Le Démon attaqué [LIBRE]

Ra's al Ghul est seul, face à la police, face à ses hommes, face à un coup du sort inattendu.

Oui, il est laissé seul, sur ces docks.

Renié par ses fidèles disciples.

Abandonné de tous.

Ou presque.

Une rumeur effrayée monte parmi les agents de police, bien vite récupérée par les assassins. Quelqu'un arrive, et l'ombre qu'il projette a de quoi faire pencher la balance en faveur du camp choisi. Ni les officiers du GCPD clairement manipulés ici par un stratège ni les tueurs de l'ordre ne sont à l'abri, tous le savent.


Le Batman fend les cieux nocturnes, sa cape couvrant la lune d'un voile d'encre. Sa silhouette enveloppée de ténèbres charrie avec elle une vague d'inquiétude, même parmi les assassins de la Ligue des Ombres. Dès qu'ils repèrent leur ennemi, qui ne s'embarrasse pas de la discrétion, leurs gestes se font moins sûrs, moins sereins encore. La clameur du bord de fleuve a attiré le plus redouté des protecteurs de Gotham City, et il n'est pas là pour faire dans la dentelle.

D'une inclinaison du buste, l'immense chauve-souris effectue un piqué droit vers les forces militaires. En réponse, les armes à feu se tournent vers elle, et commencent à mitrailler. En vain. Cape et armures absorbent les chocs de ces munitions de petit calibre, comme si elles ne les avaient jamais touchées.

L'atterrissage est rude; l'agent d'élite qui se trouvait là encaisse difficilement le choc. Ses genoux cèdent, et le voilà projeté au sol, dans un fracas terrible. A sa place se tient la légende de Gotham City, le croisé masqué, le chevalier noir... ou peut-être pas. D'ordinaire le bas du visage découvert, celui-là dissimule bouche et menton sous une plaque de protection supplémentaire.

Batman ne ressemble pas exactement à cela, dans le souvenir qu'en ont les citoyens de Gotham. Ses gestes, ses mouvements peuvent offrir à l'œil averti la compréhension que l'homme sous le masque a changé. Ils sont plus bruts, plus directs, témoignant d'un parcours de vie similaire mais divergent. Être différent, cela n'empêche nullement ce nouveau venu d'agir, plus vite que l'éclair, plus fort que de raison. Ces hommes de loi n'en ont que le nom; presque tous sous le coup d'une enquête aux affaires internes, ils ne devraient pas être là, pas aussi vite après l'explosion de ce bateau en tous cas.


Profitant de la seconde d'hésitation que son apparence lui offre, Batman sort de sa ceinture plusieurs petits gadgets dorés, qu'il lance immédiatement. Des batarangs. Les siens. Certains d'entre eux se perdent dans la nuit, arrachant un grognement de frustration sous le masque, mais les autres font mouche. Une demi-douzaine de fusils d'assaut se retrouvent ainsi hors d'état de nuire; mais plusieurs canons encore intacts se tournent, prêts à faire feu, vers leur nouvelle cible. Cette dernière disparaît tout simplement dans la fumée de la bombe fumigène qu'elle vient d'éclater devant elle.


Une lampe torche l'éclaire, alors qu'il tente de se sortir du guêpier dans lequel il s'est - volontairement - fourré. La lumière vient dévoiler les contours de la silhouette, et l'armure de combat plus proche d'une tenue anti-émeute que d'une seconde peau. Les yeux du justicier se plissent, étrécissant encore davantage les fentes blanches de son masque.

- Merde.

- VOUS OSEZ !

Ils osent, oui. S'en prendre à lui ? Evidemment. Les rixes avec les ripoux des services de police sont monnaie courante à Gotham. Difficile est la tâche de les déloger de leur nid de corruption; comme des tiques, des parasites, ils se battent bec et ongles pour conserver leur avantage. Il est bien plus aisé de les frapper au visage, lors d'un énième abus. Non, ce n'est pas pour cela que le Batman s'énerve, s'emporte, fait résonner un cri de rage déformé par le métal de son masque. Ce qui le met hors de lui, c'est la négligence dont ils font preuve. Rafales de balles après rafales de balles, ils font fi de la sécurité des innocents alentours.

Un comportement inacceptable, venant nourrir la force que met le justicier dans ses coups. Malgré les combinaisons conçues pour encaisser les frappes, malgré la solidité des casques, malgré les incessants entraînements, malgré les ripostes, rien n'y fait: il ne s'arrête pas. Pourquoi le ferait-il ? Des gens sont en danger de mort, qu'ils soient criminels ou non.


Les assassins de la Ligue le remarquent, mais les agents du S.W.A.T. aussi: ce Batman ne correspond pas à celui qu'ils ont connu jusque là. Différent, oui, dans les techniques, dans la posture, dans le costume, mais animé par un cœur au moins aussi brûlant. Même son attitude, son costume, ses tactiques... tout témoigne d'une profonde révolte et d'un désir de justice. Une justice qu'il entend mettre en travers du chemin des âmes corrompues.

Peut-être que cela ne suffira pas à le faire tenir bon dans le bouillon criminel qu'est Gotham depuis plusieurs semaines déjà, mais il est en tous cas impossible de lui retirer une ardeur admirable. Uppercuts, balayages, frappes paralysantes, revers d'une rare violence, parades et ripostes, tout est bon pour mettre à terre chacun de ces "hommes de loi", les uns après les autres.


Leurs rangs nettement éclaircis offrant un bref instant de calme, le nouveau Batman reprend son souffle, debout au milieu de plusieurs combattants gémissants. Plusieurs marbrures apparaissent sur sa peau, sous l'armure, il le sait, il les sent. Ses bras, endoloris, semblent lui peser une tonne chacun, à son grand désespoir alors qu'approche déjà le successeur de Branden, entouré de sa "garde personnelle".

- Déposez les armes, et je fermerai les yeux sur vos "oublis" des règles de sécurité, ce soir.

Une pluie de balles s'abat sur lui, le forçant à prendre couverture.
Une réponse brutale à laquelle il s'attendait.

- Evidemment.

La présence de la Ligue des Assassins était attendue. On parlait de Ra's al-Ghul, après tout. Celle du GCPD et de son SWAT ?

Moins, déjà. Les autorités locales n'étaient pas censés être au courant.

C'était une opération strictement fédérale. Ce n'était pas faute pour la directrice de l'ARGUS d'avoir tiré sur tous les fils qu'elle pouvait attraper à Gotham ...


Sasha Bordeaux était là pour frapper du poing sur la table. Cette opération, déjà montée en urgence avec seulement quelques heures de préavis, tournait au fiasco. Les forces de polices locales n'étaient pas censés être là. Elles étaient censées rester bien sagement chez eux.

Et ils n'étaient certainement pas censés être aussi agressifs !

Mais le pire, évidemment, se présentait dans une tenue de chauve-souris.

Des oripeaux qui, pour les yeux initiés de la connaissance proche de Bruce Wayne qu'était Bruce Wayne, et malgré la caméra de drone interposée par laquelle elle observait la scène en nuance de gris ... ne faisait pas illusion.

Ils ne faisaient pas illusion, car ce n'était pas Batman.


" Yep. "




Cassandra, du haut de son perchoir - occupé quelques instants plus tôt par des tireurs d'élite du SWAT - confirma la communication ... en continuant à observer. Sa voix était neutre, certes ... Mais elle était visiblement courroucée. Certains signes ne trompaient pas, au premier rang desquels la violence dont elle avait fait preuve à l'égard de la police. Elle était clairement excessive. Ils n'en étaient pas morts, mais ils se réveilleraient en voulant l'être ...


" Non. Lent. Pataud. Imprécis. Différent ... Inconnu. "


Derrière son bureau, observant les écrans des drones en salle de contrôle à travers la baie vitrée, la directrice Bordeaux n'obtient pour réponse qu'un silence.

Un silence. Et une identification sur les écrans qui indiquent un mouvement.

Celui de l'élément "Orphan"


" Non. Ça finit. Maintenant. "

A Langley, un bureau fut tapé. Pour de vrai, cette fois-ci. La liaison avait été coupée.

Cassandra Cain avait déjà échappé de peu à sa radiation définitive, ne serait-ce que parce que la directrice connaissait sa véritable valeur ... Mais elle cherchait. Elle cherchait ...

Et Sasha Bordeaux ne pouvait rien faire d'autre que d'intimer l'ordre aux autres unités de l'ARGUS en route d'accélérer le mouvement, impuissante spectatrice qu'elle était.


Le Batman mystérieux s'occupait principalement de la police, ce qui pouvait donner l'impression que la Ligue des Assassins avait les coudées franches.

Après tout, ils étaient formés à lutter contre le Détective, une menace autrement plus assurée que ce ... reliquat, non ?

Manque de chance. Ils auraient probablement préféré faire partie du GCPD, en ce moment.


C'était une furie qui était en train de remonter leurs rangs, dans un ouragan d'entailles, de paumes ouvertes et de coups de pied sautés.

C'était un léopard qui remontait méthodiquement la porcherie. Sans hésitations. Sans erreurs. Un léopard qui venait trouver chacun des petits cochons, et qui venait l'abattre dans une fontaine de sang, de gémissements et d'os brisés.

Une réminiscence de ce léopard qui avait éduqué certains d'entre eux.


Mais ce n'était pas elle. Non. Les assassins ne le reconnaissait que trop vite. Sa fille.

C'était Celle-Qui-Etait-Tout. La meilleure d'entre eux. La traîtresse. La Gardienne de la Tête du Démon. Celle qui aurait dû remplacer Ubu comme le Fils du Batman aurait dû remplacer Ra's.

La nouvelle génération, qui avait rejoint le Détective pour s'opposer à eux. Leur plus grand espoir devenu leur pire cauchemar.


Un coup de sabre finit par la toucher. Un coup chanceux. Une petite victoire.

Non.

Elle attrapa le poing chanceux, le brisa, l'amena à terre. Elle abattit sa botte sur son visage, une fois. Puis deux. Puis dix.

Il était le dernier à portée de lame. Pas de chance.

Elle n'était plus Batgirl. Elle n'était plus de la Bat-family. Elle n'avait plus de limites. Ra's al-Ghul lui-même y avait veillé, il y a bien longtemps.

C'était une erreur de la part de Celle-Qui-Etait-Tout ... Mais pas une erreur d'inattention. Une erreur de colère. De rage.

Une rage que les quelques policiers qui avaient ouvert le feu sur l'Imposteur ressentiraient eux aussi.

... Car sitôt extirpée de la mêlée, Cassandra dégaina son arme de service et ouvrit le feu, à son tour, dans le dos des policiers.

Des tirs dans les jambes, pour les neutraliser. Elle était énervée, oui, mais elle n'était pas une folle de guerre inconsciente ; la différence entre les assassins fanatiques de la Ligue sans attaches et les agents gothamites pour qui "ce n'était que le business" retenait sa main.

Et dans le cas contraire ... Ils avaient des gilets pare-balles et ils n'étaient pas à portée de main. Ils avaient ça pour eux.

Elle marcha jusqu'à eux, tout en grognant en remarquant sa blessure. Une cicatrice de plus.

Elle dégagea d'un coup de pied chacune des armes des quelques policiers gémissant, s'assurant qu'ils ne compliqueraient pas la suite des opérations.

L'étape la plus importante.



D'un geste vif, elle attrapa des menottes à la ceinture de l'un des policiers à terre, et les lança dans sa direction.

" Tu es en état d'arrestation. "

Et, même blessée, elle restait en posture combative ... Car elle le savait : il n'était pas Batman ... Mais en lui brûlait cette même ... arrogance ... cette même ... volonté d'avoir le dernier mot.

Il allait répondre ... Riposter, peut-être.

Elle l'espérait.

" ... Résiste. Donne-moi une bonne raison ... "

Une bonne raison de frapper, oui. De se défouler. D'exorciser ses démons. D'expurger toute cette rancœur qu'elle n'avait jamais perdu face à ce symbole...

On pourrait trouver quelque chose de puéril à fondre sur lui telle une furie de l'antique Grèce, juste parce qu'il porte une combinaison particulière. Au fond, le nouveau Batman ne peut s'empêcher de se le dire... mais il comprend, aussi. Parce que le choix de la tenue n'est pas dû au hasard. La chauve-souris est un puissant symbole, le genre qu'il ne faut pas utiliser à la légère. Des gens ont été touchés par lui, sauvés par lui, détruits par lui. Alors, aux yeux de ceux qui se revendiquent les enfants du Chevalier noir, il doit falloir mériter d'endosser pareil manteau. Pareille force. Presque être un élu parmi les siens.

L'homme sous le masque n'est pas d'accord. En aucun cas il n'entend déifier un homme, si grand soit-il. Katana lui a raconté des histoires sur le croisé encapé, sans trahir son secret: elle l'a toujours plus vu comme un frère d'armes que comme une figure inatteignable. Pour lui, si quelqu'un qui n'a initialement rien à voir avec toute cette histoire de fous a pu y trouver du sens, là est le vrai pouvoir. Là, le symbole s'élève, pour tout simplement devenir meilleur.

Mais la jeune femme masquée ne semble pas être de cet avis. Malgré ses blessures, elle veut en découdre, plus encore qu'arrêter les flics corrompus et les assassins de la Ligue. Cela se voit, cela se ressent. Cela ne plaît pas au Batman, qui espérait trouver un plus bel héritage que... ça.

Dégageant du pied les menottes, il lance un regard désapprobateur à ce nouvel adversaire.

- Tu auras ta bonne raison. Après.

Après avoir sécurisé la zone. Après que brutes du S.W.A.T. et discrets ninjas aient été mis à terre. Après que l'homme au centre de ce triple assaut se soit expliqué, aussi. Du coin de l'oeil, entre deux frappes, sa chorégraphie est observée, étudiée. Elle témoigne d'une maîtrise effrayante, et d'une moralité bien sombre. Des assassins sont terrassés, et ne se relèveront plus jamais. Inacceptable... mais trop loin de lui pour qu'il puisse y faire quelque chose.

A la place, le Batman décide de faire quelque chose d'improbable: confiance. En le bon sens d'Orphan, qu'il espère capable de l'aider à triompher des derniers officiers du GCPD avant de lui planter une lame dans le dos, littéralement et métaphoriquement.

Un cliquètement étouffé par les coups de feu. Le grincement d'un câble qui se déroule, puis se rembobine. Le claquement d'une cape, que la vitesse agite en tous sens. Un hoquet de frayeur, partagé entre plusieurs gorges. Et l'ombre, massive, terrifiante, d'un titan parmi les hommes; ou plutôt de son représentant.


- Je vous ai laissé une chance.

Pris de court, le patron de cette joyeuse brigade de malandrins en uniforme voit s'abattre devant lui un spectre de vengeance, déterminé à abattre son courroux. Il ne se fait pas attendre. Un uppercut surpuissant vient briser les parties les plus fragiles du casque anti-émeute, et faire décoller le ripoux du sol. Viriliste parmi les pires qui peuvent se faire, le chef se voit étalé d'un coup, d'un seul, à la sidération de ses suivants.


Dans le même mouvement, le Batman saisit le fusil mitrailleur encore en pleine chute, pour s'en servir de projectile. Celui qui le reçoit en pleine figure s'effondre, mis KO. Les derniers hommes encore debout se mettent soudainement à hésiter. Entre l'immortel épéiste, la brute toute de noir vêtue et ce Batman au moins aussi violent que l'original, cela fait beaucoup pour un soir. Trop peut-être...


Trop, définitivement.

Il est calme. Confiant.

Il ne trompe pas Cassandra.

Il est Ra's al-Ghul, le même. Puissant. Régal. Déterminé.

Mais quelque chose ne tourne pas rond.


Le même dialecte. Celui dans lequel elle avait côtoyé la Ligue, une fois sortie du giron de son père biologique ...

Quelque chose dont elle se serait préoccupée, si son instinct meurtrier et la rancœur enfouie contre son père adoptif n'avaient pas étouffé les années de perfectionnement au sein du clan de la chauve-souris.

Ra's al-Ghul avait autant de plans et de stratagèmes qu'il avait de tombes autour du monde. Cassandra le savait, elle y avait même contribué ...


Elle avait ôté sa cagoule pour l'adresser. Pour mieux le voir, au travers du sang qui l'avait éclaboussé et de la sueur qui perlait à ses yeux. Rien n'y faisait.

Cassandra ne voyait rien de plus. Rien de plus au travers de ce qui devait n'être qu'une façade. Ra's al-Ghul, la tête du Démon, en guerre avec ses propres hommes.

Batman, couvert de pied en cap, visage couvert, aux mouvements inconnus. Un mélange de styles improbables qui conjurait même les largesses à mains nues de ... Tatsu Yamashiro ?

Elle aurait dû frapper. Le charger. Le mettre hors d'état de nuire. Il avait refusé, après tout. Il avait écarté son "offre", comme il l'avait prévu.


Ou tout du moins, elle avait laissé retomber l'agressivité.

Ce qui n'était pas partagé par le reste de l'assemblée.

Elle aurait sa bonne raison, avait-il promis ... Et comme le Batman, il semblait déterminé à la lui donner.

La même détermination ... Dans une autre enveloppe.

" Mmh. " acquiesce finalement l'agente gouvernementale, hochant la tête comme pour adouber sa décision.

La Ligue hésite encore, face à ce trio redoutable, au contraire des policiers qui sont déterminés à tuer, cette fois-ci.

Ils ont raison, du carnage qu'ils peuvent constater, il en va de leur survie.

Ce n'est plus une scène de crime ou une intervention ... C'est une zone de guerre.


Tout autour des entrepôts, plusieurs autres hélicoptères surgissent. Ils brisent leur formations. Ils s'immobilisent à plusieurs endroits, lâchent des cordes, et déploient leurs équipages.

Dans la confusion générale, une nouvelle faction de militaires cagoulés, lourdement équipés et vêtus de noir surgissent.

Les agents de l'ARGUS. Des commandos tirés des forces spéciales de l'armée. Des bonshommes avec probablement autant de jugeote que le SWAT, mais un niveau de compétence aisément supérieur.


C'est tout du moins ce qu'on pourrait se laisser à penser, vu la réponse qu'ils offrent aux officiers du GCPD en panique : Chaque policier qui n'obtempère pas immédiatement est froidement abattu d'une rafale contrôlée en plein torse.

Doublée d'une balle dans la tête qui vient retapisser l'asphalte. Principe de précaution.

Quelques tirs les trouvent, mais leur équipement a connu pire que les calibres de la police ... Ils sont venus pour mener une bataille, pas pour maintenir l'ordre.


Et en cela, ils n'ont toujours pas engagés le combat contre la Ligue, et ils semblent même laisser le nouveau Batman tranquille tant qu'ils ne les attaquent pas directement.

Ils ont manifestement des ordres.

Et un agent déjà sur le terrain.

" Tu les as entendu, Ra's. " lance-t-elle simplement au Démon, en portant l'une de ses mains à ses armes, et l'autre à son oreillette, " Je l'ai, Black Queen, rappelez-les ... "


" La Ligue ne va pas le laisser partir ... "



Elle voit venir l'entourloupe. Le dérapage. Un homme cagoulé qui fait un signe de la main dans l'hélicoptère à ses collègues.


En un instant, l'impasse mexicaine se transforme en OK Corral. Les militaires ouvrent le feu sur les assassins de la Ligue...


Les cadavres recommencent à tomber. Ils commencent même à pleuvoir d'hélicoptères.

L'ARGUS fait montre de son talent. Il montre qu'il ne pourra finalement rien faire de bien plus terrifiant que la Ligue pour arrêter Ra's, ce nouveau Batman ou même Cassandra si elle venait à tourner casaque ...

Mais Cassandra n'est pas prête à laisser partir Ra's al-Ghul, et elle a déjà ressorti son arme de service qu'elle appuie sur le manche d'un sabre tenu par son autre main, dans une posture experte.

Elle attend la réaction du Démon. Elle ne veut pas laisser passer sa chance et ne le quitte pas du regard : un fait que les assassins qui s'approchent trop près découvrent bien vite, attrapant qui une balle dans la tête, qui un coup d'estoc effroyablement précis en plein cœur ...

Orphan l'aide à survivre, mais ce sera bien la seule et unique fois ...

C'est un véritable échec.
Les corps jonchent les quais, l'eau du port rougit au fur et à mesure que le sang s'y ajoute, des cratères sont formés par les balles et les explosions. Le S.W.A.T., l'ARGUS et les assassins ne prennent aucune pincette; pire encore, ils semblent même lâcher toute leur frustration cumulée les uns sur les autres. Tout cela enrage le nouveau Chevalier noir, le fait douter un bref instant de lui. Peut-être son prédécesseur aurait su gérer pareille situation ? Et la désamorcer, avant le drame. Ses disciples, formés aux mêmes méthodes, se seraient probablement mieux débrouillés… sauf qu’ils ne sont pas là. Ni Batman, ni Robin, ni Nightwing, ni Red Hood: personne.

Ils auront droit de parole sur cet événement au moment où il les verra à ses côtés, ou même en opposition, comme la jeune femme avec qui il a failli se battre. En attendant, c’est à lui de gérer la crise, et il entend employer les grands moyens.

Bondissant hors de la lumière des projecteurs, les conteneurs lui servent d’escalier géant pour s’élever en hauteur, presque au niveau des hélicoptères. Là, en hauteur, tout risque d’échouer réduit à proche de zéro, il lance des petits gadgets sur les hélicoptères.

Ces plaques autocollantes se fixent à la carlingue des engins, créant un pont entre la machinerie et l’Hibernaculum, en plein cœur de la ville. Sur le batordinateur, les données des véhicules s’affichent les unes après les autres.

Dans son communicateur, le Batman s’exclame:

- Vol, fais les se crasher dans l’eau.

Depuis son fauteuil, le hacker agit, et frappe un grand coup. En plus du navire en feu, la saumure des docks accueille désormais dans un fracas de métal de grandes carlingues métalliques et leurs pilotes.

Marquant sa satisfaction d’un petit hochement de tête, le successeur ensuite se laisse planer au sol, pour recevoir de plein fouet la provocation des agents du GCPD. D’un agent en particulier, soutenus par la clameur de ses pairs. L’homme en armure urbaine, massif, s’avance vers son ennemi, déterminé à terrasser une petite chauve-souris.

Une décision courageuse.
Peut-être même payante, si le nouveau justicier surestime ses propres capacités.
A défaut d’un immortel, ils auront le luxe de se faire leur Némésis.

Les coups de tonnerre cessent du côté du S.W.A.T. Une ronde de policiers vient enclaver les deux adversaires. Hector confronte Achilles, pour défendre sa cité contre un conquérant venu d’ailleurs. Car ce Batman, qu’il soit le vrai ou le faux, n’est vu que comme un envahisseur. Celui qui vient voler leurs droits, leur mission, et leur liberté d’action, toute corrompue soit-elle. Un affrontement décisif se joue ici, et l’encapé en a bien conscience.

- Très bien, vous voulez jouer à ça.

Dans un bruissement, il jette ceinture et cape au sol, pour faire face à son adversaire avec honneur. Leur affrontement se fera mano a mano, sans aide extérieure, sans gadgets, sans coup fourré. Ce dernier point est à espérer, en tous cas.

Un silence se fait un bref instant, avant que les deux hommes ne se lancent à la conquête l’un de l’autre. Les poings s’entrechoquent, les muscles souffrent, s’étirent et manquent de se déchirer. Le policier est bon, très bon même. Bien plus que le successeur de Branden. Il met en difficulté ce faible de nouveau Batman, qui pare, esquive, sans parvenir à frapper, sans parvenir à…

… riposter. Ca y est, il se lance. Observateur avant d’être acteur, le justicier s’est contenté d’encaisser un temps, jusqu’à comprendre le rythme personnel de son adversaire. Une fois cela chose faite, la posture défensive a laissé place à une puissance surprenante. L’enchaînement qui suit est impressionnant ; foie, sternum, mâchoire, plusieurs points faibles sont touchés, laissant l’agent d’élite à la merci de son tourmenteur.


Vaincu, le héros du S.W.A.T. s’effondre, au moment où les hommes de l’ARGUS cessent l’assaut.

Comme s’ils avaient mobilisé le peu d’honneur qu’il leur restait, ou bien dans un réflexe purement animal, les policiers du GCPD rompent leur ronde. Ce soir, en cette heure, ils laissent cet homme revendiquant un héritage qui n’est pas le sien s’éloigner, en une étrange forme d’adoubement.

Cape et ceinture de nouveau fixées, il laisse ces derniers en paix, tant qu’ils ne reprennent pas le combat. Son regard se porte plutôt vers Cassandra Cain, soutien temporaire et inattendu, avant de se tourner vers Ra’s al Ghul.

Charismatique. Puissant. Aux talents aussi grands que les secrets en sa possession. Un véritable monstre. Qui tue. Qui manipule. Qui corrompt. Qui, sous couvert de chemises de soie fine et d’une élégance orientale, ne sait plus que verser le sang et détruire.

Une colère sourde dans le cœur, libre d’agir au milieu de ce charnier maintenant le GCPD et l’ARGUS calmés, il s’avance vers le Démon, vindicatif.

- Vous. Toute cette horreur est de votre faute.

Tout son corps le lance, son armure est éraflé, abimée, mais en aucun cas il ne lui permettra de fuir.
Pas tant qu’il tiendra sur ses deux jambes, et que son cœur battra au rythme de sa profonde indignation.

" Kestrel 2 et 3 à terre ! On a perdu le soutien aérien rapproché ! "


" Avarie moteur critique sans signes de dommages ... Des hackers ? "


" Je ... J'imagine, madame ? Il est trop tôt pour le dire ... "


Et, dans le lointain ciel nocturne de Gotham, un ballet clignotant de lumières rouges et vertes se rapproche des docks, fondant au travers de la couverture nuageuse.

Un bourdonnement lointain, auparavant semblable à n'importe quelle autre machinerie industrielle, se rapproche rapidement. Un bourdonnement qui vire au vrombissement, puis au rugissement sourd, amplifié en grande pompe par l'écho des eaux calmes du front de mer.

Gardés en réserve pour intervenir au cas où l'absurde débauche de puissance de feu des commandos et des hélicoptères ne suffiraient pas à arrêter l'un des pires terroristes des dernières décennies, deux avions de combat avaient été gardés en réserve, effectuant des ronds au large du port de Gotham. Deux A10, des reliques de la Guerre Froide conçues initialement pour chasser les chars soviétiques ... Mais dont l'étonnante capacité de son effroyable canon rotatif à concasser les insurgés afghans et irakiens en smoothies en avaient fait l'idole des forces américaines tout au long de la guerre contre le terrorisme.

Et puis, si ça ne suffisait pas, ils auraient toujours suffisamment de missiles, de roquettes et de bombes pour appliquer une politique de rénovation urbaine stricte : il suffirait d'une passe de tir de leur part, d'un nettoyage ultérieur d'une équipe de la voirie, et la mairie de Gotham pourrait adouber le voisinage en parking géant aux frais du gouvernement fédéral.


C'était un échec et mat. La preuve définitive que la Ligue des Assassins, tout serpent vicieux et machiavélique qu'elle puisse être, n'aurait pas dû voler dans les plumes de l'Aigle américain.

A la fin, l'Amérique gagnait toujours. C'était comme cela que les règles du jeu avaient été mises en place il y a quasiment un siècle : il y avait une raison pour laquelle Superman avait longtemps gardé l'Amérique dans son slogan, et pour laquelle le Général Lane avait voulu purger le symbole de toute interférence extraterrestre.

L'Amérique gagne, un point c'est tout.

Ra's pouvait parler autant qu'il le voulait, se moquer de Cassandra : c'était un fait. Il était prisonnier. Ce n'était pas négociable. Au-delà d'une ancienne Batgirl et malgré la perte de plusieurs hélicoptères, il devait y avoir plus d'une trentaine de commandos tout aussi déterminés qu'elles à suivre au pied de la lettre les directives.


" Orphan ... Cassandra, tu me reçois ? Qu'est-ce qu'il se passe au sol ? Qu'est-ce que fait Ra's ? J'ai reçu un-... "

La communication coupe. Non, elle meurt. Elle a été tuée.

D'un regard, Cassandra constate que si les assassins de la Ligue faiblissent, si la police recule ... Il en va de même pour les troupes de l'ARGUS.

Ses collègues portent les mains à leurs oreilles. Ils échangent des signaux avec leurs paumes et leurs doigts. Ils battent le pavé. Ils sont surpris, ils sont énervés. Ils ne comprennent pas ... Mais ils reculent.

Ils sont forcés à reculer.

" Orphan, ici Joseph Conway, le Président du Sénat. La directive Charlie Oscar a été invoquée. L'opération est annulée. "

Il n'y eût aucun mouvement de la part de l'ancienne Batgirl, qui ne saisissait pas encore complètement l'absurdité de la situation. Elle se retourna vers Ra's, laissant de côté sa posture de combat.

Au-dessus, les deux avions rugissant passèrent en rase mottes, inoffensifs sinon pour les mèches de cheveux qu'ils décoiffèrent et pour les tympans des combattants.

" Orphan, vous me recevez ? C'est fini. Rejoignez votre zone d'évacuation et évitez tout contact avec l'objectif. "


La réalité la rattrape. Elle vient seulement de réaliser.


" La directrice Bordeaux a été écartée de la mission. J'ai l'accord du président pour rapatrier ce fiasco. Vous avez l'ordre de-... "


" ... "Non" ? Ecoutez-moi bien, mon petit. Je ne sais pas dans quel programme occulte Bordeaux est allée vous repêcher, mais c'est pas votre petit numéro de super-espionne taciturne qui va m'impressionner ! Vous allez me faire le plaisir de vous calmer et d'obéir, vous m'entendez ? Ramenez votre cul de Mata-Hari à la zone d'évacuation, sinon je vous garantis que vous allez finir vos jours dans un pyjama orange à Guantánamo ! "

Manifestement, Joseph Conway ne savait pas à qui il avait affaire. Il ne savait probablement pas non plus envers qui il avait contracté une dette.

Joseph Conway, comme beaucoup trop de personnes dans le monde de la politique, de la finance ou de l'industrie, s'étaient retrouvés mêlés à des forces qui dépassaient leur imagination.

Et, dans le cas de Cassandra, des forces qui dépassaient leur capacités oratoires.

Un rictus de haine se forma sur le visage de l'agente en tenue noire et or. Une haine irrationnelle, absurde.

Ra's avait raison.

Elle ne l'avait pas.


Elle était méthodique. Énervée, mais méthodique.

" C'est bien ça, mon petit ! Alors vous allez me faire le plaisir de-... "

Méthodique comme seule pouvait l'être la Bat-family. Préparée à ce genre de situation. Entraînée par des maîtres que la Ligue n'avaient jamais ne serait-ce que songé à employer.

" Embrassez-moi le cul. " souffla-t-elle en arrachant son oreillette et en levant son pistolet vers Ra's al-Ghul.

Gotham avait repris ses droits. Gotham, la Bat-family ... et la boulimie cinématographique d'une certaine meilleure amie blondinette, qui avait infecté Celle-Qui-Etait-Tout. Eût-elle été en présence de Joseph Conway, elle l'aurait assommé d'un coup de tête.

Il n'était pas là, alors elle frappait encore plus violemment : en visant son égo avec un laconisme sorti des pires bobines des années 80.

Qu'il essaye de l'arrêter, le Président du Sénat. Il repartirait avec la bite dans un tupperware.

Que quiconque essaye de l'arrêter. Cela se passerait excessivement mal.

" Tout est de sa faute. " confirma-t-elle, en marchant vers lui, volontaire et vindicative, toujours fumante, une haine d'amplitude mythologique dans le regard.

" Et tout finit. Ce soir. "

Elle est face à lui, bras tendu.

Canon contre le front du Démon. Du Diable. De l'Architecte de tous ses cauchemars.

Celui qui avait acquiescé avec intérêt, quand David Cain avait traumatisé une gamine de huit ans avec son premier homicide.

" Pas besoin de t'avoir. " peina-t-elle à formuler au travers de sa rage, " Juste besoin de t'arrêter. Définitivement. "

Il avait veillé à faire d'elle une meurtrière parfaite. Implacable. Incorruptible.

Le calme revient peu à peu sur les quais, maintenant que plusieurs des menaces ont été vaincues. Des flammes vacillent encore sur l'eau et le béton, projetant des lueurs irréelles d'un bout à l'autre de ces docks malfamés.

Le calme revient sur les quais, oui, mais pas dans le cœur de ce nouveau Batman, à l'âme aussi acharnée que son prédécesseur. D'un œil furieux, il contemple ce qui s'est passé. Un dégoût profond le saisit, causé par plusieurs découvertes haïssables.

Par ce sol jonché d'assassins morts, des hommes et des femmes malgré tout, leur chair tranchée, rendue à jamais inerte. Puissent-ils reposer en paix.

Par la faiblesse du gouvernement américain, si corrompu de ses racines à sa cime qu'il se retrouve obligé de plier devant les volontés d'un meurtrier.

Par le traitement que l'immortel Ra's al Ghul, cause de toute cette agitation, réserve à Cassandra Cain, qu'il ne connaît ni sous ce nom ni sous aucun autre, pour le moment. Une situation qui ne l'empêche en rien d'être intimement révolté, au point de vouloir en découdre. Car tel est celui que beaucoup ici considèrent comme un usurpateur: qu'on le soutienne ou non, qu'on l'aime ou non, il encaissera toujours pour aider ceux qui sont dans le besoin.

D'un bond admirable, le Chevalier noir vient se placer entre Celle-qui-est-tout et la Tête de Démon, fort d'une volonté implacable.

- La seule décision qui s'impose face aux personnes de votre genre est de se battre.

Se battre, idéalement, au mieux de sa forme, afin de vaincre, de terrasser. Mais après avoir affronté le S.W.A.T. et l'ARGUS, ce n'est plus le cas. Lui aussi, sous son masque, souffre d'un sévère degré d'épuisement, à même de lui faire commettre des erreurs fatales. Même si son corps, plus jeune, est encore capable de fournir d'incroyables efforts.

Avec la fatigue, le vouvoiement tombe soudainement, alors que le Batman s'élance vers Ra's.


- Je t'en donnerai de la nouveauté, moi.

Dans sa ceinture reposent des gadgets, des outils, des moyens d'optimiser pour s'économiser. Surtout face à des menaces auxquelles il n'est pas préparé, quoi qu'il en dise, quoi qu'il en pense. Mais face à cet homme époustouflant vêtu de blanc et d'émeraude, tachés par des giclures de sang, ils semblent superflus. Trop pour être utilisés.

Alors seule comptera la maîtrise de son corps, de la force de ses poings à la précision de son jeu de jambes. Des talents qu'il possède, et met au service d'un premier assaut contre son ennemi. Une main gantée vient toucher Ra's al Ghul au plexus solaire, pour l'étourdir et le repousser, avant d'enchaîner avec une frappe verticale, un pied jeté au visage de l'arabe, puissant mais lent. Très lent. Trop lent, peut-être.

L'impensable.

" Heh. Insultante. "

Battue.

Battue. Elle.

Elle avait vu le coup venir. Évidemment qu'elle avait vu le coup venir.

Trop tard.

Un mouvement de recul, un doigt pressé sur la détente. Le coup était parti. Comme le corps de l'arme.

Le pistolet, violenté par l'assaut de son adversaire, lui avait explosé dans la main. Une main en sang, maintenant.

Le Démon avait parlé. Il avait fait sa démonstration.

Il avait raison. Elle avait été beaucoup de choses. Elle lui devait beaucoup de choses. Beaucoup trop de choses qu'elle aurait préféré oublié ... Mais beaucoup trop de choses sans lesquelles elle n'aurait pas été elle-même. Pour le meilleur ; pour le pire.

Mais ... Insultante ?


Un ... toutou ?

Pas ... une grande ?


La douleur la lancinait. Une information désagréable, tout au plus.


... Mais le sourire qu'elle avait sur le visage, il était bien trop reconnaissable, surtout pour Ra's.

Ce n'était pas le sourire de Cassandra. C'était le sourire plein de suffisance de sa mère, que ses traits ne rendaient que plus troublants.

C'était le sourire de celle qui le voyait.




Le détective serait déçu ? Vraiment ?

Dommage pour lui. Il n'était pas là.

Celle-Qui-Etait-Tout. Mise hors de combat par ... Un spectre millénaire. Un reliquat. Une ombre.

Il avait raison. Elle n'était plus digne de son titre. Elle n'était probablement plus ... elle-même.

C'était évident.

" ... J'ai changé. Ra's. Tu n'as pas idée. "

La discussion aurait encore pu durer longtemps. Un échangé d'idées qu'elle ne pourrait que perdre ... Pour trop de temps passée étourdie dans le confort de ses certitudes.

Il est interrompu, heureusement.

Le Batman vole à son aide. S'interpose. Entre elle et lui.

Il l'aide, autant qu'il aide Ra's, du reste.

Il n'était pas "son" Batman ... Son "Père".

Mais il était debout. Implacable. Le Batman, oui.

Elle se recule, car elle ne connaît que trop bien la suite. Ce qui suivrait cet assaut pédestre.

Il était la Nuit.





Sa main blessée pend à son côté, elle utilise son bras valide pour lever son sabre.

Son katana.

Elle joint les lèvres. Elle siffle pour attirer l'attention de l'Héritier.


Insultante, hein ?

Comme le conforter dans sa lutte contre l'une des plus grandes Nemesis de son symbole ? Comme armer l'aspirant avec l'arme de prédilection de son senseï supposé ?

Elle ne faisait que commencer.

Cassandra s'écarte. La douleur la rattrape. Elle s'accoude à un container. Se laisse glisser à terre.

Elle n'a pas finie, cependant.

" Le laisse pas te tromper. " Son regard se relève vers ce combat qu'elle avait perdu contre toute attente. Vers ce combat dans lequel ce nouveau-venu avait plus de chances qu'il n'aurait jamais dû avoir, " Il a peur.

De toi.

Il a peur de Batman. "

Insultante, oui. Jusque dans ses pensées.

Alors qu'elle sourit, en se demandant si c'est ce que sa mère a pu ressentir, lorsqu'elle accepta d'armer Bruce Wayne pour sa chimérique croisade...