LIEN FRATERNEL [PVDamien Wayne]

Damian avait longuement observé les chapiteaux du Cirque Haly, les lumières, le son du public et des spectacles. Il se demandait comment cette institution faisait pour encore survivre dans le monde moderne. A titre personnel, bien que le cirque lui-même ne l’attirait pas réellement, il ne pouvait s’empêcher de penser que le jours où le dernier cirque ambulant disparaitrait, le monde perdrait une grande richesse.
 
Richard lui avait donné rendez-vous ici, à la sortie du cirque. Le Fils du Batman ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur les raisons de ce rendez-vous. Certes, son frère n’avait jamais eut besoin d’une excuse pour le trainer dans des activités puérile… bien que pas toujours déplaisante, mais le jeune homme savait parfaitement ce que cet endroit représentait pour son ainé. Il représentait son ancienne vie, celle où il était un acrobate de la grande famille du Cirque, celle avant les masques et les uniformes. Celle avant que son père ne le prenne sous sa garde suite à la mort des parents du premier Jeune Prodige. D’une certaine manière, il s’agissait aussi du lieu de naissance de Robin lui-même, Richard Grayson ayant bâtit son identité et son uniforme en rapport avec ce passé, et les talents d’acrobate qu’il y avait acquis lui avaient permit de tenir le rythme qu’imposait la vie trépidante de justicier.
 
Damian observa sa montre, il attendait qu’il soit l’heure de faire son entrée. Parfois, il regrettait de ne pas être en uniforme. Ses yeux avertis avaient déjà repéré plusieurs crimes en préparation et une part de lui souhaitait intervenir sans attendre. Mais si Robin pouvait faire ce genre de choses, Damian Wayne par contre n’avait pas ce genre de liberté. Il avait déjà repéré la position de Richard, pile à l’endroit prévu. C’est à ce moment que la foule commença à sortir du chapiteau.  Une part de lui-même était tendue en observant cela. Si un assaillant décidait de se dissimuler dans cette foule, ils auraient bien du mal à le voir arriver.
 
Néanmoins, après avoir attendu que la foule se soit quelque peu clairsemée, Damian approcha de l’emplacement où se trouvait son frère. Signalant sa présence de manière à ce que Nightwing le voie venir. Ce dernier vint alors à sa rencontre, arborant un grand sourire contrastant avec sa propre attitude réservée.
 
« J’ai effectivement fait un peu de repérage avant d’arriver, histoire de m’assurer qu’il n’y ait pas de complications en préparation. Hormis un gang de Jokerz désœuvrés trainant dans le coin, je n’ai rien vu. Mais à part cela, non je patrouillait pas. »
 
Toujours les mains dans les poches, le jeune homme caressait l’un des emplacements où il avait dissimulé un couteau. Ce genre d’ustensile pouvait toujours s’avérer utile en cas de problème, et ce à plus d’un titre. Il observait également le chapiteau encore éclairer de l’intérieur par les projecteurs.
 
« C’est donc là-dedans que tu as apprit tes pirouettes. Intéressant. » constata le jeune homme. « C’est pour une sorte de pèlerinages aux origines que tu m’as demandé de venir ? » tenta-t-il de deviner.


Le jeune homme gardait un port altier, héritage d’une éducation où on l’avait éduqué à régner et à diriger. Il était cependant curieux de la raison derrière l’invitation de Dick. Ce n’était visiblement pas pour lui faire voir le spectacle étant donné que celui-ci venait de se terminer. Il suivit cependant son ainé sans faire d’histoire. Quand ils pénétrèrent sous l’immense tente, ils purent constater que les gens encore présents se chargeaient de ranger le matériel. Immédiatement, Dick fut reconnu et plusieurs de ses connaissances vinrent à sa rencontre.
 
Damian resta à l’écart, laissant son frère à ses retrouvailles. Malgré le lien qui l’unissait à son ainé, ce monde n’était pas le sien, et il n’avait aucune intention de s’immiscer dans les relations de Grayson. Mais il se demandait toujours ce qu’il faisait là. Richard n’avait probablement pas besoin de lui pour retourner voir son ancienne famille. Il scrutait chaque personne présente, cherchant à déceler des éléments intéressant sur chacun d’eux. Son regard s’attarda un peu sur les animaux, notamment l’éléphante encore présente sur le ring pour aider au transport du matériel, mais il resta néanmoins à l’écart jusqu’à ce que Richard décide de l’introduire. Il venait de s’arracher à se rêverie alors qu’il observait l’emplacement pour les numéros d’acrobate, tentant de reconstituer mentalement la tragédie qui avait frappé la vie de Dick. Damian se contenta d’hocher la tête en guise de salut.
 
« Richard a régulièrement évoqué ses jeunes années dans ce cirque. Je suis juste là pour voir s’il avait exagéré ou non. » répondit-il d’un ton poli mais maintenant une certaine distance avec ses interlocuteurs.
 
Les interactions sociales avaient toujours constitué pour le jeune homme un obstacle. Quand on l’amenait dans un nouvel environnement ou qu’on lui faisait rencontrer de nouvelles personnes, il érigeait autour de lui des barrières qu’il était parfois difficile à passer. Au moins, pour l’instant, ne se montrait-il pas ouvertement insultant ou méprisant envers ses interlocuteurs.

Damian conserva son air indéchiffrable en écoutant cette « Raya » prendre comme un compliment les paroles du fils de Bruce Wayne. Même si ce qu’il avait dit n’était pas un mensonge, il y avait glissé une touche d’ironie qui, visiblement, était restée inaperçu. Mais bien que Damian ne trépignait surement pas d’excitation d’être ici, un léger sourire se dessina sur son visage alors qu’il observait son frère retrouver avec joie de vieille connaissance. Il était heureux pour lui, heureux qu’il puisse renouer avec sa vie d’avant, bien qu’il se garderait de le manifester ouvertement.

Suivant nonchalamment Richard lorsque ce dernier alla voir l’hommage que le cirque avait rendu à ses parents, Damian resta un moment interdit. Même de dos, il percevait l’émotion qui s’emparait de son ainé face à ce témoignage. Le Fils du Batman se passa une main à l’arrière du crâne, se le frottant quelques secondes avant de s’avancer d’un pas et de donner un léger coup de coude à son frère tout en lui adressant un regard de réconfort (ou en tout cas, quelque chose s’approchant). Une manière de signaler sa présence à ses côtés ainsi que son soutien. D’aucun aurait probablement fait montre d’un témoignage d’affection plus explicite, mais l’Héritier du Démon n’avait jamais été à l’aise avec ce genre de démonstration.

L’actuel Jeune Prodige observa à son tour longuement la plaque commémorative en l’honneur des parents du Jeune Prodige originel. Damian se demandait, s’il s’avérait que son propre père avait réellement disparut, est-ce qu’il aurait droit à un témoignage de reconnaissance aussi sincère de la part des communautés qu’il avait aidé de part la ville de Gotham et au-delà ? Il ne faisait pas de doute qu’on se souviendrait de lui, le manoir Wayne, les Entreprises Wayne… son nom resterait, mais un simple témoignage de reconnaissance pour l’homme plutôt que la figure ? Damian n’était pas sûr que quiconque s’en soucierait. Mais le contact de la main de Dick sur son épaule le sortit de sa réflexion, lui indiquant de le suivre à l’écart pour qu’il lui révèle enfin la raison de leur présence en ces lieux.

Silencieusement, Damian suivit Richard dans les gradins. Il avait déjà compris que ce n’était pas un simple pèlerinage, qu’il y avait quelque chose d’autre. En revanche, il était incapable de formuler autre chose que des conjectures quant à ce que son frère allait lui dire. Allait-il reprendre une nouvelle fois le costume du Batman ? Improbable, même s’il se souvenait avec fierté de l’époque où ils avaient été le Dynamique Duo, il savait également que Dick avait détesté être Batman. Voulait-il lui faire une annonce du genre qu’il comptait se retirer de la vie super-héroïque ? Là encore, Damian avait du mal à l’imaginer, peut-être s’il se casait durablement avec Barbara ou une autre de ses relations, et encore. Sans doute était-ce en rapport avec la disparition de père…

Il n’en savait rien en fait, aussi garda-t-il le silence en observant Richard avec intensité en étudiant son langage corporel comme il avait appris à le faire. Il était resté debout, les mains dans les poches pendant que son frère perdait son regard sur la piste. Sans aucun doute, à remuer des souvenirs emplit de nostalgie. Finalement, après quelques instants, Richard cracha enfin le morceau. Le Fils du Batman haussa les sourcils de manière dubitative en entendant que son frère s’était découvert une sœur.

« Une sœur ? Rien que ça. » fit-il, une pointe de scepticisme dans la voix.

Cela était en effet une annonce qu’il n’avait pas vu venir, mais loin de se réjouir pour son frère ou d’afficher sa désapprobation, l’esprit du jeune homme était déjà occupé à analyser les implications que cette nouvelle entrainait. Il se mit à dévisager son ainé avec d’autant plus d’insistance, comme s’il cherchait à déterminer si celui-ci lui disait bien la vérité ou était en train de lui faire une plaisanterie.

Visiblement, la sœur en question était le fruit d’une relation adultère, étant donné que Dick lui précisait qu’ils étaient apparentés par leur père. La manière dont il en parlait démontrait cependant à quel point Dick et Damian étaient différents. Si le Fils du Batman apprenait qu’il avait des demi-frères et sœurs caché, il n’était pas sûr qu’il prendrait la nouvelle aussi calmement. Probablement même qu’il les percevrait immédiatement comme des rivaux.

« J’ose espérer que tu as vérifié ses dires avant d’assumer qu'elle disait bien la vérité ? » continua-t-il lentement, un air circonspect se dessinant sur son visage.

Il n’allait pas se mentir à lui-même, cette nouvelle n’était pas de nature à le réjouir, surtout en ce moment. Richard avait toujours été l’un de ses frères avec qui il avait été le plus proche. L’idée qu’il se trouve une famille « de sang » amenait forcément le spectre qu’il décide de s’éloigner de sa famille d’adoption… et donc de lui. Et cette perspective, surtout en cette période où il ressentait durement l’absence de son père, en était définitivement une qui ne le réjouissait guère.

Damian se détourna de Dick pour, à son tour, observer la piste. Il s’était assombri, mais faisait de son mieux pour garder ses émotions et ressentiments en respect. Son regard s’attarda un peu sur l’emplacement où se trouvait la plaque commémorative des parents biologique de son frère.

« Et de qui s’agit-il  ? » fut la seule question que posa Damian.

Indubitablement, il en avait d’autre, mais avant de creuser plus loin, connaitre l’identité de la personne dont on parle était un bon début. Le regard du jeune Wayne s'attarda un instant sur Raya, se demandant s'il pouvait s'agir d'elle. Quelque chose lui disait que non.

Damian écouta la réponse de Dick sans se retourner. Au moins, son frère avait pris quelques précautions, même si celle-ci étaient loin d’être suffisante au goût du jeune homme. Le fait que cette « sœur » soit en mesure de révéler des informations personnelles sur les parents de Grayson indiquait surtout qu’elle avait fait ses devoirs et s’était informé… surtout dans le cas où elle n’avait jamais vécut avec eux. Quant au test ADN, dans le cas où il ne serait pas falsifié, il aurait au moins le mérite de confirmer si Grayson et cette fille partageait bien des gènes en commun. Au moins, Barbara était-elle aussi au courant de l’existence de la nouvelle sœur de Dick. Et la connaissant, le Fils du Batman pouvait être sûr qu’elle effectuerait des vérifications de son côté. Mais cela soulevait d’autres questions.
 
Damian continuait d’observer la piste sur laquelle le personnel du cirque s’affairait pour tout ranger. Il écoutait son frère fournir ses explications sur un ton posé, presque rassurant. Mais dès qu’il entendit l’identité de la sœur en question, Damian se retourna brusquement  vers son frère, les yeux écarquillés de surprise.
 
« Zucco ?! » s’exclama-t-il.
 
Mélinda Zucco, la fille du meurtrier des parents de Richard. D’entre toutes, il fallait que cette « sœur » soit lié à Tony Zucco. Cela ne faisait qu’attiser les suspicions que le jeune homme nourrissait à l’égard de cette fille. Cette coïncidence lui paraissait un peu grosse et l’Héritier du Démon avait un peu du mal à gober cette histoire de « remords ». Et si ce n’en était pas une, son existence donnait une tout autre interprétation au meurtre des « Flying Grayson ». Jusqu’à aujourd’hui, la conclusion était que le mobile de Zucco pour l’assassinat des Grayson aie été un meurtre purement crapuleux, dans le but d’intimider le propriétaire du cirque pour qu’il souscrive à la protection de Zucco et aussi à ses magouilles. Mais si la fille du gangster était bien le fruit d’une relation entre le père de Dick et la femme de son meurtrier, il pouvait que le motif de Zucco soit de l’ordre de la vengeance personnel.
 
Damian se demandait si son père avait soupçonné cela. L’existence de Mélinda Zucco ne lui était pas inconnue car Damian savait que Bruce avait un dossier sur elle. Il l’avait consulté et il soupçonnait que son père avait souhaité garder à l’œil la fille de Zucco au cas où elle décidait de reprendre l’affaire paternel. Mais il était sûr que nulle part dans le dossier, il n’était question qu’elle puisse être autre chose que la fille du gangster.
 
Damian laissa cependant Richard finir ce qu’il avait à dire. L’ombre d’un sourire apparut sur le visage de Damian suite aux déclarations de son frère et il était sincèrement touché par les paroles de celui-ci. Il faisait désormais face à son frère tandis que ce dernier lui ébouriffait les cheveux, une habitude qui agaçait le jeune homme au plus haut point, mais qu’il laissa passer pour cette fois, ne se débattant pas pour le faire arrêter. Mais s’il était heureux d’entendre que son frère serait désormais plus souvent à Gotham, sa fierté l’empêchait de trop le montrer.
 
« Tst, c’est le fait de vivre avec Gordon qui te fait qui te rend si prompt à la sensiblerie, Richard ? » rétorqua le jeune Wayne en s’enlevant une « poussière dans l’œil » qui pointait justement à ce moment. « Mais quoiqu’il en soit, une chose demeure une vérité. Toi et moi, nous étions les meilleurs. » finit-il de répondre en faisant allusion à l’époque où ils opéraient ensemble. Il s’agissait de sa manière à lui de signifier qu’il retournait l’affection que son ainé lui portait.
 
Mais l’actuel Jeune Prodige reprit rapidement son sérieux. Il observa son frère droit dans les yeux, réfléchissant à la manière dont il allait le formuler. Il percevait bien que son frère était heureux de s’être retrouver une famille biologique et, il devait bien le dire, il n’était toujours pas entièrement rassurer par les paroles de Dick sur le fait qu’il ne l’abandonnerait pas. La crainte de l’abandon était quelque chose d’assez solidement implanté en Damian et constituait l’une des raisons pour laquelle il avait du mal à former des liens avec les autres. Cela couplé à son caractère difficile et un certain cynisme.
 
« Et c’est justement pour cela que je me dois de t’avertir, au risque de doucher tes espérances, Grayson. Un accident génétique ne fait pas une famille. Cette Mélinda est peut-être bien ta demi-sœur, mais le fait que vous ayez quelques gènes en commun ne signifie pas qu’elle aie automatiquement des intentions honorable. » Commença le jeune homme.
 
Ces paroles pouvaient sembler ironiques, peut-être même un peu hypocrite, dans la bouche de Damian. Après tout, le jeune héros n’était jamais le dernier pour souligner l’importance que revêtait les liens du sang. Appréhendant un peu la réaction de son interlocuteur face à ces paroles qui ne seraient certainement pas celle qu’il souhaiterait entendre professer, Damian ne put s’empêcher de frotter de la main sa poitrine, caressant l’emplacement où se trouvait la cicatrice de la blessure que lui avait infliger l’Hérétique, la blessure qui, jadis, avait causer son trépas. Il s’agissait d’un tic nerveux qu’il avait quand il n’était pas à l’aise. Mais il enchaina néanmoins.
 
« Si je te le dis, c’est que je le sais d’expérience. Quand Mère m’a présenté à Père, ce n’était nullement désintéressé. Mère avait deux objectifs en me confiant à Père : le premier étant qu’elle espérait que mon existence rendrait le Batman plus ouvert à l’idée de la rejoindre. Quant au second… ma présence était sensé distraire Père suffisamment pour qu’il ne puisse s’intéresser aux opérations que Mère menait à ce moment. »
 
Damian avait dû, par la suite, prouver encore et encore qu’il avait la volonté de changer avant que les autres membres du Bat-clan lui accorde enfin leur confiance. Et encore, ce fut en grande partie grâce à l’action d’Alfred et de Dick qui lui accordèrent sa chance et le soutinrent que Damian parvint à se faire accepter. Mais cela ne retirait pas le fait principal, à sa première rencontre, il était bel et bien un agent que Talia al-Ghul utilisait pour faire une diversion. 
 
« Tant qu’on en saura pas plus sur ses intentions véritables, je me garderai de lui faire trop prestement confiance. La possibilité qu’elle tente de t’utiliser n’est pas un scénario qu’on peut d’embler écarter. » conclut le membre le plus jeune du Bat-clan tout en continuant à fixer Dick droit dans les yeux.
 
Damian n’avait jamais été quelqu’un qui se liait facilement aux autres, mais quand il y parvenait, il se montrait férocement protecteur et loyal… peut-être même un peu jaloux parfois. Une part de lui préfèrerait que cette Mélinda reste loin de leur famille, de crainte qu’elle n’éloigne Dick. Mais une autre souhaitait sincèrement que Dick puisse connaitre la joie de retrouver un parents biologique. Mais qu’importait la vérité, qu’importait si Dick décidait ou non de rester prudent quant aux intentions de sa soi-disant « demi-sœur », Damian comptait bien rester à l’affût. Et si elle s’avisait de blesser son frère, il le lui ferait payer.
 
C’est alors qu’une pensée fit irruption dans son esprit, le poussant à regarder ailleurs. Il venait de noter que Dick ne lui avait pas donné de détails sur la manière dont il avait rencontré sa demi-sœur. Et que si Dick Grayson, l’ainé des pupille de Bruce Wayne, n’était pas à proprement parler une personnalité difficile à localiser, il était improbable que cela se sache qu’il aie emménagé avec Barbara Gordon. Il ne voyait donc pas cette « sœur » se présenter à la Tour de l’Horloge pour parler avec Dick.
 
« Dis-moi Grayson. A quelle occasion était ce ? » interrogea finalement le jeune homme.

« Père a effectivement un dossier sur elle. Il la gardait à l’œil pour le cas où elle voudrait prendre la succession de son père ou mener une vendetta à ton encontre. Je suis tomber dessus il y a 18 mois pendant quelques recherches. Je n’ai pas souvenance qu’il y soit question d’un lien de parenté avec toi. Mais soit, je te le transfèrerai quand je serais de retour à la cave si cela peut t’aider à te forger une opinion plus claire sur cette situation. »
 
Situation que le Jeune Prodige n’aimait décidément pas. Même si son frère semblait se méfier au moins un peu de cette « sœur » qui entrait soudainement dans sa vie, Damian connaissait celui-ci et se doutait qu’une part de l’acrobate souhaitait voir confirmer l’histoire de cette femme. Même s’il avait hocher la tête quand Dick lui avait demander de le laisser gérer cette affaire par lui-même, le jeune Wayne nota intérieurement d’aller enquêter de son côté, juste au cas où. Et il se promit également de faire payer à cette Mélinda le prix cher s’il s’avérait qu’elle manipulait son frère d’une quelconque manière.
 
Par contre, lorsque vint le récit de la manière dont Richard avait rencontré sa sœur, les sourcils de Damian ne tardèrent pas à se froncer, et ce davantage au fur et à mesure que Dick  poursuivait son histoire. Vers la fin, Damian se pinçait l’arcade nasale en soufflant du nez… comme lorsqu’il entendait un plan qu’il estimait bancale et qu’il tentait de se retenir d’intervenir. L’accumulation des faits qu’il entendait lui donnait envie d’hurler de frustration et pourtant, il n’avait pas vécu les faits.
 
« Donc, si je résume. » reprit-il d’une voix lente. « Cette Mélinda a été capable de te contacter en tant que Nightwing, ce qui peut impliquer qu’elle connaissait déjà ton identité. Quand tu es arrivé, tu t’es fait assommer et démasqué, ce qui confirme que maintenant elle connait cette identité et que, si elle aligne plus de deux neurones, elle est en mesure de déduire celles d’une bonne partie d’entres nous à partir de là. Rien que cette connaissance en fait déjà un menace potentielle. » appuyant davantage sur ce dernier point.
 
C’était le premier point. Il ignorait si cette Mélinda savait d’emblée que Nightwing et Dick Grayson ne formait qu’une seul et même personne ou si elle l’avait découvert ce soir-là, mais il ne pouvait écarter la piste qu’elle avait monter cette jolie histoire pour pousser Dick à servir ses intérêts. De plus, même si elle était bien intentionnée, on ne pouvait être certains qu’elle ne vendrait pas la mèche d’une manière ou d’une autre, mettant la vie de toute sa famille en jeux.
 
« De plus, elle est maire que depuis récemment à Blüdhaven, et elle possède déjà une garde du corps suffisamment doué pour te mettre KO et qui semble possédé certaines aptitudes de « ninja ». Pour avoir grandit dans ce milieu, je peux déjà te dire que se procurer ce genre d’homme de main, ce n’est pas qu’une question de moyens financier, mais aussi de contact. Il lui aurait fallut connaitre les bonnes personnes pour pouvoir la recruter et, à moins qu’avoir ce genre de garde du corps fasse partie des privilèges lié à la fonction de maire dans ton patelin, je peux d’ors et déjà t’assurer que le plus souvent, lesdits contacts ne sont pas exactement du genre recommandable. » poursuivit-il dans son énumération.
 
Peut-être surestimait-il la garde du corps, peut-être n’avait-elle réussit à assommer Dick que sur un simple coup de chance. Mais son frère, comme tout les membres de sa famille, faisait partie des individus les plus redoutable de la planète, et Damian doutait honnêtement qu’il puisse se faire avoir aussi aisément par un adversaire lambda. Mais il était sérieux quand il parlait du fait que Mélinda n’aurait put se procurer ce genre de perle rare par des voies classiques. Ce qui pouvait trahir des liens approfondis avec les milieux souterrain… ce qui était possible si elle avait repris les affaires de la famille Zucco, et encore. Les Zucco étaient loin d’être une famille criminelle avec le bras le plus long.
 
« Et enfin, elle requiert ton assistance pour faire tomber ce Blockbuster qui, si j’ai bonne mémoire, est le seigneur du crime le plus important de Blüdhaven. Et elle aurait attendu tout ce temps pour te contacter, alors qu’il aurait été plus simple de se faire connaitre auprès de Dick Grayson plutôt qu’auprès de Nightwing ? Tout cela me donne l’impression que cette rencontre pourrait être assez intéressée. Même si je ne doute pas que tu es intéressé par la perspective de te débarrasser de ce Blockbuster, il serait bon d’enquêter sur les liens que Mélinda entretiens avec lui, des fois qu’elle t’utiliserait pour faire disparaitre un partenaire gênant ou un rival en affaire. » conclut-il en rouvrant les yeux.
 
Damian ne cherchait même pas à dissimuler la méfiance que cette Mélinda, et son histoire, lui inspirait. Dans son esprit, il l’avait déjà catégorisé comme une ennemie potentielle et sûrement un danger pour leur famille maintenant qu’elle connaissait, ou était en mesure de connaitre, l’identité d’une partie non négligeable des membres du Bat-clan. Et donc, avec cette information en sa possession, elle possédait un levier à utiliser contre eux.
 
« Il me semble avoir fait le tour. Tu te rends comptes à quel points cette situation est non seulement louche, mais aussi qu'elle pourrait devenir problématique pour toute notre famille, Grayson? » interrogea le Fils du Batman, bien que la question était réthorique. « Comme tu me l'as demandé, je vais te laisser gérer cela. Par contre, comme elle connait potentiellement nos activités, je compte bien la garder à l'oeil de mon côté. »

Il serait faux de dire que l’histoire de Dick ravissait d’une quelconque manière le plus jeune membre de la famille Wayne. Non seulement son ainé s’était potentiellement retrouvé une famille biologique, mais cette dernière connaissait potentiellement leurs identités secrètes. Et malgré les tentatives du tout premier Robin de rassurer le plus récent sur la situation, cela ne levait aucunement la méfiance que nourrissait Damian.

« Je n’ai aucun doute que tu n’auras rien révélé, Richard. » répondit, sur un ton sévère, le jeune homme à son frère « Ton genre as toujours été de préférer te sacrifier plutôt que faire quoique ce soit qui nous porterait atteinte. Par contre, si ta « demi-sœur » connait tes deux identités et qu’elle est livré avec ne serait-ce qu’une poignée de neurones fonctionnel, elle ne devrait pas avoir de problème à faire le rapprochement par elle-même concernant les activités de notre famille. »

En tout cas, relié que leur père et ses différents enfants sont liés au Bat-clan. Barbara, Stéphanie et les autres alliés qui ne sont pas directement membre de la famille Wayne devrait encore pouvoir passer sous les radars. Mais avec ce genre de savoir, elle pouvait déjà mettre en danger beaucoup des leurs.

Dans ce genre de situation, Damian savait déjà ce que préconiserait sa mère ou son grand-père : éliminer la menace avant qu’elle ne puisse leurs faire du tord. Par contre, quel serait la solution de son père ? Le Fils du Batman n’en était pas sûr mais indubitablement quelque chose qui n’impliquait pas d’ôter la vie à cette gêneuse. Peut-être chercherait-il à mettre en scène des évènements pour prouver qu’il ne pouvait pas être Batman pour décrédibiliser d’emblé les accusations qui pourraient être porté… mais en l’état il n’était pas sûr que cela suffirait.

Les précisions que Dick apporta par après arrachèrent un haussement de sourcil circonspect de la part du jeune homme alors qu’il croisait les bras. Non seulement le fait que son frère aie été assez inattentif pour se faire neutraliser par une frappe par surprise n’était pas pour le rasséréner, mais en plus à présent il se faisait gronder pour sa méfiance.

« Tst. Faire confiance à une personne sans savoir si elle en est digne est une réaction irrationnelle qui se base sur un manque de donnée. Il ne s’agit que d’une invitation au désastre et à la trahison. » répliqua le jeune héros à son ainé, campant sur sa position.

Comment en aurait-il pu être autrement ? Le jeune homme n’était pas seulement le fils de son père, déjà connu pour sa nature suspicieuse, il avait aussi grandit tout d’abord au sein de la Ligue des Ombres où le meurtre, la mystification et la tromperie étaient élevé au statut d’art à part entière, mais par la suite, sa vie s’était essentiellement résumé à être Robin, à être confronté nuit après nuit au pire de ce que Gotham pouvait produire. Si, avec le temps, Damian en était venu à placer une confiance inconditionnelle en sa famille et même à développer quelques amitiés, il restait un jeune homme qui mettait du temps à s’ouvrir aux autres, qui observait, étudiait, analysait les comportements de ses interlocuteurs et n’acceptait de faire confiance que lorsqu’il était sûr que son interlocuteur serait digne de confiance. D’une certaine manière, il était comme cette histoire du renard et du Petit Prince, il fallait parvenir à l’apprivoiser avec le temps pendant qu’il vous apprivoisait… mais il ne ferait pas d’emblée confiance.

«  De plus, « Quand tes proches te portent une affection sincère, tu ne peux que supporter le fait qu’ils veuillent te protéger », il me semble que ce sont tes propres paroles, Richard. » Fit-il pour se justifier.

Cette phrase, ou en tout cas quelque chose approchant, Dick le lui avait dit alors qu’ils opéraient en tant que le Dynamique Duo. C’était lorsqu’ils commençaient à parvenir à agir en équipe, mais que Damian reprochait encore à Dick de ne pas lui faire confiance et lui demandant de rester en arrière. Dick avait alors pris le temps de lui expliquer que le fait qu’il cherche à le protéger ne signifiait nullement qu’il ne faisait pas confiance à la capacité du jeune homme à s’en sortir, mais qu’il s’agissait surtout d’un signe de l’affection qu’il lui portait et du fait qu’il ne voulait pas qu’il se fasse blesser. Bien entendu, à l’époque, Damian était trop immature pour accepter ce genre d’explication, et surtout le fait qu’il était trop fier pour accepter l’idée que ces paroles puissent l’avoir touché, mais elle lui était néanmoins rester en mémoire.

« Je ne compte pas m’ingérer dans tes affaires, qu’il s’agisse de ce Blockbuster ou de ta « sœur », tant que tu penses avoir la situation sous contrôle. Mais je ne m’en tiendrai pas moins prêt à intervenir si je le juge nécessaire. »

Dick tenta de détourner la conversation pour éviter qu’elle ne puisse dégénérer en une dispute entre les deux frères qui, bien que fort attaché l’un à l’autre, n’en restaient pas moins coutumier du fait. Mais lorsque son choix se porta sur la JLAcademy, le yeux de Damian se levèrent au ciel. Il s’agissait de l’endroit qui lui servait d’école… ou ce qui s’en rapprochait le plus. Le Fils du Batman expira un coup avant de finalement s’asseoir à la droite de son frère.

« C’est père qui m’a obligé à y aller à la base, pour une raison que j’ignore, il semble penser que j’avais ma place au milieu de tout ces amateurs. Mais pour être franc, la plupart du temps, j’ai l’impression de ne rien apprendre que je ne sais déjà. »

Il fallait dire que le jeune homme avait déjà reçut une éducation particulièrement complète dans sa jeunesse. Sa mère et son grand-père avaient veillé à ce que l’Héritier du Démon soit formé dans tout les domaines par les meilleurs précepteurs possible et ce dès le plus jeune âge. Si bien que lorsqu’il avait rejoint la croisade de son père, Damian était déjà parfaitement formé à agir en autonomie, à résoudre des problèmes complexes, à vaincre des ennemis bien plus puissant que lui… et bien entendu possédait déjà plusieurs doctorats dans divers domaine. À cela, on devait ajouter la formation que son propre père lui avait inculqué, raffinant les capacités qu’il possédait déjà et Damian avait acquis une solide expérience de terrain en tant que Robin. Il avait donc intégré l’établissement en étant non pas un jeune aspirant héros, mais déjà un justicier aguerri.

« Hormis quelques exceptions, la plupart des cours m’ennuient au plus haut point. Les cours donnés par Sifu… » Damian s’interrompit pour se corriger, ayant appeler son professeur par le titre qu’il lui donnait quand elle était sa préceptrice au sein de la Ligue des Ombres « Dame Shiva valent cependant le détour même si elle reste impossible à contenter. Hawkman ne m’apprends usuellement pas grand-chose de nouveau, mais il a parfois quelques anecdotes intéressantes quant aux cours de Raven… disons qu’ils ont révélé une part de moi que j’ignorais. » commença-t-il à expliquer.

Damian n’avait révélé à personne au sein de sa famille qu’il avait découvert avoir une sensibilité à la magie au cours de son premier cours dans la classe de Raven. Une expérience intense, mais dont il n’était toujours pas sûr d’en être rassurer. Cependant, à aucun moment de son rapport, Damian ne regarda en direction de Dick, concentrant son regard sur les membres du cirque qui finissaient de ranger le matériel du spectacle. Il savait que son frère avait pour projet d’intégré la JLAcademy en tant que professeur et donc craignait un peu de lire de la désapprobation dans son regard par rapport à sa franchise.

« A ma grande surprise cependant, cette initiative de Palmer est moins dépourvue d’intérêt que ce que je pensais initialement. Je demeure persuadé qu’académisé la fonction de Super-héros n’est pas une bonne idée, tout comme faire croire que n’importe qui peut en devenir un, mais les résultats n’en ont pas moins un certain intérêt. D’ailleurs, Palmer m’a nommé représentant des élèves… et c’est chronophage comme fonction bien qu’elle offre quelques opportunités. »

Malgré ses désaccords avec le directeur, Damian avait toujours mis un point d’honneur à remplir ses devoir de représentant au mieux. Il n’était cependant pas le genre à être proches de ses condisciples, au contraire il sociabilisait toujours aussi peu, et il se montrait parfois plus sévère que le personnel enseignant sur la discipline. Mais lorsqu’on lui rapportait un problème, il s’investissait pour le résoudre au mieux.

« Et crois le ou non, j’ai même repérer parmi les amateurs qui forment le gros des élèves, quelques éléments avec du potentiel malgré une certaine médiocrité ambiante. Mais pour dire la vérité… je ne me sens pas réellement à ma place là-bas. Je n’ai pas de pouvoirs à maitriser et je n’en ai pas besoin. Je ne suis pas non plus un de ces amateurs inexpérimenté car ma formation me place très au-dessus du lot. Je ne ressens pas le besoin de m’impliquer dans leurs activités puériles…. Et pour l’essentiel du temps, j’ai l’impression de stagner là-bas, d’y perdre mon temps. En vrais, le principale moment où je m’y suis senti à ma place, c’est lorsque nous avons repousser l’assaut de la Suicide Squad. »

Damian avait toujours eu un côté pragmatique et un besoin d’être au cœur de l’action. La vie scolaire quotidienne n’avait que peu d’intérêt à ses yeux… tout comme les cours en groupe. Toute sa vie, l’Héritier du Démon avait eut droit à un enseignement adapté à ses besoins, des précepteurs présents pour sa seule éducation et un apprentissage progressant à son rythme. Le fait de se retrouver dans des classes, dont la plupart des élèves étaient d’un niveau très inférieur au sien, était un véritable enfer à ses yeux. Le seul point positif, c’était de passer du temps avec les Supersons et les quelques autres amis également présents dans l’institution. Mais cette sensation de ne pas progresser n’était probablement pas étrangère à la frustration grandissante qu’il ressentait depuis la disparition de son père.

« Et toi, Richard ? J’ai entendu dire que tu pensais venir y enseigner. Qu’est-ce que tu espères inculquer à cette « prochaine génération » ? »  demanda-t-il en singeant l’expression souvent utilisé par le directeur Palmer.

« Je le sais, tu avais déjà convaincu père de m’envoyer chez les Titans pour que j’apprenne le travail d’équipe… j’admet que ce fut utile. Mais au moins avec les Titans je n’étais pas obligé de passer la journée assis derrière un banc à entendre des trucs que je sais déjà. Quant au travail d’équipe, j’ai déjà les Supersons pour cela. »
 
Damian avait été membre des Titans pendant une courte période. Si son introduction avait été difficile, le jeune homme avait finit par créer des liens avec certains des membres de l’équipe et apprit la valeur du travail d’équipe (avec d’autres héros que ceux du Bat-clan). Au final, même si cette expérience s’était révélé profitable, il n’était pas resté au sein de l’équipe, autant pour des raisons extérieurs que par désir de trouver sa propre voie plutôt que de suivre celle tracée par ses frères.
 
Le Fils du Batman eut cependant un sourire énigmatique en entendant les paroles de son ainé. Celui-ci ne se doutait pas qu’en suivant les cours de Raven, Damian s’était découvert une affinité avec la magie. Bien qu’encore maintenant, il n’était pas certains de ce qu’il en ferait, il avait finalement décidé d’apprendre à la maitriser plutôt que de rejeter cette part de lui-même. Peut-être qu’un jour cela lui permettrait de se sortir d’une situation, mais en attendant il préférait garder cela secret… comme un as dans sa manche.
 
L’Héritier du Démon promena son regard autour de lui, scrutant les environs avec attention. Depuis tout à l’heure, ils avaient tout deux une discussion qui avaient tendance à beaucoup s’attarder sur les pans plus secrets de leur vie dans un lieu « semi-public ». Bien assez de gens étaient déjà au courant de l’identité du Batman ou d’un de ses acolytes, et le jeune homme ne tenait pas à rallonger la liste à cause d’oreilles qui trainent. Il tourna néanmoins la tête vers Dick lorsqu’il lui expliqua les raisons pour lesquels il avait renoncer à venir enseigner à la JLAcademy.
 
« Kent ressuscite l’équipe des fossiles et il t’y invite ? Franchement, Richard, je ne suis pas certain de comment tu dois le prendre. » ironisa Damian, toujours prompte à l’usage du sarcasme. « Mais si tu y trouve ton compte, tant mieux pour toi. »
 
La JSA était l’une des plus anciennes équipes de Super-Héros, fondé durant les affres du second conflit mondiale et souvent perçut comme le prédécesseur de la Ligue des Justiciers. Du point de vue de Damian, il s’agissait d’un reliquat du passé, une sorte d’amicale des anciens combattants qui avait fait leur temps. Mais il lui semblait se souvenir que son grand-père avait un certain respect pour cette équipe, lui aussi s’étant opposé à la folie des forces de l’Axe depuis les Ombres. Cependant, les projets de Superman lui échappait quelque peu, comme souvent d’ailleurs, mais il fallait admettre que l’Homme d’Acier et l’Héritier du Démon possédait des façons de pensée, radicalement différente.
 
Quant au fait que Dick n’irait pas enseigner à l’académie… franchement Damian ignorait comment il devait se sentir à ce propos. D’une part, cela lui aurait donné l’occasion de voir plus souvent son frère et il pensait qu’il aurait été brillant dans le rôle de transmettre la flamme à la prochaine génération (après tout, c’était en grande partie lui qui avait réussit à transformer l’ancien Prince des Assassins en le nouveau Robin). Mais de l’autre, cela lui aurait fait réellement bizarre d’avoir son frère en tant que professeur, et surtout de n’être qu’un élève parmi d’autre. En fin de comte, peut-être était-ce pour le mieux.
 
« Quant à Alfred, peut-être que nous pourrions retourner au manoir une fois qu’on en aura terminé ici, je suis sûr que cela lui fera plaisir. De plus, tu auras ainsi l’occasion d’aller consulter directement le dossier Zucco, père et fille. »
 
Damian n’avait pas souvenir que son père ait soupçonner que la fille du gangster puisse ne pas lui être apparenté… et encore moins qu’elle ne soit lié d’une quelconque manière à Dick. Mais peut-être n’avait-il simplement pas remarquer cela car manquant de contexte, ou alors son père, si grand détective qu’il soit, n’avait simplement pas explorer cette piste car n’ayant pas de raison de douter de la nature de leur parenté. Quant à la consultation du dossier de Tony Zucco, il y aurait peut-être des informations supplémentaires qui ne se trouvait pas dans le dossier de Mélinda Zucco.
 
Il n’ajouta cependant rien de plus car il entendit une voix s’élever depuis la piste pour interpeller Dick. Ses automatismes firent que même s’il n’en laissa rien paraitre, son corps était déjà prêt à passer à l’action, juste au cas où ces cris annonceraient des ennuies. Mais ce n’était que l’amie d’enfance de Richard, Raya, celle qui les avait déjà accueillis à leur arrivée dans le chapiteau qui faisait savoir à l’acrobate qu’ils avaient retrouvé quelques effets personnels appartenant à la génitrice de celui-ci.
 
« Deux minutes d’avances, Richard ? Avec une telle générosité, j’aurai le temps d’aller chercher cette valise et te la rapporter avant même que tu ne démarres. » se moqua-t-il.
 
Mais le jeune Wayne n’attendit pas la réplique de son ainé, l’instant d’après, il s’élançait déjà en direction de la sortie du chapiteau, prévoyant d’emblée ses trajectoires pour gagner le plus de temps possible sans risquer une mauvaise chute. Le Fils du Batman n’était surpasser en agilité que par Nightwing et Cassandra au sein du Bat-clan, mais il n’en demeurait pas moins rapide et avait beaucoup apprit en observant son ainé. Il se concentrait entièrement sur la route à emprunter, maitrisant son effort autant que son geste, car il restait doté d’un fort esprit compétitif. Quand il se lançait dans un défi, c’était pour gagner.

Damian s’était élancé à travers les rangées, tentant d’optimiser ses trajectoires pour gagner du temps. Il ne doutait pas que son frère avait déjà à l’esprit un autre itinéraire, un itinéraire qui lui permettrait de tirer parti de son passé d’acrobate ainsi que de sa connaissance de la disposition du cirque… pour peu qu’il ait prit le temps de repérer les lieux en l’attendant… comme il l’avait fait lui-même. Mais le concours allait se jouer à pas grand-chose. Le jeune Wayne avait certes pris le temps de repérer la disposition des lieux, il ignorait cependant quelle roulotte, en particulier, était celle de la Raya. Avec un peu de chance, elle aurait un signe distinctif évident… mais il était cependant plus probable qu’il allait devoir tenter de prendre de vitesse son frère ainé en se fiant à la roulotte vers laquelle il se dirigerait. Il partait donc avec un lourd désavantage, mais n’en restait pas moins prêt à relever le défi.
 
Dès qu’il sortit du chapiteau, il bifurqua en direction de l’emplacement où les roulottes étaient stationnées. Pour des raisons de sécurités autant que parce que l’espace disponible était limité, les gens du cirque rassemblaient leurs roulottes proches les unes des autre, il pouvait donc déjà s’introduire dans cette zone. L’esprit de Damian tout entier était tourné vers le but à atteindre, il décomposait chaque étape qu’il allait devoir suivre pour y parvenir. C’était pas sans rappeler son attitude quand, en tant que Robin, il était prit dans l’action, tout entier dédier à atteindre la victoire… et encore plus proche de la manière dont il se comportait quand il devait éliminer une cible à l’époque où il était le Prince des Assassins.
 
Parvenant à éviter les autres personnes qui se tenait sur son chemin sans avoir à ralentir, le jeune homme continua sa course. Ses yeux étaient grand ouvert, observant les roulottes. Certaines d’entres elles disposaient d’affiches illustrant les numéros effectués par leurs résidents, mais cela ne l’aidait pas forcément. Il était aussi à l’affût de tout mouvement qui pourrait trahir la présence du Richard. C’est au moment où il trouva la caravane en question qu’un évènement se passa.
 
« Que… ? »
 
Il vit Dick se laisser tomber du haut de la tente du chapiteau, se préparant à se réceptionner… sauf que Damian ne voyait rien sur quoi son ainé serait en mesure d’amortir sa chute. Trop tard pour l’avertir, le jeune Wayne arrêta soudainement sa course pour observer la chute de son grand-frère. Le choc est violent et, l’espace d’un bref instant, le jeune héros ressent une pointe d’inquiétude pour son ainé. Il était près de la roulotte, la victoire était à lui, mais il décida de se diriger en direction de son frère pour s’enquérir de son état.
 
Il fut cependant vite évident que ce dernier allait bien. Un sourire, d’abord soulagé puis moqueur, se forma sur le visage de l’Héritier du Démon. Une fois la frayeur passée, le spectacle de Nightwing se prenant une gamelle ainsi avait quelque chose d’amusant. Damian tendit néanmoins la main pour l’aider à se relever.
 
« Tu n’as pas besoins d’en rajouter autant pour me convaincre que tu as ta place dans une équipe du troisième âge, Richard. » fit-il remarquer de façon complètement sarcastique. « Et j’ai autre chose à faire qu’aller crier tes déboires aux restes de la famille. Mais si, disons, que tu reconnaissais ma victoire dans cette course, j’accepte de ne pas avertir ta copine que tu deviens trop vieux pour patrouiller seul. »
 
L’offre était purement symbolique, Damian n’en aurait rien dit aux autres… peut-être en aurait-il qu’en même parlé aux Supersons. Mais le fait de forcer Dick à reconnaitre sa victoire n’était qu’un jeu à ce stade, qu’importait que son frère s’exécute ou non. Le Fils du Batman suivit Dick dans la roulotte et regarda ce dernier fouiller la valise en question. Il y avait des vêtements qui le dépassait en âge, il se demanda ce que Richard pourrait en faire. Les offrirent à Barbara ? Pas sûr qu’ils se portent encore aujourd’hui. Il y avait également une enveloppe que son frère ainé ouvrit pour en lire le contenu.
 
Il devint vite évident, au fur et à mesure que les traits du visage de son frère évoluaient, que la chose devenait un peu trop personnelle pour lui. Il ne savait même pas réellement ce qu’il faisait-là, ici, à regarder Dick fouiller dans les affaires de sa génitrice. Damian affecta de s’intéresser à autre chose, notamment à de vieilles affiches du cirque qui étaient entreposé dans un coin. Il laissait ainsi un peu d’espace à son ainé tout en faisant semblant de ne pas remarquer les accès d’émotivité qui se dessinait sur son visage.
 
Il ignorait ce qu’était le contenu de la lettre, mais c’était de toute évidence très fort sentimentalement. Bien qu’il était toujours dos tourné, à dérouler une autre affiche, Damian se sentit l’espace d’un instant… triste. Dick avait peut-être perdu sa mère, mais celle-ci l’avait indéniablement aimé de tout son cœur. Lui-même entretenait une relation… compliqué, avec sa propre mère. Malgré tout ce qu’elle lui avait fait, il l’aimait. Et il pensait, qu’à sa manière, elle l’aimait en retour. Mais ses choix de vie avaient fait d’eux des ennemis. Et c’était parfois lourd à supporter comme situation. Au moment où il entendit Dick s’adresser à lui, le jeune homme venait de dérouler une vieille affiche des Flying Grayson, avec un élément très familier présent sur l’affiche.
 
« Je pense que tu leur as fait un bel hommage. Avec ton costume je veux dire. » répondit Damian, détournant la conversation sur un autre sujet. « D’une certaine manière, tu fais survivre l’héritage des Flying Grayson ainsi. »
 
Damian savait que le costume de Nightwing était inspiré du costume de scène des parents de Dick, tout comme celui de Robin l’était de celui que ce dernier portait lors des représentations. Dans un certain sens, lui-même poursuivait cet héritage.

Le compliment que Damian avait exprimé était sincère. Il n’était peut-être pas d’accord sur tout avec son ainé, le costume de Nightwing serait perfectible pour une plus grande efficacité… mais maintenant qu’il en voyait l’origine, il ne pouvait qu’approuver. Le Fils du Batman pensait avoir une voie toute tracée, celle d’un jour succéder à son père dans le rôle du Chevalier Noir et poursuivre son œuvre, cette idée lui tenait à cœur. Mais une part de lui restait et resterait un al-Ghul autant qu’il était un Wayne et, parfois, il regrettait d’avoir à dissimuler son ascendance. Le fait que Dick ait décider de tirer son inspiration du costume de scène de ses regrettés parents était quelque chose qu’il pouvait comprendre.
 
« Tu le penses vraiment ? » fut sa réponse aux paroles de Dick.
 
Cela lui faisait chaud au cœur d’entendre Richard lui témoigner ainsi son estime. Il était vrai que le premier Jeune Prodige n’avait jamais été aussi coincé émotionnellement que son protégé ou que son mentor. Il était vrai aussi que Nigthwing faisait partie des gens dont l’Héritier du Démon accordait une grande importance à l’opinion, peut-être même l’un des rares héros qui pouvait se targuer de pouvoirs lui donner des instructions sans qu’il ne les conteste systématiquement. Mais il était aussi vrai que Damian cherchait sans cesse à se montrer digne de son ascendance, de son père.
 
Être le fils de deux êtres aussi exceptionnels que Talia al-Ghul et Bruce Wayne pouvait parfois représenter un fardeau à porter, encore plus quand on était tout à la fois l’héritier du Chevalier Noir de Gotham et de la Tête de Démon. Parfois, Damian avait tendance à se mettre une grande pression sur les épaules de peur de ne pas être à la hauteur du rôle qu’il croyait que les autres attendaient de lui. Et en ce moment, il vivait mal l’absence de son père et le fait que ce dernier n’ait même pas juger bon de l’informer de ses intentions.
 
Mais en ce moment, il était simplement content de constater qu’il conservait un lien privilégié avec son frère ainé. D’un simple geste, il fit comprendre à Dick qu’il resterait muet sur la petite erreur de son frère qui avait eut lieu plus tôt. Il s’attendait à devoir dire au revoir à son frère après que ce dernier ait saluer ses anciennes connaissances du cirque, mais c’est alors qu’il annonça qu’il allait le raccompagner au manoir. Cela ferait indubitablement plaisir au vieux majordome de pouvoir accueillir Dick.
 
« Je lui envois un message pour qu’il prépare un couvert supplémentaire. Je suis sûr que sa cuisine a dû te manquer. »
 
Damian envoya le message à Alfred puis revêtit son casque pour monter sur sa moto. Il s’apprêtait à démarrer lorsque Dick eut une dernière annonce importante. La nature de celle-ci surpris réellement le Fils du Batman. En une soirée, Dick lui avait apprit l’existence de cette « demi-sœur », le fait qu’il comptait rester à Gotham et maintenant son intention de demander Barbara en mariage. De derrière la visière de son casque, l’Héritier du Démon observa son interlocuteur, quelque peu interdit, cherchant les mots.
 
« Encore faut-il que Gordon ait l’abnégation nécessaire pour dire oui. » plaisanta-t-il, ne doutant pas réellement de la réponse de la première Batgirl. « Mais si cela se fait, alors je m’engage à me montrer digne de l’honneur que tu me fais par cette proposition. » conclu-t-il solennellement.
 
Cela faisait des années que la relation entre Richard Grayson et Barbara Gordon durait. Parfois elle avait des hauts, parfois des bas, mais le lien entre eux ne s’était jamais rompu. Bien que n’allant pas forcément de soit, surtout en prenant en compte leurs vies sentimentales respectives, cette nouvelle étape restait un dénouement qu’on pouvait considérer comme logique. Par contre, Damian allait devoir demander à Alfred, quand Dick serait reparti, ce qu’impliquait la tâche d’apporter les alliances dans un mariage. Il n’était pas à proprement parler familier de ces cérémonies et tenait à remplir son rôle avec le perfectionnisme dont il était coutumier.
 
« Une fois qu’on aura quitté le faubourg de Gotham, on fait la course jusqu’au manoir. » dit-il avant de démarrer son véhicule.