There's a new player in town (Harley)

L'existence de Harley pouvait se concevoir comme un gigantesque retour en arrière, sous certains aspects, que - au fond - elle a recherché des choses - à la manière d'un poulet décapité - qu'elle n'a jamais trouvé ou qui se sont avérées être décevantes ou sans intérêts (la connaissance, la gloire, l'amour à mort)...

... traçant des cercles parfaits sur la toile de son existence, Harley - bien grandinette pourtant - se sentait l'âme gaminesque. Quel meilleur moment que l'enfance idéalisée et lavée de toutes ses impuretés ! Quel meilleur souvenir que celui de quand elle était petite, jouant sur le tapis du salon familial avec ses animaux en peluche et ses poupées !

Tout le reste n'avait été que vanité et efforts démesurés pour arriver à des résultats minables...

Harley, aujourd'hui, n'était plus la vilaine qu'elle avait été. Elle n'était plus non plus la psy qu'elle avait été. Ni même la femme qui avait hanté son passé et qui avait brûlé ses ailes à la flamme du Joker (à la réflexion, M'sieur J. avait déjà du utiliser un chalumeau sur elle...).

Elle marchait dans les rues, ses pas la guidant néanmoins vers Amusement Mille, un endroit qui avait été maudit et souillé par la présence de Biquet. Venait-elle ici en pèlerin(e ?) ou en prisonnière ? Rendait-elle hommage à sa vie passée ou était-elle captive du clown psychopathe (et mort) ? Ou à la manière d'une ex-toxicomane, venait-elle s'exposer au poison pour voir si elle en avait été finalement suffisamment immunisée ?

Telles étaient les pensées d'une Harley étonnamment grave au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de l'endroit. La clameur de la foule lui firent lever le nez. Avait-elle été reconnue ? Voulait-on la prendre et l'emmener au loin, loin de cette crasse et de cette grisaille ? Où son chevalier blanc se trouvait-il ? Quel prince charmant pour elle ?

Son cœur de midinette battait à nouveau à la simple évocation d'une situation romanesque. Mais elle posa les yeux sur le spectacle et vit : la foule, apeurée, fuyante, bousculante ; le robot, aux membres démesurément longs, à l'aspect chétif, malsain, contrefait, avec le regard à la fois vide et pétillant de perversité : le Joker, simplement en beaucoup plus grand que le vrai ; le héros, rouge, avec une cape, inconnu, au sol...

Harley posa le sac qu'elle portait sur l'épaule et quitta son imperméable pour opérer sa transformation en prostituée en héroïne, révélant à l'aide de ses gros croquenots, de ses chaussettes de sport montantes, de son mini-mini short qui avait déjà beaucoup vécu et de son crop-top usé sur lequel figurait sa maxime... "Mon visage est plus haut" que Harley était dans la place !

Elle voulut se ruer sur le héros mais le robot semblait vouloir le prendre aussi...

Eh bon, qui était-elle pour contrarier les volontés d'un robot géant psychopathe et surpuissant ? Hein ?

Pas folle la guêpe !

Harley fit demi-tour, bien décidée à se faire oublier et à laisser celui qui aurait pu être son prince charmant amant dévoué co-équipier dans une aventure épique se faire dévorer par un robot mais aussi à laisser le robot détruire Gotham City voir le monde...

(Elle s'imagina même aider le robot : c'était un calcul rationnel. Après tout, s'il était si fort, il y avait peut-être plus d'intérêt à encourager le robot qu'à le combattre... Dans le monde d'après, Harley se verrait bien en tant que masseuse personnelle du robot, elle avait de toutes façons déjà occupée des emplois et des activités [bien] plus humiliants que ça)

... et puis, alors qu'elle ramassait son imperméable, elle pensa...

... Wonder Woman, qu'aurait-elle fait ? N'aurait-elle point honte de son comportement ?

Mais elle n'était pas Wonder Woman, elle n'était que Harley Quinn, la petite fiancée dérangée du Joker.

Et là, elle comprit. Elle espérait juste que son nécessaire temps d'adaptation n'avait pas permis au robot de tuer le héros (sinon... ben, ciao le héros, hein, la vie, ça va, ça vient !).

Elle saisit son sac à malice (en fait, un vieux sac d'armée dans lequel Harley trimballait les choses pouvant - éventuellement - servir) et courut vers une petite ruelle sombre. Se déshabilla rapidement et entièrement, ne se fit pas arrêter pour exhibition sexuelle (personne ne la vit ou bien personne n'exprima de plainte), ouvrit son sac et en sortit... son costume-bis qui n'était pas le sien, en fait.

Car si ce job n'était pas un job pour Harley, il en était un pour... Wonder Harley !

(c'est à dire pour Harley Quinn avec sur le dos un déguisement chouré à Wonder Woman, la fois où elle avait réussi à droguer cette dernière [une longue histoire] et qu'elle avait décidé de la remplacer [une longue histoire parsemée d'idioties et de moments absurdes])

Wonder Harley avait du rembourrage dans les bottes pour éviter de les perdre, du ruban adhésif sur le short étoilé pour éviter de le perdre et aussi du rembourrage sur le haut pour éviter de le perdre également.

Wonder Harley, si elle faisait pas attention, pourrait se faire arrêter car elle aurait égrené les pièces de son costume, comme le Petit Poucet.

Wonder Harley s'éclaircit la voix puis cria à l'attention du robot-destructeur-Joker :

"Lâche mon ami, Super..."

Elle marqua une pause. Il ne s'agissait pas de Superman. Mais de qui, alors ?

"Lâche mon ami, Red Tor..." tenta-t-elle à nouveau.

Nan, il était rouge mais c'était pas Tornado. Tornado, mais c'était pas plutôt le cheval de Zorro, ça ? Ou son serviteur muet ? Décidément Harley regardait trop la télé !

"Lâche mon ami, ce-héros-valeureux-dont-je-me-souviens-pas-du-nom, et vient te battre, lâche, contre la plus puissante des amazones !"

Voilà, elle avait lancé un piège psychologique contre le robot. Elle savait bien que s'il avait l'once de personnalité de Biquet, il préférerait faire du mal à une femme plutôt qu'à un homme. Comme la fois où il lui avait montré sa collection de photographies intitulées "Fun avec Barbara et Gordon"...

... puis Harley réalisa : elle n'avait pas les pouvoirs de Wonder Woman.

La main s'abat lourdement sur le Capitaine Marvel.
Intérieurement, Billy voit l'appendice métallique arriver lentement.
Il fait le calcul, appuyé par la Sagesse de Salomon. Il pourrait s'envoler à la vitesse de l'éclair et échapper à la poigne du robot.
Il pourrait... Mais risquerait que l'un des badauds paralysés par la peur se fasse prendre à sa place.
En tant que bouclier du petit peuple, il ne peut se le permettre.
Cap' s'y refuse.
Il y pense, il envisage ses options...
Mais, non.
Au final, Billy n'écoute qu'une chose, son courage ; ou plutôt le Courage d'Achille. Qui lui est plus naturel que le don de sagesse.
Peut-être le pouvoir de décision de Salomon aura-t-il aidé à trancher. Il l'ignore ; cela ne fonctionne pas vraiment comme ça.
Il se laisse capturer, alors.
Dans un premier temps, se dit-il.
Pour offrir aux simples mortels une chance d'échapper aux caprices du géant.

"Nghhhghhgh"

La poigne est puissante.
C'est une chose de le savoir et de s'y attendre.
C'en est une autre de le vivre. De le subir.
Cap' sent la pression hydraulique qui l'enserre et ne peut que gémir.
Tenter de se tortiller, de résister ; en vain.

Empoigné, incapable de se désincarcérer des phalanges du pantin géant, Billy se surprend à espérer.
Oui, il s'est jeté sur ce combat comme un joueur sur un match à enjeux ; comme un parieur qui ne voit que l'appât des gains.
En terme de fun, ses attentes tombent relativement à plat.
Il n'a pas simplement réagi à un méfait proche de lui ; il a choisi d'aller au combat, ce combat précisément.
Alors, il espère subitement qu'Atlas le regarde depuis son bunker et prenne pitié de son enthousiasme suicidaire.

Mais rien n'arrive.
Personne n'arrive.
Ce serait un rien trop tôt pour qu'Atlas n'arrive, mais... Il est évident qu'il ne viendra pas, pas vrai ?
Pas à temps.
Pas... du tout.

Mais quelqu'un arrive.
Au prix de tortillements qui lui paraissent durer une éternité de tourment, Cap' fait dépasser sa tête de la poigne de fer.
Il l'entend, alors.
Et il la voit.

"Holy Tzatziki !! Wonder Woman ?"

Alors, le monde semble rouler sur son axe.
Le bras qui maintient le Capitaine est envoyé vers le bas.
Écrasé contre le sol du champ de foire, Billy ne peut que deviner ce qu'il se passe.
Il entend, et sent, le second bras mécanique pivoter à son tour pour former une plate-forme mise à disposition de sa sauveuse.

“Ravi de rencontrer une consoeur amatrice. Je vous prie de me rejoindre, oubliez ce poseur vous et moi aurions tant de choses à nous dire... Joli cosplay, par ailleurs !”

La voix résonne à travers la structure mobile en métal dans un réseau de haut-parleurs.
Billy ou plutôt Captain Marvel est plus immobilisé que jamais sous les forces du robot et du poids qu'il fait peser sur lui.
Et... il tend l'oreille, pour tâcher de discerner ce qu'il se passe ensuite et aviser une nouvelle tentative.

Nous vivions réellement une époque étrange.

Une époque où une Harley réformée pouvait se balader déguisée en Wonder Woman pour défier des structures métalliques et psychopathes elles-mêmes déguisées en Joker.

Et une époque où les élucubrations de Harley pouvaient faire mouche plus certainement et surement que toute la force et le courage du monde...

Du moins, en apparence, voilà comment tout cela se présentait au regard de l'ex-psychiatre psychotique.

Harley abandonna sa pause vengeresse et héroïque pour sautiller sur un pied. Elle s'extasia :

"Consœur ? Cosplay ? Oh nous avons tant de choses à nous dire..."

Oubliant la destruction du parc, le péril aux populations et autres bagatelles sans importance, Harley sautilla pour aller s'installer elle-même dans la paume tendue du robot.

Elle commenta :

"Vous savez, M'sieur, si vous voulez imiter M'sieur J., il est beaucoup plus méchant et pervers que ça... Mais le costume, c'est tout à fait ça !"

Harley, la seule créature du monde connu, qui trouvait que se jeter elle-même, volontairement, spontanément, dans les pattes d'une mécanique de mort était une chouette de bonne idée vachement amusante...

... façon, jouer à la marelle dans un champ de mines.

Offrant un visage radieux (et dément) tendu vers le robot-tueur, Harley se laissa faire, s'offrant à la volonté de cette mécanique semi-divine. Elle lança juste :

"Si vous aimez le Cosplay, je crois qu'il y a une convention de Cosplay à la sortie de Gotham. Je voulais y faire un saut, raison pour laquelle j'ai ce costume avec moi..."

... vilain mensonge : elle avait toujours ce costume avec elle, pour quand elle supportait moins d'être elle-même et qu'elle fantasmait plus (que d'habitude) d'être Wonder Woman (ou que son fétichisme secret lui faisait dire que l'amazone avait transpiré dans ce tissu)...

... mais, un Docteur avait le droit de mentir pour le bien-être du patient, non, quand c'était pour son bien, non ?

Ou parce que c'était plus marrant comme ça ?

En plus, ça ferait peut-être plaisir aux fans de Cosplay d'avoir un vrai méchant pour se castagner pour de vrai.

Sans compter le fait qu'il y aurait peut-être un faux Batman pour hanter ses nuits, vu que le vrai ne voulait pas.

Elle ajouta, néanmoins :

"Le poseur, là. Je crois que lui aussi fait du Cosplay. Son costume de Superman n'est pas très réussi mais tout le monde n'a pas la chance - comme vous et moi - d'avoir un bon modèle..."

... ou de pouvoir chourer un vrai costume !

"... vous en diriez quoi si on y allait tous les trois, hein ? Je peux même me déguiser en Harley Quinn, comme ça on pourra compétitionner dans la catégorie "Meilleur couple" !"

Harley frétillait de plaisir à l'idée de ramener un trophée chez elle. Et puis, cette année elle se disait qu'elle pourrait peut-être - contrairement à la dernière fois - finir dans le classement des trois meilleures "Harley Quinn" et pas dans les lots de consolation...

Une pièce du torse s'ouvre pour laisser sortir de l'armure géante un tout petit bonhomme.


Il réagit à l'invitation de Harley, apparemment tout sourire.
À seconde vue, ce sourire est simplement plaqué sur son visage de pantin.

“Un couple ? Hum... Je n'ai jamais été tellement pour jouer au papa et à la maman.”

Sa démarche pataude l'amène jusqu'à l'articulation du poignet, proche du Dr. Quinzel.

“Un homme-joujou doit savoir se partager à tous, ou à personne. Malheureusement, je suis déjà en pleine Opération !”

Le robot géant apparemment commandé par le petit bonhomme élève sa main au-dessus du parc.
Une étrange carte au trésor apparaît avec la perspective surélevée, en forme... de Dr. Maboul.
Tracée au sol entre les allées, l'image du patient au nez rouge est reliée sur chaque point d'intérêt à l'un des câbles du mécanoïde.
Pied gelé, trou du dimanche, bille de clown et autres mangé son chapeau sont légendés à la craie de trottoir.

“Vous vouliez jouer les Harley Quinn, la célèbre docteur maboule ? Oh, combien ce serait seyant !”

Le petit bonhomme se met à applaudir frénétiquement.
Il semble piétiner de hâte.
Puis, le piétinement se fait moins enjoué.
Les petits bras bambins viennent s'arquer jusqu'aux hanches.
Les poings serrés contre les coutures de son gilet, son visage immuable ne saurait exprimer la même rage que sa gestuelle.

“Bien plus que le soi-disant accoutrement de Superman, d'ailleurs. Voyons si le vaccin est pire que le mal !”

Une cavité dans la paume qui maintient notre pauvre héros s'ouvre, libérant pléthore de figurines animées.


Ce sont de petits robots d'à peine quinze centimètres, tous à l'image de Superman.

“C'est l'heure du Grand Déballage, un morceau de Super Red Tor pour chaque figurine Super-naze !”

Le captif Marvel se retrouve bourriné de coups par la légion de mini-robots.
Ils s'accrochent à son costume, à ses cheveux, à ... tout.

Près de Harley, le petit bonhomme saute sur lui même en rigolant.
Il semble que son attention soit facilement divisée et prise au jeu de l'excitation.
Lui qui semblait irrité plus tôt par le héros est ravi, sans doute parce qu'il a l'impression de gagner.

Progressivement, la main se soulève pour laisser le justicier en rouge et or se faire gérer par les Superman miniatures.
Captain Marvel est en effet vite maitrisé par ces petits nuisibles, qui travaillent comme une véritable unité.
Mais Billy est un petit bagarreur, sans compter ce que l'endurance d'Atlas lui permet d'encaisser.
Il est à terre, dominé mais pas vaincu... Loin s'en faut.

Harley fit tout son possible pour ne pas avoir l'air déçue quand le petit bonhomme contrefait sortit de la grosse machine. C'était ça, le problème avec les costumes... on se faisait un film, on pensait qu'il y avait un géant dans le Robot Géant, avec des bras virils qui allaient vous emporter dans les airs et c'était comme, si, en fait, sous son masque...

... Batman était moche.

Elle eut envie d'une cigarette, d'un mouchoir pour pleurer et de sa batte de base-ball pour cogner le nain.

Harley se voulait aguicheuse et joueuse. Le nain ne voulait pas jouer à papa-maman... Harley venait ainsi de perdre 75 % de sa capacité de combat, d'un coup.

"Docteur Maboule !" lança-t-elle soudainement d'une voix suraigüe. "J'adore ce jeu !"

Elle garda pour elle le fait qu'elle avait - à la faveur d'un après-midi romantique - joué à "Docteur Maboule" avec M'sieur J., à la morgue de Gotham City... Quelque part, une vidéo traînait. Une vidéo qui pourrait d'ailleurs lui valoir une très vilaine condamnation. Quelque(s) part(s ?), aussi, traînent les restes d'un employé de la morgue. Elle espérait juste qu'on les retrouverait jamais. Maintenant qu'elle était devenue une super-héroïne, ça pourrait faire tâche sur son CV (façon "Dites-moi, M'sieur Green Lantern Premier du Nom, c'est quoi cette photo où on vous voit en train de vous marrer avec des officiers nazis ?").

Bref, il allait falloir être super-héroïque. Et les p'tits Superman qui castagnaient "Red Tor", elle pouvait pas les laisser faire !

Alors, Harley qui n'était plus qu'à 25 % de son potentiel, ayant perdu son atout-séduction (la barbe que les méchants qui n'avaient pas encore atteints le stade génital !), utilisa une autre de ses arcanes secrètes...

Elle se prosterna devant le nain et... supplia, les yeux embués de larmes :

"Pitié pour mon ami qui est en fait mon frère... Il s'appelle Timmy et moi c'est Tammy. Nous sommes de pauvres orphelins et nous n'avons que nous-mêmes au monde et notre passion pour le Cosplay ! Pitié ! Je ferai ce que vous voulez si vous le relâchez..."

Timide tentative pour activer ses 75 % restants de capacité de combat (ça et une Wonder Harley qui se prosterne aux pieds du nain inconnu, ça devrait l'interpeller, non ?), Harley attendait une ouverture...

... bon, elle aurait pu aussi tenter de lui mettre une droite mais elle se demandait quand même ce que deviendrait la ville si le robot - hors de tout contrôle (et de tout contrôleur) - s'effondrait.

Là, elle voulait juste sauver le crétin en rouge, qu'ensemble ils aillent botter le derrière du type moche qu'est sorti du robot, puis s'envoler ensemble pour aller gagner le concours de Cosplay.

Rapidement, les liliputiens de plastique mènent la danse face au puissant mortel.
Il est vaincu par de bêtes jouets...
Cela fait mauvais genre.
C'est surtout une très mauvaise façon de mourir, car les figurines ne se contentent pas de le maîtriser.
Alors, Cap' fait ce qu'il peut faire de plus simple : il laisse la main.

"SHAZAM !"

L'éclair de Zeus invoqué par la formule scandée traverse les jouets, qui semblaient reliés par une force invisible.
Billy suppose une sorte de bloutou.
Car, oui...
Partie, la forme d'homme, revenu à nouveau le garçon Billy Batson.

"Haaa... ! Chaud, chaud, chaud !!"

Les petits bonshommes pleins de points d'articulation, carbonisés par l'éclair de transformation, sont vite écartés par le gamin.
Cela le brûle de les toucher dans cet état, mais pour écarter ces tas de cendres incandescents c'est encore le mieux.

Billy Batson n'entend pas les répliques de la prétendue amazone.
En revanche, les réponses du maître des jouets lui sont limpides : il n'est pas dans la discrétion lorsqu'il se montre.
Les haut-parleurs du robot géant font résonner chacune des répliques du nabot.

“He-hee ! Après tout, plus on est de fous, plus on rit ! Un foyer brisé, sauvé par le jeu... Oui, tout-à-fait !”

Billy voit la main géante redescendre, pour attraper Captain Marvel. Qui n'est plus là, puisqu'il est redevenu Billy.

Or, Billy décide que son éclair pourra tout changer, comme face aux figurines automatisées.
Plus tard.
Le Capitaine est trop visible.
Et s'il a appris quelque chose, c'est que bien souvent, personne ne fait attention au gosse des rues.
Alors, il s'éloigne de la poigne et des projecteurs assortis du méga-robot, furtif comme le lui permet sa petite taille.

“Ack ! Pas du juste ! Il est parti ! Il a cassé tous mes beaux jouets !!”

Tandis que la voix synthétique et colérique résonne, le petit Batson dévore le chemin qui le mène à un des immenses pieds.
Il l'examine rapidement, et repère le bas d'une échelle de maintenance.

Malheureusement, le gigantesque androïde se met à piétiner de frustration, ce qui pousse le tout jeune homme à s'abriter...
Derrière un stand de barbe à papa.

"Miamm ! Juste le sucre qu'il me fallait pour soutenir l'effort !
J'espère que Wonder Woman a eu de quoi s'accrocher là-haut...
Quoi que la négociation semble s'être mal engagée."

Billy enfonce un doigt concerné dans le réservoir plein de sucre collé, juste pour devoir sursauter immédiatement.

L'une des pattes vert métallique du méga-droïde vient de s'abattre sur le parasol du stand de confiserie.
Il a failli y laisser une main, mais le garçonnet sait ce qu'il lui reste à faire.
N'écoutant que son courage (celui d'Achille étant indisponible sous cette forme) il bondit sur le plus bas degré de l'échelle.
Et il serre fermement.
Plus qu'à attendre entre chaque moment plus calme pour gravir d'abord la jambe, puis toute le structure.

"Bon, j'suis pas rendu... Allez Billy, c'est comme en éducation physique... !"

Un cours idéal pour se soustraire à la vigilance de l'enseignant à l'école.
Mais ça ne doit pas être bien compliqué, avec la bonne motivation...
Il est là pour quoi, au fait ?

Le nain est complètement marteau.

Cette phrase pouvait d'autant plus faire peur que c'était Harley qui l'avait pensée.

Parce qu'il y avait peut-être mieux à faire dans une journée que de détruire la ville parce qu'on était frustré de...

... d'être petit ?

Harley se dit qu'il valait peut-être mieux abandonner le costume de Wonder Harley (au sens figuré du terme, cette publication étant toujours soumise à l'autorité du Comic Code) pour laisser le champ libre au Dr. Quinzel !

Parce qu'il y avait beau dire, beau faire, les méchants étaient dans l'ensemble de vilains toqués qui avaient de lourdes et profondes carences affectives...

... à la réflexion, les héros, non ?

Harley se prit à imaginer mettre Batman sur son divan.

Harley se prit à imaginer d'autres trucs.

Mais heureusement que le nain, actionnant son robot géant, était en train de détruire un stand de confiserie (qu'en aurait dit le Dr. Freud ?). Et qu'un gamin chétif à l'air pauvre et abandonné s'était accroché à la jambe du robot (sérieusement, qu'en aurait dit le Dr. Freud ?).

Harley se demanda si c'était sa simple proximité qui rendait les gens fous ou si elle était folle, ils étaient fous, tout le monde était fou comme un chapelier en liberté !

Elle s'accrocha comme elle put et brailla à qui voudrait bien l'entendre.

"Homme-joujou ! Vois tu sur ton pied, il y a ton enfant intérieur qui est apparu et qui veut te parler... Ouvre-toi à lui et écoutes ce qu'il a à te dire, c'est ton Docteur qui te le conseille !"

Puis se mettant à quatre pattes, elle piailla en direction de l'enfant :

"Hey, gamin, si on était dans un conte de Noël, tu es l'enfant qu'a été mon pote dans le robot géant et tu viens lui expliquer comment améliorer sa vie en arrêtant d'être un criminel et en répandant le bonheur et la joie autour de lui ?"

Ou alors, elle racontait n'importe quoi, comme d'hab', et tout le monde allait mourir.

[HJ: vraiment, vraiment désolé pour le retard, que je n'avais pas réalisé long à ce point. Je reprends en douceur...]

Billy finit par douter de l'identité de cette supposée Wonder Woman.

Elle agit... comme une enfant ; et pas parmi les plus matures.

Ce qui semble finir par atteindre le cerveau de l'homme joujou aussi ; puisque ce dernier finit par se lasser.
Winslow Schott aime l'idée de l'enfance, mais pas toujours sa réalité.
Il est du genre à ne pas aimer la caricature, à moins qu'elle n'émane de son propre chef, aussi.
La version surjouée de la greluche finit par moins le séduire, que de lui déplaire... réveillant peut-être des traumatismes.
Ainsi, depuis le confort de son cockpit protégé par plusieurs centimètres de métal...
Il appuie.
Sur un bouton.
Un bouton rouge.



Ce qui affiche immédiatement un compte à rebours sur le visage de son petit robot, dont la tête coulisse en arrière.

Puis il tire sur un levier, et le mini-humanoïde tire lui aussi ; il tire Harleen Quinzel par le col de sa tenue.

Dans le même temps, la surface métallique sur laquelle elle est juchée penche...
Car le robot géant tente de se débarrasser sur commandes de son pilote, du jeune homme pointé par Harley.

"Oh-oh, je comprends ce que ressentent les poux maintenant..."

Cependant, sous eux le sol s'est fragilisé, et à la moindre maladresse de Toyman avec son armure mobile, tous nos protagonistes tomberont dans le trou de sa confection, un point préalablement marqué par son dessin de Docteur Maboule sur le parc...