[Casino Intersidéral] Space Royal

Gotham City était une ville désagréable, pour ne pas dire détestable. Laide, agressive dans son architecture, morbide dans son agencement, elle reflétait l'état de sa population. Elle vivait entre les détritus d'un passé décadent et les ruelles sinueuses qui se tortillaient désespérément entre les immeubles de haut standing qui devaient symboliser sont avenir. Seul le centre-ville des affaires était assez lumineux pour laisser croire qu'il y avait quelque chose à sauver dans ce cloaque.

J'avais besoin d'une personne très précise pour passer outre ma répugnance pour cette ville et y pénétrer, même en costume. Problème : je n'avais aucune idée d'où la chercher et Karen Starr ou Power Girl n'ouvraient pas les cœurs de ceux et celles qui pouvaient me renseigner. Mais j'avais besoin d'elle, aussi allais-je devoir chercher dans les quartiers qui formaient sa "zone de confort".

Je volais donc à basse altitude, scannant la ville en désespoir de cause. Hélas, trouver une personne dans une fourmilière qui entassait la pauvreté avec une telle méthode qu'il était presqu'impossible de dissocier les gens et les appartements relevait de l'exploit. Les familles désoeuvrées s'amassaient dans les bras d'une criminalité banalisée. C'étaient des dealers qui aidaient les vieilles à descendre leurs poubelles tout en vendant de quoi les tuer à un petit braqueur désespéré. Des salles de piqûres clandestines s'installaient à côté des dispensaires marqués d'un "Leslie's Association" dans une impunité presque totale. Le bien et le mal se mélangeait en une masse grisâtre de moralité survivaliste.

Après deux jours de recherches, à essayer de prendre contact avec des brigands et des petites frappes qui n'osaient rien me dire, j'en venais à regretter de ne pas avoir contacté Héléna. J'aurais ainsi pu et la "tester" et profiter des dons, s'ils n'avaient pas changé, de sa famille pour s'intégrer dans ce genre de monde. Ce n'était pas mon milieu, pas ma place. En blanc, or, rouge et bleu, un masque dur en lieu et place de mon visage, je détonnais et faisais fuir comme des cancrelats tous ceux qui auraient pu m'aider.

Dans une pochette accrochée à ma ceinture, se tenait tranquille la raison de ma présence ici. Plus le temps passait et plus elle se faisait lourde.

La méthode "super-héros" ne marchait pas. Atterrir, demander des renseignements, intimider juste à la voix et au charisme... ça ne marchait pas. Au troisième jour, je changeais donc d'approche.

L'on m'avait toujours dit que Gotham était une cité qui tenait dans un équilibre sensible entre criminalité, police corrompue et justiciers qui étaient à la limite des deux premières catégories. Kal m'avait souvent dit qu'il n'acceptait pas ce qu'il s'y passait pas plus qu'il comprenait pourquoi une autre solution n'était possible. Même lui s'y résignait, il n'osait sans doute pas venir perturber le terrain de la chauve-souris et de sa logique tordue. Gotham avait plus besoin d'un Superman que d'un Batman. Un Joker, une Poison Ivy, un Bane, qu'auriaent-ils pu espérer face à Kal ou même moi ? Ne parlons pas des Black Mask, Pingouin et autres dégénérés.

Pour ma part, au diable le protoocle, je n'avais pas envie de m'annoncer auprès de Batman ou sa clique et entendais gérer mes affaires à ma manière. Même Ted ignorait ma présence ici. Depuis la visite d'Amanda et sa convalescence en cours, je ne souhaitais pas l'inquiéter. Encore moins lorsque l'on savait ce que je voulais faire.

En l'absence de trace de la chatte cambrioleuse et de coopération, j'allais passer à la vitesse supérieure.

Un cri. Une prostituée agressée en pleine prestation par un client. Plus de fenêtre dans la chambre, un tapis de bris de verre accueille mes bottes. Ma main saisit alors celle que l'homme levait vers sa victime. Bruit d'os. La table de chevet craque sous le poids de son corps projeté à grande vitesse. Pas le temps de crier, il est assomé.

La jeune femme, bouleversée, visiblement à peine majeure balbutie des remerciements. Je repère le porte-feuille du type en retire tout l'argent et sa carte bleue avant de les lui donner.

- Je veux voir Catwoman, fais passer le message, lui fis-je avant de partir avec le type que je livrais nu au poste de police le plus proche.

Braquage d'une petite boutique dans une zone qui est "considérée" comme protégée par Black Mask et ses hommes.

Le braqueur regarde sa main alors que l'arme qui s'y trouvait est maintenant dans les mains du propriétaire de la boutique. Je le soulève sans ménagement.

- Tu bosses pour qui ? lui demandai-je sans chaleur.

Il balbutia le nom d'un pauvre type qui essayait de jouer dans la cour des grands. Pas intéressant. Poste de police.

Tentative de racket. Trois agressions sexuelles. Cinq vendeurs de drogues. Un garage qui camoufle des voitures.

New York est plutôt tranquille en fait...

Mon poing défonça un pare-choc de voiture d'une bande de loubards qui venaient d'essayer d'emporter deux filles sans leur consentement. Le premier avait voulu jouer les durs. Il fit un merveillaux marteau brise-vitre pour pulvériser le pare-brise. Les deux autres s'étaient barrés. Les jeunes femmes me remercièrent avant de partir.

Pas de trace de la chatte. Super-vue.

Un maquereau violente l'une de "ses" filles.

Je le soulève par sa veste qui craque et le colle à deux centimètres de mon visage.

- Toi je t'ai déjà vu...

Je l'avais déjà interrogé à l'occasion de ma première enquête pour retrouver Sélina Kyle. Il paraît surpris de me revoir et persiste à se taire. Je le colle contre un mur, le revêtement s'effrite alors que son dos émet un craquement.

- J'en sais rien ! Mais t'es malade ! hurla le type.

Coup de coude dans la mâchoire pour le faire taire. Je n'ai plus de patience. Il mangera à la paille pour les prochains jours. La prostituée qu'il frappait m'observe, interdite, à la fois terrifiée et fière. Dans son regard je pouvais lire qu'elle avait l'habitude des remontrances de son "patron" mais qu'elle était plutôt contente du sort que je venais de lui réserver.

- Je cherche Catwoman, lui fis-je.

Un signe de tête me fit comprendre qu'elle avait saisi le message et je repartais dans le ciel.

Deux querelles domestiques qui manquèrent de déraper, un zélote du Sang Glacé qui tentait de racoler des enfants affamés...

Le poste de police le plus proche avait de nombreux arrivages...

Un ripoux faisait une tournée avec un type tatoué qui servait Black Mask si j'en croyais leur discussion. Le second finit dans une poubelle et le premier, la tête en bas à deux étages de hauteur depuis un escalier d'évacuation incendie particulièrement grinçant. Un père de famille, batte à la main avait d'ailleurs ouvert sa fenêtre pour se prémunir d'un cambriolage. Lorsqu'il passa la tête, il n'en crut pas ses yeux.

- Tout est sous contrôle, lui fis-je.

Il rentra la tête sans un mot et le policier gesticulant osa me tenir tête.

- Lâches-moi sale timbrée ! J'connais ton nom ! T'es dans la merde ! On te retrouvera Starr, toi ou tes...

- Je peux faire en sorte que l'enterrement de ton boss se passe dans une boîte d'allumettes. Dis-moi où trouver Catwoman et tu évites la case hôpital.

Pour ajouter à la menace, je saisis d'une main un garde-corps en métal de l'escalier et le tordait comme du caoutchouc. L'homme sembla ne pas enregistrer, ma menace et la situation ne devaient sans doute pas être assez réalistes. Parfois le déni est plus fort que la raison.

Insulte. Je serre sa cheville. Ma super-ouïe amplifie ses cris mais j'entends son articulation s'étirer plus que nécessaire. Le tibia commence à se fêler. Il hurle toujours. J'arrête, il m'insulte. Je resserre.

Gotham fait visiblement cet effet sur les gens...

Il ne dit rien... Désespérant.

Je l'expédiais avec son pote aux urgences.

Le changement de méthode ne m'aidait pas vraiment même si ces dernières nuits les habitants vivaient un peu plus au calme. Une bande de délinquants tenta de brûler une voiture de police. J'intervins, leur posa ma fatidique question. Rien. Cinq types en plus dans les vapes pour cette nuit... Je m'envolai.

Finalement, perchée sur un immeuble, j'observai le quartier qui était sensé être celui de la cambrioleuse... en vain. Je m'assis sur le rebord du bâtiment et décrochai le tube d'holodoc qui était sur ma ceinture. Je soupirai.

Sans doute ferais-je mieux d'appeler quelqu'un que je puisse contacter facilement. Avec le barouf que je venais de faire, tous les justiciers de cette ville sauraient que je cherchais Catwoman, probablement aussi les criminels dont j'avais allègrement démoli dents et os.

Note pour plus tard : améliorer mon système de traque et nettoyer Gotham City.

J'espérais cependant toujours qu'en ce quatrième jour elle saurait me trouver...

Catwoman... où es-tu ?

Catwoman était fidèle à sa réputation. Perdue dans mes pensées, les yeux noyés dans la noirceur de Gotham, je n'étais pas assez concentrée pour l'entendre arriver. Discrète, aussi glissante que les ombres que sa tenue et sa personnalité épousaient à merveille, elle s'introduisit de façon plutôt polie au regard des circonstances.

Je me levai paisiblement. La nuit n'était pas mon milieu de prédilection et ma cape d'un rouge normalement flamboyant était ici plus proche de la couleur lie de vin ; mes bottes et mes gants bleus paraissaient peintes dans les teintes pétroles d'une vieille peinture à l'huile quant à ma combinaison blanche qui recouvrait maintenant mes jambes, mes bras et ma gorge, elle semblait sinistre. C'était comme si un peintre fatigué m'avait immortalisé dans une nature morte. Cette ville ne me réussissait pas particulièrement. Même mon fermoir doré paraissait vieux de plusieurs siècles dans cette éclairage morbide.

- Power Girl, fis-je simplement pour me présenter. Gotham n'est pas vraiment ma ville, je suis plutôt du côté de New York mais il m'arrive d'y faire des crochets lorsque je n'ai pas le choix. Comme aujourd'hui.

Ma cape claqua un instant dans un vent qui m'apportait en même temps l'odeur et les bruits de la ville. Je fronçai le nez. Ni l'une ni les autres n'étaient ragoûtants.

- C'est vrai, je vous cherchais et je suis heureuse que mes "messages" vous soient parvenus.

Je plongeais une nouvelle fois mon regard vers les rues suintantes que l'on devinait au travers de l'enchevêtrement de gargouilles, gouttières et escaliers d'évacuation. Des adolescents, les jambes pendues dans le vide, bien assis sur les constructions métalliques discutaient de choses et d'autres, pris dans les tourments de leur propre jeunesse sans se soucier de l'avenir. Pour eux c'était et ce serait Gotham, sans autre horizon que les façades déchiquetés des bâtiments de pierre.

Un chat sauvage sauta d'un rebord de fenêtre ouverte d'où émanait l'odeur d'un repas en cours de préparation. Des rires perçaient parfois, comme l'écho étouffé d'un bonheur presque déplacé.

- Je ne peux pas dire que je me sois ennuyée pendant mon séjour, commentai-je sans animosité, plutôt avec une sorte de pitié résignée. C'est à ce demander à quoi l'on sert lorsque l'on voit le résultat.

Soupir bref avant de me tourner vers Catwoman. Je devais admettre que cette cambrioleuse avait un bon gimmick et paraissait clairement avoir une tenue adaptée à ses activités. Je me surpris à la détailler, comme pour essayer de voir si j'avais affaire à la bonne personne et pas à une imitatrice que des indices auraient pu révéler. Mais elle était parfaitement stable, rythme cardiaque normal, d'une pose nonchalante, comme un chat en son territoire qui ne sent pas de menace à son égard. Décidément un excellent gimmick.

De mon côté, il n'y avait pas de quoi être fière, j'avais les moyens financiers, la puissance brute et les méthodes nécessaires pour mettre la population criminelle de cette ville sous les verrous. Je pouvais réinsérer toutes ces pauvres filles avec des associations et des institutions, je pouvais résister aux pressions de la pègre sans problème. D'ici j'aurais pu tout entendre, violer toutes les intimités pour traquer les dealers, les serviteurs de cette mafia locale sans foi ni loi. L'ironie de respecter certaines règles et de composer avec la susceptibilité des hommes et des femmes qui préféraient encore voir leurs prochains ramper dans la fange plutôt que de recevoir de l'aide d'une alien...

- Mais je ne suis pas donnée tout ce mal pour vous parler de Gotham City, j'ai besoin d'une experte en cambriolage, lâchai-je en levant mon holodoc. J'ai besoin de braquer un casino et de récupérer des informations qui s'y trouvent.

Je réfléchis ensuite quelques secondes, le temps de trouver une manière de présenter convenablement le grand hic de cette histoire.

- Le point qui pourrait vous intéresser en premier est que ce casino se situe dans une autre galaxie. Pour être très précise même, il s'agit d'une stations orbitale de la taille d'une petite ville.

Au moins c'était dit. Je devrais assurément demander à Wesley ou Victor comment présenter les choses problématiques avec plus de subtilité.

- J'ai plus de détails sur cet holodoc et j'assure le transport, complétai-je en agitant délicatement mon conteneur. Est-ce que vous seriez prête à m'aider ? Et si oui, qu'est-ce que vous voudriez en échange ?

Hawkman et Wildcat seraient fiers de mes talents de diplomates-négociatrices. Propre et sans détour...

- Je n'ai pas pour habitude pour faire les choses à moitié, répondis-je en haussant les épaules lorsqu'elle mentionna combien je m'étais investie pour attirer son attention. Et puis, ce n'est pas comme si ça m'avait déplu dans le fond.

On pouvait dire qu'elle était habitée par son rôle. Catwoman était joueuse, amusée, curieuse, tout ce que je pouvais retrouver chez les chats, même si je n'en avais plus guère et je devais avouer que ça me manquait. Mais trêve de nostalgie. Elle était clairement à l'aise et n'hésitait pas à jouer avec mes propres paroles comme avec une pelote de laine.

- Vous avez un sacré C.V., êtes toujours en liberté et n'arrêtez pas de défrayer la chronique. On peut parler d'expertise à ce niveau là, expliquai-je brièvement.

Puis elle me retourna la question. Qu'est-ce que je pouvais lui apporter ? Encore fallait-il que je sache ce qu'elle aimait par dessus tout ? Autant tout lui proposer sans trop de filtre.

- Un coup de main pour rendre ces quartiers plus sûrs ? Comme le Casino que je vous propose de braquer appartient à une pègre intersidérale, tout ce que l'on pourra prendre là-bas ? Argent, bijoux, pierres précieuses, métaux rares ? Je peux vous proposer de l'argent. Une garde robe venue des plus grands couturiers de la galaxie ? Un voyage sur une planète dirigée par des chats ?

" Tant que ça reste plus ou moins légal je devrais pouvoir l'obtenir.

Tout était dans le "plus ou moins". Surtout lorsqu'il s'agissait de négocier une participation à un braquage, opération à la légalité douteuse même si la victime n'était pas un saint.

J'allais rouvrir la bouche lorsque j'entendis le bruit d'une détonation. A super-vitesse je me retournai et vis la balle de sniper arriver au ralenti vers Catwoman. Ma main l'attrapa au vol à quelques centimètres de la tête de ma cambrioleuse. Je plissais les yeux et découvris un tireur d'élite improvisé qui se relevait en panique de son toit. Il y eut un déplacement d'air et bientôt l'homme que je cueillis comme une fleur hurlante fut jeté à terre entre la chapardeuse et moi-même.

Je lui enlevai sa cagoule sans ménagement tout en écrasant son fusil de précision avec l'une de mes bottes.

- Vous avez un fan club très particulier, lançai-je à Sélina.

L'homme était très mal à l'aise entre nous, sans doute voyait-il un court métrage de ses plus grands regrets dont celui-ci en tête. Il cherchait une issue, regardait à droite et à gauche en quête d'un escalier où une porte de maintenance, essayait de reculer en se traînant sur le dos. C'était trop mignon...

- Pour vouloir tuer quelqu'un à côté d'une kryptonienne faut pas être bien futé, lui dis-je. Si tu nous disais plutôt ce qui t'a pris ?

- Je... je... j'peux rien vous dire ! On m'a payé !

D'un geste de la main je proposai à Catwoman de prendre le relais.

- Il s'agirait dont plutôt de l'ami d'un ami. Vous en avez beaucoup ?

- Va pour les objets de valeur alors, acquiesçai-je à cette mouvante et joueuse interlocutrice.

Elle releva le léger paradoxe de ma conduite en m'interrogeant sur l'aspect légal de notre opération. Évidemment.

- Ici, c'est totalement illégal. Là où nous allons... la loi est plus flexible. Ce casino est relativement... clandestin - autant que peut l'être une station orbitale. Et d'un point de vue moral, je mets dans la balance les vies qui sont en jeu. J'ai cependant des limites, comme le meurtre, répliquai-je pour souligner mon point précédent. Comme je l'expliquais, j'ai une enquête à mener et une clef se trouve dans ce casino.

Mais nous n'eûmes pas le temps de finir notre petite conversation philosophique. A la place, nous étions toutes deux penchés sur le cas d'un homme visiblement blême. Pas futé, mais bel et bien blême.

- ... , déclara-t-il dans une angoisse palpable aux premières menaces de Catwoman.

Une griffe de la féline chasseresse jouait avec la gorge de son adversaire tandis que son autre main trouvait un téléphone portable dans sa tenue.

- Je... c'est...

Il cria lorsque le talon de Catwoman manqua de lui perforer la main. L'individu était visiblement du genre joueur.

Le téléphone portable jetable que Catwoman tenait entre ses mains était quelconque, le genre avec lequel les mercenaires avaient l'habitude de travailler. Un rapide passage au rayon X ne me révéla rien de particulier. Pas d'explosif, pas de piège, pas d'émission étrange, mais... en fait... Le téléphone cessa d'émettre une onde et l'individu devint un alien. Technologie de camouflage. L'homme avait la peau écailleuse et verte. On aurait pu dire un citadelien mais avec un gabarit en dessous de la moyenne. Un croisement sans doute. Le genre dont une société guerrière et ultra standardisée n'aurait pas voulu.

- Foutus simiesques, râla l'extraterrestre. Aftermath m'a payé, voilà, vous êtes contentes ?

Encore ce type.

- Et pourquoi t'en prendre à une terrienne ? demandai-je.

- Il m'a dit de tuer une fille qui lui avait piqué un truc. L'holo que j'avais correspondait à elle. J'pouvais pas savoir qu'elle était sous ta protection fillette !

Je levai un sourcil interrogateur vers Catwoman.

- Tu as déjà pillé ce parrain de la pègre intergalactique ? demandai-je impressionnée avant de revenir au mercenaire. t'es sûr de ton coup ?

Il prononça une phrase incompréhensible pour une oreille humaine et le téléphone afficha une image en trois dimensions. On pouvait clairement reconnaître une forme prédatrice, le costume donnait clairement l'air d'être celui de Catwoman, mais avec de subtiles variations et surtout des yeux à l'iris très féline qui ne collaient pas avec Sélina Kyle.

- Catwoman victime d'un copycat... plaisantai-je. Fallait me dire qu'il y a avait un fan club, j'aurais pu laisser les rues de Gotham tranquilles...

Ce n'était pas forcément drôle, surtout si Aftermath avait décidé de s'adonner à la traque de la cambrioleuse, mais la situation était cocasse de mon point de vue.

- Comment ça ? s'étrangla l'alien qui souffrait sur le sol. ça fait des mois que je traque cette terrienne et c'est pas la bonne ?!

Il gesticula de plus belle pour extérioriser sa frustration. Restait à voir si Catwoman, la plus concernée par cette affaire, avait d'autres questions pour ce type.

Catwoman prenait la situation avec philosophie et une pointe d'humour qui était la bienvenue. Nous étions fixées sur le premier point : elle n'avait pas pillé Aftermath. Par contre, il y avait visiblement une autre chapardeuse sur les traces du mafieux. Cela faisait beaucoup de monde qui gravitait autour de lui.

Aux questionnements de mon accompagnatrice, l'alien en mauvaise posture ne répondait que par des mouvements de la bouche irréguliers, comme s'il était un poisson hors de l'eau. Devant une femme chatte le choix de l'analogie était plutôt cruel mais il donnait réellement l'air de chercher à connecter deux fils dans son cerveau - ou à chercher des fils à connecter.

- J'pensais que c'était toi "cette folle"... gémit l'individu avant de se rendre compte de sa maladresse. Enfin... euh... faut dire que... de loin...

- Elles ont l'air aussi folles l'une que l'autre ? fis-je, taquine, pour l'enfoncer encore un peu plus.

- Ouais... euh non attends...

Décidément aussi futé qu'une moule dans une paella.

- Tout ce que je sais c'est qu'elle se fait appeler "Catwoman", comme toi, tenta-t-il pour se raccrocher aux branches.

Lorsqu'elle en vint à s'accroupir pour lui parler dans le blanc des yeux, l'extra-terrestre déglutit.

- J'vous dis tout ce que je sais et on en reste là ? négocia-t-il avec le sourire "rassuré" de celui qui cherchait à sauver les dents qu'il ne montrerait pas trop.

- Donc, tu ne nous as pas tout dit c'est ça ? insistai-je.

- Aftermath a pas dit ce qu'elle lui avait pris, mais il a mis une telle somme qu'on commence à jaser là-haut ! débita-t-il comme s'il voulait vaincre Barry Allen à un concours de diction. Apparemment elle a pris un truc en rapport avec un "warlogog" c'est tout ce qui se dit, j'en sais pas plus !

Je fis une moue fort désagréable et assommai l'individu d'un coup de coude bien placé. Il n'avait rien à nous dire de plus à mon sens et je préférais que la suite reste entre Catwoman et moi.

- J'irai apporter ce type aux Green Lantern du secteur, commentai-je en le pointant du pouce. Pour info, ce "Warlogog" est lié à ce que je cherche. C'est une sorte de téléporteur. Si cette copie carbone est sur cette piste tout porte à croire que je finirai par l'avoir dans les pattes. Autant ne pas perdre de temps.

Je sortis de l'intérieur de l'un de mes gants une carte noire de paiement.

- Là où l'on va c'est très "sélect". Besoin de faire les grands couturiers parisiens avant le départ ? Personnellement je vais en avoir besoin, ma garde robe est devenue plus fonctionnelle qu'élégante ces derniers temps.

Je fis alors un aller-retour à super-vitesse entre la home sector des Green Lantern pour leur remettre l'individu ainsi que le signalement de la "Catwoman" intersidérale, histoire de jeter des chiens à ses trousses ; puis je revins auprès de ma partenaire de crime.

- Prête ?

La torture n'était pas une pratique que j'acceptais sans broncher et si les prises de Catwoman lui permettaient de faire planer une menace, sa déception toute enfantine alors que j'assommais notre captif avait de quoi me rendre perplexe. Frapper et écorcher un individu, qu'il soit criminel ou non n'était pas dans mes principes.

- Le Casino offrira encore davantage d'amusements, répondis-je diplomate pour éviter de glisser vers un pugilat philosophique alors même qu'il ne s'agissait sûrement que d'un petite cabotinage de la part de mon accompagnatrice... quoique...

Certaines lignes n'étaient pas faites pour être franchies même si le manichéisme n'était pas dans mon logiciel de pensée. Il n'existait fondamentalement pas de bien ou de mal dans cet univers, pas d'ordre absolu qui dictait une loi supérieure à la nature elle-même ou qui pouvait régir les lois de la physiques. Des météores entraient en collision avec des planètes habitées ou fourmillant d'une vie dans l'indifférence du cosmos ; des bactéries vivaient et mourraient dans un grand balais chaotique et ce n'était pas le raffinement biologique ou la taille de la bestiole qui décédait qui avait de l'importance, pas plus que la vague notion de conscience qui passait pour toute relative d'un peuple à l'autre.

La torture avait toutefois une chose dérangeante, une forme de sadisme qui ouvrait la voie vers d'autres travers et je préférais m'en tenir loin. Ce n'était pas "mal", mais c'était... comment le définir en terme humain ? C'était dangereux et ouvrait trop d'autorisation d'un être sur les autres. Il était cependant compréhensible qu'une femme qui vivait dans un environnement comme le sien glisse vers ce genre de pratique. Lorsque l'on affrontait un adversaire comme Black Mask ou des Pingouins, des Jokers ou autre, on ne pouvait pas tenir sur une piédestal de principes chatoyants et coquets.

Alors que j'expédiais notre "colis" chez les Green Lantern je pouvais assurément réfléchir à ce sujet mais je ne devais pas dévier. Pour les Humains et leur système de valeur, infiltrer et voler un type était répréhensible, qu'il soit sur Terre ou dans un coin de la Galaxie sans loi contraignante. Cet interdit reposait assurément sur un culte non assumé ou atrophié, presque totalement intégré dans leur système judiciaire que la propriété était absolue et intouchable. Catwoman était encore la mieux placée pour comprendre la limite grisaillante de l'Humanité.

La question qui s'était posée à moi avant cette association était finalement moins une question de bien et de mal, mais plutôt une question d'efficacité face à une menace qui allait au-delà des lois terriennes. Et les talents de Catwoman s'ils pouvaient être dangereux mis au service de mauvaises mains n'allaient pas l'être présentement. Mais qui ose prétendre agir pour le mal ? Étais-je en train de me leurrer ? Kal irait certainement dire que je choisissais la facilité pour justifier une action radicale et extrêmement limite.

De retour près de ma collaboratrice, je la pris dans mes bras et nous filâmes à allure raisonnable vers un quartier de New York où s'étaient réfugiés de grands couturiers européens pour fuir la dictature de Per Degaton.

La nuit commençait à nimber les rues mais les boutiques étaient encore ouvertes, prêtes à nous accueillir.

Et je m'offris alors une chose risible, une chose insignifiante alors que le monde allait à la dérive, une chose futile et égoïste : une séance de shoping et de soins. Certes avec l'objectif d'aller piller un casino intersidéral mais aussi juste pour le plaisir... de me faire un peu plaisir...

Une fois apprêtée et convenablement équipée, je louais deux chambres d'hôtel dans un grand palace, histoire de faire une pause avant notre opération à l'autre bout de l'univers. Je louais sous un faux nom pour éviter les déconvenues de la "célébrité" forcée par la révélation de mon identité et qui avait émaillé notre parcours dans les grandes boutiques. Sans oublier hélas les touristes férus de presse à scandale qui avaient pris des selfies avec "PeeGee !", les enfants qui avaient demandé à être portés, etc. tout notre trajet de boutique en boutique. Difficile d'être discrète dans ces conditions...

Je transmis à Catwoman les plans et les informations que j'avais sur le Casino, histoire que nous ayons les mêmes connaissances des lieux et qu'elle puisse se préparer au mieux.


Le lendemain, nous pûmes quitter discrètement notre hôtel après le petit-déjeuné - je n'allais pas sauter le repas le plus important de la journée. Direction un petite coin reculé près de la région des grands Lacs.

Je sortis un téléphone portable étrange et appelais...

Le Space Cabbie.

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Sortant de son véhicule jaune et noir, le conducteur toujours aussi souriant, admira le paysage avant de nous voir toutes deux avec nos sacs à vêtement à la main.

- C'est toujours un plaisir ! lança-t-il en ouvrant son coffre. Besoin d'aide avec ça ?

Il prit délicatement nos affaires et les posa soigneusement dans son coffre dimensionnel.

- Où dois-je vous conduire mesdames ?

- Au "Space Royal", fis-je en indiquant un siège à Catwoman.

- Ahhh, le meilleur endroit pour flamber hein ? lança-t-il en riant.

Puis il rajouta tout bas à mon égard.

- Juste entre nous, vaut mieux que j'évite d'y emmener des gens après ?

Je lui répondais par un petite signe de tête affirmatif et il me remercia d'un petit soupire qui signifiait que certaines choses étaient incorrigibles et que ça n'arrangeait pas ses affaires, mais bon...

Oui, il avait les soupirs et le visage très expressifs.

Nous filâmes ainsi vers le Space Royal où nous attendait une cabine privative réservée par un ami d'une autre planète pour assurer notre parfait anonymat. Nous aurions tout notre aise pour nous préparer.

Le Casino était une station toupie que l'on avait enrobée d'un décorum qui se voulait tout à la fois grandiose et baroque, mais qui, pour les connaisseurs était un assemblage plutôt grossier de clichés. Le rouge et l'or avaient l'avantage de cacher le mauvais goût.

Étagé avec soin, la structure était d'abord remarquable par la protection qu'elle offrait à sa clientèle. De nombreux vaisseaux tournoyaient autour et vérifiaient les identités au travers de très onéreux "cartons d'invitation". Pour l'occasion nous étions Mesdames Daphné et Joséphine, deux richissimes héritières d'une baronnie minière d'un coin perdu de la galaxie.

Le casino était disposé sur plus de sept étages en anneau que des rayons ancraient dans une colonne principale. Au plus haut de la structure, se tenait les étages administratifs et les quartiers privatifs d'Aftermath, ainsi que les réserves de monnaies et les stocks de vivres. Les étages les plus bas étaient ceux de l'hôtellerie et les cabines des "invités". Pris en sandwich, les sept étages de jeux et de plaisirs étaient soigneusement surveillés.

Avant d'arriver à la structure, je donnai à Catwoman deux lentilles qui allaient modifier ses yeux pour éviter qu'elle ne soit fichée par ce biais.

- Cadeau d'un ami de Bételgueuse, commentai-je simplement en mettant moi-même des lentilles qui me donnèrent des yeux parmes à l'iris partiellement écrasée.

Nous pénétrâmes par une entrée secondaire et fûmes escortées après un scan rétinien classique jusqu'à notre suite. Là nous pourrions à notre aise nous préparer et vaquer à d'oiseuses activités dans les salles de jeux.

A partir de ce moment précis, Catwoman était la maîtresse de cette opération...

[HRP]
- Une séance de shopping et de préparation est faite ;
- Via le Space Cabbie (le seul l'unique), nous rejoignons le Casino ;
- Sous de fausses identité, nous sommes accompagnées jusqu'à notre suite ;
- Je te passe le relais pour la suite fais-toi plaisir !
[/HRP]

Les quartiers, thématisés selon différentes planètes au travers de l'univers, s'étageaient avec ordre et seuls les numéros de chambres pouvaient encore vous permettre de ne pas vous perdre tant les couloirs paraissaient identiques dans une même zone. Accompagnant "Joséphine" et ses yeux de chats qui semblaient la ravir, nous suivîmes l'un des groom qui transportait nos bagages. De multiples robots de service s'activaient dans les chambres vides, les maîtres d'hôtel grouillaient à mille affaires au milieu du personnel organique qui gérait quelques services personnalisés.

Nous arrivions en plein "coup de feu", lors d'un chassé-croisé galactique qui suivait toujours de peu la mise sous une nouvelle orbite de la station spatiale. Le Casino bougeait beaucoup, au gré des polices et armées de l'univers. Dans cette parcelle d'une galaxie lointaine, il n'y avait pas de Home Sector des Green Lantern ni d'influence politique majeure. De ce que j'en avais appris, des seigneurs locaux louaient leurs orbites aux pirates, corsaires et autres aigrefins de l'espace dans l'espoir de capitaux juteux.

On nous ouvrit la porte et Catwoman se prit au jeu, m'appelant à l'envie "Daphné". Il allait sans doute falloir que je lui avoue que mes capacités de comédie ne me permettait même pas de berner un aveugle sourd et muet. Aussi me mis-je dans le canapé le plus proche en soupirant d'aise, lui laissant le soin de faire sa petite inspection.

- Je ne te le fais pas dire Joséphine, lui fis-je avec la pointe de lassitude qui suivait les longs voyages... enfin je l'espérais sinon je devais avoir l'air juste cloche.

Pour ma part, je scannais les murs. Voisin de droite : un homme riche, armé jusqu'au dent qui planquait une arme sous son lit, une sous son oreiller, une dans sa douche. Paranoïaque de première... A notre droite, une femme, visiblement riche et un.. deux... trois ? Y'en avait un quatrième ? Apparemment oui. Quatre animaux de compagnie, des vrilleuls, sorte de croisement plutôt raté entre un poulpe et un chien type corgi. En dessous de nous, deux chambres. L'une vide et en plein ménage, l'autre tenue par un junkie qui se faisait une prise. En haut, une seule suite. Vaste, avec une créature non-humanoïde et d'étranges sphères qui lui gravitaient autour. Entourage nominal. Devant nous le couloir, derrière nous... L'espace.

Catwoman me fit son rapport. Je me détendis. Je lui décrivais sommairement nos voisins avant de répondre plus directement à sa question.

- Nous devons à tout prix découvrir comment monter dans les étages supérieurs sans attirer l'attention. Je te propose donc de passer deux-trois heures dans le casino à flamber et faire un peu de repérage. Voir faire quelques poches pour toi. Puis on se retrouve...

Je laissai ma phrase en suspend alors que je sortais d'une table basse proche un plan sur tablette holographique des installations "publiques".

- ... au restaurant "Midnight", lui fis-je, c'est un restaurant plongé dans la pénombre. Tes yeux devraient te permettre d'y voir assez clair et pour moi, ça fera l'affaire. Ça nous permettra aussi de voir si l'on est surveillé ou non.

Je plongeai la main dans l'une de mes valises. J'en sortis deux cartes violettes. Elles m'avaient coûté chers mais elles auraient un bon retour sur investissement.

- Voici nos cartes de paiement. Attention, les couleurs attirent l'oeil. Bleu, c'est peu de crédit ; rouge c'est plutôt bien ; violet c'est franchement aisé et noir c'est les grands magnats, elles sont enregistrées avec nos empreintes rétiniennes. Avec une carte violette, les tables et les salles te sont presque toutes ouvertes. Crédits... pas illimités mais à moins que tu ne dépenses l'équivalent de 10 millions de dollars en jeu on devrait pouvoir tenir.

" Personnellement, ça m'arrangerait qu'on ne dépense pas tout... j'ai pas envie de passer une semaine à tracter des météores dans des exploitations de minerais...

J'avais déjà dû le faire pour payer les cartes et c'était franchement pénible.

- Comme le casino est multi-éthnique, il y a pas mal de relâchement sur les règles de politesse. A part les insultes et les coups violents, tout est relativement autorisé. Après, si mon expérience est bonne, toutes les mafias se ressemblent un peu et il n'y a pas de grandes différences entre Aftermath et un Carmine Falcone si ce n'est l'échelle de leurs activités.

Je pris le temps de considérer les lieux rapidement.

- Pour le moment je n'ai pas mieux... Mais je ne doute pas de notre niveau de "malignité" conclus-je en lui adressant un clin d'oeil.

Je m'incline un peu théâtralement alors que Catwoman m'invite à nous rendre dans le cœur de cet empire mafieux.

- Après vous ma chère Joséphine, fis-je en montrant la porte.

Les espaces de jeu étaient bondés et bruyants. L'on pouvait d'ailleurs clairement constater qu'en ce lieu d'une illégalité absolue, les distinctions sociales et de classe avaient cours, comme si tout ceci n'était que le pire reflet de nos sociétés. Les salles pour la population la moins aisée étaient remplies de machines de hasard où la pratique solitaire avait la part belle, où les règles étaient simples, avec des gains modestes, mais juste ce qu'il fallait de fréquence pour alimenter l'addiction et la frustration des flambeurs.

Plus l'on se rapprochait du centre de la structure et plus les salles devenaient feutrés et plus le rapport serveurs/clients s'inversait. Bien vêtues, glissant dans la foule, nous n'étions hélas pas discrète de ma seule faute. Plus grande qu'une bonne partie de l'assistance et "sculptée" par les effets du Soleil Jaune je n'avais pas la carrure que l'on attendait d'une jeune dilettante. Je donnais l'impression vague et menaçante d'être une garde-du-corps.

Je décidai alors de m'écarter de Joséphine pour qu'elle puisse faire à l'aise ses affaires. Pour ma part, j'observai, indécise, sur quel jeu m'échouer afin de donner le change. Je traversais les salles les plus bondées pour préférer respirer un peu dans les tables holographiques réservées aux porteurs de carte rouge.

C'était un empressement de peuples et de civilisations qui n'avaient en commun que l'appât du gain, l'addiction au jeu. Ici on retrouvait tout ce qu'il y avait de plus "civilisé", à savoir assez intelligent pour avoir un système financier mais pas assez sage pour se tenir loin de ces lieux de débauche. C'étaient des êtres aux corps, aux paroles, aux mouvements qui n'avaient rien d'identique au mien. Certains se déplaçaient en groupe, certains ne tenaient sous forme à peu près tangible que grâce à des objets de haute technologie. C'étaient des matriarches avec leurs mignons, des individus presque bestiaux qui pourtant parlaient avec raffinement. Le tout dans la douce odeur d'une arrière-cour du monde. Les substances qui se fumaient ou embaumaient l'air pouvaient facilement vous valoir des années de prisons...

Alors que j'observai une table, une créature léonine vint à ma rencontre et se présenta comme un courtier particulièrement bien placé dans une galaxie dont le nom me disait vaguement quelque chose. Il parlait dans un dialecte plutôt galvaudé, usant de formules un peu vieillotte mais j'avais cru lire dans une gazette intersidérale que c'était le dernier chic dans ce recoin de l'univers. Les regards concupiscents étaient cependant relativement universels et celui qu'il m'adressait était à tout autre identique.

Je me contentai de pincer un sourire qui devait donner l'impression d'une fêlure sur du marbre, lui offrit quelques paroles creuses avant de me déplacer vers une autre table. Décidément... rien de bien passionnant.

Quittant la zone "rouge" en balayant les alentours d'un regard plutôt morne, je mémorisai les détails que je croisai, mouvement du personnel, portes de service, nombre de gardes... bref, rien que du très standard pour le moment.

La zone violette était soudainement plus aérée. Le silence qui y régnait était presque assourdissant. Le décorum devenait plus intimiste, comme pour vous faire croire que vous étiez chez vous. Un serveur vint à ma rencontre pour me proposer une boisson. J'acceptai et d'un scan rétinien je me retrouvai débitée du prix de la consommation. J'allais devoir m'y habituer. Le cocktail en soi n'était pas mauvais.

Je m'assis alors sur une table. J'avais dû potasser un peu les règles de la plupart des jeux qui se jouaient dans cette station décadente et celui-là me rappelait un truc. Bon, il y avait des cartes, des dés, une sorte de tapis vaguement stylisé avec des emplacements. Le croupier eut la décence de m'expliquer les règles pour me "rafraîchir la mémoire". D'un coup de vision à rayon-X je constatai que les cartes étaient parfaitement lisibles, j'allais pouvoir éviter de trop perdre...

Avec moi d'autres joueurs et joueuses dont une femme à la peau bleue qui m'offrit ma consommation. Elle disposait visiblement de deux queues très félines dont l'une venait de temps en temps frôler ma jambe. Je tins mon sourire deux minutes avant de pouvoir le quitter pour essayer de me concentrer sur le jeu pour donner le change. Je mirais le plus discètement possible les alentours tout en essayant d'ignorer les "avances" de la schtroumphette.

Je vis alors paraître un type à barbe de poulpe. Difficile de le manquer, il détonait dans la classe ambiante des lieux. Il me rappelait quelqu'un... BARG ! Ce fichu pirate spatial. J'acceptai une nouvelle carte sans me rendre compte que j'allais perdre cette manche. Ma "partenaire" de jeu me murmura alors quelques mots dans une langage que je ne connaissais pas et je hochai instinctivement de la tête en enregistrant le parcours du pirate. Il devait certainement être en affaire avec Aftermath. Il passa derrière un rideau, ma super-vue me permit de déceler derrière une porte qui donnait sur un téléporteur et un escalier. Barg pianota un code... 6-2-1-9-la troisième lettre de l'alphabet Thanagarien puis sa quatrième, enfin sa dixième. Parfait.

J'entendis alors un sifflement flûté très agréable et me retrouvai flanquée de trois jeunes femmes bleues. Le regard pétillant et les queues qui fouettaient l'air assez furieusement, l'une d'elle qui parlait une langue d'alpha-centauri que je connaissais me demanda alors s'il fallait aller dans ma cabine ou la leur...

Le timbre de Catwoman attira l'attention d'une majorité de l'assistance, mes trois "nouvelles amies" ne firent pas exception. Une occasion en or. Je glissai doucement loin de ma chaise, profitant que les regards soient braqués sur la petite scène de Joséphine. Avec mon gabarit il était compliqué de dire que je me faufilai aussi faisais-je au mieux pour m'éloigner de la zone d'inconfort en essayant une chose plutôt incongrue : la discrétion.

Je quittai alors l'espace violet pour rejoindre une zone plus dense. Là se tenaient des boutiques qui vendaient jusqu'à l'invendable. Contre-bande ; esclave camouflés derrière des locations de service ; colifichet ; armes ou générateurs ; le tout soigneusement dissimulé derrière des façades et des comptoirs aux allures parfaitement respectables. Ma super-vision me révéla les armureries cachées, les armes mises soigneusement sous les tables pour se défendre éventuellement. C'était ainsi un endroit à la fois parfaitement charmant par les décorations qui l'embellissaient et parfaitement répugnant, comme si des nids d'araignées géantes s'étaient installés au sein des balcons de l'Opéra Garnier. J'expédiai rapidement ce passage pour monter vers les restaurants et plus particulièrement celui qui nous servait de point de rendez-vous.

Là s'alignaient d'autres types de voleurs, plus subtils même mais non moins immoraux. Derrière des cartes renommés qu'ils copiaient sans vergogne, ces restaurateurs sans scrupule employaient une main d'oeuvre peu qualifiée, peu syndiquée, peu bavarde et certainement peu au fait de ses droits bafoués. Mais pour le plaisir d'une élite frivole ou d'un peuple qui s'abîmait dans le jeu pour mieux oublier ses problèmes c'était peu de choses. L'égoïsme paroxysmique d'un monde ultra-libéralisé au service d'une consommation aveugle. L'emblème du Grand Guide du Fin Gourmet d'une succursale de l'empire de Manga Khan marquait d'ailleurs la plupart des enseigne lorsqu'elle ne lui appartenait pas complètement. Un signe qui ne trompait pas.

Je me postai alors contre une rambarde qui donnait sur la fosse rouge où jouaient les masses. J'essayais alors de trouver du regard Catwoman à côté d'un étrange individu...

Oh non... pas lui.


L'esclandre de Catwoman avait attiré du monde et de l'attention. Des gardes plutôt quelconque, mus par l'habitude, vinrent à la rencontre du goujat, jugèrent d'un regard de charognard Joséphine et firent un geste vague de la main pour que le giflé s'éloigne sans trop faire d'histoire. Ici on distribuait le silence pour que chacun puisse reprendre ses activités au plus vite. Une seconde d'arrêt des jeux c'était de l'argent qui s'envolait.

Les croupiers se remirent donc à leurs tâches, les trois amies de Power Girl se retrouvèrent seules et firent des moues dépitées avant de s'en repartir au jeu. Une occasion manquées pour elles, elles trouveraient bien une autre victime à dépouiller, celle-là paraissait cependant être un bon morceau.

Un type s'approcha alors de Catwoman et lui glissa à l'oreille.

- Alors choupinette, on se trouve loin de sa planète ?

Sa voix portait en elle la plus belle familiarité déplacée. Elle se modulait dans le sarcasme et le grivoiserie facile, elle portait en elle les stigmates de tous ses passages dans la vulgarité la plus outrancière. Et pourtant, derrière tout se virilisme suranné, elle était marquée par une volonté inébranlable et par un sens de l'honneur, très personnel certes, mais au moins présent en partie. Un sourire de type à l'aise partout - surtout où il se sait importun- permettait à son visage de refléter son réel amusement. Sa coupe de cheveux improbable ajoutait au grotesque du personnage.

Sa tenue pouvait cependant jurer tant elle ne lui était pas commune : un costume trois pièce parfaitement cintré qui, il fallait lui reconnaître au moins ce mérite, mettait sa silhouette en valeur. Dommage qu'il la déforme dans une pose décontractée du plus mauvais goût. Un gorille dans un corset eut plus fière allure.

Ainsi Guy Gardner, le Green Lantern le moins bien éduqué du Corps - quoi que pas le plus indiscipliné c'est dire l'état des policiers intergalactiques -, se tenait à côté de Sélina Kyle que son anneau, soigneusement porté autour d'une chaînette cachée sous sa chemise, avait discrètement identifié.

- Tu devrais prendre un verre la chatte, lui fit-il tout bas en lui présentant un bar proche. On a deux trois trucs à se dire avant que ça pète dans tous les coins. T'es venue seule ?

Les barres de sécurité qui soutenaient les deux mains de Karen se tordirent sous l'effet que l'identification de Guy provoqua chez elle. Pas moyen d'être loin des boulets. Et d'ici elle pouvait tout entendre. Quel culot.

[HRP]
Mes excuses pour le retard !

- PG profite de la diversion de Catwoman pour s'éloigner et rejoindre les restaurants ;
- Guy Gardner en civil aborde Sélina pour l'inviter à prendre un verre en lui expliquant que les choses risquent de dégénérer.
[/HRP]

Guy Gardner observa les alentours lorsque Catwoman lui demanda qui il était. Lorsqu'il revint sur elle, il baissa légèrement la tête et le ton, comme pour lui révéler un grand secret.

- Ça ma belle, c'est le genre de choses que je révèle sur l'oreiller, balança-t-il avec un clin d'œil. Tout ce que je peux te dire c'est que j'ai un petit bijoux vert pour peut faire du dégât.

Une façon comme une autre de lui annoncer qu'il était un Green Lantern. Que de subtilités... Catwoman continua à lui faire la conversation, le temps pour moi de réfléchir à une échappatoire.

- "Envahissant" ? Là tu me blesses chérie. Je prends la place qu'on me laisse, pas ma faute si les autres préfères raser les murs, surenchérit-il avec son insupportable suffisance virile.

Il siffla son verre plus qu'il ne le savoura alors que Sélina s'enfonçait dans le cynisme, une stratégie gagnante avec un type aussi goguenard que Gardner. Pour ma part, je trouvai un coin tranquille pour m'éloigner de caméras ou de senseurs qui auraient l'impudence d'être braqués dans ma direction. J'allais devoir y aller rapidement...

- Un fan ? J'dis pas que ton CV est dégueux chérie mais t'es pas mon genre... tu...

Ce fut une scène que le barman ne su rétrospectivement pas décrire avec exactitude. Il y avait un humanoïde, enfin, deux, le mâle était commun pour la clientèle, la femelle aussi. Ils discutaient et puis, d'un coup, un coup de vent, le type avait volé par dessus le bar en prononçant un "Wha..." La femelle avait disparu, son tabouret renversé.

A super-vitesse, la scène avait été beaucoup plus limpide. D'abord, une respiration, une course, un saut par dessus une rambarde, un vol rapide mais efficace. Un détour via un petit arc de cercle pour éviter que le sens du vent ne trahisse une quelconque position. Arrivée derrière Gardner. Comme il trainait un peu n'importe où, je liitai le contact physique avec lui. Un bon coup de coude à la vitesse de la lumière dans l'oreille droite ; son tabouret violemment soulevé pour l'envoyer par dessus le mobilier et le tour était joué. Enfin, le plus important : Catwoman. Je la calai contre moi, la ceinturant pour lui éviter une lombalgie et m'envolai en prenant le sens inverse de ma course.

Nous nous retrouvâmes ainsi dans une coursive à l'écart. J'espérai que le vol éclair ne l'avait pas trop retourné.

- Tout va bien ? lui demandai-je.

Nous n'avions plus qu'à croiser les doigts pour qu'aucun appareil trop sophistiqué n'ai pu nous suivre.

- Ce n'est pas que je n'avais pas confiance en toi, mais tous les cerveaux ne survivent pas à une rencontre avec Guy Gardner, l'un des plus pathétiques Green Lantern de l'Univers Connu, expliquai-je en jetant un pouce insolent derrière mon épaule. Mais s'il est là, ça veut dire que d'autres ne vont pas tarder à débarquer, s'ils ne sont pas déjà là...

Je soupirai, pourquoi le choses ne devaient-elles jamais êtres simples ? Je fus alors prise d'un étrange vertige... Je plaquai mon épaule contre un mur qui se déforma. Le sol parut vouloir remplacer le plafond tandis que les murs se gondolèrent un instant. Le contact de ma main avec mon front qui devenait glacial ne me rassura pas.

Pas maintenant...

Je sentis de la sueur perler doucement...

Les symptômes disparurent comme ils étaient venus. Seule restait la sueur que j'effaçai d'un revers de la main.

- J'ai repéré une cible... et un chemin je crois... et toi? fis-je comme si rien ne s'était passé.

Au moins elle avait conservé son repas bien au chaud dans son estomac. Un verre d'eau la requinquerait un peu, je n'avais cependant rien à portée de main pour l'aider. Lorsqu'elle reprit la parole, j'esquissai un sourire en coin. Demande légitime de sa part.

- Entendu, lui répondis-je. J'ai improvisé du mieux que je pouvais.

Même si en cas de force majeur je demanderais certainement son consentement pour la forme et le respect de mon engagement plutôt que pour réellement l'obtenir. Mon sourire s'était naturellement effacé après mon léger malaise et ma tentative de faire passer ce passage à vide pour un non-évènement resta une simple tentative. Catwoman entendait comprendre avec qui elle s'était finalement embarquée. Encore une fois, je me demandai bien à quoi j'aurais dû m'attendre, je n'avais pas la même relation avec elle qu'avec un Kal qui aurait feint l'ignorance ou un Ted qui aurait différer sa question à plus tard.

Bon, par où commencer ? Darkseid et l'infection ? Non, un peu anxiogène. Ma perte de sommeil ? Trop personnel. Les "médicaments" que je prenais pour dormir ? Un peu trop résumé. D'un autre côté. Je pouvais jouer la carte du surmenage ? Trop bateau. A quoi bon mentir, j'en étais bien incapable.

- Je te dois la vérité. C'est un peu notre raison d'être ici, commençai-je en la regardant sérieusement dans les yeux. Je cherche une personne, malveillante, qui a... des comptes à me rendre. Ce qu'elle m'a fait a... perturbé un peu mon sommeil... enfin, disons qu'elle a carrément... enfin c'est pas vraiment elle, plutôt le fait que j'ai... enfin... tu vois...

Oh bordel... Voyant que visiblement plus je progressais et moins j'avançais, je fis une pause. Cette situation m'agaçait, je détestai me retrouver comme une gamine incapable d'assumer son passé.

- Bon, pour résumer, lorsque Darkseid est arrivé sur Terre il y a maintenant 3 ou 4 ans, j'ai été infectée et durant cette période j'ai été embrigadée dans les Furies d'une veille peau appelée Granny Goodness. Jusque là, ça va ? Bon. On peut dire que c'étaient des sortes d'amazones apocalyptiques qui ont... géonocidé des planètes pour la gloire de Darkseid. Maintenant je suis guérie, je me suis barrée, je suis revenue sur Terre pour... reprendre une vie normale et tout se passait bien, sauf que j'ai découvert que Granny était en cavale, je ne dors plus à cause de mauvais souvenirs... et j'ai dû prendre les devants pour "palier" à la situation en attendant. Ce qui n'a pas été sans effets secondaires. Dont des petits vertiges de temps en temps.

Je balayais les alentour de ma vision à rayon-X. Personne pour l'instant. Maintenant soit je lui en avais trop dit, soit pas assez.

- Pour boucler la boucle, le dirigeant de cet endroit, Aftermath, gère l'une des plus grandes associations criminelles de l'univers. Il est en affaire avec le dénommé Barg, un pirate à tête de poulpe que j'ai déjà croisé avant et qui est visiblement ici. Les deux chassent un trésor - le fameux Warlogog - que je compte bien attraper avant eux et nous allons leurs voler les quelques indices qu'ils ont. Mais je vais avoir besoin de toute ton adresse pour y accéder, tu as peut-être remarquée, mais je ne suis pas vraiment du genre "subtile" ou douée pour l'infiltration.

On pouvait dire que j'avais fait rapidement le tour d'une question qui me paraissait infiniment plus compliquée de prime abord. Restait à savoir si ces éléments allaient satisfaire mon associée cambrioleuse.

J'entendis de ma super-ouïe les grommellements de Guy Gardner qui émergeait de derrière le comptoir, bien plus bas et loin de nous. Son anneau devait avoir compris ce qui s'était passé, notre cachette n'en serait plus une bien longtemps s'il l'utilisait.

- Je ne peux surtout pas me permettre que les Green Lantern ou quiconque puisse prendre les documents que je cherche ici et si on pouvait éviter de devenir des cibles de la pègre intersidérale ce serait mieux. Des questions ? Toujours partante ? terminai-je en affichant un sourire qui montrait un peu trop mes dents.

Une question qu'il valait mieux poser tard que jamais.

Catwoman se révéla finalement plus ouverte que je ne l'aurais cru. D'un autre côté, elle n'avait pas ce que l'on pouvait appeler un casier judiciaire vierge et encore moins une conduite des plus respectables concernant la propriété d'autruis, ce qui devait certainement rendre mes inconduites passées un peu plus "acceptables" à ses yeux.

La petite plaisanterie qu'elle lanca me fit sourire. Ainsi nous continuions malgré mes petites cachoteries.

La partie 2 donc...

Je me concentrai sur l'étrange zone où avait pénétré le fameux Barg. Une partie seulement des installations s'offraient à mon regard, le reste était brouillé : structure fait en nano-tubes qui m'empêchaient de voir. Aftermath était du genre prudent. Donc un ascenseur avec accès réservé.

Deux pirates qui accompagnaient Barg passèrent à ce moment du fatidique accès suivi d'un troisième homme, plus sinistre qui avait l'allure générale d'un rescapé de la planète Terre. Stetson sur la tête, long cache-poussière et des vêtements tout ce qu'il y avait de plus communs : jean ; T-shirt pratiquement élimé ; bottes usées. On l'aurait cru descendu d'un pick-up après une virée dans un désert américain. Il faisait clairement tâche dans le décor.

L'homme leva la tête, poussant son chapeau pour révéler deux yeux étranges, d'un brun qui virait au jaune tant il paraissait clair. Il renifla quelque chose et glissa une carte dans une fente pour verrouiller l'accès à l'ascenseur. Une nouvelle option venait de s'offrir à nous.

Nous conduisant légèrement à l'écart, je nous installais dans un recoin tranquille. Personne ne devrait nous importuner. Je fis un aller-retour à vitesse supersonique pour tendre la carte d'un restaurant à Sélina. Pour ma part j'avais déjà une assiette de brochettes fumantes et dorées à souhait.

- Si tu as un petit creux, choisis ce que tu veux..., déclarai-je en préambule avant de déployer une projection holographique du morceau de station qui nous intéressait. Bon, on a deux options : La première c'est de passer par le système d'air conditionné qui donne de l'autre côté de cette porte. Mais je ne passe pas dans les conduits...

Je regardai la silhouette plus gracile de Catwoman. En comparaison à ma carrure, elle avait toutes les chances, elle, de pouvoir s'y mouvoir plus qu'à l'aise.

- Et tu devrais normalement pouvoir, si les plans que je nous ai obtenus sont exacts, trouver un chemin pour me déverrouiller une entrée de service située... ici.

La projection suivit le chemin théorique à prendre et montra une porte qui n'avait rien de particulière.

- La deuxième option c'est de prendre l'entrée principale qui donne sur l'ascenseur de service que Barg a prise. Il y a un type dans la salle qui possède une carte d'accès. Je l'ai vu partir aux tables de jeux de la zone 7 qui nous est accessible, mais je ne sais rien de ce type.

Je mordis dans une brochette. J'avais besoin de prendre des forces.

- Une préférence pour l'approche ?

Enthousiasmée pour deux, Catwoman frétillait. L'opération suivait son cours et il était visiblement temps pour elle de déployer ses talents. Mais avant : changement de tenue et sushis.

Bon, pour les sushis, l'affaire était délicate aussi allais-je devoir lui trouver un truc le plus proche possible. L'avantage d'un casino interplanétaire reposait sur l'offre variée de nourriture qui devait satisfaire sa clientèle bigarrée. Hélas, l'Humanité et la difficulté qu'elle avait à décoller de sa planète en faisait des clients de niche. Mais bon, du riz ça se cultivait un peu partout, ou en tout cas des dérivés qui donnait la saisissante impression d'en être. Et pour le poisson... la plupart des planètes aqueuses disposaient d'une pisciculture aux similarités parfois bluffantes avec celle de la planète de Catwoman.

Tandis qu'elle se changeait à l'aise et bien à l'abri, je partis à super-vitesse vers un restaurant prometteur et revins avec un plateau rempli de sushis, dans les grandes lignes et avec beaucoup de choix histoire d'avoir statistiquement un truc au moins qui plaise.

- J'ai fait au mieux, commentai-je. Les rouges ont le goût de boeuf, fais attention, et les violets sont presque comme du saumon.

L'occasion de découvrir d'autres cultures avant de se lancer dans le grand bain.

Sélina serait seule une fois en infiltration, cette idée était à la fois dans le plan, mais aussi un peu angoissante. Je balançais un peu une terrienne, douée certes, mais dans un monde d'aliens et de sophistication technologique sans autre filet de secours que moi capable de plier la matière pour l'exfiltrer en cas d'urgence.

Les conduits d'aération formaient système de ventilation sophistiqué taillé pour les besoins de la station. Certain passages donnaient sur des centrales de recyclage qui pouvaient broyer la chatte cambrioleuse si elle ne prenait pas garde tandis que des sas d'air intermédiaires permettaient au gérant de la station d'isoler et de connecter entre elles des canalisations. Cela leur permettait d'alimenter des zones de la station selon des besoins spécifiques, ajustant les taux d'oxygène, azote ou gaz rares dans certains appartements par exemple.

A la différence donc des ventilations classiques, la station disposait d'un système modulable et configurable. Une salle de contrôle assurait la supervision globale du paramétrage et disposait de capteurs rustiques permettant de juger si un obstacle obstruait trop dangereusement les flux. Les conduits étaient plutôt larges, permettant à une équipe de maintenance de progresser, même accroupie. On pouvait cependant noter quelques éléments de pingrerie avec des échelles amovibles (pour éviter d'en mettre partout) et des conduits qui, lorsqu'il était possible, étaient plus étroits que d'autres.

L'entrée que j'avais proposée à Catwoman lui imposait un petit détour, en espérant qu'elle ne tombe pas sur une équipe de maintenance et lui permettrait d'atteindre un couloir du personnel. Personnel trié sur le volet à mon avis vu la zone sécurisée où elle se rendait. Je n'aurais qu'à attendre l'ouverture de la porte pour m'y glisser à super-vitesse.

C'était sans compter sur deux facteurs dont nous n'aurions connaissance que plus tard : un copy-cat et une réunion particulièrement gratinée de la pègre inter-galactique dans la salle de conférence d'Aftermath, ce qui signifiait : de nombreux gardes...

En effet, au moment même où je revenais avec les sushis, une silhouette en combinaison spatiale s'agrippait à la structure de la station. Ses yeux de chats fendus se rétrécirent de plaisir en progressant le long de la structure, évitant avec habileté sublime les divers capteurs qui auraient pu trahir sa présence. Elle savait où elle allait, elle connaissait les sorties des vide-ordures, avait mémorisée les trappes de maintenance... Et elle aussi cherchait quelque chose de précieux...

Au même moment, Aftermath terminait de se préparer pour accueillir ses nombreux invités, tous plus dangereux et influents les uns que les autres. Il jubilait intérieurement alors que Barg, derrière lui, grognait de déplaisir, n'appréciant pas de perdre son temps en mondanités.

- Allons Barg, déclara Aftermath, vous n'allez pas regretter d'être venu et ... d'avoir choisi le bon camp !

[HRP]
- P.G. ramène ce qui s'apparente le mieux à des sushis pendant que Sélina se change ;
- Une petite description des conduits si cela peut t'aider ;
- La copy-cat de Catwoman arrive sur la paroi extérieure de la station, elle progresse visiblement avec une idée en tête ;
- Aftermath se prépare à une grande réunion de la pègre dans la zone que l'on cherche à infiltrer avec ce que cela implique de gardes du corps.
[/HRP]