« Réunion parents-professeur » ft. Ray Palmer

_____Je savais que le moment n’allait pas être agréable. Ray m’avait prévenu qu’il avait récupéré des informations concernant mon séjour en Europe, des informations que ma mémoire avait préféré oublier. En bonus, il m’avait également fait part qu’il avait invité Papa à nous rejoindre. Je n’étais pas revenu vers lui depuis notre dernière conversation téléphonique, la situation était déjà suffisamment compliquée comme ça. J’ai préféré garder mes distances. J’avais accepté de venir au rendez-vous de Palmer, en sachant très bien qu’il y serait. Je connaissais mon père et je savais bien ce qu’il allait dire.
Dans ma tête, j’imaginais déjà tous les scénarios possibles et inimaginable lorsque je franchirais les portes du bureau de Ray. Pour ne pas être déranger, je m’étais isolé dans un coin reculé de l’académie pour réfléchir. J’y étais resté une bonne heure, assis contre un mur avec un regard absent. Pour me détendre, j’avais ramené quelques herbes de mon court séjour au Brésil pour les fumer tranquillement. Pour m’éviter une énième dépendance, je variais les traitements pour supporter la douleur. Partager son corps avec un démon, qui possède une force physique bien supérieure à la nôtre n’a rien d’agréable. C’est comme foutre un éléphant dans un magasin de porcelaine. Même s’il daignait faire attention, il y aura toujours des pots cassés.

Certains traitements se montraient plus efficace que d’autres. Je pensais que cela ne réveillerait pas mes penchant toxicomanes. Je me voilais la face, non ? Je cachais les ordures sous le lit et j’ai simplement varié les plaisirs pour faire croire que je n’étais pas dépendant. Je variais les plaisirs. Les effets du cannabis étaient diminué grâce à ma régénération et j’étais certains que les effets dureraient pendant plusieurs heures.
Lorsqu’il fut l’heure de me rendre à l’échafaud, je me suis autorisé une dernière bouffée avant d’écraser la cigarette artisanale sous ma godasse. Je me suis redressé et je suis sorti de ma cachette pour affronter le monde extérieur, ou plutôt mon père. Je ne redoutais pas Ray Palmer, je redoutais le caractère de mon père, persuader qu’il avait toujours la voix de la raison. Il n’aimait pas mes fréquentations, il n’aimait pas les décisions que j’avais prise, tout simplement. J’ai frappé à la porte du bureau de Palmer avant de l’ouvrir doucement, de peur de déranger.

« Je vous dérange professeur Palmer ? » Je me suis permis de rentrer tout mon corps à l’intérieur de la pièce et de refermer la porte derrière moi. Mon téléphone était actif et me permettait de retranscrire facilement mes pensées. La communication était beaucoup plus facile. « Je suis le premier à être arrivé, nan ? »

Je me suis rapproché pour venir m’installer sur la première chaise en face du bureau de Palmer avec un léger sourire aux lèvres. Mécaniquement, mon regard s’était arrêté sur les dossiers présents sur le bureau. J’ai remarqué mon nom, j’ai compris. Mon sourire s’est immédiatement effacé, mon rythme cardiaque s’est accéléré et mes bras se sont repliés contre mon corps.

« Papa ne vient pas ? Il t’a laissé un message ? » Je tournais autour du pot. « Est-ce que c’est… le dossier ? »

Slade avait du retard mais il avait répondu positivement à l’invitation de Ray Palmer. Papa avait des comptes à rendre, j’étais certain qu’il n’allait pas décliner l’offre. Il n’avait pas peur de me faire part du fond de sa pensée sur mes décisions. Il s’était déjà battu avec une partie des membres de la Justice Academy. Il avait fait de son mieux pour dissimuler son visage sous une casquette et un long manteau, des lunettes de soleil pour cacher son œil invalide.

_____Je ne suis pas surpris pas l’accueil glacial que m’avait réservé Ray, j’empestais l’infraction aux règles de l’établissement. Cet odeur n’avait pas pour but de provoquer mon professeur, ce n’était qu’un effet secondaire que je ne pouvais pas masquer. J’aurais pu essayer avec du parfum ou je ne sais quelle autre connerie, mais j’ai préféré misé sur l’honnêteté. Avant me répondre, j’ai répondu favorablement à son invitation et je me suis installé sur le fauteuil sans protester.

« Je sais, je sais que ce n’est pas autorisé à l’académie. Je n’ai pas eu le temps de prendre mon traitement en quittant la maison. Mon but n’était pas de te provoquer. » Mon regard s’est détourné légèrement. « J’essaye de varier mes traitements. Je me suis dis que je pouvais m’en passer ce matin mais quand je me suis rappelé que Papa venait, je n’ai pas résister. Je me suis dis… que ça me détendrait beaucoup plus qu’un antidouleur classique. » j’ai levé les yeux vers Ray. « Si tu veux me sanctionner, je comprendrais. J’ai pas forcément envie d’être traiter différemment à cause de mon parasite, mais je demanderais peut-être a ce que l’on m’épargne la journée prévention. »

J’ai laissé échappé un léger sourire taquin, en essayant d’oublier les horreurs que devait contenir le dossier qui traînait sur le bureau de Ray Palmer. Si je n’avais pas appris les bonnes manières, j’aurais probablement tenté d’en voler le contenu. Il y avait également la peur de découvrir ce qu’il y avait à l’intérieur qui me retenait assis sur ce fauteuil. Avant l’arrivée de mon père, Ray souhaitait venir aux nouvelles me concernant. Mes absences se sont accumulés, l’académie semblait en meilleur état la dernière fois que je l’avais quitté. Beaucoup de chose se sont passés durant mon absence.

« Oh je me doute que Papa va venir. Il a beaucoup de chose à me dire, et il ne manquera pas l’occasion de me faire la morale sur mes choix de vie. Je pense que tu sais déjà comment tout ça va finir. » J’ai pris le temps de m’installer confortablement, retirant ma veste en cuir pour laisser apparaître mes bras nues, un t-shirt basique vert, décoré par un simple pendentif, cadeau de ma mère juste avant que je perde la vie. « Moi ? Ça… ça aurait pu être pire. » Je n’aimais pas m’apitoyer sur mon triste sort. « Ça ne change pas de d’habitude. Sa voix me hante, il me pourrit toujours l’existence mais il a beaucoup plus de mal à prendre le contrôle de mon corps, nuit exclus. » J’étais en train de parcourir chaque parcelle de chair qui n’était pas camouflé par mes vêtements à la recherche des dernières blessures qu’il m’avait infligé. « Je dois avoir… quelques bleus par ici ou par là. Je n’y fais plus attention. Je prends des antidouleurs, parfois des antipsychotiques pour ne pas l’entendre. Ça marche mais à quel prix ? »

Je me suis confié, j’avais une grande confiance envers Ray. Je n’avais pas peur de jouer carte sur table avec lui. Je pouvais lui parler d’Amy, de mes craintes sur ce qui allait se passer une fois que Slade aura franchit la porte, de mes peurs sur une possible addiction qui risquait de refaire surface, si elle n’était pas déjà là.
Je n’aurais pas le temps d’aborder tous ces sujets avec lui, la porte du bureau s’était ouvert. Mécaniquement, je suis retourné dans mon mutisme en comprenant qui se trouvait derrière. Il ne s’était même pas permis de frapper à la porte pour entrer.

« Ton établissement est un véritable labyrinthe, Palmer. » grogna-t-il en retirant les accessoires présent sur sa tête pour dévoiler son visage. Il était beaucoup d’une pâleur inquiétante, le blanc de ses yeux laissaient ressortir ses vaisseaux sanguins. «  Je suppose que vous avez commencé sans moi. »

« Tu ne t'es pas fait repéré ? » J'ai tenté d'aborder une discussion, mais sa présence me mettait instantanément mal à l'aise.

« Non. Je ne suis pas un débutant. » Sa voix était tout aussi sèche que d'habitude.

_____L’ambiance était beaucoup plus sinistre dès que Papa avait franchit la porte, c’était difficile de ne pas le remarquer. J’ai essayé de camoufler ce profond malaise que je pouvais ressentir en tâtant un peu le terrain avec Slade. Il reste fidèle à lui-même, une voix froide dénuée de toute émotion. J’aurais aimé qu’oncle Wintergreen soit avec nous, il m’aurait permis de comprendre le fond de sa pensée. Comprendre Papa, c’est comme apprendre une nouvelle langue. Il avait prit le temps de retirer ces couches de vêtements pour venir s’installer juste à côté de moi.
J’ai hoché la tête à la demande de Ray. Crois-moi, si j’avais eu le courage de parler, j’aurais demandé la cafetière entière. Je savais que, tôt ou tard, le sang des Wilson allait parlé et que le bureau de Palmer allait bientôt être désordonné. Pour l’instant, Papa se contentait de m’analyser avec son dernier œil valide, de haut en bas. Je ne cherchais même pas à cacher mes hématomes, il les avait probablement remarqué. J’espérais qu’il ne ferait pas de raccourcis stupide sur l’origine de ses blessures.

« C’était laborieux, Palmer. Tu as réellement pensé que tes élèves étaient aussi discipliné que tu le prétendais ? » Il haussa les épaules. « Je savais que j’aurais dû flinguer ces caméras. » Une plaisanterie de mauvais goût de sa part. Il se retourna sèchement en direction de Palmer. « Oui, je me suis mis au golf ce week-end. » Il semblait presque sincère si on ne connaissait le personnage. Il fallait carrément un interprète pour comprendre ces sarcasmes. Il finit par pivoter la tête vers moi. « Tu as l’air en forme. Tout va bien ? »

Sa voix était bizarrement douce. J’ai eu du mal à croire qu’il s’agissait de mon père en face de moi. Il essayait du mieux qu’il pouvait de retenir les questions glaçantes qui pourraient foutre à mal nos retrouvailles. Je sais qu’il n’attendait que ça, parler de notre connaissance commune, du sujet qui fâche. Il n’attendait que ça, mais il ne voulait pas être précurseur de la dispute. Il voulait que j’engage la discussion, pour être le seul responsable de celle-ci. Son œil ne quittait pas l’hématome qui se trouvait sur mon épaule.

« Ça va. J’ai eu une séance d’entraînement ce matin à l’académie. Mon adversaire avait plus d’heure d’entraînement que moi. » Je laissais échapper un sourire avant de remettre la veste pour cacher mes blessures et essayer de détourner la conversation. Je sais où il essayait de m’emmener. Mon visage se refroidit à son tour. « Tu connais ma situation. On me considère comme la pire des personnes. Alors non, je ne vais pas bien. »

« Je sais. » Papa reprends une voix glaciale presque agacé que je lui mente au sujet de mes blessures. Oh il sait que je lui mens, il n’est pas aussi stupide. « Je ne suis pas venu là pour ton bulletin de notes, ni pour entendre tes mensonges concernant ton état. Tu as passé l’âge pour ces conneries. » il leva les yeux vers Ray. « N’est ce pas ? »

« Je ne suis pas venu ici pour que tu me fasses la morale, Papa. Jusqu'ici je me suis débrouillé sans toi parce que tu as essayé de toutes tes forces à te débarrasser d'un fardeau amnésique comme moi. » La tension commençait à grimper. Mes poings se sont serrés. Calme-toi, Joey, pense à Ray. Je n'ai pas envie de le décevoir, je ne voulais pas reproduire ce qu'il s'était passé avec Hank. « Je suis venu chercher la vérité sur ce qui s'est passé en Europe, c'est tout. »

« Tu cherches la vérité, mais tu mens comme tu respires, Joseph. J'en ai déjà discuter avec Palmer. Nous en avons conclu que tu étais trop fragile pour digéré ce genre de vérité. Tu n'es pas prêt et tu ne le seras jamais. »

_____Me voilà au cœur de la tempête. Je pensais que je mettrais plus de temps pour aborder les sujets qui fâchent mais nous y voilà. Mécaniquement, j’ai senti ma gorge se serrer et mon regard basculer de gauche à droite pour observer Ray, puis mon père. J’essayais de décrypter les mimiques de leurs visages, je voulais savoir ce qu’ils avaient trouvé, ce qu’il pensait de tout le mal que j’avais pu faire consciemment ou non. Je n’étais pas assez bon pour lire entre les lignes.
J’ai récupéré ma tasse à café en laissant Ray répondre à ma place. Papa commençait à prendre le dessus, à faire comprendre que tout ceci était la pire idée qu’il soit. Il cherchait surtout à me retirer cette idée de la tête, celle que je devais découvrir la vérité. Nerveusement, j’ai posé mes mains autour de ma tasse de café alors que Slade refusait de prendre sa part de boisson chaude. Il n’était pas vraiment là pour les petits fours et la boisson gratuite, mais il avait au moins la politesse de laisser Ray s’exprimer. Il cherchait à maintenir la paix entre nous en me proposant de prendre moi-même la lourde décision. J’ai observé le dossier qu’il me tendait sans cacher une légère stupeur sur mon visage.

« Je vois que vous lui avez déjà trouver un petit nom... » grogna Slade lorsque Ray mentionna mon parasite. Papa semblait beaucoup plus septique que les autres sur la question de possession. « Qui est le crétin qui a eu cette idée en premier ? »

J’ai ignoré ses paroles, et je ne crois pas qu’elles avaient pour but qu’on n’y répondent, Papa voulait juste piquer un peu, comme à son habitude. Il n’était peut-être pas au meilleur de sa forme physique, mais il aimait toujours autant dénigré les rares personnes qui arrivaient à le supporter. Mon attention était focalisée sur le dossier, source de tous mes problèmes. J’ai déposé ma tasse de café pour l’attraper à deux mains et observer la simple étiquette qui illustrait la pochette. Je l’ai observé pendant de nombreuses minutes, hésitant. Slade avait le regard fixé sur moi, j’étais même surpris qu’il ne vienne pas mettre son grain de sel pendant toute la durée de mon hésitation.

« Je.. Je ne suis pas sûr. J’ai fais tant de mal… Ce que je voulais, c’est comprendre à qui j’avais causé du tort, de quel manière si je… si je pouvais faire quelque chose pour réparer mes erreurs. J’ai… je crois que j’ai peur de l’impact que ça pourrait avoir sur… sur moi. Ray, tu as vu ce que mes cauchemars sont capables de faire. Je… j’ai envie d’avoir le courage mais… je veux pas me détruire plus que je ne le suis déjà. »

« Ne prends pas des raccourcis stupides. Tu n’as pas à culpabiliser pour quelqu’un qui s’est servit de toi pour arriver à ces fins. Tu as la chance d’avoir perdu des souvenirs qui auraient pu t’handicaper toute la vie alors ne cherche pas la merde en cherchant à tout prix à les réveiller. Tu penses que ça t’apportera quoi ? Moi je sais, tu veux que je te le dise ? Un bon séjour à Arkham, des traitements qui n’en finissent plus. Voilà ce que tu vas gagner avec tes conneries. Ce n’est pas ce que tu veux, tu le sais, alors soit pas débile. » Il se leva du canapé pour m’arracher le dossier des mains. « Alors donne moi ça avant de faire quelque chose de stupide, comme tu as l’habitude de faire. »

« Mais je... je n'ai pas pris ma décision. »

« Tu veux un bon conseil ? Prends ta vie en main, entoure-toi des bonnes personnes et arrête de croire que tes problèmes sont liés au simple que t’es parasité par jenesaisquelle connerie. Tu as besoin d’être entouré par des personnes comme Ray, des médecins, des spécialistes, pas des charlatans qui te promettent la lune. Je t’ai connu plus malin que ça, Joey. »

« Tu parles de qui comme ça ? » mon visage se refroidit, je l’ai presque foudroyer du regard à ce moment là. Mécaniquement, mes mains se sont mêmes mises à signer. Je savais très bien de qui il allait parlé, mais je voulais en être certains, je voulais que ce nom sorte de sa bouche.

« Tu sais TRES BIEN de qui je parle et de ce qu’il essaye de te faire avaler quotidiennement. »

_____Papa s’était fait engueulé comme un gosse qui venait de se faire sermonner par ses parents après avoir adopter le mauvais vocabulaire. Il avait levé son dernier œil valide en direction de Ray qui tentait désespéramment de lui faire avaler la théorie mystique. Au fond, après tout ce qu’il avait vécu en tant que Deathstroke, je pouvais difficilement comprendre pourquoi il n’acceptait pas cette théorie. John Constantine n’est pas le premier mystique qu’il a croisé dans sa vie alors pourquoi est-ce qu’il se comportait comme ça ? Je crois que je n’oserais même pas lui poser la question moi-même. Son œil transperçait froidement le visage de Ray, c’est à croire qu’il allait lui sauter à la gueule, mais rien. Sa colonne vertébrale était cloué sur le siège où il s’était installé. Un silence de mort s’était installé pendant quelques secondes, je ne savais pas vraiment où me mettre lorsqu’ils se querellaient.

« Tu ignores beaucoup de chose, Palmer. » rétorqua froidement Slade avant de laisser échapper un soupir. « Passons. » Il orienta sa tête dans ma direction. « Fais ce que tu as à faire. Tu es grand maintenant. » Il marmonna légèrement dans sa barbe. « J’ai tendance à l’oublier. »

Peut-être parce qu’il m’avait abandonné une partie de mon enfance. Je n’ai pas osé enfoncer le couteau dans la plaie, Ray était au moins parvenu à le calmer, je n’allais pas détruire ça. Slade me tendit de nouveau le dossier. Je l’ai pris, avec mes deux mains, mais j’étais toujours aussi hésitant. Toutes les réponses à mes questions se trouvaient dans ce dossier et pourtant, je n’avais pas la moindre idée à quel point ses réponses allaient m’affecter. Ray me donnait carte blanche, Papa c’était différent, je savais que l’idée que je prenne mes propres décisions ne lui plaisaient pas vraiment.
Après quelques secondes de réflexions, ma curiosité et mon désir de justice avait pris le dessus sur ma raison. J’ai ouvert le dossier sur une page au hasard pour en lire le contenu. Slade serrait les poings pour se contenir, ma décision ne lui plaisait pas. J’essayais d’ignorer les quelques gestes qui trahissaient ces émotions les plus noires, la colère, le mépris. C’était les rares sentiments qui arrivait à s’échapper de la carapace de Deathstroke, celle que j’avais le plus connu dans mon enfance.

J’ai commencé à feuilleter le dossier sur le nombre de victime, la torture psychologique que j’avais infligé à chacune de ses personnes, majoritairement des sorciers. Je sentais le regard de mon père m’épier, comme s’il attendait quelque chose de ma part, une réaction, quelque chose qui justifierait le fait que c’était loin d’être une bonne idée. Le bout de mes doigts ont commencé à trembler, un détail qu’il avait remarqué, pas moi. Son œil se promenait entre Palmer et moi et plus les secondes passaient, plus les tremblements empiraient. Machinalement, mon père se détacha du dossier de son siège pour se rapprocher, sans pour autant se jeter sur moi.

« T’as froid ? » Une question bien stupide, mais une question qui symbolisait davantage la paternité que tout ce qu’il avait pu me dire ces quinze derniers mois. « Est-ce que ça va ? » Pas une seule réaction de ma part. « Hey, Joseph, je te parle. »

Ma nuque avait commencé par se raidir. Mes épaules ont commencé à avoir un comportement assez inhabituel. C’est un comportement qui m’était déjà arrivé plusieurs fois, surtout lorsque je rendais visite à quelqu’un susceptible de mettre des bâtons dans les roues de mon parasite. Il semblerait que Slade ne soit pas la seule personne à refuser que je consulte la vérité. Mon regard était fixé sur le dossier, mais mon cerveau était incapable de lire la moindre ligne supplémentaire. La voix de mon père ne parvenait pourtant pas à me venir jusqu’aux oreilles.

« Bordel, je t’avais dis que c’était une idée de merde. » rétorqua froidement Slade. « Il n’est pas dans son état normal. »

« Je… comp… as » Mon communicateur subvocal avait beaucoup de difficulté à retranscrire mes pensées, comme si quelque chose interférait.

« Ca suffit. »

_____Je ne sais pas réellement ce qui m’avait fait perdre le contrôle. Ce que je savais, c’est qu’il m’avait fallut seulement quelques secondes pour que mon parasite prenne le dessus. Est-ce que mon esprit avait été distrait ? Je l’ignore, je crois que je me souviens à peine des trois premiers mots de la première page qui avait croisé mon regard. Je ne comprenais pas, c’est comme si mon subconscient m’interdisait purement et simplement de découvrir la vérité. Est-ce que c’était si horrible que ça ?
Papa avait remarqué mon comportement inhabituel, tout comme Ray. Il avait d’ailleurs commencé, comme à son habitude, à accuser ouvertement le directeur de l’académie. Son comportement m’exaspérait, pourquoi s’entêtait il a trouvé obligatoirement un coupable ? Malheureusement, je n’étais que simple spectateur de cette scène. Ray avait rapidement comprit la situation, et il n’avait pas traîner pour déclencher un protocole d’urgence. Je ne savais pas réellement comment j’avais perdu le contrôle mais Il était là, il était réveillé, il se trouvait devant eux.

Un sourire défigura mon visage lorsque le directeur de l’académie, mentionna l’un des nombreux prénoms de mon parasite. Il en avait beaucoup, mais Ray venait de citer le plus connu, et probablement le plus ironique. C’est au tour de mon père de devenir un simple spectateur d’une scène dont il reniait l’existence. Maintenant que le sclère de mes yeux s’était noircit et qu’un rire s’était échappé de ma gorge.

« En quelques sortes... » Il laissa le dossier que je tenais dans les mains s’écrouler par terre. La vérité n’avait que peu d’importance pour lui, car il la connaissait par cœur. Amy ne souffrait pas d’amnésie, il était pleinement conscient de ses actes. « Qu’est ce qu’il y a Palmer, tu vas me coller pour mes actes ? Je vois que tu t’es mis à réaliser quelques tours de passe-passe. Comme c’est mignon. »

Mécaniquement, son regard s’orienta en direction de Slade qui était resté complètement immobile face à une scène surnaturelle. Il venait de me revoir parler et Amy ne discernais aucune émotion sur son visage, comme à son habitude. Deathstroke n’est pourtant pas un grand amateur de mystique et pourtant, à travers sa façade, c’est comme un jeudi. On pouvait faire exploser une grenade juste derrière lui qu’il ne broncherait pas. Son impassibilité était parfois insupportable. Pourtant, derrière cette carapace, je sais qu’il y avait quelque chose.

« Salut Papounet. » se moqua Amy en se tournant vers lui. « Tu ne viens pas saluer le dernier fils qu’il te reste ? Profites-en vieux débris, tes heures sont comptées. »

« Je ne prête pas attention à des créatures dans ton genre. » rétorqua froidement Slade. Soudainement, il venait d’accepter la théorie mystique. « Je ne veux pas connaître ton nom, ta voix, tes ambitions, je m’en cogne. » Slade baissa les yeux en direction du dossier dont les pages s’étaient étalés par terre. « Tu es responsable de tout ça, tu ne veux pas que Joseph découvre ça. »

« Non. J’avais simplement envie de voir le géniteur de ce pleurnichard. Je vois qu’il n’a pas été très chanceux à la loterie génétique. » Il haussa mes épaules. « Vous faire perdre du temps m’amuse également. Constantine n’est plus aussi amusant que le premier jour où j’ai cherché à l’étriper. »

« Mais tu as échoué. »

« Tout comme tu as échoué, il n’est pas mort. » Mes yeux verts traversent l’œil bleu de Slade, puis ceux de Ray. « Vous pouvez cachez vos émotions, mais vous ne pouvez pas me cacher vos pensées. Vous vous sentez bien inutile, et ce n’est pas vos petits tours de magie qui vont changer quoi que se soit. Admettez vos faiblesses. »

_____Amy se moquait d’eux, il se moquait de leur incompétence, de leur inutilité pour me venir en aide. Il narguait, il adorait ça. Il n’obtenait pas réellement satisfaction avec la carapace psychologique de Papa mais au fond, il savait à quel point cette situation le mettait en colère. Pire, elle le faisait enragé car il avait déjà été témoin d’une scène similaire, quelques années auparavant. Amy savait beaucoup de chose, trop de chose, au sujet de mon enfance, de ma relation difficile avec mon géniteur. Il avait accès à une partie de ma mémoire.
Pour l’instant, Papa était resté muet, laissant Ray intervenir. Ce dernier avait probablement plus de connaissance dans le domaine du mystique et je crois que Slade était trop occupé à faire le vide dans sa tête pour empêcher Amy d’accéder à ses pensées. Le directeur de l’académie avait activées les enceintes du bureau pour qu’elles jouent une douce musique, un chant qui ne semblait pas être aux goûts de tout le monde. Ce chant sonnait comme un bruit strident dans mes oreilles, très douloureux. Amy en ressentait tout les aspects négatifs et il était le seul à en être affecter. Heureusement pour moi, je ne ressentais pas la douleur des attaques mystiques. Je ne risquais pas de me réveiller avec les tympans percés. Sur ce coup-là, Ray s’était montré digne de sa réputation d’ancien héros.

« J’ai toujours su que tu avais des goûts de chiottes. » commenta Slade en laissant échapper une grimace. Il avait parfaitement compris ce que Ray avait fait. Il avait simplement envie de lui lancer une petite pique gratuite comme à son habitude. Il dénigrait beaucoup ses amis, mais quand on le connaît bien, on sait qu’il ne pensait jamais ce qu’il disait.

Amy poussa un hurlement de douleur. Malheureusement, Ray n’allait pas tarder à recevoir le revers de la médaille. Il était impulsif et répondait régulièrement par la violence. Mes pouvoirs lui permettaient de frapper fort, très fort. Il généra une onde psychique suffisamment puissante pour forcer Slade et Ray à reculer de quelques pas.
Après avoir déstabiliser les deux hommes, il se jeta sur la personne responsable de ses maux, le pauvre Ray. Même si le chant le faisait souffrir le martyr, il décrocha mes mains de mes oreilles pour saisir le directeur par la gorge. Sa force surhumaine lui permettait d’étouffer facilement sa victime.

« Tu trouves ça marrant maintenant, Palmer ? » Il resserra « C’était plutôt pas très malin de ta part de t’enfermer avec moi… ARRÊTE. ARRÊTE CE CHANT MAINTENANT. »

Slade se redressa, sa santé dégradée le rendait beaucoup moins réactif que d’habitude. Alors qu’Amy allait abattre mon poing sur le visage de Ray, Papa était intervenu pour stopper le parasite en plein élan. Sa force était colossal, bien plus puissante que dans ses souvenirs. La puissance du super soldat et du parasite se confrontait, faisant craqué mes os. Slade était à deux doigts de me fracturer le poignet et il le savait.

« Il n’y a que toi qui est piégé dans cette pièce. Quand bien même tu aurais la stupidité de nous mettre au sol, tu resteras bloqué ici jusqu’à la fin de tes jours. Alors retourne là où est ta place, au fin fond de la tête de mon fils et rends-le nous. »

« Ne soit pas aussi exigeant, Papounet. » rétorqua Amy avant de lâcher Ray et de s’en prendre directement à celui qui s’était interposé.

Il écrasa ma dernière main libre au niveau de sa cage thoracique, un endroit tactique pour viser les poumons endommagés de mon père. Le choc fut si puissant que son visage fut défigurer par la surprise. Slade eu le souffle coupé, il recula d’un pas par reflex et ses bras s’enroulèrent autour de ses poumons. Sa respiration semblait avoir été encombrée, il écarta soudainement ses lèvres pour avaler un maximum d’oxygène, puis il toussa, beaucoup.

« Je te l’ai dis, tes jours sont comptés vieil homme. » Il se retourna vers Ray. « Et ne parlons pas de ton cas, magicien du dimanche. » Le bruit commençait à devenir insupportable. « Arrête… ARRETE CA. »

_____Amy s’attaquait à quiconque lui faisait barrage et sa puissance démoniaque lui permettait de tenir bon face à deux fortes têtes. Il visait les poings sensibles. Ceux qui s’opposaient à lui ne tardait pas à le regretter. Distrait par Papa, Amy s’était acharné sur lui pour relâcher Palmer. Au vu de la douleur qu’il exprimait à travers son visage, c’est comme si mon parasite venait de lui broyer les poumons. Il parvenait à peine à respirer entre les quintes de toux, les caillots de sang qui se formait dans sa gorge. Malheureusement, Papa était bien trop occupé à se soucier de ses voies respiratoires pour s’occuper d’Amy.

Ce dernier se retourna mécaniquement vers Ray, mais le chant des anges rendait son ascension beaucoup plus douloureuse que prévu. Mes mains se collèrent contre mes oreilles pour limiter ce chant qu’il qualifiait d’insupportable. La douleur était si intense qu’il ordonna à de nombreuses reprises à son créateur de cesser. Entre la musique et mes oreilles bouchées, il vit le directeur de l’académie marmonner quelques mots mais il n’en prêta pas attention.

« Arrête ça !! » son regard croisa celui de Ray et en une fraction de seconde, il finit par rentrer dans son esprit pour le détruire de l’intérieur, et surtout le pousser à arrêter cette horrible musique qui lui faisait vivre un enfer.

Au même moment, le protocole de Ray s’activa et la pluie tomba au dessus de nos têtes. Pendant quelques secondes, mon corps fut entièrement immobile. Mon âme coincé dans l’esprit de Palmer cherchait à le nuire. Très vite, quelques picotements ont commencé à le perturber dans sa démarche. Les picotements sont devenus de plus en plus douloureux, pour devenir une pluie d’acide. Dans la tête de Ray, ce dernier pu entendre un hurlement de douleur avant d’être libérer d’un fardeau. Même si le démon avait envoyé notre âme dans l’esprit d’une victime, ce dernier pouvait toujours ressentir la douleur de notre corps. Amy venait de faire demi- tour pour retourner à la case départ mais la souffrance était trop insupportable pour qu’il reprenne le contrôle de mon corps.
Mes paupières se sont doucement refermés, les cris de douleur ont cessé pour laisser place à un visage plein de quiétude et des jambes beaucoup trop détendu. Elles se sont dérobées pour m’emmener dans une chute inévitable. Le retour à la réalité était encore trop difficile mais une âme charitable posa ces deux mains sur mes épaules pour me retenir. Papa ?

Je n’avais pas encore ouvert les yeux, mais je pouvais entendre cette quinte de toux qui ne le quittait pas. Malgré tout, il s’était relevé pour me rattraper au bon moment et venir me déposer sur le fauteuil dans lequel je m’étais précédemment installé. Lentement, j’ai repris mes esprits pour être témoin d’un véritable déluge. Bon sang, qu’est ce qu’il s’est passé ? Les lèvres de mon père était couverte de sang

« Papa… ? »

« Doucement, prends ton temps. » Il avait une voix incroyablement calme, c’est bien la première fois qu’il semblait avoir une intonation aussi douce. «  Est-ce que tout va bien ? Tu te sens bien ? » Il se tourna vers Palmer. « Éteins ça ou tu vas tous nous noyer avec tes conneries. » ça n’avait rien de méchant, je crois qu’il avait simplement peur que la pluie d’eau bénite continue à me faire mal, mais elle ne me faisait rien.

« Non non… ça va. Je suis juste très fatigué et… j’ai mal au poignet. Ça va, Papa tout va bien. »

« Ok. Repose-toi, mais ne t’endors pas. » Il se redressa doucement après avoir récupérer mon dossier. Ce dernier était probablement le seul à ne pas avoir été mouillé. Les pages étaient tombés sous une table basse. Slade chassa le sang qui tâchait son menton, une nouvelle fois. J’ai voulu lui demander si tout allait bien pour lui, mais son attention s’est vite tourné sur Ray. « Est-ce qu’on peut parler en privée ? » sa voix était calme, je sentais bien qu’il ne comptait pas sermonner une énième fois le pauvre Ray qui avait simplement essayer de m’aider. « C’est important. »

_____Je crois que dans le lot, après une brève observation, c’était Ray qui se sentait le plus mal physiquement. Je voyais ses jambes tremblées et je n’étais probablement pas le seul à l’avoir remarqué. Papa s’est occupé de moi, quelques instants pour vérifier que j’allais bien, que j’avais repris mes esprits et qu’Amy était désormais loin. J’ai acquiescer aux questions de Ray, aux ordres de Slade avant de les laisser quitter la pièce. Le fauteuil était trempé, tout comme moi, j’espérais simplement ne pas chopper la crève après ça.
Slade était sortie de la pièce après avoir été guidé par Ray. Je ne peux pas cacher qu’à ce moment là, j’ai un peu mal pris ce besoin de m’isoler pour parler de moi derrière mon dos, même si je savais que ma situation justifiait cet acte.

Slade avait fermé la marche pour entrer dans une pièce éloignée, au sec. Il avait bien remarqué les difficultés de Ray pour reprendre les esprits. Il n’avait pas besoin de chercher plus loin pour comprendre que le directeur de l’académie avait été victime d’une attaque psychique. Il lui laissa le temps de reprendre ses esprits, lui aussi avait déjà vécu ça par le passé, lorsqu’il était ennemi des Titans et que je me battais contre lui. Ouais, je sais qu’il n’y a rien d’agréable à se faire manipuler mentalement, alors il laissait Ray le temps qu’il fallait pour s’en remettre.

« Je te conseille de t’asseoir, tes jambes tremblent. » conseilla Slade. « Parce que cette fois, je ne te rattraperais pas. »

S’il avait été chez lui, il lui aurait probablement proposé un verre d’eau pour l’aider à reprendre ses esprits mais il n’avait pas envie de fouiller les placards. Mêmes si les jambes de Ray se dérobaient, il est fort probable que Slade le récupérera malgré ses paroles froides, propre à lui. A son tour, papa s’était installé en collant son dos contre le mur en face de son partenaire. Sa nuque pivota dans les sens possible et inimaginable, Slade semblait chercher ces mots. Difficile de s’ouvrir aux autres lorsqu’on est Deathstroke mais en petite comité, il essayait de faire plus.
Moi, j’étais resté quelques minutes tout seul avant d’observer la porte où ils se trouvaient. Ma jambe tremblait de nervosité, il fallait que je sache, je ne pouvais pas rester là à attendre qu’on décide de mon sort. Je devais savoir et pour cela, je connaissais la pratique la plus efficace, la projection astrale. Mon âme a quitté mon corps, pour passer à travers le mur qui me séparait d’eux. Je pouvais écouter leur conversation, sans me faire repérer.

« Ça va ? » Une formule de politesse ou une vrai question, je ne suis pas certains. « C’est pour cela que tu es plus un homme de science qu’un magicien de pacotille. » Il haussa les épaules. « Ça prendra quelques minutes, des vertiges, mais tu vas t’en remettre, enfin je crois. » Son œil dériva. « J’ai déjà vécu ça. Ce n’est pas la première fois que cette situation arrive. Quand il faisait partie de cette équipe de bras cassés, les Titans. Il s’était lié d’amitié avec la fille de Trigon, Raven. Je suppose que tu connais la fin de l’histoire. » Il baissa les yeux. « Il m’a supplié de le tuer, il n’était plus lui-même. Je l’ai fais, pour lui épargner les souffrances. Je ne voulais pas que le scénario se repète. » Les mots semblaient de plus en plus difficile à sortir de la bouche de Slade. Les aveux tombent, Papa n’avait jamais renié la théorie de la possession, il la craignait. « Quand il est revenu à la vie, j’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas mais… Arthur Vilain, le médecin de Joseph avait déjà parlé à Adeline de sa santé mentale fragile. Je voulais croire en cette théorie. Je pensais que revenir à la vie avait détruit sa santé mentale, je ne voulais croire qu’en elle parce que… parce que c’était la moins mauvaise. Même si tout me prouvait le contraire, je ne voulais pas, je n’acceptais pas. Je ne veux pas à avoir à refaire ça. » Il soupira. « Et on en est là… Dis moi au moins que tu as des pistes. »

_____Papa s’était ouvert, beaucoup plus que je ne l’aurais pensé. Il avait rappelé à Ray ce qu’il s’était passé à l’époque où je faisais partie des Titans. Je m’étais rapproché de Raven, elle me plaisait, je savais qu’un mal la rongeait et j’ai voulu lui venir en aide, au péril de ma vie. Mes souvenirs sont encore vagues concernant cette période, mais je me souvenais encore des nombres entités qui possédaient encore. Cette sensation de perdre entièrement le contrôle, je m’en souvenais, c’était bien pire que ce que je vivais avec mon parasite. Toute ces âmes qui se disputaient pour avoir le dessus, chacun de mes muscles étaient tiraillés, mon énergie vitales complètement absorbé. Dans un état aussi lamentable qu’ils m’avaient laissé, même si mes amis avaient été capable de m’aider, je n’aurais survécu que quelques heures de plus. Ce que j’avais demandé à mon père était horrible mais j’étais persuadé qu’il avait les épaules assez solides pour encaisser le choc. J’avais probablement eu tort. Des années après, le choc semblait être encore là.

« Ouais… j’ai mené ma petite enquête de mon côté quand j’ai commencé à avoir des soupçons. Pour avoir déjà travailler avec la famille des Al Ghul, je savais très bien ce que pouvait coûter la résurrection. Ton corps physique revient mais ta santé mentale se désagrège. » Il haussa les épaules. « Une fausse piste. » avoua-t-il.

Ray finit par mentionner l’étape suivante,une confrontation direct. L’idée m’angoissait un peu mais elle semblait plaire à Papa, surtout lorsque le directeur de l’académie répondit favorablement à sa présence pendant cette dernière. Il répondit silencieusement par une simple inclinaison de la tête en guise de remerciement. Le plan ne me rassurait pas, et quel ne fut pas mon erreur d’avoir été trop curieux. Si je parvenais à entendre ses paroles, quelqu’un d’autres les avaient entendu également.
J’ai reculé pour traverser le mur et retourner dans le bureau de Ray. Lorsque je me suis rendu compte de mon erreur, il était déjà trop tard. Je suis retourné dans mon corps, mes tremblements ont repris, j’ai essayé de les contrôler. Dans ma tête, je lui demandais de se calmer, de me laisser tranquille. Pendant que Papa et Ray continuait leur conversation, je m’étais replié sur moi-même pour essayer de contenir mon parasite.

« Ce qu’il s’est passé tout à l’heure... » lança Slade dans sa propre réflexion. « … avec le parasite. Est-ce que ça s’est déjà produit auparavant ? » Son œil se détourna, ses bras étaient toujours croisés. « J’ai l’impression que ce démon influence Joseph d’une manière différente de ce qu’on pourrait imaginer. Il est facile d’ignorer les paroles d’un fou mais… Il y a autre chose. Joey a perdu ses souvenirs en Europe, sans aucune raison psychologique, non ? Alors pourquoi se met-il dans cet état dès que son parasite est contr... »

« Non… Non non… Laisse moi… ARRÊTE. » mon communicateur subvocale retranscrivait quelques paroles qui étaient parvenu à traverser les murs du bureau.

Slade s’est redressé échanger un bref regard avec Palmer. Ils n’avaient pas besoin de plus pour comprendre ce qui était en train de se passer. Amy n’était pas en train de prendre le contrôle de mon corps, il craignait de souffrir à nouveau à cause de l’eau bénite. Seulement, pour me faire fuir de cet endroit, il avait décider de simuler une peur terrible, une phobie. J’essayais de me convaincre que tout était faux, mais les souvenirs qui hantaient mon esprit étaient si réels.
Mon intuition m’aidait à rester assis sur le canapé, à ne pas quitter l’endroit mais mon corps tremblaient et se débattait contre une force invisible.

« M̸e̴ ̷f̵a̶i̴t̶ ̴p̶a̶s̷ ̴d̵e̷ ̶m̵a̸l̷,̷ ̶m̴e̵ ̸f̷a̸i̵s̸ ̷p̸a̷s̶ ̴d̸’̷m̴a̶l̵ ̸m̵e̸ ̸f̷a̶i̸s̶ ̴p̴…̵ ̵P̸I̵T̶I̵É̶.̴ ̴C̷A̸ ̷F̸A̷I̸T̶ ̷S̵I̸ ̸M̷A̸L̴.̶ ̷S̷I̵ ̶M̴A̵L̶.̸ » La voix de mon téléphone est saccadée, elle a beaucoup de mal à traduire mes pensées. Slade est immobile et ne sait pas quoi faire.

« Qui te fait mal ? Tu peux parler. Parle-moi, Joseph, on est là, ok ? »

« J̵e̴ ̸s̴u̷i̴s̴ ̴d̸é̸s̸o̵l̷é̸,̶ ̶j̶e̷ ̸s̴u̵i̵s̶ ̸d̵é̶s̶o̵l̴é̸,̴ ̸j̵e̷ ̸s̷u̵i̷s̶ ̸D̷E̴S̶O̷L̷E̴.̸.̶ ̴T̵O̷U̴T̷ ̸E̴S̴T̸ ̵D̸E̵ ̶M̴A̴ ̷F̴A̴U̴T̶E̴ »

_____J’entendais la voix de mon père, même celle de Ray, mais je ne parvenais pas à répondre à leur question. Mon communicateur semblait déjà avoir beaucoup de mal à retranscrire mes pensées. Mes jambes s’étaient recroquevillés sur le fauteuil, les semelles de mes baskets touchaient le tissu synthétique. J’ai essayé de redresser mon visage pour laisser apparaître des yeux complètement inonder par les larmes et une façade terrifiée. Cette expression sur mon visage, il ne l’avait pas vu depuis ma mésaventure avec le Jackal, quand j’étais encore qu’un gosse avec des cordes vocales encore fonctionnelles.

Slade s’est approché doucement pour poser ces deux mains sur mes épaules pour tenter de me réconforter. Ma vision s’était troublé mais je pouvais discerner la stupeur de mon père lorsqu’il aperçut mon visage. Pour faire cesser ça, Ray avait fait prit une décision radicale en m’emmenant loin du bureau. Il m’a suffit d’un battement de paupière pour me retrouver dans ma chambre étudiante. Je savais que j’en avais une mais je n’y dormais jamais ou rarement. Je sais qu’elle avait été fabriquée sur-mesure pour protéger les étudiants d’Amy. Jason Blood, Khalid avaient tout fait pour que je me sente bien dans cet endroit. Les étudiants étaient protégés d’Amy et moi, je pouvais être certain que chaque bouffée d’air dans cet endroit était source de douleur pour lui.
Malheureusement, cela ne l’empêchait pas réellement de me tourmenter avec des souvenirs douloureux. Il a continué, pendant de nombreuses minutes avant que le stress et la peur ne pousse mon subconscient à me faire sombrer dans l’inconscience. Le plus ironique dans tout ça c’est que demain, tout ce qui m’a terrifié sera oublié.

« Il a probablement écouté notre conversation, à tort. » affirma Slade avant d’orienter sa tête vers Ray. « Nous sommes d’accord sur un point, tout ceci doit cesser. »

Il se rapprocha pour venir attraper mon téléphone portable que j’avais abandonné. Le petit malin avait profiter de l’occasion pour le prendre et tenter d’en fouiller le contenu, fouiller quelques conversations que j’aurais pu avoir avec une certaine personne. Heureusement pour moi, le téléphone de Ted Kord était suffisamment intelligent pour détecter l’intrus et bloqua les accès au bon moment. Slade laissa échapper une grimace de frustration avant de désactiver le son pour ne plus entendre ces cris du désespoir. Il finit par rendre le téléphone à Ray non sans cacher une certaines frustrations à travers son dernier œil.

« Ouais. » Slade récupéra sa veste. « Je repasserais, pour voir s’il va bien. » Il s’arrêta quelques secondes avant de se tourner vers Ray, une dernière fois. « Ok, Joey n’est peut-être pas le premier gamin à problème dont tu t’occupe dans ton petit refuge mais j’aimerais que tu me rendes un dernier service. Je veux que tu veilles sur lui pendant les prochains jours. Je te demande pas de le séquestrer mais j’aimerais qu’il reste ici. Crois-moi, je fais plus confiance en tes médiocres capacités de magicien qu’en ce playboy mort-vivant. » Il ouvrit la porte qui menait vers l’extérieur. « Je compte sur toi. »