Après la tragédie ~ Ft Superman Lun 19 Sep 2022 - 15:58
Sans doute faudrait-il un peu de musique dans les oreilles pour oublier la détresse ambiante ? Sans doute. Mais non. Jaime Reyes préfère de loin pouvoir entendre les gens qui viennent jusqu'à lui pour les aiguiller correctement ou les aider. Dans la détresse de Métropolis, il y a besoin d'un peu de tout. De petites mains pour aider à déblayer certaines choses. Des machines pour maintenir ce qui ne doit pas s'effondrer. Et d'autres petites mains, pour effectuer plein de choses.
L’Américano-mexicain est donc là. Au milieu de cette ville qui a subi une furie venue du ciel. Une demande à Ray Palmer, de pouvoir y aller – pas forcément en tant que Blue Beetle. Mais bien en tant que Jaime Reyes, avec un outil en plus que d'autre. Aidant à la logistique du matériel, il est là, à l'arrière de camion. Les genoux fléchis. Il regarde un instant le ciel. Ye. C'est ça. Une arme de destruction. Alors quand il y en a plusieurs. Les dégâts sont … destructeurs. Unique mot qui lui vient à l'esprit.
C'est ce que nous sommes.
Alors que Jaime regarde le visage de quelques bénévoles arriver, il se redresse. Mais la voix résonne bien dans son crâne. Comme un avertissement. Comme une contextualisation. Une comparaison. Écoutant la demande des bénévoles, il fait signe qu'il a ce qu'il faut. Puis s'enfonce dans le camion. Pas besoin de tablette pour lui – ce qui surprend. L'un lui demande d'ailleurs. Y a tellement. Comment tu fais ? Bonne mémoire. C'est la chose qu'il peut répondre, alors qu'il revient avec une caisse de fourniture. La pose. S'essuie le front.
« J'ai toujours eu une bonne mémoire sur les choses importantes. »
Et c'est important. Non ? C'est important de pouvoir savoir où chaque chose se trouve dans ce camion. Pour les donner à chaque bénévoles qui pourraient venir en quête de quelques fournitures aidant à leur action. On pourrait croire que c'est une bonne place, d'être derrière ce camion. On pourrait croire que c'est plus simple. Plus facile. Lui aussi, le croit, d'ailleurs. Encore un peu. Parce que certains vont vers le danger. Mais, franchement. Il faut être là. Chaque minute. Car ils viennent tous, à un moment. Pour ça qu'ils ne sont jamais vraiment seuls. Deux, ou trois. Pour pouvoir répondre à tout, assez rapidement. « Reyes ? Ça va ? » Hm ? Le jeune homme tourne la tête vers le plus vieux de son équipe, hochant doucement la tête. « Ça fait quelque chose hein … D'voir c't'ville dans c't'état. Y en a qui ont plus vraiment la foi. Ils s'disent qu'ils reviendront. Et que c't'fois, c'sera la dernière. » Jaime Reyes le regarde. Mimer une explosion. Avec un rire jaune. Quelques effluves alcoolisées.
Ouais. Bien entendu. Il y a eux aussi. Ceux qui veulent participer. Mais qui n'arrivent pas à tenir.
C'est ce qui résulte de nos actions.
« Vous devriez partir M'sieur. Si vous n'êtes pas en état … » Pas vraiment grand chose à lui dire d'autre. Car bordel, ce qu'il dit n'est pas faux. Certains – lui sans doute, cet homme qui a eu un espoir de pouvoir aider – pensent que la prochaine fois. Ce sera la dernière. Que la ville ne sera plus qu'un amoncellement de corps. De chairs brûlés. Et que tout s'effondrera sur eux. « Ils vont nous oublier. J'te l'dis. » Un petite inspiration. Regardant autre part. Avant de voir quelque chose. Et quitter son poste. Alors qu'un autre bénévole arrive. Il fait un mouvement de pouce vers l'autre. Pour lui dire qu'il y a toujours quelqu'un. Ouais. Il y a quelqu'un. Et ici aussi. Il y a quelqu'un.
Une enfant. Qui tient une poupée. En regardant autour d'elle. Comme cherchant une quelconque silhouette rassurante. « Bonjour toi. » La petite fille regarde Jaime. Alors qu'il se met à son niveau. Elle était invisible. Aux yeux de ceux qui aidaient. Parfois, c'est ainsi. La plus petite chose à aidée n'est pas toujours visible – et, sur le même principe, il est facile de penser que les forts n'ont pas besoin d'aide. L'un, parce qu'ils sont invisibles. Les autres. Parce qu'ils sont trop haut à atteindre. Pour eux, en tout cas. « Je cherche ma maman … » Regardant autour de lui. Lui aussi alors, la cherche du regard. Alors qu'il tend sa main vers elle. « Tu peux me la décrire ? On va la chercher ensemble. » Elle hésite. Prendre la main d'un inconnu n'est pas vraiment la chose qu'on lui a apprise à faire. Réfléchissant alors à une meilleure solution. « Je sais. Tu vas juste marcher à côté de moi. Et si tu me vois plus … » Il lui tend alors un sifflet bleu. « Tu souffle là dedans. » Elle le prend. Un léger contact suffira. Pour que les programmes du Scarabée s'activent. Et commencent déjà à chercher. Des correspondances génétiques. Il y a beaucoup de personnes. Mais cela ne sera pas difficile pour lui. Une direction. Déjà.
Alors. Jaime Reyes se redresse. L'invitant à l'accompagner. Il ne lui tient pas la main. Mais il sait qu'elle marche à côté de lui. Elle tient le sifflet d'une main. La poupée de l'autre.
La recherche est de plus en plus précise. Et donc, il continue de marcher. Suivant le sentier tracé par l'analyse de son partenaire artificiel. Jusqu'à ce que la réaction de l'enfant devienne plus rapide que celle de la machine. Par instinct. Par compréhension. Elle appelle sa mère. Qui vient jusqu'à elle. La prend dans ses bras. Jaime Reyes observe cela. Avant de hocher la tête aux remerciements de la mère et de la petite. Qui s'éloignent. Tandis qu'il observe celles-ci s'éloigner. Jusqu'à l'entendre. Plus précisément, cette fois. Un kryptonien est ici. Alors. Il regarde. Autour de lui. La voix continue. C'est lui. Et son regard s'arrête sur un visage. Silencieux. Isolé. Mais présent pour aider. Alors. Doucement, Jaime approche. Il passe entre les personnes qui avancent de leur côté. Il le voit s'éloigner. Son pas accélère légèrement. Pour ne pas le perdre de vue. Non. Il ne part pas, il s'active juste à sa tâche. Une personne le quitte. Il n'y a plus personne devant lui. Alors, simplement, le jeune Jaime Reyes le rejoint. Il le regarde. Alors que pour le moment l'homme est dos à lui. Puis. D'une voix que seul Superman peut entendre.
« Vous devriez faire une pause. Superman. »
Superman
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Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Lun 19 Sep 2022 - 16:40
Metropolis est en ruines. Encore.
La Ville de Demain a été lourdement prise à parti par une attaque des Kryptoniens – encore une fois. Après la Bataille de Metropolis… il y a eu la Bataille du Gouverneur de la Terre.
Les Kandoriens, qui ont retrouvé leur taille normale après un putsch fomenté avec des Kryptoniens de la Zone Fantôme, ont attaqué. Encore. Ils ont voulu imposer Lor-Zod, le fils du Général, comme Gouverneur de la Terre ; car Kandor, installée sur Mars de son propre chef, considère que les Terriens ne peuvent pas se gérer eux-mêmes.
Il y a eu une résistance. Il y a eu une lutte. Il y a eu… des douleurs.
Superman, affaibli depuis des mois par une usure de ses pouvoirs, a voulu agir – mais a été violemment happé par la brutalité des Kandoriens. Il a été… crucifié, littéralement ; et son identité secrète a été révélée. Il n’a dû sa survie, et le salut de Metropolis, qu’à l’aide imprévue et formidable de la Légion des Super-héros – ses chers amis, venus du Futur mais obligés d’y retourner finalement.
Depuis…
Depuis, Metropolis se remet ; difficilement.
Superman a disparu. Cela fait des jours qu’il n’a pas été vu à Metropolis ; et c’est mieux. La population demeure méfiante, crispée vis-à-vis de son protecteur ; qui demeure lié aux agresseurs… et, surtout, n’a pas pu les protéger. Encore une fois.
Les secours interviennent, au fil des jours. Des volontaires par centaines sont venus, et interviennent ; pour retrouver des victimes. Pour sauver des vies. Pour réaliser l’impossible. … même si de plus en plus de corps sans vie sont retrouvés. Hélas.
De nombreux pompiers interviennent, ainsi, et font des miracles. Ils sauvent des vies, oui.
Même si, ici, c’est la vie… d’un animal ; un chat. C’est déjà ça. C’est déjà bien.
Le pompier libère l’animal, qui file au cœur des décombres et se précipite vers son ancien logement – et son maître, qui le cherchait ; et le retrouve. Une explosion de joie résonne, au cœur de Metropolis. Ça fait du bien ; ça soulage. C’est rare, hélas.
Mais. Alors que le pompier sourit, en voyant ce moment tendre. Alors que sa poitrine se soulève, de soulagement et de fierté. Il grimace. Il se crispe. … il entend.
Il entend une phrase, une alerte qui ne le concerne que lui ; et cela le trouble.
Il tourne sur lui-même, discrètement. Il soupire. Il serre les poings. Il recule. Il recule lentement. Il s’avance, vers les ombres ; les décombres. Il s’échappe…
… et il se change.
Superman.
Superman arrache le costume de pompier, et arbore désormais ces nouvelles couleurs – héritées de Krypton. Pour que Kandor ne soit pas la seule à proclamer son lien avec son monde détruit. Pour retrouver, aussi, son influence dessus. Pour acter le deuil, aussi.
Sans un mot, Superman passe en super-vitesse, s’échappe vers les cieux – et vient se placer au-dessus des immeubles détruits. Au cœur des nuages lourds, remplis de poussière et de ruines.
Il se fige.
Il écoute. Il cherche. Il trouve, la fréquence. Il acquiesce. Et parle, sur cette même fréquence – avec douceur, mais détermination.
« Bonjour. Je vous remercie de votre intérêt… mais je ne peux abandonner mes efforts, alors que la ville est dans cet état. Cependant, je… souhaite avant tout connaître l’identité de la personne qui s’intéresse ainsi à moi. Ne pourrions-nous pas… se voir ? Et échanger directement ? »
Il sourit légèrement, et laisse son regard glisser devant lui – autour de lui. Sa super-vision s’active. Il cherche. Il cherche qui lui a parlé. Il cherche qui a pu le détecter. Il cherche… s’il va devoir affronter une nouvelle menace… ou un nouvel ami.
Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Mar 20 Sep 2022 - 7:35
C'est quelque chose. Quelque chose d'étrange. De puissant. Même à travers cette fréquence, il y a ce quelque chose, cette donnée particulière. Qui arrache un léger frisson. Peut-être est-ce l'excitation. De parler au plus grand héros. Ou peut-être est-ce cette force tragique qui dégage de sa voix. Le Scarabée lui-même est silencieux. Il a calculé. Suivant les données déployées. Pour le repérer. Des localisations transmises. Alors, il accepte. De simplement se tourner dans cette direction. Capuche sur la tête – plus par confort que par souhait d'être caché, personne après tout ne connaît véritablement Jaime Reyes –, il lève son visage. Pour regarder dans la direction de cette présence.
Son œil devient un instant ambré. Le bâtiment qui cache la vue ne dérange plus ainsi ce sens. Il ne voit pas son visage. Il ne voit pas sa tenue. Mais il voit sa silhouette. Celle de Superman. Et pendant un instant, il croit voir les frontières de son visage se tourner dans sa direction. Un regard qui se croise, sans réellement se voir.
Alors. Simplement. Tandis qu'il regarde cela, le jeune homme enfonce ses mains dans ses poches. Toujours ces mots. Pour juste cette personne. À la fois Super et homme. Un murmure, porté par la fréquence. « Je suis un ami de Blue Beetle. Et du Professeur Palmer. » Petit silence. Avant de reprendre, doucement. « Il y a le terrain d'un bâtiment abandonné depuis quelques années … à une dizaine de minutes à l'est de ma position. » Une recherche, dans son souhait de le rencontrer, de trouver un lieu qui n'aurait pas été le centre d'un quelconque massacre. Un lieu déjà désaffecté. Mais. Il peut aussi, sinon. Proposer autre chose.
Car Superman n'est pas ici que pour parler, bien entendu. Il le fait. Bien. Il sait capter le cœur des gens. Mais là. Sans doute n'est-il pas là pour juste parler. Alors peut-être veut-il continuer d'aider. « Je ne veux pas vous empêcher de continuer. J'aimerai juste vous rencontrer. Alors. Si vous préférez. » Il prend un peu son temps. Faisant tout de même en sorte de ne pas être vu comme le type qui parle tout seul. « Nous pouvons travailler ensemble. Parce que … Je … »
Il s'arrête. Un instant. Il regarde l'endroit. Un instant. Il baisse un peu les yeux.
Oui. Le Scarabée n'a pas besoin de le dire. C'est, depuis quelques jours, comme une identité artificielle qui continue de résonner. Simplement. C'est pour cela qu'il est né. Et peut-être que finalement, lui aussi est né pour ça. Pour faire comme eux ? Comme ces robots. Qui ont fait pleuvoir le feu. Pinçant légèrement ses lèvres. « Je n'ai pas pu vous aider. Quand c'est arrivé. Alors. Si je peux vous aider maintenant. » Il baisse un peu sa capuche. Frottant l'arrière de ses cheveux.
« J'aimerai le faire à vos côtés. »
Superman
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Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Mer 21 Sep 2022 - 11:33
Il écoute.
En flottant au-dessus du sol, des immeubles délabrés, des nuages de poussière et d’ombres. Il écoute. Il étudie. Il se cale sur la fréquence spécifique, vérifie que ses paroles ont bien été transmises ; oui. Bien. Il n’est pas si rouillé. Pas encore.
Il sourit, alors.
Ça le surprend. Ça le trouble, un peu. Ça le gêne, ici. Au cœur de ces ruines. Au-dessus de ces gravats. Au centre de… son échec ; un de ses échecs. Un de plus.
Il soupire. Il maintient son sourire. Il acquiesce, lentement. Il entend. Il comprend. Il souffle. Il reprend.
« Je crois devenir votre identité ; et je suis touché et heureux de pouvoir vous connaître. Tout en saluant le fait que les compliments formulés par Ted et Ray à votre endroit semblent justifiés. »
Même sur cette fréquence, sa voix est différente ; douce. Tendre. Chaude. Bien que… moins qu’avant. Moins que d’autres fois.
« Avec plaisir, pour ce rendez-vous. »
Il hoche la tête – et part. Il identifie l’endroit. Il identifie la zone. Il s’y rend. Il s’y arrête.
Il y descend.
Il souffle, encore. Il se pose. Entre les débris. Entre les gravats. Entre les ombres ; de ce qui a été. De ce qui n’est plus. Par sa f… Par la faute ; des Kandoriens. Et de lui. Aussi.
Il prend une grande inspiration, puis laisse son regard se perdre dans l’horizon chargé et brisé. En attendant, en l’attendant, il reprend – sur la même fréquence. Calmement. Malgré l’effort demandé.
« J’apprécie votre proposition d’aider… mais je doute que le faire à mes côtés soit positif. Pour vous. Pour votre réputation. Pour votre action, aussi. Ma… présence ne semble plus voulue, ici ; et je l’entends. D’où… ce costume. D’où ce petit jeu. D’où… cette identité, prise pour me cacher. Une… vieille habitude, pourraient dire certains. »
Clark détourne les yeux, et grimace ; ça le peine. Ça le trouble. Ça le hante. Ça. Tout ça. Mais aussi… Clark Kent ; l’identité secrète. Ou non ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Qui il est.
« Oh. Bonjour. »
Il se reprend, finalement. Il se redresse. Il bombe le torse. Il parle ; normalement. Il sourit. Malgré la fatigue et l’usure. Malgré la peine. Il salue. Il le salue. Il l’accueille.
Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Jeu 22 Sep 2022 - 7:16
« Alors retrouvons nous là bas. »
Et en même temps. Une autre fréquence. Alors que le téléphone de quelqu'un sonne, près des camions. Rapidement, quelques mots. Comme quoi il faudrait le remplacer quelque temps. Mais qu'il reste en ville – qu'il continue d'aider. Il fini par quelques mots. Simples mots. Te laisse pas abattre. On la fera à nouveau briller, cette ville. Car c'est ce qu'elle est, la Ville de Demain. Elle continuera de briller à l'Est. Pour le moment, ils sont peut-être là, à croire certains visages derrière certains écrans. Pour le moment, peut-être qu'ils lisent et qu'ils veulent croire les visages, cachés derrière les réseaux sociaux. Oui. Ils croient. Ils veulent détester. Un coupable. Car ils n'arrivent plus à croire qu'elle pourra briller. Car il en faut toujours un. Car il y a toujours quelqu'un qui tient l'arme. Mais. Franchement …
Qui pourrait croire qu'il voulait ça. Lui. Qui pourrait croire qu'il tenait cette arme. Lui.
Informé par ses propres sens – artificiels, synthétiques, virtuels – de l'avancée de cette personne, le jeune homme avance d'un pas ferme. Vif. Rapide. Il ne marche pas, finalement. Il cours. Foulée maîtrisée. Alors qu'il passe d'une personne à l'autre. Évite de rentrer dans le corps de quelqu'un. Il écoute, aussi. Alors que la première fréquence est de nouveau prioritaire dans son système de communication. Il écoute les mots. Assimile. Cette profonde mélancolie. La comprend, aussi.
Un sentiment de vouloir toujours faire. D'avoir besoin de le faire. Mais aussi. Se sentir isolé. Seul, finalement. Comme une punition pour un unique crime. Exister non pas en tant qu'uniquement Kryptonien de Kandor. Mais surtout en un tout. Lui. Superman … Clark Kent … « Ce n'est pas aussi simple. Ce n'est jamais simple. Mais non. Je refuse de passer à côté de ça. De cette proposition. Parce que … La réputation, tout ça … Ah. On a chacun la nôtre. On le sait. » Son pas se fait plus rapide. Alors que sa capuche couvre maintenant sa tête. Il parle. Toujours. Ses mots sont rapides, comme son pas. Il veut pas. Il veut pas le laisser croire. Qu'il est une souillure. « On est ce qu'on est. Ils ont peur. On a peur. Nous aussi. Eh. C'est normal non ? Nous ne sommes pas des machines. Mais est-ce que ça nous empêcher de faire quelque chose ? Est-ce que ça doit nous paralyser ? J'pense pas. Moi j'pense juste ... qu'il y a rien de mal à travailler avec vous. » Il approche. Du lieu prévu.
Il saute au-dessus d'une barrière. Ses pieds atteignent le sol. La fréquence se coupe. Alors qu'il approche. Retire sa capuche. Un jeune homme. Aux traits latins. Un regard qui vient chercher celui de cet aîné. Qui respecte. Qui n'essaie pas de cacher ce qu'il voit. Un homme. Qui sans doute, dans d'autres conditions pourraient s'écrouler. Mais qui ne le fait pas. Alors. Il faut lui faire honneur. Faire honneur et regarder ce vétéran. Sans pitié. Mais avec une seule chose. Le souhait de vouloir travailler avec lui.
Alors. Il arrive face à lui. Et tend sa main. Avec un sourire.
« Je m'appelle Jaime Reyes. Blue Beetle, troisième du nom. Et c'est un plaisir de vous rencontrer. »
Superman
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Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Jeu 22 Sep 2022 - 15:11
Un long soupir s’échappe des narines de Superman, alors qu’il sourit doucement en hochant la tête… devant Jaime. Jaime Reyes.
Le jeune homme qui l’a contacté. Le jeune homme qui l’a identifié. Le jeune homme… qui lui a parlé, si gentiment. Le jeune homme qui se présente à lui ; et ranime, au moins un peu, sa fierté.
« Bonjour. »
Sa voix est lente, calme ; posée. Un peu usée, quand même.
« Et… merci. »
Du rouge monte à ses joues ; même maintenant. Même à son âge. Même après… tout ce qu’il a fait.
« J’apprécie… grandement ces mots ; vos mots. »
Il acquiesce, encore.
« Et… je suis extrêmement touché, de savoir qu’un membre émérite de la Justice Academy, proche des Titans et de Young Justice, super-héros en devenir au potentiel formidable… pense ainsi. Pense cela, de moi. Je… ah. Je vous remercie. Je te remercie, si tu me permets de te tutoyer – à condition que tu fasses de même. »
Un clin d’œil complice accompagne ses mots.
« Mais… ah. Je crains que… Metropolis… et sa population… n’aient pas cet avis. »
Il soupire, lourdement. Lentement, il se détourne de Jaime, s’avance quelque peu au cœur de ce terrain vague. Il laisse glisser son regard, sa super-vision. Il cherche. Il s’arrête. Il soupire. Il a trouvé.
« Là. »
Il se penche, récupère des éléments au sein des décombres, des gravats. Et présente un élément – quelque chose, à Jaime. Une affiche.
Contre lui.
« Il y en a d’autres ; beaucoup. »
Il sourit. Il se force à sourire ; mais le cœur n’y est pas. Et ça se voit.
« A… quatre blocs d’ici, j’entends une manifestation. Environ deux cent personnes. Deux cent survivants. Ensemble. »
L’armure de Jaime peut lui confirmer la tenue d’une manifestation lente, pacifique ; mais à l’ambiance lourde, et funéraire.
« Ils sont réunis… sur l’impulsion d’Andrej Trojan. Un businessman et savant, qui profite de l’absence de Lex Luthor pour s’imposer comme… chef de file de la contestation, à mon égard. »
Il grimace. La Nature a horreur du vide ; hélas.
« Ils placardent ces affiches, partout. Ils viennent d’en poser une… sur l’Hôtel de Ville. »
Ce qu’il en reste, plutôt – car le bâtiment a été quasiment anéanti par les Kandoriens. Il n’empêche : la banderole est installée.
Et ça fait mal – surtout sur le siège du pouvoir local et officiel de la ville. C’est un symbole ; lourd.
« Ils se dirigent… vers le Mémorial. »
Son Mémorial. Etabli à sa mort ; après son sacrifice, contre Doomsday. Il n’y va jamais, il est trop… gêné, pour cela. Il profite cependant d’en parler pour jeter un œil, avec sa super-vision – et frissonne, en voyant le traitement de la statue.
Taguée. Elle est déjà… taguée.
« Humf. »
Il soupire, et se détourne ; pour cacher, aussi, une grimace de tristesse profonde.
« C’est… leur droit constitutionnel de penser ceci, et de l’exprimer ; je le respecte, sincèrement. Je… ne peux m’empêcher d’aider, Jaime – mais je refuse d’être une gêne, pour la ville. Une fois… de plus. Je me cache, ainsi. Je… me protège ; les protège. Mais… ah. Je crois que… si cela se sait… cela sera encore moins accepté. Le mensonge, la tromperie, je… ah. J’ai toujours dit me battre pour la Vérité, la Justice et l’Idéal Humain. Comment… peuvent-ils encore me croire, maintenant qu’ils… savent ? »
Pour Clark. Pour Superman. Pour sa vie ; sa double-vie. Ses vies. Et ce qu’il a dû faire, pour les préserver… jusqu’à ce que tout soit révélé.
Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Ven 23 Sep 2022 - 10:35
Jaime Reyes a écouté. Il ne pouvait faire que ça. Il ne voulait faire que ça. L'écouter. Lui. Qui a tant fait pour les autres.
Pour une fois. Il était d'accord avec le Scarabée. L'humanité ne sait pas ce qu'elle fait. Elle se réfugie dans une succession d'émotions pour trouver un coupable. Pour trouver quelque chose à détester. Est-ce que l'humanité ne sait faire que ça, finalement ? Fuir. Fuir. Toujours fuir. Mais lui ne veut pas fuir. Jaime Reyes veut encore écouter cet homme – ce kryptonien, ce journaliste, ce héros, ce terrien. Tout ça. Tout ça ce n'est qu'une personne. Et tout simplement, cet ensemble. Simplement. Oui. Simplement, les choses sont complexes. Mais eux. Ils veulent que ce soit simplement simple.
Jaime Reyes a regardé. Il ne pouvait faire que ça. Il ne voulait faire que ça. Ne pas se cacher. De ce qu'ils sont. Victimes qui cherchent un coupable.
Quand Superman lui tend l'affiche, il l'attrape. Et ses yeux la regarde. Il se souvient d'en avoir vu une – non, ce serait mentir de dire qu'il n'en a vu qu'une. Il se souvient d'en avoir arraché une. De l'avoir roulé en boule. De la jeter dans une poubelle. Il se souvient. D'avoir déjà eu ce sentiment. Ce point d'accord avec Khaji Da. De comprendre aussi, ce que cela signifiait d'être une arme. D'utiliser une arme. De l'utiliser pour détruire, marquer le monde. Rappeler quelque chose. Une fragilité. Jaime Reyes a regardé. Encore. Grâce à des images de surveillance de la ville – certaines caméras, réinstallées en urgence – et grâce à certaines vidéos diffusées sur le net, en live. Cette marche silencieuse. Cette marche accusatrice. Des visages, fermés. Des visages. Qui ne veulent rien dire. Qui veulent juste suivre. Ce mouvement. Cette énergie cinétique. Qui colle ces affiches. Encore. Ce mouvement. Cette énergie, qui les porte. Les fait avancer. L'énergie d'un homme – Andrej Trojan.
Qui porte bien son nom de famille. Car derrière ce souhait de représenter cette humanité blessée. Il ne fait que distiller simplement son énergie. Celle de la haine. Celle du souvenir à briser. À souiller.
Comme ce Mémorial. Le Mémorial. Qui est tagué. Son souvenir, souillé. Pourquoi donc font-ils cela ? Car il n'était pas qu'un héros ? Car il se mêlait à eux ? Car il ne voulait pas être qu'un héros, un dieu des temps modernes ? Est-ce à cela qu'ils sont destinés ? À être juste des images. Des images qui peuvent être taguées ? Souillées … ? Les doigts se ferment sur l'affiche abîmée. Et, il résonne. Un son dans ses synapses. Dans ses neurones. Un sens particulier, à lui. Celui de la présence de cette symbiose. Qui parle alors. Juste pour le jeune homme.
Nous sommes nés pour cela.
Jaime Reyes a écouté. Jaime Reyes a regardé. Maintenant. Il froisse. Le papier. Il le jette, au sol.
« Non. » Le mot résonne. Simplement. À qui est cette réponse ? Ses yeux fixent Clark Kent. Superman. Il avance. Un pas. Dans sa direction. « Au contraire ! Ils devraient l'accepter ! » Sa voix porte. Un peu. Alors qu'il regarde toujours le Héros. Il enfonce ses mains dans ses manches. « L'Idéal Humain. Vous vous êtes battu pour cet idéal. Vous l'avez représenté. De tant de façons. Clark Kent n'est pas un mensonge. Superman n'est pas un mensonge. Ils ne sont que … des éléments d'une même équation. Vous ! » Un instant, de silence. Avant de regarder les gravats. Un silence qu'il croit long. Non pas parce qu'il réfléchi à ce qu'il doit dire – non, à ce qu'il veut dire.
« Vous êtes Superman parce que quelqu'un a appris à Clark Kent à aimer cet Idéal, non ? Vous êtes Clark Kent parce que quelqu'un a inspiré Superman à se battre pour que des périodes ne demandent pas l'intervention d'un héros, non ? Vous êtes celui qui avez tendu la main à Atomic Skull, parce que Clark Kent sait ce que ça fait d'être « différent ». Je sais. J'aurai pas dû. Mais j'ai regardé les enregistrements. Vous êtes celui qui avez combattu les terreurs de l'univers, parce que Superman avait une planète à défendre, à chérir. La Vérité est que Clark Kent et Superman se sont mutuellement nourris. La Justice est que Clark Kent et Superman savent voir au-delà des frontières. L'Idéal Humain, enfin … I l n'y en a pas qu'un. Votre Idéal. C'est ce qui vous construit. Ils ont le droit constitutionnel ? Bien ! Mais ce n'est pas ce droit constitutionnel qui domine toutes les pensées. Ce n'est pas cette haine qui alimente tous ça. »
Il inspire. Légèrement. Ouais. Ils sont peut-être nés pour ça. Finir comme des armes. Mais ils ont le droit de penser qu'il n'y a pas qu'une façon de défendre la Vérité, la Justice, l'Idéal Humain. Et alors qu'il termine ses mots. Un bruit mécanique. Les bras de Jaime Reyes se transformant. Des écrans holographiques se formant, depuis les dispositifs de diffusion sur ses doigts.
Des pages. Facebook. Twitter. Messagerie. Quelque chose. Que les Sens de Superman ne peuvent voir. Que les Sens d'un Kryptonien ne peut voir. Oui. Bien sûr. Il y a de la haine. Du dégoût. Même dans ces sphères. Mais il y a aussi. D'autres images. D'autres messages.
E. D. 2 heures ·
Bordel ! Arrêtez ! Superman ça reste Superman ! M'en fout qu'il soit fermier, joueur de foot ou un mégalo financier. Il fait, lui ! J'aime · Commenter · Désactiver les notifications · Promouvoir · Partager
CREDIT > CHAUSSETTE
Il me parle. C'est tout. Clark Kent me parle quand il est au Daily Planet. Superman me parle quand il sauve. Et Métropolis vivra avec lui. #Metropolis#WithSuperman
Et ils défilent. Des vidéos de soutien aux familles, sans aucune récupération politique. Des images de promesse de faire de nouveau briller Métropolis. Car elle continuera de briller. Ils sont silencieux. Comme cette marche. Mais, là, autour de Jaime Reyes. Il n'y en a pas que deux. Il y en a des centaines. Des milliers. Des centaines de milliers. Et plus. Qui défilent. À un rythme que Superman peut suivre.
Ils hurlent. Ils dessinent un avenir. Qui accepte Superman et Clark Kent.
« Ouais. Internet on y trouve de tout, j'sais bien. Mais oubliez jamais. Ce silence qui sait tendre une main. C'est ce que vous représentez, aussi. Non ? »
Alors. Il le regarde. Il y a tant d'armes dans le monde. La parole en est une. N'est-ce pas ce que vous apprenez à ces générations futures, quelque soit le nom que vous portez ?
Superman
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Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Lun 26 Sep 2022 - 10:45
« Mmh. »
Un léger souffle s’échappe des lèvres de Superman, alors qu’il fixe les éléments montrés, évoqués, présentés par Jaime Reyes. Il est… troublé. Autant par le fond que la forme voulues par le jeune homme.
Evidemment, il connaît le jeune Blue Beetle – de réputation, cependant. Il a déjà évoqué avec Ray et Ted le sort de ce jeune super-héros, plein d’avenir et fort sympathique. Mais… il n’a pas poussé plus loin. Il n’a pas pris le temps d’aller le rencontrer. Il n’a pas pris le temps d’aller se présenter à lui. Il n’a pas pris le temps d’aller à son contact, pour vérifier s’il a besoin d’aide ou s’ils peuvent s’entraider.
C’est un tort. Par principe, déjà ; parce que Clark se rend compte, encore plus, qu’il s’est laissé happer par le quotidien, et en a oublié ses postures, ses décisions, ses engagements. Ses valeurs. Mais surtout…
Surtout, il se rend compte, ici et maintenant, de l’homme qu’est déjà Jaime Reyes. Un homme bon. Un homme bien. Un homme… capable de prouver ce qu’il avance, et de convaincre ; réellement.
« Je… »
Il souffle. Il soupire. Il hésite.
Lentement, instinctivement, Clark glisse une main dans ses cheveux grisonnants, et forme un sourire gêné ; troublé. Mais touché, aussi. Emu, surtout.
« Je… ne sais pas quoi dire, Jaime. Je… ah. Je reste… interdit, devant tout ceci. »
Un peu de rouge monte à ses joues. Ce qui ne peut que surprendre, pour quiconque voit en Superman un demi-dieu invincible ; mais ce qui n’est que justesse et habitude, pour ceux qui connaissent réellement Clark Kent.
« Je… te remercie. »
Il inspire grandement, pour se donner du courage, et relève des yeux eux aussi émus vers Jaime. Son sourire s’étend, malgré sa gêne.
« Je… l’on est toujours mauvais juge de soi-même – mais j’ai appris une grande modestie, auprès de mes parents ; adoptifs. Tu… ah. Tu l’as dit : quelqu’un m’a appris, tout cela ; tout ce que je dis, tout ce je fais. Je… ne saurais pas dire… ah. Jaime, je… »
Il hausse légèrement les épaules.
« Je ne sais pas. J’entends ce que tu dis. Je vois ce que tu me montres. Je lis… ce qu’ils écrivent. Et cela me… touché, énormément. Cela m’apaise. Cela me soulage. Cela me rassure. Cependant… Cependant, je ne peux nier non plus ces manifestations – ces preuves, de rejet ; de refus. De… d’échec. »
Le sien. D’être accepté. D’être validé. D’être suivi. Dans le Soleil, comme le disait Jor-El dans l’un de ses messages qui ont tant inspiré Clark, lorsqu’il les a découverts.
« Peut-être… non. Oui. Superman… a inspiré. Clark Kent… a pu aider, à son niveau. Oui. Mais… mais ce temps, ce monde, cette époque… moi. Est-ce que… est-ce que je suis encore… »
Il se tourne. Il se détourne. Par gêne. Par honte. Par peine, aussi.
« Est-ce que je suis encore… digne… de cela ? Et d’eux ? Je… vieillis. Je peine. Je fatigue. Je m’use. J’échoue. Encore et encore. Je… peut-être. Peut-être que le monde a encore besoin de Superman – et d’un Clark Kent. Mais… Mais je doute… d’être eux… encore. »
Il baisse les yeux ; et les épaules. Le mal est profond. Vicieux. Retors. Implanté. Troublant.
D’autant que…
D’autant que la manifestation approche. D’autant qu’elle s’avance, à proximité. Ils peuvent entendre, alors. Même sans super-ouïe.
« … ou le promets ! Oh oui, je vous le promets ! Si vous m’élisez Maire, je collaborerais étroitement avec le Général Lane ! Je ferais un pont d’or au Gouverneur de la Terre ! Je protègerais la ville ! »
Une voix résonne plus forte, alors qu’un homme harangue la foule, sur un char mobile – qui flotte au-dessus du sol. Technologie formidable et nouvelle.
Technologie d’Andrej Trojan – définitivement dans tous les mauvais coups, contre Supeman.
« J’ai déjà entamé des démarches pour racheter le Daily Planet, et en refaire un journal de qualité ! Pour embaucher des journalistes sérieux, solides… et honnêtes ! Et non pas des menteurs et manipulateurs comme Clark Kent !! »
La foule hurle, en validant les mots d’Andrej. A proximité, Clark se crispe – et grimace. Ses épaules se voûtent soudain un peu plus…
Re: Après la tragédie ~ Ft Superman Mar 27 Déc 2022 - 17:47
« Vous devriez avoir honte. »
Une voix sèche et rauque s'élève soudain, au cœur de la manifestation – avec une force, une fougue, une puissance propre à calmer une foule enragée. Car l'homme qui la possède est habitué à dompter une rédaction pleine de talent et de fureur.
« Vous devriez avoir honte, d'écouter cet imbécile qui aime trop s'écouter ! »
Un homme émerge ainsi de la masse, et vient directement confronter Andrej Trojan. Un homme, oui. Directement concerné par les derniers mots du milliardaire – au point de l'énerver. Très fort.
« Il ment. Evidemment qu'il ment. Oh, il ne ment pas entièrement – il essaye bien d'acquérir des parts du Daily Planet, pour en prendre le contrôle. Mais, par le fantôme de César, il n'y arrivera pas ! Pas tant que Perry White sera le rédacteur du Daily Planet... et, je l'annonce aujourd'hui, l'un de ses nouveaux actionnaires principaux !! »
Le journaliste émérite lance un regard sombre vers Trojan, qui grimace ; et recule. Crispé, troublé. Gêné.
« Oh oui, j'ai bien compris votre petit cirque. Oh oui, je vois bien ce que vous voulez faire. Populiste ! Cherche-ordures ! Paparazzo ! Commère ! Vous voulez surfer sur le rejet de Superman par Metropolis, pour bâtir votre gloire dessus ! Vous voulez l'utiliser pour vous faire un nom, et briguer la Mairie puis l'Etat ! C'est évident ! C'est visible ! C'est... ah. Déjà-vu. »
Perry White glousse, puis fixe des yeux hautains sur Andrej.
« Lex Luthor a déjà tenté ça ; tant, et tant de fois – sans réussite. Et vous, alors ? Vous pensez pouvoir faire mieux ! Ah ! Ridicule. Bien sûr, vous avez des munitions, des armes... contre Superman. Contre... Clark. Oui. Je... ah. C'est tellement étrange de le dire, mais... oui. Superman... est Clark Kent. Je ne l'ai jamais su. Nous ne l'avons jamais su. Mais... cela ne change rien ! Cela ne change rien aux sauvetages, aux fois où il a sauvé le monde. Mais aussi aux fois où... ses articles vous ont touchés. »
« Nous ont touchés. »
Une forme massive émerge aux côtés de Perry White. Avec, d'un coup, moins de hargne chez ceux qui soutiennent Andrej Trojan.
« Je... j'aime pas Kent. J'aime pas Clark. Et... l'fait que ça soit Superman... ça change rien. Je... j'pense pas qu'il nous ait menti, à ce point ; c'était trop. Trop juste. Trop vrai. Trop naturel. J'aime pas Kent – j'aime pas son côté péquenaud, j'aime pas ses manières, j'aime pas sa gentillesse. J'l'aime pas. Mais... il sait. Il sait écrire. Il sait toucher. Il sait... être juste. Et ça... ça vient pas d'Krypton. Ça vient d'là. »
Steve Lombard, spécialiste du sport, montre son cœur ; et surprend tous ceux qui le connaissent. En bien. Pour une fois.
« Si même Lombard en vient à défendre les qualités morales et le talent de Clark Kent... oui, la ville tombe bien bas s'il faut en arriver là. »
Un autre homme arrive, et tapote l'épaule du géant sportif ; avec un petit sourire ironique et amusé. Comme Ron Troupe sait si bien le faire.
« Nous... avons beaucoup à faire ; à reconstruire, à réaménager. A soigner. Dans ces moments difficiles, de peine, de deuil... il est facile de s'abandonner à la colère, à l'indignation, à la fureur ; à la haine. Au rejet. Brûler nos anciennes idoles est tentant, quand nous comprenons que même elles ne peuvent pas tout. Mais... nous valons mieux que cela. Nous pouvons faire et être mieux que cela. Car il nous le montre. Car il le montre, toujours. Car, alors que vous vous réunissez contre lui... lui continue de se battre, pour nous aider ; pour nous reconstruire. Nous ne perdrons jamais Superman, je le sais – mais nous risquons de perdre Clark Kent, l'identité non pas qu'il s'est forgée contre nous, mais qu'il a tenue à garder secrète pour conserver un peu d'intimité. Cela se respecte. Cela se comprend. Et... oui. Clark écrivait... écrit admirablement bien. Ce n'est pas le fait qu'il ait été Superman qui en a fait un grand journaliste – c'est que ses mots nous ont tous touchés, un jour. Vous le savez. Je sais que vous le savez. Il est temps d'en prendre acte... et de grandir, non ? »
Un silence lourd s'impose. Andrej Trojan, crispé, se racle la gorge... et entend profiter de ce mutisme général, où chacun réfléchit aux mots prononcés par les journalistes du Daily Planet, pour reprendre la main. A tort.
« Tut-tut-tut... on se tait, joli-coeur. A moins que vous ne vouliez que je ne révèle comment vos services ont fait taire quelques strip-teaseuses mineures venues dans votre chambre d'hôtel... n'est-ce pas ? »
Un discours direct. Un ton enjôleur. Un regard acéré. Une silhouette de rêve. Un esprit vif. Un cœur de glace ; en apparence.
Cat Grant. En chair. En os. En vice et en réussite.
« Les copains ont raison sur tout... vous devriez, nous devrions avoir honte. Superman nous a tous sauvés, un jour ou l'autre. Il a toujours prouvé son attachement à la ville et à la planète. Là, des gens de son monde se retournent contre lui à cause de ça... et nous faisons de même ? Bah ! Nous ne valons pas mieux que la dernière TV Réalité venue. Et même... même s'il nous a caché être Clark... il a bien raison, de préserver sa vie privée ! Et Lois Lane a définitivement bien de la chance, quand la lumière s'éteint le soir... »
Cat glousse – et déclenche quelques sourires dans la foule. Gênés, bien sûr. Mais réels.
Perry White reprend alors la main.
« C'est bon, maintenant. Rentrez chez vous. Rentrez tous chez vous ! Reconstruisez. Améliorez. Aidez. Soyez bons. Soyez justes. Soyez solidaires. Soyez altruistes. Soyez... soyons la meilleure version de nous-mêmes. Comme... Superman nous a appris à le faire, par l'exemple. Comme... Clark Kent nous pousse à le faire, par ses mots ! »
Andrej Trojan veut encore répliquer, dire quelque chose – mais ses employés, notamment spécialistes des relations publiques, lui en dissuadent. C'est fini. La chance est passée.
Andrej Trojan se retire, la queue entre les jambes. La foule se disperse. Les membres du Daily Planet se regardent, se sourient ; un peu gênés, un peu troublés. Mais satisfaits.
Cela ne règle pas tout. Cela n'achève pas tout. Ils auront à parler. Ils auront à discuter. Avec... lui. Clark. Superman. Kal. Qu'importe.
Ils auront à parler ; et ils le feront. Ensemble. En... famille.
Lui le sait, d'ailleurs. A plusieurs centaines de mètres de là, lui le sait – car il a tout entendu, avec sa super-ouïe ; comme Jaime a tout entendu, avec son armure. Un souffle lourd s'échappe de ses narines. Un souffle... de soulagement.
Alors que, lentement, l'ombre d'un sourire glisse sur son visage fatigué.
« Je... te remercie encore. Je... j'aimerais te proposer un temps de détente, mais... il reste du travail. Dans la ville. Pour la ville. Alors... si tu veux m'aider... ce serait avec plaisir. »
Il se lance, alors. Il se relance. En souriant. Et... sans se cacher.
Superman reprend le travail. Superman aide. Superman reconstruit. Superman est présent. Superman... met en œuvre les valeurs et l'humanisme qui sont les siens ; et qui sont ceux qui ont touché le monde entier.
Par ses actes. Par ses mots, aussi ; car eux seuls ont convaincu le Daily Planet et ses lecteurs. Superman aide, car c'est sa mission. Mais... Clark Kent aide aussi ; car c'est sa vocation. Car c'est sa voie.
Car c'est sa vie. Aux deux faces. Aux deux reflets. Aux deux... espoirs.
(HJ/ Je conclue ici en accord avec l'ancien joueur de Blue Beetle. /HJ)