleur indescriptible pour des créatures occultes.

« Oh. Tu n’es pas le premier à me dire ça. » il laissa échapper un soupire. « Je suis las de suivre des ordres. Je vaux mieux que ça. »

Il se retourna vivement pour générer un bouclier psychique assez puissant pour repousser son adversaire. Son accent lui faisait comprendre, par supposition, qu’il ne s’agissait pas d’un des pantins d’Anton. Il s’agissait probablement de l’ennemi. Une fois avoir repoussé l’adversaire, en espérant l’avoir suffisamment surpris pour qu’il lâche son arme. Avec sa force démoniaque, Amy pouvait facilement avoir le dessus sur son adversaire, même si ce n’était pas un grand combattant. Il enroula son bras autour de la gorge de l’agent et commença à lui couper les voies respiratoires.

« Veuillez décliner le rendez-vous, je vous prie. » rétorqua froidement Amy avec un timbre de voix plutôt malsain.

_____ Amy n’avait pas donné la moindre chance à ce pauvre homme. Après avoir bloquer ces voies respiratoires, une colonie de mouche à commencer à graviter autour de lui. Le bourdonnement insupportable et la gêne qu’elle provoquait poussa le démon à abandonner sa victime, reculant de quelques pas. Mon visage était défiguré par la frustration et la colère qui l’animait à ce moment-là. Mes poings étaient serrés, essayant de contenir toute l’agressivité qu’il pouvait dégager.
En perdant mes pouvoirs, il avait perdu son contrôle mental avec Richard Swift, une potentielle issue de secours qui disparu au loin. Cette perte supplémentaire ne fait qu’accroitre cette frustration. Amy était un démon colérique, agiter par une haine indescriptible vis-à-vis de notre tortionnaire, Arcane. Il l’avait l’intime conviction que ce dernier prenait un malin plaisir à détruire l’espoir de vengeance de l’être démoniaque. Il posa l’une de mes mains autour du collier qui serrait ma gorge, broyant ma chair contre le métal froid qui bloquait mes capacités psychiques. Il exprimait toute son agressivité sur cet objet sans vie en espérant pouvoir, un jour, exprimer sa colère sur le principal concerné.

« Garde tes compliments. » pesta froidement Avnas. Mes pupilles radioactives et le sclère obscur de mes yeux le foudroyaient du regard. « Je n’ai que faire de tes remarques et de la baby-sitter que tu as collé aux basques du gamin en cas de crise d’angoisse. » Il détourna légèrement sa tête. « Je n’ai que faire de cette difformité humaine »

Arcane finit par faire comprendre au démon qu’il lui restait une dernière mission à accomplir. Amy laissa s’exprimer sa haine et sa frustration d’être prit pour un domestique, un larbin à qui on pouvait demander toutes les atrocités sans risques que ce dernier refuse. La marionnette manipulée par l’amas de mouche tendit son bras vers nous avant de nous ordonner de découper ce bras pour nous infliger cette tâche ingrate. Froidement, le démon se contenta de cracher au visage de sa victime pour extérioriser sa colère, sans que cela n’atteigne Arcane pour autant, augmentant davantage sa frustration.
Il rappela au démon les dangers qui nous attendait si l’idée de fuir lui passait par la tête. A chaque seconde, la créature y pensait et tentait d’élaborer un plan subtil pour berner nos ennemis. Malheureusement, ces derniers avaient une fâcheuse tendance à nous couper l’herbe sous le pied. Le cadavre s’écroula dans l’indifférence la plus totale. La nuée de mouche s’envola, laissant la créature seule. Elle resta immobile pendant quelques secondes, cherchant un énième stratagème pour nous sortir de cette situation. Finalement, il écrasa violemment la semelle de sa botte sur le bras du gars, l’arrachant avec sa force surhumaine en donnant plusieurs coups. Malgré quelques secondes d’hésitation, sa soif de vengeance et son égo avait pris le dessus. Amy gardait une certaine rancune envers Culp.

Contrairement à l’esprit bouillonnant d’Amy, la chambre d’hôtel qu’occupait Culp était plutôt calme. Une petite musique classique bourdonnait doucement dans les oreilles du nain qui semblait avoir l’esprit ailleurs, loin de la mission. Malheureusement, il était encore meurtri par la blessure que lui avait infligé Avnas en essayant de reporter la faute sur l’un de ses ennemis. Inutile de jouer les plus grands détectives du monde pour comprendre que les pulsions meurtrières du démon était bien réel et qu’il aurait surement préféré que cette blessure lui soit fatale.
Simon Culp s’était réfugié dans une chambre, non pas celle où avait été soigné le pauvre Joey, à l’opposé de ce couloir. La structure de la pièce était similaire à la première où s’était confortablement installé le tuteur du démon pendant sa convalescence. Il semblait beaucoup plus serein, Arcane l’avait, sans aucun doute oublié, trop occupé à essayer de canaliser un démon instable et contrôlé par la rage qu’il éprouvait envers ses geôliers.

Quelqu’un frappa doucement à la porte, surement le room service venu apporter la boisson chaude qu’il avait commandé. Le nez sur son livre, il invita le serveur à entrer dans la chambre sans prendre le temps de relever la tête. L’employé de l’hôtel se rapprocha doucement, accompagné d’un plateau, déposant la tasse sur le petit meuble juste à sa droite avant de se redresser, comme s’il attendait quelque chose de la part de leur invité, un remerciement peut-être ?

« Vous pouvez dispos… »

« Si seulement les choses pouvaient être aussi facile, le nain. » rétorqua le serveur avant de laisser échapper un sourire malsain qui se dessinait sur son visage. « Tu n’es pas la source de mes problèmes, Culp. J’aurais pu t’épargner, c’est vrai, mais tu te trouves sur ma route. »

Le serveur se mit soudainement à avoir des problèmes respiratoires. Il ouvrit sa bouche en espérant avaler un grand bol d’air, en vain. Amy avait manipulé le subconscient de l’innocent, de sorte à ce qu’il en oublie ce qui était inné pour chaque être humain, apprendre à respirer. Notre âme quitta son corps pour se retrouver dans le mien, dos à la porte principal donnant sur la chambre de Simon. Laissant le pauvre homme agonisé, Amy fit un pas de côté pour apparaître devant son adversaire. Avant que ce dernier ne se permette quoi que se soit, le démon généra une onde psychique pour le projeter contre le mur dos à lui. Il jouait avec ce petit homme, profitant de l’effet de surprise pour l’avoir complètement à sa merci.

« Malheureusement pour toi, je n’en ai pas fini avec toi. » grogna le démon avant de glisser sa victime à ces pieds, à quelques centimètres. Sa main se tourne vers celle qu’il avait arraché quelques heures auparavant. La chair commençait déjà à se refroidir et à empester. « Quelqu’un a de grands projets pour toi, et ça sera sans moi. »

Amy posa la main sur la poitrine de son adversaire. Le symbole dessiné dans la chair lui était étrangement familier et à raison. Rapidement, un portail apparu, entrainant Culp avec lui et offrant en bonus de vives douleurs. Paralysé par la douleur, Amy commençait à son tour par être emporter par le portail, scellant notre sort. Heureusement pour moi, le démon se réveilla et recula vivement juste avant d’être emporté. Hors de question de laisser échapper la dernière chance que nous avions de sortir d’ici. La quête de liberté allait être difficile dans ce pays où nous avions semer la zizanie, mais pas impossible. Le collier se mit à émettre en nous voyant disparaître du portail. Amy est privée de pouvoir, mais sa soif de liberté est bien plus grande.
Une main, l’un des hommes de Degaton, remarquant la disparition du démon tenta de saisir le démon à l’aveuglette pour le ramener à la maison. Il parvenait à s’emparer d’une cheville, laissant échapper un grognement de fureur au parasite. Avec sa force démoniaque, ce dernier était parvenu à éjecter le soldat hors de sa zone de confort et de l’envoyer dans la chambre d’hôtel. Il écrasa sa cheville sur la gorge du soldat avant de le dévisager.

« Je n’y retournerai pas. » Il ne mesurait pas sa force et transforma la gorge de ce pauvre homme, l’achevant avec douleur, avant de récupérer son arme et de tirer sur le portail. « Je ne suis pas votre chose. »

_____Ces attaques étaient vaines, digne d’un animal sauvages qui tentait de rivaliser contre la puissance inégale de l’Homme. Amy avait beau disposé d’une puissance surhumaine et d’un pouvoir psychique, il était à leur merci. Prendre ces jambes à son coup, s’enfuir loin de leur influence quitte à rencontrer bien d’autres ennemis sur la route, n’avaient guère d’importance. Le collier qui ornait mon cou, cette laisse, nous empêchait de partir.
Malgré cela, Amy ne pouvait se résoudre à être le pantin d’Arcane toute sa vie. Dès que l’un des hommes du régime s’était approché de nous, il avait laissé parler toute son agressivité. Il avait essayé de le ramener de force dans le portail, il en payera de sa vie. Dans une action complétement désespérée, il a ôté la vie de ce pauvre homme, criblé de balle le portail en espérant toucher Arcane avec un coup de chance.

« Tu peux effrayer un gamin, je n’ai pas peur de tes menaces. Va. Amuse-toi, fait moi souffrir, cela ne changera rien. » cracha-t-il de tous mes poumons.

La résistance du démon avait réveillé Arcane qui s’était décidé à pointer le bout de son nez. Juste avant, il ne s’était pas retenu pour activer le collier. La douleur était tellement intense que la créature mit un genou à terre et enroula mes doigts autour du collier pour tenter de l’arracher à main nues. Malheureusement, même sa force ne pouvait pas détruire le métal.
Cette vive douleur l’avait ralenti et avait permis au tas de chair qu’était devenu le pauvre soldat, de bloquer l’une de mes jambes. Lorsque le démon l’avait remarqué, il était déjà trop tard. Il avait gardé les mains sur le collier, le visage défiguré par la colère d’avoir été piégé, sans surprise. Il ne put s’empêcher de cracher quelques cris de frustration.

« Tu te brûleras les ailes avant d’accomplir ton œuvre. » grogna Amy entre quelques grognements. « Je pisseras sur ce qu’il reste de ta chair et de tes os. »

Il n’avait pas redressé la tête mais il pouvait déjà sentir son tortionnaire se rapprocher dangereusement de lui. Les paroles rabaissant qu’il pouvait avoir envers la créature ne faisait qu’accroitre sa haine, son agressivité. Il serra les dents, comme un chien prêt à mordre, attendant qu’il soit un peu trop proche pour venir lui broyer sa chair. Arcane finit par planter une lame dans ma chair, ne laissant échapper aucune goutte de sang. La douleur avait été multiplié par mille mais Amy n’allait pas lui laisser ce plaisir de savourer ces cris de souffrance.
En voulant écraser mon poing sur son visage, Arcane avait déjà contrer l’attaque. Il s’était déjà emparé de l’un de mes bras, entre deux respirations roques et douloureuse du démon. Il ne nous offrit que quelques secondaires supplémentaires dans cette chambre mise à sac, avant de nous jeter dans le portail. Si j’avais été spectateur, j’aurais pu admirer avec quelle facilité il parvenait à éjecter le démon hors de la chambre.

La créature avait perdu une grande partie de sa force vitale. En un battement de cils, nous étions revenus au bercail, rajoutant une once de colère chez elle. Lorsque mes paupières se sont redressées, deux hommes nous attendait de pied ferme, l’arme à la main, prêt à affronter le démon. Ce dernier s’était légèrement redressé avec une certaine douleur. Il laissa échapper un nouveau grognement en observant cette étrange blessure sur ma jambe. Lorsqu’il leva les yeux sur cette dernière, aucune cicatrice, pas la moindre trace de sang, mais la douleur persistait et le maintenait plaquer au sol.

Profitant de ce moment de faiblesse, Arcane se rapprocha de mon oreille pour murmurer quelques menaces supplémentaires, ne semblant pas craindre les crocs d’Amy, ronger par une rage profonde. Il tenta, dans une énième tentative, d’arracher l’oreille de son tortionnaire avec mes dents. Malheureusement, ce dernier s’était reculé à temps et les deux hommes derrière nous ont immédiatement prit le relai.
Les poignets avaient été enchainées, laissée à l’abandon dans une cellule décorée sur mesure. Les nombreux symboles gravés sur les murs avaient comme seul objectif de faire souffrir, déstabiliser et neutraliser le démon qui vivait en moi. Malgré cela, sa colère ne disparaissait pas. Quelques fois, on pouvait l’entendre hurler des injures dans diverses langues mortes, jurant à Arcane que tôt ou tard, elle aurait sa vengeance.

HRP: