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Brother(s) [Conner] | Inscription : 16/10/2021
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Brother(s) [Conner] Mer 27 Oct 2021 - 15:11 | |
| Jadis. Mais il n’y a pas si longtemps que cela.
Le monde est troublé ; encore. Comme d’habitude. Les super-héros veillent. Ces forces du bien ont fait leurs réapparitions quelques années plus tôt, et ont retrouvé un statut, une place dans le cœur des gens, et dans le fonctionnement de la civilisation.
Ils font face à des menaces que l’Humanité ne pourrait pas gérer – et ils survivent. Ils réussissent. Même si certains tombent. Même si, aussi, des adversaires deviennent désormais plus sadiques, plus vicieux. Plus troublants.
Certains ennemis osent maintenant s’en prendre directement aux héros ; à leurs proches. Dans leur chair, aussi.
L’homme qui possède l’immense bâtiment au-dessus de Gotham en sait quelque chose. Même si beaucoup pensent qu’il ne cesse de se réfugier, dans cette structure massive, véritable château-fort et forteresse imperturbable.
Le Manoir Wayne en impose, toujours.
Symbole de richesse. Symbole d’aristocratie bourgeoise. Symbole de puissance. Plein de secrets, aussi. Même si les Gothamites ignorent l’ampleur de ces secrets – et l’ampleur des éléments, figés au cœur de la roche, dans le sous-sol du Manoir.
Jadis utilisé par des ancêtres inspirés et inspirants, pour évacuer des esclaves. Désormais repris. Désormais transformé.
Désormais véritable foyer de Bruce Wayne, et de son âme troublée.
La Batcave.
Immense. Tellement étendue qu’il devient difficile de la carthographier. Seule une partie, en cette journée qui s’achève lentement, aux dernières lueurs du jour, est éclairée. Seule une zone est animée.
Seul, enfin, un espace est… visité, maintenant.BOOMUn choc intervient.
Léger. Fugace. Imperceptible pour l’essentiel des gens. Mais ce choc existe. Un choc sonique. Le mur du son qui est brisé – non pas par une percée, mais par une décélération. « Bonjour. »La voix résonne, avant même que le souffle d’une venue à super-vitesse retombe. Une voix douce. Une voix intense. Une voix mélodieuse. Une voix puissante. Une voix d’outre-monde. Une voix au-delà de ce qu’un être humain pourrait dire. Une voix plus qu’humaine.
La voix de Superman.
Qui flotte dans la Batcave, dont il connaît l’entrée secrète. Son regard se pose sur celui qu’il est venu voir ici – celui qu’il a fui, depuis qu’ils se sont connus. Il n’en est pas fier ; mais c’est inutile de le nier. « Tu l’ignores sûrement… mais Batman s’est organisé afin d’être absent, et a demandé à Alfred de prendre une soirée de congé. Afin que nous puissions… parler. Toi et moi. »Clark se pose lentement, et pousse un lourd soupir. Il croise les bras, par réflexe, et fige son regard sur son interlocuteur. Sa cible. Son… rendez-vous. « Bonjour… Conner. Comment vas-tu ? »Conner ; son clone. Créé par C.A.D.M.U.S., depuis son ADN et un autre. Formé à partir de ses gènes, sans son accord. Clark le vit toujours mal – mais Conner vit, malgré tout.
Il ne peut pas le laisser ainsi. Il ne peut pas rester ainsi. Clark doit faire mieux ; être mieux.
Et cela commence ici. Maintenant. |
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Re: Brother(s) [Conner] Mar 16 Nov 2021 - 8:03 | |
| Pour la première fois de sa vie, Superboy avait une chambre. Et il détestait ça.
Chambre était un bien grand mot : on lui avait attribué une sorte de large cube translucide. Un lit y avait été installé, et on avait veillé à ce qu'il y ait de quoi s'occuper - principalement des livres. L'on venait lui déposer des repas chaque jour, trois fois par jour, en suffisance. De même avait-on tout prévu pour les questions d'hygiène. Somme toute, il n'était pas maltraité.
Pourtant, ce n'était pas une chambre. C'était une cellule. Et les projecteurs solaires braqués droit sur lui, le couvant de leur lumière écarlate, étaient là pour garantir qu'il ne puisse s'évader.
On avait beau lui dire qu'il était un invité ici, ce n'en était pas moins vrai. Si son hôte - le Chevalier Noir - avait fait mine de lui laisser le choix, il savait pertinemment qu'il n'en était rien. L'aurait-on laissé partir s'il avait refusé de se soumettre à ses tests ? Le clone en doutait fortement. Qui plus est, on lui avait fait comprendre qu'il était dans son intérêt de coopérer, de montrer patte blanche ; de prouver qu'en dépit de ses origines, il y avait du bon en lui. Alors, il prenait son mal en patience, malgré une fébrilité grandissante et une méfiance bien naturelle dans sa situation. Le maître des lieux ne lui avait donné aucune raison de le craindre, hormis peut-être sa réputation, mais il n'en était pas moins à sa merci. Ça ne l'enchantait guère, et ses réponses évasives sur ce qui l'attendait ensuite n'étaient pas pour l'apaiser.
Il était censé être le plus grand héros de ce monde. Il aurait dû devenir le protecteur de l'humanité. Il était traité comme un monstre, une bête de foire. Aussi complaisant qu'il ait essayé d'être, ça commençait à lui peser.
Combien de temps cela faisait-il ? Trois jours ? Évaluer le passage du temps dans l'obscurité de cette cave - tranchée uniquement par les lueurs des ordinateurs - était pratiquement impossible. Se sentir presque aveugle par contraste depuis qu'on l'avait privé de sa super-vision ne l'aidait pas non plus y s'y retrouver, même s'il avait fini par s'y faire. Trop longtemps, voilà tout. Jusqu'à quand allait-il encore devoir se plier à tous leurs caprices ?
Retranché dans un coin de cette cabine transparente, il s'était recroquevillé à même le sol, les genoux repliés contre son torse - contre ce fameux emblème dont on avait affublé sa combinaison solaire. On lui avait proposé à plusieurs reprises de lui fournir des vêtements propres, mais il avait systématiquement refusé, malgré l'état déplorable dans lequel était sa tenue - sa fuite des installations où il était détenu ne s'était pas faite sans encombres. Des piles de livres, qui lui avaient été passés par le majordome à mesure qu'il les finissait, s'entassaient de part et d'autre ; aucun qu'il n'ait déjà lu. N'ayant rien d'autre pour s'occuper, il s'était révélé être un lecteur avide, si bien que le domestique - cet Alfred - avait jugé bon de le familiariser avec les plus grands titres de la littérature britannique. En attendant sa prochaine recommandation, il n'avait pas mieux à faire que de ruminer, ainsi prostré. Du moins jusqu'à ce que quelque chose - que quelqu'un attire son attention, lui faisant relever les yeux aussitôt. Il avait de la compagnie. Et pas n'importe laquelle.
Ah. C'est toi.
La familiarité était de mise - car pourquoi ne le serait-elle pas ? Ils étaient la même personne. Bien qu'il ait eu dans l'idée de garder un ton neutre, sa voix recelait une pointe de tension. Sans être franchement hostile, à tout le moins était-il sur la défensive - pour de bonnes raisons. Si on ne lui en avait dit que le strict minimum - assez pour qu'il ne se déchaîne pas en essayant de sortir -, il savait pourquoi il était ici ; se doutait des options qui étaient étudiées en ce moment. Il était en trop. Ce n'était pas pour rien qu'il n'avait encore jamais vu la lumière du jour. Il n'était censé sortir du laboratoire que si la situation propice finissait par se présenter ; que si Superman devait disparaître, ou devenir un ennemi. Deux scénarios très spécifiques en-dehors desquels il n'avait aucune raison d'être relâché ; s'ils devaient ne jamais se réaliser, il aurait aussi bien pu rester indéfiniment dans sa cuve. Ces deux déroulement avaient en commun leur finalité : celle d'un monde sans l'Homme d'Acier, d'un monde où la place était vacante - et aurait besoin d'être comblée. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. Il en était douloureusement conscient - l'avait été dès le moment où il avait mis les pieds hors de Cadmus après avoir été secouru par les Titans. Cette visite ne faisait que retourner le couteau dans la plaie. Sa posture se raidit.
Ce n'est pas mon nom. gronda-t-il, piqué au vif ; qu'on veuille le déposséder de son titre - de ce qu'il était - l'indignait au plus haut point. Je suis Superboy.
Projet Kr. Superboy. C'était la seule façon dont on l'ait jamais désigné - le seul nom qu'il connaissait. Un nom qui, pourtant, l'offensait ; qui ne faisait que lui rappeler qu'il n'était pas Superman, pas encore. Qu'il n'était pas à la hauteur, pas encore digne ; qu'il n'était qu'un garçon attendant de devenir un homme. Qui n'attendrait l'âge adulte qu'à l'occasion de son baptême du feu. Qu'au prix du sang. Celui du dernier fils de Krypton.
Conner était le nom proposé par les Titans lorsque, dans leur fuite, ils avaient commencé à discuter - à lui imaginer une vie civile. Une couverture. Le principe de l'exercice lui échappait encore. Et s'il n'y était pas nécessairement contraire à ce moment-là, se le voir asséner dans ce contexte sonnait à son oreille comme une insulte ; une manière qu'aurait le « vrai » Superman de lui rappeler, lui aussi, qu'il n'était pas qualifié. Il ne le tolérerait pas. La mine farouche, il montra les dents, véritable animal aux abois.
Qu'est-ce que tu veux ?
À ses yeux, la perspective qu'on puisse simplement vouloir s'enquérir de son état - s'inquiéter pour lui - était absurde. Batman l'analysait depuis qu'il était arrivé ici, sans doute même avant ; l'avait inspecté sous toutes les coutures. Si l'on voulait connaître son état physique, il suffisait de consulter les données, comme les scientifiques ayant constitué son entourage l'avaient toujours fait - le plus souvent sans un mot. L'inconfort que provoquait chez lui la présence de Superman outrepassait toutefois la perplexité qui aurait pu en ressortir.
La question était rhétorique. De son point de vue, la venue de l'Ange de Métropolis ne pouvait signifier qu'une chose : qu'il l'avait perçu comme une menace et était venu s'en débarrasser. Peut-être ne faisait-il pas assez confiance à Batman pour le laisser s'en charger, ou peut-être tenait-il à corriger cette erreur de ses propres mains ; qu'importe. Le résultat serait le même. Et il pouvait difficilement le lui reprocher, son existence étant en partie due à la nécessité de créer une arme capable de le tuer. Le laisser vivre aurait été de l'inconscience. Ce qui ne voulait pas dire qu'il acceptait son sort sans broncher. Non qu'il puisse y faire quoi que ce soit, dépossédé de ses pouvoirs déjà moindres par rapport à ceux de l'original. Pour le moment, avait-il espéré lorsqu'il s'en était rendu compte, tentant de se rassurer ; la peur profonde d'être défectueux ne l'avait pas quitté depuis. Mais ça non plus n'aurait plus d'importance s'il devait mourir ce jour. Mais surhomme ou pas, si on s'en prenait à lui, il saurait rendre les coups. À supposer qu'on lui en laisse la moindre chance.
Si tu es venu me tuer, essaie de faire vite. « It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Re: Brother(s) [Conner] Mar 16 Nov 2021 - 14:06 | |
| Conner est crispé, il le comprend. Il… Non.
Pas Conner. Superboy, plutôt. Aussi étonnant, troublant, crispant que cela puisse être. Superboy. Il demande à être appelé Superboy. Soit.
Superboy est crispé. Clark le comprend – il croit. Enfin. Il pense comprendre. Il essaye, en tout cas.
Il est venu en paix. Il est venu en ami. Il est venu avec l’envie de trouver une solution, une voie pour eux ; pour eux deux. Et… non.
Pas tout de suite, en tout cas. Con… Superboy ne le veut pas. Superboy va mal, clairement. Clark a utilisé ses super-sens pour jauger de son état physique, et ce qu’il a découvert ne lui plaît guère.
Une prison. Bruce l’a mis en prison – une prison dorée, bien sûr. Mais une prison malgré tout.
Clark sent bien que ce n’est pas cela qui crispe Superboy ; mais c’est cela qui le crispe, lui. Une prison. Par Rao, pense-t-il… une prison. Il en parlera à Bruce. Non. Bruce devra s’en expliquer. Rapidement. « Je ne suis pas venu te tuer, Con… Superboy. »C’est dur. Clark était persuadé qu’il avait intégré le nom donné par les Titans ; et non. Superboy, en plus. Comme… pff. Superboy. Soit. « Je suis venu… parler. Te parler. Parce que cela me semble important ; utile. Et parce que j’en ai envie, aussi. »Il souffle – que c’est maladroit. Qu’il est maladroit. Pff. Et dire que beaucoup louent ses talents oratoires. S’ils le voyaient, ainsi… bref. « Mais… pas comme cela. Pas dans une cellule, une geôle. Tu n’as pas à vivre ainsi. Tu n’as plus à vivre ainsi. »Le visage de Clark se tend, s’assombrit, alors qu’il croise les bras. « Plus jamais. »Clark sait pourquoi Bruce a fait cela – il l’entend ; mais il ne l’accepte pas. Il le refuse.
Qu’il ait des difficultés avec C… Superboy est une évidence. Mais Superboy vit, existe. C’est un être vivant. Il a des droits. Et la prison n’est pas acceptable.
Sans un mot, Clark enclenche sa super-vision dans la Batcave, et identifie plusieurs générateurs. Le contournement en plomb gêne un peu son analyse, mais il trouve finalement ce qu’il cherche. Il souffle, et relâche une pression dont il ne sent la présence que lorsqu’il la libère. Lorsqu’il se libère.
Lorsqu’il libère le feu du soleil, issu de son regard.
Le tir de vision-chaude est rapide, fugace ; mais efficace. Le dispositif est déconnecté. Puis un autre. Et encore un autre. Et même un dernier. Bruce, quand même, songe Superman. « Nous… ne nous connaissons pas, en fait. Nous devons apprendre à nous connaître. Nous le devons, et je le souhaite. »Clark souffle, encore, et se tourne vers… Superboy. Son visage est marqué par son ignorance des mots à prononcer, son blocage. Il est perdu, troublé.
Puis secoue la tête, et hausse les épaules. « Bah, allez… un début en vaut un autre. »Clark s’approche de la pile de livres lus par… Superboy, et sourit en fixant les titres. « Quel est ton préféré ? Je ne veux pas aborder de sujet que tu ne veux pas connaître. Je ne veux pas te forcer. Je veux juste… te parler. Te connaître. Alors… d’accord ? Juste ça ? Parlons juste… de livres ? D’accord ? »Il tourne un regard plein d’espoir et d’envie vers Superboy. C’est ce qu’il veut. Le connaître. Le comprendre.
Pour, espère-t-il, l’accepter. Enfin. |
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Re: Brother(s) [Conner] Lun 17 Jan 2022 - 11:49 | |
| Il n'était pas venu le tuer, donc. Pourquoi, alors ? À supposer qu'il puisse le croire sur parole, ce qui était loin d'être certain. Superman était censé être un modèle de vertu, mais on lui avait tant appris qu'il pouvait se retourner contre eux à tout moment qu'il lui était difficile de ne pas être sur la défensive. L'idée de menace - et la nécessité de pouvoir y réagir, y apporter une réponse proportionnelle - était l'une des premières que l'on avait veillé à former dans sa pensée naissante, et ne pouvait dès lors que constituer un prisme à travers lequel il voyait ce monde nouveau. Mais était-il une menace pour Superman, ou est-ce que Superman était une menace pour lui ?
Parler. Pourquoi faire ? Superboy plissa les yeux, manifestement sceptique face à cette proposition. Non pas parce qu'il doutait de lui, cette fois, mais parce que l'intérêt lui échappait. On l'avait certes doté de parole, mais on lui avait aussi appris à ne pas s'en servir à tort et à travers - sans doute en partie parce que cela aurait rapidement éventé la supercherie s'il avait fini par devoir se faire passer pour lui. De surcroît, la plupart des scientifiques attachés au projet le traitaient comme un objet inerte, une marchandise - un meuble, tout au mieux ; ce n'étaient pas vraiment des conditions propices à l'établissement d'un dialogue.
Ça ne me dérange pas, intervint-il quand son vis-à-vis s'indigna de sa situation. Je... Comprends pourquoi je dois être ici.
Ce qui ne voulait pas dire que ça lui était agréable. Mais sans partager le ressentiment des justiciers envers ses créateurs, il avait conscience de leur antagonisme et des suspicions qui en découlaient. Il était inadapté, pas idiot : il se doutait qu'avoir été littéralement fabriqué de toutes pièces par quelqu'un qu'ils considéraient comme un ennemi ne le plaçait pas dans la plus confortable des positions vis-à-vis d'eux. Ce n'était que bien normal qu'ils prennent leurs précautions, si frustrantes qu'elles soient. En outre, il avait passé ses quelques années d'existence à être testé en permanence ; qu'est-ce que quelques analyses supplémentaires ?
Soudain, l'Homme d'Acier à l'action - non pas pour lui nuire, mais pour le libérer de ses chaînes métaphoriques. Diminué, il ne fut pas en mesure de suivre la succession de tirs mais en sentit immédiatement les effets, ses forces lui revenant en l'espace de quelques instants. Observant sa main avec circonspection, il s'empara de la luxueuse fourchette qui avait accompagné son dernier repas- et la plia en deux sans l'ombre d'un effort. S'il n'était pas à pleine capacité, n'ayant pas eu l'occasion de refaire le plein d'énergie, il était indéniablement à nouveau lui-même.
Le bleu glacier de son regard se braqua immédiatement sur son bienfaiteur. Et s'il ne s'en était peut-être pas rendu compte avant, le dernier fils de Krypton ne put ignorer plus longtemps un détail pour le moins troublant. Ce clone - ce Superboy - était son portrait craché, avec quelques années de moins, ce qui était après tout le but de l'opération ; seul ses yeux juraient quelque peu dans ce visage si familier. Certes, ils les avaient de la même couleur, mais les siens étaient plus froids, plus perçants, et ce n'était pas qu'une question de tempérament. Avec lenteur, il serra les poings, l'air semblant frémir de violence potentielle.
Il ne dit rien. Il n'en avait pas besoin. Il était un animal captif auquel on venait de donner le moyen de tordre les barreaux de sa cage - de se jeter sur le gardien de l'autre côté, même s'il n'avait aucun grief envers lui, pour le simple fait d'être ce qu'il est. Ce... Bat-plexiglas - ou quoi que ça puisse être - était peut-être solide, mais pas assez pour le retenir, plus maintenant ; s'il voulait passer à travers, il le ferait. S'il voulait se jeter sur Superman, il le ferait. Le voulait-il ?
Tu n'as pas peur ? interrogea-t-il, impassible si ce n'était pour la légère tension au fond de sa voix, inhérente à ce moment de vérité. Je pourrais te tuer.
Ce n'était pas une menace ; c'était un fait, une affirmation. Il en avait la capacité. Certes, il n'était pas tout à fait aussi fort que lui, pas encore, n'ayant pas fini sa croissance, mais il était confiant en sa propension à le mettre en difficulté. S'il se ruait sur lui ici et maintenant, déchaînait sur lui toute sa puissance, il n'était pas absurde de penser que même l'Homme d'Acier n'en sortirait pas indemne. Après tout, cela reviendrait presque à se battre contre lui-même. Pourquoi en prendre le risque ?
L'évadé de Cadmus n'en fit rien, cependant, au moins jusqu'à nouvel ordre. Il voulait voir ce que son interlocuteur avait derrière la tête. On lui enseigné l'importance d'une victoire-éclair, mais aussi celle de collecter des informations. En repoussant la confrontation, il avait l'opportunité d'en apprendre plus à son sujet - potentiellement de quoi l'aider à le vaincre en cas de besoin. Faute de danger immédiat, il privilégia donc la patience ; si peu enclin qu'il y soit, il lui arrivait d'en percevoir les bienfaits.
À l'évidence, il n'inquiétait pas Superman - ou pas au point de le dissuader de continuer cette conversation. De l'interroger sur ses lectures, puisqu'elles étaient apparemment sa seule source de distraction dans cet environnement clos.
Son... Préféré ? À son expression, il était facile de se rendre compte qu'il n'avait aucune idée de la réponse - ou plutôt, qu'il ne savait pas ce que l'on attendait de lui. Le terme lui était familier - le contraire aurait été malheureux ; on lui avait fait rentrer dans le crâne l'équivalent de plusieurs dictionnaires -, mais... Il le comprenait surtout dans son sens le plus pratique, comme celui de préférer une tactique ou une méthode de combat parce qu'elle serait plus adaptée dans une situation précise. Des choix rationnels et pragmatiques, dictés par le rendement et l'efficacité, sans que les notions de goûts et de couleurs aient quoi que ce soit à y voir. Les choix auxquels il avait été soumis jusqu'alors dans sa très jeune vie étaient plus souvent binaires qu'autre chose, servant à vérifier que son cerveau fonctionnait comme il était censé le faire et ne se changeait pas en bouillie informe. Ils n'avaient pas été déçus. Les seules questions qu'on lui avait posé étaient d'ordre empirique, se répondaient par oui ou par non, vrai ou faux, ne laissant que peu de place - voire aucune - à une réflexion approfondie. Tout de chair soit-il, on avait voulu le paramétrer ; s'assurer que l'outil qu'il était censé être soit bien réglé. Ses avis importaient peu, aussi n'avait-il jamais ressenti le besoin d'en avoir un. Jusqu'à maintenant.
À défaut de l'avoir déjà pratiqué, il connaissait le principe ; il lui fallait juste quelques instants pour se familiariser avec celui-ci, mettre en place une réflexion qu'il n'aurait pas pensé avoir. Heureusement, il avait la tête bien faite - autant que son modèle génétique - et comprenait vite ; ne restait plus qu'à essayer.
Son regard s'arrêta sur plusieurs reliures - notamment celle de Moby Dick, le fameux ouvrage de Dickens, avec sa quête désespérée d'une baleine blanche qu'il parait ne jamais réussir à attraper... -, mais aucun n'eut l'air de le convaincre. Combien avait-il pu en lire au total, depuis qu'il était confiné entre ces murs ? Le majordome évacuant régulièrement ceux dont il était venu à bout, ceux qui se trouvaient encore à ses côtes n'en étaient qu'un échantillon. Après de longues minutes d'une visible hésitation, il finit cependant par réussir à se décider, et poussa vers la vitre son ultime sélection.
Les aventures d'Huckleberry Finn, de Mark Twain. Un titre purement américain - dont le choix aurait sûrement déplu à Alfred, qui s'était évertué à faire prédominer la littérature britannique dans sa collection, mais qui n'était pas sans s'expliquer par la pertinence du récit. À la différence d'Oliver Twist, dont il dérivait en quelque sorte, l'histoire s'en voulait sensiblement plus mature, questionnant les notions de bien et de mal, relatant la quête d'un père que son héros pourrait prendre pour modèle ou encore soulevant des thèmes sociaux forts, traitant entre autres d'esclavage et de racisme. Un livre devenu culte, très ancré dans son époque, qui n'avait de fiction que l'allure, et n'avait pas peur de traiter ouvertement des heures moins glorieuses de l'Amérique. Matière à penser pour un esprit encore en plein développement.
Est-ce que... C'est la bonne réponse ? demanda-t-il d'un air incertain. « It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Re: Brother(s) [Conner] Mar 18 Jan 2022 - 10:04 | |
| « En effet. »
La réponse de Clark est directe – mais calme.
Il fixe, observe Superboy alors qu’il achève d’anéantir les défenses, les blocages de la Batcave. La prison.
La prison que Bruce a formée pour retenir cet hybride Humain/Kryptonien. La prudence de Batman est légendaire… et légitime. Mais ce qui est sensé n’est pas forcément acceptable par tous. Et Clark, sensible après la découverte de Superboy, ne supporte pas cette situation.
Un léger sourire, mais sincère, passe sur ses lèvres alors qu’il voit Superboy retrouver ses sensations – ses forces. Sa question le décontenance, bien sûr.
Il n’avait pas pensé, en soi, que Superboy puisse l’attaquer. Cela ne lui a pas réellement effleuré l’esprit. Mais… c’est vrai. C’est vrai.
Et ça ne change rien.
« Tu pourrais m’attaquer – voire même me tuer. C’est une réalité. »
Sa voix est calme, posée. Son regard est fixe, déterminé.
« Mais… je n’ai pas peur. Pour être honnête, je n’ai pas pensé que tu m’attaquerais – ou même que tu pourrais le faire. Cela ne m’est pas venu. Car ce n’est pas ainsi que je te vois. »
Il acquiesce, lentement, pour appuyer ses mots.
« Beaucoup doit être discuté. Beaucoup doit être évoqué. Mais. Avant tout. Je souhaite… essayer de t’en convaincre. Je souhaite essayer de te convaincre, de ce que je pense. De toi. Je… ne te vois pas en ennemi. J’ignore encore qui nous sommes – qui nous pouvons être réellement, l’un envers l’autre. Mais ceci est pour moi une évidence. Tu n’es pas mon ennemi. Je ne te vois pas comme tel. Et je ne veux pas te voir comme tel. Alors non… je n’ai pas peur. Je n’ai pas peur que tu m’attaques, que tu me tues ; même si tu pourrais essayer. Car tu n’es pas mon ennemi. »
Il se tait, alors, et laisse Superboy réagir.
Le silence devient lourd. La situation devient tendue, et difficile. Superboy concentre ses forces. Il les teste. Il les cherche. Il les sonde, il se sonde.
Et…
Et rien.
Superboy ne fait rien. Superboy n’attaque pas. Même s’il le pourrait.
Une nouvelle fois, Clark hoche de la tête – mais ne dit rien. Il le remercie, silencieusement. Il le remercie… pour cette non-agression, qui est un début. Un début de communication. Un début d’échange.
Un début… de confiance. Même s’ils en sont encore très loin.
Bien que les petits pas se poursuivent, quand Superboy accepte de discuter… de livres.
Le clone en est surpris, cela se voit. Le cœur de Clark se brise, en vérité, quand il voit l’expression de surprise de Superboy devant sa simple question.
Une question de goûts. Une question d’intérêts. Une question de passions. Une question de loisirs. Une question triviale.
L’âme de Clark se tord devant ce visage, car il sent – il sait que Superboy n’est pas habitué, à ce qu’on lui parle ainsi. Normalement. Doucement. Gentiment.
D’homme… à homme.
Clark perd ainsi quelques instants à se remettre, devant ce moment si déchirant, mais se reprend quand Superboy passe devant les livres. Il sourit alors que ce dernier choisit celui qu’il souhaite évoquer – même si, encore, les émotions de Clark se troublent, devant la candeur d’une réponse si troublante.
« Oui. »
Il acquiesce lentement.
« Pour toi. »
Sa voix se fait encore plus douce, encore plus tendre ; inconsciemment.
« Il… n’y a pas de bonne réponse – de réponse universelle, en fait. Il s’agit ici de goûts, d’intérêts. Personnels, subjectifs. Bien sûr, il y a des éléments objectifs qui peuvent déterminer la qualité d’une œuvre – la pureté et la fluidité du style, la pertinence des rebondissements, sa place dans l’Histoire de la littérature et de l’Humanité, la surprise des événements, etc. Ce sont des critères réels, qui permettent des classements généraux. Cependant… les meilleurs livres de ces classements ne sont pas forcément les préférés de tous. La préférence est subjective, elle dépasse les critères, les évaluations. C’est un coup de cœur, un attachement impossible à définir. Un je-ne-sais-quoi qui fait que telle œuvre est celle que l’on apprécie le plus de lire, de relire. »
Clark s’approche. Avec douceur. Avec prudence – pas par crainte de Superboy, mais pour ne pas le heurter. Il s’approche lentement.
Il s’arrête à moins d’un mètre de Superboy, et maintient un tendre sourire.
« Puis-je te demander… pourquoi, tu préfères Les aventures d’Huckleberry Finn ? Une raison en particulier ? »
Il s’apprête à le laisser parler – quand Clark se souvient d’un élément, et se précipite de le dire.
« Oh, au fait… Ça… ça ne t’intéresse peut-être pas, mais… j’aime ce livre. Les aventures d’Huckleberry Finn. Mais. Ce n’est pas… mon préféré. »
Il sourit, et son visage s’illumine de sincérité. Il dit vrai. Et… cela veut dire quelque chose.
Cela peut dire beaucoup.
Car s’ils ont des livres favoris différents… cela veut dire qu’ils sont différents. Cela veut dire qu’ils ne sont pas similaires. Proches ; mais l’un n’est pas la copie de l’autre.
Il s’en félicite. Et espère que Superboy fera de même.
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Re: Brother(s) [Conner] Dim 27 Mar 2022 - 14:32 | |
| Superman n'avait pas peur. Il aurait dû s'en douter. S'il avait été effrayé pour si peu, il n'aurait pas été nécessaire de prévoir quelque chose - quelqu'un - comme lui pour le stopper en cas de besoin. Et... Il aurait sans doute peu apprécié être la copie de quelqu'un qui flanche si facilement. Ce qu'il aimait ou n'aimait pas était une notion trouble pour lui, un concept qu'il commençait tout juste à appréhender, mais il en était à peu près sûr : le voir reculer lui aurait déplu. C'est une bonne chose qu'il ne l'ait pas fait.
Les raisons qu'il invoqua pour justifier cet aplomb - cette confiance trop vite donnée à son goût - étaient discutables, mais il avait fait son choix. Et il avait eu raison : Superboy n'avait, pour l'heure, pas l'intention de le tuer. Il n'en avait pas reçu l'ordre, et n'en voyait donc pas l'utilité. Et il n'y avait de toute façon personne ici pour lui donner ses directives - pour le pousser à agir. Peu réceptif à l'autorité malgré un conditionnement extensif, il voyait cela comme une bonne chose, même s'il se retrouvait désemparé en conséquences. Les rares fois où on l'avait fait sortir de son tube avant cela, c'était pour procéder à toutes sortes de tests, l'obligeant à suivre des consignes et à répondre à des demandes diverses et variées. La technologie dont il était issu était relativement nouvelle, même selon les standards de Cadmus : ce n'était que logique que l'on s'assure qu'il fonctionne correctement. Trop de moyens et de ressources avaient été investis pour perdre encore un sujet d'expérience.
Nous ne sommes pas ennemis. parut-il confirmer, avant de se rattraper : Pour le moment.
Même s'il ne voyait pas bien qui pourrait encore lui en donner l'ordre, il était conscient de sa mission, de sa raison d'être : sauver le monde de Superman - ou prendre sa place. Aucun des ces objectifs n'appelait à être rempli dans l'immédiat, mais cela ne voulait pas dire que ce ne serait pas le cas à l'avenir. Cependant, cela avait au moins le mérite de désamorcer un tant soit peu toute possible tension dans l'immédiat : tant que son « modèle » ne ferait rien pour paraître menaçant, il n'aurait aucune raison de s'en prendre à lui. En théorie.
La rapide leçon que lui fit son interlocuteur sur le principe de goûts - de préférences - parut l'intéresser, même s'il put avoir l'air confus à un moment ou à un autre. Pour son esprit qui avait été construit dans une logique d'efficacité, des idées aussi abstraites avaient du mal à se faire une place, mais y parvenaient néanmoins à la longue. Ce n'était pas qu'il soit incapable de les saisir, loin s'en faut ; il n'en avait tout bonnement jamais eu l'occasion, parce qu'on ne la lui avait jamais donné. Mais était-ce une bonne chose que de nourrir sa psyché - de lui apprendre à penser ?
C'est compliqué. finit-il par dire en fronçant les sourcils, l'air encore pensif. Je ne suis pas sûr de comprendre.
Mais ça viendrait avec le temps, s'il lui était laissé. Parmi les ouvrages qu'il n'avait pas sélectionné, mais avec lesquels il avait longuement hésité, Superman pourrait néanmoins trouver deux titres qui ne manqueraient pas d'attirer son attention : bien sûr, To Kill a Mockingbird, de Harper Lee... Mais aussi Gatsby le Magnifique, écrit par F. Scott Fitzgerald, qu'il aurait sans doute trouvé à l'occasion entre les mains d'une vieille connaissance à l'occasion d'une visite plus ou moins mouvementée. Sans doute une coïncidence.
À l'interrogation de l'Homme d'Acier, il parut d'autant plus songeur. Celui-ci avait beau lui dire qu'il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise réponse, ce n'était pas une mentalité dont l'on se défaisait si facilement. C'était encore l'angle par lequel il avait le plus l'habitude d'aborder les problèmes qui lui étaient proposés. Plusieurs fois, il fit mine d'ouvrir la bouche avant de se raviser, prenant le temps de structurer son raisonnement pour le rendre intelligible. Il avait coutume d'aller à la solution sans prendre le temps de développer, sans devoir expliquer son cheminement étape par étape. Sans y réussir autant qu'espéré, il se lança néanmoins, impatient.
Je ne sais pas, finit-il ainsi par dire d'un air concentré, essayant de trouver dans son vocabulaire ce qui pourrait correspondre. Je... Crois que j'aime bien de quoi il parle. Le bien et le mal, la liberté... Le fait de se libérer de... De quelqu'un qui essaie de nous garder prisonnier. Il se renfrogne de plus belle, dérangé par les parallèles qui se formaient dans son subconscient sans qu'il le réalise ou arrive encore à les interpréter. J'ai... Aimé ce qu'il m'a fait ressentir, je crois. Même si...
Son regard s'attarda sur le volume qu'il tenait encore à la main. Malgré toutes ses qualités, le classique littéraire ne présentait pas forcément l'Amérique et sa société sous le meilleur des jours, écrit à une époque encore très marquée par le racisme et l'esclavagisme ; des problèmes encore loin d'être réglés. À la différence de Tom Sawyer - qu'il avait lu aussi dans la foulée -, le ton du récit était loin d'être léger, même s'il ne faisait personnellement pas la différence, ou pas aussi nettement.
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Re: Brother(s) [Conner] Mar 29 Mar 2022 - 10:27 | |
| Clark acquiesce lentement, et plusieurs fois, au fil du récit – des réactions, des explications de Conner. Il sourit.
Il aime ça.
Il aime l’écouter. Parce que ça veut dire que Conner s’ouvre, que Conner s’explique, que Conner parle, tout simplement. Il ne refuse pas, ou plus, le dialogue, et en vient même à poser des questions – à faire vivre l’échange. Et c’est bien. Et ça fait du bien.
Mais il aime aussi ce qu’il écoute. Parce que les mots de Conner sont justes, sains ; intelligents. Parce que les paroles sont intéressantes. Parce qu’elles dénotent une réflexion, une pensée, une approche qui ont du sens, et de la pertinence. Et c’est bien, aussi. Et ça fait du bien, surtout. « Oui. »Sa réponse est lente, douce ; agréable, espère-t-il. « Et non. »Mais vraie. Clark ne ment pas, jamais. Et encore moins à Conner. « Le monde… est complexe. C’est une évidence, un lieu commun, mais une réalité. Le monde est complexe. Il… n’y a ni bien, ni mal. Enfin. Il y a du bien, et il y a du mal. Mais ils sont… différents, selon les situations ; les gens, même. Je reste persuadé qu’il y a un… bien commun ; comme une forme tangible et définitive de mal. Mais tout ne rentre pas dans ces catégories. »Un sourire doux accompagne ses mots. « J’aimerais, Conner. J’aimerais te dire que le monde est simple, et juste ; ce n’est pas le cas. Nous… les hommes et femmes qui décident d’agir, et pas seulement en collants. Nous essayons de le rendre meilleur ; nous le rendons meilleur. Nous n’avons pas encore terminé – nous ne terminerons jamais, en soi. Mais nous continuons. C’est là… c’est là la définitive bataille sans fin, un terme que l’on me prête souvent concernant la lutte contre le crime. C’est également vrai, mais la véritable bataille sans fin est celle pour améliorer le monde. C’est, à mon sens, le seul combat qui compte, définitivement. »Il acquiesce encore, et enchaîne. « Mais… Mais le livre a du sens, Conner. Le livre a du vrai. Tu en as parlé : ce bien, ce mal ; ces Alpha et Omega de l’existence. Le livre, comme tous les bons livres, donne des pistes, des indications. Des voies, à suivre. Mais également… ce que Huck vit, cette quête pour se libérer de ce qui le retient prisonnier – ça, oui. Ça, cela existe. Ça… il y a. »Il confirme, d’une posture positive et enthousiaste. « D’ailleurs… mmh. »Clark se redresse – et sourit.
Un sourire gourmand. Un sourire enfantin. Un sourire enthousiaste. Un sourire inspiré – mais, aussi, il faut l’avouer, inspirant. « Je sais pourquoi tu es ici. Je sais pourquoi tu as accepté, d’être ici. Je sais pourquoi B… Batman agit ainsi. Mais. Pour joindre le geste à la parole. Pour illustrer ton roman préféré ; pour le vivre, au fond. Mais, aussi, pour te prouver que… je te fais confiance. Et je crois en toi. Et bien… »Il hausse les sourcils, et acquiesce doucement. « … suis-moi ! Et cesse d’être prisonnier, pour aller voir un peu l’extérieur ! Si tu veux bien de ma présence… à tes côtés. »Un clin d’œil doux et tendre suit ses mots – et précède un choc. Un choc sonique. Un choc sismique, aussi.
Un envol.
Clark s’envole. Clark quitte la chambre de Conner. Clark quitte la Batcave. Clark part.
Superman file en ville.
Et espère que Conner va l’accompagner, pour un vol en duo – pour un vol en commun. Pour un vol amical. Voire, même, pour un vol… fraternel, s’il atteint ses espoirs les plus fous ! |
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Re: Brother(s) [Conner] Jeu 9 Juin 2022 - 17:10 | |
| Les réponses apportées par Superman n'étaient pas aussi satisfaisantes qu'il aurait pu l'espérer. Qu'il ne soit pas en mesure d'être plus précis malgré son expérience - aussi infaillible qu'il soit supposé être - n'avait pas de sens dans son mode de pensée binaire, encore défini par un conditionnement qui ne s'embarrassait pas de détails ou de nuances. Il était évidemment plus facile de programmer en esprit en s'en tenant à un mode de pensée manichéen, tout en noir et blanc et où le gris n'avait pas sa place - et cela aurait normalement dû lui suffire ; il n'avait jamais été prévu qu'il soit relâché et puisse découvrir le monde. Qu'il puisse apprendre à réfléchir par lui-même. Lex Luthor était un génie - maléfique, mais un génie quand même -, mais même lui ne pouvait tout anticiper ; comme par exemple le fait qu'on lui vole ses jouets. L'un des rares qu'il n'avait pas eu l'occasion de casser dans sa folle croisade contre l'Homme d'Acier, en l'occurrence - quand bien même il espérait que ce ne soit pas lui qui cède le premier. Peut-être serait-on plus enclin à lui laisser ses affaires lorsqu'il cesserait de s'en servir pour tenter d'assassiner l'espoir incarné.
Une intense concentration se lut sur son visage alors qu'il essayait désespérément de comprendre où son vis-à-vis voulait en venir - et d'y voir autre chose qu'une tactique pour le désorienter. Si c'était son but véritable, il était sur le point d'y parvenir.
Et... Qu'est-ce qu'on y trouve le plus, au final ? Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?
Si l'on y trouvait autant de bien que de mal, autant de confusion et d'incertitude, ce monde méritait-il vraiment d'être sauvé ? De quel côté penchait la balance ?...
Non content de l'avoir sorti de sa cellule, celui qu'on appelait le dernier fils de Krypton - était-ce encore d'application ? - lui proposa de le suivre ; de laisser derrière lui cette grotte sinistre pour goûter à l'air extérieur qui ne lui avait que trop manqué. Était-ce un piège ? Il voyait mal ce qui pouvait motiver qui que ce soit à lui adresser une pareille invitation, en particulier celui contre qui il pouvait à tout moment décider de se retourner. Était-ce sa manière de lui signifier qu'il ne le craignait pas ? Le clone ne savait s'il devait y voir un affront ou un geste amical. Avant qu'il ait pu se décider, Superman partit sans l'attendre, présumant sûrement qu'il serait sur ses talons.
Attends ! J...
Je quoi, au juste ? Qu'était-il sur le point de dire ? Qu'il n'était pas capable de voler ? Qu'il n'était pas à sa hauteur, ou tout du moins pas encore ? Il en avait été le premier surpris - et abattu - lorsqu'il avait constaté lors de sa fuite des laboratoires de Cadmus qu'il n'avait pas tous les pouvoirs de l'original. Les raisons exactes n'étaient pas connues : peut-être n'avait-il pas été assez exposé à la lumière naturelle - les projecteurs ayant leurs limites. Peut-être était-il encore « trop jeune » pour accéder à sa pleine puissance. Peut-être que quelque chose avait échoué lors du processus de clonage, après tout. Peut-être y avait-il quelque chose de profondément défaillant chez lui. Il n'en savait rien - et, si ce n'avait été pour le manque d'efficacité qui en résulterait, peut-être aurait-il voulu ne pas savoir. Force, vitesse, résistance étaient au rendez-vous ; quant au reste... Superman avait peut-être réussi à lui faire admettre qu'ils n'étaient pas encore ennemis, mais ça ne voulait pas non plus dire qu'il était prêt à dévoiler toutes ses faiblesses. Et sa fierté personnelle naissante n'était pas d'accord non plus.
Par chance, à défaut de savoir exactement ce qui n'allait pas chez lui, les scientifiques en charge du projet avaient été en mesure de trouver une solution temporaire à son problème. Un stimulant qui débloquait de force ces facultés manquantes, l'espace de quelques heures. Chaque prise lui faisait un peu tourner la tête, mais quel autre choix avait-il s'il voulait pouvoir suivre Superman dans le ciel ? Le Chevalier Noir - qui lui avait évidemment confisqué - aurait peut-être mieux fait de les mettre en sûreté, plutôt que de les garder sous la main pour les étudier.
Enfermé dans cette cage, Superboy n'avait - à part les livres - rien de mieux à faire qu'observer son environnement ; notamment les tiroirs où Batman avait rangé ses affaires. Bien entendu, celui-ci ne pouvait pas non plus prévoir qu'un de ses estimés collègues libérerait sans sa permission le spécimen qu'il était en train d'étudier.
Fusant à travers la pièce pour atteindre le bureau en question, il ne lui fallut pas longtemps pour mettre la main sur le boitier contenant son traitement - des patchs portant le même symbole que celui qu'on lui avait épinglé sur le torse. Il en plaqua immédiatement un sur son épaule, le cachant derrière sa manche. En un instant, il sentit une puissance incommensurable l'envahir ; eut l'impression que rien ne pouvait lui résister, de pouvoir tout réussir. En d'autres termes, d'être Superman. Prenant son élan à son tour - il ne fallait pas non plus le faire attendre -, il décolla à son tour, ébranlant une fois de plus la Cave toute entière ; à en juger par le vacarme qu'il perçut avant d'atteindre les nuages, la pièce géante qui trônait au milieu de la pièce avait décidé qu'il était l'heure pour elle de se coucher. Heureusement, rien ne se trouvait en-dessous... En principe.
Ne possédant pas naturellement cette aptitude, il n'avait, bien sûr, aucune expérience de vol ; et si monter en flèche était relativement simple, se mouvoir correctement dans les airs s'avéra être une tout autre affaire. Après quelques longues secondes de lutte et de manœuvres frénétiques, il parvint néanmoins à se stabiliser - non sans une pointe de contrariété envers sa propre incompétence. La perspective de ne pas réussir n'était déjà pas plaisante, celle de s'humilier en se faisant l'était encore moins. Heureusement, la catastrophe avait pu être évitée - pour le moment. Lorsqu'il fut certain qu'il n'allait pas tomber comme une pierre, il laissa son regard se perdre vers le bas ; vers toute cette animation, toute cette vie qui occupait les rues de Gotham. Cela eut l'air de le fasciner - et pour cause ; élevé entre quatre murs, il n'avait jamais encore eu le loisir de côtoyer autant de personnes, fussent-elles séparées de lui par plus d'une centaine de mètres d'altitude. Au moment de quitter son « lieu de naissance », c'était à peine s'il avait pu faire quelques mètres avant d'être intercepté par les justiciers les attendant à la surface - avant qu'on l'emmène « à l'abri », ailleurs, dans une autre cachette, une autre prison. Pour la première fois, il découvrait le monde.
Et... Et maintenant ? articula-t-il cependant, sans encore en détacher les yeux.
Sans oublier qu'il était libre. « It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Re: Brother(s) [Conner] Dim 12 Juin 2022 - 21:53 | |
| Superboy est surpris, grandement. C'est l'idée. Il n'a pas anticipé l'initiative de Superman, et doit agir par lui-même, face à une situation imprévue. C'est aussi l'idée. Il doit décider par lui, pour lui, et se précipite à l'extérieur, en sortant de son flegme et de sa réserve. C'est encore l'idée. Il parvient ainsi en dehors de la bulle de protection incarnée par la Batcave, et découvre... Gotham. Gotham City. C'est toujours l'idée.
Même si l'effet, évidemment, est surprenant et troublant.
Gotham. D'aucuns disent que la ville a été construite par des architectes déments, sur des plans dressés après surconsommation d'opium, pour des immeubles qui corrompent leurs habitants. On l'a dit impropre à la vie humaine ; nocive. Mauvaise. Maléfique.
Peut-être. Peut-être... pas.
Car, comme partout, tout est une question d'espoir, de foi, d'envie ; mais aussi de perspective. Conner arrive par l'East End, et notamment l'usine Ace abandonnée. Horrible. Terrible. Terrifiante. Foyer d'abominations révoltantes, avant même son annexion par le Joker. Mais...
Mais les lieux les plus mauvais, le sont un peu moins. Depuis les cieux.
Depuis les nuages, où Clark attend Superboy. En souriant. Evidemment. « Hey. »Sa voix est douce, chaude. Rassurante et entraînante. Sucrée. « Tu as trouvé. Super. »Il acquiesce lentement, et reprend. « Pour te répondre... pas à ton et maintenant, mais ta question précédente. Pour te répondre, donc. Est-ce que ça en vaut la peine ? Oui. Ça vaut la peine de se battre. Ça vaut la peine de continuer. Ça vaut la peine d'encaisser. Ça vaut la peine de subir, pour avancer. Pour continuer. Pour ça. »Clark se redresse, abandonne le nuage sur lequel il s'asseyait en lévitant, et désigne une zone de Gotham, plus bas. Si proche géographiquement, mais si éloignée architecturalement de l'usine Ace. « Pour... la vie. J'ai conscience que c'est un peu ridicule, dit à voix haute ; mais c'est vrai. Mais j'y crois, surtout. Nous sommes à Gotham. J'ignore où tu en es de tes recherches, mais c'est une ville... difficile. Très difficile. Très intense. Très brutale. Très violente. Trop, en fait. Trop pour que les gens puissent y vivre décemment. Beaucoup n'ont pas le choix, cependant. Beaucoup font avec, et en pâtissent lourdement. Mais... mais ce n'est pas sans espoir. Même dans le pire. Il y a un lendemain. Il y a un matin. Il y a de l'espoir. Et s'il y a de l'espoir... il y a de la vie. Et la vie, c'est tout ce qui compte. »Il sourit, et souffle lentement. Sincère et optimiste ; toujours. « Mais pour te le prouver... et pour répondre à ton et maintenant. Suis-moi ! »Clark ne laisse pas Conner réagir – et il file. Rapidement. Vers le bas. Vers Gotham.
Il descend. Ils descendent, même. En piqué. Mais sans aller trop vite. Pour pouvoir parler, un peu. « Tu découvres le monde – et, à mon sens, l'on ne finit jamais de le découvrir. Tu entendras bien des mots et descriptions sur Gotham... mais il y a du bon, ici. Il y a du positif, aussi. Comme partout. Comme pour tout. Rien n'est jamais figé. Rien n'est unilatéral. »Ils approchent d'une zone bien plus agréable de la ville, qui tranche pleinement avec l'East End. « Tu vas devoir décider mais surtout découvrir qui tu es, aussi. Qui tu peux être. Qui tu veux être. Et comment tu veux l'être. J'ai... bien sûr des idées, des envies, des espoirs ; pour toi. Mais ce sera toujours ton choix, ta décision. Tu vas te forger une identité dans ce monde ; pour ce monde. Mais avant... il me semble pertinent que tu le connaisses. N'est-ce pas ? »Il hausse les épaules, et commence lentement à descendre. « Ce n'est pas la ville que je connais le mieux, mais... j'aimerais te la montrer. J'aimerais te la faire... découvrir. Comme un avant-goût de ce monde, qui s'ouvre à toi. »Clark se pose, dans ce beau Parc Robinson, qui fait tant office de parenthèse enchantée pour les habitants de la ville. Il sourit, encore. Et ça lui va bien. « Alors ? Qu'en dis-tu ? Prêt à aller au contact de ton nouvel environnement ? De ton... foyer ? » |
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Re: Brother(s) [Conner] Mer 19 Oct 2022 - 15:58 | |
| Gotham n'était pas une belle ville. Ou plutôt, elle avait pu l'être fut un temps - voire l'était encore, d'une certaine manière -, mais était trop sombre, trop polluée pour vraiment laisser apprécier la majesté qu'elle aurait dû avoir. Et c'était pire encore pour le clone qui, de là où il était, pouvait tout voir ; littéralement tout.
Naturellement, ses sens n'étaient pas encore assez développés - il n'avait pas encore assez bu les rayons du soleil jaune - pour profiter de tout le spectre de ses pouvoirs visuels. Mais amplifié par ces « patchs » qu'on lui avait laissé pour pallier à ses carences actuelles, il disposait de l'entièreté de son arsenal, y compris en matière de perception. Rayons X, vision microscopique, qu'importe ; il avait tout ce qu'il lui fallait. Tout ce dont il aurait pu avoir besoin pour constater que Gotham était rongée par le crime ; que le vice et la corruption la dévoraient comme un cancer dont aucun traitement n'aurait pu la débarrasser.
Tout cela, il en était parfaitement conscient - ces chiffres avaient été déposés dans sa tête en même temps qu'un million d'autres informations -, mais c'était autre chose de le voir de ses propres yeux. De constater que malgré les meilleurs efforts du Batman, cette cité pourtant incontournable n'avait de cesse de s'enfoncer toujours plus loin dans la dépravation et la peur.
Il y a tellement de douleur, dit-il simplement.
Et pourtant... Et pourtant, malgré toutes les horreurs qu'elle lui fit voir en une fraction de seconde - malgré toute la haine et l'injustice que contenaient ses entrailles -, il ne fut pas sans réussir à lui trouver quelques qualités. Rares, mais bien présentes, à la manière de ces fleurs qui poussent au travers du béton ou sur une montagne de fumier. Car s'il percevait certes ce qu'elle avait de plus mauvais - que c'était même ce qu'il était le plus enclin à voir, guidé par la mission qu'on avait gravé en lui -, il percevait aussi ce qu'elle avait de bon. Le fait que tout espoir n'était pas encore perdu, et que des gens se battaient chaque jour pour qu'il ne le soit jamais. Ce que lui aussi était censé faire - désespérait de pouvoir faire. C'était sa raison d'être.
Car après tout, remplacer Superman - qu'importe le fait que ce ne soit pas à l'ordre du jour -, c'était aussi pouvoir faire autant que lui pour le monde. Éviter autant de catastrophes. Sauver autant de vies. Peut-être pas ici, peut-être pas maintenant, mais... Faire le bien, en somme. Et quelles que soient les motivations cachées de ceux qui l'avaient créé, cela demeurait la finalité de tout ce programme.
Mais, débordé par tout ce qu'il percevait, il n'eut pas le temps de s'exprimer sur le sujet ; Superman repartait déjà. Instantanément, il fut envahi par une peur de l'abandon sur laquelle il n'avait aucun contrôle. Il n'était pas encore prêt à être livré à lui-même, seul et sans repères.
Attends ! s'exclama-t-il donc avant de s'élancer à ses trousses.
Son modèle génétique avait apparemment décidé de lui faire visiter la ville ; de la lui faire voir autrement que de loin, que depuis les cieux, comme s'ils étaient quelques divinités indifférentes les observant depuis leur paradis privé. Même sans aller à pleine vitesse, il ne fallut que quelques instants pour que le décor change assez radicalement ; devienne plus supportable, moins envahi par la noirceur omniprésente. Ce n'était toujours pas très réjouissant, mais à tout le moins paraissait-il désormais un tant soit peu civilisé, moins propice au pire de ce que l'être humain avait à offrir. Lorsqu'il en prit conscience, finalement assez stable pour n'avoir plus à se concentrer entièrement sur sa trajectoire de vol, Superboy en fut soulagé.
Hélas, s'il commençait à s'en sortir dans les airs, il n'avait en revanche aucune expérience en matière d'atterrissage - et s'abattit donc sur le sol plus qu'il ne se posa en douceur aux côtés de son « guide ». Et s'il était parvenu à garder une posture à peu près digne, la violence du choc causa une petite secousse, attirant nécessairement sur eux l'attention des quelques personnes profitant du parc et de son atmosphère paisible - habituellement. Le clone poussa un grognement, frustré à la fois par sa piètre performance et par la désagréable sensation d'être observé de toutes parts. S'il ne put s'empêcher d'adresser un regard noir aux spectateurs les plus insistants, il tâcha de reprendre son calme pour ne pas gâcher la balade avec une de ses sautes d'humeur impromptues. Peu habitué à la fois aux espaces ouverts et au fait d'être aussi exposé, il ne put cependant s'empêcher de scruter les alentours à la recherche de ce qui pourrait leur nuire. Rien ; même avec ses formidables talents de détection - tout provisoires soient-ils pour le moment -, rien. Étrange.
C'est... C'est mieux, ici. finit-il par dire, lorsqu'il finit par admettre que s'il ne trouvait rien, c'était parce qu'il n'y avait rien à trouver. Aucune menace, aucun danger. Pour le moment, du moins. C'est plus calme, il n'y a... Pas autant de cris.
Car sensible comme l'était son ouïe, le moindre murmure devenait un hurlement. Et que dire alors des véritables éclats de voix - des râles, des plaintes, des sanglots ? Il n'y en avait pas ici... Mais ça n'avait pas fait disparaître ceux qui s'élevaient plus loin. À Gotham, l'infamie régnait à toute heure. Il prit un air contrit. Oui, il était prêt à poursuivre, mais...
Est-ce que c'est toujours comme ça ? Est-ce qu'on entend toujours... Autant de choses ? « It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Re: Brother(s) [Conner] Mer 19 Oct 2022 - 16:27 | |
| « Non. »La voix calme et douce de Clark s’élève, en réponse à la question légitime et toute aussi posée de Conner. C’est agréable.
Ils échangent. Ils discutent. Ils s’informent. Ils se découvrent.
Là, au cœur de Robinson Park – dans un bel écrin de verdure. Dans un moment de tendresse, une petite parenthèse si revigorante. Clark en sourit ; grandement.
Un peu naïvement. Un peu bêtement. Mais, hé. C’est Superman. Quand même. « Enfin… oui et non, pardon. Oui, c’est… toujours ainsi. Le Soleil Jaune de ce pan du cosmos développe nos capacités, parce que nos corps, via notre génome, bénéficient de millénaires d’habitudes sur Krypton – qui disposait d’un Soleil Rouge. Les rayons solaires d’ici sont plus forts, plus intenses, et nos corps réagissent en développant nos capacités, au-delà des standards. Oui, en soi, ton ouïe serait toujours formidable ; toujours super. Mais… non, en fait. Non, ce ne sera pas toujours aussi désagréable – car tu peux et tu vas apprendre à la contrôler. »Le sourire, l’expression positive demeurent. Mais son visage se fait plus sérieux, alors qu’il ferme les yeux – et relève légèrement le menton. Il se concentre. Il s’ouvre. A tout ; et tous. « L’ouïe… est un sens ; un muscle, au fond, même. Il faut le travailler. Il faut le discipliner. Il faut discipliner l’ouïe. Te concentrer ; sur quelque chose. Sur une chose, à la fois. Sur un élément. Sur un aspect. Sur un son. Là. Entends-tu ? »Il acquiesce lentement, et enchaîne. « Là-bas. Un rire ; des rires. D’enfants. Une école. Une cour de récréation. Des jeux, des amusements. Je… j’ai conscience, Conner, que tu n’as pas connu ceci – mais entends. Ecoute, surtout. L’on confond souvent les termes, mais entendre n’est pas écouter. Ecoute-les. Concentre-toi sur eux. Suis-les. Identifie chaque son, chaque enfant ; chaque geste. Chaque course, chaque respiration. Ecoute-les. Suis-les. Sois… si attentif, qu’il te semblera que tu es à côté d’eux. Ecoute-les. Et alors… »Clark se tait. Puis, doucement, rouvre les yeux – et sourit encore plus, en murmurant tout lentement. « Alors, tu te rends compte que… tu n’entends quasiment plus qu’eux. »Et c’est vrai – ce fut vrai, en tout cas, pour lui jadis. Les sons autour s’abaissent, se réduisent ; s’évaporent. Par concentration. Par contrôle. Par discipline.
Il demeure volontairement silencieux le temps de l’écoute de Conner, et reprend agréablement lorsqu’il revient auprès de lui, littéralement. « Telle est la clé : se concentrer, sur quelque chose. Quelque chose de proche, ou quelque chose d’irrémédiable. Je sais que… longtemps, je me suis concentré sur le battement cardiaque de ma mère. Ma mère adoptive. Je l’entendais, où que j’étais. En fonds sonore. En bruit de fonds. Cela m’apaisait, me calmait. Et là encore… »Clark se tait, puis se penche en avant. Il se concentre, une seconde ; puis sourit. « … là, voilà. Elle vient de rentrer à la maison, et elle est essoufflée après les commissions. Alala ! Personne n’est plus prudent de nos jours, n’est-ce pas ? »Il hausse les épaules, puis salue les quelques curieux autour d’eux – ils sont moins nombreux, qu’après l’arrivée brutale de Conner. La présence de Superman les a rassurés ; même si elle est inattendue, ici. Lui-même demeure troublé à Gotham, tant la ville ne correspond guère à ce qu’il est, ce qu’il incarne. Il salue cependant les gens, bien sûr. Il est poli. Il a été bien élevé. « Bon… »Il prend une grande inspiration, puis croise les bras en se tournant vers Conner. Toujours le sourire aux lèvres. « … que veux-tu faire, maintenant ? Tu es libre ! Profites-en ! »Il acquiesce ; sincère et enthousiaste. Calme et doux. En confiance. Etonnamment. A l’aise, surtout – à sa plus grande surprise. A l’aise avec Conner.
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Re: Brother(s) [Conner] Sam 11 Mar 2023 - 4:54 | |
| Je comprends. répliqua sobrement Superboy.
Ces données sur les soleils jaunes avaient - comme tant d'autres - été entreposées dans sa mémoire, dans les « souvenirs » qu'on lui avait construit avant même qu'il ouvre les yeux pour la toute première fois. Il y avait fort à parier que tout ce que Lex Luthor savait sur les kryptoniens, y compris les manières de leur nuire, il le lui avait transmis ; après tout, il y avait des chances qu'il doive en affronter un tôt ou tard, et il aurait alors besoin du moindre avantage. Celui-là même qui était en train de lui expliquer - ou plutôt réexpliquer - comment tout cela fonctionnait, d'apporter une leçon pratique à ce qu'il ne connaissait qu'en théorie. Savoir était une chose ; le vivre en était une autre, et il n'y était que trop peu préparé. Sa libération était après tout prématurée, aussi devait-il encore lui manquer quelques notions essentielles. Son alimentation en énergie ayant jusqu'alors toujours été artificielle, il n'était pas préparé au surplus que pouvait lui procurer une source naturelle. Même jeter un œil à ses mains l'obligeait pratiquement à les regarder au niveau moléculaire quand il ne voyait pas à travers, sa vision partant automatiquement dans les extrêmes.
Se concentrer. Plus facile à dire qu'à faire quand on traite autant d'informations à la fois. Qu'on est débordé - dépassé - par le flot incessant des stimulus en tout genre. Auditifs, mais aussi visuels ou tactiles ; le simple fait de ne pas ressentir à chaque instant la moindre fibre de sa combinaison solaire n'était déjà pas facile. Mais si Superman pouvait le faire, lui aussi devait en être capable. Pour ça comme pour le reste. Même si ce n'était pas pour le remplacer d'une manière ou d'une autre comme cela avait été prévu initialement, il n'en restait pas moins qu'il devait pouvoir faire la même chose que lui, et ce quel que soit le sujet. Il devait être au moins aussi bon que ça. Et c'est avec cette résolution en tête qu'il s'escrima à placer ses perceptions sous contrôle ; à les ramener au niveau du supportable. C'était déjà un bon début.
Sur l'invitation de son modèle, il tenta de se concentrer sur les sons qu'il lui indiquait - des bruits qui n'avaient pour lui aucune signification, ne rappelaient aucune enfance, puisqu'il en était dénué, mais qui... oui, qui avaient quelque chose de réjouissant, sans qu'il sache trop pourquoi. Peut-être était-ce justement parce qu'il était incapable de les comprendre pleinement qu'il s'en trouvait intrigué, avait envie - besoin ? - d'en savoir plus. Après de longues secondes d'écoute attentive, son expression se fit néanmoins empreinte d'une certaine contrition.
C'est un joli son, mais... Il baissa la tête, chercha ses mots un bref instant. Est-ce que... Est-ce que ça veut dire qu'on doit constamment se retenir ? Que je vais devoir faire attention à tout ce que je fais ?...
La documentation interne qu'il possédait sur ses facultés laissait évidemment entendre qu'elles allaient bien au-delà de tout ce dont un humain ordinaire était capable et plus encore, mais il ne mesurait pas forcément à quel point - ou les implications que cela pouvait avoir. Ce monde n'était pas fait pour les gens comme eux, pas pensé ni prévu pour accommoder leurs besoins, et laisser libre cours à tout ce qu'ils pouvaient faire aurait inévitablement de fâcheuses conséquences. L'idée était... troublante. C'était là encore une chose qu'il n'avait pas anticipé, pour la bonne et simple raison qu'on ne lui en avait pas laissé l'occasion. Après tout, il n'était sans doute pas censé sortir du laboratoire avant longtemps, et le laisser vivre en dehors comme une personne normale n'avait sans doute jamais été au programme. Si on ne le laissait filer que quand il avait quelque chose à combattre, quel besoin y aurait-il de lui apprendre à vivre parmi les hommes ?
À nouveau, il se concentra sur les voix qui lui avaient été désignées, sur le peu qu'il commençait à connaître de son nouvel environnement et des façons de l'aborder. Il se calma quelque peu, sans pour autant réussir à oublier complètement cette réflexion. Toute sa vie ne serait-elle donc qu'une perpétuelle modération ? Pouvait-il vraiment rester lui-même dans ces conditions ?... Superman lui parlait de sa mère adoptive, de la façon dont il l'utilisait comme point de repère - comme phare dans ce brouillard informe de détails sensoriels. Là encore, tout cela était pour lui assez abstrait, mais au moins comprenait-il l'intérêt d'avoir quelqu'un à qui se raccrocher de la sorte. Seulement voilà, lui n'avait personne : à qui donc pourrait-il se lier de cette façon ?
Loin de partager l'éducation de son guide - là encore, pourquoi lui aurait-on inculqué quelque chose d'aussi futile, quand on pouvait à la place incorporer des méthodes de combat et des principes de stratégie militaire ? -, il n'accorda aucune salutation aux gens qui passaient à côté d'eux. S'il arrivait qu'ils le fixent, ils détournaient rapidement le regard en se rendant compte qu'il leur rendait la pareille ; malgré sa ressemblance évidente avec le surhomme à ses côtés, il ne faisait aucun effort pour se rendre rassurant, et cela finissait par se faire sentir. Il n'aimait pas être observé, épié ; il l'avait déjà trop été. Qu'on le regarde encore comme une bête curieuse le mettait sur les nerfs, et il n'était sans doute pas bon de laisser cela continuer. Ça tombait bien ; l'Homme d'Acier s'enquérait justement de ce qu'il voulait faire ensuite. Le seul problème...
Je ne sais pas vraiment, admit-il, continuant de suivre du regard sans même y penser une mère qui, avec sa poussette, avait fait un large détour pour ne pas avoir à les approcher de trop près. Lorsqu'il réussit à s'en détacher, ce fut pour plutôt se retourner vers son interlocuteur. Ou plutôt, je ne sais pas par quoi commencer. Que font-ils, les gens normaux, lorsqu'ils sont... « Libres » ?
Le mot avait une drôle de sonorité dans sa bouche, mais ce n'était pas désagréable. « It's time to start acting like the man I'm going to be tomorrow. »
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Re: Brother(s) [Conner] Lun 13 Mar 2023 - 11:06 | |
| Superman acquiesce gravement aux mots, demandes d’un Conner plein de bonne volonté, mais évidemment perdu. Dans ses nouveaux pouvoirs ; dans sa nouvelle vie. Dans sa vie, tout court. « Oui. Mais… plutôt que se retenir, je dirais que nous devons trouver notre équilibre. Tout être humain doit aussi trouver son équilibre, sa façon d’être. Sa façon de marcher. Sa façon de parler. Certains parlent fort naturellement, d’autres très bas. Chacun doit s’adapter, doit trouver un équilibre afin de correspondre avec autrui ; d’échanger, de coexister. Oui, nous devons faire un effort important – car nos capacités sont importantes. Cela ne veut pas dire que cela doit être douloureux, ou horrible. C’est… une discipline, à avoir ; un réflexe à prendre. Comme ceux qui s’astreignent une hygiène de vie exigeante, afin de pouvoir vivre mieux et plus longtemps. C’est… un peu la même chose, au fond. »Il hausse les épaules, et sourit doucement. « Mais… ça n’est pas horrible, pour autant. C’est juste une discipline – et il peut être agréable de la suivre, car l’on éprouve aussi une forme de… satisfaction, à réussir ses objectifs personnels. »Il acquiesce encore, et enchaîne. « Maintenant… Je me rends compte que je ne cesse de te parler d’impératifs, d’obligations ; de discipline. Oui, indubitablement, cela fait partie de notre quotidien, de notre vie. Mais… il n’y a pas que cela ! Je suis ravi que tu abordes le sujet de ce que l’on peut faire quand nous sommes libres – car c’est là le sujet favori des Terriens, et le mien ! Les loisirs. »Son sourire se fait gourmand. « Tu peux… tout faire ! Tu peux faire tout ce que tu veux, évidemment en respectant la Loi et les bienséances ; nous en reparlerons. L’idée est de trouver… ce qui te plaît. Ce qui te fait sourire. Ce qui t’intéresse. Tu lis, je l’ai vu : la lecture est un loisir. Mais tu peux écrire, aussi ! Tu peux rédiger un journal personnel, évoquer ton quotidien ; faire le point, ainsi. Ou former des aventures, forger une fiction pour t’amuser, et amuser autrui ! Tu peux aussi te détendre, en profitant de loisirs visuels. Les musées, où sont rassemblés les œuvres d’art. Le cinéma ! Les séries TV ! Les… ah. »Un sourire enthousiaste passe sur son visage. « Tu peux aussi… faire du sport ! Aller au bout de tes limites, les tester, les fixer, les dépasser ; pour le loisir. Pour le plaisir ! »Il glousse, et continue. « D’ailleurs… je peux te proposer de te montrer, en fait. Maintenant ! »Clark adresse un clin d’œil à Conner, puis s’élève au-dessus du sol ; rapidement. « Viens avec moi. Tu viens de découvrir tes capacités, mais aussi la ville ; une belle ville, où tu décideras de t’installer ou non. Mais… il y a plus ! Il y a tellement plus ! Pour cela aussi, cela peut être un loisir : découvrir, voyager, visiter… apprendre ! Et là… ha-ha. Oui, je te propose cela – apprendre à voyager, apprendre tes limites, apprendre le plaisir du sport et de la découverte ! »Il fait un signe au jeune homme – et file. Vite. Très vite.
Super-vite.
Conner veut savoir ce que les gens libres font ? Des bêtises, pardi ! Des bêtises contrôlées, des bêtises acceptables ; mais il est agréable d’en faire… et de se lâcher, en filant aussi vite que possible dans les cieux !
Vers l’infini, au-delà… et la découverte du monde, pour ce jeune homme si mystérieux mais que Clark commence à réellement apprécier. |
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